Le Ciment
Sommaire
1. Ciment : définition…………………………………………………………………... 16
1. Ciment : définition
Le ciment est un liant hydraulique, c'est-à-dire, qui gâchée avec de l’eau forme une pâte qui
fait prise et durcit par suite de réactions et processus d’hydratation, et qui après durcissement,
conserve sa résistance et sa stabilité même sous l’eau.
Il existe 4 méthodes de fabrication du ciment qui dépendent essentiellement de la matière
première (dureté et humidité). Les procédés de fabrication du clinker peuvent être classés en
quatre techniques :
- la voie humide : le procès le plus ancien des quatre est celui de la voie humide. La craie
constituant la matière première est extraite en carrière et peut être très humide, elle est
concassée et homogénéisée. Les matières de correction, nécessaire à l'obtention de la
composition désirée, sont dosées et ajoutée à la craie au niveau du broyeur à pâte. Dans ce
broyeur, on ajoute également de l'eau et la pâte obtenue est filtrée au travers de tamis, la
partie la plus grossière retourne dans le broyeur et la partie fine est stockée dans un bassin.
La pâte, qui contient de l'ordre de 30 à 35 % d'eau, est ensuite pompée depuis le bassin et
injectée dans un four très long (qui peut atteindre 220 m). Au fur et à mesure de son
avancement dans le four, 1a pâte va se transformer en clinker, qui va être trempé dans le
refroidisseur, avant d’être stocké en silo et les gaz provenant de la combustion sont filtres
et rejetés.
- la voie semi humide : dans cette voie on retrouve les mêmes étapes de préparation des
matières premières, excepté le fait que la pâte va être filtrée au travers d’un filtre presse
puis introduite dans une tour de préchauffage. Dans cette tour, la pâte, qui ne contiennent
plus que 17 à 21 % d'eau, rencontrent les gaz issus du four dans des cyclones et se
transforment petit à petit en une farine par déshydratation. Cette farine entre ensuite dans
un four rotatif, plus court que celui présent dans le procédé en voie humide, puisqu'il n'est
plus nécessaire à ce niveau d'éliminer l'eau de la pâte.
- la voie semi sèche : dans le procédé semi-sec, on ne fabrique plus de pâte. Les matières
premières sont broyées et homogénéisées avant d'être introduites sur une sole de
granulation (disques inclinés de 35 à 37° sur l’horizontale) où, en étant mélangées avec de
l'eau, elles donnent naissance à des granules. Le pourcentage en eau des granules est de
l'ordre de 10 à 12 %. Ces granules sont ensuite introduites sur la grille Lepol, dans ce
préchauffeur, la pâte tombe sur des grilles perforées, au travers desquelles passent les gaz
de combustion provenant du four. La pâte est ainsi déshydraté et partiellement
décarbonaté avant de pénétrer dans le four rotatif.
- la voie sèche : le procédé sec a été mis au point pour éliminer l'étape d'évaporation d'eau
contenu dans la pâte, il nécessite un calcaire dur contenant peu d'humidité. Les matières
premières et correctrices sont introduites dans un broyeur à cru vertical, capable
également de séparer les grosses et les fines particules et enfin capable de sécher
également les matériaux. La farine obtenue avec ce broyeur est ensuite homogénéisée
dans un silo d’homogénéisation puis elle est introduite dans la tour de préchauffage. Les
gaz sortant de la tour de préchauffage vont être partiellement refroidis dans la tour de
conditionnement et vont ensuite être réutilisés en partie dans le broyeur à cru, pour
réchauffer la farine. La longueur du four rotatif peut être réduite considérablement (de
l'ordre de 50 m). Lorsque aujourd'hui une nouvelle usine est construite, c'est en général ce
procédé qui est choisi parce qu'il est le plus économique et permet d'atteindre de très
grandes capacités de production.
2. Procédé de fabrication du ciment
Figure 2.2. Hall de préhomogéneisation des matériaux pour une voie sèche
du titre du mélange : le premier silos est appelé silos « bas titre » et le second est appelé
« haut titre ». Le prélèvement du cru pour alimenter le four se fait à partir des deux silos ce
qui permet de corriger avec une grande précision la composition du mélange.
2.5. Processus de cuisson (la calcination)
Dans une voie sèche, le four est relativement court (de l'ordre de 50 mètres). La farine est
introduite dans les cyclones en haut de la tour, elle se réchauffe au contact des gaz des
combustion, provenant de la flamme et se décarbonate en partie. Une décarbonatation plus
complète peut être obtenue par l’ajout d’un pré-calcinateur situé dans le cyclone inférieur.
Au fur et à mesure de son cheminement dans les cyclones, en descendant dans la tour, la
farine rencontre des gaz de plus en plus chauds et sa température est de l'ordre de 1000 °C en
pied de tour, lorsqu’un pré-calcinateur est présent. L'effet cyclonique permet un bon échange
thermique entre les gaz et la farine, tout en évitant un entrainement de la farine hors de la tour.
La partie horizontale du four est composée d’un cylindre en tôle d’acier avec revêtement
réfractaire intérieur, de longueur moyenne de 50 m, de diamètre de 7 m, et légèrement incliné.
Sous l’effet de la chaleur à une température allant de 500 °C à 800 °C, l’argile se décompose
en oxydes simples (SiO2 et Al2O3) et le calcaire se décarbonate pour former la chaux (CaO).
Aux températures plus élevées de 900 à 1450 °C les oxydes de l’argile se combinent avec la
chaux pour former les quatre principaux minéraux du clinker selon le schéma simplifié
suivant :
- Départ de l’eau de constitution de l’argile :
Al2O3 2.SiO22.H2O 500°C Al2O3 2.SiO2 + 2.H2O
- Décarbonatation du calcaire :
MgCO3 700 °C Mg O + CO2 CaCO3 900 °C CaO + CO2
- sur le cru pour vérifier si la composition est conforme au cahier des charges,
- sur le clinker pour vérifier sa composition et certains paramètres de cuisson,
- sur les produits finis pour en accepter la commercialisation et vérifier leur conformité
aux normes en vigueur.
On citera quelques essais de contrôle du ciment :
- La finesse de mouture sera telle, que le refus sur un tamis donné, ne dépassera pas un
maximum fixé. En parallèle, la surface spécifique Blaine (SSB) devra être déterminée,
- La stabilité de volume doit être assurée aussi bien à l'air que dans l'eau. Cet essai se
fait par la méthode de Le Châtelier, en mesurant l'expansion d'échantillons ayant
séjourné dans l'eau bouillante,
- La prise du ciment est déterminée par le temps qui s'écoule jusqu'au début et à la fin
de ce phénomène,
- La pureté chimique est imposée. La teneur en sulfates (SO3) et la teneur en chlorures
(Cl-) ne doit pas dépasser un maximum donné,
- Des éprouvettes en mortier sont préparées avec des quantités pesées de sable normal,
de ciment et d'eau. Leurs résistances minimales à la compression et à la flexion sont
imposées pour différents âges.
3. La composition des ciments
Le ciment portland est composé de clinker moulu auquel on ajoute une quantité de gypse,
destiné à réguler la prise. Pour modifier les propriétés du ciment on ajoute d’autres
constituants associés au clinker grâce à leurs caractéristiques chimiques ou physiques.
3.1. Le clinker
Le clinker portland est un matériau hydraulique qui doit être constitué d’au moins 2/3 en
masse de silicates de calcium (3CaO.SiO2) et (2CaO.SiO2), la partie restante contenant de
l’oxyde d’aluminium (Al2O3), de l’oxyde de fer (Fe2O3) et d’autres oxydes. Le rapport
(CaO/SiO2) (C/S) ne doit pas être inférieur à 2. La teneur en oxyde de magnésium ne doit pas
excéder 5 % en masse.
Le clinker est essentiellement composé d’oxyde de calcium (CaO) prédominant, de silice,
alumine, et oxyde de fer, avec comme éléments accessoires l’oxyde de magnésium, les alcalis
se présentent sous forme d'oxydes de sodium. (Na20) et de potassium (K20), etc., et les
impuretés des matières premières sous forme de trace. Les compositions chimique et
minéralogique du ciment sont données dans les tableaux 2.1 et 2.2.
Tableau 2.1. Composition chimique du clinker
Une vue au microscope optique d’une lame mince de clinker et une autre d’un grain de
clinker au microscope électronique à balayage (MEB) sont présentées sur la figure 2.7.
a- Alite au microscope optique b- Alite au MEB
Le C3S est facilement reconnaissable à ses grands cristaux aux contours polygonaux, on
notera les faces bien définies et le contour pseudo-hexagonal de leur face supérieure bien
visible en MEB, le C2S quant à lui est plutôt arrondi perceptible en MEB. La partie blanche
réfléchissante est constitué par la phase dite interstitielle d’aluminates (C 3A + C4AF) collée
aux cristaux de silicates. La partie au jaune est constituée de résine pour la confection de la
lame mince.
3.2. Le laitier granulé de haut fourneau
Le laitier de haut fourneau est un sous-produit de l’industrie sidérurgique. Lors du processus
de fusion du minerai dans les hauts fourneaux à une température allant de 1135 à 1350°C, se
produit la séparation gravitaire, la fonte se dépose dans la partie inférieure du four, tandis que
le laitier surnage en partie supérieure dû à sa faible densité par rapport à la fonte.
À la sortie du four, le laitier à une température avoisinant celle de la fusion, est refroidi
brusquement à l’eau (trempe) et le laitier prend l’appellation de laitier granulé (figure 2.8)
défini par la norme NF EN 15167-1.
Le laitier granulé se présente sous la forme de sable silico-alumineux (figure 2.8). Sa structure
vitreuse lui procure une réactivité en présence d'alcalins (K2O et Na2O) et de chaux. Son
hydratation conduit à des hydrates semblables à ceux du clinker, bien que légèrement plus
acides. Il entre jusqu'à plus de 80 % dans la composition de certains ciments, appelés ciments
de haut fourneaux. La composition chimique du laitier granulé est donnée dans le tableau 2.3.
Tableau 2.3. Composition chimique du laitier granulé
3.3. La pouzzolane
La pouzzolane est une roche naturelle constituée par des scories (projections) volcaniques de
nature siliceux ou silico-alumineux avec une couleur qui varie du rouge au noir selon l’état
d’oxydation du fer (pour un rapport FeO/Fe2O3 < 0,02 la couleur est rouge (figure 2.9) ; pour
un rapport ≥ 0,27 la couleur est noir). Elles ne possèdent pas eux-mêmes de propriétés liantes
mais qui, sous forme finement broyé et en présence d’humidité (H2O), réagissent
chimiquement avec l’hydroxyde de calcium Ca(OH)2 à température ordinaire pour former des
composés possédant des propriétés liantes.
Les pouzzolanes naturelles contiennent entre 60 à 85% de silice (SiO2) et d’alumine (Al2O3).
En présence d’eau et de chaux, à des températures ordinaires, elles vont former des silicates
de calcium hydratés (C-S-H), semblables à ceux produits par l’hydratation du silicate
tricalcique (C3S) (C3A. SiO2), composé principal du ciment Portland. Les pouzzolanes peuvent
être naturelles ou bien artificielles issues de la calcination d’argiles. La composition chimique de la
pouzzolane est donnée dans le tableau 2.4. Au microscope électronique à balayage, la
pouzzolane se présente sous forme géométrique (figure 2.10).
Tableau 2.4. Composition chimique de la pouzzolane
Figure 2.11. Cendre volante Figure 2.12. MEB d’une cendre volante
3.4.1. Cendres volantes siliceuses
La cendre volante siliceuse est une poudre fine constituée principalement de particules
sphériques vitrifiées ayant des propriétés pouzzolaniques. Elle doit contenir essentiellement
de la silice (SiO2) réactive et de l’alumine (Al2O3). La partie restante contient de l’oxyde de
fer (Fe2O3) et d’autres oxydes. La proportion de chaux CaO réactive doit être inférieure à 5 %
en masse. La teneur de SiO2 réactif doit être d’au moins 25 % en masse. La composition
chimique de la cendre volante siliceuse est donnée dans le tableau 2.5.
Tableau 2.5. Composition chimique de la cendre volante siliceuse
Au microscope électronique, la fumée de silice apparaît sous forme de billes sphériques d’un
diamètre moyen de 0.2 µm. Ces billes ont un diamètre moyen 100 fois plus petit que les
grains de ciment (figure 2.14).
Les ciments courants conformes sont subdivisés en cinq principaux types : la composition des
ciments courants suscités doit être conforme au tableau 2.10.
Tableau 2.10. Principaux types de ciment
l’un des constituants suivants (laitier, constitu
Types de Désignation clinker pouzzolanes, cendres, calcaire, schiste, ants
ciments fumée de silice,
secondai
res
Ciment CPA – CEM I 95 - 100
portland
La masse volumique absolue du ciment peut être déterminée à l’aide de densimètre: l’essai
consiste à déterminer le volume V d’une masse m de poudre de ciment en l’introduisant dans
un densimètre remplit d’un volume V1 de liquide non réactif avec le ciment. La différence
des volumes V2 (volume total après introduction de l’échantillon) et V1 (volume avant
introduction de l’échantillon) nous donne le volume de l’échantillon de ciment et il devient
facile de calculer la masse volumique absolue du ciment.
300 g
300 g Aiguille (Ø=1,13 mm)
équipée de son accessoire
Aiguille (Ø=1,13) mm) annulaire
0,5 mm
1 P3 1
S K . t. . . (2.1)
1P 0 ,1
En dehors du facteur de temps, le retrait est fonction de nombreux paramètres parmi lesquels :
le rapport eau / ciment (E/C) : plus en augmente le dosage en eau et plus le retrait
augmente,
la nature du ciment : plus le ciment est broyé finement, et plus le retrait est important,
la propreté des sables : plus le sable contient d’impureté, et plus le retrait est
important,
une augmentation du volume des granulats produit une baisse du retrait. Le retrait
d’une pâte de ciment est supérieur au retrait d’un mortier qui est lui-même supérieur
au retrait d’un béton. Cela peut s’expliquer pars leur rigidité qui s’opposent aux
déformations; le retrait sera donc diminué par ce phénomène,
Une augmentation de la taille des granulats tend à réduire le retrait : en remplaçant des
gravillons O/10 par des O/40, on peut diminuer le retrait global de l’ordre de 30%.
5.6. Stabilité de volume (EN 196-3)
L’expansion des ciments est exprimée par le test de stabilité. L’essai est réalisé sur pâte pure à
l’aide des aiguilles de « Le Chatelier ». Il s’agit de vérifier l’augmentation du volume du
ciment que pourraient provoquer les oxydes à caractère expansifs tels que l’oxyde de calcium
(CaO) et de magnésium (MgO). La réaction d'hydratation est accélérée par un traitement
thermique de la pâte, de façon à pouvoir constater l’expansion éventuelle du ciment dans un
délai très court (3 heures). La figure 2.20 résume les étapes de l’essai et la stabilité est donnée
par l’équation 2.2.
Stabilité = C – A (2.2)
Mesure n°1
Après 24 h de conservation 1A
à 20 °C et 98 % HR
Mesure n°2 2B
Après 3 h dans un bain
d’eau bouillante
Mesure n°3
Après refroidissement 3C
jusqu’ à 20 °C
Le ciment est un solide polyphasé qui va réagir avec l’eau et les éventuels adjuvants
organiques, voire avec les granulats. Il va se transformer à une vitesse variable selon sa
composition, les minéraux qui le constituent, les conditions extérieures, pour devenir un
nouveau matériau : pâtes de ciment, mortiers ou bétons.
D’abord liquide, puis pâteux, il va durcir suite aux nombreuses réaction qui ont lieu en son
sein, avec des conséquences connues : exothermie, durcissement, retrait, fluage, etc.
6.1. Hydratation des minéraux du ciment Portland
La pâte de ciment hydraté est le résultat de la réaction chimique entre l'eau et le ciment
(réaction d'hydratation). C'est un processus chimique complexe où les principaux composés
du ciment réagissent pour former de nouveaux composés insolubles qui durcissent avec le
temps. C'est surtout l'hydratation du C3S et du C2S qui participent le plus au développement
de la résistance, en produisant du silicate de calcium hydraté C-S-H et de la portlandite
Ca(OH)2. Les réactions se poursuivent lentement pendant une à plusieurs heures, la pâte de
ciment reste maniable. Ensuite, cette pâte prend de la consistance, c’est le début de prise. Les
cristaux de portlandite et du silicate de calcium s’enchevêtrent et remplissent peu à peu les
pores. Le matériau devient de plus en plus dense et solide. Dans ce qui va suivre, on va
détailler le processus d’hydratation de chaque minéraux du clinker.
6.1.1. Hydratation du silicate tricalcique (C3S)
Les trois réactions principales de l’hydratation du silicate tricalcique sont :
la dissolution du C3S (réaction exothermique),
la précipitation des C-S-H (réaction endothermique),
la précipitation de la portlandite (réaction endothermique).
Dissolution des grains du silicate tricalcique
Cette première phase commence dés le mouillage du ciment. La dissolution superficielle des
grains des silicates calciques crée un milieu fortement basique. On peut écrire la réaction de
dissolution sous la forme :
Ca3SiO5 + 3H2O 3Ca2+ + 4OH- + H2(SiO4)2-
Croissance rapide du gel de C-S-H
Cette deuxième phase commence quelques minutes après l’hydratation et dure quelques
heures. En fonction des concentrations en ions hydroxyles, donc du pH, en ions silicates
[H2(SiO4)2-] et ions calcium, provenant de la première étape, la nucléation puis la croissance
du gel de C-S-H vont avoir lieu. Cette précipitation complexe peut s’écrire sous la forme
suivante :