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L’usine connectée
Le Gimélec fédère 200 entreprises qui fournissent des solutions électriques et d’automatismes sur les
marchés de l’énergie, du bâtiment, de l’industrie et des infrastructures.
Les entreprises du Gimélec emploient 70 000 personnes en France où elles génèrent un chiffre d’affaires
de 12,7 milliards d’euros à partir de la France, dont plus de 58 % à l’export.
Tirant profit de la convergence des technologies électriques et numériques, les entreprises du Gimélec
proposent des solutions de gestion intelligente et connectée des énergies et de leurs usages dans tous
les secteurs de l’économie – industries, bâtiments, infrastructures, transports – dans une dynamique
d’innovation et de progrès partagé par tous :
• une gestion active des bâtiments neufs et existants,
• des réseaux sécurisés et intelligents (smart grid) facilitant la maîtrise de la production et de la demande
d’énergie ainsi que la diffusion de nouveaux usages,
• un pilotage sécurisé, connecté et énergétiquement efficace des procédés de fabrication industriels,
• l’intégration dans le système électrique de nouvelles sources d’énergie décarbonée et de moyens de
stockage décentralisés,
• le déploiement du véhicule électrique, etc.
C’est ainsi qu’elles contribuent à la transition énergétique et se positionnent au cœur des enjeux
énergétiques, économiques et écologiques en France et à travers le Monde.
Edito rial
Industrie 4.0
L'usine connectée
L’ensemble du secteur industriel est entré dans une phase de profonde mutation
qui voit les technologies numériques s’intégrer au cœur des processus industriels.
Cette quatrième révolution industrielle donne naissance à une nouvelle génération
d’usine. Qu’on l’appelle « Cyber-usine », « Usine digitale », « Integrated Industry »,
« Innovative Factory » ou « Industrie 4.0 », cette rupture technologique majeure
offre un extraordinaire champ d’innovation, de progrès et de croissance. Caracté-
risée par la fusion du monde virtuel de l’internet délocalisé et du monde réel des
installations industrielles, l’industrie 4.0 devient la référence incontournable pour
la production industrielle.
Bonne lecture
Frédéric Abbal
Président du Gimélec
La vision des autres pays 57# Allemagne : les huit recommandations de la plateforme
Industrie 4.0
Industrie 4.0 :
Allons-y… rapidement
Interview de Vincent Jauneau, Président du Comité de Marché Industrie du Gimelec.
Smart-Industries : Avant de parler de données générés sur l’ensemble du faire collaborer des équipes qui jusqu’ici
la quatrième révolution, faites-nous cycle de vie des produits. travaillaient chacune de leur côté, les in-
un rapide rappel des précédentes ? formaticiens, les automaticiens, la pro-
Industrie 4.0 répond à cette demande, duction, les installateurs… il faudra une
Vincent Jauneau : La première c’est la c’est le challenge. Ce challenge, nous collaboration forte.
production mécanique avec la vapeur, devons le relever en France et en
l’hydraulique. La deuxième c’est la Europe. Ces solutions concernent l’ensemble
production de masse avec l’arrivée de des intervenants dans la chaîne indus-
l’électricité. La troisième c’est la pro- Smart-Industries : Dans leur rapport, trielle. L’industriel demandera à ses
duction automatisée avec les automates les Allemands parlent de CPS (Cyber OEM’s d’avoir des machines compatibles
et les robots. Et maintenant c’est la qua- Physical Systems), des ilots qui vont avec CPS et Industrie 4.0 pour pouvoir
trième révolution. communiquer, qui seront aptes à dé- les intégrer sur sa chaine de fabrication.
cider localement. C’est pour quelle Il demandera également aux installa-
Smart-Industries : Elle est de même échéance ? teurs de maîtriser ces technologies.
ampleur ? C’est une Révolution ou
une Evolution ? Vincent Jauneau : C’est un concept qui En Allemagne, le gouvernement a mis
fonctionne déjà, et évoluera dans le en place un groupe de travail concer-
Vincent Jauneau : C’est une véritable révo- temps. CPS comprend les systèmes nant Industrie 4.0 qui doit tracer l’avenir
lution, nous sommes dans une approche mécatroniques, les systèmes de stoc- de cette technologie, sa mise en œuvre,
où la manière de travailler va fondamen- kage et les outils de production qui ont les nouvelles normes et l’exploitation de
talement changer. été développés sous forme numérique l’ensemble des avantages pour rendre
et intégrés dans la chaîne de valeur du l’industrie allemande encore plus com-
En revanche cela ne remet pas en cause client. A savoir la réception des matières pétitive.
les investissements des industriels. Les premières, la production, le marketing et
parties CAO, ERP, PLM… mais aussi au- la logistique. Globalement, tous les com- Smart-Industries : Faut-il prévoir une
tomatismes, drives, robotique… restent posants cités participent à l’intégration conduite sociale de ces change-
en place. de CPS. ments. Et quid de la formation ?
Mais nous allons vers une convergence, Mais soyons clair, ce n’est pas l’ilot Vincent Jauneau : Il existe des BTS auto-
une fusion, entre le monde virtuel et le qui décidera. L’homme reste essentiel matismes, avec pour certains des expé-
monde réel. Nous sommes en pleine dans la créativité, le contrôle et la prise riences d’Industrie 4.0. Il y a des étu-
accélération, c’est cette accélération qui de décision en concevant le produit et diants prêts à intégrer l’industrie avec la
entraine la Révolution. en déterminant les règles, ainsi que compétence 4.0.
les paramètres de production. Le CPS
Smart-Industries : Quel est le chemi- simulera et comparera des options de Industrie 4.0 doit également renforcer
nement qui a mené à cette révolu- production sur la base d’instructions l’attractivité de l’industrie auprès des
tion ? La fin du produit universel ? fournies. Il proposera alors la solution jeunes en amenant cette part forte dans
optimale. les logiciels de haute technologie, dont
Vincent Jauneau : Certes, nous devons les Geeks sont friands.
répondre aux besoins de l’industrie qui Qui va implémenter ces solutions ?
sont des cycles de développement des L’avenir est aux ingénieristes ? Smart-Industries : L’usine numérique
produits qui deviennent de plus en plus vue des éditeurs de PLM semble bien
courts, la gestion de la complexité des Vincent Jauneau : C’est un changement maîtrisé, mais qu’en est-il de cette
produits et, avec elle, les volumes de majeur, les industriels seront obligés de usine numérique dans laquelle les
Une renaissance
industrielle pour stimuler
la croissance en Europe
par Antonio Tajani, Vice-Président de la Commission Européenne,
Commissaire en charge de l’Industrie et l’Entreprenariat
L
a crise a accéléré la chute de la ropéens en Amérique latine, aux États- Nous avons besoin de démontrer que
compétitivité et du déclin indus- Unis, la Russie et l’Afrique du Nord. l’Europe n’est pas un ennemi pour
triel. Telles sont les principales l’entreprise. Moins de règles, moins de
causes du chômage, qui est déjà supé- Le commerce est aussi vital pour notre procédures et diminution des coûts ai-
rieur à 12 %. Mais la compétitivité indus- économie. Je suis contre le protection- deraient les entreprises ; les bilans de
trielle joue un rôle clé dans la relance de nisme mais nos accords internationaux qualité et des examens de l’incidence
la croissance et de l’emploi et les États doivent être équilibrées, en évitant les sur la compétitivité devraient être nos
membres ayant une base industrielle effets négatifs sur les secteurs. Ainsi, priorités.
forte ont beaucoup réussi. Chaque em- nous renforçons nos capacités d’ana-
ploi dans l’industrie génère entre 1 et 2 lyse, en tenant compte de l’effet cumu- Advanced Manufacturing, Smart-In-
emplois dans le secteur des services. latif des différents accords sur des sec- dustries (« production intelligente ») et
Malheureusement, pendant la crise, le teurs spécifiques. Nous devons aussi l’Industrie 4.0 sont des développements
PIB pour la production est passé du 20 % utiliser notre instrument de protection qui vont donner un nouvel élan à l’indus-
à 15,2 %, et devrait revenir à 20 % en commerciale efficace, comme le font trialisation de l’Europe. Nous allons at-
2020. Comment pouvons-nous atteindre nos homologues. Je suis très satisfait teindre nos objectifs seulement si nous
cet objectif ? Nous pensons que des de l’ouverture des négociations avec les investissons nos moyens financiers dans
formes d’industries, comme l’Advanced États-Unis. des projets qui amènent à une relance
Manufacturing, Smart-Industries (« pro-
duction intelligente ») et l’Industrie 4.0
aideront à franchir le cap. Advanced Manufacturing, Smart-Industries,
Production Intelligente et l’Industrie 4.0 sont
La politique industrielle doit jouer un
rôle clé dans les discussions ouvertes des développements qui vont donner un nouvel
sur la nouvelle gouvernance économique élan à l’industrialisation de l’Europe.
européenne. Plusieurs politiques de l’UE
influent directement sur la compétitivité
de l’industrie : Les restrictions et les disparités dans les et à une modernisation de la production
conditions d’accès au financement sont industrielle en Europe.
70 % de la croissance à partir de main- les principaux obstacles pour résoudre
tenant jusqu’en 2020 sera dans les la crise. Cela est particulièrement vrai La Commission européenne a déjà pris
pays émergents. Il est donc essentiel pour l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la plusieurs initiatives pour contribuer à
d’élaborer une politique de plus grande Grèce qui ont le plus grand nombre de relancer l’industrie en Europe et nous
ouverture des marchés mondiaux, avec PME, les plus touchées par la crise du allons encore intensifier nos efforts.
un accès effectif et équitable pour nos crédit. Dans ce contexte, la Commission Nous avons proposé aux États Membres
entreprises. Mais seulement 13 % de et la Banque européenne d’investisse- d’augmenter le budget pour la recherche
nos PME réussissent à exporter vers les ment doivent s’engager à un effort extra- et le développement de plus de 30 %
pays tiers. Dans le cadre de notre stra- ordinaire, en synergie avec le budget de dans la période 2014 à 2020. Nous allons
tégie d’internationalisation, nous devons l’UE, afin de renforcer le capital-risque utiliser une partie de ce budget de l’Hori-
promouvoir les « clusters » afin d’amé- et les instruments d’assurance-cré- zon 2020 pour promouvoir l’innovation :
liorer l’accès aux marchés. En outre, j’ai dit. Une éventuelle collaboration avec nous allons cofinancer plus de projets
parrainé des missions pour la croissance la Banque centrale européenne devrait qui sont proches du marché et donc
avec les délégations d’entrepreneurs eu- également être explorée. plus rapidement prêts pour la commer-
Une révolution industrielle a toujours été précédée de progrès scien- téléphone) et le succès du transport col-
tifiques, techniques et organisationnels. C’est encore le cas, aujourd’hui, lectif grâce au développement des che-
avec l’adoption de la numérisation par des pans entiers de l’économie. mins de fer ou des bateaux à vapeur. Les
Informatique et télécommunications associées portent ce phénomène qui moyens de communication et de transport
annonce la 4e révolution industrielle. Petit rappel historique. favorisent les échanges internationaux.
Industrie 4.0 :
une évolution technologique,
une révolution productive
L
es initiatives estampillées « usine Le cycle de production, quel qu’il soit, sera l’automatisation systématique des pro-
numérique » ou « industrie intel- préalablement scénarisé, depuis l’intro- cessus. Dans le monde 3.0, les machines
ligente » se multiplient depuis duction de la matière à usiner – embou- automatisées ne communiquent pas en-
quelques années à travers le monde, tir, mouler, fondre, découper, usiner… – core entre elles. Dans le monde 4.0, elles
dans le désordre. Parmi les éléments jusqu’à son emballage et son stockage. se « parleront ».
fondateurs qui vont catalyser ces mouve- Le scénario pilotera, en quelque sorte, la
ments sans liens apparents, annonçant fabrication en fonction du client destina- Aussi surprenant que cela puisse pa-
la 4e révolution industrielle ; on trouve taire et sera capable de personnaliser le raître, les principales briques technolo-
la publication du rapport allemand « Re- produit – taille, couleur, type d’emballage, giques qui assureront la transformation
commandations pour la mise en œuvre
de l'initiative stratégique d’Industrie 4.0 »
(lire l’encadré « Les trois points forts du Luiz Bautzer, directeur du développement de PTC France
rapport allemand », page 58), ainsi que le « L’Industrie 4.0, ou la Smart Industry, trouve son
manifeste du Gimelec. origine dans les avancées technologiques liées
à l’automatisation de la connexion entre objets,
Mais, au fait, comment se présentera la connu aussi sous le nom d’Internet des objets.
L’élément déclencheur est l’apparition de cap-
4e révolution industrielle ? Selon Jean-
teurs associés à des algorithmes qui permettent
Claude Reverdell, directeur commer-
de prédire le comportement du produit et influen-
cial de SEW Usocome France, « c’est cer son usage courant. Ainsi, les objets de la vie
un centre de production industriel muni quotidienne deviennent des produits intelligents et
d’unités flexibles, entièrement automati- connectés qui fourniront des informations à leurs
sées et totalement interconnectées. Les concepteurs et fabricants. »
composants de ces unités communiquent
à travers un bus terrain ou d’autre sys- etc. La chaîne logistique pourra égale- de l’industrie 3.0 en Industrie 4.0, telle
tème de communication. Cette communi- ment être prise en compte, en amont et que présentée ci-dessus, existent déjà :
cation, c’est le point central de l’Industrie en aval, du cycle de production. capteurs, automates, CFAO, PLM, GMAO,
4.0. Le produit fini, qui sera personnalisé, ERP, Big Data, Internet des objets, Cloud
pourra aussi communiquer avec les ma- Enfin, ce n’est pas la vocation première Computing… Les révolution ne sera pas
chines dans sa phase de réalisation. On d’Industrie 4.0 mais le produit pourra, technologique mais le mode de produc-
parle alors de « Smart Product ». plus tard, être tracé. tion qui en résultera sera en totale rup-
Les trois conditions pour Dans l'usine digitale, la place de la supervision sera prépondérante, ici la salle de
réussir le passage de gestion du métro de New-York.
l’industrie 3.0 à l’Industrie 4.0
une seule ligne de production, l’investisse- Hadrien Szigeti, analyste stratégique
Pour Pascal Pradine, directeur commer- ment qui mène au 4.0 n’est pas pertinent Delmia chez Dassault Systèmes, va
cial Systèmes de Yokogawa France, l’inves- car très lourd. En revanche, si une entre- plus loin : « À mon avis, l’Industrie 4.0
tissement dans les outils de l’Industrie 4.0 prise possède six lignes de production, là ne doit pas être une fin en soi. Pour un
ne sera pas évident pour toutes les entre- oui, l’investissement devient intéressant exploitant de site de production, faire le
prises : « si une entreprise possède une et pour optimiser le site industriel ». choix de l’Industrie 4.0, c’est un moyen
de mettre en œuvre SA stratégie indus-
trielle différenciatrice, de pouvoir se
Urs Endress, président Endress+Hauser réinventer plus rapidement que ses
France concurrents, sans être ralenti par la
« L’Industrie 4.0 est une chance pour réindustria- rigidité de son système de production
liser l’Europe. En comparaison avec l’Asie, nous actuel ».
avons des coûts de production plus élevés. Pour
gagner en efficacité, il faut une automatisation Quoi qu’il en soit, trois conditions
plus importante qu’aujourd’hui. Ceci engage les devront préalablement être rem-
pays européens à repenser leurs compétences plies pour atteindre le but. Elles sont
donc leur système de formation afin d’être plus
d’ordre culturel, technologique et or-
performants que les pays émergents. »
ganisationnel.
À nouvelles compétences,
nouvelles formations Jean-Pascal Tricoire, Président-Directeur général de Schneider Electric
« Dans la continuité de l’Internet of people, nous
Parce que la conception et la conduite de assistons au développement de l’Internet of
l’usine 4.0 seront différentes de celles de things : une maille entre éléments matériels, une
l’usine 3.0, « il faudra donc adapter l’en- sorte de « réseau social » pour objets. Au cœur
treprise et le personnel. Il y aura certai- de la convergence des technologies de l’informa-
nement moins de salariés dans une usine tion et des techniques de production, cette com-
4.0 qu’il n’y en a aujourd’hui. Ils seront munication entre objets contribue aujourd’hui
cependant plus qualifiés et bénéficieront à la naissance de l’industrie intelligente : celle
où les outils de production sont interconnectés,
d’une formation privilégiant le pilotage
« conscients » et actifs.
opérationnel et la maintenance prédic- La diffusion à large échelle de ce principe présup-
tive », affirme Dominique Forveille, direc- pose la création d’interconnexions au sein d’un
teur général de Weidmüller France. écosystème hétéroclite et hiérarchisé. Les défis auxquels l’industrie intelligente doit
faire face pour se développer sont nombreux : augmentation nécessaire des capaci-
Bien que ces machines soient équipées tés de calcul et de stockage, cybersécurité, standardisation des échanges. »
de moyens de télédiagnostics et de télé-
La simulation des pièces avant et pendant la conception reste une clé essen-
tielle de l'Industrie 4.0.
N
otre civilisation est largement Les technologies accompagnent l’homme de progrès techniques, tout comme les
fondée sur les technologies. Ve- depuis ses premiers pas : au taillage de la technologies ont entraîné nombre de dé-
nant du grec techné (artisanat, pierre ont succédé la conquête du feu, la couvertes scientifiques. Vouloir mécon-
art, compétence), ce terme de savoir- maîtrise progressive de la construction, naître les unes reviendrait à sacrifier les
faire englobe aussi bien la conception du tissage et de la métallurgie, qui d’étape autres.
et la fabrication de nos outils tech- en étape nous ont amenés là où nous en
niques que leur usage. Les objets que sommes aujourd’hui. Ce perpétuel deve- La science connait parfois des révolu-
nous manipulons dans chacun de nos nir est une des caractéristiques qui dif- tions, certains faits nouveaux venant
gestes quotidiens mettent à contribution férencient les technologies, toujours en remettre en cause des théories bien
établies. Les révolutions technologiques
éclosent plutôt quand le contexte éco-
L’innovation ne procède pas de la seule technique, nomique et social s’y prête : l’innovation
ne procède pas de la seule technique,
il lui faut rencontrer un marché, des clients, une il lui faut rencontrer un marché, des
attente, faute de quoi elle ira rejoindre le cimetière clients, une attente, faute de quoi elle ira
rejoindre le cimetière des inventions « en
des inventions « en avance sur leur temps ». avance sur leur temps »…
À
l’origine, un capteur est un organe de diagnostiquer la moindre information de vibration de la tige du capteur », dé-
qui récupère une mesure (niveau qu’ils viennent de collecter. clare David Ecobichon, responsable Pro-
de cuve, température de four…) duits chez Sick France.
ou un état (ouvert-fermé, marche-arrêt). Exemple d’un capteur optique positionné
Le capteur lit une information, numé- sur une ligne de production. Il analyse la Le capteur devient autonome. Avant l’avè-
rique ou analogique. Dans ce dernier cas, lumière réfléchie par le produit qui passe nement des automates, les opérateurs
il la numérise en la traduisant en bits devant lui. Il peut identifier le produit et manipulaient eux-mêmes les actionneurs.
(0011100011). Il est relié à l’objet à mesu- détecter d’éventuels défauts, grâce à un Cette fonction a ensuite été confiée aux
rer et par un autre lien (filaire ou hertzien) référentiel contenu dans une base de systèmes centralisés de supervision qui
à un équipement, souvent un automate ou données. reçoivent des informations des capteurs
un module d’entrées, auquel il transmet
l’information recueillie. À charge pour
l’automate de donner les instructions à
l’actionneur en fonction des informations
qu’il a reçues.
Le capteur : un rouage essen- prédictive pourra être lancé pour éviter est maîtrisé, la qualité de la production
tiel de la maintenance préven- une panne potentielle au vu des don- n’est pas sujette à fluctuation, etc. », af-
tive conditionnelle nées recueillies et traitées. firme Jean-Michel Ruscica, responsable
commercial des Produits « contrôle-
Les capteurs participent également au « Aujourd’hui, les algorithmes en ques- commande » chez ABB France.
passage de la maintenance préventive tion ne sont pas véritablement embar-
à la maintenance préventive condition- qués dans les capteurs. Mais la tendance À terme, les capteurs-actionneurs gagne-
nelle. La logique de la première est calen- du marché nous y mène car cette décen- ront encore en intelligence. Il sera alors
daire, indépendamment du temps réel de tralisation des commandes doit éviter en possible d’obtenir un diagnostic sur l’état
fonctionnement de l’objet surveillé. Par premier lieu la maintenance corrective, de santé d’un équipement grâce une suite
exemple, tous les six mois, ordre est don- améliorant du coup le fonctionnement statistique capable de formuler la pré-
né de vérifier tel ou tel équipement. d’un site industriel. Pour quel avantage ? dictibilité des comportements d’une ma-
L’arrêt d’un équipement ou d’un atelier chine, voire d’un atelier. Tout à fait le sens
La maintenance préventive condition- est planifié et non subi, le coût de l’arrêt de l’Industrie 4.0.
nelle consiste, quant à elle, à ordonner
une révision d’un équipement en fonc-
tion des conditions réelles d’utilisation.
L’industrie prend la clef des champs avec John Deere
Ce type de maintenance nécessite l’ins-
Voilà une application exemplaire de l’Industrie 4.0 hors des murs de l’usine. Les
trumentation de l’équipement à surveil- moissonneuses-batteuses de John Deere sont aujourd’hui plus intelligentes
ler, et donc l’utilisation d’un plus grand grâce à leur connexion (via un réseau satellitaire) à un logiciel de maintenance
nombre de capteurs. ABB, par exemple, prédictive. « Ce logiciel – qui reçoit les données fournies par les organes critiques
emploie la maintenance préventive pour des moissonneuses-batteuses, à partir d’un boîtier auxquels les capteurs sont
la révision de ses moteurs en tenant reliés – est capable de prédire une rupture ou une panne, informe en continu
compte du temps de fonctionnement l’agriculteur et peut lancer le changement préventif de la pièce qui a montré des
signes de fatigue avancée. L’objectif est d’éviter une panne de la machine pendant
réel constaté.
les moissons, car son arrêt aura un impact négatif sur la marge de l’exploitant
agricole », déclare Luiz Bautzer, directeur du Développement de PTC France.
Exemple de l’échangeur thermique :
La maintenance préventive permettra de mieux cibler la révision annuelle qui
il est muni de plusieurs capteurs qui
précède la campagne de récolte, et permettra de programmer une maintenance
servent au contrôle de différents para-
préventive expresse, la nuit, entre deux missions au champ. En effet, lorsque la
mètres, tels la baisse et montée de campagne démarre, les machines ne s’arrêtent quasiment pas (sauf lorsqu’il
température, pression, débit… Les pleut).
informations recueillies – quand elles
Exemple de données collectées : température de l’huile et des pièces mécaniques
sont comparées aux caractéristiques critiques, enregistrement de l’amplitude des vibrations des courroies de trans-
fournies par le constructeur de l’échan- mission, etc. Les données relevées peuvent être élargies à l’environnement de la
geur – permettent aussi d’en vérifier le machine (hygrométrie du sol, température ambiante, etc.). Ces indications enri-
rendement réel. Grâce à un algorithme chiront l’analyse pertinemment.
spécifique, un ordre de maintenance
Un contrôle/commande
communicant
L
ors de la Foire de Hanovre (8-12 du réacteur industriel : la production. Son le logiciel de supervision. L'automate qui
avril 2013), la démonstration de potentiel grandira à l’avenir car il n’a pas a le double avantage d’un déploiement
l’usine miniature du DFKI, centre fini de gagner en intelligence et en capa- évolutif et modulaire – assure le contrôle-
de recherche allemand sur l’intelligence cités de communication. commande d’applications toujours plus
artificielle, a impressionné bien des visi-
teurs. En effet, ils ont pu voir un badge en
plastique en cours de fabrication, équipé
d’une puce RFID, envoyer les instructions
nécessaires à sa réalisation directement
aux quatre machines chargées de le fa-
çonner : couleur, texte à graver, etc. Le
tout sans même passer par l’automate.
Ce scénario, où les ordres partent de l’ob-
jet même à usiner, peut être interprété
comme l’annonce de la fin de l’automate,
équipement sur lequel repose aujourd’hui
en grande partie la production. Mais cet
avenir n’est pas si sûr…
C
ommuniquer, c’est bien. Se com-
Homogénéiser le format des échanges de données et décupler les
prendre entre équipements, c’est
capacités de communication, tel est le vaste chantier actuellement en
mieux. Tel se présente l’enjeu qui
cours dans l’industrie. Si l’interopérabilité totale entre équipements de
anime les débats autour des protocoles et
différentes provenances n’est pas encore une réalité, le concept d’Indus-
des réseaux d’automatismes industriels
trie 4.0 trouve toutefois un allié de circonstance avec le protocole Ethernet
depuis plusieurs décennies. Cette com-
industriel. Explications.
munication doit aujourd’hui prendre un
format vraiment universel et s’étendre à
la fois au cœur de la machine et vers les
couches supérieures (de la supervision
jusqu’au concept élargi d’Industrie 4.0). Un bus de capteurs-actionneur, tel AS-i/ qui déclarent adapter leurs produits à
Les bus de communication (protocoles), As-i Safe, conserve une légitimité pour un ou plusieurs des standards Ethernet.
via leurs différents supports physiques nombre de projets ! Idem pour des bus Parmi ces standards, on peut citer Profi-
(réseaux) doivent donc s’harmoniser. spécialisés, comme Profibus-PA dans Net (géré par l’association ProfiBus Inter-
le monde des atmosphères explosibles national), DeviceNet, CIP et Ethernet IP
Face à un parc de bus de terrain et de (Atex). Nous ne sommes donc encore qu’à (gérés par l’association ODVA), EtherCat
réseaux de capteurs-actionneurs his- l’an I de l’Ethernet dans l’industrie. (Forum ETG), Sercos (Association Sercos
toriques solidement installé (ProfiBus, International)… En revanche, point de
ModBus, As-i…), les promoteurs de Vers un langage commun… salut en matière de communication entre
l’Ethernet industriel poussent à la roue. ces différentes grandes chapelles.
Cependant, dans la phase actuelle, il En réponse à l’enjeu d’une communica-
ne faut pas oublier les petites machines tion « universelle », Ethernet prend place L’Ethernet TCP/IP standard constitue une
autonomes (ou parties de machines) et sur le front des automatismes. Mais leur couche physique basse pouvant véhicu-
les applications simples pour lesquelles langage est-il vraiment commun ? Oui ler des protocoles tels qu’Ethernet IP ou
un bus de terrain d’ancienne génération dans le sens où émergent de grands stan- ModBus TCP dans le cadre d’une auto-
suffit à répondre au cahier des charges. dards, plus ou moins suivis des fabricants matisation séquentielle classique. Cette
de machines ainsi qu’aux exploitants. aujourd’hui éprouvée et bien acceptée, assez souvent déterminantes pour les
Sur ce point, les offreurs sont unanimes. apporte une grande flexibilité à la ma- concepteurs et bureaux d’études. Elles
Cependant, il faut bien rester conscient chine pour ses parties mobiles ou encore correspondent généralement à une nou-
que l’Ethernet reste en proie à plusieurs en permettant à un opérateur de se mou- velle façon d’aborder la machine et ses
grandes chapelles auxquelles s’associent voir avec une interface vraiment mobile. interfaces. Après, reste à savoir « vendre »
les différents constructeurs. Malgré tout, la valeur ajoutée à son client. Cela reste
l’interopérabilité totale au niveau de la En matière d’Ethernet industriel, les un autre exercice…
machine, sans bidouille et sans passe- connectiques de la première heure ont,
relles, n’est pas encore pour tout de suite. depuis une bonne dizaine d’années, fait Pour le fournisseur, l’Ethernet industriel
place à des solutions endurcies contre ouvre la voie à des architectures plus
Ethernet IP ou bus classiques ? les chocs et étanches à l’eau comme aux souples et évolutives. Cette souplesse
pollutions ambiantes. Les câbles à paires permet d’ajouter des équipements ou des
Outre le fait d’opter pour un bus (proto- torsadées, spécifiques pour certains of- modules d’entrées/sorties déportés, en
cole) Ethernet industriel, la nouvelle façon freurs (et à ce titre d’un coût relativement théorie aussi simplement qu’une impri-
de concevoir une machine passe aussi par élevé !) permettent aussi de faire passer mante sur un réseau informatique.
Commandes numériques et
robots prêts pour l’Industrie 4.0
À
l’origine, la CN était utilisée à la automate qui gère différentes fonctions la traçabilité, notamment dans l’aéro-
programmation de « 3 axes » d’une de la machine-outil, comme l’arrosage, nautique et l’automobile. Avec ce type
machine-outil. Les dernières gé- l’ouverture-fermeture des portes, etc., et d’information, on pourra connaître le lieu
nérations de CN, par exemple celles de un programme spécifique qui commande de fabrication, les conditions d’usinage…
Fanuc, peuvent contrôler 40 axes, gérer 10 les axes de la machine-outil, des fonc- Enfin, les informations collectées par la
programmes indépendamment et inter- tions d’interpolations complexes qui ne CN peuvent être envoyées à un MES, lui-
poler 24 axes. « La commande numérique peuvent pas être réalisées par un simple même rattaché à un ERP », témoigne
intègre un programme équivalent à un automate », déclare Marc Gaufreteau, Marc Gaufreteau.
responsable commercial « Commande
numérique » chez Fanuc France. La maintenance prédictive
déjà à l’œuvre
La CN « parle »
Nous n’en sommes encore qu’au dé-
à ses périphériques
but. La CN est capable d’analyser, par
On peut dire que l’échange d’informations exemple, différents paramètres issus des
entre la CN et les éléments périphériques moteurs électriques. Les données col-
de la machine-outil, typiquement un robot lectées donnent des informations claires
de chargement, et l’équipement de super- sur l’état de dégradation des dits-mo-
Gimélec : Quelles seront les pro- En 40-50 ans, l’évolution des robots industriels a fait des bonds
chaines grandes évolutions techno- spectaculaires. Plusieurs avancées techniques – remplacement des mo-
logiques des robots ? teurs hydrauliques par des moteurs électriques, pilotage par commande
numérique, augmentation des performances des bras polyarticulés, fonc-
Philippe Charles : Je perçois sept grandes tionnement multitâches, communication via les réseaux Ethernet, inter-
tendances. Dans le désordre, il y aura : face homme-machine sur mesure, fiabilité très élevée (taux de disponi-
– la réduction de la taille de la baie bilité supérieur à 99,96 %), programmation CFAO hors-ligne… – et cette
de commande grâce à la réduction du évolution n’est pas encore terminée. L’Industrie 4.0 promet de nouveaux
nombre de composants, de la taille de développements que nous dévoile Philippe Charles, chef produit dans la
l'électronique de puissance, de la généra- division « Discrete Automation & Motion » d’ABB France.
lisation du media Ethernet et de l'intégra-
tion, toujours plus poussée, du matériel
informatique,
– l’augmentation des performances, no- – l’intégration de plus en plus poussée voire des changements issus de ruptures
tamment la capacité de charge moyenne des fonctions de sécurité avec les fonc- technologiques, typiquement dans le do-
des robots, tions de mouvement du robot, maine des moteurs, des variateurs et des
– la diversification des gammes et des – l’intégration de plus en plus poussée réducteurs.
architectures mécaniques de robots, en de capteurs (au sens large : vision, cap-
particulier vers des robots spécialisés, teur d'efforts, etc.), Un autre axe de développement spéci-
– l’accroissement de la précision des ro- – la collaboration homme-robot va se dé- fique à court-moyen terme concerne la
bots en position et trajectoire. À l'inverse, velopper. On parle de « robot collaboratif ». facilité d'utilisation des robots : c'est
la répétabilité des robots ne va pas beau- une évolution importante pour accroître
coup s'améliorer : les robots sont déjà En parallèle, d'autres évolutions pos- l'utilisation des robots dans toutes les
plus répétables que ne le demandent les sibles concernent les composants mis branches industrielles et en particulier
applications industrielles, en œuvre dans la conception des robots, dans les PME. Cela concerne aussi bien
Logiciels : la bibliothèque
de l’usine numérique
L
’Industrie 4.0 trouve sa fortune dans Il y a trente ou quarante ans, les initiatives jaillissaient dans le dé-
l’expansion continue de la numérisa- sordre : naissance de l’ancêtre des progiciels de gestion intégrée (ERP),
tion de l’économie. Cette numérisation de la CAO, des logiciels de maintenance… Depuis quelques années, un
n’aurait pas été possible sans l’existence de mouvement perceptible se dessine : les fonctions de ces logiciels, tou-
logiciels toujours plus performants : CFAO, jours complémentaires, convergent de plus en plus. Jusqu’à n’en faire
PLM, MES, GMAO, ERP… Présentation des plus qu’un ?
outils phares au service de l’usine numé-
rique et de son environnement.
Conception et fabrication
assistées par ordinateur
La FAO va décrire précisément, via la com- tement. Les délais d’assemblage et
Le passage du plan dessiné à la main au mande numérique, les mouvements que d’aménagement ont été, de fait, considé-
plan numérique réalisé à l’aide d’un ordi- doit exécuter la machine-outil pour réali- rablement réduits.
nateur a fait chuter d’environ 30 % le taux ser la pièce demandée. Certains logiciels
d’erreurs des cotations, répétées autant de FAO sont capables de lire directement Les logiciels de Product Lifecycle Mana-
de fois qu’il y avait de plans à reproduire. les fichiers des grands éditeurs de CAO. gement (gestion du cycle de vie du pro-
Inutile d’être ingénieur pour comprendre Dans d'autres cas, CAO et FAO sont inté- duit) sont utilisés pour créer et gérer les
l’intérêt de la conception assistée par grées et ne nécessitent pas de transfert. produits tout au long de leur vie. De fait,
ordinateur. le PLM met l'accent sur la définition des
Tout sera-t-il possible ? C’est oui pour produits qui seront régulièrement modi-
En fait, le potentiel de la CAO est plus Bernard Charlès, P-DG de Dassault Sys- fiés au cours de leur vie, de la conception
grand encore. On peut, en effet, conce- tèmes : « Numériser le monde, numéri- initiale jusqu'à la mise à la retraite (dé-
voir des produits en trois dimensions, les ser la conception, la simulation, la fabri- mantèlement ou recyclage).
outils pour les fabriquer et étudier leur cation, la présentation des produits dans
comportement à travers des simulations les rayons d’un supermarché, mais aussi Le PLM est composé de plusieurs outils
numériques. Si les premiers logiciels l’utilisation qu’en aura le client avant la informatiques : la CAO, la gestion de
proposaient un historique figé (pas de décision de les développer. » (cad-maga- la maquette numérique (au moyen de
retouche possible), les versions suivantes zine n°171, page14, jan.-fév. 2013). modèles 3D), la simulation numérique,
ont facilité, grâce à la conception para- la gestion électronique des données et
métrique, les modifications des pièces Gestion du cycle de vie documents techniques (GEDT), la gestion
étudiées. Et cela à différents niveaux : de configuration, la gestion des modi-
des produits (plm)
calcul, représentation graphique, dessin fications, la gestion des connaissances
de plan, manipulation d’objets 3D, gestion La meilleure façon d’illustrer les béné- métier et la gestion des projets (pour de
de grands assemblages. fices d’un Product Liecycle Manage- futurs développements).
ment (PLM), c’est de rappeler l’exemple
La fabrication assistée par ordinateur emblématique du Falcon 7X. Dassault Parallèlement, plusieurs services sont
(FAO), quant à elle, permet de traduire le Aviation a réussi l’assemblage physique sollicités par le PLM : le marketing, le
fichier CAO en un fichier contenant le pro- de l’avion d’affaires sans passer par un bureau d’étude, l’atelier de fabrication, le
gramme de pilotage d'une machine-outil. prototype physique ni le moindre ajus- financement, des approvisionnements, du
Système d’ordonnancement On le voit, le MES se situe entre l’ERP en contrôle de gestion… Grâce à l’ERP, le
amont et le contrôle-commande en aval. personnel de différents départements de
de la production (mes)
Il a été créé pour suppléer l’absence de l’entreprise travaille dans un environne-
Une enquête de Manufacturing Enterprise communication entre le système d’auto- ment homogénéisé. Parce qu’il repose
Solutions Association (Mesa) auprès des matisme et le système de planification. Il sur une base de données unique, l’ERP
utilisateurs de logiciels MES a révélé que sert aussi à faire exécuter la production. en assure l’intégrité, la non-redondance
67% des entreprises, ayant répondu à son C’était une façon de faire de l’Industrie 4.0 de l'information, ainsi que la réduc-
enquête, ont réduit les documents de tra- avant l’heure. tion des temps de traitement », déclare
Arnaud Martin, P-DG de l’éditeur d’ERP
Progiciel de gestion integré Clip Industrie.
(erp) et gestion de la produc-
L’« ERP industriel » trouve son origine
tion assistée par ordinateur
dans le besoin de planifier la production
SAP, numéro un ou deux mondial de (il peut aussi être interfacé avec des logi-
l’ERP, a publié le 23 mai dernier un com- ciels de gestion d’entrepôts, de la relation
muniqué dans lequel il laisse entendre client, de la maintenance, etc.).
qu’il s’impliquera dans l’Industrie 4.0 car
ce concept couvre une grande partie de Le module industriel s’apparente à la
ses compétences : « L'Industrie 4.0 se gestion de la production assistée par
Logiciel Delmia pour la simulation
traduira par des connexions entre ma- ordinateur (GPAO). En fait, ce logiciel est
virtuelle d'une ligne robotisée.
chines intelligentes, systèmes de gestion couramment intégré aux ERP depuis la fin
Les logiciels de supervision forment un poste d’observation sans « Autrefois, l’opérateur consultait un
égal : ils affichent le moindre incident en temps réel, puis l’archivent. Au- pupitre de contrôle par machine ; au-
delà de l’appui au contrôle-commande, la collecte de millions de données jourd’hui, il peut consulter les indicateurs
relatives à la production peut servir à d’autres applications, ceux de la clefs de plusieurs équipements sur sa ta-
maintenance par exemple… Il « suffit » de les interfacer. C’est l’un des blette, qu’il soit dans les allées de l’usine
enjeux de l’Industrie 4.0. ou qu’il soit hors de l’usine », déclare
Grégory Guiheneuf, directeur du marke-
ting de Factory Systemes et Wonderware
France. À terme, ajoute-t-il, « la réalité
augmentée devrait permettre à l’opéra-
teur de visualiser les ordres de fabrication
en cours, les données qualité… jusqu’à
D
es années lumières se sont écou- leurs permettant de prendre des déci- l’information sur une pièce en particulier
lées entre la supervision d’hier et sions pour assurer la bonne conduite simplement en dirigeant sa tablette vers
d’aujourd’hui : fini les immenses d’une fabrication (lire encadré ci-contre). les équipements ».
panneaux de contrôle figés avec vumètres,
voyants lumineux, alarmes sonores… Superviser à distance plusieurs ateliers Un outil de contrôle centralisé
L’ordinateur qui s’est imposé, a progres- ou usines n’est plus de la science-fiction.
puissant
sivement pris le contrôle de l'ensemble de Certains offreurs appellent « hypervi-
l'usine, évoluant du pupitre opérateur au sion » ce progrès. Il a été possible grâce Parallèlement, nous sommes passés de
pied de la machine à une salle de contrôle à l’évolution de l’informatique qui est pas- l’utilisation de petites bases de données
d’où l’on peut surveiller plusieurs équipe- sée de l’architecture « monoposte » à une d'historiques sur chaque ordinateur à un
ments, ateliers ou sites de production à architecture « client-serveur » (renforcée serveur unique hébergeant l'ensemble
la fois. ici par les progrès de la virtualisation qui des données « process » d'une ou plu-
rend indépendante la couche physique de sieurs usines, servies par des capacités de
La supervision, système informatique la couche applicative) et à l’évolution des calcul phénoménales. « La base de don-
interactif qui se situe entre les automates réseaux de (télé)communications, de plus nées de Wonderware par exemple, peut
d’atelier et la gestion de la production, en plus interopérables (lire article sur traiter jusqu’à 2 millions de points de me-
fournit aux opérateurs les informations « Les réseaux et les protocoles », page 25). sure en temps réel sur un seul serveur, à
une cadence d'enregistrement de 300 000
Ce que fait un logiciel de supervision changements d’état par seconde. Le Big
Data dans l'usine est bel et bien une réa-
Le superviseur fait exécuter, par les automates, un ensemble d’opérations de lité », témoigne Grégory Guiheneuf.
commande au système productif (marche-arrêt, envoi de consignes…). L’ordre
peut avoir pour origine une opération de fabrication, de correction, de sécurité,
de test, etc. Selon Grégory Guiheneuf, « l’évolution des
logiciels de supervision sera horizontale
Les acquisitions de données sont obtenues via l’automate. Une interface et verticale. Horizontale, car le marché
homme-machine, qui permet de représenter graphiquement le mode opéra-
a évolué vers des plateformes de super-
toire, permet aussi de programmer les alarmes, la gestion des droits de chaque
utilisateur, l’évolution des indicateurs clefs… vision distribuées sur plusieurs serveurs
capables de traiter au sein d'une seule
L’archivage des données dans une base favorise la traçabilité des opérations application de plus en plus de données.
de fabrication. Les bases de données sont aussi partagées de plus en plus, en
Verticale, car ces plateformes offrent
temps réel, avec les automates.
également une interface d'échange de
Enfin, différentes applications peuvent être surveillées : la gestion technique données idéale entre le monde de l'auto-
centralisée des bâtiments (éclairage, chauffage…), la télégestion d’infrastruc- mation et les logiciels du système d'infor-
ture de type eau ou gaz (Scada), les industries de procédés et/ou batch (pétro-
chimie, industrie du médicament) et les industries manufacturières (production
mation de l'entreprise – GMAO, SIG, ERG,
par îlot). PLM, etc. En effet, la supervision n'est
plus déconnectée du reste des applica-
tions de l'entreprise, mais au contraire Un opérateur verra toutes les données Aussi pour faire face à l'augmentation du
en lien très étroit avec les logiciels de « process » de la machine, incluant des volume de données, les éditeurs travaillent
maintenance, de systèmes d’information données provenant du MES. Un technicien sur la contextualisation des données.
géographique, de gestion intégrée, les fa- de maintenance verra quant à lui le même « Être capable pour un utilisateur novice
meux ERP, etc. ». Cela va justement dans équipement avec la liste des dernières de rapidement savoir si son process est
le sens de l’Industrie 4.0. interventions, l'historique des données sous contrôle ou en cours de dérive néces-
process sur le dernier mois, la documen- site de contextualiser la donnée affichée
On trouve d’ores et déjà des superviseurs tation technique des équipements, etc. Un sur le superviseur. Les nouvelles généra-
connectés à des logiciels de gestion de la responsable de production pourra voir le tions de produits offrent ces capacités de
maintenance. La remontée d’un défaut du nombre de pièces produites par rapport traitement en natif pour que l'utilisateur
superviseur vers la GMAO peut déclen- à la cadence théorique, le niveau de qua- ait toutes les données qui lui permettront
cher un ordre de maintenance. De ce fait, lité des derniers échantillons prélevés, de prendre la bonne décision, même si il
la maintenance est faite au bon moment, etc. C'est en ce sens que la supervision n'a pas une connaissance parfaite du pro-
ni trop tôt, ni trop tard ! devient un outil collaboratif. cess », explique Grégory Guiheneuf.
Le logiciel de supervision,
une plate-forme collaborative
La supervision n'est plus isolée et sim-
plement connectée à sa machine ou à son
usine. Connectée au reste du système
d'information de l'entreprise, elle permet
dorénavant d'augmenter la collaboration
entre les équipes sur le terrain et la direc-
tion de l'entreprise. L'interface de super-
vision peut fournir aux utilisateurs une vi-
sion 360° de leurs « process », en fonction
de leur rôle mais aussi de leur localisation
dans l'entreprise. Un même équipement
pourra donc être vu de manière très diffé- Logiciel de gestion de l'énergie Sinergyplatform de Wonderware.
rente en fonction de la mission de chacun.
La Smart-Industrie génère
des opportunités inenvisageables il y a peu
Les technologies « intelligentes » et la connectivité étendue sont Chaque phase du cycle de vie peut être
aujourd’hui deux points clés dont doivent tenir compte les éditeurs de optimisée à la fois en termes de coût
logiciels de gestion du cycle de vie des produits (PLM). S’ils introduisent pour le fabricant, de valeur ajoutée pour
de la complexité, ces éléments augmentent aussi le champ des possibles. le client et d’impact sur l’environnement,
Dixit Andrew Wertkin, directeur technologique de l’éditeur américain PTC. grâce à des architectures innovantes plus
flexibles, permettant de répondre tant aux
multiples exigences des clients qu’aux
impératifs parfois plus locaux et de per-
fectionner ainsi les configurations, en
Gimélec : Quelle sera la place d’un logi- amenés à s’orienter vers des systèmes proposant plusieurs variantes physiques.
ciel de PLM dans la chaîne de valeur qu’ils ne contrôlent pas nécessairement Cela nécessite de faire évoluer les proces-
qui va de la création d’un produit à la de A à Z. L’optimisation des produits, tant sus PLM pour y inclure des composantes
fin de vie de ce produit ? au niveau de leur fabrication que de leur d’ingénierie système et d’ingénierie logi-
utilisation, dépend de la connectivité asso- cielle. Les comportements et les inter-
Andrew Wertkin : La Smart-Industrie gé- ciée, des machines qui les fabriquent et de faces doivent être modélisés, les équipes
nère des opportunités en matière de ges- l’environnement qui les entoure. L’ingé- dispersées doivent rester connectées sans
tion du cycle de vie des produits (PLM), interruption en temps réel pour échanger
des opportunités tout bonnement inen- des données autrefois transmises de ma-
visageables il n’y a pas si longtemps. La nière formelle. Il s’agit en outre de mettre
définition même de « produit » dans l’acro- La Smart-Industrie en place un ensemble de fonctionnalités
nyme PLM évolue. Se limitant auparavant génère des opportunités clés pendant l’utilisation des produits pour
générer de la valeur sur le long terme et
à un livrable issu de différents processus
de la conception à la fabrication, sa notion
en matière de gestion du ainsi apporter une valeur ajoutée au client.
s’est élargie : les fabricants interagissent cycle de vie des produits Nous sommes en train d’adopter une ap-
désormais avec leurs produits tout au long (PLM), des opportunités proche ciblée sur les besoins actuels des
des étapes de la fabrication, l’utilisation fabricants présents sur le marché de la
puis le recyclage. Plus important encore, tout bonnement Smart industrie tant dans notre stratégie
inenvisageables il n’y a produits que d’acquisitions.
pas si longtemps. Gimélec : Quelles sont les grands choix
structurants de la R&D de PTC en ma-
tière de Smart-Industries ?
nierie des systèmes devient une fonction-
nalité PLM essentielle pour appréhen- Andrew Wertkin : Nos investissements
der toute la complexité introduite par les en matière de R&D portent essentielle-
technologies intelligentes. La connectivité ment sur la planification des produits et
doit être maintenue tout au long des dif- services intelligents (Smart Products &
férentes phases du cycle de vie du produit Services), leur conception, leur fabrica-
pour permettre aux fabricants d’innover, tion et les services d’assistance connexes.
de gagner en performance et par là même À l’instar des besoins de nos clients, les
Andrew Wertkin, CTO de PTC
de se démarquer. technologies intelligentes ne sont pas le
Monde.
fruit d’un seul fournisseur ou d’une seule
les clients en retirent une valeur ajoutée, Gimélec : Comment positionner les logi- solution. Via ces produits « intelligents »
car ces produits reposent sur des tech- ciels de PLM dans la Smart-Industrie ? ou Smart Products, nous tirons parti de
nologies intelligentes, à la fois en termes partenariats, établissons des normes et
de fabrication et d’utilisation. Les fonc- Andrew Wertkin : La vision de PTC aborde garantissons une interopérabilité ; nous
tionnalités des produits sont créées par la la Smart-Industrie à toutes les étapes : élaborons des solutions plus perfor-
connectivité à d’autres produits et infras- idée, conception, fabrication, utilisation, mantes que ne serait la simple addition
tructures. Les fabricants vont donc être maintenance et mise au rebut finale. de technologies différentes.
L
L’extension des liens de l’usine numérique hors des murs est l’un
’Industrie 4.0 et, a priori, l’usine
des fondements du concept Industrie 4.0. Cloud Computing, Big Data, ré-
numérique seront confrontées à
seaux sociaux et imprimantes 3D seront, s’ils ne le sont déjà, les outils
une inflation de données, émises et
emblématiques de cette extension.
reçues. Il faudra les exploiter mais pour
quelles finalités ? Le Cloud Computing
peut faciliter la gestion de son informa-
tique, le Big Data aider à voir clair dans
les millions de données à analyser, les
réseaux sociaux à tisser un lien fort (voire
émotionnel) avec les clients et l’impri-
mante 3D rapprocher les lieux de pro-
duction des consommateurs. Rappel de
quelques fondamentaux.
Le Cloud Computing ou le
système d’information facile
Distinguons d’abord le Software as a ser-
vice (Saas) du Cloud Computing. Le pre-
mier est une suite logicielle accessible
sous forme de service en ligne, payable
selon l’usage (forfait ou réel). Le second
fournit un ensemble de services via Inter-
net. Son offre comprend un accès avec
de la bande passante, du stockage, des
applications et des services (gestion de
Le cloud - centre nerveux des informations.
la sécurité, par exemple). L’offre de Cloud
Computing se distingue d’une ferme de
serveurs par le niveau de la prestation. Le
data center arrête son offre à la location a)Les avantages du Cloud Computing priori, de machines et de mises à jour lo-
de serveurs, à une capacité de stockage • le coût : le même service étant amorti gicielles récentes. Seul le navigateur par
et à de la bande passante. sur un grand nombre d’utilisateurs, les lequel le client accède à ses applications
coûts de fonctionnement sont proportion- nécessitera quelques ajustements.
Les fournisseurs de Cloud Computing nellement plus bas que ceux d’une instal- • la réactivité : face à l’évolution des
jouent sur la mutualisation des res- lation individuelle dans une entreprise, besoins du client, la réactivité est un
sources, offrant des capacités, en théorie • la délégation de service : plus de ges- point fort, du moins tant qu’existera un
illimitées, avec des possibilités de pro- tion de parc de machines ni de mises à niveau de concurrence suffisant entre
gression quasi instantanées. jour logicielle. En effet, le client dispose, a prestataires,
L
udovic Le Moan, P-DG de Sigfox, verture mondiale mis à part les réseaux
(créée à Toulouse en 2009, Sigfox cellulaires. Il existe néanmoins beaucoup
est une entreprise spécialisée dans d’initiatives pour faire décoller l’Internet
les communications de machine-à-ma- des objets ».
chine ou l’Internet des objets) déclarait
récemment qu’« aujourd’hui, ce sont plus Parallèlement, ce que disait Philippe
de 150 milliards d’objets qui ont besoin Gautier, cofondateur de Business2Any, il
d’être connectés à travers le monde, y a trois ans environ reste encore vrai :
des véhicules aux capteurs médicaux en « L’Internet des objets […] nécessite
passant par les centrales d’alarmes ou d’une autonomie locale en matière de
encore les capteurs urbains et ruraux. perception, d’analyse, de savoir-faire et
Mais force est de constater qu’il n’y a de décision. […). Il faut donc doter [les ob-
que 80 millions d’objets connectés par jets] d’une intelligence adaptée aux rôles
des réseaux cellulaires. Plusieurs rai- qu’on souhaite leur faire jouer […]. » (cf.
sons expliquent cette différence entre les L'actualité du web et du numérique). La Suivi de production, de diagnostic
prévisions et la réalité, parmi elles le fait mise en œuvre de plusieurs technologies en cas de panne sur mobile avec
la gamme B&R.
qu’il n’existe pas de technologie à cou- est donc nécessaire au fonctionnement
L
a chaîne logistique doit tenir compte En d’autres termes, la gestion de la opérationnels.
des structures anciennes du com- chaîne d’approvisionnement (supply
merce (fournisseurs de matières chain management [SCM] en anglais) Depuis plusieurs années déjà, les logis-
premières-fabricant-distributeurs- prend en charge les ressources hu- ticiens accroissent régulièrement leur
clients-service après-vente) et de l’ex- maines, le stockage-entreposage des productivité à l’aide d’outils informatiques
plosion du commerce en ligne, accentué produits, le transport, les transitaires, d’une grande richesse : Material Require-
par Internet et la vente à distance sur les les équipements (camion, chariot-élé- ment Planning [MRP] et Just in Time [JIT]
réseaux téléphoniques mobiles (m-com- vateur…), les fournitures (emballage, pour la planification, Warehouse Mana-
merce). Dans les deux cas, s’imposent la carburants…), la planification et les sys- gement System [WMS] pour le stockage-
prise en compte de trois types de flux : tèmes d'information et de contrôle de entreposage, Transport Management
– les flux physiques qui vont du produc- gestion. System [TMS] pour le transport, Supplier
teur au client et vice-versa (gestion des Relationship Management [SRM] pour la
retours), Les nouvelles frontières gestion de la relation fournisseurs, Total
– les flux financiers quasiment électro-
de la chaîne Quality Management [TQM] pour la ges-
niques à 100 %, tion de la qualité, etc.
d’approvisionnement
– les flux d'information suivent les flux
physiques. Les informations qui remon- Le client roi pousse à concevoir un sys- Quasiment tous ces outils peuvent être
tent des consommateurs nécessitent tème garantissant la supervision de bout interfacés avec le progiciel de gestion
des systèmes de support appropriés qui en bout capable de traiter les fonctions de intégré (ERP) de l’industriel, qui fait le
relèvent de la gestion de la relation clients transitaire, de transporteur, d’entrepo- lien entre production et logistique. Inté-
(GRC ou CRM). sage, d’approvisionnement, etc. ressons-nous à deux logiciels aujourd’hui
vitaux à la chaîne d’approvisionnement :
Les indicateurs du tableau de bord du logisticien le système de gestion d’entreposage-
stockage (WMS) et le système de gestion
Les indicateurs permettent de mesurer la performance d’une organisation et de du transport (TMS).
piloter son activité :
• Indicateurs de stocks : évolution de la valeur des stocks, évolution de l'obso-
lescence du stock (périmés, déclassés, « rossignols »)… Le stockage-entreposage
• Indicateurs de l’approvisionnement : fiabilité de la planification, délai de li- pour réguler les flux
vraison, taux de disponibilité… À l’origine, le WMS a été conçu pour gé-
• Indicateurs sur l’entrepôt : évolution des volumes traités, suivi de l'utilisation rer palettes et colis, puis il a été enrichi
des capacités, productivité de chaque processus, suivi de l'absentéisme…
de la mécanisation des préparations de
• Indicateurs du transport : suivi de l'utilisation des capacités, suivi du coût par commandes. Il s’est ensuite verticalisé,
unité de transport, par ligne de transport, taux de service, taux de démarque.
c’est-à-dire qu’il s’est spécialisé par
• Indicateur des retours : taux de service ; taux de retour, coût du flux des re- métier (pharmacie, distribution alimen-
tours par rapport au flux global produit, suivi des flux et du niveau de stock en
taire, etc.). Enfin, il tend à élargir son
retour (source : Wikipédia).
champ d’action en amont et en aval de
La cybersécurité
et l'usine numérique
par Stéphane Meynet, Chef de projet sécurité des systèmes industriels
L
es technologies de l'information de falsifier les résultats et de masquer précis ou non. Ces attaques répondent
et de la communication (TIC) ont des produits non conformes. Comment généralement à trois grands types d'ob-
depuis longtemps imprégné nos in- dans ce cas détecter qu'une pièce est dé- jectifs : l'espionnage, la déstabilisation
dustries, qu’elles contribuent au système faillante, qu'un produit alimentaire n'est ou le sabotage. Si l'espionnage industriel
de gestion ou au pilotage de la produc- pas consommable ou qu'un capteur ne n'est pas un phénomène nouveau, le sa-
tion. La « numérisation » s'est accélérée donne pas la bonne mesure ? botage (numérique) l’est.
depuis quelques années, notamment
avec la convergence vers le protocole IP. Des systèmes banalisés mais Du « petit malin » cherchant des défis
L'usine se virtualise, devient plus intel- auxquels se mesurer, aux entités gou-
pas toujours maîtrisés
ligente et plus communicante. L'objectif vernementales spécialisées dans la
de cet article est de sensibiliser les lec- Les systèmes industriels ont également guerre cybernétique en passant par un
teurs aux risques et enjeux du cette évo- évolué, délaissant les systèmes proprié- concurrent indélicat, la population des
lution dans le contexte industriel. taires au profit de systèmes construits cyber-attaquants est vaste et les moti-
avec des composants pris « sur éta- vations multiples : défi technique, finan-
Une forte dépendance aux TIC gère ». Provenant du monde de l'infor- cier, vengeance, différends idéologiques,
matique classique, ils embarquent avec recherche concurrentielle, etc. La presse
Rares sont les industries qui aujourd'hui eux toutes les vulnérabilités de ce der- regorge d'exemples en tous genres.
fonctionnent sans faire appel aux tech- nier. Ces technologies ont envahi les
nologies de l'information et de la com- industries alors qu'elles n'avaient pas En août 2012, le géant pétrolier « Saudi
munication au point que s'est créée une Aramco » a subi une attaque informa-
réelle dépendance de la vie de l'entre- tique touchant trente mille postes bu-
prise (relations avec les fournisseurs et reautiques. Bien que n'ayant pas atteint
les clients, gestion et production). Les les systèmes industriels, cette attaque
dangers de cette dépendance aux TIC ne a très lourdement affecté l'entreprise.
se limitent pas aux seuls problèmes de L'objectif était clairement de lui nuire et
disponibilité. La compromission (l'altéra- d'affecter sa production.
tion volontaire et maîtrisée) de quelques
données peut produire des effets bien Après Stuxnet en 2010, l'exemple
plus dévastateurs qu'une simple panne. d'Aramco démontre la puissance de
l'arme informatique dans un environne-
Les modes dégradés deviennent eux spécifiquement été conçues pour ce do- ment industriel de plus en plus numérisé.
aussi numériques. La sécurité fonction- maine. Les utilisateurs ignorent le plus
nelle, autrefois remplie par des moyens souvent presque tout de ces technologies Le monde numérique facilite grandement
électromécaniques, est maintenant et des risques qui leur sont associés. le travail des attaquants. Difficile à détec-
assurée par des automates program- ter, une seule personne est alors en me-
mables (et donc reprogrammables). Une menace difficile à évaluer sure d'exécuter des attaques simultanées
Les contrôles qualité sont eux-mêmes et répétées sur des systèmes différents,
informatisés. Il devient de ce fait possible Tous les secteurs d'activité sont touchés provoquant potentiellement des dégâts
pour un individu mal intentionné (un « at- par des attaques informatiques, qu'elles majeurs. Le tout parfois à distance et
taquant » dans la terminologie défense soient spécifiquement dirigées contre pour un effort moindre : quelques lignes
et sécurité des systèmes d'information) une entreprise ou un secteur d'activité de code et un peu de génie !
*http://www.ssi.gouv.fr/bonnes-pratiques/ et http://www.ssi.gouv.fr/systemesindustriels
Stuxnet, le détonateur
L’explosion du volume d’informations échangé et la multiplication des DuQu, qui a de fortes similitudes avec
équipements communicants au sein de l’entreprise industrielle participent Stuxnet, a été trouvé sur des sites euro-
à l’amplification des risques informatiques. Avec le virus Stuxnet, on a dé- péens, notamment en France.
couvert que les systèmes de contrôle-commande sont aussi vulnérables.
« Avec l’affaire Stuxnet et ses consé-
quences, les industriels du monde
entier ont pris conscience que le pira-
I
l y a un avant et un après Stuxnet. Ce 49e version à ce jour. Parallèlement, les tage informatique ne se limitait plus
ver, développé par les Défenses amé- cyber-attaques contre les sites industriels aux seuls ordinateurs et serveurs de
ricaine et israélienne, ciblait pour la critiques américains ont quintuplé entre bureaux », déclare Laurent Raillier, res-
première fois de l’histoire les systèmes de 2010 et 2011. Fait aggravant : les experts ponsable marketing Solutions sécurité
contrôle-commande de sites nucléaires de la sécurité informatique ont identifiés chez Schneider Electric France. « En
iraniens. Il a modifié à l'insu des opé-
rateurs les paramètres de vitesses des
interfaces applicatives pilotant la rotation
Usine et bureaux ne subissent pas les mêmes contraintes
des centrifugeuses entraînant la dégra- Contextes différents Priorités différentes
dation de celles-ci. Lancée en 2010, l’at- IT Automation IT Automation
taque aurait touché un tiers du parc des Pas de risque de perte humaine Sécurité ! Confidentialité Disponibilité
centrifugeuses utilisées pour l’enrichis- Transactions des infos « lentes » Faibles temps de réponse Intégrité Intégrité
sement de l’uranium et les auraient dé- Durée de vie courte Durée de vie longue Disponibilité Confidentialité
truites, retardant le programme nucléaire Maintenance à la volée Maintenance périodique Source : Schneider Electric
F
ace à crise énergétique et au chan-
L’Industrie 4.0 fait de l’énergie un enjeu majeur. Dans les objectifs
gement climatique, Jeremy Rifkin,
du rapport allemand, on relève la sobriété énergétique des usines, un
consultant pour de riches clients,
approvisionnement sans faille et un coût aussi bas que possible.
promeut le basculement de l’économie
mondiale dans la troisième révolution in-
dustrielle, titre d’un de ses livres. Celle-ci
ne serait plus fondée sur une production
d'énergie centralisée mais distribuée, les
humains générant leur propre éner-
Un enjeu vital (pour une bonne partie d’origine fossile
gie verte. Elle circulerait dans le réseau Parce que l’énergie est considérée comme vers les renouvelables : éolien, solaire,
de manière intelligente, un peu comme une matière première précieuse, il appar- biomasse…) et d’en assurer le transport
l'information circule dans Internet. Peu tient aux États, au niveau national, voire à travers une infrastructure fiable et
importe que Jeremy Rifkin ait oublié la continental, de faciliter les réponses aux « intelligente ». Plusieurs acteurs euro-
vraie 3e révolution industrielle fondée grands défis de la transition énergétique péens se sont déjà positionnés sur cette
l’automatisme et l’informatique. Les
constats de sa théorie, relatifs à l’éner-
gie, sont à peu près les mêmes que ceux
France : l’industrie consomme un cinquième
de l’énergie totale
de la 4e révolution industrielle : coûts de
l’énergie en hausse continue, sécurité des La consommation finale énergétique de la France a augmenté de 20,8 % entre
approvisionnements incertaine, multipli- 1973 et 2008 tandis que celle de l’industrie a diminué de 21,7 % sur cette même
période. Entre 2008 et 2009, cette consommation a encore baissé de 12,9 % pour
cation des sites de production inhérente
l’industrie et de 3,7 % au total, baisse due en partie à la crise économique de
aux énergies renouvelables (jusque chez cette époque (source : ministère de l’Écologie, du Développement durable et de
l’habitant avec ses panneaux solaires) et l’Énergie).
souci du développement durable. ▪ Agriculture : 3 % ▪ Industrie : 21 % ▪ Transport : 32 % ▪ Résidentiel : 44 %
N
ous sommes au cœur d’une crise L’Industrie 4.0 fait de l’énergie un enjeu majeur. Dans les objectifs
économique très profonde. Elle du rapport allemand, on relève la sobriété énergétique des usines, un
a été en gestation pendant deux approvisionnement sans faille et un coût aussi bas que possible.
siècles et, aujourd’hui, cette crise éco-
nomique a donné naissance à une crise
humaine beaucoup plus profonde et notre
espèce est en danger pour la première
fois de son histoire.
ceutiques, nos fibres synthétiques, notre simplement disparaître si nous n’agis-
L’économie primaire de notre petite pla- énergie, nos transports… tout est basé sur sons pas très vite.
nète est la photo synthèse. Et nous, les les combustibles fossiles. Ensuite, l’arrêt
êtres humains, nous représentons moins de l’activité industrielle dans le monde a Nous jouons notre survie sur terre. Nous
de la moitié d’un pourcent de la biomasse provoqué la chute du court du Brent. Mais avons besoin d’une nouvelle vision écono-
présente sur terre. Pourtant, nous uti- dès que la reprise est apparue, le prix du mique pour le monde maintenant. C’est
lisons actuellement un tiers de toute la baril est de nouveau remonté dangereu- une priorité. Et surtout, il faut oublier le
production de photosynthèse de la pla- sement. La demande est trop forte pour carbone, mettre une croix dessus pour les
nète ! Ce n’est pas durable. le pétrole que nous avons en réserve. Cela trente années qui viennent si nous voulons
crée des cycles de 4 à 5 ans de croissance, avoir un espoir de renverser la vapeur.
Ces dernières années, nous avons vécu puis d’effondrement. Nous ne pouvons
deux évènements qui nous montrent que pas nous en sortir. Et nous avons d’autres Toutes les révolutions industrielles sont
nous sommes au début d’un jeu très dan- sources d’énergies fossiles sur la planète, intervenues avec l’apparition de change-
gereux. Souvenez-vous, en juillet 2008, le mais elles coûtent plus chers… ments énergétiques et dans les moyens
prix du baril de pétrole a atteint le niveau de communication. Au XIXe siècle, la
Nous avons établi et construit notre civi- convergence du charbon et de l’imprime-
lisation en partant du carbone et, désor- rie a ainsi provoqué une révolution aussi
Toutes les révolutions mais, nous avons passé le « pic de pro- importante qu’Internet, qui a apporté la
industrielles sont duction » du pétrole, ce qui signifie que connaissance à un grand nombre d’indi-
l’on produit plus que la moitié de nos vidus qui ont ensuite mis leurs connais-
intervenues avec réserves. Autrement dit, la quantité de sances et leurs compétences au service
l’apparition de pétrole par personne sur terre est désor- de cette révolution. Au XXe siècle, la ré-
mais limitée, et se réduit avec l’augmen- volution suivante est née de l’arrivée du
changements tation de la population. pétrole et des réseaux électriques cen-
énergétiques et tralisés, créant de nouveaux moyens de
dans les moyens de Le deuxième événement important, c’est communication : le téléphone, la radio, la
le sommet de Copenhague en 2009 sur télévision. Et là encore, le téléphone a été
communication. l’énergie, qui nous a démontré que nous pratiquement aussi important que l’inter-
ne pouvons pas non plus échapper à la net en son temps. Le point particulier de
deuxième loi de la thermodynamique cette révolution est qu’elle reposait sur
(c’est-à-dire l’irréversibilité des phéno- des systèmes complètement verticaux
record de 170 dollars. Aussitôt, tous les mènes physiques et thermiques). Nous et centralisés. Actuellement, les techno-
prix des autres produits qui dépendent di- payons pour les révolutions industrielles logies vieillissent et ces infrastructures
rectement du pétrole ont alors atteint des des XIXe et XXe siècles. Nous avons émis sont en train de mourir lentement.
sommets. Et de fait, nos fertilisants, nos des quantités énormes de CO2 et de pol-
pesticides, nos matériaux de construction luants et le climat change de façon dan- Aujourd’hui en Europe, nous sommes
et la majorité de nos produits pharma- gereuse pour l’humanité, qui pourrait tout à l’aube d’une nouvelle convergence de
Gimélec : L’usine numérique et, plus Comment les organismes de formation abordent-ils les effets col-
largement, l’Industrie 4.0 auront- latéraux de l’Industrie 4.0 sur leurs contenus pédagogiques ? Nous avons
elles un impact sur l’organisation du posé la question à Philippe Véron, enseignant-chercheur au Laboratoire
travail ? Si oui, comment cela se tra- des sciences de l'information et des systèmes (LSIS) et responsable pour
duira-t-il sur le terrain ? Arts et Métiers ParisTech du département Conception, industrialisation,
risques et décision et du mastère spécialisé IngéNUM.
Philippe Véron : Oui, il est évident que les
nouvelles technologies de l’information
et de la communication ont et auront
un impact sur l’organisation du travail.
Un des enjeux majeur de ces nouveaux
outils numériques consiste à favoriser en plus sophistiqués, comme les Product facturing Executive System (MES), Cus-
et optimiser la collaboration des acteurs Life Cycle Management (PLM), Enter- tomer Requirement Management (CRM),
et les échanges d’information au sein de prise Ressource Planning (ERP), Manu- Supply Chain Management (SCM)…
l’usine. Cela impose de nouveaux modes
d’organisation et également des infras-
tructures adaptées (les technologies nu-
mériques déployées au sein même des
sites de production par exemple).
Philippe Véron
Professeur des universités
à Arts et Métiers Paris-
Tech, chercheur au sein du
Laboratoire des sciences
de l’information et des
systèmes (LSIS), unité
mixte de recherche CNRS
n° 7296, en ingénierie comme le MS IngéNUM autour du déve- nants industriels surtout dans le cadre
numérique des systèmes loppement numérique de produits et du de nos formations par apprentissage et
mécaniques. PLM, le MS Espaces Virtuels Avancés et dans nos mastères spécialisés. Le MS
le MS Lean Production et Logistique. IngéNUM, par exemple, qui ouvre cette
Responsable pour Arts
année a été construit à la demande et en
et Métiers ParisTech du
Gimélec : Est-ce que le ministère étroite concertation avec un ensemble
département Conception, de l’Enseignement supérieur et de de partenaires industriels pour répondre
industrialisation, risques la Recherche, votre administration efficacement à leurs besoins en termes
et décision et du mastère de tutelle, a pris la mesure de ce de compétences. Il faut aussi que les in-
spécialisé Ingénierie numé- qui se passe dans l’évolution des dustriels n’hésitent pas à se rapprocher
rique et PLM (IngéNUM). technologies, en particulier dans des établissements d’enseignement su-
l’industrie ? périeur pour exprimer leurs besoins.
Gimélec : L’environnement écono- La perception de l’entreprise industrielle par Jean-Pierre Dal Pont,
mique est bouleversé sur plusieurs président de la Société française génie des procédés, est d’autant plus
fronts. Quels sont les nouveaux pos- intéressante qu’il a été tour à tour responsable de recherche chez Rhône-
tulats que l’entreprise industrielle Poulenc, puis maître d’ouvrage pour la création de plusieurs usines aux
doit prendre en compte ? quatre coins du monde. Il rappelle ici quelques fondamentaux tirés de son
actuelle réflexion sur l’usine du futur.
Jean-Pierre Dal Pont : Autrefois, il suf-
fisait « presque » de produire pour
vendre. Aujourd’hui, le client est roi. Il a
l’embarras du choix pour les produits de
grande consommation. Il veut être servi La technologie devient une arme dans au cycle de vie du produit. Par exemple,
mieux, plus vite. Cela impose à l’entre- la mesure où elle seule va permettre un produit, à sa naissance, pourra être
prise, dans un contexte de globalisation, d’obtenir : des produits de qualité au fabriqué en discontinu. Puis, si succès
une flexibilité accrue, des produits de meilleur coût et des produits qui se dif- il y a, il pourra passer à une production
meilleure qualité, donc de repenser son férencient de ceux de la concurrence par en continu. La technologie du procédé et
mode de fonctionnement. leur valeur d’usage. les modes de fabrication demanderont
à être revu. Cela n’est évidemment pas
L’idée est de vendre de la valeur ajoutée. La définition de la technologie peut être vrai pour une raffinerie.
Le client n’achète pas de produits mais élargie à un ensemble constitué par les
un service. Il s’agit d’une véritable ap- moyens de recherche, pure ou appli- Gimélec : L’atelier est-il construit
proche qualité puisque la satisfaction du quée, l’ingénierie, le procédé de fabrica- pour durer 2 ans, 10 ans, 50 ans ?
client est considérée comme la finalité tion et sa mise en œuvre, l’outil indus- Doit-il être spécifique (un seul pro-
de l’entreprise. La vocation de l’entre- triel, les méthodes d’approvisionnement duit aux spécifications immuables),
prise ne se limite donc plus au produit et de distribution. polyvalent, flexible, re-convertis-
lui-même mais inclut le service après-
vente au sens large, que ce soit pour le
dépannage, la mise en œuvre, la forma- Le sous-traitant entre dans le système
tion des utilisateurs… Et un produit a
un cycle de vie. Comme un être vivant,
qualité du donneur d’ordres,
il naît, croît, atteint sa maturité, décroît c’est de plus en plus un partenaire.
et meurt.
est complexe. Elle acquiert de plus en veaux qui consiste à analyser le service
plus de lettres de noblesse dans la me- rendu, l’état des marchés afin d’en tirer
sure où sous-traiter ne consiste pas à des prévisions des ventes (volume, prix),
se débarrasser de tâches ingrates. Le de cibler les clients, de définir les canaux
sous-traitant entre dans le système qua- de distribution. Le CdFC servira au bu-
lité du donneur d’ordres, c’est de plus en reau d’études pour rechercher les meil-
plus un partenaire. leures solutions au cours du processus
d’industrialisation.
Le meilleur compromis entre faire soi-
Jean-Pierre même et sous-traiter peut être trouvé en
pondérant les critères comme la confi-
Le développement d’un produit nouveau
ou l’amélioration d’un produit existant
Dal Pont
Auteur du « Génie
des procédés et
l’entreprise », publié
chez Hermès-Lavoisier.
Diplômé de l’École
nationale supérieure
des industries chimiques
(ENSIC Nancy) et d’un
MBA de l’Institut de
contrôle de gestion.
Il a passé toute sa dentialité, les capitaux investis, le temps nécessite bien entendu d’appréhender la
carrière dans l’industrie de mise en œuvre, les coûts globaux de réponse du marché. Dans de nombreux
chimique, d’abord dans fabrication, sans oublier l’éthique indus- cas, l’industriel ne peut pas par lui-
un centre de R&D, puis trielle que toute entreprise se doit d’avoir. même évaluer l’intérêt de son produit
pour l’utilisateur final. Citons le cas du
à la production chez
Gimélec : Comment mesurer a priori chimiste qui développe un produit pour
Rhône-Poulenc. Il a
l’intérêt d’un produit en développe- les cosmétiques. Le chimiste saura syn-
gravi tous les échelons
ment ? thétiser, fabriquer les matières actives
jusqu’à en devenir
principales, par exemple d’un sham-
directeur industriel. Jean-Pierre Dal Pont : L’analyse de la poing, mais il ne peut pas évaluer par
Il est l’un des artisans valeur et le cahier des charges fonction- lui-même l’intérêt du produit formulé
de l’implantation indus- nel (CdCF) sont des notions communes à par son client. Il faut dans ce cas déve-
trielle de Rhône-Poulenc pratiquement toutes les industries. lopper un partenariat concepteur-utili-
et Rhodia aux États-Unis sateur. Et grâce aux réseaux sociaux, cet
et en Asie. L’analyse de la valeur, née aux États-Unis utilisateur peut être pluriel. Un potentiel
au début de la Seconde guerre mondiale encore sous-exploité aujourd’hui.
Passons à l’Innovation
Humaniste
par Navi Radjou, Consultant en innovation et leadership basé dans la Silicon Valley.
L
es mille premières entreprises
dans le monde qui investissent le
plus dans l’innovation, pour l’es-
sentiel des entreprises occidentales, ont
dépensé pas moins de 603 milliards de
dollars pour leur R&D rien qu’en 2011.
Mais qu’ont-elles obtenu en retour ?
Pas grand-chose, selon les recherches
effectuées par le cabinet de conseil Booz
& Company. Les consultants de Booz ont
identifié une très faible corrélation entre guerre – gros budgets R&D, hiérarchies, Une telle approche d’innovation humaine
investissements en R&D et les perfor- etc. – ne sont plus adaptés au monde et humaniste existe déjà. Elle est prati-
mances en termes de développement d’affaires du XXIe siècle, caractérisé par quée par des millions d’entrepreneurs
et de commercialisation de produits une complexité accrue et une rareté de dans les marchés émergents comme
qui génèrent des profits. Pour dire les ressources. l’Inde, la Chine, l’Afrique et le Brésil qui
choses plus crûment : l’argent ne peut
pas acheter l’innovation !
Ce qui explique les frustrations des diri- En adoptant le jugaad – cet état d’esprit
geants occidentaux qui font face d’une frugal, agile, et inclusif – les entreprises
part à d’énormes contraintes financières
dans un contexte de crise économique
françaises pourraient apprendre
prolongée et d’autre part à d’immenses à « faire mieux avec moins »
pressions des actionnaires pour générer
de la croissance.
Il faut donc remettre à plat l’approche puisent dans leur ingéniosité et rési-
Remontons l’histoire d’innovation actuelle en Occident qui est lience pour improviser des solutions très
devenue trop « industrialisée » et adop- efficaces qui offrent plus de valeur à leur
Au début du XXe siècle, les entreprises ter une nouvelle approche qui est à la fois communauté tout en minimisant l’utili-
occidentales ont commencé à institu- plus « humaine » et plus « humaniste ». sation des ressources très rares.
tionnaliser leurs systèmes d’innovation, « Humaine » car elle valorise et s’appuie
en créant des centres de R&D et nor- sur l’ingéniosité des êtres humains Un état d'esprit
malisant les processus opérationnels (employés, clients, fournisseurs) – car
pour élaborer des produits commer- n’oublions pas que ce sont les hommes C’est le cas par exemple de Mansukh
cialisables. Cette « industrialisation » qui innovent ! Mais aussi « humaniste » Prajapati, un potier indien, qui a conçu
du processus de création de produits et car cette nouvelle approche vise à amé- MittiCool, un réfrigérateur fabriqué en-
services a abouti aujourd’hui à une ap- liorer les conditions de vie des conci- tièrement en argile qui fonctionne sans
proche structurée de l’innovation qui est toyens tout en minimisant l’utilisation électricité, est 100 % biodégradable,
trop couteuse en capital et ressources des ressources naturelles. L’objectif est et conserve fruits, légumes et lait frais
naturelles, manque de souplesse, et donc d’arrêter de faire « toujours plus pendant plusieurs jours – un vrai don du
demeure élitiste et insulaire. Ces struc- avec plus » et tenter de « faire mieux ciel pour les 800 millions d’indiens qui
tures et processus industriels de l’après- avec moins ». vivent dans des villages reculés dépour-
L
’Industrie 4.0, qui signifie l'entrée Le rapport « Recommandations pour la mise en œuvre de l'initiative
dans la 4e révolution industrielle, stratégique d’Industrie 4.0 » est sorti à l’occasion de la Foire de Hanovre
est une initiative des fédérations d’avril 2013. Écrit à l’initiative d’industriels allemands, le document porte
professionnelles allemandes Bitkom un sous-titre révélateur : « Assurer l'avenir de l'industrie manufacturière
(technologies de l’information), VDMA allemande ». Voici résumées les principales recommandations.
(machine-outil) et ZVEI (électro-in-
dustrie). Leur rapport recense les huit
priorités indispensables à la réussite de
cette transition. Une plateforme Indus-
trie 4.0 (www.plattform-i40.de), issue
du concept de système cyber-physique Sur les sujets globaux : la mise en place Bien qu’ils ne soient pas explicitement
(CPS), a même été créée pour l’expéri- de projets phares est également recom- nommés, on comprend en creux que les
mentation en conditions réelles de pro- mandée pour démontrer leur validité à protocoles de communication doivent
duits et services 4.0 avant leur adoption travers des architectures de référence. trouver un langage commun, pour ne pas
définitive. Le gouvernement accom- Les architectures de référence pour- dire universel.
pagnera ce passage en soutenant des raient inclure l'ingénierie de bout en
expérimentations à hauteur de 200 mil- bout des produits, de leurs systèmes de 2. Pas de systèmes complexes
lions d'euros environ. production, des réseaux de communi-
sans virtualisation
cation pour la gestion et le contrôle de
1. Pas d’échanges efficaces procédés technologiques de fabrication Les produits et les systèmes de produc-
en temps réel. tion sont de plus en plus complexes. C’est
sans normalisation
le résultat de fonctionnalités croissantes,
Comment rassembler des sociétés aux Sur les détails, la normalisation touche de la personnalisation plus fréquente
modèles d'affaires et aux organisations quasiment tous les sujets : acquisition des produits, de l'évolution plurielle des
différentes en une approche unique et de données par les capteurs, contrôle coopérations entre les différentes entre-
commune ? Il faudra que les partenaires séquentiel, contrôle continu, données prises… La modélisation – aussi bien
s'entendent aussi bien sur des sujets glo- opérationnelles, données machine, don- de la planification des tâches que de la
baux (principes structurels, terminologie) nées de procédés, archivage, fonctions simulation des produits et systèmes pro-
que sur les détails. de planification et d'optimisation, etc. ductifs – facilite la gestion de processus
à la complexité croissante. Le recours au
Sécurité et sûreté : quelle différence ? virtuel constituera donc un point capital
de l’Industrie 4.0, d’autant plus que son
Il est utile de rappeler les différences entre sécurité et sûreté. La sécurité approche sera holistique.
désigne l'ensemble des moyens humains, organisationnels et techniques
destinés à faire face aux risques (sans but lucratif) pouvant nuire aux per- Les questions de la formation et du par-
sonnes et aux biens. Ils ont généralement une origine interne. La sûreté est
tage des meilleures pratiques doivent être
l'ensemble des moyens humains, organisationnels et techniques destinés à
faire face aux atteintes et aux nuisances mues par un besoin de profit (leur promues, notamment auprès des PME.
origine est souvent externe, ndlr). Si la sécurité est réglementée par de Le groupe de travail recommande égale-
nombreux textes et normes, ce n’est pas vraiment le cas de la sûreté. On ment la mise en place de projets phares
peut aussi parler de cyber-sécurité dès lors que l’on touche aux systèmes pour déployer et tester des méthodes et
d’informations étendus. des outils de modélisation existants afin
de montrer l’intérêt de la modélisation
L’industrie américaine est en mouvement avec un pied dans la 4e Le haut niveau de compétences des uni-
révolution industrielle. Capacité de rebondir et maîtrise des technologies versités, parmi les meilleures du monde,
de l’information sont les atouts maîtres de ce pays, qui reste encore la fournit un nombre important de person-
première puissance économique mondiale. nel très qualifié, et ce personnel a plutôt
tendance à rester sur le territoire améri-
cain par patriotisme (ou protectionnisme).
De plus, ils possèdent un état d’esprit
L
es États-Unis forment la première l’industrie pour accélérer l’innovation et conquérant, novateur et, surtout, une très
puissance industrielle mondiale préparer la migration vers la 4e révolution grande réactivité face à la concurrence
depuis la fin du XIXe siècle avec en industrielle, afin d’adapter la production à mondiale. Enfin l’industrie américaine,
valeur 1 545,4 milliards de dollars (chiffre la demande spécifique du client et revenir tout comme le pays tout entier, possède
d’affaires cumulé de l’industrie). Cepen- au tout premier plan mondial d’exporta- un avantage sur d’autres nations : une
dant, les parts de marchés de son indus- teur de produits manufacturés. Même si inébranlable confiance en soi. Et il y a de
trie ont tendance à reculer et ils ne sont l’industrie a régressé à un niveau de 12 % quoi.
plus que le troisième exportateur de pro- du PIB et que le nombre d’emplois suppri-
duits manufacturés derrière l’Allemagne més avoisine 7 millions sur les dernières Maîtrise des technologies de
et la Chine (selon COE-Rexecode). années, la stratégie américaine est claire
l’information : un atout majeur
pour une modernisation et une reconver-
Deux grandes régions composent l’indus- sion des industries. La maitrise des nouvelles technologies
trie américaine. La Rust Belt dans les (avec des entreprises qui, dans leur la
États du Nord-Est où se sont développées majorité, sont des leaders mondiaux
les industries de la première révolution tels que Cisco, Microsoft, IBM, Apple,
industrielle (sidérurgie, textile, transports), Oracle…) va leur permettre de prendre de
puis de la deuxième (automobile, pétrochi- l’avance dans les infrastructures de ré-
mie). Elle a été frappée par la désindus- seaux et la gestion des informations qui
trialisation dans les années 1970 mais sont les postes clés de la Smart-Indus-
garde toujours une place prépondérante, trie. Aujourd’hui, quelques industriels
notamment dans l’automobile, une indus- s’inscrivent parfaitement dans cette dé-
trie en reconversion. L’aubaine des gaz non marche d’innovation technologique qui
conventionnels attire d’importants inves- relie la production à l’ensemble de l’en-
tissements dans les industries chimiques treprise. Leurs innovations permettent
et pétrochimiques, dont le raffinage. aux clients de bénéficier des premiers
avantages de la Smart-Industrie et leur
Matthieu Lassalle, directeur général
La Sun Belt au Sud et à l'Ouest, plus ré- de Rockwell Automation France. donnent un avantage certain sur leurs
cente, est fondée en grande partie sur les concurrents.
nouvelles technologies et les industries Pour cela, les entreprises vont rapide-
de pointe. Aujourd’hui, l’accent est mis ment migrer vers la Smart-Industrie. En conclusion, l’industrie américaine est
sur les industries vertes. Cela leur permettra d’être plus flexibles, en mouvement, prête à plonger dans la
plus agiles, plus efficaces, plus sûres et quatrième révolution industrielle. Cer-
La modernisation industrielle surtout moins polluantes afin de mieux tains ont déjà franchi le pas, grâce notam-
répondre aux demandes des clients et ment à une politique d’investissements
est en marche
s’adapter rapidement à leurs besoins. financiers importants avec des capitaux
Les États-Unis tirent leur puissance dans publics et privés, des compétences issues
leur capacité à rebondir et à innover. Ils Les États-Unis sont armés pour entamer des meilleures universités, et des techno-
seraient prêts à investir près de 2 mil- cette révolution qui a déjà démarré chez logies fournies par des constructeurs lea-
liards de dollars dans la modernisation de certains. der mondiaux dans leur domaine.
L
e constat est posé : les briques L’Industrie 4.0 apportera des bénéfices à la fois défensifs et offen-
technologies existent déjà pour sifs. Les premiers consistent à adapter son outil productif à des tendances
faire la 4e révolution industrielle structurelles lourdes, comme le vieillissement de la population active.
et la direction à suivre pour y parvenir Les seconds à construire des unités de production les plus compétitives
est connue. L’Allemagne, qui s’y prépare qui soient.
depuis 2011, a pris le départ officiel de fa-
çon ordonnée cette année, les États-Unis
aussi mais sans véritable ligne directrice.
Et les acteurs français, prendront-ils ren-
dez-vous avec le XXIe siècle industriel ? 67 ans, poussent également à la trans- La réponse aux futures pénuries et aug-
Y aller permet de répondre à deux défis formation radicale des processus pro- mentations de prix passe par l’utilisation
structurels majeurs – vieillissement de la ductifs en Allemagne. Mais ce que vit parcimonieuse et intelligente des diffé-
population et augmentation continue du ce pays, d’autres le vivront aussi, à plus rentes ressources nécessaires à l’indus-
prix des ressources – et de prendre un ou moins longue échéance. Y compris la trie : minerai, énergie, sable (on ne le
avantage concurrentiel en adaptant les France… sait pas mais les réserves connues de
produits aux besoins réels des consom- cette matière diminuent à très grande
mateurs et en produisant agilement. Optimiser la consommation vitesse), etc.
d’énergie et de matières
Adapter l’outil productif Aux concepteurs de produits revient
premières
donc une grande responsabilité : conce-
au vieillissement
Faire des économies. C’est un leitmo- voir des produits plus économes en
de la population active
tiv ancien dans l’industrie. Il prend plus matière et moins gourmands en énergie
La quasi-totalité des pays européens ont d’ampleur aujourd’hui. La raison ? Les
fini leur transition démographique : 3 ressources, les matières premières en
personnes sur 10 auront 65 ans et plus particulier, ne sont pas infinies. À cela
en 2050. Et parmi eux, l’Allemagne est en s’ajoute la montée du niveau de vie
pointe (si l’on peut dire). Face au vieillis- moyen des habitants de pays comme
sement de la population active outre-Rhin la Chine, le Brésil, la Russie, l’Inde, le
– dont l’âge moyen va bientôt dépasser la Nigéria… Et leurs habitudes de consom-
cinquantaine d’années – il lui fallait agir mation se calent sur celles des Occiden-
pour ne pas perdre des pans entiers de taux. Tendanciellement donc, la balance
son capital industriel. Chez nos voisins, offre-demande sera de plus en plus
c’est un point déterminant de la démarche déséquilibrée avec une conséquence
Industrie 4.0. évidente : le prix des ressources croîtra
continûment.
Pour que les quinquagénaires restent
compétitifs, on va leur faciliter le travail Ce phénomène s’observe sur le terrain : la
en automatisant le maximum de tâches, volatilité des prix s’est accentuée depuis
en multipliant les robots de manutention 2005-2006. Elle a d’abord touché l’énergie
et de fabrication, au cœur du processus (pétrole, gaz…) et s’est rapidement propa-
productif et à sa périphérie (manipulation gée aux métaux et surtout aux produits
des matières premières et des produits agricoles. Après un effondrement brutal
finis en bout de chaîne)… en 2009, les prix des matières premières
ont fortement augmenté pendant hiver
Les lois Hartz, qui instaurent progressi- 2011, puis ont connu une nouvelle hausse
vement le départ de l’âge de la retraite à durant l’été 2012.
Tisser un lien fort La production agile va plus loin que le Quand l’usine numérique sera définitive-
concept du juste-à-temps, conçu pour ment opérationnelle, l’industriel résoudra
avec les clients
optimiser les stocks. Dans l’Industrie 4.0, plus facilement l’équation à laquelle il est
Parce qu’il permet de limiter les investis- le cycle de production sera scénarisé, de- confronté chaque jour, se demandant com-
sements informatiques des entreprises, puis l’introduction de la matière à trans- bien de matières premières utiliser, com-
le Cloud Computing les « autorise » à
dédier une plus grande partie de ce bud- La Commission européenne soutient l’usine numérique
get aux applications numériques. Paral-
Comment diminuer les risques techniques et manufacturiers dans l’industrie
lèlement, grâce à la puissance des outils
aéronautique alors que la tendance de fond pousse à l’accélération de l’inno-
informatiques et aux réseaux de com- vation, qui nécessite au contraire le temps de la maturation ? Le projet Arum,
munication protéiformes, les entreprises chargé d’apporter des réponses à cette question, associe 14 industriels et aca-
peuvent inverser la démarche actuelle du démiciens européens. Il a pour mission d’améliorer les systèmes de planifica-
pilotage des applications par le marketing tion et de contrôle pour la fabrication de produits complexes en petites séries,
interne par un pilotage plus direct avec les aménagements intérieurs des avions notamment. L’approche envisagée pri-
les consommateurs, notamment à l’aide vilégie la production adaptative, un système d’information de nouvelle généra-
tion associant « architecture de services » et gestion des connaissances et de
des réseaux sociaux.
multiples capteurs en lien avec le SI, dont l’une des fonctions servira de système
d’alarme avancée pour aider les industriels à réduire les risques tout en accé-
Certaines entreprises sont déjà dans lérant les cadences.
cette démarche : Nike et New Balance,
par exemple, permettent aux consom-
mateurs de personnaliser leur com-
mande par Internet, en choisissant un
modèle à partir de plusieurs dizaines
d’éléments : semelles, tiges, maintiens
latéraux, décorations, couleurs, etc. Nike
donne la possibilité d’y accoler aussi ses
initiales.
L
’importance du numérique est cru- pas dans le secteur technologique. suivant une forme moins hiérarchique
ciale pour la compétitivité des en- Qu’elles seront hyper-connectées aux et moins centralisée, sous l’effet des
treprises de demain, et leur organi- données externes et s’ouvriront pour multiples « intelligences connectées »
sation, leur système de production, leurs innover dans une optique de co-créa- et des exigences de coopération des
marchés, leur capacité d’innovation, tion de valeur avec les acteurs de leur nouvelles générations. Ces modifica-
seront dans presque tous les métiers écosystème. Qu’elles seront organisées tions sont à l’œuvre dès maintenant.
largement impactés par le numérique,
directement ou indirectement. Lors des
assises de l’entrepreneuriat organisées
par le président de la République les
entreprises et experts ont convergé sur
ces constats.
Le numérique structure
les entreprises de demain
L’environnement dans lequel les entre-
prises vont évoluer à l’horizon 2020-
2030 sera influencé par plusieurs fac-
teurs qui forgent le cadre de ce qu’on
s’accorde à nommer industries et ser-
vices intelligents. Parmi ces facteurs,
figurent la diffusion des nouvelles tech-
nologies, en particulier numériques, au
sein de la société, le travail coopératif,
la montée en puissance de productions
micro-industrielles, à la demande et
décentralisées, rendue possible par les
systèmes de production avancés. Cela
implique que les entreprises de demain
seront polymorphes, transgressant les Pascal Faure
frontières classiques entre services et
industries, valeur ajoutée matérielle et Né le 1er février 1963 à Nice. Ingénieur général des Mines.
immatérielle, entreprise technologique
Diplômé de l’École polytechnique et de l’École nationale
et non-technologique. Qu’elles seront
supérieure des télécommunications de Paris.
collaboratives et travailleront en réseau
avec l’ensemble de leur écosystème Débute sa carrière dans la R&D aux Laboratoires Bell,
(autres entreprises, acteurs institu- chez Apple Computer puis au Centre national d’études
tionnels et sociaux, clients, salariés, des télécommunications (France Télécom/CNET). Travaille
citoyens) pour concevoir, produire et dans divers ministères de 1992 à 1995. De 2007 à 2012,
distribuer leurs produits/services - et successivement nommé Vice-président du Conseil Général
dans certains cas leur propre éner- des Technologies de l’Information (CGTI), Vice-président du
gie. Qu’elles utiliseront les nouvelles Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technolo-
technologies, notamment numérique, gies (CGIET) et Vice-président du Conseil Général de l’Econo-
comme levier de création de valeur, mie, de l’Industrie, de l’Energie et des Technologies (CGEIET).
même lorsque l’entreprise n’évolue
A PUISSANCE 3 LEGRAND
ABB LENZE
ALSTOM POWER LEUZE ELECTRONIC
BALLUFF MAFELEC
BAUMER MECALECTRO
BECKHOFF AUTOMATION MOTEURS JM SAS
BIHL + WIEDEMANN MOTEURS LEROY-SOMER
BOSCH REXROTH NIDEC ASI
CONNECTION PROTECTION OMRON ELECTRONICS
CONTRINEX FRANCE PARKER HANNIFIN FRANCE
CROUZET AUTOMATISMES PEPPERL+FUCHS
DANFOSS PHOENIX CONTACT
DATALOGIC AUTOMATION PILZ FRANCE ELECTRONIC
di-soric ROCKWELL AUTOMATION
DURAG France SCHMERSAL
EATON SCHNEIDER ELECTRIC
ECOFIT SETNAG
EFD Induction SEW-USOCOME
EMERSON PROCESS MANAGEMENT SAS SICK
ENDRESS+HAUSER SIEMENS
ENERDIS SIREM
FESTO SOCOMEC
FUJI ELECTRIC EUROPE SOURIAU
FUJI ELECTRIC FRANCE SPIE
GE Energy Power Conversion France TDK-LAMBDA FRANCE
GEFRAN France TECUMSEH EUROPE
HACH LANGE FRANCE TRANSRAIL BV
IFM ELECTRONIC TURCK-BANNER
INEO ENGINEERING & SYSTEMS VEGA Technique
INVENSYS SYSTEMS FRANCE S.A.S. VINCI Energies
ITEIS WAGO CONTACT
JEUMONT Electric WEG FRANCE
KEB WEIDMULLER
Kraus & Naimer WIELAND ELECTRIC
KROHNE YOKOGAWA FRANCE S.A.S.
LANGLADE & PICARD
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