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Exclusion et racisme

Dernière modification: 11 Décembre 2018

L'exclusion désigne le processus au cours duquel une personne vit une série de ruptures
qui touchent à la fois les liens sociaux et les aspects matériels de la vie.

Les liens sociaux sont les formes de relations qui relient l'individu à des groupes d'individus
et à la société. Par exemple, les liens sociaux se tissent dans la famille, dans le cercle
d'ami·e·s, à l'école, au club de sport, au sein d'une association culturelle ou religieuse, au
travail, etc.

Il existe toutes sortes de niveaux d'exclusion:

 L'exclusion économique, c'est-à-dire par rapport au mode de consommation ou au monde


du travail (chômage, emploi précaire);

 L'exclusion sociale par rapport à une sphère de la vie collective ou sociale: absence de
famille, marginalisation ou solitude dans son quartier ou son immeuble, manque d'accès à
des associations où rencontrer de gens, se détendre ou faire du sport avec d'autres
personnes.

 L'exclusion spatiale ou géographique: vivre dans quartier marginalisé, avec une mauvaise
réputation sans transports publics ni magasins

 L'exclusion culturelle, par exemple à cause de l'échec scolaire, de la méconnaissance de la


langue du pays où l'on habite ou de l'illettrisme (ne pas savoir lire et écrire, ou ne pas
comprendre ce qu'on lit).

L'exclusion est le résultat de plusieurs phénomènes, souvent liés :

 Des transformations économiques et la pauvreté de certains groupes de la population qui


n'a pas de travail ou des emplois très mal payés: cela devient difficile de sortir et de
participer à toute activité payante: cinéma, bistrot, mais aussi camps scolaires ou activités
sportives puisque les parents peuvent hésiter à demander une aide financière.

 Des transformations profondes du monde de l'école et du travail dont la tendance est à la


sélection et à la flexibilité (emplois moins stables). La compétition est plus forte et les
personnes plus lentes, moins bien formées ou à l'esprit moins compétitif se retrouvent plus
facilement mises à l'écart.

 Des transformations des liens sociaux et notamment des liens familiaux, par exemple
quand les familles sont obligées de migrer, suite à des guerres ou pour des raisons
économiques, et se retrouvent séparées, dans des pays différents. La langue devient aussi
un facteur d'exclusion quand on arrive dans un pays nouveau. Les personnes migrantes ont
aussi plus de peine à trouver du travail.

L'exclusion économique, sociale et culturelle peut favoriser le racisme.


Les limites et les obstacles que les personnes exclues rencontrent pour accéder aux
possibilités qu'offre la société, comme le logement, le travail, les études ou la formation,
les loisirs, les services culturels de santé ou sociaux, font qu'on retrouve souvent ces
personnes aux mêmes endroits: dans les mêmes quartiers, dans les mêmes centres de
loisirs, dans les même structures d'accueil, dans les mêmes classes, etc. C'est souvent dans
ces endroits que les réactions de rejet et de racisme se manifeste le plus clairement et qu'il
retient l'attention des médias.

Toutes les personnes exclues ne sont pas des immigré·e·s, des «étranger·ère·s ou des
réfugié·e·s ». Il y a aussi des Suisse·esse·s qui sont exclu·e·s. Ils vivent cette situation très
mal: être exclu·e·s dans son propre pays est insupportable. On pourrait imaginer des
réactions de solidarité entre exclu·e·s, mais ce n'est pas forcément le cas, la compétition
entre groupes d'exclu·e·s existe aussi et une réaction possible est de s'en à s'en prendre à
d'autres exclu·e·s qui sont d'origine étrangère et leur mettre la faute dessus: « c'est à cause
d'eux que je n'ai pas de travail ». Une autre réaction peut être de participer à des groupes
d'extrême droite (skinheads ou néonazis) ou d'en créer.

Le racisme et la discrimination sont des formes de violence et la violence exclut toujours.


Mais la violence, raciste ou autre, n'est pas une solution à l'exclusion.

S'en sortir

L'exclusion n'est pas définitive, il y a des processus (volontaires ou non) qui amènent à
l'exclusion, mais il y aussi des processus qui permettent d'en sortir. Mais cela ne se fait pas
tout seul et demande de la volonté, mais aussi la plupart du temps un soutien extérieur de
la part de la société. L'exclusion a un coût social et économique. C'est pourquoi il existe
des programmes, des endroits où chercher de l'aide quand on veut s'en sortir.

Pourquoi est-on raciste?

Dernière modification: 11 Décembre 2018

Les raisons pour lesquelles une personne, un groupe de personnes, voire une société peut
adopter un comportement ou une idéologie raciste sont multiples et peuvent être d'ordre
socio-économique, psychosocial, historique ou politique.

D'une manière générale, il semble qu'aujourd'hui le racisme ne corresponde pas forcément


à la croyance profonde de l'appartenance à une race supérieure. Il est plutôt fait de la peur
et de l'inquiétude face à un autre qui est différent de soi et qu'on n'arrive pas à
comprendre.

Le racisme, c'est quand on en arrive à refuser ces différences, et à refuser l'autre. A le


mépriser, à l'exclure, à cause des différences dans ce qu'elle ou il est.
Le racisme peut aussi être une réaction face à l'insécurité que l'on peut ressentir: il faut une
explication à ce qui va mal et la désignation d'un bouc émissaire, « les étranger·ère·s », «
les réfugié·e·s », « les jeunes », qui serait responsable de tous les problèmes et de toutes
les souffrances. Le racisme peut aussi être une réaction face à ma propre insécurité: « j'ai
peur que l'autre prenne ma place, ou ait les mêmes avantages ou plus d'avantages que
moi».

Il peut aussi arriver qu'on se sente supérieur, en tant qu'homme face aux femmes, en tant
que citoyen·ne suisse face aux étranger·ère·s, en tant qu'étranger·ère établi·e en Suisse en
toute légalité face aux requérant·e·s d'asile, et tout cela, de façon plus ou moins consciente:
cela rassure et permet de mettre l'autre à distance: « heureusement je ne suis pas comme
lui, comme elle... ».

La manière de se voir et la perception que l'on a de l'autre sont au cœur des mécanismes
du racisme et de la discrimination. C'est pourquoi, il faut bien comprendre deux
notions: l'identité et l'altérité. Ces deux notions ne sont pas figées dans le temps ou dans
l'espace, la manière dont l'on se considère et la manière dont on considère les autres
peuvent évoluer au fil de la vie mais aussi en fonction des références culturelles qui sont
propres à chaque

Racisme et discrimination raciale : quelles différences?

Dernière modification: 11 Décembre 2018

Le racisme a une portée plus large que la discrimination raciale. La discrimination raciale ne
se situe pas au niveau d'une idéologie, comme le racisme, mais au niveau de l'action. Les
discriminations raciales sont souvent le résultat des idéologies racistes.

Constitue une discrimination raciale tout traitement défavorable d'une personne ou d'un
groupe de personnes en raison de

 Leur l'origine réelle ou supposée,

 Leur appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une «race», ou une
religion déterminée.

La discrimination raciale est une atteinte au principe d'égalité, suivant lequel "les hommes
naissent et demeurent libres et égaux en droit" (art. 1 Déclaration des Droits de l'Homme et
du Citoyen de 1789)

La discrimination raciale est un comportement illégal qui intervient en pratique dans tous
les domaines de la vie quotidienne: emploi, logement, accès aux loisirs, aux services
publics, à l'éducation et à la santé. Elle est souvent très subtile et existe par exemple
lorsque, à cause de son origine (réelle ou supposée):
 Un·e employé·e est affecté·e d'une manière injustifiée à un poste peu intéressant ou bien
qu'il·elle se voit refuser des possibilités de développement professionnel

 Une personne se voit refuser un appartement

 Une personne est injustement la cible de la police

Racismes: définition, histoire et théorie

Dernière modification: 11 Décembre 2018

Le racisme est un schéma de pensées (conscient ou inconscient), une manière spécifique


de concevoir le monde et les êtres humains les uns par rapport aux autres, et qui se traduit
par des actes, des paroles, des attitudes ou des comportements.

Le racisme au sens strict du terme désigne une idéologie, qui se fonde sur des différences
biologiques, réelles ou supposées, ou encore sur la base de leur appartenance ethnique,
nationale ou religieuse.

Un acte est raciste s'il remplit les trois critères suivants:

1. Catégoriser en groupe et généraliser le jugement à l'ensemble du groupe.


2. Hiérarchiser: attribuer à ces groupes des caractéristiques spécifiques, évaluées
positivement pour les personnes racistes et négativement à l'encontre des victimes.
3. Discriminer: utiliser cette hiérarchie pour traiter de manière inégale les personnes
appartenant au groupe défini.

La combinaison de ces trois critères permet aux personnes racistes de justifier le fait de
rabaisser, maltraiter et violenter, ou même d'exterminer lors de génocides n'importe quelle
personne appartenant à un des groupes jugés inférieurs.

Ainsi le racisme se situe au niveau d'une idéologie qui affirme, directement ou


indirectement, qu'un groupe est, de façon inhérente, supérieur à un autre. Le racisme a une
portée plus large que la discrimination raciale.

Le racisme classe les personnes sur la base de caractéristiques biologiques, génétiques,


présumées ou réelles, en races. Ce mécanisme est lié au mythe d'une race supérieure et
pure, qui doit être protégée contre les influences et/ou le brassage avec d'autres 'races' qui
seraient inférieures.

Le racisme viole le droit fondamental d'égalité des êtres humains et doit être combattu car
tout être humain a droit au respect quelles que soient son apparence physique, sa religion,
sa culture ou son ethnie.
Le racisme est condamnable pénalement en Suisse. Le peuple ayant accepté par votation
en 1994 la loi antiraciste (art. 261 bis Code pénal). Un acte raciste peut être puni d'une
peine allant de l'amende à l'emprisonnement.

Le racisme peut s'exprimer ouvertement par le biais :

 De blagues racistes

 D'insultes

 D'incitation à la haine

 De propagation d'idéologies racistes

 D'actes violents motivés par la haine, etc.

On peut aussi le retrouver plus profondément ancré dans des attitudes, des valeurs et des
croyances stéréotypées.

Le racisme peut être présent à tous les niveaux de la société - chez les individus, au sein
d'un groupe, voire d'une société entière, et dans tous les domaines de la vie sociale - dans
la rue, dans le quartier, dans les transports publics, à l'école, dans la famille, etc.

Le racisme, parce qu'il exprime une relation de pouvoir et de domination d'une personne
sur une autre, d'un groupe sur un autre, est une forme de violence qui peut prendre
différents visages:

 Violence verbale

 Violence physique

 Harcèlement moral, sexuel...

 Profanation de biens symboliques (exemple: drapeaux, cimetière).

 Comportements d'évitement ou d'isolation de la personne.

 Traitement inégal ou refus de prestations auxquelles la personne a droit.

Il peut arriver que la personne auteur d'un acte raciste n'ait pas conscience de la portée de
son comportement et il est toujours important de réagir lorsque l'on en
est témoin ou victime.

Histoire du racisme

Le racisme existe depuis la nuit des temps. Il a justifié la ségrégation et l'esclavage à


plusieurs époques et sur tous les continents.

Pour ne donner que quelques exemples:


 Les grecs anciens se considéraient comme les seuls êtres humains libres. Et réduisaient à
l'esclavage les populations étrangères.

 Au 16ème siècle, lors de la conquête du nouveau monde, les Espagnols comparaient les
autochtones à des animaux car ils ne portaient pas d'habits.

 Aux Etats-Unis a eu lieu la traite des Noirs et la ségrégation raciale. L'abolition de


l'esclavage se fait en 1865. Mais dès 1875, il y a une naissance des lois imposant la
séparation selon les races dans certains états américains: - interdiction des mariages mixtes
- entrée dans les lieux publics

 En Afrique aussi, certains pays ont par le passé discriminé et asservi certaines ethnies tout
aussi africaines qu'eux.

 De 1939 à 1945, les juif·ve·s sont persécutés par Hitler.

 Jusqu'en 1993, en Afrique du Sud pendant l'Apartheid, les hommes et les femmes noires
ont été isolés dans les ghettos, interdits entre autres d'accéder à certaines parties du pays
et à certains emplois.

 Depuis 1962, il règne au Rwanda une haine raciale entre les Hutus et les Tutsis, aussi liées à
des discriminations raciales, et à l'origine de sanglants massacres qui ont fait des centaines
de milliers de morts.

Aujourd'hui, même dans les civilisations occidentales, le racisme persiste même s'il se situe
à différents niveaux. Il peut être à un niveau national comme en république fédérale de
Yougoslavie, où Milosevic a été un dictateur raciste. Il peut aussi être vécu au quotidien en
France, en Suisse, etc.

Derrière le terme de « racisme », on peut voir qu'ils s'en cachent en fait d'autres. Lorsqu'on
évoque celui de "races", s'agissant de l'humanité, on entend aussi souvent, comme un bruit
parasite: racisme, esclavagisme, colonialisme, ségrégation, génocide, etc. Autant de
comportements humains abusifs qui trouvent leurs justifications dans la classification
scientifique des races humaines.

La théorie des races

Les découvertes scientifiques dans le domaine de la biologie et de la physiologie ont


permis de démontrer clairement que ces théories étaient fausses. Mais voyons comment
elles sont apparues et comment elles ont été utilisées.

Si le phénomène du racisme existe depuis longtemps, le mot "race" en lui-même n'a été
utilisé qu'assez récemment. Il vient du latin « ratio » qui signifie entre autres "ordre
chronologique". Le mot "race" apparaît lui dans le courant du 16ème siècle, au moment
où, découvrant de nouvelles terres, les Européens entrent en contact avec de nouveaux
peuples aux caractéristiques physiologiques différentes.
C'est à partir de ce moment que se développent les théories des races. Elles sont nées du
désir des scientifiques européens de comprendre la diversité humaine. Pour cela, ils créent
des catégories de races humaines (Blanc·che·s, Noir·e·s, Jaunes, Rouges), à partir de
caractéristiques physiologiques, notamment la couleur de la peau. Certain·e·s philosophes
et savant·e·s ont tenté de prouver ces théories par des mesures crâniennes ou des tests
d'intelligence, pour essayer de leur donner une valeur scientifique.

Le concept de race qui découle de ces théories sera utilisé dès le 18ème siècle par
certain·e·s scientifiques pour justifier scientifiquement la supériorité européenne, donc des
Blanc·che·s. Ce sont ces théories des races humaines qui ont servi à justifier certains
comportements humains abusifs, jusqu'au 20ème siècle, comme le colonialisme,
l'esclavage et les crimes commis par les nazis ou le régime de l'Apartheid.

Pourtant dans les années 1950, des découvertes biologiques et génétiques, dont l'ADN,
ont montrés l'inexactitude de ces théories des races. Elles ont par conséquent été
abandonnées, puisqu'elles ne correspondaient à aucune réalité scientifique:

Deux événements historiques sont à relever pour mieux comprendre ce qu'il s'est passé:

 À la fin de la 2ème Guerre mondiale, l'Europe découvre l'horreur de l'Holocauste et prend


conscience de la gravité de l'idéologie raciste.

 En 1953, la molécule d'ADN qui contient le patrimoine génétique de tout être humain est
découverte.

On constate alors qu'il existe autant de variations, par exemple, entre deux Vaudois·e d'un
même village qu'entre un·e Blanc·che et un·e Noir·e. Cette découverte a contribué à
annuler d'un point de vue scientifique (génétique) les théories racistes qui affirment la
supériorité d'une race sur une autre.

Par la suite nombre d'études biologiques et génétiques de l'espèce humaine, ont permis
de bâtir un consensus (un accord commun) scientifique fort au sein de l'Union Européenne
et aux États-Unis: il n'existe qu'une seule race, à savoir la race humaine, avec des variétés
de caractéristiques physiques héréditaires. C'est ce qui a amené la communauté
scientifique à réfuter (refuser) de manière indiscutable les théories des races.

Et pourtant, même si la communauté scientifique a démontré que la race n'est pas une
réalité biologique, le racisme est quant à lui toujours présent.

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