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Revue de botanique appliquée

et d'agriculture coloniale

La culture du Figuier en Tunisie.


L. Guillochon

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Guillochon L. La culture du Figuier en Tunisie.. In: Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 7ᵉ année,
bulletin n°65, janvier 1927. pp. 18-28.

doi : 10.3406/jatba.1927.4483

http://www.persee.fr/doc/jatba_0370-3681_1927_num_7_65_4483

Document généré le 16/10/2015


— 18 ~

faut reconnaître qu'il n'a plus aucun rapport avec le type d'origine.
On rencontre cependant sur la côte d'Afrique, des Cotonniers du type
G. barbadense à peu près purs (j'en ai vus il y a quelques mois en
Côte d'Ivoire), mais ces cotons ont perdu de leur soyeux et de leur
exceptionnelle longueur.
Nous pouvons produire notre Sca-Island dans l'Afrique du Nord
et surtout aux Antilles, et j'ajouterai que nous n'avons pas le droit de
dédaigner la production d'un coton que nous devons acheter à
Liverpool 60 fr. le kg.

La culture du Figuier eu Tunisie.

Par L. GUILLOCHON,
Assistant au Service Botanique de Tunisie.

M. L. Guillochon, Vauteur de r intéressant Traité pratique


d'Horticulture pour le Nord de l'Afrique que nous avons signalé (R. B.A.,
1926, p. 115), a bien voulu réserver à la R. B. A. une étude relative
au Figuier qui est, comme l'on sait, une des principales espèces
fruitières de Tunisie. Pour les renseignements généraux sur cette
plante, nous renvoyons à V ouvrage de M. Gujllochon et aux
travaux de M. L. Trabut. (R. B. A., II, 1922, p. 393.)

Afariété» cultivées.

A Argenteuil, près Paris, Ton cultivait la figue Blanquette, blanche


et hâtive, Dauphin, figue violette plus grosse et plus tardive,
Violet e de Bordeaux, variété peu fructifère.
La variété Barbillonne serait un accident fixé de la figue blanche
d'Argenteuil, découverte par M. Defresne-Barbillon qui, le premier,
avait eu la prescience de sa valeur horticole.
Les figues, qui mûrissent en même temps que la figue blanche
d'Argenteuil, sont énormes, bien supérieures à cette dernière à laquelle
elles ressemblent par leur forme. La peau est fine, luisante, presque
noire ou d'un rouge palissandre foncé. La chair est blanche,
légèrement rosée, délicieuse, sucrée, fine, fondante.
La production des figues algériennes, et celle du midi de la France,
— 19 —

grâce à la rapidité et à la fréquence des transports, ont fait disparaître


la culture du Figuier dans le pays d'Argenteuil.
Du Midi de la France. — La Célestine, dénommée vulgairement
la grise ; la Buissonne ou Monissome ; la Blanquette, dite la
Marseillaise ; la Boujassotte ; la Bellone ; la Datte ; la Figue de Beau-
caire ; le col des Dames ; la Rolandine, bonne à sécher ; la Concor-
nelle; YAubique noire et YAubique blanche.
De l'Algérie. — Figues blanches : Thaaramint, jaune foncé à
la maturité, chair jaune et très sucrée ; Thaharchaoutch ; Thaam-
riout, figue allongée des environs de Tizi-Ouzou ; Thaabouchia-
boult, Tagamant, Abiarous, Thaacourt, Thabelout, Thahar-
doum, Thauiadelst, Thaboyaboulch.
Figues noires ou violacées: Azimhar, Aberkane, Tane Karkor
Aberkane, Tabakone Aberkane, Averane, Taberkant.
Variétés d'origine tunisienne (1). — Figues jaunes ou
blanches : Assel bon Tchiche, figue moyenne, oblongue, très allongée
jaune verdâlre-. Maturité juin.
Bayoudi, figue petite au début de la maturation, moyenne ensuite,
arrondie, jaune. Maturité juin.
lHter Abiod, figue souvent très grosse, pyriforme, blanchâtre à la
complète maturité. Deux fructifications : la première en juin, la secon-
le en août.
El Bilri, figue toujours très grosse, vert foncé à la maturité. Deux
fructifications: la première en juin, la seconde en août. A cette
dernière époque les figues sont jaunâtres à la maturité.
El Khadri, figue moyenne, souvent petite, allongée ; reste verdâ-
tre à la maturité. Maturité août.
El Nouchi, figue petite, presque ronde, jaune à la maturité.
Maturité août.
Fettouai, figue petite, presque ronde, jaunâtre à la maturité.
Maturité août.
Tassiret, figue petite un peu. aplatie, jaunâtre à la maturité.
Maturité août.
Figues noires ou violacées, Bezoul-el-Khadem, figue moyenne,
allongée, violet foncé. Maturité juillet-août.

(1) C'est sur la demande de M. Paul Bourde que la Direction générale de


l'Agriculture lit réunir, au Jardin d'essais de Tunis, les différentes variétés de Figuiers,
cultivées par les indigènes. M. Minaugoin, aujourd'hui Inspecteur honoraire de
l'Agriculture, fut charge de celte recherche. C'est ce qui permit à cet
établissement précité de déterminer les principales caractéristiques de végétation et de
fructification de ces variétés. L.-C.
— 20 —

Bidh-el-Atrous, figue petite, quelquefois moyenne, violacée et


veinée de verdâtre . Maturité août.
Bidh-el-Djemel, figue grosse, moyenne dans les cultures
suffisamment irriguées, allongée, violacée et striée de lignes jaune cuivré.
Maturité fin juillet.
Gazir, figue petite, aplatie, violet pâle. Maturité août.
Habtir, figue moyenne, souvent petite au début de la maturation,
très allongée, violacée à la maturité. Maturité, seconde quinzaine d'août.
Hamri, figue grosse, très grosse sur les arbres suffisamment
irriguées, rougeâtre, striée de violet. Variété susceptible d'être utilisée
pour le séchage. Maturité août pour la consommation des figues
fraîches. Fin août pour le séchage.
Sidi-ben-Aied, figue moyenne, légèrement aplatie, violette, foncée.
Maturité fin août.
Sidiben-Agous, figue moyenne, arrondie à la base, violacée.
Maturité août.
Soltanine, figue moyenne, grosse sur les arbres suffisamment
irrigués, allongée, d'une teinte cuivrée striée de violet. Maturité fin août.
Souaba-el-Adjia, figue grosse, allongée, violacée, recouverte d'une
pruine grisâtre. Maturité août.
Tëbessi, figue très grosse, renflée à la base, violacée foncée,
recouverte d'une poussière grisâtre. Variété pour le séchage. Maturité août.
Temri, figue moyenne, violacée, allongée, recouverte d'une
pruine grisâtre. Fructification se continuant jusqu'en septembre. Variété
bonne pour le séchage. Maturité août à fin septembre.
Toumi, figue petite, allongée, de couleur cuivrée, striée de violet.
Maturité fin août. *
¥ »
La Figue de Smyrne a, dit Trabut, une certaine analogie avec les
meilleures figues kabyles. Son feuillage rappelle assez la variété Tha-
amriout, mais le fruit est très particulier. Il est à la maturité d'un
beau jaune, la peau qui se fendille est très fine et recouvre une pulpe
abondante et sucrée. La caprification est indispensable pour la Figue
de Smyrne.
Culture. — Le Figuier peut être multiplié à l'aide du marcottage,
du bouturage, du greffage et de bourgeons de racines. Plus
généralement le bouturage est employé, soit en pépinière, en février, en vue
d'une mise en place ultérieure ; ou en place, ce qui est préférable, les
arbres s'enracinant ainsi définitivement.
Les plants enracinés issus de pépinière doivent être plantés en fé-
— 21 —

vrier et mars dans le nord de l'Afrique ; en mars et avril dans le midi


de la France.
En règle générale l'on doit tenir compte dans le pays où l'on se
trouve, de l'époque du départ de la végétation des sujets adultes, et
planter une vingtaine de jours avant.
Les terrains en arrière de la bande littoralienne, plutôt silico-argi-
leuse ou silico-calcaire, et par conséquent perméables, sont à préférer.
Les arrosages sont nécessaires pour obtenir une fructification
normale, abondante et, par la grosseur des fruits, susceptibles de donner
lieu à une vente à un prix élevé.
Pour une plantation exclusive de Figuiers (figueraie), les arbres
doivent être distancés à 12 m. entre les lignes, 8 m. sur les lignes.
Les arbres commencent à produire la cinquième année et le
rendement est à son maximum vers la quinzième. Un arbre adulte, vers
dix ans, peut produire 100 kgs de figues.
Les opérations de taille consistent à supprimer les branches
gourmandes qui se développent, inopinément, sur les parties inférieures
des arbres, à la base du tronc le plus souvent, et à diminuer de
longueur celles qui poussent avec trop de vigueur, afin de les faire
ramifier, et augmenter ainsi le nombre de figues sur chaque sujet.
Les arbres peuvent être formés en touffe ou en tête. Nous estimons
que la seconde de ces deux formes est à préférer. Dans cette dernière
la plante a un branchage moins important qui nourrit mieux les figues
que celui de la plante en touffe, dont la végétation fructifère est
contrariée par de nombreux drageons infertiles qui naissent à la base du sujet .
Le greffage n'est intéressant que pour changer sur un arbre, la variété
de ce dernier, et la remplacer par une autre plus commercialement
productive. L'on peut greffer en tige, en fente, en février et en mars ;
ou en écusson en juin et juillet. En couronne sur les branches très
grosses en mars.
En Californie, écrit Trabut, l'on greffe en placage en tête après
amputation des grosses branches. Le greffon est taillé en biseau en
forme de V. *

A Argenteuil la culture du Figuier était très spéciale dans l'obligation


d'obtenir la constitution et la maturité des figues pendant le peu de
temps que, dans le nord de la France, durent le printemps et l'été. Les
branches étaient palissées devant un mur blanchi, exposé aux rayons
du soleil de midi.
La taille consistait à ne conserver sur chaque sujet que les branches
— 22 —

porteuses de figues et ces dernières étaient mises en pleine lumière


par l'enlèvement méthodique des feuilles avoisinanles qui auraient pu
les ombrer.
Dès octobre, les arbres étaient recouverts, sur toute la hauteur
occupée par le branchage, de feuilles sèches puis d'un revêtement de paille
jde Seigle et enfin d'une toile fixée sur les fils de fer galvanisés ou le
attis formant espalier. Au pied de chaque sujet la terre était recouverte
de feuilles sèches, dans un rayon de 1 m. SO à 2 m. du tronc et près
de ce dernier sur une hauteur de 50 cm .
Il y a une trentaine d'années la culture du Figuier, comme celle de
l'Ananas en serre, était faite par des cultivateurs fort habiles,
spécialisés dans ce genre de production.
En Provence l'arbre passe l'hiver dehors, il est chez lui ; les branches
retombent sans que l'on y touche, conformément au dicton provençal
« Fillo et figuiere H foon pas veiré la jarretière ». (A la jeune fille
et au Figuier on ne doit pas voir la jarretière).
La température permet de récolter les variétés bifères à 40 ou 50 jours
d'intervalle et de cueillir les autres variétés sur le rameau feuillu, à
l'arrière-saison, l'année de la fructification. (Baltet.)
A Bougie, la culture du Figuier est presque exclusivement pratiquée
par l'indigène qui a pour cet arbre une véritable vénération.
Malheureusement l'Arabe sèche tous les fruits sans se soucier autrement des
variétés, et de leur aptitude plus ou moins grande à la dessiccation.
En 1914, dès avant la guerre, les indigènes possédaient dans le seul
arrondissement de Bougie, 1 657 800 arbres, les Européens 97 000.
Cette région fournit les cinq neuvièmes de la production algérienne,
et il y a un Européen propriétaire de figueraie pour 27 indigènes.
La capriflcation. — Pour assurer la fécondation des fleurs du
Figuier, l'on emploie la caprifîcation. Cette fécondation ne paraît pas
être utile à toutes les variétés, pour le développement du réceptacle.
Le Bulletin de. la Société d'Horticulture de Tunisie (1) a donné
une note très complète et très documentée, dont nous extrayons les
passages qui suivent:
La fécondation des fleurs portées sur les parois internes du
réceptacle par une petite guêpe Blastophaga psenes, vulgairement appelée
« mouche » a fait l'objet d'observations très anciennes (Hérodote,

(1) Principes de Phytotechnie à l'usage des Agriculteurs, Horticulteurs et


Amateurs
n° 10, pp.
de 633-634)
plantes (F.
a publié
Boeuf,un année
article 1914).
de B. —
Trouvelot
La Revuesurscient.
les insectes
(64* année,
de la capri"
1926,
flcation et leurs parasites.
— 23 —

Aristote, Tiiéoi'Hraste, Pline, et des auteurs anciens). Le Dr Trabut


a réuni sur ce sujet controversé, un grand nombre d'observations
auxquelles il est fait de larges emprunts.
Le Figuier sauvage ou Caprifiguier présente de nombreuses variétés.
Les figues peu charnues, presque sèches, apparaissent à plusieurs
époques de l'année. Certains Caprifiguiers ont deux fructifications : été et
automne ; d'autres en ont trois : été, automne, hiver ; ces dernières
sont les seules intéressantes au point de vue pratique.
Voici comment sont constituées les diverses catégories : au
printemps il naît des caprifigues, plus ou moins précoces suivant les
variétés, qui enferment surtout des fleurs mâles, dont on voit parfois
sortir les étamines par l'œil de la figue et quelques fleurs femelles
situées à la partie inférieure ; ces dernières ont le style plus court et
le stigmate plus réduit que les fleurs femelles normales, elles ne sont
pas susceptibles d'être fécondées, leur ovule est occupé par une larve
de Blastophaga, ce sont des fleurs-galles.
En été, apparaissent des figues enfermant des fleurs-galles, souvent
aussi des fleurs femelles véritables et, près de l'orifice, des fleurs mâles,
qui ne seront mûres que deux mois plus tard ;
Quand les feuilles de Figuier tombent à l'automne, il reste sur les
rameaux de petites figues dures (figues d'hiver), elles ne contiennent
que des fleurs-galles.
Le Blastophaga associe son évolution à ces trois fructifications.
L'œuf est pondu, au commencement d'avril, dans les ovules des
figues de printemps. L'augmentation de volume de l'ovule fournit des
aliments à la larve qui éclot après un mois environ et dont l'évolution
dure encore un mois. A cette époque, les mâles sortent les premiers,
ils sont brun clair, dépourvus d'ailes, à abdomen effilé ; ils se
promènent au-dessus des galles, qui laissent voir par transparence le corps
noir des femelles encore prisonnières ; ils percent un orifice dans ces
galles, y introduisent l'extrémité de leur abdomen et fécondent les
femelles. Celles-ci agrandissent l'ouverture, sortent de leur prison et
s'échappent au dehors en traversant les fleurs mâles qui garnissent
l'orifice de la figue; elles se chargent ainsi de pollen, puis, prenant leur
vol, elles peuvent parcourir de grandes distances. Ces femelles
pénètrent dans les figues d'été, où elles pondent dans les fleurs-galles tout
en fécondant les fleurs femelles. Plus tard, les femelles s'introduisent
dans les figues d'hiver et y déposent leurs œufs, qui écloront au
printemps suivant.
Le Figuier cultivé possède des figues charnues à fleurs femelles cor-

\
respondantàla seconde fructification du Gaprifiguier, dans laquelle les
fleurs-galles et les fleurs mâles auraient disparu.
C'est par erreur que le Blastophoga pénètre dans les figues femelles
du Figuier cultivé, car il ne s'y trouve que des fleurs normales, à style
trop long pour qu'ifrpuisse déposer ses œufs dans l'ovule ; il perd ses ailes
en forçant l'entrée, et il meurt sans avoir pu assurer sa descendance.
Certaines variétés de Figuiers ne donneraient pas de figues si la
fécondation des fleurs femelles n'était pas utilisée. C'est pour assurer
la fécondation que les indigènes, particulièrement en Kabylie, comme
en Tunisie (La Marsa, près Tunis), suspendent des chapelets de capri-
figues (dokhar) dans les flgueraies.
M. Rivière dit que certaines pratiques horticoles, telles que la
piqûre de la figue, provoquent son grossissement et sa maturation.
C'est l'opération appelée inoiéation ou poncture, qui consiste à
introduire dans l'œil de la figue un peu d'huile d'olive à l'aide d'un brin de
paille ou d'une plume effilée, ou d'un pétiole de feuille de Figuier taillé
en biseau.
Dans les pays méridionaux l'on se borne le plus souvent à piquer le
fruit avec une arête de poisson. En Algérie, comme en Tunisie, avec
une épine de Cactus. Cette pratique a pour but d'échelonner la récolte,
car toutes les figues d'un même arbre ne sont pas susceptibles d'être
touchées en même temps. L'on commence par les deux premières
ligues qui se trouvent à l'extrémité des branches. Quatre jours après
Ton touche les deux autres placées immédiatement au-dessus et ainsi
de suite.
Technologie. Séchage des figues. — Pour être séchées les
figues sont cueillies à maturité complète, lorsqu'elles « pendillent »
sur leur pédoncule, la peau commençant à se rider et des gouttes de
liquide sucré étant visibles.
Au moment de la cueillette, la figue doit être souple et ne pas
se crever sous la pression des doigts. Il y a lieu de trier les figues
blanches des figues violacées.
Les opérations de séchage sont commencées en août et terminées
en fin septembre.
Le séchage est fait au soleil. Les figues déjà séchées en partie sur
l'arbre sont disposées sur des claies, del m. 25 de longueur sur
65 cm., de largeur. Les claies sont recouvertes la nuit et découvertes
chaque matin. Deux fois dans la journée les figues sont retournées
afin que leur dessiccation soit aussi régulière que possible.
Dans les régions éloignées du littoral, partant à atmosphère plus

i
25

sèche, la dessiccation est plus facile. Lorsque les figues sont jugées
suffisamment sèches, elles sont triées, fortement pressées, mais
progressivement, et disposées dans des caissettes pour la vente. Ces
caissettes sont garnies de papier, bleu généralement, et les lits de fruits y
sont séparés, çà et là, par des feuilles de Laurier.
A Bougie, les boîtes d'expédition contiennent 12 kg. 500 net de
figues. L'on remplit le tiers environ du contenu de la boîte, l'on presse
et l'on fait ensuite le plein. Le couvercle est placé en opérant une
légère, nouvelle, et régulière pression.
D'autres modèles de caisses contiennent : 5, 10 et 25 kgs de figues
et pour celles de choix on emploie des caissettes en carton de 500 gr.
et 1 kg. que l'on réunit par soixante dans une caisse pour l'expédition.
Ces manipulations sont faites par des ouvriers indigènes et la mise
en caisses et en caissettes des figues par les ouvrières. Ces dernières
sont astreintes à des règles sévères de propreté et doivent revêtir,
pendant le travail, un tablier blanc et un large bonnet qui recouvre
leur chevelure. Ces ouvrières sont payées aux pièces.
La dessiccation peut être hâtée en plongeant rapidement les figues
dans un chaudron contenant 70 à 80 litres d'eau bouillante, dans
laquelle on a fait dissoudre 700 gr. de potasse ou de soude caustique.
Cette lessive est maintenue à une température voisine de l'ébullition.
L'immersion ne dure qu'une seconde.
Un autre procédé dit « à l'acide sulfureux », est le suivant : Les
figues sont cueillies le plus mûres possible, disposées sur des claies et
soumises ensuite à l'action de l'acide sulfureux dans une étuve ou
dans une caisse hermétiquement fermée pendant toute une nuit. Le
lendemain les figues sont sorties de l'étuve et exposées au soleil. Le
soir les figues sont retournées et les claies, empilées, sont placées sous
un hangar et mises ainsi à l'abri de l'humidité.
Cette manipulation est faite pendant cinq ou six jours suivant la
température, jusqu'à ce que les figues soient suffisamment ressuyées.
On les entasse alors dans un sac, qui est suspendu. Après quatre ou
cinq jours, il se produit un commencement de fermentation qui se
reconnaît à l'odeur vinique qui se dégage. L'on étend alors
immédiatement, en plein soleil, toutes les figues sur une couverture, on les
rentre le soir pour les étendre à nouveau le lendemain et en ayant
soin de les remuer si elles ne sont pas suffisamment sèches. En général
deux jours suffisent. La mise en caisses ou en caissettes peut avoir
lieu après.
Ainsi préparées les figues ne sont consommables qu'au bout d'un
— 26 —

mois et demi à deux mois, et elles se conservent d'une année à l'autre


a la condition que les caisses ou caissettes soient bien fermées.
Les figues, d'une couleur blanchâtre, farineuses, sont très douces.
Les figues noires ou violacées sont inférieures comme qualité, séchées
ainsi, aux figues blanches.
L'on commence à utiliser en Californie une nouvelle méthode de
traitement des figues fraîches par un procédé dit « à la paraffine » (1),
grâce auquel ce fruit délicat et extrêmement périssable est mis en état
de résister au transport pour n'importe quelle distance et de se
conserver ensuite quelque temps sans se détériorer, ni se perdre.
La méthode en question sera expérimentée cette année parla W. F.
Toowiey Packing et Cie de Fresno (Californie), pour l'expédition de ces
fruits par wagons complets sur les Etats de l'Est et du Nord.
Ce procédé est très simple, il consiste à immerger deux fois la figue
dans une préparation à base de paraffine — pour des quantités
importantes, ce traitement est effectué à l'aide d'une machine à trottoir
roulant — à l'envelopper et à l'expédier de suite à destination.
Il semble que le bain de paraffine, non seulement forme autour de
la figue une enveloppe ferme et rigide, qui soutient la structure de la
figue et la protège contre les secousses ordinaires du transport, mais
encore conserve à cette dernière tout son arôme en empêchant qu'il
ne s'évapore. Comme les figues sont mangées pelées, l'enveloppe de
paraffine est éliminée avec la peau. Il s'agit d'ailleurs d'une substance
tout à fait inoffensive et le procédé semble ne devoir soulever aucune
objection au point de vue de l'hygiène.
Confiture de figues. — La confiture de figues vertes est un délicieux
produit. C'est un moyen d'utiliser les nombreux fruits de seconde
récolte qui n'arrivent pas à maturité.
Il faut piquer les figues avec une aiguille ou une fourchette pour en
faire sortir le latex et les mettre à tremper quatre ou cinq jours dans
de l'eau fraîche qui est changée chaque jour. Après ce laps de temps
les faire bouillir à grande eau jusqu'à ce qu'elles soient parfaitement
tendres. Après refroidissement, piquer chaque figue avec des clous de
girofle, du citron ou de la citronnelle. Peser, prendre un poids égal
de sucre, faire un sirop dans lequel on fait cuire les figues jusqu'à ce
qu'elles soient transparentes. Les sortir, laisser épaissir le sirop qu'on
renverse sur les figues. Si le lendemain le sirop s'est trop éclairci on le
fait recuire seul, puis on le place sur les fruits. On peut ajouter de
l'eau-de-vie ou de l'eau de cerises.
(1) D'après la Revista Commerciale Italo-America.
97

Café de lignes. — Les figues employées pour la fabrication d'un


café spécial, dit « café de figues » sont celles de peu de valeur. Cette
industrie avait pris un certain développement en Autriche avant 1914 ;
mais il ne paraît pas qu'en France elle ail eu beaucoup de succès.
Les variétés qui pourraient être utilisées sont les suivantes :Azenhar,
Thaberkant, Averane.
Les figues, sêchées au préalable, sont passées au torréfacteur, puis
pilées mécaniquement. La poudre obtenue est empaquetée comme la
chicorée. Elle a, dit-on sur la chicorée plusieurs avantages; elle serait
nutritive et légèrement sucrée.
Tératologie. — On a observé, quelquefois, chez les Figues, des
anomalies réceptaculaires. La plus fréquente consiste en « figues
doubles » formées de deux réceptacles superposés et soudés.
Il s'agit d'une hypertrophie du bord de l'ombilic normal, ayant
donné naissance à une masse parenchymateuse dans laquelle s'enfonce
un petit cul-de-sac de la cavité réceptaculaire.
Cette production tératologique paraît résulter d'un traumatisme
exercé sur le bord réceptaculaire à un moment assez éloigné de son
complet développement.
Maladies. — Le Figuier étant, en culture, un arbre irrigué
pendant la période d'été, la maladie dont il est atteint le plus souvent est
le Pourridié, Armillaria mellea. C'est, principalement, dans les sols
trop argileux, humides, à sous-sol imperméable, que les racines sont
attaquées par Y Armillaria.
M. L. Savastano dans « Annuario délia Royale Scola superiore
d'Agricoltura in Portici » signale une maladie qu'il appelle la «
pourriture des figues ». Les arbres attaqués perdent leurs fruits et meurent
sans cause extérieure apparente. L'origine du mal se trouve dans les
racines, qui subissent une dégénérescence gommeuse.
M. Savastano pense que cette dégénérescence s'opère suivant le
processus ordinaire et estime qu'une pareille formation de gomme,
anormale dans le Figuier, ne peut être constituée que par un état
pathologique. Ce même savant signale (1) un cas de gommose cauli-
naire : 1° par production de gomme indépendante de toute lésion
mécanique; 2° par production de gomme à la suite de blessure.
Dans les deux cas il se forme des foyers de gommification dans la
zone cambiale et quelquefois dans l'étui médullaire et même dans la
moelle jeune. Cette maladie a les mêmes caractères dans les racines
que les tiges.
(1) C. R. Acad. Se, décembre 1884.
— 28 —

La Fumagine, qui atteint souvent le Figuier, est due à un


champignon du genre Capuodium, qui recouvre les feuilles d'un enduit noir
susceptible d'empêcher le fonctionnement des stomates.
Ce Champignon qui vit à la surface des feuilles sans pénétrer dans
les tissus, se développe le plus souvent à l'aide de l'enduit sucré qui
provient de la sécrétion des cochenilles, Ceroplastes-Lecanium, qui
s'attaquent au Figuier.
M. Ghrilanda signale dans les « Annales de l'Académie royale de
Turin » un Hyphomycète nuisible au Figuier, YAlternaria Fici.
Les figues, qui tombent prématurément, sont déformées par un
accroissement irrégulier et présentent une grosse tache ronde, déprimée ,
bordée d'un bourrelet plus foncé que les parties environnantes. La
tache est couverte par un mince duvet velouté, brun olivâtre plutôt
foncé. Un traitement à la bouillie bordelaise à 1 % au cours de la
végétation et un second en hiver, en février, à 2,5 % enrayent le
développement de VAUernaria et, par suite, la chute prématurée des
figues.
Insectes. — Le Ceroplastes rusci n'est pas une cochenille
dangereuse pour le figuier, car elle est parasitée par Scutellista cyanea.
Le Lecanium olœ est parasité par la larve de Talpochares scitula.
Le My e lois Ceratoniœ est la teigne des figues. — Cet insecte pond
sur la figue en cours de séchage et provient du fruit du Caroubier, ce
qui justifie son nom spécifique. Il faut donc éloigner les séchages de
figues des entrepôts de caroubes.
Pour éviter la contamination par les teignes, il faut immerger,
pendant deux ou trois secondes, les figues sèches dans de l'eau de mer
bouillante et cela en les plaçant dans un panier en toile métallique
rapidement plongé et retiré. Les larves sont, ainsi, détruites et les
œufs également ; ainsi que certains acariens qui souvent visitent les
figues.
BIBLIOGRAPHIE
Société botanique de France. — Tomes 26, 31, 32, 52.
Rivière et Lecq. — Traité pratique d'Agriculture pour le Nord de l'Afrique.
Trabut (Dr L.). — L'Arboriculture fruitière dans l'Afrique du Nord.
Bulletin de la Société d'Horticulture de Tunisie.
Guillochon (L.). — Traité pratique d'Horticulture pour le Nord de l'Afrique,
troisième édition (1925).
Guillochon (L.). — La culture fruitière en Tunisie et en Algérie (rapport de
mission).

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