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Mémoire de Emilie Gentges - Université de Liège - Faculté d’Architecture - Année académique 2010-2011 - Prom. : Sophie Dawance - Coord. : David Tieleman
Le sommaire
1. INTRODUCTION GéNéRALE 5
2. L A RECONVERSION de la Ruhr,
Rhénanie du Nord-Westfalie,
Allemagne 6
2 [ PRESENTATION DU PROJET ]
[ 1 ] Introduction 7
[ 2 ] Décision d’intervention 9
[ 3 ] Déroulement 12
[ 4 ] Les acteurs 14
[ 5 ] Les projets 17
[ 6 ] Les financements 24
[ 7 ] Les relations de l’IBA 24
[ 8 ] Evaluation de l’intervention 26
[ 9 ] Conclusion 32
[ LE DEVELOPPEMENT DURABLE ]
[ 1 ] Présentation 34
[ 2 ] L’intégration
du Développement
durable dans le projet 36
[ 3 ] Analyse de trois réalisations 54
[ 4 ] Enseignements 74
3. L A RECONVERSION de Seraing,
Région wallonne,
Belgique 76 3
[ PRESENTATION DU PROJET ]
[ 1 ] Introduction 77
[ 2 ] Décision d’intervention 79
[ 3 ] Déroulement 81
[ 4 ] Les projets 83
[ 5 ] Les financements 88
[ 6 ] Les relations d’Eriges
[ 7 ] Evaluation de la situation actuelle
88 4. conclusion GéNéRALE 98
90
5. BIB
LIOGRAPHIE
[ LE DEVELOPPEMENT DURABLE ] ET REMERCIEMENTS 102
[ 1 ] L’intégration du Développement
durable dans le projet 92 [ 1 ] Sources 102
[ 2 ] Enseignements 97 [ 2 ] Remerciements 109
4
1. INTRODUCTION GéNéRALE
Durant des siècles, l’homme a exploité les ressources Ce qui implique donc de lourds traitements d’assai-
de la nature… Puis la nature l’a rattrapé. nissement.
Aujourd’hui, l’homme, après des centaines d’années La reconversion de ces territoires marqués par
à se servir de ressources qu’il croyait – ou voulait l’industrie représente un défi énorme sur le plan du
croire – inépuisables, commence timidement à développement durable.
s’interroger sur son empreinte écologique. Une première analyse sera appliquée au cas de
reconversion post-industrielle de la région de
5
Un peu partout en Europe, des crises touchent des la Ruhr, en Allemagne, datant des années 90.
industries et usines et les obligent à fermer leurs por- Il est considéré comme novateur et pionnier en ma-
tes, laissant ces anciens monuments faits de tôle et tière de Développement durable.
d’acier ainsi que les sols, l’air et l’eau qu’elles ont
polluées durant toute la durée des activités. Il est Les conclusions tirées de l’expérience de la Ruhr
important que nos gouvernements se préparent à y permettront ensuite une brève introduction de
faire face et entament des actions de reconversion. l’implication donnée au Développement durable à
A l’heure où l’on parle sans arrêt dans les médias de Seraing, sur base du projet formalisé dans le Master plan.
Développement durable, comment celui-ci peut-il être La Ville ayant récemment lancé un processus de
intégré dans ces démarches ? reconversion de son territoire, après un diagnostic
alarmiste à l’annonce des fermetures prochaines des
Ce mémoire tente, au travers de l’analyse de cas industries.
concrets de reconversions post-industrielles, d’ap-
procher l’implication du Développement durable dans Au fur et à mesure de l’analyse, des questionnements
une telle démarche. et hypothèses seront émis.
La reconversion va déjà dans ce sens puisque des
terres urbanisées sont réutilisées. Mais, elles sont
aussi fortement polluées par les dizaines d’années
d’exploitation, tout comme l’air et l’eau.
2. LA RECONVERSION de la Ruhr,
Rhénanie du Nord-Westfalie,
Allemagne
[ PRESENTATION DU PROJET ] Fiche technique de la Ruhr
Au début du 20ème siècle, on découvre sur ce bon marché importé. De plus, la demande de
territoire des ressources minières. Rapidement, les pétrole, en tant que source énergétique, ne cesse
exploitations s’y développent, entraînant une crois- de croître.
sance économique et démographique importante.
Entre 1905 et 1955, la population passe de 2,9 à 6,2 S’en suit une succession de fermetures des mines
millions d’habitants.2 Les industries métallurgiques et dans le bassin allemand, faisant grimper le nombre de
sidérurgiques de la Ruhr deviennent alors le moteur pertes d’emplois. Ainsi, le taux de chômage pour le
de l’économie nationale allemande. Quant à l’urba- territoire de la Ruhr augmente de plus de 60 % entre
7
nisation, elle se fait sans règles définies : les agglo- 1965 et 1980.3 C’est le début du déclin du bassin
mérations se greffent autour des noyaux villageois et de la Ruhr, le territoire perdant sa mono-structure
des sites industriels, colonisant tout l’espace. industrielle.
Préambule
Qui ?
Johannes Rau : est un homme politique ac- Chaque projet, qu’importe sa nature (bâtiment
tif pour le parti de la SPD (parti social-démo- nouveau, parc, centre économique, école),
crate allemand). Il est élu bourgmestre de apporte sa contribution aux objectifs généraux
Wuppertal à la fin des années 60. De 1977 à de l’IBA. Par ailleurs, les IBA se basent sur une
1998, il est président du parti en NRW et pre-
structure légère, dont l’existence est limitée
mier ministre de ce même Land. Il décède
dans le temps. Cette structure veille au bon
en 2006. Il tient à ce jour le record de la plus
longue présidence du Land de NRW. déroulement des projets et peut prodiguer son
aide si elle est souhaitée. de réponse que pourrait apporter une IBA.
La caractéristique d’une IBA est que son action « L’IBA rencontre d’abord une incompréhension quasi
ne se limite pas à un site fermé. L’IBA s’atta- générale ».9 Elle se heurte à un manque de confiance
que à un territoire entier. Ce lieu devient alors et d’intérêt de la part des villes.
un lieu d’expérimentation pour l’aménagement En effet, celles-ci envisagent difficilement une
et le développement. solution à un niveau intercommunal.
Heureusement les petites villes perçoivent assez
rapidement l’avantage à tirer de l’IBA ; elles s’enga-
Pourquoi ? gent donc contrairement aux grandes villes.
Ces dernières, comme Essen et Dortmund, appa-
Une exposition dans la Ruhr favorisera le passage raissent au départ presque comme des adversaires,
d’un développement industriel à un développement refusant tout partenariat. A ce moment, la responsa-
culturel. bilité du Land a été décisive : les subventions promi-
11
L’offre culturelle étant déjà présente sur le site, ses pour la réalisation des projets ont convaincu les
le travail de l’IBA consistera à relier ces offres et à grandes villes d’entrer elles aussi dans la démarche.
bousculer les mentalités afin d’attirer des visiteurs
sur d’anciens sites industriels, comme s’ils allaient Lors de la réunion d’accord, Karl Ganser réaffirme
voir de petits villages pittoresques ou des cathé- les valeurs que l’IBA portera :
drales. Le changement d’image est indispensable - Assumer son passé
si le bassin de la Ruhr veut se relever de la crise - Changer l’image par la Culture et l’Art
(récupérer de l’emploi, cesser de perdre sa population - Une volonté écologique forte
et préparer de nouveaux sites pour le développement - Un effet particulier axé sur la qualité des projets
économique de la région).
Comment ?
L’adhésion des villes étant gagnée, Karl Ganser réuni Le forum va définir 5 grands thèmes d’intervention,
autour de lui une série d’intervenants de compétences qui sont :
diverses : économique, scientifique et urbanistique • La reconstruction du parc
ainsi que des représentants communaux. Ensemble, Création d’un parc paysager le long de l’Emscherde-
ils vont délimiter la zone d’intervention et définir une puis Duisburg jusqu’à Dortmund. Celui-ci traversera
trame de travail pour l’IBA-Emscher Park. différents réseaux paysagers, sociaux et culturels.
Il sera constitué de pistes cyclables et promenades
Forum attractives et permettra de relier les différents pro-
jets et activités ponctuels entre eux. De plus, il devra
Ce groupement de personnes est un forum pour favoriser le développement de biotopes naturels.
l’expression d’idées et le dialogue entre les réseaux
économiques, sociaux et scientifiques. Il développe • La renaturalisation de la rivière de l’Emscher
des projets touchant deux échelles différentes. La L’Emscher était, avant l’industrialisation, une rivière
12
première régionale car un projet continu traversera au tracé sinueux et offrait un paysage marécageux.
les différentes communes, et une seconde locale car Mais au 20ème siècle, elle reçoit de plus en plus de
chaque commune devra récupérer les bénéfices de déchets toxiques provenant des industries environ-
l’IBA. nantes et doit être canalisée.
Des mesures d’endiguement sont prises pour éviter
une perturbation de l’écoulement.
Site d’intervention Cette rivière ressemble donc à un égout à ciel ouvert.
Sa dépollution est un élément indispensable pour
Le comité de travail s’accorde pour se concentrer sur assurer le maintien des écosystèmes dans la Ruhr.
800 km² situés le long de l’Emscher. Cette vallée est
la plus sinistrée de la région de la Ruhr. • Travailler dans le parc
Ses derniers indicateurs économiques et sociaux sont Il s’agit de retrouver de l’emploi dans des secteurs
particulièrement dramatiques. La rivière de l’Emscher autres qu’industriels. L’économie de la Ruhr va
traverse le territoire de 17 communes. Sur les devoir se tourner vers le secteur tertiaire en créant
800 km² concernés, 60% sont urbanisés ; les 40% des pôles technologiques, scientifiques et de servi-
restants ne sont pas des espaces totalement ces. De nouveaux emplois autour du parc seront
ouverts puisqu’ils sont traversés par de nombreuses aussi créés, de jeunes chômeurs formés et employés
infrastructures : autoroutes, lignes de chemin de fer, à la construction de pistes cyclables, à l’entretien des
câbles électriques, … parcs,...
Manière
• Habiter dans le parc Ces objectifs sont repris dans un Mémorandum pu-
Le forum propose de nouvelles formes d’habitat afin blié par le Ministère du Développement urbanistique,
d’offrir une meilleure qualité de vie aux habitants de l’Habitat et des Transports du Land de NRW en
de la Ruhr et de proposer des manières d’habiter mai 1988. Il est adressé aux différents acteurs : per-
orientées vers le futur, en favorisant les qualités sonnalités politiques, entrepreneurs, associations
architecturales (via des concours d’architecture), communales, et aussi aux habitants de la Ruhr. Ce
sociales et culturelles. Il promeut aussi l’offre de denier point est important car il signifie que la popu-
lieux ludiques et de rencontre pour les enfants, les lation est mise au courant et invitée à participer dès
jeunes et les adultes. le début de l’opération.
Il faut donc « éviter de nouveaux plans, et défendre Cette société à responsabilité limitée voit le jour en
une stratégie en partant uniquement de projets qui 1989 pour une durée de 10 ans. Elle est à la tête de
y répondent ».12 l’Exposition Internationale. L’IBA ne possède qu’un
budget de fonctionnement (accordé par le Land) et
Ces accords mis en place signent ne dispose d’aucun moyen d’investissement propre.
le début de l’IBA Emscher Park : Elle joue plusieurs rôles tout au long de la démarche
une Exposition Internationale d’Architecture qui et du suivi des projets. Les projets doivent première-
durera 10 ans. Le recours au terme « parc » ment répondre à une liste de critères de qualité et de
associe l’idée de nature et environnement conçus Développement durable préalablement établis.
sous toutes les formes de parcs, que ce soit
un parc naturel, un parc de loisirs ou un parc Cette liste comprend trois grands principes qui
industriel. sont :
Un concours international de design et de graphis- - Pas d’action contre la nature, chaque intervention doit
14
me s’ouvre en décembre 1989 pour la conception respecter le cycle écologique.
d’un logo pour la nouvelle IBA Emscher Park. Le prix - Respect de l’histoire : conservation, dans un premier
revient aux groupes Clivio et Greutmann qui utilisent temps, des vestiges du passé industriel, qu’ils aient ou
trois couleurs pour symboliser le concept de l’IBA : non valeur de patrimoine architectural.
le vert pour le parc paysager, le bleu pour la renatu- - Chaque réalisation doit répondre à des critères de
ralisation de la rivière et le rouge pour l’implantation qualité et d’innovation et être conçue selon des
d’un nouveau domaine économique. processus créatifs.
Le Grundstücksfond (fonds foncier régional) Sa gestion est assurée par une société immobilière
et d’aménagement de droit privé (LEG), dont le Land
En 1979, le Land crée le fonds foncier régional (FFR). Rhénanie-Westphalie détient la majorité du capital.
Celui-ci a pour but le recyclage à grande échelle
des friches industrielles. « Cet outil financier met à
disposition des financements publics destinés à la
reconversion d’anciennes entreprises, afin de leur 13. MORAILLON Sarah, « L’IBA Emscher Park (…) », p 17.
Le Kommunalverband Ruhr (KVR)
(syndicat intercommunal)
Le KVR est un syndicat intercommunal composé che fortement de celle de l’IBA. Les projets jusque
notamment des quinze entités concernées par l’IBA là réalisés par le KVR sont quasiment inexistants, ce
Emscher Park. qui pousse à remettre en question l’utilité de cette
Il s’agit d’un syndicat mis en place dans les années assemblée intercommunale.
70 dont le rôle est d’assurer le maintien d’espaces
verts et la création d’un réseau de transport unifié. Le KVR ne joue qu’un faible rôle dans l’organisation
Il est composé d’élus et financé conjointement par de l’IBA. Il se contente de coordonner le projet du
les communes et le Land. Sa démarche se rappro- parc paysager de l’Emscher Park.
16 subventionne finance
finance
[5] Les projets
14. RAU Johannes, « Kultur und Tourismus im Ruhrgebiet », dans communiqué de presse de Internationa-
les Bildungs- und Begegnungswerk, septembre 1995.
D F
C
B
A
• Eau
• Parc de l’Emscher
(dans le cadre de l’ IBA)
• Parc de l’Emscher
(prolongation dans le futur)
• Région de la Ruhr
A
• Oeuvre de Land Art
• Projets ponctuels
• Sentiers cyclistes
et pédestres
D
23
f
c
[ 6 ] LES FINANCEMENTS [7] LES RELATIONS DE L’IBA
•S ituation paysagère
L’IBA propose aujourd’hui un paysage différent d’il y
a 20 ans. Le parc de l’Emscher et les couloirs verts
33
commencent doucement à apparaître. Ils intègrent
des repères visuels, notamment à l’aide des œuvres
du Land Art qui ponctuent le paysage. Ces repères
semblent cependant toujours perdus au milieu des
infrastructures autoroutières.
•S ituation environnementale
Les 600 kilomètres d’autoroutes qui traversent la
Ruhr entrainent toujours une pollution de l’air très
importante. Mais l’implantation de stations train-
tram-bus incite doucement la population à limiter
l’utilisation de la voiture, ce qui est un plus pour l’en-
vironnement.
Quant aux sols, leur dépollution n’est malheureuse-
ment encore que superficielle.
Bien que la fin du 20ème siècle ait vu la fermeture
d’un nombre important d’industries, certaines exploi-
tations sont restées actives et polluent donc encore
l’atmosphère.
[ LE DEVELOPPEMENT DURABLE ]
[1] PRéSENTATION
Avant toute étude, je me dois de définir le terme par l’apparition des « trois piliers » : économique, éco-
« Développement durable ». logique et social. Ceux-ci doivent être conciliés dans
une perspective de Développement durable.
En effet, celui-ci a subi plusieurs modifications et in-
terprétations depuis son apparition en 1980 dans un Lors de ce même sommet, le programme de l’agenda
rapport de l’Union internationale pour la conservation 21 est adopté par les nations présentes. Il s’agit du
de la nature. A l’époque, il désigne les interactions programme que les états s’engagent à mettre en
entre écologie et économie ainsi qu’entre dévelop- œuvre en relation avec le Développement durable.
pement des pays du Nord et du Sud. On remarque dans celui-ci qu’une nouvelle donnée
vient s’ajouter aux trois piliers fondateurs : il s’agit
C’est en 1987 qu’une définition précise du Développe- de la culture.
ment durable est donnée par la Commission mondiale Cette orientation est officialisée en juin 2001 lors du
sur l’environnement et le développement, à l’initiative Sommet de Göteborg.
34
de Madame Gro Harlem BRUNTLAND, Ministre d’Etat
de la Norvège. D’où le rapport du même nom dictant Depuis, le Développement durable a été intégré dans
le Développement durable comme étant : un déve- les politiques nationales et locales. La plupart des
loppement qui répond aux besoins du présent sans états engagés ont, depuis, mis sur pied des commis-
compromettre la capacité des générations futures de sions consultatives ainsi que des programmes liés.
répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à Il existe également des programmes locaux. Ceux-ci
cette notion : le concept de « besoin », et plus parti- tentent de mettre en pratique cette devise reprise
culièrement des besoins essentiels des plus démunis, peu après la conférence de Rio :
à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et « Penser globalement, agir localement ».
l’idée des limitations que l’état de nos techniques
et de notre organisation sociale imposent sur la ca- Revenons rapidement sur les piliers qui constituent
pacité de l’environnement à répondre aux besoins le Développement durable.
actuels et à venir.22 Cette définition sert, depuis lors,
de référence. • Le pilier économique
L’économie tient une place prépondérante dans nos
En 1992 a lieu le 2ème Sommet de la Terre.23 sociétés actuelles de consommation.
Ce sommet précise concrètement le terme Dévelop- Le Développement durable suppose que le dévelop-
pement durable et suscite sa médiatisation auprès du pement économique ne se fasse pas au détriment de
grand public. La définition Bruntland est complétée l’environnement, ni de la question sociale. Pour cela,
l’économie doit maîtriser son expansion territoriale, Le Développement durable vise la préservation et
offrir un emploi à tous, avoir des modes de produc- l’amélioration de l’environnement et des ressources
tion respectueux de l’environnement, … Le déve- naturelles. Il demande une gestion durable des res-
loppement durable inclut également la promotion du sources, une lutte contre la disparition des écosystè-
commerce équitable et la valorisation de relations mes, contre la sécheresse et le déboisement. L’amé-
économiques internationales, particulièrement entre lioration de l’environnement passe par une réduction
le nord et le sud. de nos déchets de toutes natures et par une meilleure
gestion de ceux-ci.
• Le pilier social
Le Développement durable passe par la lutte contre • Le pilier culturel
la pauvreté et l’exclusion, qu’elle soit professionnelle, Comme évoqué dans le domaine social, le respect
sociale,… et l’amélioration des conditions de vie. Il de la culture est important, ainsi que sa valorisation.
garantit un accès à l’emploi, aux services, au loge- Selon l’Unesco, « la culture crée un monde riche et
35
ment, à l’éducation et à la santé pour tous. Ce pilier, varié qui élargit les choix possibles, nourrit les capa-
aussi appelé « pilier humain » vise à réduire les iné- cités et les valeurs humaines, et est donc un ressort
galités et respecter toutes les cultures. fondamental du Développement durable des commu-
nautés, des peuples et des nations ».24
• Le pilier environnemental
Ces piliers réunis et en perpétuelle interaction for-
ment le Développement durable. Ils requièrent la
P. environnemental participation de tous pour assurer sa réussite.
P. social Dév.
Durable P. économique
P. culturel
22. Page sur le Développement durable, „Développement durable“, dans Assemblée générale, [en ligne],
http://www.assemblee-nationale.fr/12/controle/delat/developpement_durable.asp (dernière consultation
Participation le 16 janvier 2011).
23. .le premier datant de 1972 sous le nom de Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain.
24. .Site de Vedura, « Encyclopédie développement durable », dans Vedura, [en ligne], http://www.vedura.
fr/encyclopedie/ (site consulté entre septembre 2009 et janvier 2011).
[2] L’INTEGRATION DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LE PROJET
Le Développement durable vise à progresser vers des L’IBA exprime clairement dans le Mémorandum de
utilisations plus rationnelles et parcimonieuses de la 1989 sa volonté de privilégier les concentrations d’ha-
terre et de ses ressources. Il faut maintenir des zones bitations et d’équipements ainsi que l’implantation de
ouvertes, dédiées à l’agriculture, au développement surfaces bâties communautaires (collectives).
de la biodiversité.
Cet objectif peut se réaliser au travers, par exemple, Sur 26 projets de « Habiter dans le parc », seuls cinq
d’implantations à faible consommation d’espace, de comptabilisent moins de 90 nouvelles habitations.
réutilisation de friches, d’une densification urbaine. Toutes réexploitent des surfaces urbaines et trois
projets seulement proposent de nouvelles construc-
■ Dans l’IBA tions de type « villa-4 façades ».
L’IBA Emscher Park a, dès le départ, pris conscience
de l’importance de l’utilisation parcimonieuse du sol. 25. Site de Vedura, « Encyclopédie développement durable ».
Les équipements communautaires peuvent être de Tous ces éléments, qu’il s’agisse de logements,
natures très différentes (maisons de jeux, maisons espaces publics ou équipements, doivent être
d’hôtes, garderies, …) mais doivent représenter au appropriables par chacun, mais aussi évolutifs. Il est
minimum 2% de l’espace habitable. essentiel que leur transformation soit possible pour
l’utilisateur. On peut citer l’évolution des logements
Ces concentrations d’habitations et d’équipements pour familles (au départ jeune couple, ensuite famille
permettent des relations de voisinage, ce qui inter- avec plusieurs enfants ; les enfants grandissent,
vient dans le pilier social du Développement dura- quittent le logement et les parents se retrouvent à
ble. nouveau à deux, voire seuls).
Le tout doit être pensé avec un souci de qualité de
• La mixité sociale et la qualité de vie vie. Sans oublier que toute nouvelle construction doit
Le 20ème siècle a vu naître des groupements d’équi- être mise en relation et dialoguer avec son environ-
pements, de logements, de zonings commerciaux, … nement proche. La création de sentiers et le partage
37
La mixité sociale est importante car elle regroupe d’espaces publics entre différents quartiers est, par
divers éléments en un lieu concentré et promet donc exemple, une bonne solution pour la mixité sociale.
son accessibilité pour tous. Cela contribue à une
bonne qualité de vie. ■ Dans l’IBA
La grande diversité des projets réalisés par l’IBA ré-
Il est important de veiller à un assortiment des fonc- pond déjà d’une certaine manière à ce critère de Dé-
tions mais aussi au mélange des populations en zone veloppement durable. Environ 3 000 rénovations et
urbaine. Pour maintenir une cohésion sociale, il faut la construction de 3 000 nouveaux logements ont eu
éviter les regroupements de types « ghettos » et, au lieu entre 1989 et 1999.
contraire, mixer des populations d’âges, de statuts,
de nationalités différents. De manière précise, il a été demandé que ces projets
Les logements et les lieux de rencontre de ces répondent à certains critères de mixité et qualité de
populations doivent être présents et diversifiés. vie comme :
Une grande esplanade minérale ne favorise (n’engen- — La création de liaisons entre les nouvelles construc-
dre) pas le même type de rencontres qu’un espace tions et les quartiers déjà existants.
végétal fortement boisé, … — L’offre variée d’habitations pour différentes
Les lieux extérieurs et éventuellement intérieurs structures de ménages et différents utilisateurs :
doivent permettre des activités de natures logements pour femmes (« Frauen bauen »),
différentes. pour petites ou grandes familles, pour familles
monoparentales, personnes isolées, personnes tre, jardins individuels, jardins à louer.
âgées, jeunes, … ainsi que 7 typologies différen-
tes d’habitat (duplex, maisons 4 façades, maisons Un échec notoire de l’IBA Emscher Park est le projet
jumelées, logements en barre, logements en îlot, de lotissement « Frauen bauen ». Celui-ci n’a pas été
appartements, lofts). respecté en terme d’évolution. Restent donc 20 ans
— Une taille de logements de 45 à 205 m². plus tard des logements trop typés et plus adaptés
— Des prix eux aussi variables puisque certains loge- au vieillissement de ses propriétaires.
ments sont subventionnés.
— Une diversité des espaces publics de par leur sta- La cité Küppersbusch de Gelsenkirchen
tut, leur taille, leur implantation, leur taux de végé- Il s’agit d’un ensemble de 270 unités de loge-
tation, leur mobilier. L’IBA impose aux projets de ments, de tailles et structures variables.
logements et à vocation commerciale un taux de Elle comprend :
50% d’espaces verts en leur sein ou à proximité - Des hauteurs de bâtiments variant de 2 à 4
38
immédiate. étages, s’adaptant ainsi aux bâtiments des
— Critères précis dans le cadre des cités : porte quartiers voisins
d’entrée individuelle (en évitant les grandes vo- - Des appartements pour personnes à mobilité
lées d’escaliers), balcon, terrasse ou véranda, salle réduite, des studios 1 personne, des habita-
de bain éclairée et ventilée naturellement, espace tions allant jusqu’à 5 chambres
semi-appropriable à l’extérieur. - Des espaces assez libres (peu de murs) de
manière à être modulables selon l’usage de
Comme expliqué précédemment, chaque projet de chacun
logements est accompagné par des installations com- - Quelques espaces extérieures transformés
munautaires (garderie, jardin d’enfants, ..). Ces instal- en jardins-potagers de location (pour les ha-
lations sont des éléments favorisants le développe- bitants des quartiers environnants)
ment de la vie sociale et des relations de voisinage. - Un grand espace vert au centre de l’îlot, bordé
de chaque côté de sentiers interdits aux véhi-
Sept implantations de nouveaux logements sont cules automoteurs
reliées à des projets du thème « Travailler dans le - D’autres espaces publics comme des cours
parc ». - Une résidence pour personnes âgées, une
garderie d’enfants et une maison des jeunes,
Une grande place est donnée à la diversité des espa- quelques installations communautaires com-
ces extérieurs : places, cours comme lieu de rencon-
me un atelier de loisirs, une maison commune
pour invités et une pièce de jeux
- Le projet encore à l’état de plan a été présen-
té à différents investisseurs, ce qui a assuré
une structure de population assez hétérogène
puisque 68% sont des logements subvention-
nés (sociaux), 23% appartiennent au secteur
privé et 10% sont des logements gérés en
coopérative.
39
• La mobilité d’implantation sur le territoire.
En terme de mobilité, l’agenda 21 admet que les Il faut faire place à la plurifonctionnalité des lieux et
transports jouent un rôle essentiel dans le dévelop- permettre à l’utilisateur des accès rapides et faciles
pement social et économique, mais qu’ils sont aussi à à son lieu de travail, aux commerces, à ses loisirs et
l’origine d’émissions nocives pour l’atmosphère, ainsi à son logement. Ensuite, il faut valoriser et favoriser
que pour l’homme. les modes alternatifs à la voiture comme les modes
doux et les transports en commun.
Il a été constaté que les émissions de gaz à effet
de serre dues au transport sont en augmentation, ■ Dans l’IBA
même si l’industrie en reste évidemment le principal Comme déjà expliqué, la Ruhr est une région extrê-
émetteur. mement dense en infrastructures autoroutières et
ferroviaires.
De plus, l’urbanisation actuelle (avec ses pôles mono-
40
fonctionnels) nous entraîne vers une dépendance à La mise en réseau de liaisons train-tram-bus réutilise
l’utilisation de la voiture excluant ceux qui n’en pos- ces infrastructures existantes. De plus, l’IBA met sur
sèdent pas : personnes à faibles revenus, mais égale- pied des parcours cyclopédiques et pédestres qui
ment enfants, adolescents et personnes âgées. permettent de relier les grands projets de la Ruhr
(Route de la culture industrielle).
Outre les conséquences directes de l’utilisation quo-
tidienne des transports, les infrastructures qu’ils Là encore, le réemploi des anciennes lignes de
nécessitent sont grands consommateurs d’espaces. chemin de fer et leur transformation en pistes cycla-
Que ce soit dans le cadre de parkings ou de routes, bles fait preuve d’une bonne maîtrise de la mobilité
ils dénaturent, fragmentent, parfois détruisent les douce. De plus, les parcours créés par l’IBA sont bien
habitats naturels et contribuent à la diminution des intégrés puisque des liaisons sont possibles entre le
espaces naturels (menacent les écosystèmes). réseau de l’IBA et celui des villes.
La diminution de l’utilisation de la voiture individuelle Mais, malgré ces quelques éléments intéressants,
fait partie des objectifs des conférences sur l’environ- l’étalement urbain incite à une utilisation importante
nement de 1991 et 2000. de la voiture.
Pour atteindre cet objectif, il faut réduire la demande. Les projets de l’IBA, implantés ponctuellement sur
Cette réduction passe premièrement par les choix tout le territoire, n’ont en rien amélioré ce critère.
Par contre, si l’on zoome sur les projets, il faut consta- • Les énergies
ter que les cahiers des charges des nouveaux loge- L’énergie est un des éléments fondamentaux du Dé-
ments imposent des voiries « calmes », c’est-à-dire veloppement durable. La Conférence de Rio promeut
étroites et réservées à une population locale. C’est l’incitation à une réduction de la consommation des
un élément qui incite à des déplacements piétons sur énergies polluantes telles que le mazout et à une ges-
de courtes distances. Le nombre limité de garages tion durable des sources d’approvisionnement. L’ère
et les places de parking regroupées des habitants du pétrole est révolue, il est temps de faire place aux
favorisent également ce type de déplacement. énergies renouvelables.
Pour y arriver, la priorité est à la réduction de la de-
Le réseau « Ruhr en vélo » mande. Différentes solutions sont énoncées comme
La « Ruhr en vélo » est un parcours que l’IBA privilégier la compacité lors de nouvelles construc-
a amorcé et que le KVR se charge de prolon- tions, favoriser la densité du bâti, par exemple la mi-
ger. Il s’agit d’un ensemble de pistes cyclables, toyenneté plutôt que l’individualité, la superposition
41
déjà existantes ou nouvelles, traversant les dif- verticale plutôt que l’étalement horizontal, etc.
férents arrondissements de la Ruhr. En 2005, Les nouvelles constructions doivent aussi tenter
la « Ruhr en vélo » comptait plus de 700 kilo- de maximiser leurs performances énergétiques, en
mètres de pistes. Des stations de location sont choisissant, par exemple, une implantation permet-
disponibles dans certaines gares et sur quel- tant de tirer parti de l’énergie solaire et évitant les
ques sites touristiques, comme la mine Zollve- déperditions calorifiques ; en isolant thermiquement
rein. Au total, il existe 22 stations de ce type l’enveloppe extérieure ; en promouvant les bâtiments
qui fonctionnent en réseau. Il est possible de à faible consommation énergétique et les bâtiments
combiner la location avec des trajets en train. passifs.
L’ensoleillement, les ombres portées et l’exposition
au vent sont autant de facteurs pouvant avoir un im-
pact sur les énergies captables dans une habitation.
La promotion de l’utilisation rationnelle de l’énergie
est tout autant applicable dans la conception d’espa-
ces publics. A nouveau, l’urbanisation compacte et
dense contribue à réduire la demande.
■ Dans l’IBA
L’IBA Emscher Park est très attentive à ce critère. Par
exemple, il est demandé que toute nouvelle construc-
tion optimise l’énergie solaire passive, tant pour les
logements que pour les bureaux.
Par ailleurs, le cahier des charges concernant
l’habitat reprend une série de facteurs favorisant
la réduction de la demande : les salles de bain doi-
vent être ventilées et éclairées naturellement, la
demande d’énergie en eau chaude et chauffage
ne peut excéder 100 à 120 kW/h par année par m².
Ce chiffre peut aujourd’hui sembler dérisoire mais
rappelons qu’à l’heure de la mise sur pied de l’IBA, la
42
conscience de l’impact de la consommation énergé-
tique était faible. Il constituait donc un pas important
vers une réduction de consommation puisqu’il dépas-
sait l’état de « prise de conscience ».
L’académie de formation de Herne
Une autre démarche est l’exigence de matériaux peu Le bâtiment basse consommation conçu par
polluants, peu coûteux en production et ayant une les architectes français Jourda et Perraudin est
certaine capacité d’élimination ultérieure. sans doute l’exemple le plus représentatif de
Enfin, une charte est mise en place dans le cadre de l’attention portée à l’énergie par l’IBA Emscher
la conception de nouveaux quartiers. Park. Celui-ci se situe à Herne, sur le site de
Celle-ci stipule les actes que doivent réaliser les nou- l’ancien complexe minier Mont Cenis, fermé
veaux habitants quant à l’utilisation rationnelle des en 1978.
énergies. Il abrite l’Académie de Formation du Ministère
de l’Intérieur du Land de NRW et comprend des
A l’échelle d’un quartier à nouveau, le recours (obli- salles de séminaires, un hôtel pour les partici-
gatoire) à des installations communautaires va dans pants, un centre communautaire avec biblio-
le sens d’une urbanisation compacte et de la diminu- thèque, des aires de lecture et un centre admi-
tion de la consommation dans le cas d’équipements nistratif pour la ville de Herne.
communautaires.
• Le patrimoine
Le patrimoine fait partie des critères de Développe-
ment durable. Qu’il soit paysager, naturel ou bâti, il
est important que ce qui nous entoure soit préservé.
Il est essentiel que tout projet tienne compte des
contraintes du site, comme le relief, la végétation,
les vues, …
Le patrimoine valorise l’identité des hommes.
La culture est, elle aussi, favorisée à l’aide du
patrimoine.
■ Dans l’IBA
L’IBA Emscher Park va conserver et même souvent
43
valoriser le patrimoine présent dans la région de la
Ruhr. Ainsi, les patrimoines bâti, naturel, paysager,
social et même culturel ont été maintenus et mis en
avant de diverses manières.
Chacune de ces fonctions est incluse dans un
bâtiment, lui-même inséré dans un grand pa- Tout d’abord, le patrimoine bâti constitue un élément-
rallélépipède rectangle constituant l’enveloppe clé de la démarche de l’IBA. Alors que les anciens
extérieure. Cette enveloppe est composée sites industriels ne présentent, à prime abord, pas
d’une structure en poteaux-poutres de bois ou peu de qualités visuelles et rappellent doulou-
et d’acier, et d’une surface de verre, parfois reusement la crise, l’IBA fait le choix de maintenir
complétée par des cellules photovoltaïques. ces anciens hauts-fourneaux, cokeries, mines, de les
Elle mesure 168 mètres de long, 75 de large restaurer et de les réaffecter plutôt que de les déman-
et 15 de haut. Apothéose de cette prouesse teler. Il s’avère même que certains bâtiments présen-
énergétique, à l’intérieur y règne un microcli- tent de grandes qualités architecturales. L’exemple le
mat de type méditerranéen (proche de celui plus représentatif est l’ancienne mine de Zollverein
de Nice). L’espace entre les bâtiments n’est qui a failli être revendue, puis démontée et qui est
jamais chauffé. Les « boîtes » elles le sont uni- finalement réaffectée dans le cadre de l’IBA.
quement durant l’hiver. Le complexe sera classée quelques années plus
tard.
Lors de la rénovation de logements, les cahiers de région devint première région d’exploitation de char-
charges exigent une préservation du caractère exté- bon au 19ème siècle et comment elle subit la crise
rieur des logements, et principalement des façades un peu plus d’un siècle plus tard.
à rue. Ces actions sont entreprises dans le but de ne
pas nuire à la valeur esthétique des cités ouvrières. Enfin, même si certains sites industriels ne présentent
pas nécessairement de valeur propre, ils conservent
Le patrimoine naturel, ainsi que la biodiversité qui une valeur presque sentimentale pour les habitants
en dépend, ont eux aussi fait l’objet d’une attention de la région de la Ruhr. En les maintenant, l’IBA per-
particulière de l’IBA. Grâce aux décennies d’exploita- met à la mémoire collective de garder des traces de
tion, la Ruhr renferme une faune et flore particulières. son passé, des traces de sa fierté. C’est ce qu’on
Dans cette région, on voit apparaître une végétation appelle le patrimoine social.
tantôt exotique (dûe aux dépôts provenant du trans-
port de charbon et autres), tantôt aquatique. De manière directe, ces transformations et reconver-
44
sions ont un impact économique puisqu’elles créent
L’IBA n’oublie pas le patrimoine paysager et va même de l’emploi temporaire (construction) et à long terme
jusqu’à le mettre à l’honneur. L’IBA Emscher Park met (accueil musée, guides, …). L’économie est égale-
en place en plusieurs endroits des escaliers (le long ment indirectement et favorablement touchée par
d’un haut-fourneau ou sur d’anciens terrils) abou- l’expansion du tourisme qui en a découlé.
tissant sur des plateformes offrant des panoramas
sur tout le paysage environnant. A la fin des années La mine Zollverein à Essen
90, l’IBA a invité environ 200 artistes à réaliser des Au début du 19ème siècle, Franz Haniel, un riche
œuvres sur le thème du « Paysage post-industriel». industriel, trouve du charbon dans la région de
On voit émerger des œuvres d’art d’artistes plus ou Katernberg (aujourd’hui banlieue d’Essen). Il
moins reconnus, comme les « Sculptures en forêt » de commence sa société d’exploitation en 1947.
l’artiste espagnol Hermann Prigan qui met en scène Dès ce moment, la société a construit 11 puits
avec la nature d’anciens éléments provenant des d’extraction et n’a cessé de prospérer.
mines proches, comme des blocs de béton et des En 1928, la GBAG (Gelsenkircher Bergwerks
pièces d’acier. AG), qui en est devenue propriétaire, décide de
faire appel à deux jeunes architectes allemands,
Ce dernier point peut également composer le patri- fraichement sortis de l’école du Bauhaus pour
moine culturel. Tout comme le musée de l’Histoire de construire de nouveaux entrepôts ainsi qu’un
la Ruhr à Essen, qui conte aux touristes comment la
• La gestion de l’eau
Alors que les océans et mers recouvrent plus de 70%
de la surface de la terre, l’accès à l’eau potable n’est
pas encore généralisé. Mais l’eau fait partie des élé-
ments essentiels au développement de la vie, c’est
pourquoi nous devons en assurer la pérennité.
douzième puits d’extraction. Il s’agit de Fritz
Schupp et Martin Kremmer. Ce puits devient Les déchets rejetés et les hydrocarbures des navi-
rapidement le symbole de l’industrie lourde res polluent les océans, engendrant l’extinction de
allemande. milliers d’espèces végétales et animales (comme les
Après la seconde guerre mondiale, Zollverein coraux). Quant à l’accès à l’eau potable, selon une
produit 2,4 millions de tonnes et devient un des étude de l’OMS publiée en 2008, 1,1 milliards de per-
plus gros producteurs d’Europe. sonnes n’en disposent pas encore. Le non-accès à un
45
Dans les années 70, la crise touche Zollverein assainissement amélioré concerne, lui, 2,6 milliards
comme beaucoup d’autres mines, et l’oblige à d’êtres humains.26
fermer définitivement ses portes au milieu des
années 80. Les objectifs du Développement durable touchent
Après l’échec d’un accord de rachat de la mine l’approvisionnement, l’assainissement, la distribution
et la menace de son démontage (sa destruc- et la gestion de l’eau. L’approche de ces différents
tion), la mine Zollverein devient le premier bâti- points peut être envisagée de macro et micro-ma-
ment à donner l’impulsion de la création d’une nière. Limiter la pollution des rivières, lacs et mers
IBA pour le territoire de la Ruhr. passe par une sensibilisation à une consommation
C’est le bureau britannique Foster & Partners raisonnée de l’eau et par l’utilisation de produits
qui est chargé de restaurer et réaffecter l’an- non-polluants. Des gestes simples permettront ainsi
cien complexe minier sur les thèmes de la d’élever le nombre d’êtres humains disposant d’eau
Culture et du Design. potable.
La mine abrite aujourd’hui le musée de la Ruhr,
diverses salles d’expositions et de spectacles
et est classée comme monument historique.
Le puits, quand à lui, a été classé en 2001
26. Site officiel de l’Unicef, « Eau, assainissement et hygiène », dans Statistiques, [en ligne],
« patrimoine mondial de l’Unesco ». http://www.unicef.org/french/wash/index_statistics.html (site consulté entre septembre 2009
et janvier 2011).
■ Dans l’IBA — L’instauration de systèmes de récupération des
La pollution de la rivière de l’Emscher constituait eaux de pluie. Un groupe d’experts de l’IBA conclut
un des éléments les plus critiques du paysage de la avant le lancement de l’Exposition que la récupé-
Ruhr. Comme expliqué précédemment, la rivière de ration des eaux pluviales en zone urbaine peut fa-
l’Emscher s’est transformée à la fin du 19ème siècle voriser l’évaporation et l’infiltration. Les nouvelles
en égout à ciel ouvert, servant de dépotoir pour les cités de l’IBA constituent les premiers projets de
centaines d’usines et mines situées le long de son récupération des eaux pluviales en Europe.
cours. Pendant des années donc, les eaux de surface
se sont mélangées aux eaux polluées et ont transité Malgré les nombreux projets de récupération des
dans 360 km de canaux avant de se déverser sans eaux de pluie qui servirent de projets-pilotes à l’Eu-
traitement dans le Rhin. rope entière, la renaturalisation de l’Emscher est un
relatif échec de l’IBA. En effet, entre 1989 et 1999,
La revitalisation de l’Emscher constitue un des cha- seulement 60 des 360 km de l’Emscher furent sépa-
46
pitres-clés du programme de l’IBA. Ses projets sont rés en eaux de surface et eaux usées. Pire encore, à
divers : peine 17 km furent renaturalisés.
— La construction de plusieurs stations d’épuration Le Parc paysager Emscher 2010 a aujourd’hui comme
afin d’assainir les eaux. Ces stations d’épuration ambition de séparer 170 km supplémentaires d’eaux
vont créer quelques emplois, sans impact signifi- usées et eaux de surface d’ici 2020.
catif sur le taux de chômage dans la Ruhr.
IBA privilégie :
- Les concentrations d’habitations
En général - Les équipements collectifs plutôt qu’individuels
50
- L a régénération des friches urbaines (achat des friches -> dépollution ->
vente) plutôt que de d’urbaniser de nouvelles surfaces
Mobilité
51
- 230 km de pistes cyclables
- 130 km de sentiers pédestres
En général
- Possibilité de connexion entre les gares et de location de vélos dans celles-ci
- Les éléments restent toutefois éloignés les uns des autres
Energies
-M
inimalisation recherchée des consommations dans les nouvelles
constructions (isolation thermique, optimisation de l’énergie solaire passive)
En général -S
ensibilisation à la réduction de consommation. Règles mises en place :
demande d’énergie en eau chaude et chauffage ne peut dépasser
100 à 120 kW/h par année par m²
-R
éduction des consommations énergétiques et donc de l’impact
Ce que cela entraîne :
environnemental de celles-ci. Importance donnée aux énergies renouvelables
Patrimoine
52
- L a préservation des traces du passé et leur utilisation comme symbole :
le maintien de bâtiments désaffectés, plutôt que leur démolition, prolonge
la mémoire des habitants
Ce que cela entraîne :
- L a création d’emplois temporaires et à long terme de par la réaffectation
(guide dans les musées, témoins de l’âge d’or de l’industrie)
- Emplois indirects découlant de l’expansion du tourisme
Gestion de l’eau
-P ossibilité d’un accès direct à la rivière mis en place dans les nouveaux
lotissements
En général - Dépollution, séparation des eaux usées et eaux claires, décanalisation
- Construction de 3 stations d’épuration
- Renaturalisation de la rivière sur certaines sections
Ce que cela entraîne : - L’implication de la population (via les collectes sélectives, le compostage)
Emplois
■ Bref historique
56
■ Le projet vient une salle de réunion pour les groupes actifs
Peter Latz conçoit le parc selon cinq composantes : et les associations d’habitants, un gazomètre de 45
mètres de diamètre devient un lieu d’apprentissa-
— Divers jardins dans le parc. Ils sont répartis ge à la plongée, le haut fourneau et les bâtiments
dans tout le parc et servent en quelque sorte alentours sont aujourd’hui des murs d’escalade, …
de lieux d’arrêt puisqu’ils ponctuent les al- De manière générale, les bâtiments sont affectés
lées. Ils sont de natures très variées avec des à de nouvelles fonctions sans toucher à leur struc-
jardins symboliques qui suscitent le souvenir, des ture de base.
jardins qui provoquent la comparaison avec l’in-
dustrie, des jardins qui sont les premiers signes — Une décontamination intégrée. Le sol est inté-
de la relance de la région, des jardins encerclés gralement affecté par des polluants et des toxines.
par des murs qui ne peuvent être vu que lorsqu’on L’assainissement fait partie de la stratégie de mise
prend de la hauteur. en œuvre de Latz. Là où la pollution est trop impor-
57
tante car comprenant des métaux lourds, l’assai-
— Des rues établissant le contact entre l’exté- nissement se fait par évacuation des terres. Mais
rieur et l’intérieur du parc. Les rues sont définies là où elle ne l’est pas trop, des espèces végétales
par des clôtures, des murs ou des allées d’arbres ayant un effet décontaminant sont plantées.
qui servent de liens entre les quartiers individuels
et l’intérieur du parc. La transformation progres-
sive des rues en chemins de promenade avec des
places et jardins invite à y entrer.
J Liaisons quartiers :
La périphérie du parc
(mur) est maintenant
percée en de nombreux
endroits afin de
permettre sa traversée
et d’être relié à toutes
les cités environnantes
APRèS
F Réaffectations : Divers C
J i
activités (sportives,
ludiques et culturelles)
se réapproprient
le complexe
H
B
E
58 F
Jardins :
Aménagement de
Réseau : Transformation jardins entretenus,
de l’anciene ligne de chemin dont l’entretien est
de fer en piste cyclable. réalisé par des anciens
celle-ci permet de traversé chômeurs reformés en
le parc de part en part et jardiniers
est connecté au réseau G
des sentiers cyclistes et
pédestres de la Ruhr
i
Paysage : Prise de conscience du paysage environnant
grâce au panorama situé au sommet d’un haut
fourneau
B
D Illumination nocturne :
Respect et valorisation
du patrimoine industriel,
ce qui contribue à
la fierté des anciens
ouvriers et des habitants
59
E
Economie : contribution au budget
d’entretien grâce à la location de salles.
Utilisation parcimonieuse du sol Patrimoine
- Réutilisation d’un ancien complexe minier - Maintien des monuments – symboles
- Réaffectation des espaces libres selon leur de l’industrie
taux de pollution ; certaines zones - Vue sur tout le paysage environnant
(non-polluées) sont notamment dédiées permise par un panorama situé au sommet
à l’agriculture d’un haut-fourneau
- Protection du patrimoine naturel
Mixité sociale et qualité de vie - Les usines représentent également
un certain patrimoine culturel
- Parc servant de lieu de vie et de rencontre
-
appropriable par la population (en regard des Gestion de l’eau
petits jardins disponibles dans les
cités ouvrières) - Nettoyage de la rivière Alte Emscher et
- Nombreux espaces de loisirs et de sports fonctionnement écologique grâce à
- Parc transformé en lieu de traversée à l’aide sa fonction d’habitat pour la faune et
de « portes » disposées sur tout le pourtour aux plantes aquatiques
du complexe
60 - Possibilité d’activités sportives (silo pour Pollution (air, sols)
plongée, murs d’escalade) et culturelles
(salles pour concerts, cinéma en plein air) - Dépollution naturelle (par plantation
d’espèces végétales)
- Dépollution artificielle (par évacuation
Mobilité
des terres)
- Grandes allées piétonnes et cyclistes
sillonnant le site
- Possibilité de traversée de part en part
Gestion des déchets
du site à l’aide de l’ancienne ligne de chemin
de fer transformée en sentiers pédestres Emploi
- Proximité de liaisons de transports en
communs (bus) - Création d’une cinquantaine de postes
- Connexion entre le parc et le réseau de pour l’entretien et la surveillance du parc
pistes cyclables et pédestres de la Ruhr (jardiniers et gardiens) – emploi dans le cadre
(Reviers Rad) d’un programme de réinsertion de chômeurs
- Création d’emplois pour les fonctions
Energies culturelles créées (guide touristique, accueil)
- Nombreux visiteurs ayant un impact direct
- Electricité nécessaire à une partie de sur l’économie touristique de la région
l’éclairage nocturne est fournie par une - Contribution à l’économie via la locations
éolienne datant des années d’exploitation de salles de spectacle et de fêtes
La participation intégrée de la population et l’at- En 1997, Jonathan Park, designer de lumière britan-
tention portée au patrimoine paysager sont sans nique, réalise l’illumination de tout le complexe aux
doute les deux facteurs les plus remarquables couleurs de l’IBA Emscher Park. Cette œuvre met en
de l’intervention du parc paysager de Duisburg. valeur le patrimoine paysager, contribuant à la fierté
Foster a veillé à connecter le parc aux nombreuses des habitants et anciens ouvriers.
cités environnantes.
Ce parc est réellement devenu un lieu d’appropriation
des habitants et des touristes, accueillant certains
week-ends jusqu’à 100 000 personnes selon les ma-
nifestations.33
■ Bref historique
A Gelsenkirchen s’ouvre à la fin du 19ème siècle la mine tite rivière, qui sera peu de temps après canalisée.
de charbon Hugo. Le paysage autour de la mine s’en L’implantation des 360 habitations est organisée en
trouve totalement modifié avec la venue de centaines cercles concentriques avec pour centre une place des
de travailleurs et l’apparition de terrils. fêtes qui ne fût jamais totalement réalisée.
Au début du siècle suivant, le constructeur de mines Dans les années 70, la cité est menacée de démolition à
Wilhem Johow construit une cité ouvrière à proxi- cause de la difficulté à louer les habitations, qui ne pré-
mité de la mine, au pied d’un terril, le long d’une pe- sentent pas les qualités requises pour des logements
de cette époque puisque ne comportant pas de salle panorama sur tout le territoire environnant, jusqu’à
de bain. La société immobilière THS, qui est propriétaire la mine Hugo. Alors que toute la cité est organisée
de nombreux logements ouvriers à Gelsenkirchen, la en cercles concentriques, Keller prévoit une rue dia-
rachète en 1983. La population habitant la cité est gonale, alignée dans l’axe des escaliers du terril et
alors en grande partie turque. aboutissant sur une place publique.
L’architecte va baser l’organisation des nouvelles
■ L’intervention de l’IBA habitations sur la présence du terril. Celui-ci est
L’IBA, en collaboration avec la société propriétaire, aménagé en promenade avec une longue rampe
lance fin des années 80 un concours d’architec- d’escaliers permettant d’accéder au sommet et
ture pour la cité Schüngelberg. Les objectifs sont d’avoir ainsi un panorama sur tout le territoire
une amélioration de la qualité de vie dans les 300 environnant, jusqu’à la mine Hugo.
logements existants et la création de 200 nouveaux Alors que toute la cité est organisée en cercles
logements, répondant à des qualités architectura- concentriques, Keller prévoit une rue diagonale, 63
les et urbanistiques modernes et apportant de plus alignée dans l’axe des escaliers du terril et abou-
larges espaces de vie. L’architecte suisse Rolf Keller tissant sur une place publique.
remporte le concours grâce à ses propositions d’orga- Il propose une typologie de bâti rappelant celle
nisation des rues, des espaces publics et des rangées des bâtiments miniers de la région. La taille des
de nouvelles habitations de 1 à 3 étages respectant le habitations varie fortement, s’adaptant au site et
gabarit des habitations existantes. Ces dernières sont aux autres constructions. Keller délimite l’espace
transformées avec l’installation de salles de bain et du public du privé par une zone tampon, que l’on
chauffage central au lieu des poêles à charbon. peut qualifier de semi-privée. Ces zones sont fa-
Les résidents sont associés au projet au cours de cilement appropriables par l’habitant. Les rues
réunions en soirée et d’événements d’information. de la nouvelle cité sont étroites et la plupart des
Le recours à un résident turc comme médiateur entre stationnements sont situés en extrémité. Les
les concepteurs et la population de même nationalité jardins de la nouvelle partie sont accessibles par
fût très important. l’arrière depuis l’intérieur de l’îlot.
Pour les anciennes habitations, en dehors des
■ Le projet améliorations portées en termes d’isolation (châs-
L’architecte va baser l’organisation des nouvelles ha- sis neufs) et de chauffage, c’est surtout la mise en
bitations sur la présence du terril. Celui-ci est aména- valeur des jardins qui est remarquable. Entre les
gé en promenade avec une longue rampe d’escaliers habitations, des percées signifiées par un portail
permettant d’accéder au sommet et d’avoir ainsi un permettent leur accès.
G
AVANT
J
P K
APRèS D Forme et gabarit : inspiration
de la typologie des bâtiments
industriels et gabarits variables
N
O
N .Parking : Regroupement des places
de parking, d’où rues dégagées et
priorité donnée aux piétons
H
64 L
O Equipements communautaires :
mise en place d’une garderie d’enfant,
d’une maison de jeunes et d’une salle
de jeux
D Implantation
Mobilité : incitation à une nouveau quartier :
mobilité lente grâce aux au centre, là où
méandres et à l’étroitesse l’espace est déjà
F des rues urbanisé ; relation
des jardins avec
étroite allée
Historique de la cité : Utilisation des tags signifiant
l’entrée dans la cité ainsi que son passé historique
Dépollution :
G séparation des eaux usées
et pluviales (système de
récupération en toiture)
Tourisme :
indication des œuvres de l’iBA
J
K Equipements communautaires : 65
mise en place d’une garderie d’enfant,
d’une maison de jeunes et d’une salle
de jeux
N : Chaque habitation a sa propre porte A : Modernisation plutôt que destruction
d’entrée A : Travail léger en façade
D : Typologies et gabarits d’habitations variés D : Vue sur le patrimoine paysager
N : Appartements, logements pour personnes D : Depuis le terril, vue sur le patrimoine bâti
âgées, logements PMR et familiaux (avec la mine Hugo)
66
D : Nombreux espaces publics D : Rappel des activités réalisées dans
D : Espaces publics aux intersections la mine Hugo et de l’histoire de la cité
entre l’ancien et le nouveau quartier (tags à l’entrée)
N : Jardins privés et collectifs
Gestion de l’eau
Mobilité N : Système de rétention et infiltration des
eaux pluviales, déversées dans le cours
N : Rues étroites d’eau en cas de nécessité
(induction d’une mobilité lente) D : Renaturalisation et accès plus direct
N : Pas de trottoir, contact direct entre (en lien avec une balade) au cours d’eau
la rue et le jardinet (espace semi-privé),
ce qui induit également une mobilité lente
N : Peu de places de parking disponibles Pollution (air, sols)
devant l’habitation, donc priorité donnée
aux piétons et à une utilisation raisonnée Gestion des déchets
de la voiture
D : Arrêt TEC dans la rue principale, à hauteur A : Emplacements extérieurs pour poubelles
de la cité prévus
D : Le projet fait partie de la Route
de la culture industrielle
Emploi
La cité ouvrière Schüngelberg présente incondition-
nellement des qualités architectures et humaines.
Avec ses rénovations et ses types d’appartements
variés (en taille, aménagements et prix), la cité
regroupe des habitants aux profils différents. Les
nombreux espaces publics et les infrastructures com-
munautaires en font un cadre de vie agréable.
Les premières approches de récupération des eaux
pluviales sont un concept totalement novateur pour
l’époque. La prise de conscience de l’importance
d’une bonne gestion de l’eau a dû frapper d’autant
67
plus les mentalités des habitants.
Quant aux actions menées en matière de mobilité
(rues étroites, pas de parking privé), il certain qu’elles
favorisent une utilisation rationnelle de voiture ; ce
qui contribue à une amélioration de l’environnement, En 1999, une oeuvre lumineuse est conçue au sommet
et donc du Développement durable. du terril.
LE PoRT iNTéRiEUR DE DUisBURG Fiche technique
Utilisation de surfaces
déjà urbanisées et
réaffectations d’anciens
bâtiments industriels
70 J K
H F
B
Patrimoine :
Valorisation du port la nuit
par un aménagement
lumineux (lui confère une
image assez « luxueuse »)
i
Typologies variables :
Nouveaux logements sont conçus
afin d’accueillir des structures variables, toujours
en recherche de la meilleure qualité de vie
(balconou terrasse obligatoire, jardins privés puis
allée et jardin collectif à l’arrière)
H
Passerelle :
connexion avec les quartiers nord et
le réseau de pistes cyclables de la Ruhr
L B Espace vert :
Aménagement
d’un grand parc
à l’intersection entre
les différents quartiers
et concept basé sur
la sauvegarde de
« ruines » industrielles
71
G Eurogate : Bâtiment
zéro-émission, actuellement
en construction ; la ballade
passant devant favorisera
le développement de
surfaces commerciales Logements : Nouveaux ensemble de logements
et l’image sert d’ « appât » implantés le long des canaux avec piétonnier
aux investisseurs en surface et parking en souterrain
(ce bâtiment répond-il F
vraiment à une démarche
de Développement
durable ?)
D
Activité économique : implantation
de nombreux ensemble de bureaux
(HoREcA, sciences, services) en lien avec l’eau
Mobilité
Ce chapitre démontre clairement la réussite de re- Là où beaucoup opposent les trois piliers du Déve-
conversion de la région de la Ruhr. Les facteurs de loppement durable et craignent que des mesures en
réussite sont multiples et touchent des domaines faveur de l’environnement ou du social nuisent au
d’actions variés. La prise en compte des différents développement économique (et inversement), l’IBA
critères du Développement durable dans le projet glo- démontre que les intérêts peuvent converger. On
bal comme dans les projets ponctuels démontre le constate d’ailleurs qu’en réfléchissant dans cette lo-
caractère durable de l’intervention de l’IBA Emscher gique, on arrive souvent naturellement à des résultats
Park. Il faut rappeler qu’à l’époque, cette attention intéressants : le maintien du patrimoine industriel,
portée au Développement durable était nettement y compris la biodiversité qui y est liée, est intéres-
moins répandue. Dès lors, le projet fait office de pion- sant sur le plan environnemental (présence de vé-
nier en la matière. Certaines mesures qui peuvent gétation typique et d’espèces animales et végétales
paraître aujourd’hui évidentes, comme la mise en rares, dépollution naturelle,…), social (préservation
place de systèmes de récupération des eaux pluvia- d’un patrimoine naturel, architectural mais aussi so-
74
les ou l’utilisation de panneaux photovoltaïques en cial, création d’espaces de vie et de rencontre, …) et
toiture, étaient alors à peu près inédites. économique (identité forte et image positive attirant
les investisseurs, développement du tourisme,…). Les
L’IBA cherche la performance tant dans le domaine investissements sont ainsi valorisés au maximum.
environnemental que social ou économique. Les
fondements mêmes du projet sont durables dans la Le projet durable de la reconversion de la Ruhr
mesure où ils visent la reconversion d’un territoire pourrait servir de modèle à beaucoup d’acteurs
déjà urbanisé. La volonté d’assurer un redéploiement réticents à l’approche du Développement durable.
économique a été réfléchie conjointement à la prise Trop souvent encore, le facteur environnemental
en compte des aspects sociaux (à travers le loge- effraie les concepteurs et nos dirigeants politiques
ment et la renaturalisation de la rivière par exem- qui fondent leur défiance sur un élément : le facteur
ple). Ainsi un même concept (projet) – par exemple, environnement demande un financement important,
l’implantation d’une promenade le long des quais du réduisant de ce fait celui accordé au développement
port intérieur de Duisburg – a un effet positif sur le économique. Selon eux, le Développement durable,
plan économique (les restaurants et cafés implantés en imposant de (trop ?) nombreuses restrictions,
le long ne désemplissent pas), social (les habitants, freine l’engagement d’investisseurs.
tout comme les travailleurs, peuvent profiter d’un es-
pace public extérieur) et environnemental (la mobilité L’IBA prouve que les marges d’actions restreintes
lente est favorisée). imposées n’ont en rien empêché l’implication
d’investisseurs privés. La prescription de règles
claires et définies dès le départ, pour tout pro-
moteur, lui indique instantanément sa ligne de
conduite et favorise un sentiment de stabilité.
Ces contraintes augmentent la confiance des acteurs
privés en leurs autorités dirigeantes, ici le Land, qui
apparaissent dès lors fortes et sûres d’elles.
Surface : 35 km²
38. Sites de l’AREBS, [en ligne], http://www.arebs.be/ (site consulté entre septembre 2009
et janvier 2011).
[1] INTRODUCTION
La ville de Seraing est située en Wallonie, en bord de Aujourd’hui, le haut-fourneau B a totalement cessé
Meuse, entre Liège et Namur. de fonctionner et le haut-fourneau n°6 est en semi-
activité. La troisième et dernière station présente à
Longtemps, Seraing est un bourg campagnard, lieu Seraing, la Cokerie, devrait cesser toute production
de villégiature des nantis liégeois et notamment des en 2025.
Princes Evêques de Liège. Au 18ème siècle, des res-
sources houillères et minières sont découvertes sur
son territoire.
77
Peu de temps après, John Cockerill y installe son en-
treprise sidérurgique éponyme. Rapidement, l’usine
de Seraing devient la plus importante au monde, en-
traînant une expansion industrielle fulgurante, d’où
une croissance économique et démographique, un
développement des services (dont un système sco-
laire lié à l’activité sidérurgique) et la structuration
d’un réseau de sous-traitants industriels dépendant,
souvent exclusivement, de l’industrie du fer et de
l’acier.
Le début du déclin sidérurgique touche Seraing dans
les années 70. S’ensuit une vague de fermetures et
de délocalisations.
Depuis, l’entreprise Cockerill n’a cessé d’être succes-
sivement intégrée dans différents groupes mondiaux
tels que Usinor en 1998, Arcelor en 2002.
Préambule
En 2001, Seraing, qui compte 60 407 habitants42 est AREBS est l’acronyme de l’Association pour
reprise dans le cadre de la Politique Fédérale des le Redéploiement Economique du Bassin Sé-
Grandes Villes (PFGV), recevant ainsi des subsides. résien. Il s’agit d’une asbl para-communale
Ces subsides sont octroyés « aux villes de plus de née en 1986. A l’époque, elle se veut être un
60 000 habitants dont certains quartiers sont précari- « centre d’information et d’aide pour les inves-
sés » et ont pour but « de développer des projets liés tisseurs, pour les entreprises existantes, pour
à l’amélioration de la vie dans ces quartiers ».43 les commerçants et le secteur tertiaire ».44
A la suite de cette annonce, face à la crise sidérurgi- Son objectif est de valoriser et améliorer l’éco-
que qui touche alors l’Europe, le Conseil communal nomie. Cela passe par une amélioration de
s’accorde pour dire qu’une action est nécessaire si l’image de Seraing, la valorisation de ses atouts
Seraing ne veut pas « plonger ». Elle décide de lancer et la promotion de nouveaux sites d’activités,
un processus de requalification urbaine et économi- en collaboration avec les acteurs économiques
que et confie cette mission à son agence économi- existants, comme la SPI.45
79
que locale : l’AREBS. Depuis lors, elle s’est vue confier plus d’une
dizaine de projets et a élargi ses compéten-
ces. Par exemple, elle dirige actuellement une
étude visant la réduction des émissions de CO2
(bilan carbone) sur le territoire et par les entre-
prises sérésiennes.
39. FANIEL J., „Seraing, une commune façonnée par les luttes“, dans Institut d’Histoire ouvrière économi-
que et sociale, 2009, n°58, p 27.
40. CARROZZO Sergio, « Seraing repense son avenir sans les hauts-fourneaux », dans Le monde diploma-
tique, janvier 2004.
41. BERNARD Alice, « Seraing – Le bourgmestre s’engage à faire créer un registre des cancers », dans
Solidaire, 7 mars 2007.
42. Site du Service public de Wallonie PRW, « Population » dans Portail environnement de Wallonie,
[en ligne], http://environnement.wallonie.be/ (site consulté entre septembre 2009 et janvier 2011).
43. Site d’Eriges, la région communale autonome de Seraing, [en ligne], http://www.eriges.be/ (site 44. Sites de l’AREBS, [en ligne], http://www.arebs.be/ (site consulté entre septembre 2009 et janvier 2011).
consulté entre septembre 2009 et janvier 2011). 45. Société Provinciale d’Industrialisation, devenue depuis SPI+.
L’AREBS réalise d’abord un diagnostic socio-éco- La vallée sérésienne est une zone de 800 hec-
nomique qui aboutit à des conclusions effrayan- tares située en bord de Meuse et peuplée de
tes : le chômage touche 23% de la population sé- 15 500 habitants. Elle représente environ un
résienne, soit près d’1/4 de la population active ; quart du territoire et de la population totale de
40% des activités économiques sont liées au seul la ville. C’est la partie du territoire qui connaît
secteur des métaux ; l’habitat présente de nom- les indices socio-économiques les plus défa-
breux logements vétustes et 20% de logements vorables : 31% de taux de chômage (contre
sociaux46. 23% en moyenne dans la commune), 7 100€
Ces résultats vont intéresser de nombreux acteurs de revenu moyen annuel par habitant (contre
comme les chefs d’entreprises actives à Seraing, 9 400), une population précarisée et isolée.
des industriels, les forces vives et des dirigeants Cette population comprend 38% des deman-
de la région. Les diverses réunions lancées par deurs d’emploi inoccupés, 46% des minimexés
l’AREBS aboutissent à l’élaboration d’un rapport de la commune et 46% de ménages de type
80
sur l’avenir sérésien et plus largement sur l’avenir « isolé ».47 L’habitat est, quant à lui, vétuste et
de Liège. Ce rapport s’intitule « Le redéploiement fortement lié au développement anarchique de
économique du Pays de Liège, méthodes et pers- l’industrie lourde.
pectives – novembre 2003 » et est coordonné par On retrouve de nombreux rez-de-chaussée
Guy Mathot et Michel Forêt, alors Ministre wallon commerciaux désaffectés et le nombre d’im-
de l’Aménagement du Territoire. meubles sous-exploités (immeubles abandon-
L’annonce, fin 2003, de la fermeture progressive nés) ou surexploités (immeubles dits « à son-
des industries sidérurgiques à chaud ne fera que nettes », marchands du sommeil…) dépasse de
confirmer la nécessité vitale d’une reconversion loin les moyennes habituelles.
économique.
Après la parution de ce rapport, les groupes de
travail se scindent selon leurs intérêts territo-
riaux : la ville de Liège et celle de Seraing. Pour
cette dernière, l’AREBS regroupe les différents ac-
teurs. Le groupe « Aménagement du territoire »
se concentre sur une zone prioritaire : la vallée
sérésienne.
47. .s.n. « Etudes urbanistiques et architecturales pour la requalification de la Vallée sérésienne
46. Chiffres tirés du site d’Eriges, la région communale autonome de Seraing. (800 ha) », rapport de la PFGV, 10 avril 2007, p 1.
[3] Déroulement
Thèmes d’intervention
Les interventions sont prévues sur une durée de Les programmes étant de natures très variées, le
trente ans et prévoient : la dépollution des sols, la déroulement du passage de l’état d’ébauche à sa
réhabilitation d’anciens bâtiments industriels, l’em- mise en œuvre diffère d’un projet à l’autre.
bellissement des entrées de ville et des berges du
fleuve, une répartition équilibrée entre l’habitat et • Le petit immobilier
des nouvelles activités économiques, une recréation Des habitations sont simplement achetées par
de liens entre les quartiers… Eriges en son nom ou pour le compte de la ville. On
L’objectif du Master plan est de reconstituer une les appelle les projets Primos. Il s’agit d’opérations
ville post-industrielle digne d’intérêt. Ainsi, certai- de rénovation d’habitations insalubres. Eriges se
nes constructions industrielles seront réaffectées, charge du rachat, rénove, réaménage et redivise par-
d’autres détruites. fois l’habitation en de nouveaux logements de bonne
Hormis le patrimoine industriel, Seraing bénéficie, qualité.
avec le Château des Princes Evêques de Liège et les Pour ces projets, Eriges agit en acteur privé.
83
Halles industrielles, d’un prestigieux patrimoine ar- La régie communale espère de cette manière mettre
chitectural. Ces deux édifices sont de plus situés sur le marché de nouveaux logements de qualité et
en entrée de ville, en bord de Meuse et proposent inciter les autres propriétaires à l’imiter.
un accès direct aux autoroutes. Un des enjeux du
Master plan va être la restructuration de cette entrée • Les opérations d’ « immobilier lourd »
de ville. Les projets sont analysés en profondeur par un ou
Une des lacunes de Seraing est qu’elle ne possède plusieurs membres d’Eriges. Ensemble, ils déter-
pas de centre-ville.51 Le Master plan prévoit donc minent une enveloppe de besoins et une autre de
une zone de concentration de commerces, activités capacités. Ces enveloppes reprennent des critères
économiques et administratives. Cette zone sera d’ordre urbanistique (intégration dans le site, respect
piétonne et bénéficiera d’un réseau de transports en du patrimoine voisin), environnemental (bonne orien-
commun. tation, récupération des énergies naturelles), archi-
tectural,… et qui varient selon chaque projet.
Sur base de ces critères établis, Eriges lance un appel
à projets. Dès réception, elle constitue un jury.52
51. Un exemple frappant est qu’actuellement, l’administration communale de Seraing s’étale sur 18 sites
différents.
52. Le jury se forme autour d’un noyau régulier, composé de la direction de la régie communale et Ce dernier évalue le respect des critères définis dans
fréquemment de l’Echevin de l’Urbanisme et du fonctionnaire-délégué de Seraing. Les autres membres
du jury sont, selon la taille et la nature du projet concerné, de fonctions ou professions très différentes :
le cahier des charges et recontacte le promoteur
politiciens, représentants de la vile, artistes, architectes, journalistes, personnes compétentes dan répondant au mieux à la demande.
Présentation du Master plan
2
Ce point propose une présentation non-exhaustive • L’affirmation d’un centre urbain
du Master plan de Seraing. Deux projets sont déjà Comme déjà souligné précédemment, le Master plan
lancés, et d’autres le seront en 2011. Parmi ces pro- prévoit la création d’un centre urbain situé au mi-
jets, on retrouve : lieu du bassin, le long de l’actuelle rue Cockerill. Il
s’agit d’une rue piétonne (sauf éventuellement TEC)
• Des axes de mobilité
1 qui s’élargit en esplanade. Elle concentre de nom-
La création d’un boulevard urbain est le trait fort du breux emplois (500 estimés par Eriges) et se situe
Master plan. Il traverse la vallée sérésienne d’Ouest au pied d’une série d’immeubles à caractère public
en Est, sur une longueur de 6,5 km. Son intention est (cité administrative) et commercial (centre commer-
de faciliter la mobilité et de générer une dynamique cial). Ces éléments, ainsi que l’ouverture prochaine
urbaine autour de l’habitat et des activités écono- d’une école de formation pour adultes, représentent
miques. « un potentiel de clientèle en centre ville susceptible
d’induire une relance de l’activité économique com-
84
Il comprendra des bandes de circulation, des espa- merciale dans la ville basse ».54
ces piétons, des pistes cyclables et sera fortement Ces nouvelles affectations, en remplacement des in-
planté. Il a pour but de relier les différents quartiers dustries, contribuent à l’amélioration de l’image de
actuellement séparés par les surfaces industrielles. l’entrée de ville depuis le pont d’Ougrée.
Une liaison train-tram sur l’actuelle ligne de chemin
de fer industrielle est envisagée. Elle permettrait de • Le développement de l’activité économique
3
relier Seraing à Liège et éventuellement Herstal. Elle En plus du centre urbain, de nombreux espaces à
traverserait dès lors elle aussi Seraing d’Ouest en Est vocation économique sont installés. Ils sont disper-
et autoriserait des haltes en trois endroits stratégi- sés et réaffectent, dans certains cas, d’anciens bâti-
ques : à l’Ouest (quartiers d’habitations), au centre ments industriels. Les sphères d’activité pouvant s’y
(à hauteur du piétonnier) et à l’Est (parc LD53). implanter sont diverses : parc PME et TPE, financier,
… et sont parfois volontairement non-figées de ma-
• De nombreux espaces verts et publics nière à laisser place à de nombreuses destinations,
Le projet prévoit un grand nombre d’espaces publics, comme c’est le cas des ateliers centraux qui présen-
dont beaucoup sont situés en bordure du boulevard tent 50 000 m² de surface utile.
urbain, à hauteur des activités économiques, cultu-
relles et commerciales. Des relations entre les quar- 53. Il s’agit d’un parc d’activités économiques mesurant 17 hectares.
54. DEMEUSE Yves., MAREK Allyson. et VEITHEN Anne.-Marie., Etude de cas concret : Le redéploiement
tiers nord et sud de la ville sont aussi envisagées de la vallée sérésienne et Lyon Confluence, travail de Master complémentaire de l’Université de Liège,
sous forme de coulées vertes. mai 2008, p 7.
• Une large offre de logements
4
En plus des habitations acquises et rénovées par
la ville et Eriges, le Master plan propose à l’heure
actuelle la construction de 1 400 nouveaux loge-
ments. Ceux-ci sont dispersés dans tout le bassin et
sont de structures différentes : appartements, loge-
ments en bande, logements jumelés.
• Un contact à l’eau
Le Master plan propose à hauteur de la place
Cockerill et jusqu’au port un aménagement des quais
permettant la promenade sur leur long, associé à de
nombreux espaces verts.
85
D
E
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B A
A
d
87
F
C
[ 5 ] LES FINANCEMENTS [6] LES RELATIONS D’ERIGES
La reconversion du bassin sérésien est amorcée L’information et la promotion vers les acteurs locaux,
grâce aux subsides accordés par le gouvernement privés et publics constituent une des missions-clés
fédéral au travers de son outil des PFGV. Ce mon- de la régie communale. Dès l’élaboration du diagnos-
tant s’élève à 19 500 000€ et est destiné à couvrir tic socio-économique en 2003, Seraing choisit de
les différentes analyses ayant mené à l’élaboration prendre contact avec les acteurs locaux et la popu-
du Master plan et aux zones prioritaires, la création lation. Ce chapitre n’illustre que quelques exemples
de la régie communale autonome et, en partie, son de la panoplie d’opérations qui se déroulent depuis
fonctionnement, les budgets alloués à la promotion quelques années à partir du Master plan.
du projet dans les salons immobiliers internationaux
et divers petits projets comme le programme de
réinsertion par le travail de demandeurs d’emploi, la La population et les acteurs locaux
création d’une commission Développement durable,
la création d’un guichet citoyen, … • L’information
88
La Région wallonne intervient, elle, au travers des En 2003, les différentes forces vives et associa-
projets du MET (Ministère de l’Equipement et des tions sont invitées à participer à des réunions de
Transports)55 et de la SRWT (Société Régionale Wal- concertation proposées par l’AREBS. Eriges sera, par
lonne des Transports). Les montants alloués à Se- la suite, chargée d’entretenir ces contacts.
raing sont de l’ordre d’un peu plus de 7 000 000 Ensuite, lors du lancement de l’appel d’offres pour
d’euros. l’étude urbanistique par un chargé d’étude, un
La ville de Seraing a co-financé les deux phases de toutes-boîtes est distribué, informant la population
l’étude urbanistique à hauteur de 950 000€, consa- des conclusions de l’étude et du désir de la ville
cre bien évidemment une partie de son budget à la d’agir.
réalisation du Master plan (achat d’habitations qui Des réunions d’information sont initiées dès fin 2004.
seront rénovées, démolition d’anciens immeubles L’AREBS y a informé plus de 2 000 personnes sur le
industriels, …) et finance l’AREBS.56 futur de Seraing.
Au final, les subsides publics représentent environs
30% des financements prévus pour le Master plan • La participation
de Seraing. Le secteur privé intervient donc à raison Mais Seraing ne s’en tient pas uniquement à la com-
des 70% restants. munication. Elle comprend l’intérêt de la participa-
tion des Sérésiens à l’élaboration de stratégies pour
55. Ce ministère de la Région wallonne n’existe plus depuis 2008 et est aujourd’hui englobé
au sein du Service Public de Wallonie.
leur avenir. L’AREBS réalise donc une série d’ « acti-
56. Chiffres tirés de DEMEUSE Yves (…), Etude de cas concret (…), p 10-11. vités » requérant la participation des habitants et des
acteurs locaux (comme Arcelor).
Deux ateliers urbains sont organisés par le bureau
Tr@me. Le premier permet la participation d’acteurs
comme Arcelor, la SPI+,… autour du thème des pos- charge aussi de rapporter des comptes-rendus sur
sibles réaffectations d’anciens bâtiments industriels. l’évolution des projets.
Le second s’adresse aux usagers du territoire séré- Eriges organise des réunions « Tuppi » (de Tuppe-
sien (habitants, étudiants ou travailleurs) qui sont in- rware) à la demande d’un ou plusieurs habitants de
vités à confronter leurs idées aux prescriptions des Seraing. Un membre d’Eriges se rend dans un lieu
chargés d’étude. (souvent une salle de comité de quartier) et y pré-
Plusieurs groupes de réflexion sont institués. Il s’agit sente le Master plan à l’aide de différents supports :
également de groupement de personnes, plus pe- le tuppi qui est un logiciel de présentation informati-
tits cette fois, réunis pour tenter d’interagir et de que, des maquettes ou des panneaux d’information.
répondre aux questions soulevées par l’élaboration Un guichet-citoyen est installé dans les différentes
89
du Master plan : « Ou trouver les financements ? Et administrations. Les citoyens peuvent y trouver di-
les promoteurs ? » Le grand nombre d’associations vers renseignements sur l’évolution de la réhabilita-
actives à Seraing aide à toucher la plus large franche tion et prendre contact avec un membre de la régie
de la population, dont les enfants et les jeunes. communale autonome.
Divers ateliers variés vont dans le même sens de la
recherche d’une vision prospective pour Seraing, Les investisseurs privés
comme par exemple dans le quartier Molinay où les
participants illustrent leur vision propre de Seraing Eriges a également pour objectif une communica-
dans 10 ans au travers de dessins ou de bricolages. tion efficace vers l’extérieur. Elle promeut le Master
plan à l’occasion de deux salons immobiliers inter-
• Les outils utilisés nationaux : le MIPIM (marché international des pro-
Une fois le Master plan élaboré, l’AREBS et par la fessionnels de l’immobilier qui se déroule à Cannes)
suite Eriges continuent à informer la population à et le MAPIC (le marché international de l’immobilier
l’aide de plusieurs outils. commercial). Les appels d’offres contribuent éga-
La presse sert régulièrement de vecteur de commu- lement à faire connaître Seraing aux investisseurs,
nication. Celle-ci informe la population générale (et promoteurs et développeurs.
donc des éventuels investisseurs) et suscite curiosité En sus, Seraing contacte les investisseurs grâce aux
et fierté chez les Sérésiens. carnets d’adresses ou en approchant directement
Le journal mensuel « La Gazette de Seraing » se des investisseurs potentiels.
[ 7 ] éVALUATION (DE LA RECONVERSION)
Ce que nous pouvons remarquer
(Les constats)
• Une volonté forte • Un acteur pertinent
Le choix d’entreprendre la reconversion de Seraing La création d’un acteur para-public tel qu’Eriges est
constitue déjà en soi un élément remarquable. Se- aussi facteur de réussite dans le cadre de Seraing.
raing va mener sa réflexion jusqu’à la création d’un Cette régie joue le rôle d’un intermédiaire fort entre
Master plan, outil rarement utilisé en Belgique, et tous les acteurs de la démarche et un rôle proactif
encore moins en Wallonie. pour la mise en œuvre du Master plan.
Le projet est ambitieux et prévoit une action à long
terme (au contraire de beaucoup de projets que le • La communication aux citoyens et
politique veut instantanés) et adaptable aux aléas de aux acteurs professionnels
l’évolution de la situation économique de Seraing. Etant un des principaux objectifs définis dès le départ
Toutefois, il faut rester vigilant car le Master plan n’a et apparaissant comme domaine de travail d’Eriges,
aucune existence légale. Sa mise en œuvre dépend l’information aux habitants sérésiens et aux entre-
donc totalement de la structure politique actuelle- prises locales a été rapidement intégrée. La variété
90
ment en place. Ce qui signifie que son avenir pour- des outils utilisés (maquette, réunions Tuppi, …) dé-
rait être modifié si la ville venait à changer de diri- montre cette volonté.
geants politiques. Heureusement, sa médiatisation et Les nombreuses forces vives présentes sur le terri-
les subsides accordés par l’Etat en font une structure toire y ont également contribué.
relativement stable.
Ce chapitre propose une analyse tenant compte des cri- • La mixité sociale et qualité de vie
tères de Développement durable déjà développés dans La reconversion de Seraing semble parfois manqué
le chapitre sur la Ruhr. Cette analyse ne prête pas de de données précis en matière de mixité sociale. Par
jugement définitif. Elle est réalisée à partir de la réunion exemple, le Master plan ne semble faire apparaître
d’une série de documents. que des habitats en bande et quelques immeubles à
appartements. Il est souhaitable que les projets de
• L’utilisation parcimonieuse du sol nouveaux logements permettront une mixité des
Il est certain que la reconversion du territoire sérésien populations, malgré le peu de différences formelles
constitue déjà un atout favorable au Développement d’habitat apparaissant dans le Master plan. L’immeu-
durable. La réaffectation de certaines halles indus- ble Neocitta I répond déjà à cette condition puisqu’il
trielles y contribue aussi. se compose en appartements de tailles et prix
Le Master plan permet difficilement d’identifier la différents.
densité accordée aux constructions. Mais la promo- En dehors de ces actions, Seraing pourrait proposer
92
tion d’un habitat développé en hauteur plutôt qu’en des espaces communautaires comme, par exemple,
bande répondrait à cette utilisation parcimonieuse du des salles de jeux ou des maisons de jeunes.
sol. En dehors de cela, les jardins privatifs pourraient
être réduits au profit de jardins communautaires, qui Neocitta I propose de nombreuses variétés d’appartements et intègre un parc
requerraient de plus petites surfaces. en intérieur d’îlot. Ces éléments favoriseront le bien-être des habitants.
Les zones vertes sont un élément apparaissant clai- Ces intentions affirment la volonté de la Ville de pro-
rement dans ce Master plan. Elles sont extrêmement mouvoir des modes de déplacement alternatifs à la
présentes et variées. Elles se déclinent en corridors voiture, mais les aménagements semblent minimes
verts, parcs et jardins et se répartissent au-delà du et ne comprennent aucun projet emblématique. La
bassin même de la Meuse, engendrant les connexions Ruhr, par exemple, a connecté tout son territoire à
entre Seraing Haut et Seraing Bas. Qu’il s’agisse d’usa- l’aide d’un réseau de pistes cyclables et pédestres.
gers des zones d’habitat ou d’activité économique, Une reproduction de ces aménagements serait inté-
tous auront accès à un espace vert dans un rayon ressante pour Seraing.
maximal de 400 mètres.
On pourrait suggérer qu’Eriges indique dans les ca- • Les énergies
hiers des charges un pourcentage minimal d’espaces Concernant l’énergie, Eriges « essaye » d’intégrer au
verts alloués et financés par les promoteurs de bâti- maximum le facteur environnement dans les appels
ments à vocation économique. Cela contribuerait au d’offre et donc préconise l’utilisation d’énergies re-
93
bien-être des travailleurs. nouvelables. Le recours à ces « nouvelles » énergies
Le Master plan prévoit aussi de nombreux espaces devrait par ailleurs devenir obligatoire pour toute nou-
publics qui promeuvent dès lors les relations humai- velle construction et toute rénovation. Alors que la
nes. Il est regrettable que les activités de loisirs n’ap- Ruhr l’intégrait déjà dans des cahiers des charges en
paraissent pas plus dans le Master plan. Ces activités 1990 (avec des maxima de consommation chiffrés), il
sont nécessaires à l’épanouissement des habitants. est essentiel que Seraing, vingt ans plus tard, réitère
ces contraintes dans tout projet.
• La mobilité La Commission de Développement durable for-
Du point de vue de la mobilité, deux grandes compo- me actuellement des guides en énergie. Ils sont
santes sont mises en place : Le boulevard urbain et la principalement chargés de la sensibilisation aux
ligne de chemin de fer. Comme évoqué, le boulevard énergies renouvelables via des campagnes de
urbain accueillera automobiles, cyclistes et piétons. promotion, des animations dans les classes et
Mais malgré ces indications, son tracé actuel (larges des visites d’expositions avec les écoles pri-
bandes) semble offrir une place privilégiée à l’auto- maires. Cette sensibilisation « active » pourrait
mobile. L’asbl UrgAgora 56, soutenue par quelques s’adresser aux adultes des nouveaux quartiers.
partis politiques (comme « Ecolo ») souhaite voir le L’IBA mettait par exemple en place des chartes de
boulevard s’élargir afin d’accueillir le tram. L’emploi respect des consommations énergétiques.
du chemin de fer pour une ligne de trains entre Liège
et Seraing serait alors inutile. 56. UrbAgora est un groupe de réflexion sur l’urbanisme et la mobilité à Liège et dans la région liégeoise.
• Le patrimoine • La gestion de l’eau
Un élément notable du Master plan de Seraing est En terme de gestion de l’eau, peu d’éléments sont
la démolition, à de rares exceptions près, des entre- mis en place. Dans les projets-mêmes, quelques me-
prises sidérurgiques. Au contraire de l’IBA Emscher sures sont prévues puisque les habitations rachetées
Park qui a maintenu et mis en valeur les monuments par Eriges et la ville favorisent autant que possible la
industriels, Seraing fait table rase et prévoit le dé- récupération des eaux pluviales. Mais ces quelques
mantèlement des bâtiments, La Ruhr a prouvé sa actions sont encore trop ponctuelles. Si Seraing es-
réussite par cette sauvegarde, une alternative est-elle père réellement obtenir un impact à long terme, il est
impossible à Seraing ? indispensable que les cahiers les charges intègrent
l’installation de systèmes de récupération des eaux
Comme l’IBA l’a réalisé, des réaffectations, plutôt que pluviales et favorisent la gestion rationnelle.
des démolitions, sont-elles envisageables à Seraing ?
Car en supprimant le patrimoine industriel, la Ville Au contraire des actions menées pour la reconver-
94
gomme aussi le patrimoine culturel et social. sion de la Ruhr (nettoyage, dépollution, traitements),
aucune mesure de grande envergure n’est réalisée
Les habitants de Seraing sont « imprégnés » de pour l’assainissement des eaux usées et polluées à
l’histoire de la sidérurgie. La tabula rasa s’opère donc Seraing.
en surface, mais pas dans la conscience collective.
• La pollution (de l’air et des sols)
Alors que la Ruhr appuie son changement d’image La reconversion de Seraing prévoit la dépollution des
sur la culture, Seraing ne prend pas compte cet sites industriels par remblais de terre. Or, il est certain
élément dans sa démarche. que la pollution des sols s’étend bien au-delà des
Celui-ci ne pourrait-il pas être intégré et même servir limites strictement administratives des sites. En sus
de base à la réflexion ? Car l’offre culturelle est bel de l’expérience de la Ruhr, et en tenant compte des
et bien présente sur le territoire. délais d’activités, il serait intéressant de dès à présent
lancer des solutions naturelles de dépollution, tel que
Par ailleurs, le patrimoine naturel ne semble nullement la plantation d’espèces agissant sur les toxines.
intégré dans la reconversion. Or il est essentiel au
développement de la bio-diversité. La Ruhr a intégré Cela ne demanderait que peu de fonds et les sites
les espèces présentes dans ses projets et a veillé à sa acquerraient de cette manière déjà des fonctions
préservation. Il serait favorable que Seraing prenne temporaires. La dépollution serait amorcée, et ce, de
dès à présent en compte les facteurs naturels. manière naturelle.
Même si les transports en commun l’amorcent déjà,
l’installation de réseaux cyclo-pédestres veillerait à la
diminution des émissions de gaz automobiles dans
l’air.
• L’emploi
La création actuelle et future d’emplois est un élé-
ment prometteur du Master plan de Seraing. Il prévoit
de nombreux nouveaux parcs économiques et des Le maintien des bâtiments industriels pourrait servir d’appui au
surfaces commerciales. Par ailleurs, le recours à des développement culturel de Seraing.
organismes favorisant l’emploi de chômeurs est une
action évidente pour l’amélioration des taux d’em-
ploi à Seraing. La formation d’adultes au chômage
est proposée par une école de Seraing. Peut-être les
projets d’espaces publics et verts pourraient-ils offrir
de l’emploi à des personnes peu qualifiées, comme
c’est le cas dans la Ruhr ?
Utilisation parcimonieuse du sol
Territoire
800 km² / 11 villes et 4 arrondissements ruraux 800 hectares / une seule ville
concerné
Populations
5 172 745 personnes 15 500 personnes
concernées
Dates Lancement en 1987 • Actions IBA : 1989-1999 Lancement en 2004 • Action : 2007 - ?
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10 ans – extrêmement rapide • Volonté d’ac- Les projets sont prêts, mais les relances
Temps
tions instantanées, mais temporaires successives de l’activité industrielle
d’action dans certains cas immobilisent les projets
2 milliards et demi d’€ dépensés, dont Plus de 25 000 000€ de subsides publics
Budget
1 milliard et demi de subsides publics annoncés (public 30% /privé 70%)
Crise touche depuis plusieurs années la Ruhr – Crise touche Seraing – fermetures
succession de fermetures d’où augmentation programmés et licenciement en cours d’où
Cause du taux de chômage et paupérisation de la augmentation du taux de chômage et
population paupérisation déjà amorcée de la population
Choix pour Utilisation des industries comme patrimoine – Tabula rasa – une fois la fermeture définitive,
industries signe de la gloire que connaissait autrefois la les industries seront démantelées et
à l’abandon Ruhr les surfaces réaffectées
Il est certain qu’une comparaison entre la reconver- De plus, les interventions impliquant les quais et le
sion post-industrielle de la Ruhr et celle de Seraing fleuve, ainsi que la mobilité, sont elles inenvisageables
est impossible, les échelles de territoire et les finan- pour la Ville, puisqu’elles sont de l’ordre de compé-
cements mis en œuvre étant trop différents. tences régionales.
Néanmoins, à la lueur des conclusions tirées du projet Par ailleurs, le Master de plan de Seraing est fragile car
de l’IBA Emscher Park, il semble réalisable d’émettre il ne dispose pas de cadre réglementaire. Il pourrait
quelques suggestions concernant tant l’avenir du ter- donc être modifié ou même abandonné si le pouvoir
ritoire sérésien que l’attention à accorder au Dévelop- politique actuellement en place venait à changer.
pement durable afin de parfaire sa réussite.
3. Utilisation d’un outil ouvert
1. Structure : Erigès versus IBa
Dans les deux cas, les dirigeants ont recours à un
Dans le cadre des deux reconversions, on remarque la outil souple, ouvert et évolutif. Se basant sur des
99
présence d’un acteur « indépendant » : le comité de grands axes de développement, il s’organise autour
l’IBA dans le cas de la Ruhr et Eriges pour Seraing. Cet d’un grand projet fédérateur : le parc paysager pour
acteur mis en place a de nombreuses compétences la Ruhr, et le boulevard urbain à Seraing. Si ce n’est
comme la mise en œuvre du projet, l’information et la pas encore le cas à Seraing, la Ruhr a fait évolué son
communication envers les participants, la promotion outil en recentrant ses objectifs lors du bilan à mi-
auprès d’investisseurs, le suivi et l’aide individuels parcours.
pour chaque projet. La création d’un tel acteur est Les intentions de l’IBA Emscher Park ont instanta-
très positive et gage de réussite. nément été reprises dans des cahiers des charges
dont avaient connaissance les investisseurs avant
2. Le territoire concerné leur engagement. Ces critères étaient exprimés de
manière précise et même chiffrée dans certains cas
La reconversion de la vallée sérésienne, au contraire (comme pour le taux de performance énergétique à
de celle de l’Emscher ne s’adresse qu’au territoire ne pas dépasser dans le cadre de construction de
d’une seule commune. En sachant que l’industrie nouvelles habitations).
s’étend sur bien d’autres communes à proximité de Eriges a de nombreuses intentions, mais celles-ci sont
Seraing, l’échelle concernée est-elle bien pertinente ? générales et non-précisées. Ce qui a pour résultat
Car quel sens le projet peut-il avoir lorsque le chan- que la ville subit plus qu’elle ne suscite (exemple du
gement d’image ne constitue qu’un faible tronçon au Cristal parc développé dans le chapitre précédent).
milieu du paysage industriel ? Seraing ne semble s’affirmer pour l’environnement
que sous forme de « désirs ». 5. La participation et la communication
Une plus grande attention et des contraintes claires
(chiffrées), notamment dans des cahiers des char- Il s’agit d’un élément essentiel à la réussite de tout
ges prédéfinis, ne pourraient qu’être bénéfique pour projet durable. Dans les deux reconversions obser-
l’économie de Seraing. vées, leur nécessité est comprise et est intégrée dans
la démarche. La Ruhr a déjà prouvé son savoir-faire
4. L’identité en la matière. Quant à Seraing, le chapitre sur les re-
lations d’Eriges prouve l’attention portée aux moyens
Alors que la Ruhr base sa reconversion complè- de communication et de participations.
te sur le maintien, Seraing fait table rase de l’âge
de l’industrie. Une proposition de Master plan 6. Le coté innovant
aurait également pu utiliser ces « chancres » ur-
bains comme porteurs de nouvelles activités. L’IBA Emsher park a innové dans différents domaines.
100
Cela aurait valorisé le patrimoine bâti, paysager et Un exemple notoire est l’installation de systèmes de
également social. Une réaffectation de ces bâtiments récupération des eaux pluviales dans les cités. Le
était-elle possible ? La culture pouvait-elle de cette recours à de telles infrastructures et la compréhen-
manière également contribuer à la nouvelle image sion de ses bénéfices est totalement novateur pour
de Seraing ? l’époque. Qu’en est-il de Seraing ? Le lancement
L’option choisie par Seraing pose la question de de la reconversion a lieu plus de vingt-cinq années
l’identité. Là où la Ruhr en a fait son ancrage iden- après celui de la Ruhr, Seraing ne semble pourtant
titaire autant que sa force d’attraction, Seraing sou- pas apporter de réelles innovations. Elle pourrait aller
haite « balayer » les références au passé industriel plus loin en termes d’énergies, de dépollution des
en supprimant la silhouette des usines, en ne tenant sols, …
pas compte du patrimoine naturel éventuellement
généré,… 7. Une reconversion économique
Cette option n’est pas à blâmer, mais est-elle réelle- La Ruhr a instantanément exprimé un projet clair
ment possible ? Gommer entièrement les traces pren- pour sa reconversion économique. La recherche, la
dra des décennies et s’avère difficile dans la mesure technologie et les sciences succèdent à l’économie
où les références au passé industriel sont omnipré- industrielle dans cette région. A Seraing, la reconver-
sentes sur le territoire, y compris dans l’habitat. sion semble s’orienter vers une mono-culture basée
Or dans son cas, par exemple, une table rase sera sur l’exploitation commerciale (centres commerciaux,
impossible. exploitation d’un centre-ville).
Suggestions
Ces conclusions me permettent de formuler quel-
ques suggestions concernant l’actuelle reconversion
sérésienne :
— une solution intégrée dans une vision globale pour
la région liégeoise pourrait être bénéfique afin de
prendre plus en compte l’environnement de la
ville de Seraing. Le bassin liégeois est structuré
de manières diverses et multiples se composant
d’un centre historique (cœur de Liège), de terri-
toires naturels, de zones d’activités économiques
et technologiques (Bierset, Hauts-Sarts), de lotis-
sements ou d’industries ;
101
— en termes d’innovation, un partenariat avec l’Uni-
versité de Liège située à quelques kilomètres du
site d’intervention pourrait être enrichissant pour
les deux parties. L’intégration d’autres politiques
déjà existantes en matière d’innovation, tel le Pro-
gramme régional Créative Wallonia57 pourrait être
également profitable ;
57. Politique globale d’innovation mise sur pied par le Ministre de l’Economie et des Technologies
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nalkunde.de/ris_index.php (dernière consultation le • CREDITS PHOTOGRAPHIQUES
16 janvier 2011). - Cd « Complexe minier Zeche Zollverein » (23, 58,
- Site sur l’IBA Emscher Park, « Das Ruhrgebiet » dans 59)
- Cd « Emscher Landschaftspark 2010 » (10, 23, 39, pole Ruhr », [en ligne], http://www.ruhrgebiet-regio-
54, 58, 59, 62, 64, 65, 68, 70) nalkunde.de/ris_index.php (23, 25, 29, 45, 71)
- Documents graphiques fournis par le bureau REI- - Site sur le MIPIM de Cannes, « Seraing », [en ligne],
CHEN et ROBERT & Associés (85, 87) http://www.mipim-liege.com/seraingv2.html (89)
- Internationale Bauausstellung Emscher Park. Die
Projekte 10 Jahre danach, Allemagne, Klartext Ver-
lag, 2008 (46, 47, 49)
[2] remerciements
- RADOMSKI Sabine et ZERRESSEN Marion, Katalog
zum Stand der Projekte. Frühjahr 1993, Allemagne, Je souhaite remercier :
IBA Emscher Park, 1993 (56, 64) - Madame Joveneau, responsable Bilan Carbone de
- Site d’Eriges, la région communale autonome de Se- l’AREBS et Messieurs Dion et Bothmann, respec-
raing, [en ligne], http://www.eriges.be/ (86, 87, 92) tivement architecte et ancien membre d’Eriges et
- Site de l’Eurogate de Duisburg, [en ligne], http:// responsable de « Emscher Landschaftspark 2010 » ;
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www.eurogate-duisburg.com/ (71) - Ma famille, qui m’a soutenue durant toute la durée
- S ite de Norman Foster, « Projects », dans de ce travail de longue haleine, pour ses encoura-
Foster+Partners, http://www.fosterandpartners. gements et corrections ;
com/Projects/ByType/Default.aspx (70) - Nicole, pour sa précieuse aide et ses conseils lors
- Site de partage de photos Flickr, « Ruhrgebiet », de la mise en page ;
« Duisburg Landschaftspark » et « European Capital - Monsieur Tieleman, pour ses interventions
of Culture 2010 », [en ligne], http://www.flickr.com/ multiples et ses paroles parfois stressantes mais
(1, 7, 23, 41, 43, 49, 59, 61, 65, 70, 71) toujours bénéfiques ;
- Site de Perraudin, « Académie de formation, Herne, - Norbert Nelles, pour son écoute et ses références
Ruhr, Allemagne », dans Perraudin architecture, [en tout au long de mes recherches.
ligne], http://www.perraudinarchitectes.com/pro-
jets/herne_allemagne/herne_allemagne.htm (43) Et un merci particulier :
- Site de photos de Belgique, « Seraing », [en ligne], - À ma promotrice, Sophie, pour son temps son
http://www.die-windmuellers.de/seraing_2005.htm implication et son entrain communicateur !
(77)
- Site de photos des hauts-fourneaux de Seraing et
Ougrée, [en ligne], http://hf6-hfb-seraing-ougree.
skynetblogs.be/ (95)
- Site officiel de Regionalkunde Ruhrgebiet, « Metro-