Vous êtes sur la page 1sur 3

LES TROIS ESPACES DU CINÉMA CHINOIS : LE MOUVEMENT DES

HOMMES

Christophe Falin

ESKA | « Monde chinois »

2013/4 N° 36 | pages 48 à 49
ISSN 1767-3755
ISBN 9782747222181
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - - 193.54.174.3 - 21/02/2020 17:59 - © ESKA

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - - 193.54.174.3 - 21/02/2020 17:59 - © ESKA
https://www.cairn.info/revue-monde-chinois-2013-4-page-48.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour ESKA.


© ESKA. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


30-97 Dossier_projet 19/12/13 13:34 Page48

Les trois espaces du cinéma chinois :


le mouvement des hommes
Par Christophe Falin

On assiste depuis les années 1990 et 2000 à Les shanghaiens à Hong Kong :
une accélération des mouvements entre les ci-
némas de Chine continentale, de Hong Kong et
1946-1960
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - - 193.54.174.3 - 21/02/2020 17:59 - © ESKA

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - - 193.54.174.3 - 21/02/2020 17:59 - © ESKA
de Taiwan. Ces mouvements ont pour consé-
48 quence une érosion des frontières de ces trois En 1947, Zhang Shankun, fondateur de la so-
cinémas. On peut le voir notamment à travers ciété de production Xinhua à Shanghai durant les
les films rassemblant des acteurs, des réalisa- années 1930, crée à Hong Kong la Yonghua et
teurs et des producteurs de Chine continentale, engage Bu Wancang et Zhu Shilin, des réalisa-
de Hong Kong et de Taiwan, par exemple avec teurs qui ont comme lui débuté à Shanghai, mais
« Tigre et Dragon » (Ang Lee, 2000), « Hero » aussi la star du cinéma shanghaien Zhou Xuan
(Zhang Yimou, 2002), « Les 3 Royaumes » (John qui avait été révélée dans « Les Anges du boule-
Woo, 2008) et plus récemment « The Grandmas- vard » (« Ma lu tian shi », 1937). En 1948, la Yon-
ter  »... Cette érosion des frontières entre les ghua produit ses premiers films à Hong Kong,
trois cinémas chinois n’est pas un phénomène « L’Ame de la Chine » (« Guo Hun », Bu Wancang)
nouveau. Des mouvements entre les cinémas de et « Histoire secrète de la cour des Qing (“Qing
Shanghai et de Hong Kong ont lieu dès les an- gong mi shi, Zhu Shilin”). Peu après, d’autres so-
nées 1920, puis pendant le passage au parlant ciétés de production sont créées par les Shan-
et pendant l’occupation japonaise, dans les dé- ghaiens désormais installés à Hong Kong. En
cennies 1930 et 1940. Mais ces mouvements ac- 1949, la Longma est fondée par le réalisateur Fei
célèrent véritablement entre 1946 et 1949, Mu (un des principaux réalisateurs de la Lianhua
pendant la guerre civile qui opposent commu- durant les années 1930 et auteur de « Printemps
nistes et nationalistes sur le continent, avec des dans une petite ville » en 1948 à Shanghai). La
réalisateurs (Zhu Shilin, Li Pingqian, Yue même année 1949, Zhu Shilin fonde la Great
Feng...), de jeunes actrices et acteurs (Xia Meng, Wall, un des principaux studios qui domineront
Grace Chang, Bao Fang, Gao Yuan ...) et des le cinéma hongkongais en mandarin du début des
producteurs (Zhang Shankun) shanghaiens qui années 1950. Parmi les principaux réalisateurs de
s’installent à Hong Kong pose la question de la Great Wall se trouvent Li Pingqian, Yue Feng
l’identité du cinéma chinois. et Cheng Bugao, tous des réalisateurs shan-

MONDE CHINOIS, nouvelle Asie, n° 36, 2013


30-97 Dossier_projet 19/12/13 13:34 Page49

ghaiens fraîchement débarqués à Hong Kong. prète des rôles de vieilles dames dans « The Love
Ces réalisateurs expérimentés travaillent avec de Eterne », « Un Seul bras les tua tous » (« Du bi
jeunes actrices elles aussi récemment arrivées à dao », 1967, Chang Cheh) ou « 14 Amazones »
Hong Kong en provenance du continent. Xia (« Shi si nu ying Hao », Cheng Gang 1972). Puis
Meng, la principale actrice de la Great Wall, vé- il y a aussi l’acteur / réalisateur Bao Fang, né à
ritable vedette du cinéma hongkongais des an- Nanchang, qui s’installe à Hong Kong et débute
nées 1950, est originaire de Shanghai. Elle joue comme acteur dans « L’Ame de la Chine », avant
dans des drames et des comédies urbaines en de réaliser plusieurs films, dont « La Peau peinte »
grande partie sous la direction des ex-réalisateurs (« Hua pi », 1966) et Chu Yuan (1977), ou l’acteur
shanghaiens Li Pingqian, Yue Feng et Zhu Shilin. Gao Yuan, né à Suzhou, qui joue souvent dans
Au studio Phénix, c’est l’actrice Zhu Hong, née l’ « Aigle d’or » (« Jin ying », CHEN Jingbo) et la
dans la province du Yunnan, qui assure le succès « Peau peinte » (« Hua pi », 1966, BAO Fang),
commercial des films comme «  L’Aigle d’or  » puis dans des films d’arts martiaux comme « The
(« Jin ying », Chen Jingbo, 1964) ou « La Peau Golden Sword » (« Long men jin jian », LO Wei,
peinte » (« Hua pi », Bao Fang, 1966). Face à ces Shaw Brothers, 1969), avec CHENG Peipei, et
actrices des studios Great Wall et Phénix se trou- « Cold Blade » (« Long mu xiang », CHU Yuan,
vent les actrices des studios plus conservateurs Cathay, 1970). Cette vague de réalisateurs et
MP&GI et Shaw Brothers, elles aussi nées sur le d’actrices crée une continuité entre le continent
continent. Grace Chang a grandi à Shanghai et est et Hong Kong, entre le cinéma shanghaien des
arrivée à Hong Kong en 1949. En 1957, elle de- années 1930 et 1940 et le cinéma hongkongais
vient la vedette de la MP&GI avec «  Mambo des années 1950 et 1960. Ces mouvements mo-
Girl » (« Man bo nu lang », Evan Yang, 1957) puis difient radicalement le visage du cinéma hong-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - - 193.54.174.3 - 21/02/2020 17:59 - © ESKA

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - - 193.54.174.3 - 21/02/2020 17:59 - © ESKA
« The Wild Wild Rose » (« Ye mei gui zhi lian », kongais dominé jusqu’à leur arrivée par les films
Wang Tianlin, 1960). Linda Lin Dai, née dans la en cantonais. Les films en mandarin, considérés 49

province du Guangxi, fait ses début à la Great comme plus nobles parce que réalisés avec des
Wall puis à la MP&GI avant de rejoindre la Shaw budgets plus importants que les films en canto-
Brothers en 1958 pour y interpréter les rôles nais, destinés au nouveau public hongkongais
principaux des films historiques et des opéras que constitue les réfugiés du continent, domi-
Huangmeixi « The Kingdom and the Beauty » nent pendant les années 1950 et 1960 le cinéma
(« Jiang shan mei ren”, Li Hanxiang, 1959) ou hongkongais. Après cette période, les mouve-
“Madam White Snake” (“Bai shi zhuan”, Yue ments continuent, entre Singapour et Hong Kong
Feng, 1962). Ivy Ling Bo, née à Xiamen (province avec les studios MP&GI et Shaw Brothers (Run
du Fujian), interprète le rôle masculin dans « The Run Shaw), entre Hong Kong et Taiwan avec les
Love Eterne » (« Liang shan bo yu Zhu Yingtai », réalisateurs Li Hanxiang et King Hu... Quels sont
Li Hanxiang, 1963) avant de tourner dans « The les rapports entre ces mouvements des réalisa-
Lady Hua Mulan » (« Hua Mulan », 1964) ou « La teurs, acteurs et producteurs, et leurs films, entre
Chambre de l’ouest » (« Xi xiang ji », 1965) sous l’espace où ils sont nés (la plupart en Chine conti-
la direction de Yue Feng. Betty LOH Tih, origi- nentale), l’espace où ils font leurs films (Chine,
naire de Shanghai, débute à la Great Wall en Taiwan et Hong Kong) et celui qu’ils représen-
1953 puis rejoint la Shaw Brothers et tourne dans tent dans leurs films (la Chine historique et éter-
« The Enchanting Shadow » (« Qian nu you hun », nelle et la Chine contemporaine, en particulier les
Li Hanxiang, 1960) et « The Love Eterne » (1963, villes) ? Quelle langue utilisent-ils dans leur
Li Hanxiang). Aux côtés de ces jeunes actrices de film ? Avec la multiplication de ces mouvements
la Shaw Brothers se trouvent aussi d’autres ac- et leur accélération depuis une vingtaine d’an-
trices plus expériementées qui avaient débuté à nées, comment définir l’identité culturelle du ci-
Shanghai, en particulier Hu Die et Chen Yanyan néma chinois ? n
(« La Route », « Da lu », Sun Yu, 1934) qui inter-

MONDE CHINOIS, nouvelle Asie, n° 36, 2013

Vous aimerez peut-être aussi