Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Cahiers Eco - CMR 2011 PDF
Cahiers Eco - CMR 2011 PDF
LE RÉVEIL DU LION ?
POINT SUR LA SITUATION ECONOMIQUE DU CAMEROUN
Spécial Télécommunications
Le réveil du lion ?
Point sur la situation économique du Cameroun
Spécial Télécommunications
LE RÉVEIL DU LION ?
Introduction
Avec ce premier numéro des Cahiers économiques emprunt obligataire de l’État pour le financement
du Cameroun, la Banque mondiale inaugure un de projets d’infrastructure clés pourrait annoncer
programme de rapports économiques plus concis le réveil du lion.
et réguliers. Chaque numéro, publié deux fois par
Les Cahiers économiques du Cameroun sont
an, fera le point de la situation économique et
réalisés par l’Unité pour la Réduction de la
traitera d’un sujet particulier.
Pauvreté et la Gestion Economique du bureau de
Les Cahiers économiques visent à partager les la Banque mondiale au Cameroun, faisant appel à
connaissances et susciter un dialogue entre ceux une équipe dirigée par Raju Jan Singh. Jérôme
qui cherchent à améliorer la gestion économique Bezzina a préparé la section sur les
du Cameroun et à libérer l’énorme potentiel télécommunications, thème spécial du rapport.
économique de ce pays. Ils proposent une autre Cette équipe est également composée de James
source d’information sur l’économie camerounaise Acworth, Simon Davies, Herminie Delanne,
et une plateforme additionnelle pour encourager Amadou Nchare, Emeran Serge Menang Evouna,
l’interaction, l’apprentissage, et le changement. Menachem Katz, Faustin Koyassé, Peter Osei, Gael
Raballand, Rupa Ranganathan, Manievel Seme et
Le titre de ce premier numéro, Le réveil du lion ? –
Paula White. Mary Barton-Dock (directrice des
Point sur la situation économique du Cameroun.
opérations pour le Cameroun) et Jan Walliser
Spécial Télécommunications, est à l’image des
(directeur sectoriel) ont fourni des orientations,
difficultés du pays à mettre son énorme potentiel
des conseils et de précieux encouragements à
économique au service d’une croissance rapide et
l’équipe.
d’un recul de la pauvreté. Un cadre des affaires
peu favorable, des infrastructures De hauts responsables et analystes des
particulièrement inadaptées et une mauvaise administrations camerounaises ont aussi fait
gouvernance empêchent le pays d’avancer. En largement profiter l’équipe de leurs lumières. Ce
dépit de la marge de manœuvre financière concours est notamment venu des institutions
ouverte par l’allégement de la dette, les ressources suivantes : BEAC, Ministère des Finances,
budgétaires demeurent insuffisantes à cause des Ministère de l’Économie, de la Planification et de
progrès limités dans la mobilisation de recettes l’Aménagement du Territoire, Ministère des
hors pétrole. De ce point de vue, la récente Postes et Télécommunications, ANTIC, ART et
émission couronnée de succès du premier Institut National des Statistiques.
Contexte
Le Cameroun est un pays divers, linguistiquement En effet, force est de constater que les taux de
et ethniquement, dont la géographie s’étend du pauvreté n’ont pas baissé au cours de ces
semi-désert sahélien, au Nord, à la forêt dernières années malgré les mesures d’allégement
équatoriale, au Sud, en passant par des zones de de la dette consenties en 2006 dans le cadre de
savanes. Même si cette diversité favorise la l’initiative PPTE et de l’IADM, qui ont permis
pratique d’activités économiques et agricoles d’améliorer sensiblement la viabilité de la dette du
variées, en réalité, 70 % de la population vit de pays et d’accroître la marge de manœuvre
l’agriculture et de l’élevage. Au Cameroun, la budgétaire pour concentrer les dépenses sur des
proportion de terres consacrées à la préservation mesures réduisant la pauvreté (Graphique 2). Le
de la biodiversité est parmi les plus élevées taux de pauvreté au Cameroun n’a pratiquement
d’Afrique, 14 % du territoire national étant pas évolué entre 2000 et 2007, avoisinant 40 %.
occupés par des parcs nationaux, des réserves, des Les données existantes font également ressortir de
sanctuaires et des concessions de conservation. fortes disparités géographiques et
socioéconomiques, et montrent que si la pauvreté
Le Cameroun est doté d’importantes ressources
a diminué en zone urbaine, elle s’est accrue en
naturelles dont le pétrole, les essences de bois
zone rurale. Selon la dernière enquête menée
précieux et les cultures agricoles d’exportation
auprès des ménages en 2007, quelque 55 % des
(café, coton, cacao). Le gaz naturel, la bauxite, le
familles rurales sont pauvres, contre 12 % dans les
diamant, l’or, le fer et le cobalt sont des ressources
villes. En outre, environ 87 % des pauvres vivent en
inexploitées. L’économie camerounaise est
zone rurale.
relativement diversifiée : les services
représentaient 44 % du PIB en 2009, l’agriculture Sur sa lancée actuelle, il est peu probable que le
et le secteur manufacturier 19 % chacun, et le Cameroun atteigne les objectifs de
pétrole et les mines 7 %. développement pour le Millénaire (ODM), à
l’exception possible de ceux correspondant à
La croissance économique reste cependant lente
l’éducation primaire pour tous et à l’égalité
par rapport au taux de croissance moyen des
hommes-femmes. La situation de l’enseignement
autres pays d’Afrique subsaharienne
primaire s’est certes améliorée, mais les principaux
(Graphique 1). Des infrastructures inappropriées,
indicateurs de la santé et de la nutrition de l’enfant
un cadre des affaires peu porteur et une
se dégradent depuis 1990. Les régions
gouvernance insuffisante entravent l’activité
septentrionales connaissent actuellement des
économique. Dans ces conditions, il est difficile
niveaux exceptionnellement élevés de
d’afficher des taux de croissance qui permettraient
malnutrition infantile et ont récemment subi une
de faire reculer durablement la pauvreté.
épidémie de cholera. Près de 70 % des citadins et Plusieurs indicateurs clés montrent que l’Afrique
l’ensemble de la population urbaine pauvre n’ont centrale, dont le Cameroun, est la région d’Afrique
qu’un accès limité aux réseaux publics de la moins bien équipée en infrastructures. Malgré
distribution et aux prestations de base. d’énormes potentialités hydro-énergétiques, le
secteur de l’électricité en Afrique centrale reste le
Bien que la simplification des formalités de
moins développé du continent. La densité de
création d’entreprises ait permis au Cameroun
routes bitumées (4 km/100 km²) est encore
d’améliorer son rang au classement établi par le
inférieure à celle de l’Afrique de l’Ouest, où elle est
rapport Doing Business, le cadre des affaires
déjà faible.
demeure peu favorable.
Ghana Exploitation
forestière et
Côte d’Ivoire élevage 5,9%
Guinée équatoriale
0 100 200 300 400 500 600 Ventilation du PIB de 2009, en % du total
…et le pétrole y joue encore un rôle important …pourtant le Cameroun se fait de plus en
100%
plus distancé par les pays retenus comme
90% base de comparaison
80% PIB par habitant, 1980-2008 (en dollars constants, 2000)
70% 1 600,0
1 400,0
60%
Hors 1 200,0
50% pétrole 1 000,0
40% Pétrole 800,0
30% 600,0
400,0
20%
200,0
10% 0,0
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
0%
PIB Recettes publiques Revenus d'exportation
Cameroun Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure
70 CFAF milliards
60 700
600
50
500
40
400
30
300
20 200
10 100
0
0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2004 2005 2006 2007 2008 2009
… mais la pauvreté dans son ensemble, en … et les écarts entre régions se sont même creusés.
pourcentage de la population, n’a pas diminué
70
Évolution en pourcentage du taux de
60
pauvreté
50 15
40 10
5
30
0
20 -5
-10
10
-15
0
1996 2001 2007
La performance des deux ports d’Afrique centrale réglementation très restrictive du camionnage. Au
– Douala et Pointe Noire – qui servent de centres Cameroun, le coût du transport routier est de
de transbordement pour la sous-région – sont très l’ordre de 0,13 dollar par tonne-kilomètre contre
en deçà des normes mondiales en la matière. 0,05 dollar en Afrique australe et 0,04 dollar dans
la plupart des autres pays en développement. La
En comparaison avec le reste du monde et les
cherté du fret ne tient toutefois pas au coût élevé
autres régions d’Afrique, le consommateur
des transports, mais plutôt aux profits substantiels
d’Afrique centrale doit aussi s’acquitter d’un prix
des camionneurs, dus à l’absence de concurrence
substantiel pour les services en infrastructure.
dans le secteur.
L’abonnement mensuel à l’internet est ainsi
quatre fois plus élevé au Cameroun que dans les Les infrastructures pourraient contribuer à la
autres pays en développement. croissance économique bien plus qu’elles ne l’ont
fait jusqu’à aujourd’hui. Les simulations montrent
Les transports terrestres en Afrique centrale sont
que le PIB réel par habitant pourrait croître
les plus chers d’Afrique subsaharienne
d’environ 5 points si les infrastructures d’Afrique
principalement du fait de la cartellisation et de la
centrale étaient du même niveau que celles du faisant ainsi du Cameroun « un pays industrialisé à
pays le plus performant d’Afrique (l’Ile Maurice). revenu intermédiaire », et de « consolider la
Des améliorations dans l’électrification peuvent démocratie et l’unité nationale ».
avoir un impact d’environ 2 points sur la
Pour le DCSE, la faiblesse de la productivité, la
croissance. Le renforcement des infrastructures
menace d’une crise énergétique, les méfaits de la
routières et des équipements de
crise financière mondiale, le non-recul de la
télécommunications peut contribuer à la
pauvreté et le chômage élevé sont les principaux
croissance à hauteur de 1,5 point dans chacun de
défis à relever au cours de la période 2009-2019.
ces secteurs. Dans le cas précis du Cameroun,
Ce document prévoit des investissements
l’impact de l’amélioration des infrastructures sur la
importants dans les infrastructures pour doper la
croissance du PIB réel par habitant serait d’environ
croissance notamment dans les domaines de
4,5 points.
l’énergie, des routes, des ports, de l’accès à l’eau,
Graphique 3 : Contribution potentielle du secteur des et des technologies de l’information et de la
infrastructures
(en points de croissance du PIB annuel par habitant)
communication. Des gains de productivité sont
6
attendus dans l’agriculture et l’élevage,
5
l’extraction minière, les principales chaînes de
4
Dans ce contexte, il s’agit avant tout pour le également l’accent sur l’intégration régionale et
la répartition plus équitable des fruits de cet effort initiatives particulières sur la corruption, les
entre les différentes catégories de revenus pour marchés publics, le cadre des affaires et la
Conjoncture économique
Croissance
Depuis deux ans, le Cameroun subit les effets de Graphique 5 : Contribution à l’expansion du crédit par
secteur, 2010 (en pourcentage)
la crise financière et économique mondiale qui
6.00
se traduit par une forte baisse des cours et de la
5.00
3.00
le pétrole, le bois, le caoutchouc, le coton et
2.00
-
Graphique 4 : Contribution à la croissance du PIB par Agriculture, Industries Logement, Transport, Autres
secteur, 2005-2010 (en pourcentage) Elevage, Peche Travaux Telecoms
publics
5
4
3 Le Cameroun est un producteur de pétrole assez
2
1 modeste, dont la production est en déclin
0
-1
-2
(Graphique 6). L’épuisement des réserves, le
2005 2006 2007 2008 2009 2010
vieillissement des infrastructures et – plus
Primaire Secondaire (hors petrole)
Petrole Tertiaire récemment – le report de certains
Sources: Autorites camerounaises et estimations
Croissance du PIB de la Banque Mondiale
investissements et projets de développement
Toutefois, dans le sillage de la reprise de suite à la crise financière expliquent ce tableau.
l’économie mondiale et des mesures prises par Pour l’essentiel, la contribution de ce secteur à
les autorités pour relancer la production la croissance du PIB est négative depuis
nationale, les premiers signes d’un redémarrage quelques années, et l’on estime que la
de l’économie sont perceptibles. Pour 2010, la production pétrolière a encore reculé de 16 %
croissance du PIB est estimée à 3 %, tirée par le en 2010 (passant à 23,2 millions de barils).
rebond des activités non pétrolières
Graphique 6 : Oil Production, pétrolière,
Production 2002-10 2002-10,
(notamment les cultures vivrières, l’exploitation (en millions )
de barils)
(in mio barrels
40
forestière, le bâtiment, le transport, et les
35
télécommunications), qui ont connu une 30
20
croissance du crédit privé corroborent cette
15
évaluation (Graphique 5). 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Source: SNH
Hors pétrole, le secteur primaire a redémarré en opportunités commerciales offertes par les
2010 et devrait connaître une croissance de marchés sous-régionaux et permettre une plus
3¾%. Cette reprise s’explique par la forte grande participation du secteur privé.
croissance du secteur forestier et des cultures Graphique 7 : Exemples de productions vivrières,
2005 –2010
vivrières. L’exploitation forestière est le secteur (Indice 2005=100)
180
qui a le plus souffert de la crise financière. Sous 170
160
l’impulsion du redémarrage de l’économie 150
140
mondiale, la demande est repartie à la hausse 130
120
110
sur les marchés traditionnels d’Europe et 100
90
d’Amérique du Nord, et de nouveaux marchés 80
2005 2006 2007 2008 2009 2010
se sont ouverts. Les pays asiatiques importent Riz Soja Patate douce Maïs Mil/sorgho
essentiellement des grumes (environ 25 % des Sources : Autorités camerounaises et estimations de la Banque mondiale
déc.-06
févr.-07
déc.-07
déc.-08
déc.-09
févr.-08
févr.-09
févr.-10
juin-07
juin-08
juin-10
avr.-07
avr.-08
avr.-09
juin-09
avr.-10
oct.-07
oct.-08
oct.-09
août-07
août-08
août-09
0
2008 2009 2010
IPC (total) Indice des prix alimentaires Indice des prix pétroliers
Lignes fixes Mobiles Source : Autorités camerounaises et calculs de la Banque mondiale
14.2
20
14
13.8
15
13.6
10 13.4
13.2
5
13
0 12.8
Gabon Angola Congo, Rép. du Algérie Cameroun 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Sources: autorites camerounaises et estimations Banque Mondiale
Le gouvernement a utilisé son allocation de DTS montrent que la part des crédits affectés aux
(103 milliards de francs CFA) pour s’acquitter de secteurs définis comme prioritaires a un peu
ses obligations envers la SONARA, la société augmenté (Graphique 12). Leur part dans le
nationale de raffinage, et la dédommager des budget 2010 n’atteint toutefois pas les niveaux
pertes résultant du gel des prix de détail des prévus par le DSCE (Graphique 13). Par exemple,
produits pétroliers. En revanche, d’autres les dépenses publiques de santé restent
obligations de paiement se seraient accumulées. inférieures aux normes internationales : le
Le solde budgétaire (avant régularisation des secteur de la santé ne représente qu’environ
arriérés) devrait donc être inférieur aux 8 % des dépenses totales de fonctionnement,
prévisions, le report du lancement de l’emprunt soit bien moins que la norme d’Abuja (15 %). Les
obligataire ayant probablement freiné ménages supportent l’essentiel du fardeau
l’apurement des arriérés et créer de fortes financier des soins de santé tant du point de vue
pressions sur les dépôts du gouvernement des dépenses à leur charge que du rapport
auprès de la BEAC. qualité/prix des prestations fournies.
Graphique 12 : Crédits affectés aux secteurs prioritaires, Graphique 13 : Crédits affectés aux secteurs prioritaires,
(en pourcentage du budget) (en pourcentage du budget)
2005-2009 2010
45 30,0
40 25,0
35 20,0
30
15,0
25
10,0
20
5,0
15
10 0,0
5 Éducation, Santé Développement Infrastructures
formation et rural
0 recherche
2005 2006 2007 2008 2009
Education, Formation, et Recherche Sante Infrastructures DSCE Budget
2010
Sources: autorites camerounaises et estimations Banque Mondiale Sources : Autorités camerounaises et calculs de la Banque mondiale
L’évolution de la situation observée en 2010 Graphique 14 : Crédits affectés aux secteurs prioritaires,
2011 (en pourcentage du budget)
devrait se confirmer en 2011. La reprise
18
16
économique se poursuivra avec une croissance 14
12
10
d’environ 4 %. Elle sera essentiellement tirée par 8
6
4
le secteur non pétrolier (qui gagnera environ 2
0
Developpement
formation, et
Infrastuctures
Energie
Sante
4½%) alors que les activités pétrolières
recherche
Education,
rural
continueront de reculer (d’environ 11 %). Plus
particulièrement, la croissance dans les secteurs 2010 Budget 2011 Budget
Sources: autorites camerounaises et estimations Banque Mondiale
Graphique 15 : PIB réel par habitant, 2009-2035 la CEMAC a le plus faible niveau d’accès à
(en dollars constants)
l’internet et au téléphone de tout le continent,
3500
3000
avec moins de 2,8 abonnements internet pour
2500
2000
1500
100 habitants. La cherté des prestations peut
1000
500 expliquer en partie le nombre réduit d’abonnés,
0
2009 2014 2019 2024 2029 2034 le service prépayé au téléphone mobile coûtant
Scenario avec reformes des telecomunications
Scenario du statu quo environ 14 dollars, soit plus que dans toute
Scenario "Vision 2035"
Source: estimations Banque Mondiale
autre région.
Contexte régional
Contrairement aux autres régions, l’Afrique
L’isolement et la tarification élevée qui centrale n’est connectée à aucun câble sous-
caractérisent les pays d’Afrique centrale freinent marin à fibre optique. À l’heure actuelle, seuls
le développement de services de l’Angola, le Cameroun et le Gabon ont
télécommunication à des prix abordables. directement accès à SAT3/WASC (South Atlantic
Plusieurs pays d’Afrique centrale ont commencé 3/West Africa Submarine Cable), le câble sous-
à prendre des mesures pour réduire le coût de marin à fibre optique posé entre la Malaisie et
l’accès aux services en libéralisant le marché et l’Afrique du Sud, qui remonte ensuite le long de
en entreprenant des réformes du cadre la côte ouest-africaine jusqu’au Portugal et à
réglementaire des politiques publiques. l’Espagne. Les autres pays côtiers ou enclavés ne
Malheureusement, la libéralisation inachevée du sont pas inclus et n’ont pas non plus de
autres câbles sous-marins est prévue. Ainsi, il est Le réseau CAB est un réseau régional de
fort probable qu’en 2012, l’Afrique centrale soit télécommunications. Il s’agit de connexions à
desservie par plusieurs câbles sous-marins. Par fibre optique terrestre vers des câbles sous-
exemple, le WACS reliant l’Afrique du Sud au marins à fibre optique reliant plusieurs pays
Royaume-Uni en passant par la côte ouest- d’Afrique centrale et fournissant à la région un
africaine et l’ACE allant de la France au Gabon accès à large bande numérique vers le réseau
devraient être opérationnels en 2011. mondial à fibre optique. Outre l’installation
d’une nouvelle infrastructure à fibre optique
Pour tirer profit de ces nouveaux projets, les
d’environ 2 200 km de long, le réseau à large
pays côtiers doivent créer un portail
bande envisagé mettra en valeur les 1 000 km
international d’accès à ces câbles sous-marins,
de fibre optique déjà existant le long du tracé de
et les pays enclavés doivent mettre en place des
l’oléoduc entre Kribi (Cameroun) et Doba
connexions par fibre optique avec les pays
(Tchad).
côtiers voisins. Des efforts dans ce sens sont
déjà en cours. La première phase du projet Selon l’étude de préfaisabilité qui a servi de base
Central African Backbone (CAB) entre le à la conception du projet CAB, pour que ce
Cameroun, la République centrafricaine et le projet soit rentable et génère les économies
Tchad vise à améliorer la connectivité entre ces d’échelle attendues, le réseau CAB doit être une
trois pays par la pose de câbles en fibre optique infrastructure partagée promouvant un régime
le long du tracé de l’oléoduc Tchad-Cameroun. de libre accès dont la propriété et l’exploitation
se feront selon les principes du partenariat
La mise en place de ces nouvelles infrastructures
public privé (PPP). En mai 2007, sur la base des
sous-marines devrait permettre de réduire le
conclusions de cette étude, les chefs d’État des
coût de l’accès à l’internet et des autres
pays de la CEMAC ont adopté une déclaration
communications internationales. Elle donnera
appelant au lancement du CAB dans le respect
accès à une technologie moins coûteuse et
des principes de libre accès et de partenariat des TIC de l’UIT1 s’est détérioré entre 2007 et
public-privé. 2008. Pendant cette période le pays est passé de
la 132e à 138e place d’un indice qui regroupe 159
La structure du CAB nécessite l’arrivée sur le
pays (Figure 16) 2.
marché de nouveaux opérateurs régionaux de
télécommunications pour la revente de la Graphique 16 : Rang de pays classés à l’indice de
développement des TIC, 2008
capacité internationale, régionale et nationale 160
140
aux opérateurs et prestataires de service
120
80
pratiquant des prix inférieurs au niveau actuel. 60
20
accrue pour l’approvisionnement de la capacité 0
Botswana Gabon Nigéria Gambie Congo Côte Ivoire Cameroun
internationale et nationale à travers de Source: ITU 2010
Figure 17Evolution
: Courbeof
deHerfindahl-Hirschman Index in
l’Indice Herfindahl-Hirschman Du fait de cette structure du marché, le prix des
Cameroon, 2005 - 09
au Cameroun, 2005-2009
0.52 télécommunications est élevé au Cameroun
0.51
(Graphiques 18 et 19). Mesurés par un sous-
0.50
0.49 ensemble tarifaire « téléphones mobiles
0.48
cellulaires » en pourcentage du RNB par
0.47
0.46 habitant, le prix des services téléphoniques
0.45
mobiles est plus élevé que dans d’autres pays
2005 2006 2007 2008 2009
Source: Wireless Intelligence
comptant un plus grand nombre d’opérateurs
(le Kenya a délivré quatre licences, le Nigéria
o
Créé par décret (n 98/198 du 8 septembre
neuf, le Sénégal, la Guinée et le Ghana trois
1998), détenu par l’État et placé sous la tutelle
chacun).
du ministère des Postes et Télécommunications
(MINPOSTEL), CAMTEL détient le monopole du Le coût de la bande passante internationale est
fournisseur de la plupart des bandes passantes d’accès au système SAT3/WASC détenu par
système SAT3 au Cameroun, ce qui lui donne la plus faibles que ne le laisserait supposer le PIB
haute main sur le marché de la bande passante par habitant du Cameroun. En 2008, la
Access), un protocole qui assure l’accès fixe et problèmes comme la nécessité i) d’harmoniser
Graphique 20 : Bande passante internet international, 2008 Graphique 21 : Pénétration du marché de la téléphonie mobile,
2008
(bit par internaute) (Pourcentage)
3500 100
90
3000
80
2500 70
60
2000
50
1500 40
30
1000
20
500 10
0
0
Cameroun Sénégal Kenya Guinée Rép. du Côte Ivoire Gabon
Gabon Sénégal Afrique du Ghana Côte Rwanda Cameroun
équatoriale Congo
Sud Ivoire
Source : Wireless Intelligence, December 2010, and staff calculations
Source : UIT 2010
potentiel des TIC pour permettre au pays de réglementaire que la Communauté pourrait
faire office de pôle régional devrait présenter les jouer pour les télécommunications en Afrique
avantages suivants pour le Cameroun : centrale, comme le fait la COBAC dans le
secteur bancaire, donnerait au pays un rôle de
L’attribution d’une nouvelle licence de
pointe dans la région.
téléphonie mobile à un opérateur privé
devrait être source de recettes budgétaires Une coopération active avec les autorités
importantes pour l’État et inciter très centrafricaines et tchadiennes pour structurer
fortement les opérateurs actuels à baisser d’un commun accord le programme CAB
leurs tarifs. autour de principes de partenariat public-privé
et de libre accès faciliterait et dynamiserait le
La suppression de toute forme d’exclusivité,
processus de mobilisation des financements
par exemple en séparant l’unité SAT3 de
nécessaires pour la mise en œuvre de ce
CAMTEL et utilisant des systèmes de câbles
programme et l’adoption d’un instrument
sous-marins internationaux tels qu’ACE et
spécialement conçu pour exploiter, maintenir
WACS, permettrait au secteur de donner toute
en place et gérer ce réseau.
la mesure de son potentiel.
RÉFÉRENCES
Banerjee, S., Wodon, Q., Diallo, A., Pushak, T., Uddin, H., Tsimpo, C. and Foster, V.
2007, Access, Affordability, and Alternatives : Modern Infrastructure Services
in Africa. AICD, Background Paper, World Bank, Washington, D.C.
Minges, M., Briceño-Garmendia, C., Williams, M., Ampah, M., Camos, D. and
Shkratan, M. 2008. Information and Communications Technology in Sub-
Saharan Africa : A Sector Review. AICD, Background Paper, World Bank,
Washington, D.C.
http ://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTINFORMATIONANDCOM
MUNICATIONANDTECHNOLOGIES/EXTIC4D/0,,menuPK :5870641~pagePK :641
68427~piPK :64168435~theSitePK :5870636,00.html