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2015/2016 Les BHP

Les Bétons à Hautes Performances "BHP"

I INTRODUCTION

Un Béton à Hautes Performances « BHP » peut être défini comme étant un béton qui
a une porosité réduite. Cette minimisation de la porosité est généralement obtenue en
utilisant des rapports Eau/Ciment ou Eau/Liant plus faibles que dans le cas des Bétons
Ordinaires «BO», associé à l’ajout d’adjuvants afin d'assurer une ouvrabilité satisfaisante.
Ainsi, plus le béton est compact et meilleures sont ses résistances. La gamme de résistance
de ces bétons se situe à 28 jours entre 60 et 100 MPa.

Pour parvenir à réduire la porosité d’une pâte de ciment hydratée, il faut réduire la
quantité d’eau de gâchage. Cela n’est possible qu’avec l’utilisation d’adjuvants. L’utilisation
d’additions minérales (fumée de silice par exemple) va également dans ce sens. Une pâte de
ciment compacte permet une bonne transmission des contraintes aux granulats. Concernant
ces derniers, le choix de leur nature minéralogique, de leur forme, de la dimension du plus
gros granulat ainsi que l’optimisation de la distribution du squelette granulaire sont
nécessaires. La réduction du rapport eau/ciment de la pâte et le choix de la nature
minéralogique des granulats sont des paramètres qui permettent également d'améliorer la
résistance de la zone de transition (considérée comme le maillon faible dans le cas des
bétons ordinaires, notés BO).

Classe Résistance caractéristiques à 28 jours Rc28 [MPa]


Bétons ordinaires 20 à 50
Bétons à hautes performances 60 à 100
Bétons à très hautes performances 100 à 150
Bétons exceptionnels > à 150
La réduction considérable de l’épaisseur des structures permet un gain économique
important par rapport aux bétons ordinaires du fait de la restriction des matières. De plus,
ces bétons présentent une très bonne qualité d’adhérence avec les armatures d’acier qui est
une condition nécessaire au transfert des efforts internes. Ces bétons développent aussi des
résistances accrues vis-à-vis de la fissuration, permettant ainsi de mieux répondre aux
différents états limites et déformabilités et une grande durabilité vis-à-vis des agents
agressifs chimiques extérieurs.

Cependant, la plupart des ouvrages d’art dans lesquels sont utilisés les BHP,
présentent des ferraillages très denses, supérieurs à 200 kg/m3, qui sont souvent associés à
la présence de gaines de précontrainte.

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La rupture d’un béton se développe dans la partie la plus vulnérable des trois régions
suivantes : la pâte de ciment, les granulats, ou la zone de transition entre la pâte-granulats
appelé (auréole de transition, ITZ). Pour confectionner un béton résistant et performant, il
faut par conséquent renforcer chacune de ces trois parties.

II Composition des bétons a hautes performances


Dans ce paragraphe, nous allons tout d’abord passer en revue brièvement les
composants traditionnels des bétons hydrauliques en précisant les paramètres importants
vis-à-vis de la formulation d’un BHP.

II.1 Le ciment
Le ciment doit permettre au BHP d’atteindre une classe de résistance donnée, tout
en assurant une bonne maniabilité et une finition de qualité. A titre d’exemple, les BHP de la
gamme 50-75 MPa peuvent être composés avec la plupart des ciments Portland
commerciaux, alors que les BHP de résistance 75-100 MPa ne peuvent l’être qu’avec certains
ciments, et rares sont les ciments Portland qui peuvent permettre d’obtenir tels quels des
BHP de classe supérieure (BTHP de 100 à 125 MPa). Les performances des ciments
commerciaux en termes de rhéologie et de résistance sont en effet très variables et seuls
quelques uns possèdent simultanément de bonnes performances de résistances finales et de
bonnes performances rhéologiques. Il existe bien évidement, comme nous le verrons par la
suite, des solutions qui permettent de pallier aux manques de performances des ciments
commerciaux, (utilisation de superplastifiants réducteurs d’eau, additions minérales, etc.).
Les principales caractéristiques d’un ciment sont rappelées ci-dessous :

La finesse du ciment : la recherche de la finesse optimale est une des exigences pour réaliser
un BHP. La finesse régit de façon directe la résistance du béton. Plus le broyage est fin, plus
les phases silicatées entourant les particules sont nombreuses, ce qui est bénéfique pour la
résistance. Cependant, une finesse élevée rend les ciments réactifs et conduit à une
formation rapide d’ettringite et de C-S-H lors de l’hydratation, impactant négativement la
rhéologie. L’autre inconvénient d’une finesse importante est lié aux risques de fissuration
dus à un fort retrait.

Principe de la finesse.
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La teneur en C3S : les ciments à teneur élevée en C3S présentent un intérêt pour la
fabrication de BHP de forte résistance au jeune âge. En effet, le C3S présente une meilleure
réactivité par rapport au C2S, ce dernier agissant plutôt sur les résistances à moyen et long
terme. Pour rappel:

 Le C3S permet l’obtention de résistance élevées à court et moyen terme ;


 Le C2S participe à l’acquisition de la résistance à long terme. En quantité importante,
il réduit la chaleur d’hydratation du ciment ;

Composition de la phase interstitielle : elle régit la durabilité du béton en termes d’attaques


chimiques. D’une façon générale, les ciments présentant un pH de la solution interstitielle
faible sont plus résistants aux altérations chimiques (attaques acides en particulier). Ceci en
raison de la meilleure stabilité chimique des phases solides qu’ils contiennent et de la
diminution des gradients ioniques avec le milieu agressif qui en découlent. Un béton
contenant peu de portlandite sera en particulier plus stable qu’un béton qui en contiendrait
beaucoup.

La teneur et morphologie du C3A : pour la formulation des BHP, l’utilisation d’un ciment
contenant une faible teneur en C3A permet de faciliter le contrôle de la rhéologie. Une
morphologie du C3A à dominante cubique est préférable à celle orthorhombique. En effet, la
rhéologie d’un ciment à base de C3A cubique est facile à contrôler. En outre, la limitation de
la teneur en C3A améliore la durabilité du béton en permettant une meilleure résistance aux
milieux agressifs, en particulier aux attaques sulfatiques externes en raison de la limitation
du risque de formation d’ettringite secondaire.

II.2 Les granulats


Les granulats doivent avoir les caractéristiques adéquates permettant :

 de résister aux contraintes transmises par la pâte de ciment ;


 d’optimiser la densité du squelette granulaire final pour un béton compact ;
 d’obtenir une zone de transition pâte-granulats de bonne qualité.

Pour cela, les critères de sélection des granulats portent sur :

La nature minéralogique : son incidence sur la qualité de l’ITZ (Interfacial Transition Zone) et
sur les risques de développement de l’alcali-réaction semble avérée mais aussi sur les
déformations différées du béton. Les granulats calcaires offrent en particulier une meilleure
affinité chimique avec la pâte de ciment. Ils limitent les risques d’alcali-réaction et possèdent
des modules de compressibilité plus proche de la pâte de ciment que les granulats siliceux.
En revanche, ils peuvent être sensibles à certaines altérations chimiques acides.

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Dimensions, volume et forme des granulats : la taille des granulats a une influence sur les
propriétés de résistance et de durabilité des bétons. Bien que l’utilisation de gros granulats
permette de diminuer la demande en eau (faible surface à mouiller par unité de masse), ce
qui va dans le sens de l’augmentation de la résistance, il n’est pas recommandé d’en utiliser
dans les BHP, car ils se comportent comme des inclusions rigides de grandes dimensions,
induisant des systèmes d’auto-contraintes importants. Ils altèrent également les capacités
de déformations différées et les propriétés thermiques. Il est admis que ces risques sont
limités tant que la dimension maximale est inférieure à 10 ou 12 mm.

Graviers roulés

Graviers concassés

De même, le volume des granulats possède un effet sur les propriétés mécaniques du
béton. D’après plusieurs recherches, les propriétés mécaniques (résistance en compression
et module d'élasticité) augmentent avec la proportion de granulats, du moins dans le
domaine des concentrations usuelles en granulats (60-75% en volume). Le même constat a
été fait sur les déformations différées. Le fluage est d'autant plus faible que le volume relatif
des granulats est conséquent. Il a été observé que le passage de la teneur volumique en
granulat de 65 à 75 % entraîne une diminution du fluage de 10 %.

Quant à la forme, l’utilisation de granulats concassés ou semi-concassés permet


d'obtenir des meilleurs comportements mécaniques comparativement aux formes roulées.

L’optimisation de la distribution granulaire : elle permet d’augmenter la densité du


squelette granulaire final et par conséquent d'obtenir un béton compact ayant de bonnes
propriétés mécaniques.

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II.3 Additions minérales


Ajouter une ou plusieurs additions minérales en complément ou en substitution
partielle d’une certaine quantité de ciment est une alternative très intéressante du point de
vue des résistances mécaniques et de la rhéologie. Les aspects économiques et
environnementaux ne sont pas à négliger non plus : dans le cas d’une substitution, le coût de
l’ajout est généralement inférieur à celui du ciment et les ajouts présentent généralement
des bilans carbones meilleurs que ceux du clinker.

De nombreuses additions minérales contiennent de la silice vitreuse réactive qui, au


contact de l’eau et en présence de chaux, développe une réaction pouzzolanique pour
former des C-S-H. Il est important de noter que la vitesse à laquelle se développe la réaction
pouzzolanique dépend de la température et de la finesse de la pouzzolane. Cette réaction
peut être lente et peut parfois se développer sur plusieurs semaines. La réaction
pouzzolanique existe non seulement avec la fumée de silice, mais aussi avec les cendres
volantes ainsi que certains constituants des laitiers de haut fourneau. Nous rappelons ci-
dessous les caractéristiques de ces trois types d’additions à travers leurs fabrications, leurs
différentes caractéristiques ainsi que leurs impacts sur la microstructure et les performances
des bétons.

La fumée de silice

La fumée de silice est un coproduit de la fabrication du silicium et de différents


alliages de silicium. Ce sont des ultrafines de silice récupérées par dépoussiérage. C’est une
silice amorphe presque pure qui peut contenir un pourcentage très faible d’impuretés.

La silice représente environ 90% de la composition chimique. Les particules ont une
forme sphérique de diamètre compris entre 0,1µm et 2µm. La dimension moyenne est 100
fois plus faible que celles du ciment. La densité est de l’ordre de 2,2. La fumée de silice se
caractérise par une extrême finesse 15000 – 25000 m2/kg (déterminée par adsorption
d’azote). A titre de comparaison, la finesse du ciment déterminée suivant la même
technique est de 1500 m2/kg. La teneur en dioxyde de silicium, SiO2, ne doit pas être
inférieure à 80 % de la masse.

La fumée de silice est une pouzzolane très réactive de par son état amorphe et son
extrême finesse. L’effet pouzzolanique de la fumée de silice se traduit par une pâte de
ciment durcie dense. En outre, sa grande finesse procure un effet physique de remplissage
(effet filler). Toutes ses caractéristiques font de la fumée de silice une ultra fine très
intéressante à la fois du point de vue physique et chimique, faisant d’elle un produit très
répandu dans la fabrication des BHP.

L’effet de la fumée de silice sur les propriétés physiques des bétons est très marqué
surtout pour de faibles rapports E/L. Ainsi, les résistances en compression de BHP formulés
avec de la fumée de silice sont considérablement améliorées. La porosité est

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considérablement réduite à l’interface pâte-granulats comparée à celles des BO. Les


propriétés de transport (perméabilité et diffusion d’oxygène, migration des chlorures) des
BHP avec fumée de silice sont améliorées ainsi que la perméabilité. Ces améliorations sont
dues à la fois à la réaction pouzzolanique par transformation d’une partie de l’hydroxyde de
calcium en C-S-H et à l’effet filler (effet de colmatage d’une partie de la porosité).

Toutefois, quelques inconvénients liés à leur emploi ont été recensés. Par rapport à la
rhéologie d'un mélange de référence, montrent que l'utilisation de la fumée de silice
augmente la demande en eau et en superplastifiant que ce soit pour des pâtes de ciment ou
bien pour des bétons.

Les cendres volantes

Les cendres volantes (CV) sont des particules très fines récupérées par dépoussiérage
des centrales thermiques. La composition chimique des cendres volantes dépend de l’origine
du combustible brûlé dans les centrales thermiques et dès lors diffère d’une centrale à
l’autre, voire peut évoluer dans le temps sur un même site. La somme des teneurs en silice
(SiO2), alumine (Al2O3) et oxyde de fer (Fe2O3) ne doit pas être inférieure à 70%. La
proportion en SiO2 réactive doit constituer au moins 25% de la masse [NF EN 450-1 2005].
Les CV utilisés dans les BHP, peuvent être classées en trois classes principales :

- CV silico-alumineuses (classe F ASTM) avec une teneur en silice (SiO2) qui varie de 47
à 59%, une teneur en alumine (Al2O3) d’environ 22%, et une teneur en oxyde de fer
(Fe2O3) variant de 6 à 9%.
- CV silico-calciques (classe C ASTM) avec une teneur en silice aux alentours de 36%,
une teneur en alumine de 17% et environ 6% d’oxyde de fer.
- CV sulfo-calciques qui contiennent 13 à 24% de silice, une forte teneur en calcium et
soufre (59% de CaO et 15% SO3), 5 à 18% de Al2O3 et enfin 3 à 17% de Fe2O3.

L’effet le plus notable de ces additions est l’augmentation de la résistance à long


terme par réaction pouzzolanique. Selon plusieurs chercheurs, l’utilisation de cendres
volantes entraîne une réaction pouzzolanique entre la phase vitreuse des cendres et la
portlandite (CH) produite par l’hydratation du ciment, ce qui conduit à la formation de gel de
C-S-H, et donc à l’augmentation de la résistance en compression surtout à long terme.
Contrairement aux cendres volantes de classe C, celles de classe F réduisent le
développement de la résistance au jeune âge du béton mais augmentent sa durabilité.

Laitier de haut fourneau


Le laitier de haut fourneau (LHF) est un coproduit de la fabrication de la fonte dans
les hauts fourneaux. Il est constitué de chaux (45 à 50 %), de silice (25 à 30 %), d’alumine (15
à 20 %) et d’environ 10% de magnésie, d’oxydes divers et de manganèse.

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Comme pour la fumée de silice, le laitier peut être ajouté soit directement dans la
composition du ciment (cas du ciment CEM II), soit vendu séparément et introduit dans la
composition des bétons en tant qu’ajout.
Le laitier présente des caractéristiques intéressantes en tant qu’addition minérale
surtout par rapport à la constance de sa composition chimique.

II.4 Influence du rapport E/L


Le rapport « eau/liant équivalent » «E/L», défini dans la norme NF EN 206-1 comme
étant le rapport entre la masse de la teneur en eau efficace E et la teneur en liant équivalent
L dans le béton frais, est un facteur fondamental dans la fabrication de BHP. Le terme “liant
équivalent” utilisé dans les formulations BHP désigne la somme de la quantité de ciment et
de la quantité d’additions minérales.
Pour atteindre les performances requises pour pouvoir qualifier un béton de BHP, le
rapport E/L doit être réduit en utilisant, d’une part, davantage de ciment tout en réduisant la
quantité d’eau de gâchage (grâce à l’utilisation de superplastifiants), et d’autre part, en
remplaçant chaque fois que cela est possible, une partie du ciment par un volume égal
d’additions minérales pouzzolaniques. Un faible E/L permet non seulement la réduction de la
porosité de la pâte de ciment hydraté, mais aussi la fabrication de produits d’hydratations de
haute densité qui sont la clef de la fabrication de bétons plus résistants et durables.

II.5 Adjuvants superplastifiants


Comme nous l’avons vu précédemment, l’eau de gâchage remplit deux fonctions
principales: une fonction chimique d’hydratation des particules anhydres du ciment et une
fonction physique qui consiste à donner au béton les propriétés rhéologiques nécessaires à
sa mise en place à l’état frais.
L’utilisation d’adjuvants chimiques capables de diminuer la tendance de floculation
des particules de ciment est la solution pour parvenir à réduire le rapport E/L tout en
gardant une maniabilité convenable du béton à l’état frais. Il s’agit d’adjuvants réducteurs
d’eau ou superplastifiants haut réducteurs d’eau.
En revanche, une attention particulière doit être apportée à la compatibilité ciment-
superplastifiant, car les différents ciments Portland ne se comportent pas de la même façon
avec tous les superplastifiants.

III Spécifications sur les constituants


Les constituants du BHP font l’objet des principales spécifications suivantes.
• Ciments : conformes à la norme NF EN 197-1 de types CEM I ou CEM II ou CEM III et
de classes de résistance conseillées 42,5 ou 52,5 (N ou R).
• Granulats : conformes à la norme NF EN 12620 «Granulats pour bétons » et à la
norme XP P 18-545 (article 10: «granulats pour bétons hydrauliques »).

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• Additions : conformes aux diverses normes en vigueur – cendres volantes silico-


alumineuses, laitiers de haut fourneau, fillers calcaires, filler siliceux, éventuellement
ultrafines (fumées de silice).
• Adjuvants : plastifiants réducteur d’eau et superplastifiants haut réducteur d’eau
conformes à la norme NF EN 934-2.

IV Propriétés physico-chimiques et mécaniques des BHP


Les diverses propriétés des BHP découlent de leur faible porosité, gage de durabilité.

Résistances mécaniques

Les BHP présentent des résistances en compression importantes aux jeunes âges,
compte tenu de la rapidité de la cinétique de montée en résistance, et très élevées à long
terme (avec une montée en résistance se poursuivant au-delà de 28 jours).

Un BHP de 60 MPa à 28 jours peut offrir des résistances mécaniques de 15 MPa à 24


heures, voire davantage, et 40 MPa à 7 jours. Le gain est aussi important en termes de
résistance en traction ou au cisaillement.

Module d’élasticité

Le module d’élasticité des BHP est supérieur à celui des bétons traditionnels.

Retrait

Le retrait total du BHP est globalement identique à celui d’un béton traditionnel mais
avec une cinétique différente (il se produit plus tôt et se développe principalement pendant
les premiers jours après le coulage).

Le retrait de dessiccation à l’état durci est plus faible compte tenu du faible dosage
en eau. Le retrait endogène (ou d’autodessication), compte tenu de la finesse de la
microstructure et de la forte réduction du rapport E/C, est d’un coefficient plus élevé (150 à
250 x 10-6) pour un BHP que pour un béton traditionnel (60 x 10-6). Le retrait
d’autodessication est d’autant plus précoce et élevé que le rapport E/C est faible.

Fluage

Les BHP présentent un fluage (déformation différée sous chargement permanent)


plus faible que les bétons traditionnels (surtout avec des formulations à base de fumées de
silice). La cinétique de fluage propre est très rapide (le fluage est accéléré et se manifeste
dés les jeunes âges du béton) et se stabilise plus vite. Le fluage de dessiccation est très
faible. Le fluage est d’autant plus faible que la résistance en compression est plus élevée.

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Imperméabilité

Leur faible porosité capillaire confère aux BHP une très faible perméabilité. La faible
perméabilité des BHP leur confère une bonne résistance à la pénétration et au transfert dans
la masse du béton des agents agressifs en phase gazeuse ou liquide (eaux de mer, eaux
sulfatées, solutions acides, dioxyde de carbone, etc.).

Cette résistance des BHP aux agressions chimiques est valorisée, en particulier, dans
les ouvrages d’assainissement et les ouvrages situés dans les milieux agricoles ou industriels.

Migration des ions chlorure

Plusieurs études ont clairement démontré que la résistance des BHP à la migration
des ions chlorures est largement supérieure à celle des bétons courants, grâce à sa
microstructure plus dense. C’est un des points forts du BHP vis-à-vis du risque de corrosion
des armatures.

Tenue aux attaques gel/dégel

Les BHP, correctement formulés, résistent aux cycles gel/dégel grâce à leur forte
compacité et à leur résistance mécanique élevée. Ce bon comportement des BHP aux cycles
gel/dégel a été mis en évidence dans le cadre de plusieurs projets sur les BHP.

La faible perméabilité des BHP et le faible rapport E/C favorisent une résistance plus
importante aux risques d’écaillage en présence de sels de déverglaçage.

Carbonatation

De nombreuses études ont démontré que la durabilité des BHP vis-à-vis de la


carbonatation est très nettement supérieure à celle d’un béton traditionnel. En effet, le
réseau poreux, peu connecté limite la diffusion du gaz carbonique au sein de la matrice
cimentaire. La faible porosité initiale favorise le colmatage des pores lié à la formation des
cristaux de calcite. La progression de la carbonatation en profondeur est réduite, ce qui
assure une meilleure protection des armatures.

Adhérence acier-béton

La grande résistance mécanique du BHP et sa microstructure interne permettent de


mobiliser une liaison supérieure entre les armatures en acier et le BHP et donc d’améliorer
les qualités d’adhérence, ce qui permet une réduction des longueurs d’ancrage et de
scellement.

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Résistance au feu

Même si la durabilité du BHP est en règle générale nettement supérieure à celle du


béton conventionnel, la résistance au feu est cependant un élément sur lequel il convient
d'attirer l'attention. En raison de la structure très dense des pores, la pression de vapeur, qui
apparaît à l'intérieur du béton à des températures excédant 100 °C, peut difficilement être
réduite. La vapeur ne peut en effet pas être rapidement évacuée à l'extérieur, en raison de la
structure très dense du matériau. Par rapport au béton conventionnel, la résistance du
béton à haute résistance diminuera dès lors plus rapidement si la température est
supérieure à 100 °C. En raison des pressions de vapeur accumulées, il convient également
d'examiner les risques potentiels d’éclatement du béton.

Sections transversales de poutres de même résistance conçues

avec divers matériaux

V Applications
Le BHP présente des avantages ‘technologiques’ intéressants par rapport au béton
traditionnel :

-Durabilité améliorée face aux agressions physico-chimiques (perméabilité réduite, meilleure


protection de l’armature contre la corrosion, réduction de la pénétration des ions chlore,
diminution du risque de réaction alcali-silice, meilleure résistance au gel,…). Cette durabilité
améliorée présente de grands avantages en termes d’entretien à long terme.

-En règle générale, une fluidité très élevée à l’état frais. Cette caractéristique facilite la mise
en œuvre du béton, même dans les zones à densité d’armature élevée.

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-Résistance accrue au jeune âge. Cette propriété permet de réduire le temps de coffrage et
d’accélérer la mise en précontrainte. Des délais d’exécution raccourcis sont donc
envisageables.

-Une résistance finale accrue après durcissement, ce qui permet de réduire les sections du
béton et, dès lors, la diminution du poids de la construction.

-Un module d’élasticité supérieur, susceptible d’améliorer la stabilité aérodynamique de


ponts élancés.

-Un retrait réduit, qui s’avère avantageux pour la maîtrise des déformations d’une
construction, ainsi qu’en ce qui concerne les pertes de précontrainte.

Sur le plan architectural également, le BHP est assorti d’un certain nombre de
nouvelles possibilités. C’est ainsi que le BHP permet la réalisation de constructions plus
élancées. Cet atout est d’ores et déjà matérialisé dans la réalisation d’ouvrages d’art (ponts),
même si ce béton pourrait tout aussi bien être utilisé pour la construction de bâtiments. A
l’heure actuelle, les avantages du BHP se concrétisent principalement dans l’obtention d’un
espace intérieur le plus utile possible. Nous pourrions cependant aussi songer à une nouvel
aspect de l’enveloppe de la construction, avec un regain d’attention porté aux éléments
architecturaux tels que les arêtes, les arcs, les voûtes,…

La façade d’un bâtiment pourrait en outre être redéfinie par l’utilisation potentielle
de modules de dimensions supérieures. Alors que ces dimensions sont à l’heure actuelle
généralement de 6 mètres, elles pourraient être portées à 7 ou à 8 mètres, grâce au BHP.
Cette augmentation pourrait faciliter l’avènement d’une autre conception de façade et donc
d’un aménagement intérieur modifié, davantage en phase avec les normes internationales
actuelles.

Dans l’industrie du préfabriqué, l’utilisation du BHP offre aussi de nouvelles


possibilités. Citons notamment la possibilité de produire des cellules préfabriquées
complètes, grâce notamment à l’économie de poids réalisée. Il ne paraît dès lors pas exclu
qu’un bâtiment puisse évoluer dans le temps, par le biais de l’échange de cellules
préfabriquées compatibles. Une chambre à coucher pourra par exemple devenir un salon,
une salle de bain, une cuisine,…

Un autre avantage du BHP par rapport au béton conventionnel est l’aspect visuel des
surfaces de béton, tant coulées sur place que préfabriquées. L’apparition de petites bulles
d’air à la surface est souvent très limitée. La surface présente généralement une bonne
texture, notamment grâce à la haute teneur en fines du béton.

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VI Les BFUP: Prononcez “B-Fup”. Cet acronyme désigne les Bétons Fibrés à Ultra Hautes
Performances, derniers nés de cette génération de bétons sont des matériaux à matrice
cimentaire, renforcés par des fibres. Leurs formulations font appel à des adjuvants
superplastifiants et des compositions granulaires spécifiques ainsi qu'à des fibres (fibres
métalliques, polymères ou minérales), en vue d'obtenir un comportement ductile en traction
et de s'affranchir de l'emploi d'armatures passives.

Ils se distinguent clairement des bétons à hautes performances, dont la résistance à


la compression ne dépasse guère 100 MPa et qui sont employés de façon analogue à des
bétons armés ou précontraints classiques. La présence de fibres, les performances en
traction et leur comportement ductile permettent de s'affranchir dans certains cas des
armatures passives.

Les fibres, composant clé des BFHUP confèrent au matériau sa ductilité. Elles ont en
général un diamètre de 0,1 à 0,3 mm et une longueur de 10 à 20 mm. Les fibres métalliques
sont utilisées pour des applications structurelles nécessitant des résistances mécaniques
importantes, les fibres polymères et minérales plutôt pour des applications esthétiques.

Comparaison du volume de fibres dans un BFUP (3%), à gauche, et dans un béton fibré (0,5%), à droite

L'évolution des BFHUP par rapport aux Bétons à Hautes Performances (BHP) se
caractérise par :

 – Leurs très grandes résistances en compression mais aussi en traction;


 – Leur fort dosage en ciment (700 à 1000 kg/m3) et en adjuvants;
 – Leur squelette granulaire spécifique (4 à 5 échelles de grains) et l'optimisation de
leur empilement granulaire et l'utilisation de granulats de faibles dimensions;
 – une teneur en eau beaucoup plus faible;
 – La présence de fibres (à un taux élevé de l'ordre de 2 à 3 % en volume);
 Une ductilité (déformabilité sous charge sans rupture fragile) importante;
 – Une ténacité (résistance à la micro-fissuration) élevée ;
 Un retrait et un fluage très faible.

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