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Chapitre 2 : Les agents économiques

Définition

Est considéré comme agent économique tout individu, entité, organisme,


collectivité, ou instance intervenant dans la sphère économique. Dans ce sens, la
qualité d’agent économique est acquise sur la base de l’intervention dans
l’espace économique à travers la réalisation d’un certain nombre d’actes
économiques (produire, consommer, épargner, investir, prêter, emprunter, payer,
etc. Autrement-dit, seuls les actes économiques accomplis conférant le statut
d’agent économique.

SECTION 1 : LES DIFFERENTS AGENTS ECONOMIQUES

Le Haut Commissariat au Plan1 définit les agents économiques comme étant des
unités institutionnelles disposant de l’autonomie dans leur prise de décision et
sont susceptibles de souscrire des engagements, de conclure des contrats et
d’exercer des activités dont elles sont directement responsables.

Les agents économiques sont regroupés dans ce cadre sur la base de la nature de
l’activité principale exercée (production, consommation, répartition), sachant
qu’un même agent peut exercer à la fois plusieurs activités. On retient en effet
sur le plan descriptif cinq agents économiques: les ménages, les entreprises, les
institutions financières, le secteur public (Etat, collectivités territoriales,
entreprises et établissements publics) et l’étranger (l’extérieur ou le reste du
monde).
Ce regroupement des agents économiques en unités institutionnelles homogènes
permet de comprendre l’ensemble des flux intervenant dans le monde de
l’économie.

LES MENAGES

La notion de « ménages » est empruntée à la statistique et à la comptabilité


nationale, et revêt deux dimensions :
- Une dimension socio-démographique : Un ménage est en principe une
cellule sociale homogène composée d’un ou de plusieurs individus habitant
tous le même foyer (habitation principale).
1
Structure institutionnelle chargée au Maroc d’élaborer des études , de réaliser des enquêtes et établir les
comptes de la nation.

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Historiquement, c’est la famille qui a constitué un sujet économique par
excellence, et ce en raison du fait que le mode de production économique
n’était pas échangiste.
De nos jours, un ménage peut correspondre à une structure familiale (ménages
familiaux) dont les membres sont liés pas des liens de sang ou de mariage,
comme il peut être constitué d’une seule personne (ménages non familiaux).
Enfin, le lien de parenté n’est cependant pas déterminant au plan de al définition
de la notion de ménage. Cette dernière situation correspond à la situation des
personnes qui logent dans un même établissement (résidence universitaire,
caserne, hôpital, etc.).

- Une dimension économique : Les ménages interviennent dans la vie


économique à travers l’accomplissement d’un certain nombre d’actes à caractère
économique, notamment:
* en fournissant du travail (main d’œuvre, savoir faire, etc.) en contrepartie de
versements de rémunérations;
* en consommant des biens et services, moyennant paiement des prix.

N.B : En estime le nombre de ménages au Maroc en 2019 à 8.251.000


(5.643.000 en milieu urbain et 2.608.000 en milieu rural). La taille moyenne des
ménages est de 4,5 personnes.

2-LES ENTREPRISES

C’est l’entreprise qui constitue par excellence l’agent de la production. Elle peut
être définie dans ce cadre comme étant une unité institutionnelle dotée d’une
certaine autonomie et disposant de la capacité de mobiliser des facteurs de
production (des hommes, du matériel, des matières premières, etc.) dans la
perspective de produire des biens et services marchands. Le but ultime étant
bien entendu de réaliser des profits.

Au plan de leurs classifications, Les entreprises peuvent être classées par


référence :

* au secteur économique d’activité (primaire, secondaire, tertiaire);


* au statut juridique (exploitation individuelle/société, entreprise publique,
entreprise privé, coopérative, association, etc);
* à la nature de l’activité (agricole, industrielle, artisanale, commerciale,
financière, de services, profession libérale).
* à la taille (la toute petite entreprise, la petite et moyenne entreprise, la grande
entreprise).

N.B : le nombre d’entreprises au Maroc est estimé à 470.000 entreprises.

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3-LES INSTITUTIONS FINANCIERES

Les institutions financières se composent d’organismes publics ou privés qui


assurent des missions économiques et financières. Elles sont constituées :
- des banques et établissements de crédit;
- des sociétés de financement;
- des institutions financières spécialisées.

3-1 Banques et établissements de crédit

a- Les banques

Les banques se composent essentiellement de la « Banque Centrale » et des


« Banques commerciales ».

1- La Banque Centrale

Au Maroc, la banque centrale (Bank al Maghrib2) est un établissement public


ayant pour missions principales :
 l'émission des billets de banque et des pièces de monnaie ayant cours
légal sur le territoire national ;
 la mise en œuvre des instruments de la politique monétaire pour assurer
la stabilité des prix ;
 le suivi de la stabilité de la monnaie;
 la garantie du bon fonctionnement du marché monétaire ;
 la gestion des réserves publiques de change ;
 la surveillance du bon fonctionnement du système bancaire et l'application
des dispositions législatives et réglementaires relatives à l'exercice et au
contrôle de l'activité des établissements de crédit et organismes assimilés.

2- Les banque commerciales

Les banques sont des établissements de crédit agréés par la banque centrale
pour collecter les dépôts et octroyer des crédits.

N.B : Au Maroc, le nombre de banques est estimé à 36 banques:

2
Bank-al-Maghrib est la banque centrale du Maroc. Elle a été créée en 1959. Les missions fondamentales de la
banque centrale marocaine sont relatives à l’émission des billets de banque et pièces de monnaie (à travers Dar
As-Sika, créée en 1987), la mise en place de la politique monétaire pour assurer la stabilité des prix, la stabilité
du Dirham en tant que monnaie nationale, la gestion des réserves publiques de change, le conseil du
gouvernement dans le domaine financier, la bon fonctionnement du système bancaire.

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- 30 banques commerciales dont 11 banques régionales (9 banques populaires
régionales, 10 agences Arab Bank Maroc, 2 agences Citibank Morocco) et 18
banques opérant sur le territoire national ;
- Barid Bank (autorisée en 2010. Elle est considérée comme une banque à part
entière, sauf qu’elle n’accorde pas de crédits;
- 5 banques participatives (se réclamant de la finance islamique, elles ont été
autorisées en 2017).

b- Les établissements de crédit

Ce sont des institutions spécialisées uniquement dans l’octroi de crédits,


notamment des crédits à la consommation. On peut citer à titre d’exemple :
Assalaf chaâbi, crédit salaf, Salafin, Dar Salf, etc.
Dans le même cadre, on peut citer les associations de microcrédit régies par la
loi n°18-97 du 5 février 1999 ayant pour missions d’octroyer des crédits dont le
montant est plafonné à 50.000,00 Dhs dans la perspective de financer l’exercice
d’activités génératrices de revenus par des personnes économiquement faibles.

3-2 Les sociétés de financement

Ces sociétés sont spécialisées dans les opérations de financement, telles que les
sociétés de crédit bail (6 sociétés), les sociétés de crédit immobilier (2 sociétés).
Mais elles ne sont pas habilitées à collecter des fonds. On peut citer à titre
d’exemple EQDOM, Maroc Bail, Maroc Leasing, Maghreb Bail, Sogelease,
Wafa immobilier, etc.).
Dans le même sens, on peut citer parmi les sociétés de financement celles dont
les opérations sont limitées par des dispositions législatives et réglementaires
propres telles que la « Caisse Marocaine des Marchés ». Il s’agit en effet d’une
société de droit privé ayant pour mission d’assurer le financement des
entreprises bénéficiaires de marchés publics.

3-3 Les institutions financières spécialisées

Ce sont des organismes créés par l’Etat et dotés de missions publiques. On peut
citer à titre d’exemple : la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et le Fond
d’Equipement Communal (FEC).

En effet, la C.D.G (créée en 1959) est une l’institution financière publique


spécialisée dans la gestion de l’épargne « privée » nationale à long terme
(gestion des fonds institutionnels et des retraites). Elle est par ailleurs considérée
comme étant le bras droit financier de l’Etat en matière de réalisation de grands
projets structurants à travers des investissements stratégiques.

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Quant au F.E.C (créé en 1959), il s’agit d’une Institution financière spécialisée
dans le financement des Collectivités Territoriales. Elle est placée sous tutelle du
ministre chargé de l'Intérieur, sous réserve des attributions dévolues au ministre
des Finances. Le F.E.C concourt en effet à la promotion de l’investissement
local grâce à sa vocation de Banque du Financement Local, notamment dans les
domaines de mise à niveau urbaine, le désenclavement rural, le développement
des zones d’activités économiques, l’aménagement des espaces verts, des
marchés, des souks, etc.).

4-LE SECTEUR PUBLIC

L’intervention du secteur public dans l’économie se fait à travers l’Etat, les


collectivités territoriales, les établissements publics, les entreprises publiques3
(Participation direct du Trésor) et les administrations publiques.

On entend dans ce cadre par :


- Etablissement public : une personne morale de droit public disposant d’une
autonomie administrative et financière et ayant pour rôle une mission d’intérêt
général. Les établissements publics sont catégorisés à ce propos en
établissements administratifs et établissements à caractère industriel et
commercial ;
- Entreprise publique : unité institutionnelle sur laquelle l’Etat ou une
collectivité territoriale exerce un contrôle en raison de la propriété intégrale du
capital social ou de la participation dans le capital social. On peut citer à titre
d’exemple le groupe O.C.P devenu en 2008 O.C.P S.A (Société anonyme) où
l’Etat est propriétaire de 94,12% du capital social. Le reste du capital est la
propriété de la Banque Populaire Centrale à raison de 4,88%, de la Société
d’Aménagement et de Développement Vert et de la société Infra Maroc Capital
pour le reste (Ces deux sociétés sont des filiales de l’O.C.P S.A.)

Sur le plan économique proprement-dit, l’intervention du secteur public se fait


sur la base de :
- la prise en charge par l’Etat des actions que les entreprises privées ne
peuvent engager (Chemins de fer, ports, aéroports, routes, autoroutes, etc) ;
- L’action des administrations publiques au niveau de l’offre de services
publics (services non marchands);
- le rôle des entreprises publiques et des Etablissements publics, notamment à
caractère industriel et commercial. Ces Entreprises et Etablissements
publics jouent un rôle primordial essentiellement au niveau de la réalisation
de projets structurants pour le développement économique et social.

3
Une entreprise publique est une entreprise sur laquelle l’Etat ou d’autres collectivités territoriales exercent un
contrôle du fait de la propriété partielle ou totale du capital. Exemple : l’OCP S.A

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Parmi les entreprises et établissements publics au Maroc, on peut citer à titre
d’exemple : l’O.N.E.E, l’O.N.C.F, la C.N.S.S, l’Office d’Exploitation des Ports
(O.D.E.P), l’Office National des Aéroports (ONDA), la Royal Air Maroc
(RAM), l’O.C.P, etc.

Au Maroc, à fin septembre 2018 les établissements et entreprises publics


c’est : 253 E.E.P (209 Etablissements publics4, 44 Sociétés anonymes5 à
participation directe du Trésor) hors filiales et participations. Quant aux filiales
et participations publiques, leur nombre est de 466 unités dominées
majoritairement par des participations directes et indirectes de l’Etat à hauteur
de 55%, contre 45% détenues minoritairement.

5- L’EXTERIEUR

L’extérieur, ou reste du monde, retrace les relations économiques entre les


unités qui font partie du territoire économique (agents résidents) et celles qui
n'en font pas partie (agents non résidents). Ces opérations économiques sont
fondamentalement relatives à des opérations d’échanges et des opérations de
transferts. Elles sont illustrées par les exportations et les importations de biens et
services d’une part, les transferts de capitaux d’autre part.

N.B :
- les ventes réalisées par des agents économiques nationaux avec des agents
économiques à l’étranger correspondent à des « Exportations ». Quant aux
achats réalisés par des agents économiques nationaux avec des agents
économiques à l’étranger, ils correspondent à des « Importations ».
« Importations « et « Exportations » constituent ce que l’on appelle : « flux
réels » (physiques). Ces flux (Exportations et Importations) sont comptabilisés
dans une balance appelée « Balance commerciale ». Lorsque le montant global
des Exportations est plus élevé que les importations, on parle d’ « excédent
commercial ». Lorsque le montant des importations est plus élevé que les
exportations, on parle de « déficit commercial ».

- Les transferts réalisés avec l’étranger peuvent correspondre soit à des flux
monétaires, soit à des flux financiers.
On parle de flux monétaires lorsque ces flux correspondent à des compensations
(règlements) avec des flux réels (achats et ventes de biens et de services).

4
Ce sont des personnes morales de droit public dotées de la personnalité juridique et de l’autonomie financière.
5
Il s’agit de sociétés de droit privé dont le capital est détenu directement par l’Etat totalement ou partiellement.

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On parle de flux financiers, lorsque les transferts ne correspondent pas à des
opérations économiques effectivement réalisées par les bénéficiaires (transferts
des Marocains Résidents à l’Etranger).

Les transferts financiers peuvent revêtir un caractère privé lorsqu’ils concernent


par exemple les transferts effectués par des résidents marocains à l’étranger en
faveur de leurs familles. Ces transferts jouent en effet un rôle important au
niveau de la procuration des devises servant de moyens de règlements des
importations.
A l’opposé, on parle de transferts publics, lorsqu’il s’agit de transferts
(financiers) correspondant par exemple à des subventions ou aides accordées à
un Etat par un autre Etat, ou d’autres Etats ou des groupements ou entités
internationales, etc.

Les flux monétaires et les transferts financiers sont comptabilisés dans un


document appelé « Balance des paiements ». Il s’agit en effet d’un document à
caractère comptable et statistique qui sert à enregistrer l’ensemble des opérations
(transactions courantes) à caractère monétaire et financier réalisées au cours
d’une année entre un pays et le reste du monde.
Lorsque les entrées en termes de devises ne permettent pas de couvrir les sorties,
les Etats ont souvent tendance à puiser dans leurs avoirs en devises ou à courir
entre autres à la dette extérieure.

Situation du Maroc

Les échanges extérieurs du Maroc traduisent un déficit structurel de la balance


commerciale. Au titre de l’année 2018, le déficit a atteint 205 milliards de Dhs,
contre 189,8 milliards en 2017 (source : Office des changes). Les importations
ont atteint en effet en 2018 : 481 milliards de Dhs, contre 434 milliards en 2017.
Quant aux exportations, elles ont atteint le montant de 275 milliards en 2018,
contre 244 milliards de Dhs en 2017. Ainsi, le taux de couverture des
importations par les exportations est de 57,2% en 2018 et 56,33% au titre de
2017.

Au niveau de la structure des exportations et des importations, on constate que


les importations sont essentiellement constituées des produits pétroliers, des
produits bruts (matières premières et consommables), des produits finis et des
biens d’équipements.

Quant aux exportations, elles sont constituées essentiellement des phosphates et


dérivés, des produits agricoles, de l’agro-alimentaire, du textile, du cuir, de
l’automobile, de l’aéronautique et de l’électronique (cartes à puces, solutions
électroniques, etc.).

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S’agissant de la balance des paiements, on enregistre au titre de 2018 un déficit
de 60 milliards de Dhs, contre un besoin de 38 milliards de Dhs au titre de 2017.
Le besoin au niveau de la balance des paiements est financé grâce aux flux des
capitaux nets liés aux investissements étrangers, des crédits commerciaux, des
ponctions sur les avoirs en devises et des emprunts.

Section 2 : La formation du circuit économique par les agents économiques

Le circuit économique est un schéma ou une représentation qui trace les


échanges qui peuvent exister entre les différents agents économiques.
L’économie fonctionne en effet comme un circuit ou les agents économiques
dépendent les uns des autres pour l’exercice de leurs activités ou
l’accomplissement de leurs missions. Ainsi, les ménages travaillent dans les
entreprises en contrepartie de salaires qui leur permettant d’acheter les biens
dont ils ont besoin auprès des entreprises.

En effet, l’économie d’échange, fondée sur la division du travail, impose à tout


agent la consommation de biens et services produits par d’autres agents. Par
conséquent, contrairement au mode de production primitif où les échanges
étaient très limités et se faisaient le plus souvent, quand ils existent, sous forme
du troc, dans l’économie d’échange l’interdépendance constitue la règle.

De nos jours, Les opérations réalisées par les agents économiques engendrent
inévitablement des flux réels et des flux monétaires.

Ainsi :

- les ménages fournissent aux entreprises la force de travail, et en contrepartie


les entreprises versent des salaires aux ménages ;

- les ménages achètent les biens et services produits par les entreprises, et en
contrepartie ils leur paient les prix correspondants ;

- les administrations fournissent des services publics (non marchands) aux


ménages et aux entreprises en contrepartie d’impôts et taxes versés à l’Etat ;

- les banques qui collectent les dépôts des ménages et qui accordent des crédits
aux entreprises, le font moyennant paiement d’intérêts, etc.

Donc, ce sont toutes ces opérations qui forment ce que l’on appelle « circuit
économique ». Ce dernier peut en effet être envisagé soit sous une forme
simplifiée (deux agents : ménages et entreprises), soit sous une forme élargie se
rapprochant plus du fonctionnement réel du circuit économique (circuit
complet).

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