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Université de Rouen

Modélisation de l’atomisation d’un jet liquide


Application aux sprays Diesel

Par

Pierre-Arnaud Beau

CoRIA, École Doctorale de l’Université de Rouen

Université de Rouen
Université de Rouen

CoRIA

Cette thèse intitulée :

Modélisation de l’atomisation d’un jet liquide


Application aux sprays Diesel

Présentée par :
Pierre-Arnaud Beau

A été évaluée par un jury composé des personnes suivantes :

Alain Berlemont
Roland Borghi
François-Xavier Demoulin
Christophe Dumouchel
Mai Funk
Julien Réveillon
Olivier Simonin
ii

Table des matières

CHAPITRE 1 INJECTION DANS LES MOTEURS DIESEL 1-7

1.1 Moteur Diesel 1-7


1.1.1 Moteur à injection directe 1-7
1.1.2 Concept HCCI 1-8

1.2 Système d’injection automobiles Diesel 1-9


1.2.1 Injecteur de type Common Rail 1-9
1.2.1.1 Injecteur à sac et injecteur VCO 1-11
1.2.1.2 Stratégie d’injection 1-12
1.2.2 Conclusion 1-12

CHAPITRE 2 CONTEXTE DE L’ETUDE : LES SPRAYS 2-13

2.1 Nombres adimensionnels caractéristiques 2-13


2.1.1 Nombre de Weber We 2-13
2.1.2 Nombre de Reynolds Re 2-14
2.1.3 Nombre de Ohnesorge Oh 2-15

2.2 Instabilités liquide/gaz 2-15


2.2.1 Théorie des instabilités liquide/gaz 2-15
2.2.2 Régimes de fractionnement 2-18
2.2.2.1 Régime de Rayleigh 2-18
2.2.2.2 Régime First Wind Induced Breakup 2-19
2.2.2.3 Régime Second Wind Induced Breakup 2-19
2.2.2.4 Régime d’atomisation 2-19
2.2.3 Conclusion 2-20

2.3 Physique des sprays 2-21

ii
iii

2.3.1 Expériences de laboratoire 2-21


2.3.1.1 Observations expérimentales 2-21
2.3.1.2 Difficultés expérimentales 2-23
2.3.2 Expériences numériques 2-24
2.3.2.1 Premiers résultats 2-24
2.3.3 Conclusion 2-28

CHAPITRE 3 MODELISATION DES SPRAYS 3-29

3.1 Approche statistique : Équation de Williams 3-29

3.2 Approche eulérienne 3-30


3.2.1 Approche standard 3-31
3.2.2 Approche sectionnelle 3-31

3.3 Approche lagrangienne 3-32


3.3.1 Équation lagrangienne 3-33
3.3.2 Loi de traînée 3-33
3.3.3 Modèle de dispersion turbulente 3-34
3.3.4 Loi d’évaporation simplifiée 3-34
3.3.4.1 Modélisation du transfert de masse 3-34
3.3.4.2 Modélisation du transfert d’énergie 3-35
3.3.5 Modèles lagrangiens d’atomisation 3-36
3.3.5.1 Modèles d’atomisation primaire 3-36
3.3.5.2 Modèle d’atomisation secondaire 3-41

CHAPITRE 4 MODELE ELSA 4-45

4.1 Présentation du modèle 4-46


4.1.1 Définition de la densité moyenne de mélange 4-46

iii
iv

4.1.2 Équations de transport de la fraction massique de liquide moyenne 4-46


4.1.3 Équations de conservation de la quantité de mouvement moyenne 4-47
4.1.4 Modélisation de la turbulence diphasique 4-47
4.1.4.1 Énergie cinétique turbulente moyenne de mélange 4-48
4.1.4.2 Dissipation moyenne de mélange 4-48
4.1.4.3 Équation de transport de l’énergie cinétique turbulente moyenne de mélange 4-50
4.1.4.4 Équation de transport de la dissipation turbulente moyenne de mélange 4-50
4.1.5 Équation de transport de la densité moyenne d’interface liquide/gaz 4-51
~&
4.1.5.1 Terme de mélange Ω mélange 4-52
~&
4.1.5.2 Terme de production d’interface due aux instabilités liquide/gaz Ωinstabilités 4-52
~&
4.1.5.3 Terme de production de densité d’interface due aux contraintes Ωtensions 4-52
~&
4.1.5.4 Terme de production de densité d’interface due au breakup Ωbreakup 4-52
~&
4.1.5.5 Terme de destruction de densité d’interface due à la coalescence Ωcoalescence 4-52

4.2 Transition entre le calcul eulérien en zone dense et le calcul lagrangien en zone
diluée 4-52
4.2.1 Critère de transition 4-54
4.2.2 Vitesse des particules 4-54
4.2.3 Diamètre des particules 4-54
4.2.4 Nombre de gouttes injectées par cellule de transition 4-55
4.2.5 Position des particules injectées 4-55

CHAPITRE 5 MODELE QUASI MULTIPHASIQUE 5-57

5.1 Équation exacte pour le flux turbulent de liquide ρui′′y′′ 5-59


5.1.1 Équations exactes de conservation de la masse et de la quantité de mouvement pour
un fluide monophasique 5-60
iv
v

5.1.2 Équations locales de conservation de la masse et de la quantité de mouvement pour


un fluide constitué d’une phase liquide et d’une phase gaz 5-60
5.1.3 Équation exacte de conservation de la masse de liquide 5-61
5.1.4 Équation exacte de conservation de la quantité de mouvement de la phase liquide
5-62
5.1.4.1 Cas A : cas général 5-63
5.1.4.2 Cas B : Mélange monophasique 5-64
5.1.4.3 Cas C : Mélange diphasique 5-64
5.1.4.4 Remarques 5-65
5.1.5 Équation non fermée du flux turbulent de liquide 5-65
5.1.5.1 Cas B : Mélange monophasique 5-66
5.1.5.2 Cas C : Mélange diphasique 5-68
5.1.5.3 Détail de l’équation exacte du flux turbulent de liquide 5-68
5.1.5.4 Remarques 5-70

5.2 Fermetures de l’équation de transport du flux turbulent de liquide 5-71


5.2.1 Modèle de turbulence à densité variable, modèle monophasique 5-71
5.2.2 Modélisation issue de la fermeture diphasique eulérienne 5-72
5.2.2.1 Équation de la vitesse moyenne de liquide obtenue à partir des équations
eulériennes 5-72
5.2.2.2 Équation fermée pour le flux turbulent de liquide obtenue à partir des fermetures
multiphasiques classiques 5-73
5.2.3 Modélisation issue de la fermeture diphasique lagrangienne 5-75
5.2.3.1 Équation de la vitesse moyenne de liquide obtenue à partir des équations
lagrangiennes 5-76
5.2.3.2 Équation pour le flux turbulent de liquide moyen 5-77
5.2.4 Comparaison des fermetures proposées 5-77
5.2.4.1 Comparaison des équations de la vitesse de liquide moyenne 5-77
5.2.4.2 Comparaison des équations du flux turbulent moyen de liquide 5-78
v
vi

5.2.4.3 Modélisation retenue 5-79

5.3 Équivalence mathématique entre l’approche diphasique et l’approche quasi


multiphasique 5-82
5.3.1 Approche quasi multiphasique 5-82
5.3.2 Équivalence entre les approches multiphasique et quasi multiphasique 5-82
5.3.3 Avantage de la méthode quasi multiphasique 5-83
5.3.3.1 Code monophasique 5-83
5.3.3.2 Phase dispersée et phase portante 5-84
5.3.3.3 Lien avec les approches turbulentes 5-84

CHAPITRE 6 MODELISATION DU TRANSPORT D’UNE INTERFACE 6-86

6.1 Introduction 6-86


6.1.1 Aire interfaciale et densité d’interface liquide/gaz 6-86
6.1.1.1 Formulation physique 6-86
6.1.1.2 Formulation mathématique 6-87
6.1.2 Équation exacte de transport de la densité d’interface liquide/gaz 6-87
6.1.3 Transport d’interface réactive : surface de flamme 6-87
6.1.3.1 Équation exacte de transport d’interface réactive [Candel, 1990] 6-88
6.1.3.2 Modélisation standard de l’équation de transport de la densité moyenne de surface
de flamme 6-89

6.2 Modélisation du transport d’interface liquide/gaz 6-90


6.2.1 Adaptation des modèles d’évolution de gouttes ou de bulles 6-91
6.2.1.1 Modélisation proposée par Iyer [Iyer, 2003] 6-91
6.2.1.2 Modélisation proposée par Wan [Wan, 1999] 6-95
6.2.1.3 Modélisation des écoulements à bulles 6-97
6.2.2 Modélisations sans hypothèse de phases dispersées 6-98
6.2.2.1 Modélisation d’un spray coaxial [Vallet, 2001] 6-99
vi
vii

6.2.2.2 Modélisation d’un spray coaxial [Jay, 2003] 6-100


6.2.3 Bilan sur les modèles de transport de densité d’interface 6-103

6.3 Analyse de la densité d’interface à travers quelques cas limites 6-104


6.3.1 Forme générale de la fonction densité d’interface liquide/gaz 6-104
6.3.2 Diamètre constant 6-107
6.3.3 Diamètre d’équilibre par collision 6-108
6.3.4 Diamètre correspondant à la longueur turbulente 6-109

6.4 Développement de l’équation de transport de la densité moyenne d’interface


liquide/gaz 6-110
~~
∂ρ ΩU j
6.4.1 Terme d’advection 6-111
∂x j

6.4.2 Terme de diffusion de la densité d’interface



∂x j
( (~ ~ ~
ρ Ω U j − U Ω, j )) 6-113

~&
6.4.3 Terme de mélange Ω mélange 6-113
~&
6.4.4 Terme de production d’interface due aux instabilités liquide/gaz Ωinstabilités 6-114
~&
6.4.5 Terme de production de densité d’interface due aux contraintes Ωtensions 6-114
~&
6.4.6 Terme de production de densité d’interface due aux collisions Ωbreakup 6-115

6.4.6.1 Temps caractéristique de collision τ coll 6-115

6.4.6.2 Vitesse caractéristique de collision ∆Vcoll 6-117


~&
6.4.7 Terme de destruction de densité d’interface due à la coalescence Ωcoalescence 6-117
6.4.7.1 Diamètre critique 6-118
6.4.7.2 Expression du terme de destruction due à la coalescence 6-120
6.4.8 Conclusion 6-120

vii
viii

CHAPITRE 7 APPLICATIONS ET RESULTATS 7-122

7.1 Validation à partir de calculs de simulation numérique directe 7-123


7.1.1 Présentation de la simulation numérique directe (DNS) 7-123
7.1.1.1 Méthode de calcul 7-123
7.1.1.2 Cas de calcul DNS 7-125
7.1.2 Comparaison ELSA DNS 7-126
7.1.2.1 Cas de calcul ELSA 7-127
7.1.2.2 Comparaison 7-128

7.2 Analyse du comportement de l’équation de transport de la densité d’interface


liquide/gaz 7-137
7.2.1 Densité d’interface liquide/gaz 7-137
7.2.2 Diamètres moyen de Sauter et critiques 7-139
7.2.3 Terme source de l’équation de la densité d’interface liquide/gaz 7-141
7.2.4 Vitesse d’agitation de la phase liquide 7-143
7.2.5 Temps caractéristiques de collision 7-145

7.3 Cas de validation globale : Bombe IFP 7-147


7.3.1 Expérience 7-147
7.3.2 Présentation du calcul 7-149
7.3.2.1 Maillage 7-149
7.3.2.2 Conditions d’injection 7-150
7.3.2.3 Modélisation retenue 7-151
7.3.3 Cas testés 7-151
7.3.4 Résultats 7-152
7.3.4.1 Cas de référence 7-152
7.3.4.2 Variation de la masse volumique de l’air (Cas A) 7-153
7.3.4.3 Variation de la température de l’air (Cas B) 7-154
viii
ix

7.3.4.4 Variation de la pression d’injection (Cas C) 7-154


7.3.5 Comparaison Modèle lagrangien/ELSA 7-155

7.4 Application dans des conditions moteur Diesel 7-156


7.4.1 Compatibilité avec le modèle de combustion ECFM3Z 7-156
7.4.2 Modification de la stratégie de maillage moteur 7-158

7.5 Cas de validation Wu et al. 7-160


7.5.1 Conditions expérimentales 7-160
7.5.2 Conditions numériques 7-161
7.5.3 Résultats 7-161

Annexe 1 Modélisation du flux turbulent [Bailly, 1987] 7-170

Annexe 2 Propriétés des distributions 7-173

Annexe 3 Équations eulériennes de la phase liquide obtenues à partir de l’équation


lagrangienne 7-181

ix
x

Liste des tableaux

Tableau 1 Comparaison des termes des équations de transport de la vitesse de liquide


obtenues par Drew et Simonin 5-78
Tableau 2 Comparaison des termes des équations de transport du flux turbulent de liquide
5-79
Tableau 3 Tableau récapitulatif des équations résolues dans le modèle quasi multiphasique
5-82
Tableau 4 Tableau comparatif des modèles quasi multiphasique et multiphasique 5-83
Tableau 5 Tableau récapitulatif des équations résolues dans le modèle ELSA 7-122
Tableau 6 Caractéristiques de la simulation numérique directe [Ménard, 2006] 7-125
Tableau 7 Constantes de modélisation de l’équation de transport de la densité d’interface
liquide/gaz 7-128
Tableau 8 Constantes de modélisations de l’équation du flux turbulent de liquide 7-135
Tableau 9 Conditions d’injection du cas de référence 7-152
Tableau 10 Conditions expérimentales utilisées dans l’expérience de Wu [Wu, 1984] 7-160

x
xi

Liste des figures

Figure 1 Moteur Diesel à injection directe 1-8


Figure 2 Moteur Diesel à injection indirecte 1-8
Figure 3 Schéma de principe d’un injecteur Common Rail 1-10
Figure 4 Injecteur à sac (à gauche) et injecteur VCO (à droite) 1-11
Figure 5 Schéma de principe de la théorie des instabilités liquide/gaz 2-16
Figure 6 Schéma des différents régimes de rupture d’un jet liquide 2-20
Figure 7 Images des différents régimes de rupture d’un jet liquide [Crowe, 2006] 2-20
Figure 8 Sprays obtenus pour des diamètres d’injecteurs identiques et des nombres de
Reynolds dans la buse différents [Stahl, 2005] 2-22
Figure 9 Cavitation dans un injecteur transparent [Saliba, 2005] 2-23
Figure 10 Développement du jet liquide [Ménard, 2006] 2-25
Figure 11 Comportement de l’interface liquide/gaz [Ménard, 2006] 2-26
Figure 12 Jet liquide complet, Zone dense du jet liquide, Zone détachée de la zone dense
[Ménard, 2006] 2-27
Figure 13 Formes typiques de structures liquides (gouttes sphériques, ligaments, formes
complexes) [Ménard, 2006] 2-27
Figure 14 Schéma de principe du modèle de Reitz 3-38
Figure 15 Schéma descriptif du bag breakup 3-42
Figure 16 Schéma descriptif du stripping breakup 3-43
Figure 17 Schéma de principe de la transition entre le calcul eulérien dans la zone dense et le
calcul lagrangien dans la zone diluée 4-53
Figure 18 Schéma explicatif de la procédure d’injection des nouvelles classes dans une cellule
de transition 4-56
Figure 19 Résultats de couplage eulérien/lagrangien 4-56
Figure 20 Nuage de gouttes en mouvement dans un gaz, en moyenne, au repos 5-58
Figure 21 Conservation de la masse de liquide à travers une interface liquide/gaz vaporisante
5-62

xi
xii

Figure 22 Schéma des fonctions indicatrices du milieu 5-63


Figure 23 Schéma de la fonction indicatrice de l’interface liquide/gaz 5-70
Figure 24 Densité d’interface liquide/gaz 6-86
Figure 25 Densité interfaciale liquide/gaz en fonction de la fraction volumique de liquide, DNS
en noir et Équation Eq. 6-33 en rouge ( d g = 8µm et db = 20µm ) 6-106

Figure 26 Évolution du diamètre moyen de Sauter le long de l’axe de l’injecteur 6-112


Figure 27 Schéma du principe de collision de Vallet [Vallet, 2001] 6-118
Figure 28 Comportement de l’interface liquide/gaz 7-126
Figure 29 Maillage du cas de comparaison ELSA DNS 7-127
Figure 30 Comparaisons, entre les calculs DNS (en haut) et ELSA (en bas), des champs
moyens de fraction volumique de liquide, de densité d’interface liquide/gaz, de flux turbulent de
liquide et d’énergie cinétique turbulente (de gauche à droite) 7-129
Figure 31 Profils axiaux de la vitesse de mélange moyenne 7-130
Figure 32 Profils axiaux de la fraction volumique de liquide moyenne 7-131
Figure 33 Profils radiaux de la fraction volumique de liquide moyenne 7-131
Figure 34 Profils axiaux de la densité d’interface liquide/gaz moyenne 7-132
Figure 35 Profils radiaux de la densité d’interface liquide/gaz moyenne 7-133
Figure 36 Profils axiaux de l’énergie cinétique turbulente de mélange moyenne 7-133
Figure 37 Profils radiaux de l’énergie cinétique turbulente de mélange moyenne 7-134
Figure 38 Profils radiaux du flux turbulent de liquide moyen 7-135
Figure 39 Schéma du spray calculé 7-137
Figure 40 Profil axial de la densité d’interface liquide/gaz 7-138
Figure 41 Profils radiaux de la densité d’interface liquide/gaz 7-139
Figure 42 Profils axiaux des différents diamètres 7-140
Figure 43 Profils radiaux des différents diamètres 7-141
Figure 44 Profils axiaux des termes source de l’équation de densité d’interface liquide/gaz
7-142

xii
xiii

Figure 45 Profils radiaux des termes source de l’équation de densité d’interface liquide/gaz
7-143
Figure 46 Profils axiaux des vitesses d’agitation de la phase liquide 7-144
Figure 47 Profils radiaux des vitesses d’agitation de la phase liquide 7-145
Figure 48 Profils axiaux des temps caractéristiques de collision 7-146
Figure 49 Profils radiaux des temps caractéristiques de collision 7-146
Figure 50 Schéma expérimental de la bombe IFP [Verhoeven, 1998] 7-147
Figure 51 Images obtenues du spray vaporisant dans la bombe IFP [Verhoeven, 1998] 7-149
Figure 52 Mesure de la pénétration liquide 7-149
Figure 53 Maillage de la bombe IFP 7-150
Figure 54 Profil de vitesse d’injection et Profil de débit de carburant 7-150
Figure 55 Pénétrations liquide et vapeur (Cas de référence) 7-152
Figure 56 Pénétrations liquide et vapeur (Cas A) 7-153
Figure 57 Pénétrations liquide et vapeur (Cas B) 7-154
Figure 58 Pénétrations liquide et vapeur (Cas C) 7-155
Figure 59 Comparaison entre les modèles lagrangien (DDM) et ELSA (Cas A et C) 7-156
Figure 60 Champ de température dans la bombe IFP une milliseconde après injection (en bleu
800 K , en rouge 1500 K ) 7-158
Figure 61 Stratégies de maillage du secteur moteur 7-158
Figure 62 Maillage de la partie haute du secteur moteur 7-159
Figure 63 Adaptation du maillage mobile 7-159
Figure 64 Maillage du cas de calcul [Wu, 1984] 7-161
Figure 65 Profils radiaux de vitesse axiale de liquide à 600 diamètres 7-162
Figure 66 Profils radiaux de vitesse axiale de liquide à 400 diamètres 7-163

xiii
xiv

Nomenclature
Lettres grecques

θ Angle
κ Courbure
Ω Densité massique d’interface liquide/gaz
Σ Densité volumique d’interface liquide/gaz
ε Dissipation turbulente
τ Échelle de temps
δ Fonction Dirac ou symbole de Kronecker
σ Tension de surface
ν Viscosité cinématique
π Viscosité dynamique

Lettres latines

A Aire interfaciale
D Coefficient de diffusion
C Constante
R Constante des gaz parfaits
x Coordonnées d’espace
N Densité volumique de gouttes
d Diamètre
L Échelle de longueur
k Énergie cinétique turbulente
f Fonction densité de probabilité
h Fonction Heaviside
F Force
Y Fraction
m Masse
xiv
xv

Oh Nombre d’Ohnesorge
Nu Nombre de Nusselt
Re Nombre de Reynolds
Sc Nombre de Schmidt
Sh Nombre de Sherwood
n Normale
P Pression
r Rayon
a Rayon de la colonne de liquide
S Surface
T Température
t Temps
M Terme de transfert de quantité de mouvement
U,V,W Vitesse
J Rapport de quantité de mouvement

Indices

bu Breakup
coll Collision
crit Critique
d Goutte
b Bulle
eff Efficace
eq Équivalent
g Gaz
i, j, k Direction de l’espace
inj Injection
Int Interface
xv
xvi

l Liquide
m Masse
p Particule
r Relatif
S Surface
t Turbulent
vap Vapeur

Moyenne

[φ ]C Distribution correspondant à la fonction définie sur tout le domaine sauf à


l’interface
φ ′′ Fluctuation de Favre
φ′ Fluctuation de Reynolds

φ Moyenne d’ensemble
~
φ Moyenne de Favre

φ Moyenne de Reynolds

[φ ]SS +− Saut à la traversée de l’interface dans le sens de la normale

Lorsqu’un symbole ne correspond pas, dans la suite, à la définition ci-dessus, celle-ci est
précisée directement dans le texte.

xvi
Introduction
Les contraintes actuelles, écologiques et économiques, imposent aux constructeurs
automobiles de réduire la consommation et la pollution des moteurs Diesel. En effet, les
normes de pollution sont de plus en plus draconiennes. Les attentes des conducteurs en termes
d’agrément de conduite et de performances sont elles aussi très importantes. Un moteur
automobile doit être aujourd’hui propre, efficace et performant.

Pour améliorer ces nouveaux moteurs Diesel, il faut comprendre finement les
phénomènes physiques mis en jeu et en particulier l’injection. Les méthodes de diagnostics
optiques permettent aujourd’hui de connaître les écoulements rencontrés dans ces moteurs
mais ne permettent pas encore d’avoir accès à une représentation fine en trois dimensions. En
particulier, les sprays Diesel sont optiquement denses et il reste difficile d’avoir accès à la
zone proche de l’injecteur dans laquelle l’atomisation, la dispersion et la vaporisation initiales
du carburant ont lieu. Cette remarque est d’autant plus vraie que l’analyse expérimentale du
spray doit se faire dans des conditions de fonctionnement du moteur Diesel. Une autre voie
d’analyse de la physique et, par là, d’optimisation des moteurs Diesel à injection directe est la
simulation numérique.

La simulation numérique permet d’avoir accès à l’ensemble de l’écoulement dans la


chambre de combustion mais aussi en amont (admission, écoulement dans l’injecteur…). Il
existe différents outils de simulation numérique 3D :

- La simulation numérique directe (DNS pour Direct Numerical Simulation)). Il s’agit


de simuler directement les équations de Navier Stockes, sans utiliser aucune modélisation. Cet
outil est très efficace pour la compréhension des phénomènes physiques, car il permet d’avoir
accès de façon très précise à l’ensemble des données physiques. En revanche, il nécessite une
discrétisation de l’espace très importante (grand nombre de mailles) et reste donc restreint, la
plupart du temps, à des cas académiques.

- La simulation aux grandes échelles (LES pour Large Eddy Simulation). Il s’agit de
simuler uniquement les grandes échelles de l’écoulement. Cette méthode nécessite une
modélisation des plus petites échelles qui reste difficile dans le cas des écoulements

1-1
diphasiques. Cette méthode est, en revanche, très prometteuse car elle permet d’avoir
potentiellement accès à des phénomènes tels que les variations cycle à cycle.

- La simulation RANS (RANS pour Reynolds Averaged Navier Stockes). Cette


méthode consiste à résoudre les équations de Navier Stockes moyennées statistiquement. Elle
permet d’avoir accès uniquement aux grandeurs moyennes. Cet outil de simulation nécessite
un plus grand effort de modélisation. Il est aujourd’hui l’outil le plus utilisé dans la recherche
industrielle car son coût de mise en place est le plus faible. Nous nous intéressons dans ce
travail à cette méthode de modélisation 3D.

Il existe aussi un ensemble d’outils de simulation 0D et 1D donnant une réponse très


rapide. Cependant, la description très simplifiée requiert une modélisation adaptée à chaque
configuration.

Ainsi le calcul 3D RANS et la modélisation proposent d’apporter une connaissance de


la physique mise en jeu dans les moteurs Diesel et en particulier l’injection, afin d’aider les
constructeurs automobiles dans la conception de nouveaux moteurs.

Ce manuscrit de thèse s’inscrit dans cette dernière démarche. Le travail présenté ici se
découpe en sept chapitres.

Dans la première partie, nous présentons, de façon générale, les contraintes liées à
l’injection dans le moteur Diesel. Le système d’injection est un des paramètres importants
dans le fonctionnement de ce moteur : il contrôle l’apport de carburant en fonction des
besoins du moteur, et assure grâce à une haute pression d’injection l’atomisation du jet de
carburant liquide dans la chambre de combustion. Il contribue ainsi à la distribution du fuel
qui détermine les caractéristiques de la combustion. Ce système a un impact direct sur la
consommation, les émissions et le bruit des moteurs. Dans un moteur à injection directe, le
carburant est injecté directement dans la chambre, et l’énergie utilisée pour mélanger le
combustible avec l’air vient de la quantité de mouvement du jet liquide délivrée par
l’injecteur. Il apparaît donc nécessaire de connaître précisément les phénomènes mis en jeu
lors du processus d’injection, afin de pouvoir optimiser le moteur Diesel en termes de
performances et de pollution. Cette partie permet de mettre en avant les problématiques
particulières à l’injection Diesel.

1-2
Ensuite, un chapitre est consacré à la phénoménologie des sprays. Il présente les
nombres adimensionnels caractéristiques d’un spray ou d’une goutte liquide, la théorie
linéaire classique et ses conséquences sur les régimes de fractionnement d’une colonne de
liquide. Quelques constatations phénoménologiques du spray obtenues à l’aide d’études
expérimentales et de simulations numériques directes sont mises en avant : influence de la
géométrie de l’injecteur (cavitation, turbulence interne du liquide, turbulence du jet liquide),
existence d’un dard liquide (zone continue de liquide attachée à la buse d’injection)… Ces
observations servent de base, dans la suite, au développement de nouveaux modèles de spray.

Le troisième chapitre concerne la modélisation classique des sprays utilisée jusqu’à


présent dans la simulation des moteurs automobiles. Ces modèles utilisent pour point de
départ l’équation d’évolution de la fonction densité de probabilité d’un spray [Williams,
1958]. Cette fonction permet de décrire l’évolution d’un spray composé de particules
séparées. Cette équation suppose ainsi que le spray est composé d’une phase dispersée : les
gouttes. Nous présentons brièvement les approches eulériennes et, plus en détail, les
approches lagrangiennes les plus utilisées pour la résolution de l’équation d’évolution d’un
spray.

La partie suivante présente le modèle ELSA (Eulerian Lagrangian Spray Atomisation)


[Vallet, 2001]. Il a été introduit pour pallier les limites des approches classiques présentées au
Chapitre 3 et pour prendre en compte les constatations phénoménologiques résumées aux
Chapitre 2. Ce modèle est une modélisation complète du spray Diesel prenant en compte
l’écoulement dans la zone dense du spray et traitant le phénomène d’atomisation de façon
originale. Dans cette partie, nous présentons les équations du modèle ELSA. Les équations
fondamentales de ce modèle de spray sont l’équation de transport de la fraction massique
moyenne de liquide et l’équation de transport de la densité moyenne d’interface liquide/gaz.
Dans la première équation, il apparaît un terme non fermé : le flux turbulent de liquide. Ce
terme est important car il pilote la dispersion de la phase liquide. La fermeture de ce terme est
discutée au Chapitre 5. La seconde équation est une équation phénoménologique. Il n’existe
pas d’équation exacte que l’on peut fermer. Il faut prendre en compte chacun des phénomènes
physiques agissant sur la quantité d’aire interfaciale liquide/gaz. Une attention particulière à la
fermeture de cette équation est portée au Chapitre 6.

1-3
Le cinquième chapitre concerne le modèle quasi multiphasique. Il consiste en une
équation de transport du flux turbulent moyen de liquide. Ce flux turbulent est primordial
dans la modélisation des sprays puisqu’il traduit la dispersion de la phase liquide. Après avoir
introduit les équations (exactes et fermées) de conservation de la quantité de mouvement de la
phase liquide, l’équation du flux turbulent moyen de liquide est dérivée de façon exacte puis
fermée en considérant différentes approches : approche monophasique (mélange de deux gaz
de masses volumiques différentes) et approche diphasique dispersée (mouvement de gouttes
de liquides dispersées dans un environnement gazeux). Les fermetures proposées sont
finalement analysées et comparées.

Le sixième chapitre traite, de façon générale, de la modélisation du transport d’une


interface et plus particulièrement du transport de la densité moyenne d’interface liquide/gaz.
À partir de considérations générales sur le transport de densité interfaciale (surface de
flamme, écoulements à bulles…), les modélisations existant dans la littérature de l’équation
de transport de la densité d’interface liquide/gaz sont présentées. Cette présentation traite
deux types de modélisations : l’adaptation de modèles lagrangiens (phase dispersée) et les
modélisations sans hypothèse de phase dispersée. Ensuite, une analyse de l’équation de
densité d’interface liquide/gaz sur quelques cas limites est menée. Elle nous permet de
déterminer, par exemple, l’équation de transport fermée de la densité d’interface liquide/gaz
d’un spray composé uniquement de particules de même diamètre. À partir de cette étude et de
la revue bibliographique, quelques améliorations sont apportées à l’équation de transport de la
densité moyenne d’interface liquide/gaz proposée, initialement, par Vallet [Vallet, 1999],
[Vallet, 2001]. Finalement, la modélisation retenue est présentée.

Enfin, le dernier chapitre propose les applications et les résultats. Tout d’abord, une
validation des équations eulériennes du modèle ELSA est effectuée. Cette étude est une
comparaison avec une expérience de simulation numérique directe [Ménard, 2006]. Cette
DNS nous permet de valider et caler finement les équations de transport de la fraction
massique moyenne de liquide et de la densité moyenne d’interface liquide/gaz en zone très
proche de la buse d’injection. Les constantes, obtenues par comparaison avec la DNS, sont
celles utilisées dans l’ensemble des calculs du Chapitre 7. Ensuite, une analyse du
comportement de l’équation de densité moyenne d’interface liquide/gaz est menée. Cette
étude porte sur le comportement général de la densité d’interface et sur les quelques
1-4
modifications apportées. Le manque de données expérimentales ne nous permet pas d’avoir
accès à des données très précises comme, par exemple, la fréquence de collision entre les
structures liquides dans la zone dense du spray. Nous faisons, ici, une analyse qualitative de
certaines grandeurs. Puis, une validation du modèle ELSA complet est effectuée. Cette
validation porte sur des données très importantes pour les motoristes, à savoir les pénétrations
liquide et vapeur. Ce travail de thèse consiste, en effet, à proposer un modèle de spray pour
les moteurs Diesel. Dans ce cadre, l’implantation du modèle ELSA, dans un calcul moteur, est
évoquée. Deux difficultés sont mises en avant : le couplage du modèle de spray avec le
modèle de combustion et l’adaptation nécessaire du maillage, afin de pouvoir prendre en
compte l’écoulement dans la zone dense du spray, proche du nez de l’injecteur, tout en
simulant la chambre de combustion complète avec le mouvement du piston. Finalement un
cas de validation du modèle quasi multiphasique avec l’expérience de Wu [Wu, 1984] est
proposé.

1-5
1-6
Chapitre 1 Injection dans les Moteurs Diesel
Dans ce premier chapitre, nous présentons brièvement le fonctionnement du moteur
Diesel. Nous nous intéressons ensuite plus particulièrement au système d’injection. Les
enjeux de la modélisation tridimensionnelle du processus d’atomisation des sprays Diesel sont
finalement mis en avant.

1.1 Moteur Diesel


Le moteur Diesel est reconnu pour présenter l’un des meilleurs rendements
énergétiques avec une flexibilité d’utilisation remarquable. Ses performances, qu’il s’agisse
de sa puissance, de son rendement ou de ses émissions de polluants, sont particulièrement
sensibles à la qualité de la combustion. Cette dernière est, en grande partie, liée au choix du
système de combustion, à la forme de la chambre ainsi qu’à la façon dont le combustible y est
introduit : le système d’injection. Il existe deux grandes catégories de moteur Diesel : le
moteur à injection indirecte (aujourd’hui presque abandonné dans l’automobile) et le moteur à
injection directe.

1.1.1 Moteur à injection directe


Le moteur à injection directe consiste à injecter le carburant liquide directement dans
la chambre de combustion (Figure 1). Il s’impose pour son rendement supérieur à celui du
moteur à injection indirecte pour lequel le carburant est injecté dans une préchambre en amont
de la chambre de combustion (Figure 2). En effet, le rapport entre la surface et le volume de la
chambre de combustion est nettement plus faible que pour un moteur à injection indirecte, qui
possède une préchambre. De plus la durée de la combustion est beaucoup plus courte dans un
moteur à injection directe. Ces deux paramètres diminuent fortement les échanges thermiques
entre la chambre de combustion et l’extérieur (système de refroidissement). Le rendement est
aussi meilleur, car on évite les pertes de charge au passage de la préchambre à la chambre de
combustion.

1-7
Figure 1 Moteur Diesel à injection directe

Figure 2 Moteur Diesel à injection indirecte

1.1.2 Concept HCCI


L’acronyme HCCI signifie Homogeneous Charge Compression Ignition, i.e. allumage
par compression de charge homogène. Dans le moteur HCCI, le carburant est mélangé de
manière homogène avec l'air, comme dans la plupart des moteurs à essence d'aujourd'hui ;
l'inflammation se fait cependant par compression, comme dans un moteur Diesel, mais à une
température moins élevée. Cette température de combustion moins élevée et la proportion
plus importante d'air éliminent quasiment les émissions de NOx et de particules de suie. En
revanche, du fait de l’auto inflammation en bloc, ce type de combustion est très bruyant et le
contrôle de l’allumage reste difficile.

1-8
1.2 Système d’injection automobiles Diesel
Le système d’injection et les principes physiques qui le gouvernent sont des
paramètres importants dans le déroulement du cycle moteur. Ils conditionnent l’introduction
de la charge de carburant dans une masse d’air en compression. Les phénomènes régissant le
taux d’introduction (débit instantané dans la buse d’injection), la pulvérisation et la
vaporisation sont des processus à comprendre, pour évaluer leurs implications respectives sur
la qualité de la combustion dans la chambre.

Le système d’injection assure l’alimentation en carburant du moteur Diesel. Il existe


plusieurs types de système d’injection : les pompes d’injection en ligne, les pompes
d’injection distributrices, les pompes d’injection unitaires basse et haute pression, l’injecteur
pompe, le système d’injection Common Rail… Ce dernier permet de réaliser des injections
multiples indépendamment de la pression d’injection qui est maintenue constante dans un
accumulateur de carburant. Le phasage d’injection et la durée d’injection peuvent être
contrôlées de façon très précise grâce à la commande électronique de l’injecteur.

1.2.1 Injecteur de type Common Rail


L'injecteur de type Common Rail permet la pulvérisation du carburant dans la chambre
de pression en dosant avec précision le débit et l’instant d’injection.

L'injecteur est composé de deux parties (Figure 3) :

- La partie supérieure est un dispositif à commande électrique qui permet le contrôle


de l'aiguille.

- La partie inférieure est un injecteur à trous multiples, semblable aux injecteurs


classiques montés sur les moteurs à injection directe.

1-9
Figure 3 Schéma de principe d’un injecteur Common Rail

1 - raccord d’entrée de pompe

2 - raccord de retour au réservoir

4 - aiguille d’injecteur

5 - chambre de pression

6 - ressort d’injecteur

7 - tige de liaison

8 - chambre de commande

Les techniques d’injection Diesel connaissent, depuis la mise sur le marché des
moteurs à injection directe, une véritable révolution. Pour ce qui est des systèmes d’injection
à rampe commune, le porte injecteur et le nez de l’injecteur ont du être adaptés pour
pulvériser au mieux le fuel et limiter les dispersions jet à jet et cycle à cycle ; en effet, ces
fluctuations incontrôlées sont des sources de formation de polluants et de surconsommation.

Nous détaillons dans la suite quelques unes des évolutions techniques du système
d’injection.

1-10
1.2.1.1 Injecteur à sac et injecteur VCO
Les injecteurs à sac possèdent une cavité, appelée sac, à la base de l’aiguille lorsque
celle-ci repose sur son siège (Figure 4). L’augmentation de la contenance de ce sac dégrade
les émissions d’hydrocarbures imbrûlés. En effet, à la fin de l’injection, lorsque l’aiguille est
retombée, le fuel contenu dans ce volume se déverse dans la chambre de combustion. Ce
carburant brûle très lentement et de manière incomplète. Cela crée des problèmes de
pollution. Pour pallier ce défaut, les équipementiers proposent l’injecteur VCO (Valve
Covered Orifice) qui ne présente pas de sac : l’aiguille vient obstruer directement l’orifice
débitant. Dans ce cas, pour des charges faibles et moyennes, l’aiguille n’est que partiellement
levée. Les sprays sont alors très dissymétriques induisant une forte augmentation de formation
de particules à l’échappement. En effet, la répartition de carburant dans la chambre étant
changée, des zones très riches en fuel apparaissent, entraînant la formation de particules de
suies.

Figure 4 Injecteur à sac (à gauche) et injecteur VCO (à droite)

Différents compromis sont proposés. Ils sont regroupés sous la terminologie de mini et
micro sac suivant l’importance de ce dernier. L’augmentation du volume de cette cavité tend à
limiter l’émission de suies en charge partielle, mais, en revanche, accroît le niveau d’imbrûlés
émis.

1-11
1.2.1.2 Stratégie d’injection
Il est désormais courant d’avoir trois phases successives (voire cinq) d’introduction de
la charge dans la chambre de combustion. Ces injections sont qualifiées d’injection pilote,
d’injection principale et de post injection. Les quantités injectées, pour une unique commande
d’injection, ont ainsi tendance à diminuer. Cela nécessite, par conséquent, une maîtrise accrue
des débits injectés pour des faibles levées et des temps de levée courts.

1.2.2 Conclusion
Du fait des normes de pollution et des exigences de la clientèle, les systèmes
d’injection dans les moteurs Diesel ont évolué : réduction du diamètre des buses et
augmentation de la pression d’injection, nouvelles stratégies d’injection… L’amélioration de
la qualité des sprays, issus des orifices d’injection, limite les émissions polluantes et
l’accroissement induit du débit permet de répondre aux contraintes de performance. Ainsi, le
système d’injection est un point crucial du moteur Diesel. Il apparaît donc nécessaire de
connaître de façon précise les phénomènes physiques et leur prédiction via la modélisation
tridimensionnelle. Cela permet d’optimiser le moteur Diesel aussi bien au niveau de la
réduction de la pollution que de l’amélioration des performances.

1-12
Chapitre 2 Contexte de l’étude : les sprays
Après avoir décrit brièvement le fonctionnement du système d’injection dans les
moteurs Diesel, nous présentons, dans ce second chapitre, le contexte de l’étude : les sprays et
l’atomisation. Tout d’abord, les nombres adimensionnels caractéristiques d’un spray sont
présentés. Ensuite, on s’intéresse aux instabilités liquide/gaz. Cela permet de mettre en avant
quatre régimes de fractionnement d’un jet liquide. Enfin, une rapide bibliographie
d’expériences de laboratoires et numériques est menée.

2.1 Nombres adimensionnels caractéristiques


Le but de cette partie est de présenter les différents nombres adimensionnels
caractéristiques d’un spray. Ces nombres peuvent caractériser soit le jet liquide complet soit
simplement une goutte liquide ou un ligament liquide.

2.1.1 Nombre de Weber We


Le nombre de Weber est défini comme suit :

ρU 2 L
Eq. 2-1 We =
σ

Force aérodynamique
We =
Force tension de surface

Il représente le rapport entre forces d'inertie et forces de tension interfaciale. Il


caractérise la capacité d’une goutte d’un jet ou d’un ligament à résister aux forces
aérodynamiques grâce aux forces de tension de surface.

Il est possible, par exemple, de définir le nombre de Weber gazeux pour une goutte.

ρ g (U l − U g )2 d
Eq. 2-2 Weg =
σl

d est une longueur caractéristique de la goutte, à savoir son diamètre. Ce nombre de


Weber caractérise la capacité de la goutte à résister aux forces aérodynamiques exercées par
le gaz environnant.

2-13
On peut aussi définir, par exemple, le nombre de Weber liquide ou collisionnel.

ρl (U l ,1 − U l , 2 )2 L
Eq. 2-3 Wel =
σl

Ce nombre de Weber caractérise la collision de deux gouttes (indices 1 et 2). Il permet


de quantifier le rapport des forces aérodynamiques mises en jeu lors de la collision sur les
forces de surface équivalente.

2.1.2 Nombre de Reynolds Re


Le nombre de Reynolds est défini de la façon suivante.

UL
Eq. 2-4 Re =
ν

Force aérodynamique
Re =
Force viscosité

Il représente le rapport entre forces d'inertie et forces visqueuses ou le rapport


(qualitatif) du transfert par convection sur le transfert par diffusion de la quantité de
mouvement.

Il est possible de définir un nombre de Reynolds gazeux d’une goutte de diamètre d .

Ul − U g d
Eq. 2-5 Re g =
νg

Ce nombre de Reynolds correspond au rapport des forces aérodynamiques externes sur


les forces de viscosité du gaz. Il caractérise l’écoulement gazeux autour de la goutte.

On peut aussi définir un nombre de Reynolds liquide ou de collision.

ρl U l − U g d
Eq. 2-6 Rel =
µl

Ce nombre de Reynolds caractérise le rapport des forces aérodynamiques mises en jeu


lors de la collision sur les forces dissipées dans la goutte lors de la collision.
2-14
2.1.3 Nombre de Ohnesorge Oh
Le nombre d’Ohnesorge est défini de la façon suivante.

Wel
Eq. 2-7 Oh =
Rel

Force viscosité liquide


Oh = 1 1
Force aérodynamique liquide 2 * Force tension surface 2

Il représente le rapport de la force de viscosité interne de la goutte sur les forces de


tension superficielle et aérodynamique. Il caractérise par exemple la capacité d’une goutte à
résister à la collision par dissipation visqueuse de l’énergie cinétique.

2.2 Instabilités liquide/gaz


Dans cette partie, on s’intéresse aux instabilités liquide/gaz. La théorie est brièvement
décrite dans le cas de la rupture d’une colonne de liquide. De cette étude, on met en évidence
quatre régimes de fractionnement d’un jet liquide.

2.2.1 Théorie des instabilités liquide/gaz


Le but de cette partie est de présenter brièvement les résultats de la théorie linéaire des
instabilités appliquée à la déstabilisation d’une interface liquide/gaz. Cette théorie remonte
aux travaux originaux de Rayleigh [Rayleigh, 1878], Plateau [Plateau, 1873] ou Weber
[Weber, 1931]. Différents ouvrages reprennent la théorie des instabilités appliquée à la
mécanique des fluides [Chandrasekhar, 1961]. Plus récemment, Reitz [Reitz, 1982] présente
cette théorie dans le cas du fractionnement d’un jet liquide. Cette analyse examine la stabilité
de la surface d’un cylindre liquide.

On considère une colonne de liquide de rayon a , de vitesse U l , dans un

environnement gazeux à vitesse U g (on note U i de façon générale). On se place dans un

repère mobile à la vitesse du liquide ; la vitesse du liquide est donc nulle par la suite.

2-15
Figure 5 Schéma de principe de la théorie des instabilités liquide/gaz

Les hypothèses du problème sont :

- Il existe un déplacement infinitésimal de l’interface liquide/gaz de la forme :

Eq. 2-8 η = η0eikz +ωt

avec η0 l’amplitude de la perturbation initiale, k le nombre d’onde, z la distance

axiale à l’injecteur, ω = ωr + iωi ( ωr est le taux d’accroissement de la perturbation et

ωi
c=− est la vitesse de propagation de la perturbation). Ce déplacement engendre des
k
perturbations de pression pi et de vitesse ui (l’indice i correspond au liquide ou au gaz).

- Le jet est axisymétrique de longueur infinie.

- Le gaz est non visqueux et incompressible.

- Il n’existe pas de transfert de masse entre le liquide et le gaz.

- Les composantes normale et tangentielle des contraintes sont continues.

On écrit les équations de conservation (masse et quantité de mouvement) dans le


système de coordonnées cylindriques pour les phases liquide et gaz et on les linéarise.

∂ui 1 ∂rvi
Eq. 2-9 + =0
∂z r ∂r

∂ui ∂u ∂U i 1 ∂pi  ∂ 2u 1 ∂  ∂ui  


Eq. 2-10 + U i (r ) i + vi =− + ν i  2i + r 
∂t ∂z ∂r ρi ∂z  ∂z r ∂r  ∂r  

2-16
∂vi ∂v ∂U i 1 ∂pi  ∂ 2v ∂  1 ∂rvi  
Eq. 2-11 + U i (r ) i + vi =− + ν i  2i +  
∂t ∂z ∂r ρi ∂r  ∂z ∂r  r ∂r  

Les conditions limites à l’interface sont données au premier ordre.

Condition cinématique :

∂η ∂η
Eq. 2-12 vi = + Ui
∂t ∂z

Condition sur les contraintes tangentielles :

∂ul ∂v
Eq. 2-13 =− l
∂r ∂z

Condition sur les contraintes normales :

∂vl σ  ∂ 2η 
Eq. 2-14 − pl + 2 µl − 2 η + a 2 2  + p g = 0
∂r a  ∂z 

Les trois premières équations Eq. 2-9, Eq. 2-10 et Eq. 2-11 sont résolues en
introduisant un potentiel de vitesse φl et deux fonctions courant ψ i .

Eq. 2-15 φl = Φl (r )eikz +ωt

Eq. 2-16 ψ l = Ψl (r )eikz +ωt

 ω
Eq. 2-17 ψ g = U g (r ) − i ηf (r )
 k

avec f (r ) une fonction du rayon.

En introduisant ces fonctions dans le système d’équations et en utilisant les hypothèses


du problème, on trouve l’équation de dispersion suivante.

2-17
 I ′ (ka ) ′
2kl I1 (ka ) I1 (la ) 
ω 2 + 2υl k 2ω  1
− =
 I 0 (ka ) k 2 + l 2 I 0 (ka ) I1 (la ) 
Eq. 2-18  
σk  l 2 − k 2  I1 (ka ) ρ g  iω  2  l 2 − k 2  I1 (ka ) K 0 (ka )
2

(
1 − a 2k 2 ) 2  +  U −  k  
 l + k  I 0 (ka ) ρl  k   l 2 + k 2  I 0 (ka ) K1 (ka )
2 
ρl
l

I n est une fonction modifiée de Bessel d’ordre n .

K n est une fonction de Bessel de seconde espèce.

ω
l est défini par l 2 = k 2 + .
υl

L’étude de cette équation de dispersion, dans certains cas asymptotiques, permet de


mettre en évidence l’existence de différents modes de rupture.

2.2.2 Régimes de fractionnement


À partir de l’analyse de la théorie linéaire des instabilités appliquée au fractionnement
d’un jet liquide, il est possible de distinguer quatre régimes de fractionnement [Reitz, 1982].
On ne détaille ici que l’obtention de l’équation décrivant le régime de Rayleigh et l’obtention
de l’équation décrivant le régime d’atomisation (cas considéré pour les sprays Diesel).

2.2.2.1 Régime de Rayleigh


L’équation décrivant le régime de Rayleigh est obtenue dans le cas suivant :

µl = 0

ρg = 0

Ul = 0

Dans ce cas, l’équation Eq. 2-18 se réduit à l’équation de Rayleigh :

σk I (ka )
Eq. 2-19 ω2 =
ρl a 2
(
1− a 2 k 2 ) 1
I 0 (ka )

2-18
Les forces de tension de surface créent des ondes de surface qui vont s’amplifier le
long du jet (schéma Figure 6-a, photo Figure 7). Lorsque ces ondes ont atteint une amplitude
critique, il y a rupture du jet, en son extrémité, en des gouttes de tailles supérieures au
diamètre du jet.

2.2.2.2 Régime First Wind Induced Breakup


Les forces aérodynamiques commencent à jouer un rôle significatif. La force de
tension de surface n’est plus seulement déstabilisatrice mais joue un rôle d’atténuation. On
observe la formation d’ondes de surface de grande longueur d’onde (plus faible que dans le
cas précédent) à la surface du jet liquide (schéma Figure 6-b, photo Figure 7). Le
fractionnement aboutit à la formation de gouttes de diamètre de l’ordre de la taille de celle du
jet.

2.2.2.3 Régime Second Wind Induced Breakup


Des instabilités de faible longueur d’onde se développent à la surface du jet et sont
arrachées du fait des forces aérodynamiques. Il existe une forte vitesse relative entre le liquide
et le gaz environnant. Les gouttes liquides formées ont un diamètre inférieur à celui de
l’orifice d’injecteur (schéma Figure 6-c, photo Figure 7).

2.2.2.4 Régime d’atomisation


Ce cas consiste à considérer que la taille des gouttes formées est très inférieure au
rayon de l’injecteur, i.e. ka → ∞ . En remplacent les fonctions de Bessel par leur valeur
asymptotique, on trouve l’équation de dispersion suivante :

1
σk 3  ω 2 2 ρg
Eq. 2-20 (ω 2
+ 2ν l k )
2 2
+
ρl
− 4ν l k 3  k 2 +  + (ω + iU l k )
νl  ρl
=0

Il apparaît dans cette équation que la croissance des ondes ne dépend plus du diamètre
de l’injecteur mais simplement de la viscosité du liquide, des masses volumiques liquide et
gaz et de la vitesse initiale du jet liquide. Il faut noter que dans ce cas la théorie linéaire peut
être discutable : profil de vitesse dans le gaz et le liquide, linéarisation des équations de
conservation...

2-19
Dans cette configuration, le jet se désintègre dès la sortie de l’orifice d’injection du
fait de la très forte vitesse d’injection. La taille des gouttes formées est très faible, de l’ordre
de quelques microns (schéma Figure 6-c, photo Figure 7). Dans le cas des sprays Diesel, le
régime que l’on rencontre est le régime d’atomisation.

Figure 6 Schéma des différents régimes de rupture d’un jet liquide

Figure 7 Images des différents régimes de rupture d’un jet liquide [Crowe, 2006]

2.2.3 Conclusion
L’étude des instabilités liquide/gaz est importante pour mettre en évidence la
phénoménologie de la rupture d’un jet liquide. Cette étude, appliquée au cas de l’atomisation
Diesel, permet de construire un modèle d’atomisation primaire des sprays Diesel. En
revanche, il faut noter que le développement des ondes de surface est fortement piloté par le
profil initial de la couche de vorticité entre le liquide et le gaz [Marmottant, 2003]. Aussi,
comme le souligne Reitz [Reitz, 1987], il est nécessaire de connaître précisément
l’écoulement dans l’injecteur pour prédire de façon correcte le développement des instabilités
linéaires. Il apparaît donc important de pouvoir caractériser de façon précise l’écoulement en

2-20
sortie d’injecteur (et donc de pouvoir prendre en compte la géométrie interne de l’injecteur)
pour déterminer correctement le développement des ondes à la surface d’un jet liquide.

2.3 Physique des sprays


Le but de cette nouvelle partie est de présenter la phénoménologie de la rupture. Ce
chapitre se divise en deux parties. Nous nous intéressons à la physique des sprays via des
expériences de laboratoires et numériques.

2.3.1 Expériences de laboratoire


Nous proposons une description topologique des sprays Diesel en s’intéressant de
façon plus particulière à la zone très proche de l’injecteur dans laquelle se déroule le
phénomène d’atomisation primaire.

2.3.1.1 Observations expérimentales


Nous présentons ici quelques résultats expérimentaux afin de déterminer certaines
caractéristiques topologiques du spray Diesel.

2.3.1.1.1 Dard liquide


De nombreuses études expérimentales tentent de caractériser les sprays et plus
particulièrement la zone continue de liquide rattachée au nez de l’injecteur : le dard liquide.
Parmi elles, Fath [Fath, 1997] a réalisé des observations expérimentales du jet liquide en
sortie d’injecteur. En comparant le signal issu d’un cylindre liquide et celui issu d’un spray
Diesel, il a mis en évidence l’existence d’un cœur liquide intact en sortie d’injecteur : le dard
liquide. Chang [Chang, 1998] a également étudié le jet liquide en sortie d’injecteur. La
tomographie laser lui a permis de distinguer une phase dispersée environnante de la zone
dense. Il a observé la désintégration en gouttelettes du cœur liquide. Les auteurs remarquent
que la longueur de cette zone semble stable en fonction des conditions opératoires
contrairement à l’angle de spray (angle de dispersion des gouttes liquides). Chang a aussi
observé la présence de ligaments liquides près du nez de l’injecteur. Ces ligaments
disparaissent lorsque la pression ambiante augmente.

2.3.1.1.2 Influence de l’écoulement interne à l’injecteur sur le spray

2-21
Des auteurs [Reitz, 1987], [Huh, 1991] mettent en avant l’importance de l’écoulement
dans l’injecteur sur la formation du spray. Cet écoulement est bien entendu très fortement
contraint du fait des géométries complexes d’injecteurs. Ces contraintes peuvent générer de la
turbulence dans la phase liquide et la cavitation par exemple.

2.3.1.1.2.1 Turbulence de la phase liquide

De nombreuses études concluent que l’atomisation dépend de la turbulence de la phase


liquide dans l’injecteur, par exemple [Huh, 1991]. Cette turbulence est elle-même pilotée par
la géométrie interne de l’injecteur. Parmi ces études, Stahl [Stahl, 2005] a mis en évidence sur
des injecteurs expérimentaux que la turbulence du liquide dans l’injecteur changeait
radicalement les caractéristiques du spray résultant, tel que l’angle de spray. Pour trois
injecteurs de diamètre identique, Stahl a fait varier le niveau de turbulence du liquide dans la
buse. Il a Re A = 5000 et Re B = ReC = 6700 , mais le type de turbulence dans les buses B et C
est différent (Figure 8). Il a observé que la topologie du spray change nettement (angle de
spray, par exemple).

Figure 8 Sprays obtenus pour des diamètres d’injecteurs identiques et des nombres de
Reynolds dans la buse différents [Stahl, 2005]

2.3.1.1.2.2 Cavitation

Les systèmes d’injection actuels ont de plus en plus tendance à contraindre


l’écoulement liquide dans l’injecteur du fait des pressions élevées. Ces contraintes peuvent
entraîner le phénomène de cavitation. La cavitation correspond à la formation de poche de
vapeur de fuel dans l’injecteur. Cette vaporisation est due à la chute de pression locale dans

2-22
l’écoulement. Un grand nombre d’études à ce sujet ont été menées. Saliba [Saliba, 2005]
propose une visualisation de ce phénomène (Figure 9).

Figure 9 Cavitation dans un injecteur transparent [Saliba, 2005]

Parmi ces études, Reitz [Reitz, 1982] met en évidence que la cavitation peut entraîner
l’atomisation. En revanche, elle n’est sûrement pas le seul facteur contrôlant l’atomisation.
L’auteur explique que l’atomisation est due à une association de facteurs déclenchants. Un
seul phénomène ne pourrait expliquer l’atomisation.

2.3.1.2 Difficultés expérimentales


La zone dense (proche du nez de l’injecteur) est extrêmement difficile à étudier
expérimentalement. Il est complexe d’accéder optiquement à cette zone, car elle est
extrêmement dense et chahutée. Dès qu’une source lumineuse est pointée vers cette région, il
existe des réflexions multiples qui rendent difficile la mesure quantitative. La plupart des
résultats expérimentaux, dont nous disposons, sont qualitatifs dans la zone très proche de
l’injecteur. Ils deviennent quantitatifs dès lors que la phase liquide est dispersée. On peut
noter cependant quelques techniques de mesure prometteuses pour la mesure de la zone
dense :

- Les nouvelles sources de laser pulsées de durée ultra courte (femtoseconde)

- La radiologie X [Cai, 2003]


2-23
Toutes ces difficultés expérimentales motivent le développement de nouveaux outils
d’analyse de cette zone dense du spray. Les expériences numériques de simulation numérique
directe apparaissent être pour l’instant un des outils les plus performants de connaissance de
la zone d’atomisation primaire.

2.3.2 Expériences numériques


Les expériences de simulation numérique directe (DNS) sur les sprays Diesel ne sont
pas très courantes du fait de la difficulté de mise en place. En effet, les conditions Diesel sont
numériquement très sévères : vitesse d’injection très importante, différence de densité entre le
liquide et le gaz très forte, résolution de Navier Stockes diphasique complexe… Des auteurs
proposent cependant des expériences de simulation numérique directe d’écoulements proches
des conditions rencontrées dans les sprays Diesel, [Zaleski, 1997], [Ménard, 2006]. Nous
nous intéressons, par la suite, à ces résultats.

2.3.2.1 Premiers résultats


Les premiers résultats de Ménard [Ménard, 2006] concernent l’atomisation d’un jet
liquide dans des conditions proches du Diesel. Ces conditions sont détaillées dans le Tableau
6. Le diamètre de la buse d’injection est 100 µm . La vitesse d’injection est 100 m.s −1 . Les

masses volumiques du liquide et du gaz sont respectivement 696 et 25 kg.m −3 .

La Figure 10 et la Figure 11 représentent les contours du spray, i.e. l’interface


liquide/gaz. On observe sur la Figure 10 que les premières gouttes sont créées au pied du jet.
La partie dense liquide est entourée d’un nuage de structures liquides de petites tailles. Il
apparaît des ondes à l’interface liquide/gaz très près du nez de l’injecteur. Ces instabilités de
surface sont très importantes pour l’atomisation du jet liquide.

Sur la Figure 11, dans une première zone (sur environ 6 diamètres d’injecteur), il n’y a
pas de rupture, mais simplement le développement d’ondes de surface. Ensuite, dans une
seconde zone, ces ondes finissent par se détacher de la colonne de liquide. On peut dès lors
parler de rupture. Beaucoup de ligaments liquides sont créés et des gouttes de liquides sont
éjectées. On peut remarquer l’existence de gouttelettes très proches du nez de l’injecteur. Ces
dernières ne se détachent pas de la zone dense mais sont issues de la tête du jet initial.

2-24
Figure 10 Développement du jet liquide [Ménard, 2006]

2-25
Figure 11 Comportement de l’interface liquide/gaz [Ménard, 2006]

2-26
Figure 12 Jet liquide complet, Zone dense du jet liquide, Zone détachée de la zone dense
[Ménard, 2006]

Sur la Figure 12, on présente de gauche à droite le spray complet, la partie continue du
spray (ensemble des structures liquides en contact avec le nez de l’injecteur) et la partie
détachée du spray (ensemble des structures liquides sans contact avec la partie attachée). Il
apparaît clairement sur la Figure 12 (image centrale) l’existence d’un dard liquide, i.e. une
zone liquide intacte au nez de l’injecteur. Les structures liquides détachées de la zone dense
ne représentent qu’une faible proportion de la masse de liquide et cela sur plus de 20
diamètres d’injecteur (taille du domaine de calcul DNS).

Figure 13 Formes typiques de structures liquides (gouttes sphériques, ligaments, formes


complexes) [Ménard, 2006]

La Figure 13 présente quelques structures liquides extraites du calcul complet de jet


liquide complet. Elle met en évidence qu’il existe des structures très complexes dans
2-27
l’écoulement diphasique rencontré dans les sprays Diesel. Il apparaît alors difficile de
considérer cet écoulement comme composé de gouttes sphériques. Une telle hypothèse
entraîne une mauvaise estimation des transferts de masse, de quantité de mouvement ou
d’énergie.

2.3.3 Conclusion
Les expériences de laboratoire et les expériences numériques mettent en évidence
plusieurs phénomènes :

- L’écoulement à l’intérieur de l’injecteur affecte de façon significative le processus


d’atomisation. La cavitation est un facteur déclenchant du processus d’atomisation. La
turbulence du liquide dans l’injecteur est, elle aussi, un paramètre moteur de la rupture. Il
apparaît donc important de développer un modèle d’atomisation capable de prendre en
compte ces phénomènes.

- Il existe un dard liquide, i.e. une zone de liquide intacte proche du nez de l’injecteur
(quelques diamètres), de laquelle se détachent des structures liquides. Les nouveaux modèles
d’atomisation doivent inclure ce constat pour être prédictif.

- Les structures liquides qui se détachent du dard ont des formes très éloignées de la
sphère (filament, surfaces plissées…). Il apparaît alors difficile de traduire un spray comme
un ensemble de particules sphériques.

L’ensemble de ces considérations permet de mettre en place des hypothèses de départ


en vue de l’amélioration de la modélisation actuelle des sprays. Nous présentons dans le
chapitre suivant les modèles utilisés aujourd’hui, afin de mettre en lumière leurs qualités et
défauts.

2-28
Chapitre 3 Modélisation des sprays
Dans ce nouveau chapitre, nous nous intéressons, tout d’abord, à la représentation
statistique des sprays : l’équation de Williams. Cette équation décrit l’évolution statistique
d’un spray constitué de particules sphériques. Ensuite, nous présentons la modélisation
eulérienne puis la modélisation classique lagrangienne des sprays. Ces modèles constituent la
résolution de l’équation de Williams.

3.1 Approche statistique : Équation de Williams


L’approche statistique d’un spray consiste à considérer sa fonction de distribution. La
grandeur f (t , x, m, u, T )dxdmdudT correspond au nombre moyen de gouttes (d’un point de
vue statistique), au temps t , dans un volume de taille dx centré autour de x , avec une vitesse
comprise dans l’intervalle [u , u + du ] , une température comprise dans l’intervalle [T , T + dT ]

et une masse comprise dans l’intervalle [m, m + dm] . L’équation d’évolution de f a été
proposée par Williams [Williams, 1958]. Elle permet de décrire de façon statistique le
comportement d’un spray. Cette équation inclut les phénomènes de croissance et décroissance
de tailles des gouttes, la formation de nouvelles gouttes due à la rupture, les effets de collision
et l’effet des forces aérodynamiques. Dans cette approche, les gouttes sont considérées
sphériques et sont caractérisées par leur masse. L’équation d’évolution de la fonction de
probabilité du spray s’écrit de manière générale :

∂f ∂ ∂
Eq. 3-1 = − ( x&f ) − (m& f ) − ∂ (u&f ) − ∂ T&f + Q + Γ
( )
∂t ∂x ∂m ∂u ∂T

x& = u est la vitesse de la particule.

m& traduit l’évolution de la masse de la particule (loi d’évaporation).

u& traduit l’évolution de la vitesse (loi de traînée) : accélération des particules.

T& traduit la variation de température de la particule.

Q et Γ sont des termes supplémentaires qui prennent en compte la création de gouttes


par rupture et les effets de collision.

3-29
La fermeture de l’équation de Williams consiste à exprimer les dérivées temporelles
(x&, m& , u&, T& ) et les termes sources Q et Γ en fonction des propriétés de la particule et du gaz

environnant. On pourrait, par exemple, utiliser la loi du D 2 [Spalding, 1953] afin d’exprimer
le transfert de masse. m& s’exprime de la façon suivante :

 1 − Yv 
Eq. 3-2 m& = πρ g d l Dv Sh ln  = K v πd l ρl
1− Y  8
 v, s 

avec dl le diamètre de la goutte, Dv le coefficient de diffusion moléculaire de la

vapeur, Sh le nombre de Sherwood (il représente le rapport entre une longueur caractéristique
et l'épaisseur de la couche limite de diffusion), Yv la fraction volumique de vapeur à la surface

de la goutte et Yv , s la fraction volumique de vapeur saturante. K v est le coefficient de

vaporisation.

Dans le cas général (écoulement turbulent et spray composé d’un grand nombre de
gouttes), il est à noter que ces grandeurs doivent être moyennées et conditionnées. Par
exemple, pour la vitesse de la particule :

∂u&f (t , x, m, u, T )
Eq. 3-3 ⇒ u& = u& (t , x, m, u, T , variablegaz )
∂u t , x , m , u ,T

représente la moyenne d’ensemble.

Ainsi dans l’expression de la loi de traînée de la particule, il apparaît la vitesse, du gaz


environnant, conditionnée par la présence de cette même particule.

3.2 Approche eulérienne


Dans cette partie, nous allons d’abord présenter la description eulérienne des sprays,
basée sur le transport de certains moments de la fonction de distribution, comme, par
exemple, la vitesse du liquide [Simonin, 2000]. Ensuite, nous nous intéressons brièvement à
l’extension à l’approche sectionnelle.

3-30
3.2.1 Approche standard
On considère la fonction distribution des particules f (t , x, m, u , T ) . On a le nombre de
gouttes par unité de volume :

Eq. 3-4 Nl = ∫ f (t , x, m, u, T )dmdudT

On utilise généralement des grandeurs massiques. On définit alors la fraction


volumique de liquide Y :

mf (t , x, m, u, T )dmdudT
~ 1
ρ lY = ρ Y =
Y ρl ∫
Eq. 3-5

~
ρ est la masse volumique moyenne de mélange. Y est la fraction massique de
liquide.

On pose aussi par définition :

mΦ (m, u , T ) f (t , x, m, u , T )dmdudT
1
Y ρl ∫
Eq. 3-6 Φl =

Il devient ainsi possible de définir, par exemple, la vitesse conditionnée sur la phase
liquide ( Φ (m, u , T ) = u ). En appliquant cette intégration à l’équation de Williams Eq. 3-1, on
peut obtenir l’équation de transport de la fraction massique de liquide. Néanmoins, le
problème est d’exprimer les termes intégraux en fonction des moments résolus et des
variables de la phase gaz.

3.2.2 Approche sectionnelle


Dans cette approche [Laurent, 2004], on considère à nouveau la fonction de
distribution du spray f (t , x, m, u , T ) . Cette fois-ci l’intégration de cette fonction ne se fait pas
sur l’ensemble des particules mais simplement sur une section de particules. On peut, par
exemple, définir la section des particules de masse comprise dans l’intervalle [mk , mk +1 ] . Le
nombre de gouttes par unité de volume dans cette classe est :

3-31
Eq. 3-7 Nl , k = ∫ f (t , x, m, u , T )dmdudT
[mk , mk +1 ]

On définit de la même façon que dans la partie précédente par définition la fraction
volumique de la section considérée :

mf (t , x, m, u , T )dmdudT
~ 1
Eq. 3-8 ρlYk = ρ Yk = ∫[
Yk ρl mk , m k +1 ]

mΦ (m, u , T ) f (t , x, m, u , T )dmdudT
1
Eq. 3-9 Φk =
Y ρl ∫[ mk , mk +1 ]

Il devient ainsi possible de définir la vitesse des particules de la section de masse


[mk , mk +1 ] ( Φ (m, u , T ) = u ). On peut alors déduire une équation de transport eulérienne de
cette grandeur par intégration de l’équation de Williams. Il apparaît, en plus de l’approche
non sectionnelle, des termes de transfert entre sections dans ses équations de transport (les
gouttes qui changent de masse, du fait de l’évaporation ou de la coalescence par exemple,
doivent changer de section).

3.3 Approche lagrangienne


Nous proposons, dans cette partie, une autre méthode de résolution de l’équation de
Williams : l’approche lagrangienne. Cette méthode consiste à résoudre le transport d’un grand
nombre d’échantillons stochastiques de la fonction de distribution. Ensuite, on applique à ces
échantillons des modèles lagrangiens correspondant aux termes sources de l’équation de
Williams. Nous détaillons ici ces modèles. Nous avons retenu comme code de calcul utilisé
dans l’automobile : StarCD. Nous nous intéressons aux modèles utilisés dans ce code. Ils
correspondent aux modèles les plus couramment utilisés. Ces modèles sont utiles dans le cas
de la transition vers le calcul lagrangien initié dans le modèle ELSA (Chapitre 4). Cette partie
se découpe en cinq points. L’équation de transport lagrangienne est expliquée. Ensuite, on
s’intéresse à la loi de traînée. Le modèle de dispersion turbulente et la loi d’évaporation sont
détaillés. Finalement, on présente les modèles lagrangiens d’atomisation primaire et
secondaire.

3-32
3.3.1 Équation lagrangienne
L’équation de conservation de la quantité de mouvement est une équation
lagrangienne classique.

dU l ,i
Eq. 3-10 ml = ∑ Fi
dt

Fi est une force extérieure appliquée à la particule, U l ,i est la vitesse lagrangienne de la

goutte liquide. Cette force extérieure peut être la force de traînée mais aussi la force de masse
ajoutée, la force de portance… Dans le cas du transport de particules lourdes, nous ne
retiendrons que la force de traînée. Cette première équation nous permet de définir la vitesse
de la goutte. Ensuite, on détermine la position de la goutte avec la relation suivante.

dX l ,i
Eq. 3-11 = U l ,i
dt

X l ,i est la position de la particule liquide.

3.3.2 Loi de traînée


La loi de traînée utilisée est une loi classique : la loi de Schiller Naumann [Schiller,
1935]. La force de traînée s’exprime de la façon suivante :

ρl Cd Seff U g ,i − U l ,i (U g ,i − U l ,i )
1
Eq. 3-12 Ftraînée,i =
2

avec Seff la section efficace de la goutte liquide et U g ,i la vitesse instantanée de la

phase gaz. Nous avons accès uniquement à la vitesse moyenne du gaz. Il est donc nécessaire
d’utiliser un modèle de dispersion turbulente.

Le coefficient de traînée Cd s’exprime à partir de la corrélation suivante :

0.44 si Rel ≥ 1000


Eq. 3-13 Cd = 24
Rel
(
1 + 0.15 Rel
0.687
) si Rel ≤ 1000

3-33
avec Rel le nombre de Reynolds de la goutte.

3.3.3 Modèle de dispersion turbulente


Dans la loi de traînée, il apparaît une vitesse instantanée de gaz. Cette vitesse est
différente de la vitesse moyenne de gaz obtenue à partir des équations moyennées. Ainsi, afin
de prendre en compte le caractère turbulent de l’écoulement, il est nécessaire d’utiliser un
modèle de dispersion turbulente. Le rôle de ce modèle est de fournir une vitesse instantanée
de gaz à partir de la vitesse moyenne en déterminant la fluctuation manquante. Le modèle de
dispersion utilisé est basé sur une approche stochastique. On a ainsi :

Eq. 3-14 U g ,i = U g ,i + u′g ,i

u′g ,i est la perturbation de vitesse. Cette perturbation est tirée aléatoirement dans une

fonction gaussienne de moyenne nulle et de variance :

~
2k
Eq. 3-15 σ=
3

~
k est l’énergie cinétique turbulente de mélange.

3.3.4 Loi d’évaporation simplifiée


Afin de décrire le transfert de masse et d’énergie entre les phases liquide
(lagrangienne) et gaz (eulérienne), il est nécessaire de définir une loi d’évaporation.

3.3.4.1 Modélisation du transfert de masse

Le transfert de masse par unité de surface est Fm . Ainsi le débit massique d’une goutte
s’exprime par :

dml
Eq. 3-16 = − Sl Fm
dt

avec Sl la surface de la goutte. Pour une goutte en évaporation, Fm s’exprime de la


façon suivante [Bird, 1966] :

3-34
 P − Pv , ∞ 
Eq. 3-17 Fm = K g Pg ln g 
 P −P 
 g v , s 

Pg , Pv , ∞ et Pv , s sont respectivement la pression du gaz environnant et la pression

partielle de vapeur à l’infini (i.e. loin de la goutte) et la pression de vapeur saturante à la


surface de la goutte. K g est le coefficient de transfert de masse. Il s’exprime comme suit :

ShDvap
Eq. 3-18 Kg =
RgTg dl

avec le nombre de Sherwood Sh = 2 1 + 0.3 Rel( 12


)
Sc1 3 . Rel est le nombre de Reynolds

de la goutte et Sc est le nombre de Schmidt de la vapeur. Dvap est la diffusivité de la vapeur

de fuel. Rg et Tg sont respectivement la constante des gaz parfaits et la température pour le

mélange gazeux (air et vapeur de fuel).

3.3.4.2 Modélisation du transfert d’énergie


Le modèle de transfert d’énergie prend en compte les mécanismes de surface liés à la
convection et à la diffusion ainsi que ceux liés à l’évaporation. Ainsi, on a :

d (C p ,lTl ) dml
Eq. 3-19 ml = −Q& convection − Q& evaporation = − Sl q&l + hl , g
dt dt

avec q&l le taux de transfert surfacique d’énergie et hl , g la chaleur latente de

vaporisation. Il est supposé que la température de la goutte Tl est uniforme.

En utilisant la relation de [El Wakil, 1954], on détermine le taux de transfert


surfacique d’énergie.

Eq. 3-20 q&l = h(Tl − Tg )

k g NuZ
h=
Eq. 3-21
(e Z
)
− 1 dl

3-35
Eq. 3-22 (
Nu = 2 1 + 0.3 Rel Pr1 3
12
)
− Cp dml
Eq. 3-23 Z=
πd l k g Nu dt

avec k g le coefficient de conductivité thermique du gaz (air et vapeur de fuel).

3.3.5 Modèles lagrangiens d’atomisation


Les modèles d’atomisation se divisent en deux catégories : les modèles d’atomisation
primaires et secondaire. Les premiers décrivent comment la colonne de liquide issue du nez
de l’injecteur se fractionne en structures liquides de tailles plus faibles. Les seconds prédisent
comment une goutte subit la rupture sous l’effet des forces aérodynamiques externes.

3.3.5.1 Modèles d’atomisation primaire


Les modèles d’atomisation primaire ont pour rôle de fournir les conditions initiales au
calcul lagrangien, à savoir la distribution de tailles des gouttes, la distribution de vitesses des
gouttes,… au sortir du trou d’injecteur. Ils définissent ainsi la fonction de distribution initiale
du spray

Il existe différentes approches utilisées afin de déterminer ces conditions initiales pour
le calcul lagrangien :

- Modèles basés sur des corrélations issues de l’expérience, afin de déterminer le


diamètre moyen de Sauter initial des gouttes en fonction des paramètres d’injection

- Modèles basés sur la théorie des instabilités linéaires

3.3.5.1.1 Modèles basés sur des corrélations issues de l’expérience


Ces modèles d’atomisation sont obtenus à partir de résultats expérimentaux. En
réalisant un grand nombre d’expériences, il est possible de définir des corrélations, par
exemple, du diamètre moyen de Sauter.

3.3.5.1.1.1 Corrélation d’ElKotb [ElKotb, 1982]

Ce modèle suppose que le fractionnement des gouttes s’effectue dès la sortie de


l’injecteur de type monotrou. Le diamètre moyen de Sauter des gouttes est :
3-36
d 32 = 3.08 .10 6 σ l ρ l 0.737 ρ g 0.706ν l 0.385 ∆P −0.54
0.737
Eq. 3-24

∆P est le différentiel de pression entre l’amont et l’aval de l’injecteur.

Cette corrélation prédit donc un diamètre moyen de Sauter constant en temps en sortie
d’injecteur. Il n’y a pas de mise en régime du processus d’injection, par exemple. Il est à noter
que cette corrélation ne tient pas compte de la géométrie de la buse (par exemple, le diamètre
de l’injecteur). L’influence de la vitesse d’injection sur la taille des gouttes est représentée,
pour partie, par la différence de pression entre l’injecteur et la chambre.

3.3.5.1.1.2 Corrélation d’Hiroyasu-Arai-Tabata [Hiroyasu, 1989]

Le diamètre moyen de Sauter est, cette fois-ci, déterminé en prenant la valeur


maximum des deux diamètres suivants :

0.54 0.18
− 0.75
 µl   ρl 
Eq. 3-25 d 32,1 = 4.12 Rel
0.12
Wel     dinj
µ  ρ 
 g   g 

0.37 −0.47
− 0.32
 µl   ρl 
Eq. 3-26 d 32, 2 = 0.38 Rel
0.25
Wel     d inj
µ  ρ 
 g   g 

dinj est le diamètre de l’injecteur.

Cette corrélation tient compte de la taille du trou d’injecteur et fait apparaître


explicitement des nombres adimensionnels caractéristiques d’un jet liquide.

3.3.5.1.2 Modèles basés sur la théorie linéaires des instabilités


Les modèles que nous allons présentés se base sur la théorie linéaire des instabilités.
Cette dernière a été présentée au Chapitre 2 dans le cas d’une colonne de liquide.

3.3.5.1.2.1 Modèle Wave [Reitz, 1987]

3-37
Figure 14 Schéma de principe du modèle de Reitz

Ce modèle de fractionnement primaire suppose que l’atomisation se produit du fait du


développement d’instabilités de surface de type Kelvin Helmotz à la sortie de l’injecteur. En
s’appuyant sur la théorie linéaire des instabilités, Reitz obtient la longueur d’onde Λ et le
taux d’accroissement Ω de l’onde qui croît le plus rapidement. En fonction des nombres
adimensionnels du problème, Reitz obtient les corrélations suivantes :

Λ=
( )(
9.02r1 1 + 0.45 Oh 1 + 0.4Ta 0.7 )
(1 + 0.865We )
Eq. 3-27
1.67 0.6
g

0.34 + 0.38Weg σl
1.5

Ω=
(1 + Oh)(1 + 1.4Ta )
Eq. 3-28 0 .6
ρl r13

On note Ta = Oh Weg .

Dans ce modèle, l’atomisation est supposée produire des gouttes ayant comme taille la
longueur d’onde du mode le plus instable. On injecte initialement des gouttes de liquide du
diamètre de l’injecteur. Ensuite, celles-ci évoluent de telle sorte à donner des gouttes filles de
diamètre lié à Λ avec un temps caractéristique lié à Ω . Le rayon r2 de la goutte fille formée

à partir d’une goutte mère de rayon r1 est :

3-38
B0 Λ si B0 Λ ≤ r1 (1)
Eq. 3-29 r2 =  3πr 2U 1 3  3πr 2Λ 1 3 
min  inj l  ,  inj   si B0 Λ > r1 (2)
 2Ω   4  
 

avec B0 = 0.61 une constante de modélisation. Le cas (1) correspond au fait que les
gouttes sont formées suivant la taille de l’onde la plus rapidement amplifiée. Le cas (2)
s’applique à des gouttes plus grandes que le jet et suppose que la perturbation a une fréquence
Ω 2π . Cette situation particulière est valable dans le cas du régime de Rayleigh et n’est donc
pas abordé dans le cas de l’injection Diesel.

La taille de la goutte mère décroît en suivant une loi linéaire.

dr1 r2 − r1
Eq. 3-30 =
dt τ bu

Le temps caractéristique de breakup est défini comme suit :

r1
Eq. 3-31 τ bu = 3.726
ΩΛ

Pour le champ de vitesse, on considère un cône de spray plein caractérisé par un angle
θ . Le modèle de Reitz propose la détermination de cet angle de spray. Il est donné par :

θ  Ω
Eq. 3-32 tan   = A1Λ
2 U0

A1 est une constante qui dépend de la géométrie de la buse.

3.3.5.1.2.2 Modèle de Huh [Huh, 1991]

Le modèle de Huh est un modèle d’atomisation basé sur le modèle de Reitz. Il


considère que l’atomisation est due, à la fois, à l’amplification d’ondes à la surface du jet
liquide mais aussi à la turbulence du liquide en sortie d’injecteur. Les auteurs insistent sur le
fait que la turbulence interne du jet est plus efficace pour amplifier les perturbations initiales
de la surface que le mécanisme d’amplification d’ondes.

3-39
À partir de ces hypothèses, les auteurs définissent deux échelles caractéristiques de
temps et de longueur. L’échelle de longueur de la turbulence est l’échelle dominante de
l’atomisation.

Eq. 3-33 LA = C1Lt + C2 Lω

avec Lt l’échelle de longueur turbulente et Lω l’échelle de longueur des instabilités de


surface.

L’échelle de temps caractéristique de l’atomisation est une combinaison de l’échelle


de temps caractéristique turbulente et de l’échelle de temps caractéristique des ondes de
surface.

Eq. 3-34 τ A = C3τ t + C4τ ω

Les grandeurs turbulentes sont définies classiquement à partir de la dissipation


turbulente et de l’énergie cinétique turbulente.

32
kinj
Lt ,inj = Cµ
34
Eq. 3-35
ε inj

kinj
Eq. 3-36 τ t ,inj = Cµ
ε inj

avec C µ fixé à 0.09 dans le modèle standard k − ε .

Ces deux données sont, quant à elles, estimées en sortie de trou d’injecteur à partir de
la relation suivante :

U inj  1 
Eq. 3-37 kinj = 
8 L dinj  cd
(
 2 − 1 − s2 − Kc 
 )

 1 
3

Eq. 3-38 ε inj


U
(
= inj  2 − 1 − s 2 − K c 
L dinj  cd
)

3-40
cd est le coefficient de décharge de l’injecteur. s est le rapport de réduction de

l’injecteur. K c est une constante de modélisation.

Les lois d’évolution des échelles turbulentes sont :

0.457
 t 
Eq. 3-39 Lt = Lt ,inj 1 + (C5 − 1)
 τ t ,inj 

Eq. 3-40 τ t = τ t ,inj + (C5 − 1)t

Ci sont des constantes de modélisation.

Le modèle de Huh propose un angle de spray équivalent à l’angle de spray du modèle


de Reitz mais basé cette fois-ci sur la nouvelle définition des échelles de longueur et de temps.

θ  L τ
Eq. 3-41 tan   = A A
 2  U inj

Le taux de rupture primaire est calculé comme suit :

dr1 L
Eq. 3-42 =C A
dt τA

La taille des gouttes filles est tirée de l’étude de Reitz. L’amélioration apportée par
Huh et Gosman est la possibilité de prendre en compte partiellement la géométrie de
l’injecteur et son influence sur la topologie du spray.

3.3.5.2 Modèle d’atomisation secondaire


Le but de cette partie n’est pas de dresser une liste exhaustive des modèles
d’atomisation secondaire. Il s’agit plus de décrire le fonctionnement d’un modèle classique
lagrangien. Il existe beaucoup d’autres modèles disponibles dans la littérature, [Hsiang, 1992],
[Patterson, 1998]. Nous décrivons, ici, simplement des modèles représentatifs et déjà présents
dans le code de calcul que nous utilisons. Étant dans la partie secondaire de l’atomisation, il
est possible de considérer une seule goutte. La situation est celle d’une goutte isolée soumise

3-41
aux forces aérodynamiques, dues à une vitesse de glissement entre cette goutte et le gaz
environnant.

3.3.5.2.1 Modèle de Reitz Diwakar [Reitz, 1986]


Ce modèle de fractionnement secondaire a été développé à partir des corrélations
obtenues par Nicholls [Nicholls, 1972]. À partir de ces travaux, Reitz et Diwakar [Reitz,
1986] ont proposé de retenir trois types de fractionnement secondaire qui dépendent
directement du nombre de Weber gazeux de la goutte.

3.3.5.2.1.1 Le bag breakup (12<Weg)

Ce premier régime d’atomisation a lieu pour des nombres de Weber gazeux supérieurs
à 12. La goutte est déformée par l’écoulement d’air. Elle forme alors un sac dont la membrane
se rompt en petites gouttes, ne laissant intact qu’un anneau qui, lui-même, se fractionne en
plus petites gouttes.

Figure 15 Schéma descriptif du bag breakup

Le temps de breakup caractéristique est :

ρl d l 3
Eq. 3-43 τ bu ,bag = Cbag
σl

Cbag est une constante de modélisation.

3.3.5.2.1.2 Le stripping breakup (100<Weg)

3-42
Figure 16 Schéma descriptif du stripping breakup

Ce régime de rupture se produit pour la condition suivante :

Weg
Eq. 3-44 ≥ 0 .5
Re g

Dans cette configuration, l’écoulement gazeux est plus rapide ; il y a alors arrachage
de ligaments liquides sur les bords de la goutte. Ces ligaments sont ensuite rapidement
fractionnés. Le temps caractéristique du breakup dans ces conditions est donné par :

dl ρl
Eq. 3-45 τ bu , stripping = Cstripping
2U r ρg

U r est la vitesse relative entre la goutte et le gaz. Cstripping est une constante de

modélisation.

3.3.5.2.1.3 Implémentation du modèle

Dans ce modèle, on considère indépendamment chaque particule dont on calcule le


nombre de Weber. En fonction du nombre de Weber obtenu, on déduit un des trois modes de
rupture. La loi d’évolution de la goutte mère est alors :

drl rcrit − rl
Eq. 3-46 =
dt τ bu

σ l2
avec rcrit = .
2ρ g U r ν g
2 3

Ce rayon est fonction du nombre de Weber de la goutte et de la viscosité du gaz


environnant. Le temps de breakup est choisi en fonction du nombre de Weber.

3-43
3.3.5.2.2 Modèle de Pilch [Pilch, 1987]
Le modèle de Pilch est basé sur le modèle de Reitz Diwakar. Il prend en compte la
viscosité de la phase liquide à travers le calcul du nombre de Weber critique.

Eq. 3-47 (
Wecrit = 12 1 + 1.077Oh1.6 )
Le temps caractéristique de breakup s’exprime de la façon suivante :

dl ρl
Eq. 3-48 τ bu = T
Ur ρg

avec T une fonction du nombre de Weber gazeux. Cette fonction diffère en fonction
du régime de rupture rencontré. Pilch propose six régimes de rupture. La définition du rayon
critique est elle aussi modifiée pour tenir compte du nombre de Weber critique.

σl
Eq. 3-49 rcrit = Wecrit
ρ gU r 2

3-44
Chapitre 4 Modèle ELSA
Le modèle ELSA (Eulerian Lagrangian Spray Atomisation), présenté ici, est un
modèle développé pour représenter l’atomisation et l’évolution d’un spray. Dans [Vallet,
1999], les bases de cette modélisation ont été posées. L’idée de mélange turbulent entre le gaz
et le liquide ainsi que l’équation de transport de la densité d’interface liquide/gaz ont été
introduites. Le premier calcul complet et une comparaison avec l’expérience ont été présentés
par Vallet dans [Vallet, 2001]. Ensuite Blokkeel [Blokkeel, 2003] a proposé de coupler la
représentation eulérienne de la zone dense du spray avec un calcul lagrangien dans la zone
diluée du spray. Le modèle ELSA est construit afin de pallier certains problèmes présentés au
Chapitre 2.

Cette modélisation part du principe que dans la zone très dense, près du nez de
l’injecteur, une approche lagrangienne n’est pas appropriée en raison de la présence du cœur
liquide et des fortes interactions entre les écoulements liquide et gazeux. Ainsi, une approche
eulérienne de mélange, qui considère les phases liquide et gazeuse comme un mélange
complexe et qui les représente par un seul fluide à masse volumique fortement variable,
semble être plus appropriée pour décrire la zone dense du spray. Cette approche est utilisée
dans cette modélisation. Le mélange entre phases est alors assimilé à du mélange turbulent
bien que la turbulence rencontrée (diphasique) puisse être particulière. Le choix du modèle de
mélange permet de plus d’éviter le traitement difficile des termes de transfert interfacial. Il
peut être avancé que dans la zone dense du spray, l’écoulement apparaît plus être un mélange
de liquide et de gaz (d’un point de vue macroscopique) que deux phases réellement séparées.
Ensuite, dès que l’écoulement devient suffisamment dilué, on modélise l’écoulement
diphasique à partir des modèles lagrangiens. Ce modèle constitue donc une méthode complète
de description du jet Diesel depuis l’intérieur de l’injecteur jusque dans la zone diluée du
spray.

Dans la suite, le modèle ELSA est détaillé.

Ce modèle Euler Lagrange pour l’Atomisation d’un Spray (ELSA) est basé sur deux
hypothèses :

4-45
- Les nombres de Weber et de Reynolds sont supposés grands (ce qui est généralement
le cas pour des injections directes Diesel).

- Le mélange à deux phases (liquide et gaz) est étudié comme un seul fluide à masse
volumique fortement variable.

4.1 Présentation du modèle


Il s’agit maintenant de détailler les équations mathématiques qui décrivent l’évolution
du spray.

4.1.1 Définition de la densité moyenne de mélange


On présente, ici, l’équation de la densité moyenne de mélange ρ .

~ ~
1 Y 1−Y
Eq. 4-1 = +
ρ ρl ρg

~
avec ρl et ρ g les densités de liquide et de gaz, Y la fraction massique moyenne de

liquide. Il est à noter que ces deux densités peuvent être définies de façons différentes. Il est,
par exemple, possible d’utiliser une loi des gaz parfaits pour la densité du gaz.

4.1.2 Équations de transport de la fraction massique de liquide moyenne


Une équation importante du modèle concerne le transport de la fraction massique de
liquide. Cette équation permet de déterminer le champ de fraction massique de liquide.

~ ~ ~
∂ρ Y ∂ρ U jY ∂ ρu′j′ y′′
Eq. 4-2 + =−
∂t ∂x j ∂x j

~
U j est la vitesse moyenne de mélange.

Cette équation est cruciale pour le modèle car elle décrit la dispersion du liquide. Il n’y
a pas ici de terme d’évaporation puisque l’évaporation dans la zone dense est négligée dans
notre travail. En revanche, dans la thèse en cours de R. Lebas, l’évaporation dans la zone
dense est introduite. Le membre de droite de l’équation est primordial. Ce terme correspond

4-46
au flux turbulent de liquide, i.e. il décrit la dispersion de la phase liquide par la turbulence. Ce
terme est détaillé précisément dans un chapitre suivant.

4.1.3 Équations de conservation de la quantité de mouvement moyenne


En faisant l’hypothèse que l’écoulement à deux phases peut être représenté par un
écoulement composé d’un seul fluide de masse volumique fortement variable, l’équation de
transport de la vitesse moyenne de mélange prend la forme suivante :

~ ~ ~
∂ρ U i ∂ρ U jU i ∂P ∂ ρu i′′u ′j′
Eq. 4-3 + =− −
∂t ∂x j ∂xi ∂x j

Cette équation est relativement classique dans le cas du mélange de gaz turbulent. Le
second terme du membre de droite correspond aux tensions de Reynolds. Ce terme doit être
examiné avec attention afin de comprendre si les fortes variations de masse volumique
peuvent jouer un rôle et modifier les fermetures habituelles.

4.1.4 Modélisation de la turbulence diphasique


Dans cette étude, afin de fermer les tensions de Reynolds apparaissant dans l’équation
de conservation de la quantité de mouvement moyenne, on utilise l’hypothèse classique de
Boussinesq combiné avec le modèle standard k − ε .

~
 ∂U~i ∂U j 2 ∂U~k  2 ~
Eq. 4-4 ρui′′u′j′ = − ρ υt  + − δ ij  + ρ k δ ij
 ∂x j ∂ x 3 ∂x  3
 i k 

~
k32
Eq. 4-5 υ t = Cµ ~
ε

~
avec k l’énergie cinétique turbulente moyenne de mélange, ε~ la dissipation
turbulente moyenne de mélange et υt la viscosité turbulente. On a aussi classiquement

Cµ = 0.09 . Il faut remarquer que cette modélisation standard de la turbulence en milieu

monophasique pourrait être remise en cause dans le cas d’écoulements liquide/gaz. Ce


problème a été traité par Demoulin [Demoulin, 2006]

4-47
Avant de détailler les équations de transport de l’énergie cinétique turbulente et de la
dissipation turbulente, on revient sur la décomposition entre valeur moyenne et valeur
conditionnée sur les phases liquide ou gaz.

4.1.4.1 Énergie cinétique turbulente moyenne de mélange


On considère l’énergie cinétique turbulente comme la corrélation des fluctuations de
vitesse.

~ 1
Eq. 4-6 ρk = ρui′′ui′′
2

Pour les phases liquide et gaz, on a l’expression suivante.

1
Eq. 4-7 k g = u′g ,iu′g ,i
2

1
Eq. 4-8 kl = ul′,iul′,i
2

kl est l’énergie cinétique turbulente de la phase liquide.

k g est l’énergie cinétique turbulente de la phase gaz.

La relation entre ces trois énergies cinétiques turbulentes est :

Eq. 4-9
~ ~
( ~
)
ρ k = ρ Y kl + ρ 1 − Y k g +
1

2 1
ρui′′y′′  ~ +
1 
~
 Y 1− Y 

Les énergies cinétiques turbulentes sont liées par le flux turbulent de liquide, qui
caractérise le glissement entre les phases. L’énergie cinétique de mélange est la somme des
énergies cinétiques des phases liquide et gaz et de l’énergie cinétique liée au flux turbulent de
liquide. On verra plus tard qu’il représente le glissement entre les phases liquide et gaz.

4.1.4.2 Dissipation moyenne de mélange


Les différentes dissipations disponibles sont les suivantes :

4-48
∂ul′,i ∂ul′,i
Eq. 4-10 ε l = 2υ
∂x j ∂x j

∂u′g ,i ∂u′g ,i
Eq. 4-11 ε g = 2υ
∂x j ∂x j

ε l est la dissipation turbulente de la phase liquide.

ε g est la dissipation turbulente de la phase gaz.

Pour la dissipation turbulente moyenne de mélange, on a :

∂ui′′ ∂ui′′
Eq. 4-12 ε~ = 2υ
∂x j ∂x j

La relation entre les trois dissipations turbulentes est :

Eq. 4-13
~
( ~
)
ε~ = Y ε l + 1 − Y ε g + 2
υ ∂ ρui′′y′′ ∂ ρui′′y′′  1
ρ 2 ∂x j
~+
1 
~
∂x j  Y 1 − Y 

Comme pour l’énergie cinétique turbulente, les dissipations turbulentes sont liées par
le flux turbulent de liquide, qui caractérise le glissement entre les phases. Ainsi, la dissipation
de mélange est la somme des dissipations sur les phases liquide et gaz et de la dissipation liée
à l’interaction entre les deux phases. Ce troisième terme disparaît lorsque l’on traite le cas
d’un fluide monophasique.

Dans la suite nous présentons les équations de transport de l’énergie cinétique


turbulente et de la dissipation turbulente. Ces équations sont celles utilisées dans le code de
calcul StarCD. Elles correspondent aux travaux d’El Tahry [El Tahry, 1983]. Ces équations
sont identiques à celles utilisées en milieu monophasique. Demoulin [Demoulin, 2006] a
montré qu’elles permettaient de retrouver les résultats expérimentaux de Stepowski
[Stepowski, 2004] dans le cas d’injecteur coaxiaux aéronautiques. On verra par la suite que
cela permet d’obtenir des résultats satisfaisants dans notre étude. Néanmoins k et ε sont
utilisés principalement pour la fermeture des tensions de Reynolds à travers l’hypothèse de
Boussinesq Eq. 4-4, Eq. 4-5. La représentation sous forme de viscosité turbulente suppose que
4-49
l’énergie cinétique des fluctuations représente des mouvements désordonnés et aléatoires. Or
on voit dans l’équation Eq. 4-9 que cette hypothèse correspond bien aux parties liées aux
énergies cinétiques turbulentes liquide et gaz. En revanche, la partie liée au flux turbulent de
liquide correspond au glissement entre les phases liquide et gaz. Dans ce dernier cas, le
mouvement est ordonné et ne peut plus être représenté par une loi de type Boussinesq. Cette
piste devrait être envisagée dans le futur et pourrait expliquer des différences entre les
simulations et l’expérience.

4.1.4.3 Équation de transport de l’énergie cinétique turbulente moyenne de mélange


L’équation de transport de l’énergie cinétique turbulente de mélange s’écrit de la façon
suivante :

Eq. 4-14

~ ~~ ~ ~
∂ρ k ∂ρ k U j ∂  ν t ∂k   ∂U~ ∂U j 2 ∂U~k  ∂U~i 2 ~ ∂U~k
+ = ρ + ρ υt  i + − δ ij  − ρk − ρ ε~
∂t ∂x j  
∂xi  Sct , k ∂xi   
 ∂x j ∂xi 3 ∂xk  ∂x j 3 ∂xk

avec Sct , k = 1 .

Cette équation est relativement classique. Elle correspond à l’équation de transport de


l’énergie cinétique turbulente moyenne de mélange.

4.1.4.4 Équation de transport de la dissipation turbulente moyenne de mélange


L’équation de transport de dissipation turbulente de mélange s’écrit de la façon
suivante :

~~ ~
∂ρ ε~ ∂ρ ε U j ∂  ν t ∂ε~  ε~ ~ ∂U k ε~ 2
Eq. 4-15 + = ρ + Cε 1ρ Pk ~ + Cε 3 ρ ε − Cε 2 ρ ~
∂t ∂x j ∂xi  Sct ,ε ∂xi  k ∂xk k

  ∂U~ ∂U~ j 2 ∂U~  2 ~  ∂U~ 1 ∂U~k  2 ~ ∂U~k


Pk = ρ υt  i + − k
δ ij  + ρ k δ ij  i − δ  − ρk
  ∂x j ∂x 3 ∂x  3  ∂x j 3 ∂xk ij  3 ∂xk
  i k   

4-50
Cε 1 , Cε 2 et Cε 3 sont des constantes de modélisation égales respectivement à 1.44, -

0.33 et 1.92. On a de plus Sct ,ε = 1.22 .

4.1.5 Équation de transport de la densité moyenne d’interface liquide/gaz


Le modèle ELSA est un modèle d’atomisation. Cela signifie qu’il doit prédire la
topologie de l’écoulement gaz/liquide depuis le nez de l’injecteur jusqu’en aval du spray.
L’approche lagrangienne classique s’intéresse au diamètre équivalent des ligaments ou
gouttes liquides. En s’appuyant sur l’approche de Marble [Marble, 1977] concernant le
transport de densité de surface de flamme, Vallet a introduit une notion plus générale que le
diamètre équivalent de goutte : la densité moyenne d’interface liquide/gaz. L’utilisation de
cette grandeur évite de faire l’hypothèse systématique de sphéricité des gouttes ou ligaments
liquides (cette hypothèse n’est pas valide dans la zone proche de l’injecteur).

Il est tout d’abord nécessaire de définir précisément ce que représente la densité


moyenne d’interface liquide/gaz Σ . Cette grandeur représente la surface d’interface
liquide/gaz contenue dans un élément de volume, soit typiquement le volume d’une maille.
Elle s’exprime en [m2/m3] soit [m-1]. On peut aussi définir une grandeur qui est plus facile à
~
utiliser d’un point de vue numérique Ω . En effet, dans la plupart des codes de calcul, on
transporte des grandeurs massiques.

~ Σ
Eq. 4-16 Ω=
ρ

La forme générale de l’équation de transport de la densité moyenne d’interface


liquide/gaz est présentée ci-dessous.

( )
~ ~~
∂ρ Ω ∂ρ ΩU Ω , j ~& ~& ~& ~& ~&
Eq. 4-17 + = ρ Ω mélange + Ωinstabilités + Ωtensions + Ωbreakup + Ωcoalescence
∂t ∂x j

~
U Ω , j est la vitesse de transport de l’interface.

Les différents termes sont détaillés dans le Chapitre 6. Ils sont juste présentés
brièvement ici.

4-51
~&
4.1.5.1 Terme de mélange Ω mélange

Ce terme est un terme d’initialisation de la densité d’interface liquide/gaz. Il prend en


compte le fait que lorsqu’il y a mélange entre les phases liquide et gaz il y a création de
densité d’interface liquide/gaz.

~&
4.1.5.2 Terme de production d’interface due aux instabilités liquide/gaz Ωinstabilités

Ce terme est relié à la production d’interface due aux instabilités liquide/gaz telles que
les instabilités de Kelvin Helmotz ou Rayleigh Taylor. Ce terme de production est
vraisemblablement prépondérant à faible nombre de Reynolds et de Weber, i.e. lorsque la
turbulence est faiblement développée et le rôle de la tension de surface primordial. Ce terme
prend donc en compte le fait qu’il y a croissance d’interface sous l’effet d’instabilités
liquide/gaz.

~&
4.1.5.3 Terme de production de densité d’interface due aux contraintes Ωtensions

Ce terme est lié à l’étirement de l’interface liquide/gaz par des structures moyennes ou
turbulentes. Il traduit l’effet de la turbulence sur une interface liquide/gaz : le plissement.

~&
4.1.5.4 Terme de production de densité d’interface due au breakup Ωbreakup

Le terme de production due à la rupture exprime une constatation géométrique simple.


Pour une masse de liquide donnée, plus il y a de gouttes plus la quantité d’interface
liquide/gaz est importante. Ainsi après rupture d’une goutte initiale en deux gouttes de taille
plus faible, la densité d’interface liquide/gaz croît.

~&
4.1.5.5 Terme de destruction de densité d’interface due à la coalescence Ω coalescence

Ce dernier rend compte des effets de coalescence. À l’opposé du terme précédent,


lorsque deux gouttes coalescent, la densité d’interface résultante diminue.

4.2 Transition entre le calcul eulérien en zone dense et le calcul


lagrangien en zone diluée
Le modèle ELSA est un modèle complet de spray, dès lors qu’il est couplé avec une
approche lagrangienne dans la zone diluée (Figure 17). L’avantage de la méthode eulérienne
4-52
dans la zone dense est de pouvoir traiter l’écoulement dense comme un mélange de liquide et
de gaz, sans avoir à faire l’hypothèse de gouttes sphériques. Dans la partie diluée du spray
(fraction volumique de liquide faible), l’utilisation des méthodes classiques lagrangiennes est
très appropriée. Elles permettent d’utiliser un nombre important de modélisations,
développées pour les écoulements dilués de gouttes dans du gaz, telles que les modèles
d’évaporation, de combustion, de formation de polluants… Ces modélisations sont, en partie,
détaillées dans le Chapitre 3.

Ainsi, il est nécessaire de préciser un critère de transition entre les approches


lagrangienne et eulérienne. Un fois ce critère de transition posé, on définit un ensemble de
cellules de transition, à partir duquel sont injectés des échantillons lagrangiens.

Figure 17 Schéma de principe de la transition entre le calcul eulérien dans la zone dense
et le calcul lagrangien dans la zone diluée

Les gouttes lagrangiennes injectées dans les cellules de transition doivent être
initialisées en respectant les données physiques calculées dans la partie eulérienne du spray.
Ainsi, plusieurs caractéristiques des gouttes lagrangiennes sont extraites de la zone de calcul
eulérienne. Ces données sont : la vitesse des gouttes, le diamètre des gouttes et le nombre de
gouttes. Cette dernière grandeur est imposée par le principe de conservation de la masse, une
fois le diamètre des gouttes calculé. Il est aussi nécessaire de préciser la position initiale des
particules pour initialiser le calcul lagrangien. La transition est réalisée afin de générer une
distribution de particules représentative du spray considéré.

Il est à noter que dans les calculs réalisés, une seule particule est injectée dans chacune
des cellules de transition. Cette valeur peut être plus importante. Il serait même envisageable
d’injecter par cellule de transition une distribution de particules. Cependant le nombre de
particules injectées par cellule est choisi de façon à limiter le nombre total de particules
4-53
lagrangiennes à quelques dizaines de milliers. Cette limitation numérique n’apparaît pas être
significative, car même si localement (à l’échelle d’une maille) la distribution (taille,
vitesse…) n’est pas respectée, elle l’est en revanche sur l’ensemble du spray puisque des
tailles de gouttes différentes sont spécifiées dans chacune des cellules de transition.

4.2.1 Critère de transition


Le critère de transition entre les zones dense et diluée du spray a été proposé par
Blokkeel [Blokkeel, 2003]. L’auteur propose de passer du calcul eulérien au calcul
lagrangien, lorsque la distance entre les particules est suffisamment importante. Ce critère
revient à définir comme critère de transition un seuil de fraction volumique de liquide. Nous
retenons ici le même critère. Le calcul lagrangien est initialisé dès que la fraction volumique
de liquide est inférieure à 50%.

4.2.2 Vitesse des particules


Les équations eulériennes de conservation de la quantité de mouvement concernent la
vitesse de mélange. Dans le cas de l’initialisation des particules lagrangiennes, il faut
retrouver la vitesse de liquide. Cela est réalisé en utilisant la relation exacte suivante :

~ ρu′′y′′
Eq. 4-18 U l ,i = U i + i~
ρY

Cette vitesse correspond à la vitesse moyenne de liquide. Une fluctuation de vitesse


peut être donnée à la particule en utilisant l’énergie cinétique turbulente. Il faut considérer
l’énergie cinétique turbulente de la phase liquide. Dans le modèle de mélange, on résout
l’énergie cinétique de mélange. Cependant comme pour la vitesse de liquide, il existe une
relation exacte entre l’énergie cinétique turbulente de mélange et l’énergie cinétique
turbulente de la phase liquide.

4.2.3 Diamètre des particules


Afin de quantifier les transferts de masse, quantité de mouvement et énergie lors du
transport lagrangien, il est nécessaire de fixer le diamètre des particules. Il est nécessaire de
supposer que les gouttes sont sphériques au moment de la transition. Le diamètre moyen des

4-54
gouttes est assimilé au diamètre moyen de Sauter. On utilise la fraction de liquide et la densité
d’interface liquide/gaz pour définir la taille caractéristique des particules.

~
6Y
Eq. 4-19 d32 = ~
ρl Ω

Dans chaque cellule de transition il n’existe qu’un diamètre mais ce dernier varie dans
l’ensemble des cellules de transition. On dispose alors d’une distribution de tailles de gouttes
sur l’ensemble des cellules de transition.

4.2.4 Nombre de gouttes injectées par cellule de transition


Le nombre de gouttes injectées dans chaque cellule de transition est nParcel . Ce nombre
est à fixer avant chaque simulation. Il peut être faible (égal à l’unité) car le nombre de cellules
de transition est important. On assure ainsi une discrétisation de la masse suffisante. Le
nombre de gouttes par classe de gouttes nDrop est alors obtenu directement en considérant la

conservation de la masse de liquide dans les cellules de transition.

1 Y VCell
Eq. 4-20 nDrop =
π
nParcel (d32 )3
6

VCell est le volume d’une cellule de transition.

4.2.5 Position des particules injectées


Afin d’initialiser le calcul lagrangien, il est aussi nécessaire de spécifier la position
initiale des particules. Les nouvelles classes sont injectées de façon pseudo aléatoire dans les
cellules de transition. Lorsqu’il existe déjà des gouttes dans la cellule de transition (goutte
provenant d’une autre cellule ou étant restée dans la cellule de transition), on injecte
uniquement le nombre de classes nécessaire en conservant la position des gouttes déjà
existantes (Figure 18). En revanche, les autres données (vitesse, diamètre…) sont
réinitialisées.

4-55
Figure 18 Schéma explicatif de la procédure d’injection des nouvelles classes dans une
cellule de transition

Figure 19 Résultats de couplage eulérien/lagrangien

La Figure 19 est une image du résultat du couplage entre la zone eulérienne et la zone
lagrangienne. Au niveau de la buse d’injection, on aperçoit une zone rouge qui correspond à
l’isosurface de fraction volumique de liquide égale à 50%. De cette surface sont éjectées des
particules lagrangiennes qui correspondent au calcul eulérien.

4-56
Chapitre 5 Modèle quasi multiphasique
Après avoir présenté le modèle ELSA, nous nous intéressons dans ce cinquième
chapitre à un point particulier de cette modélisation : la dispersion de la phase liquide. Le
premier objectif de cette partie est de proposer l’équation de transport locale non fermée du
flux turbulent de liquide ρui′′y′′ . Ce terme correspond à la corrélation des fluctuations de
vitesse avec les fluctuations de fraction massique de liquide. On peut aussi analyser ce terme
comme un terme de transport de la fraction massique de liquide par la vitesse fluctuante, c’est
à dire un terme de transport turbulent ou de flux turbulent.

~
Eq. 5-1 ρui′′y′′ = ρui′′Y car ρui′′Y = 0

Ce terme de flux turbulent apparaît, du fait de la prise de moyenne de Reynolds dans


l’équation de transport de la fraction massique de liquide Eq. 4-2. L’approche standard
consiste à fermer ce flux, assimilé à de la diffusion turbulente de la masse de liquide, par une
loi gradient.

~
ν t ∂Y
Eq. 5-2 ρui′′y′′ = − ρ
Sct ∂xi

ν t est la viscosité turbulente. Sct est le nombre de Schmidt turbulent.

La loi gradient, présentée ci-dessus, donne des résultats satisfaisants dans le cas d’un
mélange d’espèces gazeuses de densités équivalentes. Dans cette configuration, la diffusion
turbulente de la fraction de liquide est entièrement pilotée par les gradients de fraction
massique et la diffusion turbulente de la vitesse.

Cependant en utilisant cette fermeture simple, une partie de l’information est perdue.
Ceci peut être vérifié en utilisant la relation exacte suivante obtenue pour des phases séparées
et donc applicable dans le cas liquide/gaz.

Eq. 5-3
~
( ~
) ~
(
ρui′′y′′ = ρ Y 1 − Y (U l ,i − U g ,i ) = ρ Y U l ,i − U i
~
)

5-57
avec U l ,i et U g ,i les vitesses moyennes conditionnées, respectivement, sur les phases

liquide et gaz.

Cette équation montre le lien fort qui existe entre le flux turbulent de liquide et le
différentiel de vitesses entre les phases gazeuse et liquide.

Un exemple simple (Figure 20), démontrant l’insuffisance de la fermeture par


gradient, serait celui d’un nuage homogène de gouttes se déplaçant dans du gaz, ayant une
vitesse moyenne nulle, mais turbulent. La vitesse des gouttes du nuage est non nulle. La
fraction massique de liquide est non nulle. En revanche, le gradient de fraction volumique de
liquide est nul. La loi gradient donne un flux turbulent nul alors que la relation exacte donne
un flux turbulent de liquide non nul. Dans cet exemple, il est mis en évidence que le
glissement moyen entre les phases ne peut être représenté uniquement par une loi gradient.

Figure 20 Nuage de gouttes en mouvement dans un gaz, en moyenne, au repos

~
Y ≠0
~
( ~
)
ρui′′y′′ = ρ Y 1 − Y (U l ,i − U g ,i ) ≠ 0
U l ,i − U g ,i ≠0 ⇒ ~
ν t ∂Y
~ ρui′′y′′ = − ρ =0
∂Y Sc ∂xi
=0
∂xi

Il est à remarquer qu’au bout d’un certain temps, le gaz se mettra en mouvement (du
fait de la traînée) et le glissement entre les phases deviendra nul. Durant cette transition, la loi
gradient n’est pas valable.

Ce contre-exemple met en évidence qu’il est, dans certain cas, nécessaire de


représenter le flux turbulent de liquide par un modèle plus performant que la loi gradient. Une
possibilité consiste à étudier directement les équations de transport de ces flux.

5-58
Le second objectif de cette partie est de détailler une fermeture pour l’équation de
transport du flux turbulent de liquide. Pour cela plusieurs voies sont explorées. Nous
envisagerons, tout d’abord, les fermetures extraites des modèles de turbulence à densité
variable [Bailly, 1987]. Ensuite deux fermetures sont extraites des modèles pleinement
multiphasiques (deux jeux d’équations de conservation, liquide et gaz), [Simonin, 2000] ou
[Drew, 1983].

Enfin l’équivalence mathématique entre l’approche diphasique et l’approche nommée


quasi multiphasique, qui correspond au couplage du modèle de mélange avec la résolution de
l’équation de transport pour le flux turbulent de liquide, est établie. L’approche quasi
multiphasique est à rapprocher des modèles de flux de glissement (drift flux) utilisés pour les
écoulements diphasiques, par exemple les écoulements pétroliers dans les conduites, [Ishii,
2006]. Dans ces modèles, on suppose un certain équilibre entre les phases et on exprime alors
le flux turbulent de liquide (ou la vitesse de glissement entre les phases) par une relation
algébrique. Il existe aussi des fermetures empiriques de la vitesse de glissement entre les
phases pour des configurations particulières (bulles de vapeur dans une conduite).

5.1 Équation exacte pour le flux turbulent de liquide ρui′′y′′

Afin de décrire précisément la dispersion de la phase liquide dans le cas de


l’atomisation, il est nécessaire de prendre en compte différents phénomènes physiques. Pour
modéliser ces derniers, il est important d’étudier les équations qui décrivent l’écoulement et
de comprendre comment ces phénomènes y apparaissent.

Ainsi, dans cette partie, les équations de conservation instantanées, locales et exactes
(non moyennées), vont être tout d’abord présentées : conservation de la masse et conservation
de la quantité de mouvement. Ensuite, en appliquant les opérateurs de moyenne, on déduit
l’équation de transport non fermée du flux turbulent de liquide. Cette équation non fermée est
alors détaillée et explicitée. Cette présentation des équations résulte d’une compilation des
différents travaux suivant : [Ishii, 2006], [Kataoka, 1986], [Simonin, 2000], [Sirignano,
2000]…

5-59
5.1.1 Équations exactes de conservation de la masse et de la quantité de
mouvement pour un fluide monophasique
Les deux premières équations, qui sont utilisées, sont les équations de conservation de
la masse et de la quantité de mouvement d’un fluide monophasique newtonien. Ces deux
équations de conservation sont instantanées (non moyennées) et locales.

Équation de conservation de la masse :

∂ρ ∂ρU j
Eq. 5-4 + =0
∂t ∂x j

Équation de conservation de la quantité de mouvement :

∂ρU i ∂ρU jU i ∂P ∂τ ij
Eq. 5-5 + =− + + ρFi
∂t ∂x j ∂xi ∂x j

Le tenseur des contraintes visqueuses est brièvement défini afin de clarifier la suite de
la démonstration.

 2 ∂U k 
Eq. 5-6 τ ij = ρν  2Sij − δ ij 
 3 ∂xk 

1  ∂U i ∂U j 
avec Sij = + le tenseur des déformations.
2  ∂x j ∂xi 

5.1.2 Équations locales de conservation de la masse et de la quantité de


mouvement pour un fluide constitué d’une phase liquide et d’une phase gaz
Les équations présentées dans le paragraphe précédent sont les équations de Navier
Stockes pour un fluide monophasique. Dans le cas d’un mélange liquide/gaz, il faut prendre
en compte les discontinuités qui apparaissent dans l’écoulement. On ne doit plus considérer
les grandeurs physiques comme des fonctions continues de l’espace et du temps mais comme
des distributions. Ainsi, on obtient des équations de Navier Stockes sensiblement différentes
du cas monophasique (Annexe 2).

5-60
Équation de conservation de la masse :

∂ρ ∂ρU j
Eq. 5-7 + =0
∂t ∂x j

Équation de conservation de la quantité de mouvement :

∂ρU i ∂ρU iU j ∂P ∂τ ij
Eq. 5-8 + =− + + ρFi + σκniδ S
∂t ∂x j ∂xi ∂x j

δ S est la fonction indicatrice de l’interface, σ est la tension de surface, κ est la


courbure locale à l’interface, ni est la composante normale à l’interface dans la direction i.

L’équation de conservation de la quantité de mouvement inclut désormais un terme lié


à la tension de surface. Ce terme exprime le saut de pression à travers l’interface liquide/gaz
dû aux forces de tension de surface.

5.1.3 Équation exacte de conservation de la masse de liquide


Dans cette partie, nous allons définir l’équation locale de conservation de la masse de
liquide. Tout d’abord, on définit la fonction indicatrice de la phase liquide Y .

Y = 1 , si on est dans la phase liquide

Y = 0 , sinon.

Cette distribution est fonction de l’espace et du temps. En utilisant les propriétés de


dérivation des distributions, on obtient l’équation de conservation de la masse de liquide
(Annexe 2).

∂ρY ∂ρYU j
Eq. 5-9 + = ρl (U l ,i − U Int ,i )niδ S
∂t ∂x j

U Int ,i est la vitesse instantanée de l’interface, U l ,i est la vitesse conditionnée sur la

phase liquide, ni est la normale à l’interface liquide/gaz orientée du gaz vers le liquide.

5-61
Cette équation correspond à la conservation de la masse de liquide (Figure 21). Le
terme de droite décrit le phénomène de vaporisation (transfert de masse à travers l’interface).
On note le taux de vaporisation :

Eq. 5-10 Γl = ρ l (U l ,i − U Int ,i )niδ S

Figure 21 Conservation de la masse de liquide à travers une interface liquide/gaz


vaporisante

La vitesse de vaporisation de l’interface du côté liquide est :

Eq. 5-11 U vap ,i = U l ,i − U Int ,i

5.1.4 Équation exacte de conservation de la quantité de mouvement de la


phase liquide
Nous présentons, dans cette nouvelle partie, l’équation exacte de conservation de
quantité de mouvement de la phase liquide. Il existe trois configurations pour lesquelles nous
pouvons obtenir cette équation (Figure 22) :

- Milieu monophasique. Cette configuration correspond, par exemple, au mélange


turbulent de gaz de masse volumique différente. Il n’existe pas de saut. La fonction indicatrice
est une fonction continue. On passe continûment d’un milieu à l’autre.

- Milieu diphasique. Ce cas est celui d’un mélange de deux phases, par exemple
liquide et gaz, distinctes. Il existe un saut à la traversée de l’interface. La fonction indicatrice
est alors une distribution. Elle est, en revanche, constante par morceau.

5-62
- Milieu avec des propriétés générales. La fonction indicatrice est une distribution ; il
existe des sauts entre les deux milieux. De plus, cette fonction n’est pas constante par sur
chacun des milieux 1 et 2.

Figure 22 Schéma des fonctions indicatrices du milieu

Ces trois configurations ne sont pas nécessairement physiques, mais sont utiles dans le
reste de la démonstration.

5.1.4.1 Cas A : cas général

En multipliant l’équation pour U i par l’indicateur de la phase liquide, on obtient YU i

qui correspond à la vitesse du liquide dans le liquide et qui est nul dans le gaz. On utilise les
propriétés de dérivation des distributions. On obtient alors l’équation exacte de conservation
de la quantité de mouvement de la phase liquide (Annexe 2).

5-63
∂ρYU i ∂ρYU iU j ∂YP ∂Yτ ij
+ =− + + (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S
∂t ∂x j ∂xi ∂x j
Eq. 5-12 C
 ∂Y ∂Y 
+ ρlU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S + ρYFi +  P − τ ij 
 ∂xi ∂x j 

La notation [φ ] correspond à la distribution égale à la fonction usuelle continue en


C

dehors de l’interface, i.e. tout le domaine sauf à l’interface.

Cette équation inclut différents termes. Dans l’ordre, de gauche à droite, dans le
membre de droite, on a :

- Le gradient de pression dans la phase liquide

- Le gradient des contraintes visqueuses dans la phase liquide

- La contribution de la pression et des contraintes visqueuses à l’interface

- La vaporisation

- Les forces volumiques extérieures dans la phase liquide

- La contribution du gradient d’indicatrice sur le domaine continu

5.1.4.2 Cas B : Mélange monophasique


Dans ce cas, les sauts à la traversée de la discontinuité sont nuls. Il n’existe pas non
plus de différence de comportement de l’indicatrice sur l’ensemble du domaine. On obtient
alors :
∂ρYU i ∂ρYU iU j ∂YP ∂Yτ ij ∂Y ∂Y
Eq. 5-13 + =− + + ρYFi + P − τ ij
∂t ∂x j ∂xi ∂x j ∂xi ∂x j

5.1.4.3 Cas C : Mélange diphasique


Dans ce cas le gradient de l’indicatrice sur le domaine continue est nul. On obtient
alors l’équation de la vitesse du liquide :

5-64
∂ρYU i ∂ρYU iU j ∂YP ∂Yτ ij
+ =− + + (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S
Eq. 5-14 ∂t ∂x j ∂xi ∂x j
+ ρlU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S + ρYFi

5.1.4.4 Remarques
Il est à remarquer certaines différences entre les approches monophasique et
diphasique pour ce qui est des termes liés aux contraintes visqueuses et des termes liés au
gradient de pression. Dans l’approche monophasique, on obtient :

C
 
Eq. 5-15 (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S +  P ∂Y − τ ij ∂Y  = P ∂Y − τ ij ∂Y
 ∂xi ∂x j  ∂xi ∂x j

Dans l’approche diphasique, on trouve :

C
 
Eq. 5-16 (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S +  P ∂Y − τ ij ∂Y  = (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S
 ∂xi ∂x j 

On observe que les termes des membres de droite des équations Eq. 5-15 et Eq. 5-16
sont équivalents ; le cas diphasique étant la limite du cas monophasique pour un créneau très
raide (Figure 22).

5.1.5 Équation non fermée du flux turbulent de liquide


Dans cette partie, nous détaillons l’obtention de l’équation non fermée moyenne du
flux turbulent de liquide. Cette équation est obtenue pour deux configurations : le cas A et le
cas B. Afin d’obtenir cette équation, on moyenne au sens de Reynolds l’équation Eq. 5-12.
Cette équation correspond à la conservation de la quantité de mouvement de la phase liquide.

Il est possible d’appliquer directement l’opérateur de moyenne de Favre aux équations


Eq. 5-9 et Eq. 5-8. On obtient, respectivement, les équations Eq. 5-17 et Eq. 5-18 pour la
fraction massique moyenne de liquide et pour la vitesse moyenne.

~ ~~
∂ρ Y ∂ρ Y U j ∂ ρy′′u′j′
Eq. 5-17 + =− + Γl
∂t ∂x j ∂x j

5-65
~ ~~
∂ρ U i ∂ρ U iU j ∂ ρui′′u′j′ ∂P ∂τ ij ~
Eq. 5-18 + =− − + + ρ Fi + σκniδ S
∂t ∂x j ∂x j ∂xi ∂x j

~
On ajoute ensuite l’équation Eq. 5-17 multipliée par U i et l’équation Eq. 5-18
~
multipliée par Y . On obtient alors l’équation suivante :

~~ ~~ ~ ~
∂ρ YU i ∂ρ Y U iU j ~ ∂ ρy′′u′j′ ~ ~ ∂ ρui′′u′j′ ∂Y P
+ = −U i + ΓlU i − Y −
∂t ∂x j ∂x j ∂x j ∂xi
Eq. 5-19 ~ ~ ~
∂Y ∂Yτ ij ∂Y ~~ ~
+P + − τ ij + ρ YFi + Y σκniδ S
∂xi ∂x j ∂x j

5.1.5.1 Cas B : Mélange monophasique


Le modèle, présenté dans cette partie, est issu des travaux proposés par Bailly [Bailly,
1987]. Bailly présente un modèle au second ordre complet pour décrire les phénomènes de
combustion turbulente prémélangée. Dans ces travaux, apparaît une équation pour la variable
d’avancement moyenne. Il est possible de faire un parallèle entre la variable d’avancement
moyenne en combustion et la fraction massique de liquide pour les écoulements diphasiques.
Ces deux grandeurs sont des fonctions indicatrices moyennées au sens de Reynolds.

Y , C = 1 , si on est dans la phase liquide, s’il y a eu combustion

Y , C = 0 , sinon.

L’équation, utilisée par Bailly, n’a, en réalité, un sens mathématique que si l’on
considère une variable continue comme C dans un milieu continu. En revanche, dans un
milieu diphasique, il faut tenir compte des relations de saut.

Dans le cas monophasique, on considère l’équation Eq. 5-13. On moyenne cette


équation au sens de Reynolds, il vient alors :

∂ ρYU i ∂ ρYU iU j ∂YP ∂Yτ ij ∂Y ∂Y


Eq. 5-20 + =− + + ρYFi + P − τ ij
∂t ∂x j ∂xi ∂x j ∂xi ∂x j

Il est maintenant nécessaire de soustraire l’équation Eq. 5-20 ci-dessus de l’équation


Eq. 5-19. L’équation exacte pour le flux turbulent de liquide est l’équation Eq. 5-21. Il est à
5-66
noter que deux termes supplémentaires apparaissent par rapport au cas d’un mélange
diphasique (7e et 8e terme du membre de droite). Cela est dû au fait que dans l’approche de
Bailly, la variable Y n’est pas nulle sur chacun des domaines (liquide ou gaz).

~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂ ρu′j′ui′′y′′ ∂Y ~~
+ =− − ρui′′u′j′ + ρYFi − ρ Y Fi
∂t ∂x j ∂x j ∂x j
Eq. 5-21
∂YP ∂Yτ ij ∂Y ∂Y ~ ∂P ~ ∂τ ij
− + +P − τ ij +Y −Y
∂xi ∂x j ∂xi ∂x j ∂xi ∂x j

On s’intéresse maintenant aux termes de pression où l’on traite l’indicatrice de la


phase liquide non plus comme une distribution mais comme une fonction continue de
l’espace.

∂YP ∂Y ~ ∂P ∂P ~ ∂P ∂y′′ ∂ p′y′′ ∂P


Eq. 5-22 − +P +Y = −Y +Y = p′ − − y′′
∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xi

Le même travail peut être mené pour les tensions visqueuses.

∂Yτ ij ∂Y ~ ∂τ ij ∂y′′ ∂τ ij′ y′′ ∂τ


Eq. 5-23 − τ ij −Y = −τ ij′ + + y′′ ij
∂x j ∂x j ∂x j ∂x j ∂x j ∂x j

Les relations précédentes nous permettent de retrouver l’équation standard pour le flux
turbulent de gaz dans le cas du mélange de deux gaz. Il manque cependant le terme de
diffusion laminaire dans la diffusion du flux turbulent. Ce terme est négligé dans le cas d’un
écoulement diphasique car les espèces considérées (liquide et gaz) ne diffusent pas.

~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′
∂t
+
∂x j
=−

∂x j
( )
ρu′j′ui′′y′′ − τ ij′ y′′ + p′y′′δ ij − ρui′′u′j′
∂Y
∂x j
Eq. 5-24 ~
∂U ∂τ ∂P ∂y′′ ∂y′′
− ρu′j′ y′′ i + y′′ ij − y′′ + p′ − τ ij′
∂x j ∂x j ∂xi ∂xi ∂x j

Bailly se place dans le cas d’écoulements pleinement turbulents. Ainsi, les termes liés
aux contraintes visqueuses sont négligés devant ceux liés aux contraintes turbulentes. On
obtient finalement l’équation pour le flux turbulent moyen.

5-67
~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′
∂t
+
∂x j
=−

∂x j
(
ρu′j′ui′′y′′ + p′y′′δ ij − ρui′′u′j′ )
∂Y
∂x j
Eq. 5-25 ~
∂U ∂P ∂y′′
− ρu′j′ y′′ i − y′′ + p′
∂x j ∂xi ∂xi

5.1.5.2 Cas C : Mélange diphasique


Le point de départ de cette démonstration est l’équation Eq. 5-14. On applique à cette
équation la moyenne de Reynolds. On obtient alors l’équation suivante :

∂ ρYU i ∂ ρYU iU j ∂YP ∂Yτ ij


+ =− + + (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S
Eq. 5-26 ∂t ∂x j ∂xi ∂x j
+ ρlU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S + ρYFi

On soustrait de cette équation, l’équation Eq. 5-19 et on utilise également la définition


proposée par Drew [Drew, 1983] :

Eq. 5-27 ρU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S = ΓlU l , Int ,i

Nous obtenons finalement :

Eq. 5-28
~ ~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂ ρu′j′ui′′y′′
∂t
+
∂x j
=−
∂x j
− ρuiu j
′′ ′

∂Y
∂x j
− ρu j y
′′ ′

∂U i
∂x j
~
(
+ Γl U l , Int ,i − U i )
∂Y Pl ∂Y τ l ,ij ~ ∂ P ~ ∂τ ij
~
( ~
)
− ρ Y 1 − Y (Fg ,i − Fl ,i ) − Y σκniδ S + (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S −
~
∂xi
+
∂x j
+Y
∂xi
−Y
∂x j

Cette équation est détaillée dans le paragraphe suivant.

5.1.5.3 Détail de l’équation exacte du flux turbulent de liquide


Dans cette partie, l’équation Eq. 5-28 pour le flux turbulent de liquide est détaillée et
explicitée. Cette équation de transport a une forme tout à fait classique pour ce qui est du
membre de gauche. Elle inclut un terme de variation temporelle et un terme d’advection par la
vitesse moyenne de l’écoulement. Le membre de droite est composé, de gauche à droite, de :

5-68
- Un terme de diffusion turbulente. Il correspond au transport par les fluctuations de
vitesse du flux turbulent de liquide. On pourrait remettre en cause l’aspect diffusif de ce terme
comme pour le flux turbulent de liquide, mais on suppose que cette approximation est moins
primordiale que dans l’équation de la fraction massique de liquide moyenne.

- Un terme de variation due au gradient de fraction massique moyenne de liquide. Ce


terme joue un rôle important dès lors qu’il existe des inhomogénéités de fraction de liquide. Il
peut devenir le terme de production du flux le plus important et conduire à l’équilibre avec la
loi gradient.

- Un terme de variation de diffusion turbulente liquide due au gradient de vitesse.


Lorsque l’écoulement liquide/gaz est soumis à un gradient de vitesse, il peut y avoir
augmentation du flux turbulent de liquide.

- Le quatrième terme est un terme de variation lié à l’évaporation. Ce terme


correspond au fait que lors du phénomène d’évaporation, il y a transfert de masse du liquide
vers le gaz et donc transfert de quantité de mouvement. Comme le flux turbulent de liquide est
proportionnel au glissement entre les phases, il peut diminuer ou augmenter du fait de
l’évaporation. Ce terme correspond à l’écoulement de Stefan, par exemple [Burluka, 2000].

- Le cinquième terme est un terme de variation de flux turbulent de liquide lié au


différentiel de force qui peut exister entre les phases liquide et gazeuse. Dans le cas des sprays
Diesel, ce terme est négligé. Il serait cependant à prendre en compte dans le cas de particules
chargées en mouvement dans un champ magnétique (particules de peinture venant se fixer sur
une carrosserie chargée de véhicule, par exemple). En revanche, pour ce qui est de la force de
gravité, ce terme est nul car celle-ci agit de la même façon sur chacune des phases.

- Le sixième terme correspond à la contribution de la tension de surface.

- Le septième terme correspond aux effets de pression et des contraintes visqueuses au


niveau de l’interface liquide/gaz. La fonction δ S exprime est la fonction indicatrice de

l’interface liquide/gaz (Figure 23). Ainsi, on a ici l’intégrale des forces de pression et de
frottement le long de l’interface. Si on considère des gouttes, on a alors la force de traînée.

5-69
Figure 23 Schéma de la fonction indicatrice de l’interface liquide/gaz

- Les quatre derniers termes correspondent aux effets de pression et de contraintes


visqueuses moyens.

5.1.5.4 Remarques
Cette remarque est à mettre en parallèle avec la remarque effectuée dans le paragraphe
5.1.4.4. Les termes de pression et de contraintes visqueuses que l’on trouve dans les équations
du flux turbulent de liquide pour les cas monophasique et diphasique sont à comparer. Nous
traitons le cas du gradient de pression. La même procédure peut être appliquée pour les
contraintes visqueuses.

Pour le cas monophasique :

∂YP ∂Y ∂y′′ ∂ p′y′′ ∂P ~ ∂P


Eq. 5-29 − +P = p′ − − y′′ −Y
∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xi

Pour le cas diphasique :

∂YP ∂Y Pl
Eq. 5-30 − + Plδ ij n jδ S = − + Plδ ij n jδ S
∂xi ∂xi

Ces deux groupes de termes sont équivalents mais sont fermés de façon différente en
fonction de l’approche retenue. Il est à noter qu’il représente cependant les mêmes effets
physiques.

5-70
5.2 Fermetures de l’équation de transport du flux turbulent de
liquide
Dans cette partie, nous présentons deux fermetures de l’équation du flux turbulent de
liquide : la fermeture à partir du modèle de turbulence à densité variable de Bailly [Bailly,
1987] et la fermeture à partir des modèles multiphasiques de Drew [Drew, 1983] puis
Simonin [Simonin, 2000]. Finalement les différentes fermetures proposées sont comparées.

5.2.1 Modèle de turbulence à densité variable, modèle monophasique


Le modèle, utilisé par Bailly, concerne l’avant dernier terme et le terme de diffusion
de l’équation Eq. 5-24.

~
∂y′′ ∂U i ∂P ρu′′y′′
Eq. 5-31 p′ = C1 ρu′j′ y′′ + C2 y′′ − C3 i
∂xi ∂x j ∂xi τt

ν t ∂  ρui′′y′′ 
Eq. 5-32 ρu′j′ui′′y′′ + p′y′′δ ij = − ρ
Sct ∂x j  ρ 

C1 , C2 et C3 sont des constantes de modélisation, ν t et Sct sont respectivement la


viscosité turbulente et le nombre de Schmidt turbulent.

Les autres termes ne nécessitent pas de fermeture, si ce n’est le terme lié aux tensions
de Reynolds. Ce dernier est fermé soit en résolvant une équation de transport pour les tensions
de Reynolds, soit en en utilisant l’hypothèse de Boussinesq.

Il est à retenir que dans cette modélisation, Bailly suppose que le retour du flux
turbulent de liquide à l’équilibre se fait avec un temps caractéristique égal au temps turbulent
(dernier terme de l’équation Eq. 5-31). L’utilisation d’un temps turbulent est tout à fait
légitime ; dans ce cas le mélange concerne deux gaz et non deux phases distinctes liquide et
gaz. Pour ce dernier cas, l’interprétation physique consiste à dire que le glissement entre les
phases liquide et gaz est contrôlé par la turbulence. Cette hypothèse est recevable dans le cas
d’un mélange de deux gaz de densités variables ou un mélange liquide/gaz sans inertie. Pour
le cas liquide/gaz, il revient à considérer de très petites gouttes (ou de petites bulles) ayant peu
de traînée dans un écoulement gazeux (ou un écoulement liquide), ou un mélange liquide/gaz
5-71
en proportion équivalente (dans ce dernier cas, la traînée et le glissement ne sont pas
définissables). En revanche, il apparaît plus crédible que dans le cas d’un écoulement de
gouttes ou blobs liquides (avec une inertie) dans un environnement gazeux au repos, le temps
caractéristique, qui contrôle le retour à l’équilibre des vitesses liquide et gaz, soit un temps de
traînée, lié plus particulièrement aux caractéristiques inertielles des gouttes et pas uniquement
à la turbulence globale.

En revanche, le modèle proposé dans l’équation Eq. 5-32 n’est vraisemblablement pas
applicable dans le cas d’un mélange liquide/gaz ; en effet, si l’on considère les équations Eq.
5-29 et Eq. 5-30, le terme p′y′′δ ij apparaît lié au transfert de quantité de mouvement plutôt

qu’à la diffusion turbulente.

5.2.2 Modélisation issue de la fermeture diphasique eulérienne


Il est proposé, dans cette nouvelle partie, une fermeture originale de l’équation du flux
turbulent de liquide. Cette fermeture s’appuie sur les fermetures classiques développées dans
le cadre des modèles diphasiques (lagrangien et eulérien) et est adaptée. Le premier point de
cette partie est un rappel : il existe une équation exacte reliant le flux turbulent de liquide et le
différentiel de vitesse entre les phases liquide et gaz.

( ) (
ρui′′y′′ = ρ Y 1 − Y (U l ,i − U g ,i ) = ρ Y U l ,i − U i
~ ~ ~ ~
)
Cette relation affirme clairement le lien entre le flux turbulent de liquide et les vitesses
liquide et gaz utilisées dans les approches diphasiques.

Tout d’abord, nous dérivons l’équation moyenne pour la vitesse de liquide. Cette
équation est utile pour fermer l’équation du flux turbulent de liquide grâce aux approches
multiphasiques classiques.

5.2.2.1 Équation de la vitesse moyenne de liquide obtenue à partir des équations


eulériennes
Le but de cette partie est de dériver brièvement une équation de transport de la vitesse
moyenne de liquide. Cette étude se base sur les résultats établis par Ishii [Ishii, 1975] ou Drew
[Drew, 1983] par exemple.

5-72
Le point de départ est l’équation de conservation de la quantité de mouvement de la
phase liquide. On considère la définition suivante.

∂Y
Eq. 5-33 M l ,i = (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S − Pl , Int
∂xi

Pl , Int est la pression à l’interface liquide/gaz conditionnée côté liquide, M l , i

correspond au transfert de quantité de mouvement dû à la pression et aux contraintes


visqueuses (force de traînée, par exemple).

Il vient alors :

∂ρlY U l ,i ∂ρlY U l ,iU l ,i ∂ρlY ul′,iul′, j ∂Pl ∂Y τ l ,ij


+ =− −Y + + ρlY Fl ,i
∂t ∂x j ∂x j ∂xi ∂x j
Eq. 5-34
∂Y
+ ΓlU l , Int ,i + M l ,i + (Pl , Int − Pl )
∂xi

Cette équation de transport pour la vitesse moyenne de la phase liquide correspond à


celle proposée par Drew [Drew, 1983]. On propose une fermeture de chacun des termes de
cette équation. M l ,i correspond à une loi de traînée. Le terme (Pl , Int − Pl )∂Y ∂xi peut être

supposé nul (équilibre des pressions à la surface de la goutte) ou fermer à partir du modèle
proposé par Stuhmiller [Stuhmiller, 1977]. Le terme ΓlU l , Int ,i est nul, si l’on suppose

l’absence de changement de phase.

5.2.2.2 Équation fermée pour le flux turbulent de liquide obtenue à partir des
fermetures multiphasiques classiques
Le but de cette partie est d’extraire une fermeture de l’équation de transport du flux
turbulent de liquide à partir des modèles utilisés dans l’approche diphasique.

Il est possible de retrouver une équation fermée du flux turbulent de liquide, en


soustrayant de l’équation Eq. 5-34, l’équation Eq. 5-19, on obtient l’équation de transport
suivante :

5-73
Eq. 5-35

~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂ρlY ul′,iul′, j ∂P ∂Y τ l ,ij ∂Y
+ =− −Y l + + ρlY f l ,i + ΓlU l , Int ,i + M l ,i + (Pl , Int − Pl )
∂t ∂x j ∂x j ∂xi ∂x j ∂xi
~ ~
~ ∂ ρui′′u′j′ ~ ∂P ~ ∂τ ij ~ ~ ~ ∂U i ~ ∂ ρui′′y′′ ρu′j′ y′′ ρ Y
+Y +Y −Y − Y ρ Fi − Y σκniδ S − ρu j y
′′ ′′ − ΓlU i −
∂x j ∂xi ∂x j ∂x j ∂x j

~ ~ ~ ~
On utilise aussi les deux relations suivantes : Y = Y + y ′′ et Fi = 1 − Y Fg ,i + Y Fl ,i .( )
On trouve alors :

Eq. 5-36

∂ (P − Pl )
~ ~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂P ∂U i ∂Y ∂Y τ l ,ij
+ = − y′′ +Y + M l , i − ρu′j′ y′′ − ρui′′u′j′ +
∂t ∂x j ∂xi ∂xi ∂x j ∂x j ∂x j
~ ∂τ
− Y ij −

∂x j ∂x j
( ) ( )
ρlY ul′, jul′, j + ρui′′y′′ ρu′j′ y′′ ρ Y − Y ρui′′u′j′ − ρ Y 1 − Y (Fg ,i − Fl ,i )
~ ~ ~ ~

( )
+ Γl U l , Int ,i − U i + (Pl , Int − Pl )
~ ∂Y ~
∂xi
− Y σκniδ S

On peut remarquer que les forces volumiques Fl ,i et Fg ,i , agissant respectivement sur

la phase liquide et sur la phase gaz, apparaissent dans l’expression finale seulement si ces
forces sont différentes sur chacune des phases (par exemple, des gouttes de liquide chargées
en mouvement dans un champ électrique).

On utilise aussi la relation exacte suivante.

ρui′′y′′ ~ ~~
Eq. 5-37 ρui′′u′j′ y′′ = ρui′′y′′ ~ + ρ Y Rl ,ij − ρ Y Rij
ρY

~
avec Rl ,ij = ul′,i ul′, j le tenseur de Reynolds liquide moyen et Rij = ρui′′u′j′ le tenseur de

Reynolds de mélange moyen.

Finalement, on obtient une équation de transport du flux turbulent de liquide.

5-74
Eq. 5-38

∂ (P − Pl )
~ ~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂P ∂U ∂Y ∂Y τ l ,ij
+ = − y′′ +Y + M l ,i − ρu′j′ y′′ i − ρui′′u′j′ +
∂t ∂x j ∂xi ∂xi ∂x j ∂x j ∂x j
~ ∂τ
− Y ij −

∂x j ∂x j
~ ~
( ) ( ~
)
ρui′′u′j′ y′′ − ρ Y 1 − Y (Fg ,i − Fl ,i ) + Γl U l , Int ,i − U i + (Pl , Int − Pl )
∂Y ~
∂xi
− Y σκniδ S

Ou d’une autre manière,

Eq. 5-39

~ ~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂ ∂U ∂Y ~ ∂P ∂Y Pl ∂Y τ l ,ij
+ =− ρui′′u′j′ y′′ − ρu′j′ y′′ i − ρui′′u′j′ + M l ,i + Y − +
∂t ∂x j ∂x j ∂x j ∂x j ∂xi ∂xi ∂x j
~ ∂τ
∂x j
~ ~
( ) ( ~
)
− Y ij − ρ Y 1 − Y (Fg ,i − Fl , i ) + Γl U l , Int , i − U i + Pl , Int
∂Y ~
∂xi
− Y σκniδ S

Cette équation est complète, c’est à dire qu’elle prend en compte tous les phénomènes
physiques. En revanche, elle apparaît très difficile à fermer. Part exemple le terme M l ,i

contient l’intégrale des forces de pression sur l’interface. Ce terme ne possède pas de
modélisation dans le cas général. En revanche, dans le cas d’une goutte isolée, on peut
l’assimiler, avec l’intégrale des forces visqueuses sur l’interface, à un terme de traînée. Ce cas
est, à peu près, le seul où l’on peut exprimer M l ,i . Ainsi Drew [Drew, 1983] et Ishii [Ishii,

2006], par exemple, reviennent à ce type d’écoulement pour fermer l’équation de la vitesse de
la phase liquide. Il reste cependant difficile de retrouver les termes de traînée dans l’équation
finale Eq. 5-39. Simonin [Simonin, 2000] propose une alternative. Au lieu de se baser, au
final, sur la physique d’un spray composé de gouttes pour lesquelles il est possible
d’introduire une loi de traînée, Simonin propose de prendre pour point de départ cette
hypothèse pour construire l’équation de la vitesse de liquide. Ce point de vue est détaillé dans
le paragraphe suivant.

5.2.3 Modélisation issue de la fermeture diphasique lagrangienne


Dans cette partie une équation fermée du flux turbulent de liquide est dérivée à partir
de l’équation moyenne de la vitesse de liquide proposée par Simonin. Cette dernière est

5-75
dérivée des équations de transport fermées de la fonction densité de probabilité d’un spray
[Simonin, 2000].

5.2.3.1 Équation de la vitesse moyenne de liquide obtenue à partir des équations


lagrangiennes
Le but de cette partie est de présenter brièvement une équation de transport pour la
vitesse moyenne de liquide à partir des équations lagrangiennes pour une particule. Cette
étude se base sur les travaux de Simonin [Simonin, 2000]. Afin d’obtenir les équations
moyennes pour la phase liquide, Simonin suppose un milieu dilué constitué d’une phase
porteuse et d’une phase dispersée. Dès lors, on peut parler d’une distribution de taille de
gouttes. Simonin intègre alors les équations de la fonction densité de probabilité d’un spray
par rapport à la vitesse ou au nombre de gouttes, pour obtenir les équations eulériennes de
conservation de la quantité de mouvement de la phase liquide ou de la masse de la phase
liquide, respectivement (Annexe 3).

L’équation de conservation de la quantité de mouvement de la phase liquide est


obtenue à partir des équations lagrangiennes et est de la forme suivante.

∂ρlY U l ,i ∂ρlY U l ,iU l ,i ∂ρlY ul′,iul′, j ∂Pg


Eq. 5-40 + =− −Y + ρlY fl ,i + Cl ,i + ΓlU Int ,i + Ftraînée,i
∂t ∂x j ∂x j ∂xi

Cl ,i correspond à un terme de transfert de quantité de mouvement dû à la collision

interparticulaire. Ce terme devient négligeable dès que l’écoulement est dilué [Simonin,
2000].

Ftraînée ,i correspond au transfert de quantité de mouvement dû à la pression et aux

contraintes visqueuses (force de traînée, par exemple). Ce terme s’exprime à partir de la loi de
Schiller Naumann, dans le cas de gouttes liquides.

ρl Cd Seff Vr ,i (Vr ,i )
1
Eq. 5-41 Ftraînée ,i =
2

avec Seff la section efficace de la goutte liquide et Vr ,i la vitesse relative entre les

phases liquide et gaz.

5-76
Le coefficient de traînée Cd s’exprime à partir de la corrélation suivante :

0.44 si Rel ≥ 1000


Eq. 5-42 Cd = 24
Rel
1 + Rel (
0.687
) si Rel ≤ 1000

avec Rel le nombre de Reynolds de la goutte.

5.2.3.2 Équation pour le flux turbulent de liquide moyen


De la même façon que dans la partie précédente, on obtient une équation du flux
turbulent de liquide moyen.

Eq. 5-43
~ ~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂ ∂U i ∂Y ~ ∂P ∂Pg
+ =− ρui′′u′j′ y′′ − ρu′j′ y′′ − ρui′′u′j′ + Ftraînée,i + Y −Y
∂t ∂x j ∂x j ∂x j ∂x j ∂xi ∂xi
~ ∂τ ij
−Y
∂x j
~
(~
) ( ~ ~
)
− ρ Y 1 − Y (Fg ,i − Fl ,i ) + Γl U l , Int ,i − U i − Y σκniδ S + Cl ,i

5.2.4 Comparaison des fermetures proposées


Nous comparons ici d’abord les équations de conservation de la quantité de
mouvement du liquide, puis les équations fermées du flux turbulent de liquide.

5.2.4.1 Comparaison des équations de la vitesse de liquide moyenne


On reprend d’abord l’équation pour la vitesse moyenne de liquide obtenue par Drew, à
partir des équations eulériennes (Eq. 5-44), avec celle obtenue par Simonin, à partir des
équations de transport lagrangiennes de la phase liquide (Eq. 5-45).

∂ρlY U l ,i ∂ρlY U l ,iU l ,i ∂ρlY ul′,i ul′, j ∂Pl ∂Y τ l ,ij


+ =− −Y + + ρlY Fl ,i
∂t ∂x j ∂x j ∂xi ∂x j
Eq. 5-44
∂Y
+ ΓlU l , Int ,i + M l ,i + (Pl , Int − Pl )
∂xi

∂ρlY U l ,i ∂ρlY U l ,iU l ,i ∂ρlY ul′,iul′, j ∂Pg


Eq. 5-45 + =− −Y + ρlY Fl ,i + Cl ,i + ΓlU Int ,i + Ftraînée,i
∂t ∂x j ∂x j ∂xi

5-77
Ces équations sont comparées dans le Tableau 1.

Phénomènes physiques Drew Simonin


Transport de la quantité de mouvement par ∂ρlY ul′,iul′, j ∂ρlY ul′,iul′, j
− −
les fluctuations de vitesses ∂x j ∂x j
Forces extérieures ρlY Fl ,i ρlY Fl ,i
Transfert de quantité de mouvement dû à ΓlU l , Int ,i ΓlU l , Int ,i
l’évaporation (transfert de masse)
Forces de traînée (+portance+…) M l ,i Ftraînée ,i
Transfert de quantité de mouvement dû aux ∂Pl ∂Y τ l ,ij
collisions (contraintes liquide et pression −Y + Cl ,i
∂xi ∂x j
liquide)
∂Y ∂Pg
Forces de pression (P − Pl ) −Y
∂xi ∂xi
l , Int

Tableau 1 Comparaison des termes des équations de transport de la vitesse de liquide


obtenues par Drew et Simonin

Les équations de conservation de la quantité de mouvement de la phase liquide sont


relativement proches. L’équation obtenue par Drew est complète mais apparaît difficile à
fermer. L’équation obtenue par Simonin est, quant à elle, entièrement modélisée, car elle
introduit, dès le départ l’hypothèse d’un spray composée de gouttes. Néanmoins certains
termes, tels que le terme de traînée, nécessitent la modélisation de la vitesse de gaz
conditionnée par la présence de gouttes.

5.2.4.2 Comparaison des équations du flux turbulent moyen de liquide


Nous comparons les équations du flux turbulent moyen de liquide dans le Tableau 2. Il
met en évidence que le parallèle entre les différentes approches est difficile. On considère, par
exemple, le terme de traînée. Dans l’approche de Simonin, ce terme est directement
identifiable, car il est issu de la loi de traînée d’une particule lagrangienne. En revanche, dans

l’approche de Drew, il est a relié au terme M l ,i = (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S − Pl , Int (∂Y ∂xi ) . La partie

gauche de ce terme est la moyenne de la pression et des contraintes visqueuses pointée sur
l’interface : elle se rapproche donc d’une force de traînée. Pour ce qui est du terme de
collision, l’approche de Simonin permet d’obtenir un terme de collision issu des fermetures
lagrangiennes. Il n’est cependant pas aisé de traduire ce phénomène en termes de contraintes
visqueuses ou de pression.
5-78
Phénomène
Drew Simonin Bailly
physique
Diffusion
∂ ∂ ∂
− ρui′′u′j′ y′′ − ρui′′u′j′ y′′ − ρui′′u′j′ y′′ turbulente du flux
∂x j ∂x j ∂x j turbulent de
liquide
Terme source dû
Pas de différentiel de
~
(~
)
− ρ Y 1 − Y (Fg ,i − Fl ,i )
~
( ~
)
− ρ Y 1 − Y (Fg ,i − Fl ,i ) forces extérieures entre
au différentiel de
force agissant sur
les deux phases
les phases
( ~
Γl U l , Int ,i − U i ) ( ~
Γl U l , Int ,i − U i ) Pas de vaporisation
Terme source dû
à l’évaporation
~ ~ ~ Terme source dû
∂U i ∂U i ∂U i
− ρu ′j′ y′′ − ρu ′j′ y′′ − ρu ′j′ y′′ au gradient de
∂x j ∂x j ∂x j vitesse moyenne
Terme source dû
~ ~ ~ au gradient de
∂Y ∂Y ∂Y ∂p′y′′
− ρui′′u ′j′ − ρui′′u ′j′ − ρui′′u′j′ + fraction massique
∂x j ∂x j ∂x j ∂xi de liquide
moyenne
Terme source dû
~ ~ Pas de tension de
− Y σκniδ S − Y σκniδ S à la tension de
surface
surface
M l ,i Ftraînée,i Force de traînée
∂Y Pl ∂Y τ l ,ij Terme dû aux
− + Cl ,i collisions
∂xi ∂x j interparticulaires
~
∂P ∂U i
∂Y ∂Pg − y′′ + C1 ρu′j′ y′′
Pl , Int −Y ∂xi ∂x j Force de pression
∂xi ∂xi
∂P ρu′′y′′
+ C2 y′′ − C3 i Terme source
∂xi τt correspondant
~ ∂P ~ ∂τ ij ~ ∂P ~ ∂τ ij aux effets moyens
Y −Y Y −Y
∂xi ∂x j ∂xi ∂x j de pression et de
contraintes
visqueuses

Tableau 2 Comparaison des termes des équations de transport du flux turbulent de liquide

5.2.4.3 Modélisation retenue


Nous développons rapidement, dans cette partie, la modélisation retenue pour
l’équation de transport du flux turbulent de liquide. On suppose ici différentes hypothèses :

- Il y a absence de vaporisation.

5-79
- Il y a absence des effets de collision sur le flux turbulent de liquide.

- Il y a absence d’actions différentielles des forces de volume.

- Le terme de diffusion turbulente du flux turbulent est assimilé à une loi gradient.

- On se place à grands nombres de Weber. Les effets de tension de surface deviennent


alors négligeables.

- On se place à grands nombres de Reynolds. Les contraintes visqueuses deviennent


négligeables devant les contraintes turbulentes.

- On néglige les effets de pression sur le flux turbulent de liquide.

On obtient finalement :

~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂  ∂ ρui′′y′′ 
+ =−  ρν t 
∂t ∂x j 
∂x j  ∂xi ρ 
Eq. 5-46 ~ ~ ~
∂U ∂Y 1  ∂Y 
− ρu′j′ y′′ i − ρui′′u′j′ −  ρ ′′ ′
′ + ρ 
∂x j ( ~
∂x j 1 − Y τ p ) ui y Dgl ,t
∂xi 

~ 2
(
~ 
)
Dgl ,t = k  Cµτ t − 1 − Y τ p  est le coefficient de dispersion liquide/gaz adapté. Il est
 3 
évalué de telle sorte que le flux turbulent dégénère vers une loi gradient, lorsque la phase
liquide ou gaz est dispersée. Ce cas correspond au transport d’un scalaire. Dans l’équation de
transport du flux turbulent les deux termes prédominants sont la force de traînée et le terme de
production due au gradient de fraction massique de liquide. Ils devraient donc s’équilibrer de
la façon suivante.

~
∂Y
Eq. 5-47 Ftrainee,i = ρui′′u′j′
∂x j

Eq. 5-48
~
~ 1  ρui′′y′′ Dgl ,t ,i , j ∂Y 
~ VR ,i
= −ρY
~ 1
= −ρY (U l ,i − U g ,i − Vd ,i ) = − ρY  ~ ~ + ~ ~ 
Ftrainee,i
τp τp ( ) (
τ p  ρ Y 1 − Y Y 1 − Y ∂x j  )

5-80
~
Dgl ,t ,i , j ∂Y
car VR ,i = U l ,i − U g ,i − Vd ,i et Vd ,i =− ~
( ~
Y 1 − Y ∂x j ) .

Dgl ,t ,i , j est le coefficient de dispersion liquide/gaz.

Finalement on obtient l’égalité qui suit.

~
Eq. 5-49 ′′ ′′ ′′(′

~
( )
ρui y = − ρuiu j 1 − Y τ p + ρ Dgl ,t ,i , j
∂Y
∂x j
)

Dans le cas limite du scalaire, le flux turbulent de liquide doit dégénérer vers une loi
gradient standard.

Eq. 5-50 ( ~
)
τ p ρui′′u′j′ 1 − Y + ρ Dgl ,t ,i , j → Dt

Cette relation nous permet d’exprimer le coefficient de dispersion liquide/gaz en


contractant les indices.

Eq. 5-51
~
( ( ~
Dgl ,t ∝ Cµ k τ t − τ p 1 − Y ))
On observe bien que le coefficient de dispersion liquide/gaz tend vers un coefficient
de diffusion turbulente lorsque le temps caractéristique de la particule tend vers une valeur
nulle ou lorsque l’on se trouve en zone très dense (fraction massique de liquide proche de
l’unité).

τ p est le temps caractéristique d’une particule. Il correspond au temps de traînée. Il


s’exprime, à partir de la loi de Schiller Naumann, de la façon suivante :

18 ρ gν g 1  
0.687
1  U r ,i dl  
Eq. 5-52 = 1 + 0 .15 
τp ρl dl 2   ν 
 g 

 

~
1  ∂Y 
= ~  ρui′′y′′ + ρ Dgl ,t .
avec U r ,i
(~
ρY 1 − Y ) 
 ∂x 
i 

5-81
Cette équation permet de mettre en évidence les dépendances du diamètre des gouttes
(puissance 2) sur le temps de traînée.

5.3 Équivalence mathématique entre l’approche diphasique et


l’approche quasi multiphasique
Le but de ce paragraphe est en premier lieu de présenter l’approche nommée quasi
multiphasique. Ensuite l’équivalence entre les approches quasi multiphasique et
multiphasique est démontrée.

5.3.1 Approche quasi multiphasique


L’approche quasi multiphasique consiste en un couplage entre les équations moyennes
de Navier Stockes avec les équations pour le flux turbulent de liquide.

Approche quasi multiphasique

~ ~
( ~
)
Équation pour U i = Y U l ,i + 1 − Y U g ,i

( )
Équation pour ρu′′y′′ = ρ Y 1 − Y (U l ,i − U g ,i )
~ ~

~
Équation pour ρ Y

Tableau 3 Tableau récapitulatif des équations résolues dans le modèle quasi


multiphasique

5.3.2 Équivalence entre les approches multiphasique et quasi


multiphasique
L’approche classique multiphasique de Drew [Drew, 1983] et Simonin [Simonin,
2000] utilise deux jeux de trois équations pour la vitesse moyenne du liquide et pour la vitesse
moyenne du gaz. L’approche de mélange utilise uniquement trois équations pour la vitesse
moyenne de mélange. Au premier abord, cette seconde méthode ne semble pas permettre
d’avoir accès à chacune des vitesses liquide et gaz mais simplement à la vitesse de mélange.
Cela peut être suffisant si l’on suppose l’équilibre des vitesses entre les deux phases. En
revanche, dans une application comme le spray Diesel cette hypothèse apparaît peu valable.

5-82
La relation exacte, reliant le flux turbulent de liquide et les vitesses liquide et gaz, montre que
la vitesse de glissement est en fait exprimée par le flux turbulent. Ainsi, en ajoutant le jeu des
trois équations du flux turbulent de liquide (une pour chacune des directions de l’espace) aux
trois équations de la vitesse moyenne de mélange, il est possible de connaître toute
l’information cinématique concernant les deux phases. Remarquons aussi que même les
modèles ne contenant que les équations pour la vitesse moyenne n’impliquent pas que les
vitesses du liquide et du gaz soient égales. En revanche, l’équation associée pour la fraction
massique de liquide implique, quant à elle, l’utilisation d’un modèle pour le flux turbulent. Ce
modèle détermine le différentiel de vitesse entre les phases liquide et gaz. On peut, dans
certains cas limites (bulles dans un tube sous l’action de la gravité, par exemple), donné un
modèle algébrique qui représente le glissement. Ce type de modèle (utilisé dans le domaine
pétrolier ou nucléaire, par exemple) correspond à un modèle de flux de dérive [Ishii, 2006].
On se propose ici de résoudre les équations de transport pour les flux turbulents, afin
d’obtenir un véritable modèle multiphasique.

Approche multiphasique Approche quasi multiphasique

3 Équations pour U l ,i
~ ~
( ~
)
3 Équations pour U i = Y U l ,i + 1 − Y U g ,i

3 Équations pour U g ,i
~
(~
)
3 Équations pour ρu′′y′′ = ρ Y 1 − Y (U l ,i − U g ,i )

~
1 Équation pour ρ l Y 1 Équation pour ρ Y

Tableau 4 Tableau comparatif des modèles quasi multiphasique et multiphasique

Il y a ainsi équivalence entre les deux approches en termes d’équations résolues, c’est
à dire en termes de quantité d’information obtenue.

5.3.3 Avantage de la méthode quasi multiphasique


Bien que les deux méthodes soient fondamentalement équivalentes, plusieurs
avantages de la méthode quasi multiphasique sont à mettre en avant.

5.3.3.1 Code monophasique


Le modèle quasi multiphasique possède l’avantage de pouvoir traiter des écoulements
complexes diphasiques, sans nécessiter la mise en place d’un solveur diphasique spécialisé. Il
5-83
est alors possible d’utiliser la plupart des modèles, mis en place dans les codes
monophasiques (adaptation nécessaire pour prendre en compte la phase liquide eulérienne).
Par exemple, les modèles de combustion standards sont disponibles dans des codes
monophasiques. La phase liquide est classiquement traitée par une approche lagrangienne. En
utilisant l’approche quasi multiphasique, il est possible de résoudre complètement
l’écoulement liquide/gaz et de l’associer à un modèle de combustion, sans avoir à développer
un nouveau modèle de combustion valide dans un solveur diphasique.

5.3.3.2 Phase dispersée et phase portante


Dans les approches diphasiques classiques, il est nécessaire de faire le choix entre la
phase dispersée et la phase portante (bulles dans un écoulement liquide ou gouttes dans un
écoulement gazeux). L’exemple de la densité d’interface liquide/gaz, qui est détaillée dans le
chapitre suivant, est parlant. Iyer et Abraham [Iyer, 2003] font le choix d’un transport de la
densité d’interface, car cette dernière apparaît advectée par le liquide (cette hypothèse est
discutée par la suite) lorsque l’on est dans le cas des sprays. À l’opposé, dans le cas
d’écoulements de bulles, la densité d’interface apparaît advectée par la vitesse de gaz
[Delhaye, 2001]. Le modèle quasi multiphasique permet avec l’utilisation d’une vitesse de
mélange (qui varie de la vitesse du liquide à celle du gaz) de traiter le transport de la densité
d’interface aussi bien pour les bulles que pour les gouttes sans changer la description de
l’écoulement. Ainsi les sprays cavitants, par exemple, peuvent être traités de façon complète,
à savoir depuis l’intérieur de l’injecteur (cavitation : bulles de vapeur de fuel) jusque dans la
zone diluée du spray, éloignée du nez de la buse (transport de gouttes de carburant).

5.3.3.3 Lien avec les approches turbulentes


L’utilisation du modèle quasi multiphasique permet de passer d’une modélisation
d’écoulements diphasique dispersés à une modélisation d’écoulements diphasiques denses (ou
monophasiques), simplement en changeant le temps de retour à l’équilibre du flux turbulent
de liquide (temps de traînée contre temps caractéristique turbulent). Dans les approches
multiphasiques, on traite principalement le cas des écoulements dilués. Cela se traduit par la
représentation de la phase discrète comme un ensemble de particules que l’on considère une à
une. Dans la zone dense d’un spray Diesel, une telle approche n’est plus possible. Il devient,
en effet, très difficile d’exprimer la traînée des gouttes (ou plus exactement le terme de
transfert de quantité de mouvement) quand ces dernières n’existent pas et que le milieu
5-84
liquide/gaz est décrit par une interaction entre phases plus ou moins continues. Pour traiter ces
cas, il faudrait considérer l’approche turbulente pour un mélange de gaz à densités fortement
variables. Dans ce cadre, la vitesse moyenne est utilisée. Ainsi, dans le cadre des écoulements
liquide/gaz en proportion voisine, l’extension est plus directe à partir de la méthode quasi
multiphasique. En d’autres termes, il est plus simple d’exprimer le flux turbulent, qui
correspond au mouvement et à la traînée d’un ensemble de gouttes, que d’exprimer la traînée
de gouttes qui n’existent pas à partir d’un flux turbulent.

5-85
Chapitre 6 Modélisation du transport d’une interface

6.1 Introduction
La topologie de l’interface liquide/gaz est fondamentale dans la modélisation des
sprays, car elle conditionne directement les échanges de masse, quantité de mouvement et
énergie entre les phases liquide et gaz. Afin de décrire de façon précise la topologie de
l’interface, la notion d’aire interfaciale a été initialement proposée par Ishii [Ishii, 1975]. Il
est, tout d’abord, nécessaire de définir précisément ce que représente l’aire interfaciale et la
grandeur qui en découle dans le cas de prises de moyenne : la densité d’interface liquide/gaz
ou concentration d’aire interfaciale.

6.1.1 Aire interfaciale et densité d’interface liquide/gaz

6.1.1.1 Formulation physique


L’aire interfaciale représente la surface d’interface présente dans un volume de
contrôle. Afin de définir localement la quantité d’interface présente dans ce volume, la densité
d’interface liquide/gaz est introduite. Cette quantité représente l’aire interfaciale contenue
dans cet élément de volume (Figure 24), soit typiquement le volume d’une maille.

Aire Interfaciale
Eq. 6-1 Densité Interfaciale =
Volume de Contrôle

Figure 24 Densité d’interface liquide/gaz

L’aire interfaciale représente la surface en bleu. Elle est exprimée en m2. La densité
d’interface liquide/gaz est exprimée en m2/m3=m-1. On note A l’aire interfaciale, Σ la densité
d’aire interfaciale.
6-86
6.1.1.2 Formulation mathématique
Delhaye [Delhaye, 2001] propose une définition mathématique de la densité
d’interface liquide/gaz locale.

1
Eq. 6-2 Σ= ∫ δ S dv
V Volume

avec δ S la fonction indicatrice de l’interface (fonction Dirac ayant comme support


l’interface).

6.1.2 Équation exacte de transport de la densité d’interface liquide/gaz


Lhuillier [Lhuillier, 2001] propose une équation de transport exacte pour la densité
d’interface liquide/gaz.

∂Σ ∂ ∂n
Eq. 6-3 + VInt , j n j ni Σ = VInt , j n j i Σ + γ
∂t ∂xi ∂xi

ni est la normale à l’interface.

VInt , j est la vitesse de l’interface i.e. la somme de la vitesse propre et de la vitesse

d’advection (par exemple transport par la vitesse et par la vitesse de vaporisation).

γ est un terme source (coalescence, fragmentation, nucléation…).

La densité d’interface liquide/gaz est donc transportée avec la vitesse de déplacement


normale aux interfaces. La fermeture de cette équation est relativement difficile. En
particulier, les phénomènes de rupture, coalescence ou étirement sont difficiles à traduire et à
mettre en évidence dans cette équation. Une approche phénoménologique est plus simple à
envisager.

6.1.3 Transport d’interface réactive : surface de flamme


La notion de densité de surface de flamme est un point central de la modélisation en
combustion depuis les travaux de Marble et Broadwell [Marble, 1977]. En effet, la densité de
surface de flamme caractérise (de la même façon que pour un écoulement liquide/gaz) les
transferts de masse, quantité de mouvement et énergie à travers l’interface, à savoir ici, la
6-87
surface de flamme. Elle est un point crucial de la fermeture des équations de la combustion
turbulente et plus particulièrement dans le cas de combustion en milieu prémélangé. La
flamme peut être caractérisée par la vitesse de flamme laminaire (on peut aussi prendre en
compte l’étirement). Le taux de réaction chimique moyen s’exprime, en effet, comme le
produit de la densité d’interface par la vitesse de flamme laminaire. Le but de ce paragraphe
est de présenter d’abord l’équation exacte de transport de la densité de surface de flamme.
Ensuite, on présente les modélisations les plus classiques, pour finalement établir un lien avec
l’équation pour la densité d’interface liquide/gaz.

6.1.3.1 Équation exacte de transport d’interface réactive [Candel, 1990]


Parmi les différents travaux menés, Candel [Candel, 1990] dérive une équation exacte
de transport de la densité de surface de flamme.

∂Σ ∂  
Eq. 6-4 + (U i + S L ni )Σ = (ν iν j + ηiη j ) ∂U i Σ + S LΣ ∂ni
∂t ∂xi  ∂x j  ∂xi

ηi et ν i sont les vecteurs définissant le plan tangent à la surface de flamme.

ni est le vecteur normal à la surface de flamme.

S L est la vitesse de flamme laminaire (vitesse de réaction de combustion).

L’équation de transport de la densité de surface de flamme se compose dans l’ordre


de :

- Un terme temporel

- Un terme d’advection par la vitesse de l’écoulement et par la vitesse de flamme


laminaire

- Un terme prenant en compte l’effet de l’étirement dans le plan tangent à la surface de


flamme

- Un terme lié à l’interaction de la vitesse de réaction avec la densité de surface de


flamme

6-88
6.1.3.2 Modélisation standard de l’équation de transport de la densité moyenne de
surface de flamme
Nous proposons, dans cette partie une description phénoménologique de l’équation de
transport de densité de surface de flamme moyenne [Duclos, 1993].

De façon générale, l’équation moyenne s’écrit :

∂Σ ∂ ∂  ν t ∂Σ  ∂U j ε
Eq. 6-5 + UiΣ =   + Ai , j Σ + A1 Σ − A2 Σ 2
∂t ∂xi ∂xi  Sct ∂xi  ∂xi k

Ai , j , A1 et A2 sont des fonctions qui diffèrent légèrement selon les fermetures. Par

exemple : Ai , j = cte , A1 = 0 et A2 = cte S L (1 − C ) [Marble, 1977] avec C la variable

d’avancement moyenne.

Les termes du membre de droite correspondent, dans l’ordre de gauche à droite, à :

- La diffusion turbulente de la densité de surface de flamme

- Le terme d’étirement moyen (action des gradients de vitesse moyenne sur la surface
de flamme)

- Le terme d’étirement turbulent (action de la turbulence sur la surface de flamme :


plissement turbulent)

- Le terme de variation lié à la réaction de combustion. La densité de surface de


flamme est limitée à petite échelle. Les petits paquets de gaz frais disparaissent avec leur
interface lorsqu’ils sont brûlés. À l’opposé, la densité de surface de flamme croît lors de la
propagation de la flamme depuis un ensemble de poches de gaz brûlés.

Il existe une forte analogie entre la modélisation de la densité de surface de flamme et


celle de la densité d’aire interfaciale liquide/gaz. La modélisation, dans le cas de
l’atomisation, de cette dernière est basée sur l’équation de surface de flamme [Vallet, 2001].
Néanmoins les mécanismes de production et destruction diffèrent. Dans le cas de la
combustion, la densité de flamme est limitée par la diffusion laminaire des espèces et la
combustion (effet contenu dans la vitesse laminaire de flamme). Dans le cas d’un mélange

6-89
liquide/gaz, la densité d’interface liquide/gaz est limitée par la tension de surface et la
vaporisation. Les phénomènes de production sont semblables : le plissement turbulent et les
instabilités de couche de cisaillement. Il faut cependant dans le cas diphasique, tenir compte
des effets de masses volumiques très différentes. Certaines instabilités sont spécifiques : pour
les flammes, l’instabilité de Darius Landau, pour les mélanges liquide/gaz, l’instabilité de
Rayleigh.

6.2 Modélisation du transport d’interface liquide/gaz


Dans cette partie, nous présentons la modélisation du transport de la densité
d’interface liquide/gaz. Comme nous l’avons remarqué précédemment, il semble intéressant
de considérer l’adaptation des modèles pour les flammes. Néanmoins, avant de traiter ce
problème, il est possible de tirer partie du fait que l’interface liquide/gaz n’est pas réactive
(elle ne se propage pas contrairement à la surface de flamme de prémélange) et qu’elle peut
être stabilisée à petite échelle par la tension de surface. Dans ce cas, on se retrouve dans la
configuration d’un spray ou d’un écoulement de bulles : chaque inclusion est séparée. On peut
alors déduire des équations d’évolution d’une bulle ou d’une goutte, l’équation d’évolution de
la densité d’interface liquide/gaz. Cela se traduit en considérant l’équation de Williams (cf.
3.1) :

Eq. 6-6 Σ = ∫ S goutte f (t , x, m, u, T )dmdudT

avec S goutte la surface d’une goutte.

Ainsi, une équation pour Σ peut être obtenue, à partir de l’équation de Williams, en la
multipliant par la surface d’une goutte et en l’intégrant sur l’espace des phases. De manière
plus simple, des modélisations ont été proposées tant pour les bulles que pour les gouttes en
ne considérant que des gouttes de diamètres identiques [Wu, 1998], [Wan, 1998]. Nous
décrivons d’abord ces fermetures, avant de s’intéresser aux fermetures de l’équation de la
densité d’interface liquide/gaz, de façon plus générale.

6-90
6.2.1 Adaptation des modèles d’évolution de gouttes ou de bulles
Cette première partie concerne les équations de transport fermées de la densité
d’interface liquide/gaz obtenues à partir des lois classiques d’évolution de gouttes ou de
bulles :

- Modèle de rupture primaire

- Modèle de rupture secondaire

- Modèle de collision

- Modèle d’évaporation

De façon générale, on peut passer d’une loi d’évolution pour le diamètre (ou le carré
du diamètre) d’une goutte (ou d’une bulle) à une loi d’évolution pour la densité d’interface
liquide/gaz. L’évolution de la quantité de mouvement, i.e. de la vitesse de la bulle ou de la
goutte, ne modifie pas directement la densité d’interface. Elle joue cependant un rôle au
travers du choix de la vitesse moyenne retenue pour l’advection de la densité d’interface
liquide/gaz.

6.2.1.1 Modélisation proposée par Iyer [Iyer, 2003]


Le modèle de transport d’interface liquide/gaz proposé par Iyer et Abraham [Iyer,
2003] se place dans le cadre d’un modèle multiphasique global de spray : eulérien/liquide,
eulérien/gaz. Deux jeux d’équations de Navier-Stockes sont résolus. Il existe donc des termes
de transfert interfacial (masse, quantité de mouvement, énergie) entre les phases gaz et liquide
(par exemple, la loi de traînée ou la loi d’évaporation). Dans le terme de transfert interfacial
de quantité de mouvement, un diamètre est nécessaire pour définir la loi de traînée. Ce
diamètre est extrait de la densité d’interface liquide/gaz. Il est fait l’hypothèse que dans le cas
d’écoulements dispersés diphasiques, la vitesse de l’interface est égale à la vitesse de la phase
dispersée, à savoir celle du liquide. Une équation de transport pour la densité d’interface est
ainsi proposée.

∂Σ ∂U l ,i Σ
Eq. 6-7 + = φvaporisation + φbreakup + φcoalescence
∂t ∂xi

6-91
Le premier terme du membre de droite est le terme de vaporisation. Il tient compte du
fait que la densité d’interface décroît lorsqu’il y a évaporation des gouttes liquides. Le second
terme est un terme de production par rupture. Lorsqu’une goutte est fractionnée en plusieurs
gouttes, la densité d’interface croît. Enfin, le dernier terme est un terme de destruction due à la
coalescence : lorsque deux gouttes coalescent, la densité d’interface liquide/gaz décroît. Dans
les parties suivantes, chacun des termes est explicité.

6.2.1.1.1 Terme source de vaporisation φvaporisation

Ce terme puits est obtenu en reliant la densité d’interface avec le diamètre équivalent
des structures liquides.

Σ = πdl N l
2
Eq. 6-8

6Y
Eq. 6-9 Nl =
πdl 3

~
6Y 6 ρ Y
Eq. 6-10 Σ= =
dl ρl d l

avec Nl la densité volumique de gouttes, dl le diamètre caractéristique d’une goutte.

On dérive alors l’équation Eq. 6-10. Cela nous permet de retrouver le terme
d’évaporation. On utilise la loi du D 2 pour estimer le terme de destruction de surface liée à la
vaporisation.

 dΣ  Σ Σ3
Eq. 6-11 φvaporisation =   = − Kv 2 = − Kv
 dt vaporisation dl 36Y 2

K v est le coefficient de vaporisation. Il s’exprime en suivant l’équation Eq. 3-2.

Le terme de vaporisation s’obtient donc directement, mais il est fait l’hypothèse que
les gouttes sont sphériques. Il serait plus intéressant de prendre en compte l’évaporation en
zone dense à travers une évaluation de l’évaporation par unité de surface et en fonction de

6-92
l’étirement local. Ce modèle d’évaporation par unité de surface reste à définir. Les travaux de
Burluka [Burluka, 2000] vont dans ce sens.

6.2.1.1.2 Terme source de breakup primaire φbreakup

Le terme de rupture de cette équation de transport de densité d’interface liquide/gaz


est basé sur le modèle de Reitz [Reitz, 1987]. Ce terme prend en compte la croissance de la
densité d’interface due à la rupture. Le point de départ de la modélisation de ce terme est la loi
de décroissance du rayon.

ddl d − d crit
Eq. 6-12 =− l
dt τ bu

d crit est le diamètre critique.

τ bu est le temps de breakup.

Le diamètre critique et le temps de breakup sont décrits de façon précise dans la partie
3.3.5.1.2.1.

On considère les expressions reliant la densité d’interface liquide/gaz au diamètre


moyen. L’évolution du diamètre conduit alors à :

Σ  Σ 
Eq. 6-13 φbreakup = 1 − 
τ bu  Σ crit 

Σcrit est la densité d’interface liquide/gaz correspondant au diamètre critique.

Ce modèle de décroissance de la densité d’interface liquide/gaz est donc directement


relié au modèle de Reitz. Il est à noter qu’Iyer n’utilise aucun modèle de breakup secondaire.
Il suppose apparemment qu’il n’y a pas de rupture secondaire ou plutôt que la vaporisation est
le phénomène dominant et donc que la rupture secondaire devient négligeable.

6.2.1.1.3 Terme de destruction par coalescence φcoalescence

Le terme de destruction par coalescence prend en compte le fait que, lorsque deux
gouttes rentrent en collision et coalescent, la densité d’interface liquide/gaz diminue. Pour
6-93
décrire le phénomène de coalescence entre deux gouttes, il faut d’abord définir une fréquence
de collision entre ces mêmes deux gouttes. La fréquence de collision entre deux gouttes est
obtenue en suivant les travaux d’O’Rourke [O’Rourke, 1980] ou Gidaspow [Gidaspow,
1984].

πdl 2
f coll = Nl
2
Eq. 6-14 Ul '
2

N l est la densité volumique de gouttes.

U l ' est la vitesse moyenne d’agitation inter gouttes.

La vitesse moyenne d’agitation des gouttes est reliée à la turbulence de la phase


liquide par la relation suivante :

Eq. 6-15 U l ' = Ccoll 2 kl 3

Ccoll est une constante de modélisation.

Il s’agit maintenant de définir la probabilité de coalescence. En effet, deux gouttes qui


rentrent en collision ne sont pas certaines de coalescer, mais peuvent, au contraire, rebondir
l’une contre l’autre ou même se rompre. La probabilité de coalescence de deux gouttes est
définit comme suit :

Eq. 6-16 ηc = min (2.4 g (ξ ) / Wecoll ,1)

avec g (ξ ) = 1.3 dans le cas présent [O’Rourke, 1981].

ρlU l '2 d l
Wecoll = est le nombre de Weber collisionnel. Il traduit la capacité d’une
σl

6Y
goutte à résister à une collision. On a toujours d l = .
Σ

Le taux de décroissance du nombre de gouttes par unité de volume due à la


coalescence s’écrit donc :

6-94
dN l
Eq. 6-17 = −ηc f coll
dt

On obtient finalement le terme de destruction d’interface liquide/gaz due à la


coalescence.

Ul '
Eq. 6-18 φcoalescence = −ηc Σ 2
12

Cette approche traduit donc, en termes de densité d’interface, un modèle de


coalescence de gouttes sphériques :

- On considère uniquement le fait que le nombre de gouttes puisse diminuer suite à


une coalescence, alors qu’en réalité deux gouttes qui rentrent en collision peuvent éclater en
plusieurs gouttes et donc former une densité d’interface liquide/gaz plus grande.

- Le modèle de rupture extrait des méthodes lagrangiennes concerne uniquement la


rupture primaire.

6.2.1.2 Modélisation proposée par Wan [Wan, 1999]


Nous nous intéressons, dans cette partie, aux travaux proposés par Wan [Wan, 1999].
Comme pour le modèle d’Iyer, cette modélisation a pour point de départ les modèles
lagrangiens de vaporisation et de rupture. Les modèles de collision ne sont pas ici traités. La
loi du D 2 pour la vaporisation et le modèle de Reitz & Diwakar sont utilisés. À partir de ces
modélisations, Wan dérive une équation de transport fermée du carré du diamètre moyen de
goutte liquide.

∂ρlYl dl ∂ρ Y U d
2 2

Eq. 6-19 + l l l ,i l = −φvaporisation − φbreakup


∂t ∂xi

φvaporisation correspond à la loi du D 2 de Spalding.

2dl (d l − d crit )
φbreakup = correspond à la variation de la densité d’interface due au
τ breakup
breakup secondaire.

6-95
Le diamètre critique d crit et le temps de breakup τ breakup sont détaillés dans la partie

3.3.5.2.1.

Dans cette modélisation, il est à noter plusieurs remarques :

- En ce qui concerne la variable transportée (ici le diamètre moyen au carré), on peut


se poser la question du choix d’un diamètre au carré plutôt que d’une densité d’interface. Il
apparaît plus aisé d’étendre la modélisation dans la zone dense du spray à partir de la densité
d’interface liquide/gaz que pour un diamètre au carré. En effet, l’utilisation du diamètre
entraîne l’hypothèse de gouttes sphériques.

- Le modèle de rupture de Reitz & Diwakar est un modèle basé sur la rupture
aérodynamique. Aucun modèle d’atomisation primaire n’est ici utilisé.

- Cette modélisation ne prend pas en compte les collisions et les instabilités


liquide/gaz.

- Enfin, pour appliquer ce modèle, il faut faire le choix d’un diamètre initial de goutte
(souvent le diamètre de l’injecteur).

Les deux modèles décrits précédemment (Iyer et Wan) sont typiques d’une extension
directe des modèles lagrangiens de spray à une approche eulérienne diphasique, dans laquelle
il est nécessaire de transporter une grandeur représentative de la quantité d’interface afin de
traiter les transferts interfaciaux. Ces deux modèles sont utilisés pour représenter
l’atomisation. Ils permettent, en principe, de pallier les problèmes de dépendance des calculs
lagrangiens au maillage. En effet, la géométrie de l’injecteur entraîne des mailles de tailles
très faibles. La réalisation d’un calcul lagrangien résolu induit deux types de problèmes.
D’une part, il est possible d’avoir une valeur de liquide supérieure au volume de la maille de
calcul. D’autre part, afin de garder une convergence statistique de la méthode lagrangienne, il
faut, en principe, augmenter le nombre de particules stochastiques en même temps que l’on
raffine le maillage à la sortie de l’injecteur. Ceci est rarement possible avec les ressources de
calcul actuelles. Le passage à la méthode eulérienne permet de traiter ces problèmes au
détriment, dans l’état actuel de ces modèles, de la représentation de la fonction densité de
probabilité du liquide, i.e. une seule taille de gouttes par maille.

6-96
Du point de vue des phénomènes physiques, la description de la topologie de
l’interface liquide/gaz des sprays denses n’est pas abordée, en ce sens que l’on conserve une
représentation de la phase liquide composée de gouttes isolées, ici sphériques, de liquide.

6.2.1.3 Modélisation des écoulements à bulles


Dans le domaine nucléaire, les écoulements gaz/liquide sont relativement nombreux.
L’étude des écoulements liquides à bulles est primordiale pour quantifier les échanges de
chaleur, par exemple. L’origine de l’équation de transport de la concentration d’aire
interfaciale est due à Ishii [Ishii, 1975]. Devant la complexité de fermeture de l’équation
exacte de transport de la densité d’interface, des approches phénoménologiques ont été
privilégiées. De façon générale, on peut écrire une équation de transport fermée pour la
densité d’interface liquide/gaz. La vitesse de transport de la densité d’interface liquide/gaz est
choisie comme étant la vitesse de transport des bulles, à savoir la vitesse du gaz.

∂Σ ∂U g ,i Σ
Eq. 6-20 + = φchangement − phase + φbreakup − φcoalescence + φcollision
∂t ∂xi

Cette équation se compose, dans le membre de droite, d’un terme source/puits dû au


changement de phase (ébullition ou condensation), d’un terme source de rupture (rupture
aérodynamique), d’un terme puits dû à la coalescence entre bulles gazeuses et enfin d’un
terme de création d’interface due à la rupture après collision. Par exemple, Wu [Wu, 1998]
propose une fermeture de cette équation de transport de la densité d’interface liquide/gaz. On
ne donnera, ici, qu’un exemple de fermeture des termes de variation d’interface liquide/gaz lié
au changement de phase lors de l’ébullition.

ξh
Eq. 6-21 φchangement − phase = N a f dpπd dp
2

ξ h est le périmètre chauffé.

A est la surface débitante.

N a est la densité de site de nucléation.

f dp est la fréquence de départ des bulles de la paroi.


6-97
d dp est le diamètre de départ des bulles (diamètre initial des bulles).

D’autres termes de création ou de destruction de la densité d’interface peuvent être


pris en compte, comme, par exemple, la coalescence due à l’effet d’aspiration d’une bulle
dans le sillage d’une autre (entraînement de sillage).

Dans le cadre de ce modèle de transport de densité d’interface liquide/gaz pour les


écoulements à bulles, les termes sources liés aux phénomènes physiques typiques de bulles ne
sont pas détaillés, car ils ne sont pas rencontrés dans les applications relatives à l’injection de
carburant liquide. Il est, en revanche, intéressant de noter que là encore, les bulles sont
considérées comme des inclusions isolées et séparées. Ainsi, les lois d’évolution de la densité
d’interface sont obtenues en considérant le comportement des bulles individuellement, puis en
intégrant la fonction densité de probabilité. Ceci a pour conséquence intéressante que la
vitesse d’advection de la densité d’interface est la vitesse moyenne des bulles. En effet,
lorsque la bulle se déplace, elle emporte avec elle, à sa propre vitesse son interface. Le point
de vue inverse est obtenu pour la goutte : advection par la vitesse du liquide. On remarque, de
manière générale, que l’advection de la densité d’interface doit se faire à la vitesse moyenne
de l’interface définie comme suit :

1
Uδ S dV
Σ ∫volume
Eq. 6-22 UΣ =

En zone dense du spray, cette vitesse n’est ni la vitesse conditionnée sur la phase
liquide, ni la vitesse conditionnée sur la phase gaz.

6.2.2 Modélisations sans hypothèse de phases dispersées


Dans cette partie, nous explicitons les modélisations du transport de la densité d’aire
interfaciale en essayant de rester le plus général possible et en évitant notamment l’hypothèse
de gouttes ou de bulles. Ils sont plutôt à rapprocher des modèles de transport d’interface dans
les milieux gazeux (surface de flamme, par exemple). Les travaux initiaux à ce sujet sont dus
à Vallet et Borghi [Vallet, 1999], [Vallet 2001].

6-98
6.2.2.1 Modélisation d’un spray coaxial [Vallet, 2001]
Les premiers travaux sur l’application de la densité d’interface liquide/gaz au
processus d’atomisation ont été proposés par Vallet [Vallet, 1999]. À partir de l’équation de
transport de densité de surface de flamme, les auteurs ont proposé une nouvelle approche.
Cette modélisation est originale en comparaison des modélisations d’interface liquide/gaz
issues des modèles lagrangiens, car il n’est pas supposé que le spray est composé de gouttes
séparées. Les auteurs ne considèrent pas, non plus, le spray comme formé de particules
sphériques depuis le nez de l’injecteur jusque dans la zone diluée. L’équation suivante a été
proposée.

~
∂Σ ∂U i Σ ∂  ∂Σ 
Eq. 6-23 + =  DΣ  + ( A + a )Σ − VS Σ 2
∂t ∂xi ∂xi  ∂xi 

Vallet suppose que deux phénomènes entraînent la production de densité interfaciale, à


savoir l’étirement moyen A et l’étirement turbulent a . Le phénomène qui détruit de
l’interface est la coalescence. Il est traduit par la vitesse VS . Nous proposons une description
brève de chacun des termes de l’équation précédente Eq. 6-23. Une attention particulière est
portée à cette modélisation par la suite.

ρui′′u′j′ ∂u~i
Eq. 6-24 A = C0 ~
ρ k ∂x j

avec C0 = 1 . Initialement, on a :

1
Eq. 6-25 a = C1
τt

avec C1 = 1 et τ t le temps turbulent. Il y a ainsi augmentation de Σ du fait des


plissements turbulents.

En se basant sur des travaux antérieurs, les auteurs considèrent alors que le processus
le plus important pour produire de la surface n’est pas l’étirement turbulent mais plutôt la
rupture après collision. Ils remplacent alors le terme d’étirement turbulent par un terme de
production de densité d’interface due à la collision. Ils obtiennent ainsi :
6-99
49

Eq. 6-26 a = acoll =


C2
(l Σ )2 3  ρl  1 1
(36π )29 t
ρ
~4 9
Y τt

avec C2 = 1 .

Pour le terme source dû à la coalescence, on a :

acoll ρl req
Eq. 6-27 Vs = ~
3ρ Y

( ~)
σ 3 5l 2 5 ρ Y
avec req = C3 l ~ t
2 15

.
k ρl11 15

Ce dernier terme assure un retour à l’équilibre vers un rayon moyen de goutte (en zone
diluée) qui correspond à req . Bien que développée pour une modèle d’injection coaxiale, cette

modélisation est générale et peut être valable pour d’autres types d’injecteurs générant des
écoulements à grands nombres de Weber et grands nombres de Reynolds.

6.2.2.2 Modélisation d’un spray coaxial [Jay, 2003]


Jay propose une équation de transport pour la densité d’interface liquide/gaz, en
écoulement turbulent, basée sur une approche phénoménologique. La méthode repose sur les
travaux précédents de Vallet [Vallet, 2001] : Jay propose une équation de la densité
d’interface valable en zone proche d’injecteur. Dans cette zone, apparaissent et se
développent les instabilités liquide/gaz. Jay introduit les termes sources liés aux instabilités. Il
appuie sa démonstration sur des travaux expérimentaux et théoriques de Villermaux
[Villermaux, 2000] qui ont permis d’identifier le type d’instabilités à l’origine du processus
d’atomisation primaire dans certains types d’injecteurs coaxiaux aéronautiques. Il propose une
équation de la forme suivante :

~
∂Σ ∂U i Σ ∂  νt ∂ 
Eq. 6-28 + =  Σ  + φinstabilité − cisaillement + φatomisation − sec ondaire + φévaporation
∂t ∂xi ∂xi  Sct ∂xi 

Cette équation comporte différent termes :

- Le terme source de diffusion


6-100
- Le terme source de production par instabilité interfaciale

- Le terme source de production par rupture secondaire de gouttes

- Le terme d’évaporation

6.2.2.2.1 Production par instabilité interfaciale


Le terme d’atomisation primaire correspond à une production d’interface liée aux
instabilités de cisaillement. Le point de départ de la démonstration de Jay est donc une étude
de l’instabilité d’une couche de cisaillement liquide/gaz. L’expression du terme de production
de densité d’interface lié aux instabilités interfaciales est de la forme :

2 12
ρ g U g − U l   Σ   
 h 1 − Σ 
Eq. 6-29 φinstabilité − cisaillement = b1 Σ 1 −  
  Σ
 , b1 = 5.0
ρl δ   Σ f 


   f 

U g − U l est le différentiel de vitesse entre le gaz et le liquide. Il est modélisé par une

loi gradient.

1 ∂Y
Eq. 6-30 U g − U l = DY
Y ∂xi

1
DY = ∆Uδ est le coefficient de glissement.
2 ln (Ycrit )

∆U est le différentiel initial (à la sortie de la buse d’injection) de vitesses entre les


phases.

Ycrit = 0.01 est la valeur critique de la fraction volumique de liquide en dessous de


laquelle le glissement entre les phases est supposé nul.

δ est l’épaisseur de la couche de mélange entre le liquide et le gaz.

ρ gU g 2
J= est le rapport de quantité de mouvement.
ρ lU l 2

6-101
h est la fonction Heaviside.

1 2  L 1 
= exp − B bu 1 3  est la densité de surface maximale par instabilités
Σ f Σinitial  δ J 

(B = 2.5.10 ) .−3

dinj
Lbu = Ccore avec la constante Ccore = 10.0 .
J1 3

Σinitial est la valeur initiale de la densité interfaciale. Elle correspond au diamètre de


l’injecteur.

Le processus de croissance de l’interface par l’instabilité de cisaillement a lieu jusqu’à


une valeur critique de la densité d’interface liquide/gaz qui correspond à la saturation du
phénomène de croissance. Remarquons que cette modélisation n’est pas très éloignée du
terme de production par cisaillement moyen lié au gradient de vitesse locale de Vallet [Vallet,
2001]. La seconde partie du terme vient de la saturation de l’instabilité linéaire. En revanche,
cette modélisation paraît difficilement adaptable au cas des sprays Diesel. En effet, La
longueur de rupture est extraite de nombreuses études expérimentales sur les injecteurs
aéronautiques coaxiaux. Ce type de corrélation est difficilement disponible pour les sprays
Diesel.

6.2.2.2.2 Production par rupture secondaire des gouttes φatomisation − sec ondaire et Destruction

due à l’évaporation φévaporation

La croissance des instabilités de surface constitue le phénomène primaire amorçant la


seconde phase d’atomisation. Ce phénomène est suivi par la formation de ligaments qui se
cassent en gouttes de tailles plus petites. Dès lors, pour l’atomisation secondaire et la
vaporisation, la méthode d’adaptation de modèles lagrangiens est requise. On utilise ainsi
l’interprétation du modèle lagrangien classique TAB (Taylor Analogy Breakup) [O’Rourke,
1987]. La production liée à l’atomisation secondaire est de la forme :

Σ
Eq. 6-31 φatomisation − sec ondaire = (21 / 3 − 1) h(rl − rcrit )
τ bu

6-102
ρl dl 3
avec τ bu = Cτ le temps de breakup du modèle TAB ( Cτ = 10.0 ) et le rayon
8σ l

critique est donné par :

35
1 
35 σ
 ~−2 5
rcrit = Wecrit  l  ε avec Wecrit = 0.3 .
2 ρ 
 g 

La densité de surface croît donc tant qu’elle est inférieure à la densité de surface
critique correspondant au rayon liquide critique.

Pour le terme de destruction de densité d’interface liquide/gaz φévaporation , Jay utilise la

transcription du modèle lagrangien basée sur la loi du D 2 .

La modélisation de Jay prend en compte les instabilités hydrodynamiques, mais elle


est liée au cas des jets coaxiaux. Elle apparaît difficile à interpréter dans une configuration
injection Diesel car il est, par exemple, très difficile pour un injecteur Diesel d’avoir accès au
paramètre du modèle δ qui est l’épaisseur de la couche limite au nez de l’injecteur.

6.2.3 Bilan sur les modèles de transport de densité d’interface


Il existe dans la littérature deux types de fermetures pour l’équation de transport de la
densité d’interface liquide/gaz.

Le premier correspond à l’adaptation de modèles lagrangiens (rupture primaire,


rupture secondaire, collision, évaporation…). Ces modélisations supposent une seule taille de
gouttes par maille de calcul et des gouttes ou des bulles séparées. Il serait intéressant de
mettre en place une fonction densité de probabilité de taille de gouttes plutôt que de
considérer seulement le diamètre moyen.

Le second correspond aux modélisations qui ne font pas l’hypothèse de l’existence de


gouttes dans la zone dense du spray. Vallet propose un modèle original issu du transport de la
densité de surface de flamme et adapté au cas d’un spray. Jay utilise cette méthode et introduit
les phénomènes d’instabilités afin d’obtenir un modèle adapté aux injecteurs coaxiaux
aéronautiques. Cependant, il apparaît difficile de traduire ce modèle pour les injecteurs Diesel

6-103
car cette modélisation inclut des corrélations expérimentales disponibles uniquement pour les
sprays aéronautiques.

On peut remarquer que le choix du transport de la densité d’interface liquide/gaz


apparaît le plus général. Afin de traduire, le phénomène complexe d’atomisation primaire et la
topologie de l’interface en zone proche du nez de l’injecteur, il est plus satisfaisant de
s’intéresser à une densité d’interface plutôt qu’à un diamètre. Il est difficile, par exemple, de
traduire les effets du plissement turbulent sur le diamètre moyen.

On retiendra de cette revue bibliographique :

- Le modèle de collision proposé par Iyer [Iyer, 2003]. Il est adapté par la suite.

- Le choix de la vitesse d’advection de la densité d’interface liquide/gaz. Pour le


transport de gouttes, les auteurs retiennent la vitesse de liquide. Pour le transport de bulles, les
auteurs retiennent la vitesse de gaz. Le choix d’une vitesse de mélange apparaît très adapté
dans le cas des injecteurs Diesel où l’on doit traiter le cas de bulles (cavitation ou bien
pinçage de l’interface liquide/gaz en bord de jet) aussi bien que le cas de gouttes (spray dilué)

Enfin, on peut espérer avec ce type de méthodologie, comme dans toutes les approches
eulériennes de la zone dense, que les vitesses des phases liquide et gaz sont mieux modélisées
[Abraham, 2003], car elles permettent de calculer l’écoulement en sortie d’injecteur.

6.3 Analyse de la densité d’interface à travers quelques cas


limites
Dans cette nouvelle partie, on s’attache à rechercher les comportements de l’équation
de transport de la densité d’interface liquide/gaz dans quelques cas limites.

6.3.1 Forme générale de la fonction densité d’interface liquide/gaz


On va considérer le cas d’un écoulement très dilué, dans lequel on peut considérer des
gouttes sphériques en mouvement dans le gaz et, à l’opposé, le cas d’un écoulement très dense
dans lequel on peut considérer des bulles sphériques en mouvement dans le liquide.

6-104
On impose les asymptotes suivantes qui correspondent au cas des bulles ou des gouttes
en situation diluée (pour les gouttes Y → 0 , pour les bulles Y → 1 ).

6Y
Eq. 6-32 Σ= si Y ≤ 0.5 (cas de gouttes dans du gaz)
dg

6(1 − Y )
Σ= si Y ≥ 0.5 (cas de bulles dans du liquide)
db

On note d g et db le diamètre équivalent des inclusions (gouttes ou bulles). De plus,

on a pour conditions limites :

Σ (Y = 0 ) = 0

Σ (Y = 1) = 0

∂Σ (Y = 0 ) 6
=
∂Y dg

∂Σ (Y = 1) 6
=−
∂Y db

On recherche une fonction continue entre 0 et 1 répondant à ces critères. La forme la


plus simple est un polynôme d’ordre 3 en Y . On obtient alors la forme suivante :

 1 1 2   1 1 
Eq. 6-33 Σ = 6Y  +  − Y +  − Y 2 
 d g  db d g  d  
    g db  

Cette expression de la densité interfaciale liquide/gaz en fonction de la fraction


volumique de liquide est comparée aux résultats de l’expérience de simulation numérique
directe de Ménard [Ménard, 2006] pour le cas d’une atomisation de type Diesel (Figure 25).

6-105
Figure 25 Densité interfaciale liquide/gaz en fonction de la fraction volumique de liquide,
DNS en noir et Équation Eq. 6-33 en rouge ( d g = 8µm et d b = 20 µm )

On remarque sur la Figure 25 que la forme de la courbe proposée n’est pas très
éloignée des résultats d’expérience numérique. Les pentes de la courbe, du côté Y → 0 et
Y → 1 , nous donne une idée du diamètre des gouttes et des bulles, respectivement. On voit
que dans ces deux cas limites, la dispersion n’est pas très importante. Cela tendrait à prouver
qu’un mécanisme contrôle la taille des gouttes et des bulles dans les deux cas dilués. Ce
pourrait être la tension de surface. Les pentes ne sont pas identiques, alors les limites des
diamètres de bulles et de gouttes ne sont pas identiques.

Néanmoins, on fait maintenant l’hypothèse que le diamètre de bulle est égal au


diamètre de goutte afin de simplifier les développements. On obtient alors :

Eq. 6-34
~
~ Σ 6ρY 1 − Y
Ω= =
(
~
)
ρ ρl ρ g d

On écrit maintenant la dérivée totale de la densité interfaciale (par unité de masse).

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
Dρ Ω DΩ ∂Ω DY ∂Ω Dk ∂Ω Dρ Y ∂Ω Dρ k
Eq. 6-35 =ρ =ρ ~ +ρ ~ + ... = ~ + ~ + ...
Dt Dt ∂Y Dt ∂k Dt ∂Y Dt ∂k Dt

6-106
Le problème principal réside dans le choix du diamètre équivalent. On peut exprimer
l’équation de transport de chaque grandeur dont la densité d’interface liquide/gaz est fonction.
Pour cela, il faut exprimer le diamètre des inclusions en fonction des différentes variables
~ ~
dont nous disposons, i.e. Y , k et ε~ dans notre approche.

~ ~
Dρ Y ∂ ρui′′y′′ ∂  ρ ν t ∂Y 
Eq. 6-36 =− =  
Dt ∂xi ∂xi  Sc ∂x 
 t i

Eq. 6-37

~ ~~ ~ ~
∂ρ k ∂ρ k U j ∂  ν t ∂k   ∂U~i ∂U j 2 ∂U~k  ∂U~i 2 ~ ∂U~k
+ = ρ + ρ υt  + − δ ij  − ρk − ρ ε~
∂t ∂x j ∂xi  Sct , k ∂xi   ∂x
 j ∂x i 3 ∂xk
 ∂x
 j 3 ∂xk

~~ ~
∂ρ ε~ ∂ρ ε U j ∂  ν t ∂ε~  ε~ ~ ∂U k ε~ 2
Eq. 6-38 + = ρ + Cε 1ρ Pk ~ + Cε 3 ρ ε − Cε 2 ρ ~
∂t ∂x j ∂xi  Sct ,ε ∂xi  k ∂xk k

  ∂U~ ∂U~ j 2 ∂U~  2 ~  ∂U~ 1 ∂U~k  2 ~ ∂U~k


avec Pk = ρ υt  i + − k
δ ij  + ρ k δ ij  i − δ  − ρk .
  ∂x j ∂x 3 ∂x  3  ∂x j 3 ∂xk ij  3 ∂x
  i k    k

Cε 1 , Cε 2 et Cε 3 sont les constantes du modèle k − ε .

À partir des relations précédentes, on dérive la forme de l’équation de transport de la


densité interfaciale liquide/gaz pour des diamètres particuliers.

6.3.2 Diamètre constant


Le choix le plus simple est de considérer un diamètre constant.

Eq. 6-39 d = cte

Ce cas correspond au transport de gouttes ou de bulles déjà formées et ne changeant


pas de taille (absence de coalescence ou de rupture). On trouve alors :

~
Eq. 6-40
∂Ω
~=

∂Y ρl ρ g d
( ~
1 − 2Y )

6-107
~
∂Ω
Eq. 6-41 ~ =0
∂k

Finalement,

~
Eq. 6-42
Dρ Ω
Dt
=−

ρ g ρl d
(
1 − 2Y
∂xi
)
~ ∂ ρui′′y′′

On peut utiliser une loi gradient pour exprimer le flux turbulent de liquide.

~
ρ ν t ∂Y
Eq. 6-43 ρui′′y′′ = −
Sct ∂xi

Il vient alors

~ ~ ~ ~ ~ ~
Eq. 6-44
Dρ Ω
Dt
=

ρ g ρl d
(1 − 2Y)
~ ∂  ρ ν t ∂Y  ∂
 =
∂xi  Sct ∂xi  ∂xi
 ρ ν t ∂Ω 
 
ρ ν t Ω ∂Y ∂Y
 Sc ∂x  + 2 Sc 1 − Y~ Y~ ∂x ∂x
( )
 t i  t i i

Ainsi, pour être capable de transporter correctement un diamètre constant, grâce à la


fois aux équations pour la densité de surface et pour la fraction liquide, il ne faut pas utiliser
uniquement comme terme diffusif, la loi gradient classique mais y ajouter un terme contenant
le carré du gradient de fraction massique moyenne de liquide.

6.3.3 Diamètre d’équilibre par collision


ρlU ′2d
On reprend la définition du nombre de Weber collisionnel Wecoll = avec
σl
~
U ′ 2 ∝ k . On extrait, de la formule précédente, un nouveau diamètre critique.

Wecollσ l
Eq. 6-45 d= ~
ρl k

Ce diamètre critique est le diamètre en dessous duquel deux gouttes ne coalescent plus
mais rebondissent. Il s’agit d’une borne inférieure de diamètre de goutte par collision. On
obtient ainsi :

6-108
Eq. 6-46 Ω=
~
( ~~
~ 6ρY 1 − Y k )
ρ gWecollσ l

~
∂Ω
~=
~
6 ρk
(
~
)
~ Ω 1 − 2Y
1 − 2Y = ~
~
( )
Eq. 6-47
∂Y ρ gWecollσ l Y 1−Y
~
( )

Eq. 6-48
~ ~
∂Ω 6 ρ Y 1 − Y
~=
(
~ ~

= ~
)
∂k ρ gWecollσ l k

On obtient alors comme équation de transport pour la densité d’interface :

~
Dρ Ω
~
( ~
)
Ω 1 − 2Y ∂ ρui′′y′′ ∂
=− ~ +
 ρ ν t ∂k~  Ω

~
 ~ + Pk
~

~ −ρ
~

Eq. 6-49
Dt Y 1−Y (
~
)
∂xi ∂x j  Sc ∂x  k
 t j  k τt

~
k
avec τ t = ~ .
ε

Dans cette équation, on retrouve le terme de production d’interface due à l’étirement


moyen proposé par Vallet [Vallet, 2001] (2e terme du membre de droite de Eq. 6-23). Le
premier terme correspond au terme qu’il faut ajouter pour transporter des structures de
diamètre constant. Les autres termes sont liés au suivi de la formule Eq. 6-46. En général,
dans les modélisations proposées, on préfère ajouter le délai nécessaire pour rejoindre
l’équilibre lors d’une variation des différents paramètres.

6.3.4 Diamètre correspondant à la longueur turbulente


On considère maintenant que le diamètre des inclusions est la longueur caractéristique
de turbulence. On pose

~
k 3/ 2
Eq. 6-50 d = Lt = ~
ε

Le choix de cette longueur de turbulence est motivé par le fait que la turbulence doit
influencer, de façon significative, la taille des structures liquide formées, au moins en zone
proche du nez de l’injecteur. On obtient ainsi :

6-109
Eq. 6-51
~
( ~
~ 6 ρ Y 1 − Y ε~
Ω= ~
)
ρl ρ g k 3 / 2

~ ~~
∂Ω ΩY 1 − Y
=
~
( )
Eq. 6-52 ~
∂Y
~ ~
Y 1−Y ( )

Eq. 6-53
~
~
~
~
( ~
)
∂Ω 6 ρ Y 1 − Y ε~  3 
=  −  = −
~
3Ω
~
∂k ρ g ρl k 5 / 2  2  2k

Eq. 6-54
~ ~
(
∂Ω 6 ρ Y 1 − Y
= ~
~ ~

= ~
)
∂ε~ ρ g ρl k 3 / 2 ε

D’où une équation de transport pour la densité d’interface :

~
Dρ Ω
=− ~
~
( ~
) +
~
Ω 1 − 2Y ∂ ρui′′y′′ ∂  ρ ν t ∂k  3Ω 
 −
~
 +
~
 3Ω 
 − ~ 
Dt (
Y 1−Y
~
) ∂xi
~
∂x j  Sct ∂x j  2k 
Pk
 2k 
Eq. 6-55
~ ~ ~ ~ ~
3 Ω ∂  ρ ν t ∂ε~  Ω Ω Ω ~ ∂U k
+ρ + + Cε 1ρ ~ Pk − Cε 2 ρ + Cε 3 ρ Ω
2 τ t ∂x j  Sct ∂x j  ε~ k τt ∂xk

On retrouve à nouveau la production liée à l’étirement moyen, mais aussi la


production liée à l’étirement turbulent.

6.4 Développement de l’équation de transport de la densité


moyenne d’interface liquide/gaz
Dans cette nouvelle partie, l’équation de transport pour la densité d’interface
liquide/gaz est détaillée. Nous avons présenté précédemment des considérations générales sur
l’équation de transport de la densité d’interface liquide/gaz. La fermeture de cette équation
apparaît très difficile. Nous privilégions une approche phénoménologique. Cette équation
pour la densité d’interface a initialement été proposée par Vallet [Vallet, 2001]. Nous
reprenons ici les termes déjà proposés en y ajoutant des compléments.

L’équation de transport de la densité d’interface est supposée être de la forme


suivante :

6-110
( )
~ ~~
∂ρ Ω ∂ρ ΩU Ω, j ~& ~& ~& ~& ~&
Eq. 6-56 + = ρ Ω mélange + Ωinstabilités + Ωtensions + Ωbreakup + Ωcoalesence
∂t ∂x j

ou d’une autre façon :

~ ~~
∂ρ Ω ∂ρ ΩU j
∂t
+
∂x j
=

∂x j
( ( ~ ~ ~
ρΩ U j − U Ω, j ))
Eq. 6-57
(
~& ~& ~& ~& ~&
+ ρ Ω mélange + Ωinstabilités + Ωtensions + Ωbreakup + Ωcoalesence )
Dans les paragraphes suivants, nous détaillons chacun des termes de l’équation Eq.
6-57.

~~
∂ρ ΩU j
6.4.1 Terme d’advection
∂x j

Nous avons vu précédemment que le choix de la vitesse d’advection pour le transport


de la densité d’interface dépendait de l’approche utilisée. La vitesse d’advection est en réalité
la vitesse conditionnée à l’interface. Dans le cas asymptotique du transport de gouttes
liquides, la vitesse de transport de la densité d’interface est la vitesse de la phase liquide. Dans
le deuxième cas asymptotique du transport de bulles de gaz, la vitesse d’advection est la
vitesse de la phase gazeuse. Plus précisément, si l’on a des particules discrètes de la phase k ,
chaque particule i de cette même phase a une vitesse U i , une masse mi et une surface Si .

Soit f la fonction de distribution du spray dont l’intégrale donne le nombre de goutte (cf. Eq.
3-4). On peut alors définir la vitesse massique de la phase k :

Eq. 6-58 U m, k =
∫ U m fdϕ
i i i

∫ m fdϕ
i i

ϕi décrit l’espace des phases.

Cette vitesse correspond à la vitesse de la phase liquide, dans le cas des gouttes, ou de
la phase gaz, dans le cas de bulles. Il est à remarquer que dans le cas des gouttes, par exemple,
il est possible de définir une vitesse volumique qui est exactement identique à la vitesse
massique, si la masse volumique du liquide est constante.
6-111
La vitesse de transport de la densité d’interface liquide/gaz doit être la vitesse
surfacique :

Eq. 6-59 U S ,k =
∫ U S fdϕ
i i i

∫ S fdϕ
i i

Pour pouvoir assimiler la vitesse surfacique à la vitesse volumique ou massique, il faut


une distribution particulière de la taille des gouttes du spray. En effet, la surface est
2 3
proportionnelle à ri , alors que le volume est proportionnel à ri . En particulier, si la fonction
densité de probabilité de la taille des particules est un pic de Dirac de rayon moyen r , alors
on peut utiliser U S , k = U m, k et on peut assimiler la vitesse de transport de l’interface à la

vitesse du gaz dans le cas des bulles ou à la vitesse du liquide dans le cas des gouttes. Pour
une distribution quelconque de rayon, cela n’est plus possible. Il faut alors avoir une vitesse
de transport différente pour la fraction volumique (ou massique) de la phase k et de la densité
d’interface liquide/gaz. Cette différence de vitesse d’advection permet de représenter, par
exemple, la variation du diamètre moyen de Sauter le long de l’axe d’un spray qui se disperse
sans évolution de la distribution de tailles des particules (absence de rupture, vaporisation…).
Cette configuration est illustrée sur la Figure 26.

Figure 26 Évolution du diamètre moyen de Sauter le long de l’axe de l’injecteur

Les petites gouttes se dispersent plus rapidement que les grosses : U S , k ≠ U m , k .

Vallet propose, comme vitesse de transport de la densité d’interface, la vitesse de


mélange mais en utilisant un terme de diffusion. Le modèle complet de transport correspond
alors à la somme du terme de convection et du terme de diffusion. Cette approche est celle
retenue dans notre travail.

6-112
6.4.2 Terme de diffusion de la densité d’interface

∂x j
( (
~ ~ ~
ρΩ U j − U Ω, j ))
On choisit donc comme vitesse de transport de l’interface, la vitesse moyenne de
mélange. Le terme de diffusion de la densité d’interface liquide/gaz s’obtient en suivant la
relation ci-dessous.

~~ ~~
∂ρ ΩU Ω, j ∂ρ ΩU j
Eq. 6-60
∂x j
=
∂x j


∂x j
( (
~ ~ ~
ρΩ U j − U Ω, j ))

Il n’existe pas de modèle spécifique de diffusion de la densité d’interface en zone


dense. Il est souvent fait le choix d’assimiler ce terme à une loi de diffusion standard en
utilisant une fermeture de type gradient.

~
∂  υt ∂Ω 
Eq. 6-61

∂x j
( (~ ~ ~
ρ Ω U j − U Ω, j = )) ρ
∂x j  Sct ∂x j 

Il est aussi possible d’appliquer le modèle de fermeture du terme de diffusion de


~ ~ ~
l’équation de transport de la vitesse du liquide U l , j en faisant l’hypothèse U Ω , j = U l , j . On a

vu précédemment que cette approche avait le mérite d’être juste dans le cas limite du transport
de gouttes de même diamètre. Elle n’est en revanche pas très justifiée dans la zone dense du
spray.

~
6.4.3 Terme de mélange Ω& mélange

Ce terme est, en réalité, un terme d’initialisation de la densité d’interface liquide/gaz.


Il prend en compte le fait que lorsqu’il y a mélange entre les phases liquide et gaz, il y a
création de densité d’interface liquide/gaz. Ce premier terme évite le problème de
l’initialisation et donc des conditions limites de la densité d’interface liquide/gaz. Ce terme a,
pour partie, été proposé car il correspond à un transport de diamètre constant.

~ ~
Eq. 6-62
~&
Ω mélange = 2
ρ ν t 6 ρ ∂Y ∂Y
Sct ρ l ρ g Lt ∂xi ∂xi
~
(
~
)
, si Y 1 − Y ≤ 0.001

6-113
~ ~ ~
~& νt Ω ∂Y ∂Y
Ω mélange = 2 ρ
( )
~ ~
Sct 1 − Y Y ∂xi ∂xi
, sinon.

Lt est l’échelle de longueur de turbulence.

~
On peut remarquer que ce terme est proportionnel à Ω . Proche de l’injecteur, on doit
~
Ω→0
lever l’indétermination ~ ~
(
1− Y Y → 0 )
. On suppose alors que les premières échelles des

structures liquides sont proportionnelles à l’échelle intégrale de turbulence Lt .

En introduisant ce terme, on fait l’hypothèse que l’échelle des premières structures


liquides formées est l’échelle de turbulence. Ce terme concerne principalement la zone proche
du nez de l’injecteur et devient négligeable dans la suite du calcul. Il prend en compte le fait
que dès qu’il y a mélange de liquide et de gaz, il existe une interface entre les deux phases.

6.4.4 Terme de production d’interface due aux instabilités liquide/gaz


~&
Ωinstabilités

Ce terme est relié à la production d’interface due aux instabilités liquide/gaz telles que
les instabilités de Kelvin Helmotz ou de Rayleigh Taylor. Il est vraisemblablement
prépondérant à faible nombre de Reynolds et de Weber, i.e. lorsque la turbulence est peu
développée. Ce terme prend donc en compte le fait qu’il y a croissance d’interface sous l’effet
d’instabilités liquide/gaz. Il correspond, par exemple, au modèle de Reitz qui a déjà été
présenté précédemment (cf. 3.3.5.1.2.1). Il est aussi envisageable d’utiliser l’approche
développée par Jay (cf. 6.2.2.2). Le problème de ces approches est qu’elles sont très
spécifiques (jet Diesel et injecteur coaxial). Dans la suite, nous utilisons plutôt des approches
très générales reposant sur la turbulence telles que le modèle de Vallet (cf. 6.2.2.1).

6.4.5 Terme de production de densité d’interface due aux contraintes


~&
Ωtensions

Ce terme est lié à l’étirement de l’interface liquide/gaz par des structures moyennes ou
turbulentes. Il représente l’effet du plissement, dû à la turbulence et au gradient de vitesse
moyenne, sur l’interface liquide/gaz.
6-114
~
~& ρ ~ ρu′′u′′ ∂U i ~
Eq. 6-63 Ωtensions = Ω + ~i j Ω
τt k ∂x j

τ t est le temps turbulent.

Ce terme est en réalité constitué d’un terme de production par étirement turbulent et
d’un terme de production par étirement moyen.

Il est à noter que cette fermeture n’est pas réellement suffisante. En effet, il faudrait un
terme de production due aux contraintes qui distribue les effets de la turbulence et de
l’écoulement moyen dans des zones différentes du spray. En sortie d’injecteur (écoulement
peu turbulent), l’augmentation de la densité d’interface est principalement due au gradient de
vitesse moyenne. En revanche, à quelques diamètres d’injecteur du nez de la buse
(écoulement fortement turbulent), la croissance de la densité d’interface est pilotée par la
turbulence. La fermeture, que nous proposons ici, ne fait pas ressortir directement ce
phénomène bien qu’il puisse être pris en compte en partie dans l’évolution du temps
turbulent.

~
6.4.6 Terme de production de densité d’interface due aux collisions Ω& breakup

Le terme de production due à la rupture après collision exprime une constatation


géométrique simple. Pour une masse de liquide donnée, plus il y a de gouttes, plus la quantité
d’interface liquide/gaz est importante. Ainsi, après rupture d’une goutte initiale en deux
gouttes de taille plus faible, la densité d’interface liquide/gaz croît. La rupture, que nous
considérons ici, est la rupture après collision.

Afin de modéliser ce terme de production, il faut d’abord quantifier les effets de


collision. On s’intéresse premièrement au temps caractéristique de collision. On évalue
ensuite une vitesse caractéristique de collision (vitesse relative entre les gouttes).

6.4.6.1 Temps caractéristique de collision τ coll

Vallet [Vallet, 2001] propose de définir le temps de collision comme le rapport de la


longueur de collision sur une vitesse caractéristique de collision.

6-115
Lcoll
Eq. 6-64 τ coll =
∆Vcoll

Par analogie avec la théorie cinétique des gaz, Lcoll correspond au libre parcours

moyen et ∆Vcoll à la vitesse d’agitation des particules.

Il est cependant possible de proposer une autre définition de ce temps de collision.


Cette définition est utilisée dans les modèles de collision lagrangiens et a été retenue par Iyer
[Iyer, 1999]. La définition ci-dessus ne prend pas en compte la section efficace alors que deux
gouttes de faibles diamètres ont moins de chance de rentrer en collision que deux gouttes de
tailles plus importantes. En ajoutant la section efficace, on construit un nouveau temps de
collision.

3
Lcoll
Eq. 6-65 τ coll =
Seff ∆Vcoll

Seff est la section efficace de collision.

Il nous reste à définir les variables considérées. La longueur caractéristique de


collision correspond à la distance moyenne entre les gouttes.

1

Eq. 6-66 Lcoll = N l 3

Le nombre de gouttes par unité de volume est défini, sous l’hypothèse de gouttes
sphériques, comme suit :

2 ~
1 ρl ρΩ3
Eq. 6-67 Nl = ~
36π Y 2

La surface efficace de collision est définie de la façon suivante :

~
Y2
Eq. 6-68 S eff = 8π 2 ~ 2
ρl Ω

6-116
6.4.6.2 Vitesse caractéristique de collision ∆Vcoll

Il est important aussi d’étudier le choix de la vitesse caractéristique de collision. La


vitesse de collision retenue par Vallet est une vitesse d’agitation, i.e. la vitesse relative entre
les gouttes à l’échelle de la distance inter gouttes. En suivant l’hypothèse de Kolmogorov,
Vallet propose :

∆Vcoll = (ε~Lcoll )
1/ 3
Eq. 6-69

Iyer a retenu une autre expression pour la vitesse de collision. Il la relie directement à
l’énergie cinétique turbulente de la phase liquide. Dans le modèle de mélange, il n’est pas
possible d’avoir accès directement à l’énergie turbulente de la phase liquide. On utilise plutôt
l’énergie cinétique de mélange. Elle est retenue aussi parce qu’une énergie cinétique
turbulente de mélange est probablement bien adaptée pour décrire l’agitation quand la fraction
de liquide est importante, i.e. dans la zone dense du spray où les collisions sont très probables.

~
Eq. 6-70 ∆Vcoll = Ccoll 2 k 3

C coll est une constante de modélisation.

Le choix d’utiliser l’approche d’Iyer, plutôt que celle de Vallet est aussi motivé par le
fait que l’énergie cinétique turbulente est mieux modélisée que la dissipation turbulente. On
espère ainsi faire une estimation plus robuste de la vitesse caractéristique de collision entre les
gouttes.

Finalement, on exprime le terme de production due à la collision par :

~
~& Ω
Eq. 6-71 Ωbreakup =
τ coll

6.4.7 Terme de destruction de densité d’interface due à la coalescence


~&
Ωcoalescence

Ce dernier terme prend en compte les effets de coalescence. À l’opposé du terme


précédent lorsque deux gouttes coalescent, la densité d’interface résultante diminue. On fait

6-117
l’hypothèse que la densité d’interface tend vers une valeur stable du fait des effets combinés
de la coalescence et de la rupture après collision.

6.4.7.1 Diamètre critique


Le diamètre critique est le diamètre que l’on atteindrait à l’équilibre dans un milieu en
turbulence entretenue contenant une quantité fixée de liquide. Il est extrait de l’approche de
Vallet [Vallet, 2001]. L’hypothèse permettant d’arriver à un tel diamètre est qu’après une
collision, une des gouttes se divise en deux gouttes de taille identique avec une conversion de
l’énergie cinétique (KE pour Kinetic Energy) en énergie surfacique (SE pour Surface Energy).
Ce processus se déroule avec conservation de l’énergie du système dans le référentiel
barycentrique.

Figure 27 Schéma du principe de collision de Vallet [Vallet, 2001]

Ce processus de rupture nous donne la relation suivante :

Eq. 6-72 KEinitial + SEinitial = SE final

π
ρl d initial ∆Vcoll + πσ l d initial = 2πσ l d final
3 2 2 2
Eq. 6-73
6

d initial et d final sont les diamètres des gouttes avant et après collision, respectivement.

On doit considérer aussi la conservation de la masse lors du processus de collision.

π π
ρl d initial = 2 ρl
3 3
Eq. 6-74 d final
6 6

On obtient finalement le diamètre critique.

6-118
6σ l
Eq. 6-75 d crit = (
21 3 − 1 )
ρl ∆Vcoll
2

On peut remarquer que supposer un tel processus de rupture revient, en réalité, à fixer
( )
un nombre de Weber collisionnel tel que Wecoll = 6 21 3 − 1 ≈ 1.56 . Le nombre de Weber

collisionnel critique est généralement donné par Wecoll = 30Oh + 15 [Qian, 1997]. Dans la

limite des gouttes à faible viscosité, on obtient Wecoll ≈ 15 .

Un autre processus plus complexe serait de considérer que la répartition de l’énergie


cinétique et de l’énergie surfacique se fait suivant un nombre de Weber de collision
expérimental.

Le diamètre d’équilibre est alors donné par :

Eq. 6-76 N initial KEinitial + N initial SEinitial = N final KE final + N final SE final

 π 2  π 2
N initial  ρl d initial ∆Vinitial + πσ l d initial  = N final  ρl d final ∆V final + πσ l d final 
3 2 3 2
Eq. 6-77
 6   6 

Ninitial et N final sont les nombres de gouttes par unité de volume initial et final.

On considère la conservation de la masse lors du processus de collision.

π π
N initial ρl d initial = N final ρl
3 3
Eq. 6-78 d final
6 6

On trouve alors :

1 + We final 6
Eq. 6-79 d final = dinitial
1 + Weinitial 6

ρl d final ∆V final
2
ρ d ∆V 2
avec We final = et Weinitial = l initial initial .
σl σl

6-119
On considère le diamètre critique comme le diamètre correspondant à l’arrêt de ce
processus de rupture, i.e. lorsque le nombre de Weber après collision est égal au nombre de
Weber critique : We final = Wecoll , crit . On en déduit :

1 + Wecoll , crit 6
Eq. 6-80 d crit = dl
1 + Wecoll 6

~
ρl dl ∆Vcoll
2
6Y
avec Wecoll , crit = 15 , Wecoll = et dl = ~ .
σl ρl Ω

Wecoll , crit est le nombre de Weber collisionnel critique. Il est choisi égal à 15, en

suivant Qian [Qian, 1997]. On a ainsi défini une valeur critique de la densité d’interface
liquide/gaz équivalente au diamètre critique.

6.4.7.2 Expression du terme de destruction due à la coalescence


Finalement, on exprime le terme de destruction de la densité d’interface due à la
coalescence par l’expression suivante :

~
~& 1 Ω2
Eq. 6-81 Ωcoalescence = −
τ coll Ωcrit

~
6Y
avec Ωcrit = .
ρl d crit

La formule ci-dessus n’est pas strictement démontrée. On peut cependant remarquer


que pour qu’il y ait collision entre deux gouttes, il faut deux surfaces de gouttes. Or la
~
probabilité qu’il y ait une surface est proportionnelle à Ω . La probabilité d’avoir deux
~
surfaces est alors proportionnelle à Ω 2 .

6.4.8 Conclusion
Une fermeture phénoménologique de l’équation de transport de la densité d’interface
liquide/gaz moyenne a été proposée ici. Elle est basée principalement sur les travaux de Vallet
[Vallet, 2001]. Cette fermeture prend en compte, pour grande partie, les phénomènes
responsables de l’atomisation d’un jet liquide. Il est à noter que la cavitation et l’évaporation
6-120
n’ont pas été retenues ici. Il est cependant envisageable de les modéliser, car ces deux
phénomènes influencent la densité d’interface liquide/gaz.

L’équation proposée dans cette partie est testée par la suite. Elle est d’abord comparée
avec une expérience de simulation numérique directe réalisée par Ménard [Ménard, 2006].
Cette comparaison permet de caler de façon précise les modèles. Ensuite, la modélisation
ELSA est comparée de façon globale avec des expériences de laboratoires.

6-121
Chapitre 7 Applications et Résultats
Dans ce nouveau chapitre, on présente d’abord une comparaison des équations
eulériennes du modèle ELSA avec les résultats de simulation numérique directe de Ménard
[Ménard, 2006]. Cette comparaison nous permet de caler les constantes de modélisation.
Ensuite nous analysons en détail le comportement de l’équation de transport de la densité
d’interface liquide/gaz. Après cela, On s’intéresse à une validation dans des conditions
moteur : calcul de pénétrations liquide et vapeur. Le cinquième point de ce chapitre concerne
la problématique du couplage du modèle ELSA complet avec un calcul moteur. Finalement
une tentative de validation du modèle quasi multiphasique sur l’expérience de vue est
proposée. On rappelle brièvement les équations résolues dans ce chapitre dans le Tableau 5.

~ ~
Densité de 1 Y 1− Y
= +
mélange ρ ρl ρg
~ ~ ~
Quantité de ∂ρ U i ∂ρ U jU i ∂P ∂ ρu i′′u ′j′
+ =− −
mouvement ∂t ∂x j ∂xi ∂x j
~ ~ ~ ~
Fraction massique ∂ρ Y ∂ρ U jY ∂ ν ∂Y
+ = ρ t
de liquide ∂t ∂x j ∂x j Sct ∂x j
~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂  ν t ∂ ρui′′y′′  ∂U i
+ =− ρ − C f 1 ρu′j′ y′′
Modèle QMM ∂t ∂x j ∂x j  Sct ∂x j ρ  ∂x j
diphasique ~ ~
∂Y Cf 3  ∂Y 
− C f 2 ρui′′u′j′ −  ρ ′′ ′′ + ρ 
(~
∂x j 1 − Y τ p  ) ui y Dgl , t
∂xi 
~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂  ν t ∂ ρui′′y′′  ∂U i
+ =− ρ − C f 1 ρu′j′ y′′
Modèle QMM ∂t ∂x j ∂x j  Sct ∂x j ρ  ∂x j
monophasique ~
∂Y ρu′′y′′
− C f 2 ρui′′u′j′ − Cf 3 i
∂x j τt

( )
~ ~~ ~
∂ρ Ω ∂ρ ΩU j ∂  ν t ∂Ω  ~& ~&
+ = ρ + ρ CΩ1Ω mélange + CΩ 2Ωétirement turbulent
Densité d’interface ∂t ∂x j 
∂x j  Sct ∂x j  

( )
liquide/gaz
~& ~& ~&
+ ρ CΩ 3Ωétirement moyen + CΩ 4Ωbreakup + CΩ 5Ωcoalesence

Tableau 5 Tableau récapitulatif des équations résolues dans le modèle ELSA

On définit le diamètre critique comme suit :

7-122
1 + Wecoll , crit 6
d crit = CΩ 6 dl
1 + Wecoll 6

Les tensions de Reynolds sont fermées en utilisant l’hypothèse de Boussinesq.

C fi et CΩi sont les constantes de modélisation. CΩ 6 est la constante de modélisation

utilisée pour le diamètre critique

7.1 Validation à partir de calculs de simulation numérique


directe
On présente, dans cette nouvelle partie, les calculs réalisés par Ménard [Ménard,
2006]. Nous décrivons d’abord la méthode utilisée pour la simulation numérique directe
(DNS pour Direct Numerical Simulation). Ensuite, on présente le cas de calcul. Finalement,
on compare les résultats obtenus par la DNS avec ceux obtenus en utilisant le modèle ELSA.

7.1.1 Présentation de la simulation numérique directe (DNS)


Dans cette partie, nous présentons la simulation numérique réalisée par Ménard
[Ménard, 2006]. On s’intéresse d’abord à la méthode de calcul, puis ensuite au cas de calcul.
Ce cas de calcul correspond à des conditions proches du fonctionnement d’un moteur Diesel,
afin de valider le modèle ELSA dans ses conditions d’utilisation dans le domaine automobile.

7.1.1.1 Méthode de calcul


Nous présentons brièvement, dans cette partie, les différentes méthodes utilisées par
Ménard [Ménard, 2006] pour réaliser la simulation numérique directe d’un écoulement
diphasique de type injection Diesel.

7.1.1.1.1 Méthode Level Set


La méthode Level Set est basée sur le transport d’une fonction ϕ qui décrit l’interface
entre deux phases distinctes [Sussman, 1997]. Cette fonction est définie comme la distance
algébrique entre un point du domaine de calcul et l’interface. La position de l’interface est
décrite comme le niveau 0 de la fonction Level Set. La résolution d’une équation de transport
de cette fonction détermine l’évolution de l’interface entre les deux phases dans un champ de
vitesse V .
7-123
∂ϕ ∂ϕ
Eq. 7-1 +V =0
∂t ∂x

L’avantage de cette méthode est qu’elle permet une connaissance précise de la


topologie de l’interface dans le cas d’écoulement diphasique complexe. En revanche, cette
méthode n’est pas strictement conservative en masse. Elle doit être couplée à une autre
méthode qui doit être conservative, dans le cas d’écoulements fortement contraints.

7.1.1.1.2 Méthode Volume Of Fluid (VOF) [Hirt, 1981]


La méthode VOF [Hirt, 1981] est basée sur le transport de la fraction volumique de
liquide φ . La résolution de l’équation de transport de cette grandeur permet de connaître la
fraction volumique de liquide dans chacune des mailles de calcul.

∂φ ∂φ
Eq. 7-2 +V =0
∂t ∂x

L’avantage de cette méthode est qu’elle est conservative en masse. Dans le cas
d’écoulements diphasiques, elle ne permet pas, en revanche, de localiser de façon précise
l’interface liquide/gaz. Cela est pourtant nécessaire pour représenter l’action des forces de
tension de surface. Ce défaut peut être pallié par la méthode Level Set.

7.1.1.1.3 Couplage VOF Level Set


Sussman [Sussman, 2000] propose une procédure de couplage entre les méthodes
VOF et Level Set. Cette méthode permet une connaissance fine de la topologie de l’interface
liquide/gaz (même dans les zones très plissées) et assure une conservation de la masse (de
chacune des deux phases). Cette procédure de couplage est relativement complexe puisque la
fonction Level Set est corrigée par la fraction volumique de liquide et inversement.

7.1.1.1.4 Résolution de l’équation de Navier Stockes pour un milieu diphasique


L’équation de Navier Stockes incompressible pour un milieu diphasique est résolue en
suivant les travaux de Tanguy [Tanguy, 2005]. Afin de prendre en compte les discontinuités
fortes dans l’écoulement à la traversée de l’interface, la méthode Ghost Fluid, dérivée par
Fedkiw [Fedkiw, 1999] est utilisée.

7-124
7.1.1.2 Cas de calcul DNS
Dans ce paragraphe, nous décrivons le cas de calcul réalisés par Ménard [Ménard,
2006]. La simulation, présentée ici, a été réalisée avec la méthode Level Set, utilisant la
méthode Ghost Fluid pour le traitement des discontinuités à travers l’interface, couplée à la
méthode VOF pour assurer la conservation de la masse.

La génération de la condition limite de turbulence a été effectuée avec la méthode de


Klein [Klein, 2003], qui consiste en la génération de fluctuations de vitesses, corrélées suivant
une échelle de longueur choisie, i.e. l’échelle de longueur turbulente. Dans le calcul, cette
longueur est prise égale à l’échelle intégrale de turbulence dans un canal (un dixième du
diamètre de la buse d’injecteur). L’intensité de turbulence au niveau du trou de l’injecteur est
fixée à 5%. D’autres méthodes plus complètes existent, mais la turbulence à la sortie de
l’injecteur est très mal connue. Il n’existe, en effet, aucune mesure, ni modèle théorique, du
fait de la complexité de l’écoulement dans cette zone. Nous avons retenue une méthode qui a
pour données d’entrée, des variables disponibles dans les codes de calculs RANS, à savoir k
et Lt , ou k et ε . Un profil turbulent spatial de vitesse d’injection a été utilisé. Les principales
caractéristiques du jet sont données dans le Tableau 6.

Diamètre µm Vitesse m.s −1 Intensité turbulente Longueur turbulente


100 100 5% 0.1 dinj
−3 −1 −1
Phase Densité kg.m Viscosité kg.m .s Tension de surface N .m−1
Liquide 696 1.2.10-3
0.06
Gaz 25 1.10-5

Tableau 6 Caractéristiques de la simulation numérique directe [Ménard, 2006]

La taille du domaine est 0.0003m*0.00003m*0.0021m. Le nombre de mailles est


128*128*896. Il est choisi de telle sorte que l’on puisse décrire l’ensemble des tailles des
structures liquides. De nouveaux calculs sont en cours pour caractériser l’influence du
maillage. Malgré de gros efforts de calcul, il est probable que les plus petites structures
liquides ne soient pas capturées et parfaitement résolues. Afin de limiter cet effet, la tension
de surface du liquide a été augmentée par rapport à un carburant Diesel standard. Cela permet
que les gouttes de taille 2 ∆x ( ∆x est la taille caractéristique d’une maille de calcul) aient un

7-125
nombre de Weber, construit avec la vitesse du jet, suffisamment petit pour que ces gouttes
soient stables.

ρl (2∆x )U inj 2
Eq. 7-3 Wel = ≤ Wel ,crit = 10
σl

On présente, sur la Figure 28, un résultat instantané de calcul.

Figure 28 Comportement de l’interface liquide/gaz

7.1.2 Comparaison ELSA DNS


Dans cette nouvelle partie, il s’agit de comparer le modèle ELSA avec les calculs de
simulation numérique directe réalisés par Ménard [Ménard, 2006]. On présente d’abord le cas
de calcul ELSA et les hypothèses retenues. On compare ensuite les profils extraits de la DNS
et obtenus avec le modèle ELSA.

7-126
7.1.2.1 Cas de calcul ELSA
Le calcul a été réalisé sur un maillage de 53000 mailles (Figure 29). La taille des
mailles au niveau de l’injecteur (10 mailles le long du diamètre) est choisie de telle sorte à
assurer une représentation réaliste de l’écoulement dans la zone proche de l’injecteur. Une
étude de sensibilité des calculs à la taille de maille a été menée, afin de s’assurer de la
convergence en maillage des simulations RANS.

Figure 29 Maillage du cas de comparaison ELSA DNS

Les conditions d’injection correspondent à celles utilisées par Ménard [Ménard, 2006].
Elles sont reportées dans le Tableau 6.

La modélisation retenue pour ce cas de comparaison ELSA DNS est le modèle ELSA
présenté au Chapitre 4. Il convient de préciser quelques points :

- On utilise une loi gradient pour la fermeture du flux turbulent de liquide. On utilise
en revanche le modèle quasi multiphasique mais le couplage avec l’équation de transport de la
fraction massique de liquide n’est pas réalisé.

- Les constantes de modélisation de l’équation de transport de la densité d’interface


liquide/gaz sont regroupées dans le Tableau 7.

- Le couplage eulérien/lagrangien n’est pas mis en place dans la zone diluée car il
s’agit ici d’étudier le comportement des équations eulériennes du modèle ELSA.

7-127
Terme Mélange Étirement Étirement Breakup Coalescence Diamètre
source CΩ1 moyen CΩ3 turbulent CΩ 2 CΩ 4 CΩ5 critique CΩ 6
Constante 1 0.5 0.8 1 1 4

Tableau 7 Constantes de modélisation de l’équation de transport de la densité d’interface


liquide/gaz

7.1.2.2 Comparaison
On détaille dans cette partie une comparaison des résultats de Ménard [Ménard, 2006]
avec les résultats de calculs obtenus avec le modèle ELSA. Ces comparaisons portent sur
plusieurs grandeurs :

- La vitesse de mélange moyenne

- La fraction volumique de liquide moyenne

- La densité d’interface liquide/gaz moyenne

- L’énergie cinétique turbulente de mélange moyenne

- Le flux turbulent de liquide axial moyen

Nous présentons d’abord une allure des champs de ces différentes variables sur la
Figure 30. Ces champs sont analysés de façon plus fine dans la suite, à travers l’étude de
profils axiaux et radiaux. On peut remarquer que l’allure globale est correcte. Le modèle
utilisée ici concerne uniquement la zone dense du spray (pas de transition
eulérien/lagrangien). Les calculs de DNS sont très longs : la convergence statistique
nécessaire à une comparaison avec des calculs RANS est obtenue de façon plus ou moins
correcte. Pour améliorer cette convergence, l’hypothèse d’axisymétrie en moyenne est faite.
Cela ne permet pas d’améliorer les données sur l’axe car pour un rayon faible, le nombre de
mailles est peu important. En revanche, le gain est plus important pour des distances à l’axe
d’injection plus grandes, jusqu’à ce que l’on atteigne les bords du domaine de calcul qui n’est
pas cylindrique mais hexaédrique.

7-128
Figure 30 Comparaisons, entre les calculs DNS (en haut) et ELSA (en bas), des champs
moyens de fraction volumique de liquide, de densité d’interface liquide/gaz, de flux turbulent
de liquide et d’énergie cinétique turbulente (de gauche à droite)

7.1.2.2.1 Vitesse moyenne de mélange


Nous présentons dans cette partie une comparaison de la vitesse moyenne de mélange.

7-129
Figure 31 Profils axiaux de la vitesse de mélange moyenne

On note un écart d’environ 3 m.s −1 entre la valeur fournie par le calcul DNS et le
résultat issu de la modélisation (Figure 31). Cette différence vient du fait que nous utilisons le
même profil de vitesse moyenne en condition limite mais discrétisé sur un nombre de points
inférieurs pour le modèle ELSA. En revanche, durant la simulation, on s’assure que les débits
massiques de liquide pour les deux calculs sont identiques.

7.1.2.2.2 Fraction volumique de liquide moyenne


Les graphes suivants présentent la fraction volumique de liquide moyenne, le long de
l’axe de la buse et à différentes distances du nez de l’injecteur, pour les calculs ELSA et de
DNS.

On observe, sur ces graphiques (Figure 32 et Figure 33), une bonne correspondance
entre l’expérience numérique et la simulation. L’utilisation d’une loi gradient pour le
traitement du flux turbulent apparaît suffisante dans cette zone dense du spray pour
déterminer la dispersion du liquide. Cela signifie que, dans la direction radiale, le flux
correspond principalement à de la diffusion turbulente et que, sur l’axe, le flux de masse est
dominé par la convection moyenne.

7-130
Figure 32 Profils axiaux de la fraction volumique de liquide moyenne

Figure 33 Profils radiaux de la fraction volumique de liquide moyenne

7.1.2.2.3 Densité d’interface liquide/gaz moyenne


Sur les graphes suivants, on présente une comparaison des densités d’interface
liquide/gaz obtenues par moyenne des résultats DNS et grâce au modèle ELSA.

7-131
Figure 34 Profils axiaux de la densité d’interface liquide/gaz moyenne

Les valeurs axiales de densité d’interface liquide/gaz obtenues à partir du modèle


ELSA et de la DNS sont relativement proches (Figure 34). Il est à noter que le modèle ELSA
prévoit une croissance de la densité d’interface trop proche du nez de l’injecteur. Ceci est dû
pour partie au terme d’étirement turbulent qui ne tient pas compte de la fraction volumique de
liquide mais simplement du niveau de turbulence.

Il est à remarquer que les valeurs radiales de la densité d’interface sont très proches
pour ce qui est de la modélisation et de l’expérience numérique (Figure 35). La hauteur de
pics est sensiblement la même. Il s’agit d’un résultat intéressant. L’équation de la densité
d’interface est phénoménologique. Il n’est pas évident de prendre en compte les phénomènes
physiques agissant véritablement sur cette grandeur. Il apparaît qu’ils ont été traduits
correctement. En revanche, de la même façon que pour le comportement le long de l’axe de
l’injecteur, le modèle ELSA surestime la valeur de la densité d’interface dans les zones de
forte fraction volumique de liquide.

7-132
Figure 35 Profils radiaux de la densité d’interface liquide/gaz moyenne

7.1.2.2.4 Énergie cinétique turbulente de mélange moyenne


Les graphes ci-dessous présentent les énergies cinétiques turbulentes obtenues à partir
des expériences de DNS et du modèle ELSA (Figure 36 et Figure 37).

Figure 36 Profils axiaux de l’énergie cinétique turbulente de mélange moyenne

Les énergies cinétiques turbulentes sont du même ordre de grandeur. Elles ont des
comportements proches. Il existe en zone proche d’injecteur, une décroissance du niveau de
turbulence. Ensuite dès que la fraction volumique décroît (environ 5 diamètres du nez de
l’injecteur), le niveau de turbulence augmente. Il existe cependant une différence assez
7-133
importante. Cela met en avant qu’il faudrait traiter de façon plus approfondie la modélisation
de la turbulence liquide/gaz.

Figure 37 Profils radiaux de l’énergie cinétique turbulente de mélange moyenne

L’analyse des profils radiaux d’énergies cinétiques turbulentes, à différentes distances


de la buse (Figure 37), met encore en évidence des problèmes dans la modélisation de la
turbulence diphasique. Il serait très intéressant de faire évoluer le modèle k − ε standard vers
une version diphasique de ce dernier. Cette différence importante entre la modélisation et le
calcul DNS pourrait être dû au fait que l’énergie cinétique turbulente de mélange n’est pas
composée uniquement des énergies cinétiques turbulentes du liquide et du gaz mais aussi
d’une énergie cinétique de glissement entre les phases (cf. 4.1.4).

7.1.2.2.5 Flux turbulent de liquide axial moyen


Nous présentons ici uniquement les profils radiaux des flux turbulents axiaux de
liquide. Les flux turbulents radiaux ne sont pas disponibles dans les travaux de Ménard
[Ménard, 2006]. Pour ce qui est des flux turbulents de liquide radiaux, il n’existe pas de
différences notables entre les modèles disponibles (loi gradient, modèles quasi multiphasiques
monophasique et diphasique). Cela met en avant le fait que le glissement entre les phases
liquide et gaz est négligeable dans la direction radiale. Les flux turbulents de liquide axiaux,
estimés à partir de la loi gradient, ne sont pas représentés sur la Figure 38, car ils ne sont pas

7-134
visibles. La loi gradient dans la zone dense du spray n’apparaît pas capable d’estimer de façon
correcte ces flux.

Les constantes de modélisations sont données pour les deux fermetures dans le
Tableau 8.

Production Production Fraction Production Destruction


Terme source Vitesse C f 1 massique C f 2 Cf 3
Pression
QMM diphasique 1 1 0 4
QMM monophasique 1 0.5 0 5

Tableau 8 Constantes de modélisations de l’équation du flux turbulent de liquide

Les constantes de modélisation du modèle quasi multiphasique monophasique sont


choisies de telle sorte que le modèle tende vers une loi gradient pour le flux turbulent de
liquide dans le cas d’un mélange de scalaire. Pour le modèle quasi multiphasique diphasique,
cette contrainte est respectée par le choix du coefficient de dispersion liquide/gaz. Les autres
constantes sont calées de telles sortes à avoir la meilleure description possible du flux
turbulent de liquide axial (Figure 38). Le terme de production de flux turbulent de liquide lié
au gradient de pression a été négligé, car son influence est faible.

Figure 38 Profils radiaux du flux turbulent de liquide moyen

Tout d’abord, il faut noter que le modèle quasi multiphasique diphasique est capable
de reproduire le comportement du flux turbulent de liquide. Les valeurs des maximums sont
7-135
relativement bien retrouvées. La décroissance du flux turbulent, lorsque l’on s’éloigne du nez
de l’injecteur, est elle aussi retranscrite. Cela met donc en évidence la capacité du modèle
quasi multiphasique diphasique à reproduire le flux turbulent de liquide et donc à estimer le
glissement entre les phases liquide et gaz.

Le couplage des équations de transport du flux turbulent de liquide avec l’équation de


transport de la fraction massique de liquide a été effectué mais n’apparaît pas nécessaire. En
effet dans la direction axiale, le flux de masse de liquide est principalement piloté par le flux
convectif moyen. Dans la direction radiale au spray, le flux de masse de liquide est piloté
certes par le flux turbulent de liquide radial mais qui est modélisé correctement avec une loi
gradient puisque le glissement dans cette direction de l’espace est négligeable. Ainsi le
couplage des équations permet d’obtenir des champs de fraction massique de liquide moyenne
quasiment identiques.

La résolution de l’équation de transport du flux turbulent reste cependant importante


dans le but d’estimer correctement le glissement entre les phases liquide et gaz. En effet, des
phénomènes tels que la vaporisation (échange de masse et d’énergie entre les phases) ou la
force de traînée (échange de quantité de mouvement entre les phases) sont pour grande partie
pilotés par le différentiel de vitesse entre les phases liquide et gaz. On peut aussi noter des cas
d’injection de carburant dans un écoulement de gaz transitoire. Dans ces configurations, la
répartition du liquide est plus dépendante du flux turbulent de liquide car il peut exister un
glissement entre les phases liquide et gaz dans des directions radiales à la vitesse d’injection.

Pour les cas Diesel, il apparaît donc, en pratique, intéressant de transporter le flux
turbulent de liquide dans l’axe d’injection, afin d’estimer correctement le glissement. En
revanche, le couplage avec l’équation de transport de la fraction massique de liquide n’est pas
nécessaire car son influence est négligeable sur les profils de fractions de liquide. De plus,
l’implémentation d’un terme de flux dans un code de calcul est difficile. Le couplage
engendre, en effet, facilement de la diffusion numérique et peut parfois entraîner des
instabilités numériques.

7-136
7.2 Analyse du comportement de l’équation de transport de la
densité d’interface liquide/gaz
Dans cette partie, nous nous attachons à comparer les modélisations proposées
concernant l’équation de transport de la densité d’interface liquide/gaz. Cette étude n’est pas
directement une validation avec l’expérience, mais une analyse des lois d’évolution des
grandeurs mises en jeu dans la modélisation de la densité d’interface comme, par exemple, la
vitesse d’agitation du liquide ou le temps caractéristique de collision.

La configuration correspond à une expérience numérique. Elle est proposée par


Ménard [Ménard, 2006]. Il s’agit d’une injection turbulente de liquide. Les analyses sont
menées à 5, 10 et 20 diamètres du nez de la buse et le long de l’axe de l’injecteur (axe Z sur la
Figure 39).

Figure 39 Schéma du spray calculé

L’équation évaluée, dans cette partie, est l’équation de transport de la densité


d’interface liquide/gaz présentée dans la partie 6.4. Afin de simplifier l’étude, l’ensemble des
constantes de modélisation ont été fixées, dans cette équation, à 1. L’équation de transport de
la fraction massique de liquide est fermée en utilisant une loi gradient.

7.2.1 Densité d’interface liquide/gaz


Dans ce premier paragraphe, nous présentons le comportement global de la densité
d’interface liquide/gaz.

7-137
Figure 40 Profil axial de la densité d’interface liquide/gaz

Le comportement de la densité d’interface liquide/gaz correspond à la physique de


l’écoulement (Figure 40). En proche zone d’injecteur, la densité de surface est très faible. Elle
croît, au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’injecteur, sous l’effet du plissement turbulent
d’abord, puis de la rupture et des collisions. Ensuite en zone diluée, la densité d’interface
devrait se stabiliser lorsque toutes les gouttes sont formées et le spray suffisamment dilué
pour pouvoir négliger l’effet des collisions. Ce comportement asymptotique n’est pas atteint
dans ce calcul.

Le comportement radial de la densité d’interface liquide/gaz (Figure 41) s’explique de


la même façon que pour le graphique précédent (Figure 40). À 5 diamètres de l’injecteur, la
densité d’interface atteint de fortes valeurs principalement dans les zones de fort cisaillement,
à savoir au niveau de la lèvre de l’injecteur (0.5 diamètres). À 10 et 20 diamètres du nez de
l’injecteur, cette grandeur se développe sous l’action de nouveaux phénomènes (rupture
aérodynamique, collision, coalescence…).

7-138
Figure 41 Profils radiaux de la densité d’interface liquide/gaz

7.2.2 Diamètres moyen de Sauter et critiques


On s’intéresse maintenant au diamètre moyen de Sauter, calculé à partir de la fraction
volumique de liquide et de la densité d’interface liquide/gaz, et aux diamètres critiques
proposés dans la modélisation de l’équation de la densité d’interface. On rappelle brièvement
les expressions de ces diamètres caractéristiques.

~
6Y
Eq. 7-4 d32 = ~
ρl Ω

6σ l
Eq. 7-5 d crit = (
21 3 − 1 )
ρl ∆Vcoll
2

1 + Wecoll , crit 6
Eq. 7-6 d crit , new = dl
1 + Wecoll 6

7-139
Figure 42 Profils axiaux des différents diamètres

On analyse d’abord le comportement du diamètre moyen de Sauter (Figure 42). En


zone proche, le diamètre moyen de Sauter ne peut pas être défini car il n’existe pas de
structures liquides. On a choisi, dans le calcul, de le limiter à une valeur maximale : le
diamètre de la buse d’injecteur. Dans cette zone, où la fraction volumique de liquide moyenne
est importante, on ne peut pas définir correctement de diamètre de goutte. Il serait plus
intéressant de considérer un diamètre de bulle. En effet, pour des fractions volumiques de
liquide supérieures à 50%, on doit avoir des bulles et non plus des gouttes liquides. Ensuite, à
mesure que l’on s’éloigne de l’injecteur, ce diamètre équivalent décroît du fait de la rupture et
des collisions, pour se stabiliser vers la valeur d’équilibre correspondant au nombre de Weber
critique. Les diamètres critiques (modélisations [Vallet, 2001] et nouvelle) ont des
comportements voisins le long de l’axe.

Nous nous intéressons sur la Figure 43 au comportement radial, à 5, 10 et 20 diamètres


de l’injecteur, des diamètres moyen de Sauter et critiques. Il existe, dans ces cas, de grandes
différences.

Le diamètre moyen de Sauter est très important proche de l’axe de l’injecteur car la
densité d’interface liquide/gaz ne s’est pas encore développée et que la fraction volumique de
liquide est importante. Ensuite, sous l’effet des collisions et de la rupture, ce diamètre décroît.
Finalement, il se stabilise vers une valeur constante correspondant au diamètre lié au nombre
de Weber collisionnel critique.
7-140
Les diamètres critiques ont des comportements voisins dans la zone dense du spray.
En revanche, leurs valeurs évoluent différemment lorsque le spray se dilue. Le diamètre
d’équilibre proposé par Vallet [Vallet, 2001] tend vers l’infini à mesure que l’on s’éloigne de
l’axe de l’injecteur alors qu’en réalité ce diamètre devrait se stabiliser (zone diluée du spray).
La nouvelle modélisation fait tendre le diamètre vers une valeur nulle lorsqu’il n’y a qu’une
faible fraction volumique de liquide (en bord de spray). Cela est en réalité un problème de
définition. En effet, lorsqu’il n’y a plus de liquide, il n’est plus possible de définir un diamètre
de goutte. Il est, en revanche, intéressant de noter que le diamètre moyen de Sauter passe par
un plateau. Dans la zone diluée, la turbulence devient de moins en moins active, il y a alors de
moins en moins de rupture. De plus, comme le spray est dilué, il n’existe plus de coalescence.
Ainsi une zone de diamètre constant doit apparaître.

Figure 43 Profils radiaux des différents diamètres

7.2.3 Terme source de l’équation de la densité d’interface liquide/gaz


Nous allons maintenant nous intéresser aux différents termes sources, afin de
comprendre comment ils font varier la densité d’interface liquide/gaz. On note Init le terme
d’initialisation, EM le terme d’étirement moyen, ET le terme d’étirement turbulent, Coll le
terme lié à la collision et Coal le terme de destruction lié à la coalescence.

7-141
Figure 44 Profils axiaux des termes source de l’équation de densité d’interface
liquide/gaz

Il est, tout d’abord, important de remarquer que les termes d’initiation et d’étirement
moyen ont des valeurs faibles en comparaison des autres termes (Figure 44). Cela met en
évidence que le terme d’initiation sert uniquement à initialiser la densité d’interface et n’en
modifie pas la valeur. Ensuite, le terme de d’étirement moyen est négligeable devant les
autres termes de production, car l’écoulement est fortement turbulent.

Le terme d’étirement turbulent est le plus important au voisinage du nez d’injecteur. Il


est, plus loin de la buse, dominé par le terme production par rupture après collision qui
intervient dès que l’écoulement est suffisamment dilué. Ce dernier est contrebalancé par le
terme de destruction (négatif) due à la coalescence. On remarque aussi que même loin du nez
de l’injecteur, les termes source ont des valeurs importantes ; cela explique que le diamètre
moyen de Sauter continue d’évoluer.

7-142
Figure 45 Profils radiaux des termes source de l’équation de densité d’interface
liquide/gaz

Sur la Figure 45, on ne présente que les profils radiaux des termes sources de
l’équation de la densité d’interface liquide/gaz à 10 diamètres de l’injecteur. Les
comportements à 5 et 20 diamètres sont identiques et ne sont donc pas représentés sur cette
figure. Les conclusions, concernant les profils radiaux des termes sources de l’équation de
densité d’interface liquide/gaz, sont voisines de celles pour les profils radiaux.

7.2.4 Vitesse d’agitation de la phase liquide


On s’intéresse, dans cette partie, à une donnée importante du modèle d’équation de la
densité d’interface, à savoir la vitesse d’agitation du liquide ou vitesse inter gouttes. dV
correspond au modèle initialement proposé par Vallet [Vallet, 2001]. U ′ correspond à la
nouvelle modélisation proposée. On rappelle brièvement les équations définissant les vitesses
caractéristiques de collision.

~
Eq. 7-7 U ′ ∝= k

dV = (ε~Lcoll )
1/ 3
Eq. 7-8

7-143
Figure 46 Profils axiaux des vitesses d’agitation de la phase liquide

Les comportements axiaux des deux modèles sont très différents (Figure 46). Le
modèle de Vallet [Vallet, 2001] restitue une vitesse inter gouttes très importante proche du
nez de l’injecteur, puis qui diminue, au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’injecteur.
Proche de la buse d’injection, il n’y a pas de gouttes formées ; il est alors difficile de supposer
une vitesse d’agitation du liquide importante. On remarque que cette vitesse est basée sur
l’échelle inter gouttes qui est mal définie dans la zone dense du spray. La nouvelle
modélisation propose une vitesse d’agitation du liquide qui croît à mesure que l’on s’éloigne
de la buse, i.e. les gouttes se forment et deviennent de plus en plus agitées sous l’effet du
niveau de turbulence croissant. Ensuite, à plus de 50 diamètres du nez de l’injecteur, la vitesse
d’agitation inter gouttes diminue car le niveau de turbulence décroît.

De la même façon que pour le graphe précédent Figure 46, on peut remarquer, sur la
Figure 47, que la nouvelle modélisation propose une vitesse d’agitation de la phase liquide
qui croît au niveau des zones de cisaillement et de production de densité d’interface
liquide/gaz et qui est faible dans les zones purement gazeuse ou liquide. La modélisation
proposée par Vallet [Vallet, 2001] a des comportements différents dans ces mêmes zones.

7-144
Figure 47 Profils radiaux des vitesses d’agitation de la phase liquide

7.2.5 Temps caractéristiques de collision


Nous considérons maintenant le temps caractéristique de collision qui caractérise, à la
fois, le terme de production par rupture après collision et le terme de collision. La notation
τ coll correspond au modèle proposé par Vallet. La notation τ coll , new correspond à la nouvelle
modélisation proposée. On rappelle les définitions de ces temps caractéristiques de collision.

Lcoll
Eq. 7-9 τ coll =
∆Vcoll

3
Lcoll
Eq. 7-10 τ coll , new =
Seff ∆Vcoll

Les deux modélisations restituent un comportement axial voisin pour le temps


caractéristique de collision (Figure 48). Il est très important près de l’injecteur, car les
collisions ne peuvent pas avoir lieu. Il diminue ensuite, car le niveau de turbulence augmente
et le nombre de gouttes augmente. Le temps de collision augmente à nouveau à partir de 10
diamètres de la buse d’injection sous l’effet de la dilution. Le temps de collision devrait
tendre vers l’infini lorsque l’on est dans la limite du spray dilué : les gouttes sont trop
espacées pour pouvoir rentrer en collision. On peut remarquer que la nouvelle modélisation

7-145
proposée augmente plus rapidement. Le temps de collision devrait alors tendre vers cette
limite plus rapidement.

Figure 48 Profils axiaux des temps caractéristiques de collision

Figure 49 Profils radiaux des temps caractéristiques de collision

Les deux modélisations restituent un comportement radial proche pour les temps
caractéristiques de collision (Figure 49). Ces derniers sont relativement faibles près de l’axe
de l’injecteur, puis croissent à mesure que l’on s’éloigne de l’axe de l’injecteur. Il existe une
différence entre les deux modélisations. Celle-ci réside, encore une fois, dans les
comportements limites. Le nouveau modèle propose un temps de collision qui tend vers
7-146
l’infini lorsque l’on est dans une zone composée uniquement de liquide ou de gaz ; les
collisions ne peuvent pas avoir lieu, car le milieu est dilué. La modélisation proposée par
Vallet [Vallet, 2001] restitue un temps de collision qui tend vers la valeur unitaire.

7.3 Cas de validation globale : Bombe IFP


On présente dans cette partie les comparaisons des résultats du modèle ELSA avec des
résultats d’expériences menées par l’Institut Français du Pétrole (IFP) en 1998 [Verhoeven,
1998].

7.3.1 Expérience
Cette série de mesures, réalisée par Verhoeven [Verhoeven, 1998], propose les
pénétrations liquide et vapeur de sprays Diesel, issues d’un injecteur de type monotrou de 200
µm de diamètre. Ces expériences ont été réalisées dans une bombe chaude, c’est à dire dans
un environnement gazeux à haute température et de masse volumique importante.

Figure 50 Schéma expérimental de la bombe IFP [Verhoeven, 1998]

Le dispositif expérimental utilisé est présenté ci-dessus (Figure 50). Une première
combustion permet d’obtenir une température de chambre importante (800 ou 1000 K ) et une
pression importante ( ρ g = 12 kg.m −3 ou ρ g = 25 kg.m −3 ). La visualisation des sprays se fait à

7-147
travers des hublots présents de chaque côté du cube constituant la chambre de combustion.
Les images, obtenues par diffusion de Mie, sont binarisées. On obtient ainsi les pénétrations
liquide et vapeur. Un exemple de visualisations obtenues, après traitement de l’image, est
présenté Figure 51.

La partie en haut de l’image correspond à la phase liquide. La partie la plus éloignée


du nez de l’injecteur correspond à la phase vapeur.

Il est nécessaire de définir arbitrairement un critère de pénétration liquide (Figure 52).


Trois définitions sont possibles :

- Seuls les paquets liquides importants sont pris en compte (critère A).

- Les gouttes esseulées de fin de spray ne sont pas retenues mais les paquets liquides
de moyenne taille le sont (critère B).

- La moindre goutte esseulée de fin de spray est prise en compte (critère C).

Le critère B est retenu pour l’ensemble des mesures recueillies durant cette expérience
car il correspond à une moyenne entre les critères A et C. Il est à noter ici que seules les
pénétrations de liquide et de vapeur de carburant ont été mesurées. Aucune étude
granulométrique n’a été effectuée. Ceci est principalement dû au fait que de nombreuses
difficultés persistent lorsque l’on essaie de mesurer les tailles de gouttes d’un spray à chaud.
En effet, dans de telles conditions d’utilisation, un spray Diesel est un brouillard et
l’exploitation de mesures obtenues à l’aide d’un granulomètre Malvern, par exemple, reste
très délicate. Il s’agira donc pour cette étude menée sur la modélisation de sprays Diesel
vaporisants de comparer les pénétrations liquide et vapeur mesurées avec celle obtenues grâce
au modèle ELSA.

7-148
Figure 51 Images obtenues du spray vaporisant dans la bombe IFP [Verhoeven, 1998]

Figure 52 Mesure de la pénétration liquide

7.3.2 Présentation du calcul

7.3.2.1 Maillage
Le calcul a été réalisé sur un maillage de 8500 mailles. La taille des mailles au niveau
de l’injecteur (10 mailles le long du diamètre) est choisie de telle sorte à assurer une
représentation réaliste de l’écoulement dans la zone proche de l’injecteur. Néanmoins, le
nombre de mailles a été limité en prévision des applications moteur qui ne permettent pas
l’utilisation d’un maillage plus raffiné (Figure 53).

7-149
Figure 53 Maillage de la bombe IFP

7.3.2.2 Conditions d’injection


Les conditions d’injection correspondent aux conditions de l’expérience. Un profil
temporel de vitesse est imposé en entrée (Figure 54). Il correspond à la vitesse débitante
obtenue à partir de la mesure du débit réalisée par Verhoeven (Figure 54).

Figure 54 Profil de vitesse d’injection et Profil de débit de carburant

Il est très difficile de mesurer au niveau de l’injecteur un nombre important de


grandeurs. Verhoeven [Verhoeven, 1998] ne fournit pas, par exemple, le profil de fraction
volumique de liquide mesuré au niveau du trou de la buse d’injection. Nous supposons qu’il
n’y a pas cavitation, i.e. la fraction volumique est égale à 1 en condition limite injecteur. Le
niveau de turbulence n’est pas connu non plus ; on suppose donc que l’intensité de turbulence
est 1% et la longueur turbulente égale à 0.1 diamètre de buse. Un profil spatial de vitesse

7-150
aurait pu être imposé au niveau du trou de l’injecteur, mais la longueur du tube d’injection ne
permet pas l’établissement de la turbulence. On retient alors un profil de vitesse constant sur
le trou de la buse. La vitesse d’injection est prise égale à la vitesse débitante.

7.3.2.3 Modélisation retenue


La modélisation utilisée pour ce cas de calcul de la bombe IFP est le modèle ELSA
présenté au Chapitre 4. Il est utilisé dans sa version la plus simple. Il convient de préciser
quelques points :

- On utilise une loi gradient pour la fermeture du flux turbulent de liquide.

- Les constantes de l’équation de transport de la densité d’interface liquide/gaz


correspondent à celles regroupées dans le Tableau 7. Il est à noter que le choix de ces
constantes est celui retenu pour la comparaison avec des calculs DNS établis dans la partie
7.1.

- Le couplage eulérien/lagrangien est mis en place dans la zone diluée du spray car il
s’agit de valider le comportement des équations du modèle ELSA dans son intégralité.

- Le critère de transition correspond à une fraction volumique de liquide égale à 50%.

- Une seule particule est injectée par cellule de transition.

- Les lois d’évolution d’une goutte sont celles présentées dans le Chapitre 3.

- Dans la zone lagrangienne, aucun modèle de rupture ou collision n’est utilisé.

7.3.3 Cas testés


Les différents cas testés prennent en compte les variations des conditions d’injection :

- La variation de pression dans la bombe, i.e. la variation de masse volumique de l’air


ambiant (Cas A)

- La variation de la température du gaz dans la bombe (Cas B)

- La variation de la vitesse d’injection du fuel (Cas C)

7-151
7.3.4 Résultats
Nous présentons, dans cette partie, les comparaisons des pénétrations liquide et gaz
pour les différents cas testés.

7.3.4.1 Cas de référence


Le cas de référence est le cas présenté dans le Tableau 9.

Température chambre Densité chambre Vitesse d’injection

800 K 25 kg.m −3 ≈ 250 m.s −1

Tableau 9 Conditions d’injection du cas de référence

Les barres ne correspondent à des barres d’erreur, car elles ne sont pas données dans
l’étude de Verhoeven [Verhoeven, 1998]. Elles représentent une variation de 10% autour de la
valeur mesurée, qui, compte tenu des incertitudes sur la détermination des pénétrations,
semble être un minimum.

Figure 55 Pénétrations liquide et vapeur (Cas de référence)

La Figure 55 représente la comparaison des pénétrations liquide et vapeur pour une


température de 800 K et une densité de l’air dans la chambre de 25 kg.m −3 . On propose, dans
la partie supérieure, la pénétration vapeur qui est naturellement plus longue que la pénétration
7-152
liquide du fait de la vaporisation. Les courbes correspondent au modèle et les symboles à
l’expérience. Il serait possible d’améliorer cette comparaison en affinant le jeu de constantes,
par exemple. Mais celui-ci ne correspondrait plus au calage effectué sur la simulation
numérique directe de Ménard [Ménard, 2006]. Il existe, cependant, beaucoup d’incertitudes
sur les conditions opératoires. Un doute subsiste, par exemple, sur l’instant initial de
l’injection ; l’endroit de mesure des débits ne correspond pas nécessairement à la condition
limite en entrée imposée dans la calcul. D’autre part, le modèle quasi multiphasique et la
vaporisation en zone dense ne sont pas utilisés ici. Sous ces approximations, la comparaison
est acceptable et permet de tester la capacité du modèle à représenter l’influence des
principales variations de paramètres d’injection sur les pénétrations liquide et vapeur.

7.3.4.2 Variation de la masse volumique de l’air (Cas A)


Nous considérons ici la variation de la masse volumique de l’air (Figure 56).

Figure 56 Pénétrations liquide et vapeur (Cas A)

La diminution de la masse volumique de l’air rend les gaz de la chambre plus


pénétrables ; ils freinent moins la pénétration du liquide. Ainsi, pour une masse volumique de
l’air plus faible, la pénétration liquide est plus grande alors que la pénétration vapeur n’évolue
que très peu. Les courbes obtenues à partir du modèle ELSA traduisent convenablement cette
tendance observée sur l’expérience.

7-153
7.3.4.3 Variation de la température de l’air (Cas B)
Le graphe ci-dessous présente les pénétrations liquide et vapeur pour une température
de chambre, de 1100 K , supérieure au cas de référence (Figure 57).

Figure 57 Pénétrations liquide et vapeur (Cas B)

Pour une température de chambre plus importante, la pénétration liquide chute


fortement. Ceci est dû à la vaporisation qui est principalement pilotée par la température de la
chambre. Ainsi, une température plus élevée entraîne une vaporisation plus rapide de la phase
liquide. Cet effet dépend aussi de la granulométrie du spray : plus les gouttes sont petites plus
elles se vaporisent rapidement. Il apparaît que le modèle ELSA traduit ce comportement de
façon imparfaite. On peut penser que l’équation qui rend compte de l’évolution de la taille des
gouttes (équation de transport de la densité d’interface liquide/gaz) est robuste parce qu’elle
permet de capturer ce phénomène. Néanmoins des progrès restent à accomplir. Il est aussi à
remarquer que cette différence, qui persiste entre l’expérience et les résultats du modèle, peut
être due à la vaporisation que l’on néglige toujours en zone dense.

7.3.4.4 Variation de la pression d’injection (Cas C)


Nous présentons ici l’influence de la pression d’injection (vitesse du liquide en sortie
de buse) sur les pénétrations (Figure 58).

7-154
Figure 58 Pénétrations liquide et vapeur (Cas C)

Pour des pressions d’injection plus importantes (vitesse de fuel plus importante dans la
buse d’injecteur), les pénétrations liquide et vapeur augmentent légèrement. Le modèle ELSA
traduit cette tendance.

7.3.5 Comparaison Modèle lagrangien/ELSA


Dans cette partie, nous présentons un exemple de comparaisons des résultats obtenus
avec le modèle d’atomisation [Reitz, 1987] et le modèle ELSA. Cette étude a été réalisée par
R. Lebas qui travaille sur le modèle ELSA en se concentrant sur la partie couplage
eulérien/lagrangien et à la vaporisation. Nous travaillons en collaboration. Les versions du
modèle ELSA que nous utilisons sont très semblables. Les différences principales portent sur
l’implémentation dans des codes de calcul différents qui mènent à des maillages et des erreurs
numériques différentes. Cette comparaison concerne la variation entre les cas A et B, i.e. la
température dans la chambre est augmentée (Figure 59). Lorsque la température augmente
dans la bombe, la pénétration vapeur reste globalement inchangée. En revanche, la pénétration
liquide diminue. Il apparaît que le modèle ELSA est capable de prendre en compte la
variation de température dans la chambre. Il n’est pas possible de retrouver ce comportement
avec la modélisation lagrangienne, sans modifier les constantes de modélisation pour chacun
des cas.

7-155
Figure 59 Comparaison entre les modèles lagrangien (DDM) et ELSA (Cas A et C)

7.4 Application dans des conditions moteur Diesel


Un des points du cahier des charges de ce travail de thèse est l’implémentation du
modèle ELSA sur un cas moteur Diesel. Il s’agit, dans un premier temps, d’une étude de
faisabilité. Cette tâche a consisté en deux étapes :

- Vérification de la compatibilité du modèle ELSA avec le modèle de combustion


ECFM3Z. Ce modèle est brièvement présenté.

- Adaptation de la stratégie de maillage d’un moteur Diesel.

7.4.1 Compatibilité avec le modèle de combustion ECFM3Z


Le modèle ECFM3Z [Colin, 2004], développé dans le but de modéliser la combustion
prémélangée parfaitement ou partiellement, est adapté à la simulation de la combustion par
flammes de diffusion (combustion se produisant dans une zone de réaction mince séparant le
carburant de l'air) rencontrée en moteur Diesel, par exemple. Le modèle ECFM3Z est basé,
d'une part, sur la résolution d'une équation de transport de la densité de surface de flamme
prenant en considération le plissement du front de flamme engendré par les effets turbulents,
et d'autre part, sur une méthode de conditionnement assurant une reconstruction précise des
propriétés locales des gaz frais et des gaz brûlés, même dans des cas très fortement stratifiés.
Afin d'adapter le modèle à la combustion par flamme de diffusion, une description de
7-156
l'évolution de l'état du mélange a été ajoutée. Cette description consiste à découper tout
volume de contrôle (typiquement une maille de la grille de calcul 3D) en trois zones de
mélange : une zone de carburant pur, une zone d'air pur (et d'éventuels gaz résiduels) et une
zone dans laquelle le carburant et l'air sont mélangés. Ces trois zones ne sont pas définies
géométriquement. Elles correspondent à une répartition du fluide en trois états. Dans la zone
mélangée, le modèle de combustion ECFM3Z est appliqué. L'évolution de l'état du mélange
est gérée par un modèle phénoménologique, de type Magnussen, assurant le mélange
progressif du carburant pur et de l'air pur (c'est à dire, le passage des deux zones non
mélangées vers la zone mélangée). Le modèle ECFM3Z est couplé avec un modèle d'auto
inflammation.

L’utilisation du modèle ELSA implique le transport de plusieurs nouveaux scalaires.


Les scalaires passifs (densité d’interface liquide/gaz et flux turbulent de liquide) ne posent pas
de problème car ils n’interagissent pas avec le modèle de combustion. En revanche, la fraction
massique de liquide modifie les propriétés du mélange dans la chambre et influe donc sur le
modèle de combustion. Il a donc été nécessaire de vérifier la compatibilité de l’utilisation
simultanée du modèle de spray ELSA et du modèle de combustion ECFM3Z. Cette étude de
faisabilité est basée sur l’utilisation de la partie lagrangienne du modèle ELSA. Cette partie
est très proche de celle déjà implémentée dans le code de calcul. La combustion et la
vaporisation sont négligées en zone dense. On vérifie que la combustion se déroule
correctement : augmentation de la température, par exemple.

Une étude de la combustion d’un spray dans une chambre de combustion a été menée
(Figure 60). Le calcul a été réalisé sur le maillage de la bombe IFP dans les conditions du Cas
C (cf. 7.3).

Sur la Figure 60, on remarque qu’une flamme (augmentation de température) se


développe à la périphérie du spray vaporisant. En zone dense, près du nez de l’injecteur, la
température reste, en revanche, faible.

7-157
Figure 60 Champ de température dans la bombe IFP une milliseconde après injection (en
bleu 800 K , en rouge 1500 K )

7.4.2 Modification de la stratégie de maillage moteur


L’utilisation du modèle de spray ELSA nécessite un maillage fin de la zone d’injection
dans la partie supérieure du moteur près de la buse de l’injecteur. Deux nouvelles stratégies de
maillage ont été envisagées (Stratégie 1 et Stratégie 2 sur la Figure 61) en amélioration de la
Stratégie Standard (Figure 61).

Figure 61 Stratégies de maillage du secteur moteur

- Mise en place du maillage de la zone dense dans l’intervalle entre le piston et la


culasse au point mort haut (Stratégie 1 sur la Figure 61). Dans ce cas, le mouvement du
maillage mobile n’est pas à modifier. Il reste simplement une zone fixe (en rouge) en haut du
cylindre. Le maillage de cette zone fixe est présenté sur la Figure 62. Cependant, cette
stratégie ne permet pas des taux de compression (volume au point mort bas sur volume au
point mort haut) importants. Il a donc été nécessaire d’envisager une nouvelle stratégie de
maillage pour respecter les contraintes technologiques.
7-158
Figure 62 Maillage de la partie haute du secteur moteur

Figure 63 Adaptation du maillage mobile

- Modification du maillage mobile pour ramener la partie fixe du maillage culasse en


haut du cylindre (Stratégie 2 sur la Figure 61). Dans ce cas, il existe une partie fixe du
maillage en haut et en bas du secteur moteur (respectivement en rouge et en jaune sur la
Figure 61 et la Figure 63). La zone centrale (en bleu) est mobile et se comprime donc lors de
la remontée du piston. La nouvelle stratégie de maillage mobile du secteur moteur permet de
conserver une zone fixe proche de l’injecteur. Cette stratégie est aussi compatible avec la
7-159
technologie du moteur Diesel (très faible taux de compression). Cette région garantit une
résolution spatiale suffisante pour l’utilisation du modèle de spray ELSA.

7.5 Cas de validation Wu et al.


Dans cette partie, nous présentons un cas test. Il permet de valider, si possible, la
modélisation de l’équation du flux turbulent de liquide. Cette comparaison est réalisée à partir
des travaux de Wu [Wu, 1984]. Ils consistent en la mesure de la vitesse axiale du liquide par
Vélocimétrie Laser Doppler (LDV).

7.5.1 Conditions expérimentales


Ces données concernent la mesure de vitesse axiale de gouttes dans un spray de type
Diesel en conditions établies de fonctionnement, pour la zone dense du spray. Le carburant
(n-hexane) est injecté dans une chambre au repos, à température ambiante, sous pression, de
telle sorte que le ratio de la masse volumique de fuel sur la masse volumique de l’air soit
proche des conditions rencontrées dans un moteur Diesel au point mort haut. Le diamètre de
l’injecteur est 127 µm . Les conditions expérimentales sont présentées ci-dessous dans le
Tableau 10.

Pression Densité gaz Vitesse Densité fuel


Cas
MPa kg.m −3 injection m.s −1 kg.m −3
C 1.48 48.68 194 665

Tableau 10 Conditions expérimentales utilisées dans l’expérience de Wu [Wu, 1984]

La simulation réalisée est stationnaire. Le profil spatial de vitesse d’injection est plat.
On suppose que l’écoulement est à grands nombres de Reynolds dans la buse d’injection.
L’intensité turbulente et la longueur turbulente sont prises respectivement égales à 1% et 0.1
d inj .

Les mesures des vitesses axiales de la phase liquide sont réalisées à 400 et 600
diamètres du nez de l’injecteur.

7-160
7.5.2 Conditions numériques
La comparaison avec l’expérience est réalisée sur un maillage correspondant au quart
de la chambre utilisée par Wu (Figure 64). On utilise les propriétés de symétrie de
l’écoulement. Le nombre de cellules le long d’un diamètre de buse est 10. La géométrie des
mailles proches de la buse d’injection est choisie suffisamment régulière pour limiter la
diffusion numérique et assurer une bonne représentation des phénomènes physiques.

Figure 64 Maillage du cas de calcul [Wu, 1984]

Les constantes de modélisation utilisées sont celles regroupées dans le Tableau 7 et le


Tableau 8. Elles correspondent au calage réalisé sur les travaux de simulation numérique
directe de Ménard (cf. 7.1). Le modèle de flux turbulent utilisé est celui correspondant à
l’équation Eq. 5-46.

7.5.3 Résultats
On présente, dans cette partie les résultats des comparaisons effectuées entre les
expériences de Wu et le modèle quasi multiphasique. On utilise l’équation Eq. 7-11 pour
retrouver la vitesse du liquide, à partir de la résolution des équations de transport de la vitesse
moyenne de liquide et du flux turbulent moyen de liquide.

~ ρu′′y′′
Eq. 7-11 U l ,i = U i + i~
ρY

7-161
~
Sur la Figure 65 et la Figure 66, on note U l , z la vitesse liquide axe, U z la vitesse axe

ρu′z′ y′′
et ~ la correction. La courbe de fraction volumique de liquide (multipliée par 1000 pour
ρY
être visible) permet de juger le niveau de dilution de l’écoulement. Les corrections apportées à
la vitesse de liquide, en utilisant une loi gradient pour le flux turbulent de liquide, n’ont pas
été représentées, car elles sont trop faibles.

Figure 65 Profils radiaux de vitesse axiale de liquide à 600 diamètres

Les résultats présentés sur la Figure 65 correspondent aux profils radiaux de vitesse
axiale de liquide à 600 diamètres de la buse d’injection. On remarque que la vitesse axiale de
mélange est légèrement inférieure à la vitesse du liquide mesurée par Wu. La correction
permet de retrouver une estimation correcte de la vitesse de liquide sur l’axe. En revanche,
dans la zone plus éloignée de l’axe, la correction apportée à la vitesse moyenne induit une
surestimation de la vitesse axiale de la phase liquide. Il est à noter que dans cette zone de
l’écoulement la fraction volumique de liquide est faible (moins de 0.001).

Les résultats présentés sur la Figure 66 sont les profils radiaux de vitesse axiale de
liquide à 400 diamètres de la buse d’injection. Proche de l’axe de l’injecteur, la vitesse
moyenne est inférieure à la vitesse liquide mesurée par Wu. La correction apportée par le
modèle quasi multiphasique n’est cependant pas suffisante. Dans la zone plus éloignée de
l’axe d’injection, la correction ne permet pas de mieux estimer la vitesse du liquide.

7-162
Ces deux figures ne permettent pas de conclure quant à la validité du modèle quasi
multiphasique. Il est à remarquer que les constantes utilisées dans ces calculs sont celles
extraites des comparaisons avec la DNS de Ménard. Il est possible qu’en changeant ces
constantes, on obtienne de meilleur résultats.

Figure 66 Profils radiaux de vitesse axiale de liquide à 400 diamètres

7-163
Conclusion
Le but de ce travail de recherche était de développer, d’implémenter et de valider le
modèle ELSA dans le contexte de l’injection Diesel. Ce dernier permet de décrire de façon
complète le spray Diesel depuis l’intérieur de l’injecteur jusque dans la zone diluée du spray.
Il est important de décrire correctement le processus d’atomisation lors de l’injection Diesel,
car ce phénomène contrôle la dispersion de la masse liquide et vapeur (vaporisation) dans la
chambre de combustion. Il contrôle ainsi indirectement la combustion et la formation de
polluants.

Dans la première partie de cette thèse, nous avons présenté, de façon générale,
l’injection dans le moteur Diesel. Cette partie a permis de mettre en avant les problématiques
particulières à l’injection Diesel. Les technologies Diesel ont énormément évoluées et
notamment le système d’injection : pression d’injection de plus en plus forte, diamètre
d’orifice de la buse d’injection de plus en plus faible. L’écoulement en sortie d’injecteur est
ainsi extrêmement contraint. Ces remarques démontrent la nécessité d’étudier avec précision
les mécanismes physiques de l’injection et leur prévision via des outils de modélisation 3D.

Ensuite, le second chapitre est consacré à la phénoménologie des sprays. Il a pour but
de présenter les nombres adimensionnels caractéristiques d’un spray ou d’une goutte liquide,
la théorie linéaire classique et ses conséquences sur les régimes de fractionnement d’une
colonne de liquide. Un résumé des connaissances phénoménologiques du spray obtenues à
l’aide d’études expérimentales et de simulations numériques directes a été présenté. À l’heure
actuelle, il existe peu de modèles qui prennent en compte de façon précise les phénomènes
physiques liés au processus d’atomisation, en particulier dans la zone primaire. Il apparaît
donc primordial d’intégrer, dans un modèle de spray, l’effet de la géométrie de l’injecteur
(cavitation, turbulence interne), l’écoulement fortement contraint qui existe en zone proche de
l’injecteur et le fait que le spray n’est pas constitué de gouttes, mais en réalité d’un dard
liquide (zone continue de liquide attachée à la buse d’injection) et d’un grand nombre de
structures liquides de formes complexes.

Le troisième chapitre concerne la modélisation classique des sprays. La plupart de ces


méthodes utilisent pour point de départ l’équation d’évolution de la fonction densité de
probabilité d’un spray [Williams, 1958]. Cette équation suppose que le spray est composé
7-164
d’une phase diluée : les gouttes. Nous présentons brièvement les approches eulériennes et plus
en détail les approches lagrangiennes utilisées pour la résolution de l’équation d’évolution
d’un spray. Parmi ces méthodes lagrangiennes, nous nous sommes plus particulièrement
intéressés aux modèles d’atomisation primaire. Ces modélisations ont pour fondement la
théorie linéaire des instabilités liquide/gaz [Reitz, 1987]. L’application de cette théorie dans le
cas de l’atomisation rencontrée dans les jets Diesel pose problème. Il apparaît donc important
de proposer une nouvelle modélisation qui soit capable de prendre en compte les remarques
développées au second chapitre : écoulement dans l’injecteur déterminant, turbulence interne
jouant un rôle sur le processus d’atomisation…

Le quatrième chapitre présente le modèle ELSA (Eulerian Lagrangian Spray


Atomisation) [Vallet, 1999]. Il a été introduit pour pallier les limites des approches classiques
présentées au Chapitre 3 et pour prendre en compte les constatations phénoménologiques
résumées au Chapitre 2. Ce modèle est une méthode complète de description du jet Diesel
depuis l’intérieur de l’injecteur jusque dans la zone diluée du spray. Le spray est divisé en
deux zones de calcul dans lesquelles on applique la méthode la plus adaptée à la résolution de
l’écoulement diphasique. Dans la zone dense du spray, on utilise un modèle eulérien de
mélange qui ne suppose pas de forme particulière de la phase liquide (goutte sphérique par
exemple). Ensuite, dès que l’écoulement devient suffisamment dilué, on modélise
l’écoulement diphasique à partir des modèles lagrangiens. Il prend en compte l’écoulement
dans la zone dense du spray et traite le phénomène d’atomisation de façon originale. En effet,
on ne s’intéresse plus à l’évolution du diamètre des particules mais à l’évolution de la
topologie de l’interface, via une équation de transport de la densité moyenne d’interface
liquide/gaz. Dans cette partie, nous présentons les équations du modèle ELSA dans la zone
dense du spray (en particulier, l’équation de transport de la fraction massique de liquide et
l’équation de transport de la densité d’interface liquide/gaz). Ensuite, la transition entre le
calcul eulérien en zone dense et le calcul lagrangien en zone diluée est explicitée. Les deux
chapitres qui suivent consistent en une description fine des deux équations qui permettent
d’initier le calcul lagrangien (fraction massique de liquide et densité d’interface liquide/gaz).

Le cinquième chapitre concerne le modèle quasi multiphasique. Il présente une


nouvelle équation de transport du flux turbulent moyen de liquide. Ce flux turbulent est
primordial dans la modélisation des sprays puisqu’il traduit la dispersion de la phase liquide.
7-165
Il est directement lié au glissement moyen entre les phases liquide et gaz. Après avoir
introduit les équations (exactes et fermées) de conservation de la quantité de mouvement de la
phase liquide, l’équation du flux turbulent moyen de liquide a été dérivée de façon exacte puis
fermée en considérant différentes approches : approche monophasique (mélange de deux gaz
de masses volumiques différentes) et approche diphasique dispersée (mouvement de gouttes
de liquide dispersées dans un environnement gazeux). Les fermetures proposées sont
finalement analysées et comparées (Drew, Bailly et Simonin). Plusieurs conclusions sur cette
partie peuvent être mises en avant. D’abord, il est difficile d’isoler, dans les différentes
approches, les contributions de chacun des termes de l’équation du flux turbulent de liquide.
L’approche de Simonin est la plus simple à analyser puisque le point de départ de sa
démonstration est l’équation lagrangienne d’évolution d’une goutte. En revanche, dans les
approches de Drew et Bailly, il reste difficile d’isoler le rôle de chacun des termes. Une
tentative est proposée dans ce travail. Il est à remarquer que l’adaptation de l’approche de
Bailly est délicate, car il ne considère pas une fonction distribution mais une fonction continue
de l’espace. De ce fait, une partie des termes apparaissant dans l’approche de Bailly ne sont
pas définis (les termes liés au gradient de l’indicatrice de la phase liquide). La fermeture
retenue est celle de Simonin, car elle est la plus explicite, même si elle a pour hypothèse le
fait que les particules soient dispersées.

Le sixième chapitre traite, de façon générale, de la modélisation du transport d’une


interface et plus particulièrement le transport de la densité moyenne d’interface liquide/gaz. À
partir de considérations générales sur le transport de la densité interfaciale (surface de
flamme, écoulements à bulles…), les modélisations existant dans la littérature de l’équation
de transport de la densité d’interface liquide/gaz sont présentées. Cette présentation traite
deux types de modélisations : l’adaptation de modèles lagrangiens (phase dispersée) et les
modélisations sans hypothèse de phase dispersée. Ensuite, une analyse de l’équation de
densité d’interface liquide/gaz sur quelques cas limites est menée. Celle-ci permet de
retrouver certains termes proposés dans l’approche de Vallet et de mieux comprendre le rôle
du terme de diffusion de densité d’interface liquide/gaz. Elle nous permet aussi de déterminer,
par exemple, l’équation de transport fermée de la densité d’interface liquide/gaz d’un spray
composé de particules ayant un diamètre moyen de Sauter constant. À partir de ces études et
de la revue bibliographique, certaines améliorations sont apportées à l’équation de transport
de la densité moyenne d’interface liquide/gaz proposée, initialement, par Vallet [Vallet,
7-166
2001]. Ces améliorations portent sur trois points. D’abord, un terme d’initialisation de la
densité d’interface a été proposé. Ce terme évite le problème de la condition limite de la
densité d’interface liquide/gaz. Il suppose une relation entre la fraction volumique de liquide,
la densité d’interface et une échelle de longueur caractéristique correspondant à la taille des
gouttes initiales. Cette hypothèse semble en accord avec les expériences de simulation
numérique directe de Ménard. Ensuite, la fréquence de collision des gouttes a été modifiée en
introduisant la section efficace des gouttes. Cette approche est utilisée classiquement dans la
théorie cinétique des particules. Cela permet d’obtenir un meilleur comportement du temps
caractéristique de collision, même si ce temps est difficile à comparer avec l’expérience.
Enfin, le diamètre critique (limite vers laquelle doit tendre la densité d’interface liquide/gaz) a
été généralisé, en utilisant un processus de rupture après collision plus général. Ce modèle
permet l’introduction d’un nombre de Weber critique expérimentale. L’approche de Vallet
introduit un nombre de Weber critique différent des valeurs expérimentales généralement
admises (même si la valeur critique de ce nombre Weber de n’est pas parfaitement défini).

Enfin, le dernier chapitre propose les applications et les résultats. Tout d’abord, une
validation des équations eulériennes du modèle ELSA est effectuée. Cette étude est une
comparaison directe avec les résultats moyennés statistiquement d’une expérience de
simulation numérique directe [Ménard, 2006]. Cette DNS nous permet de valider et caler
finement les équations de transport de la fraction massique moyenne de liquide et de la
densité moyenne d’interface liquide/gaz en zone très proche de la buse d’injection. Les
constantes, retenues à la suite de ce calage, sont celles utilisées dans l’ensemble des calculs du
Chapitre 7. En revanche, cette expérience nous a confirmé une lacune de la modélisation : le
traitement de la turbulence diphasique. Cela devrait faire le sujet d’études ultérieures. Ensuite,
une analyse du comportement de l’équation de densité moyenne d’interface liquide/gaz a été
réalisée. Cette étude porte sur le comportement général de la densité d’interface et sur les
modifications apportées. Le manque de données expérimentales ne nous permet pas d’avoir
accès à des données très précises comme, par exemple, la fréquence de collision entre les
structures liquides dans la zone dense du spray. Nous faisons, ici, une analyse qualitative de
certaines grandeurs. Ensuite, une validation globale du modèle ELSA complet (zones dense et
diluée) a été effectuée. Cette validation porte sur une donnée très importante pour les
motoristes, à savoir les pénétrations liquide et vapeur. Ce travail de thèse consistait, en effet, à
proposer un modèle de spray pour les moteurs Diesel. Dans ce cadre, l’implantation du
7-167
modèle ELSA dans un calcul moteur est évoquée. Deux difficultés sont mises en avant : le
couplage du modèle de spray avec le modèle de combustion et l’adaptation nécessaire du
maillage, afin de pouvoir prendre en compte l’écoulement dans la zone dense du spray,
proche du nez de l’injecteur. Finalement, une validation de l’équation de transport du flux
turbulent de liquide est proposée. Une comparaison avec l’expérience de Wu [Wu, 1984] est
menée. Il s’agit de retrouver la vitesse de la phase liquide à l’aide du modèle quasi
multiphasique.

À la vue de ces résultats, il convient de proposer des perspectives d’amélioration du


modèle de spray ELSA et, de façon plus générale, d’amélioration de la modélisation de
l’atomisation des jets Diesel.

Tout d’abord, il serait intéressant de prendre en compte les transferts de masse,


quantité de mouvement et énergie en zone dense. Cependant, la modélisation de ces transferts
ne doit pas se faire uniquement par l’adaptation de modèles lagrangiens valables pour des
particules isolées (loi du D 2 , loi de Schiller Naumann…). Il faudrait en réalité considérer de
façon plus générale les transferts surfaciques à travers une interface de forme quelconque.
Cette tâche n’est pas encore remplie et ce problème reste ouvert.

Ensuite, il serait intéressant de réaliser un modèle eulérien complet de spray.


L’introduction des lois de transferts, citées ci-dessus, permettrait de réaliser un modèle
complet eulérien de spray (thèse de Lebas en cours). Ce travail a pour but de limiter les
problèmes de convergence statistique liés à l’utilisation des modèles lagrangiens. En effet,
lorsque l’on emploie un modèle lagrangien, il faut un nombre de particules par maille
suffisant pour assurer la convergence statistique. Cette condition est difficile à remplir car le
calcul de la zone d’injection impose une diminution de la taille des mailles de calcul afin de
prendre en compte l’écoulement dans la zone dense de spray. Le resserrement du maillage
devrait s’accompagner d’une forte augmentation du nombre de particules présentes
globalement dans le calcul. Ceci n’est généralement pas le cas dans les calculs moteurs. Ainsi,
un traitement eulérien complet du spray permettrait de s’affranchir de cette contrainte au
détriment d’une description moins efficace de la fonction densité de probabilité du spray en
zone diluée. Pour pallier ce problème, il serait intéressant d’introduire un deuxième moment
de cette fonction, comme la variance de la taille des particules, par exemple. Il peut être aussi

7-168
intéressant de coupler le modèle eulérien complet avec le transport de particules qui donnerait
accès aux moments d’ordre supérieur (thèse de Lebas en cours).

Ensuite, il a été mis en avant dans la comparaison avec les calculs de DNS de Ménard,
un problème de modélisation de la turbulence diphasique. Il serait alors intéressant de
reprendre les équations de l’énergie cinétique turbulente de mélange et de la dissipation
turbulente de mélange pour les adapter à la description d’un écoulement diphasique. Cela
pourrait être réalisé en séparant la partie liée aux fluctuations turbulentes de l’énergie
cinétique turbulente et de la dissipation, de la partie liée au carré de la vitesse de glissement
moyenne entre les phases.

Une autre voie d’exploration pourrait être l’utilisation de la simulation numérique aux
grandes échelles (LES pour Large Eddy Simulation). Cette méthode attractive, car elle ne
nécessite pas de modélisation de la turbulence aux grandes échelles, repousse le problème du
traitement de la turbulence diphasique à l’échelle de sous maille. Celle-ci est difficile car
l’effet de la tension de surface aux petites échelles n’est pas évident à prendre en compte. Il
faudrait certainement modifier les modèles de fermetures de sous maille.

7-169
Annexes

Annexe 1 Modélisation du flux turbulent [Bailly, 1987]


L’équation utilisée par Bailly n’a, en réalité, un sens mathématique que si l’on
considère une variable continue comme la variable d’avancement C dans un milieu continu.
En revanche, dans un milieu diphasique, il existe des relations de saut. Nous allons, tout
d’abord, reprendre les équations de Bailly d’un point de vue distribution pour ensuite
comprendre les fermetures qu’il propose.

L’équation exacte pour le flux turbulent de liquide s’écrit de la façon suivante :

~ ~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂ ρu′j′ui′′y′′
∂t
+
∂x j
=−
∂x j
− ρuiu j
′′ ′

∂Y
∂x j
− ρu j y
′′ ′

∂U i
∂x j
~
+ Γl U l , Int ,i − U i ( )
∂YP ∂Yτ ij ~ ∂P ~ ∂τ ij
+ ρYFi − ρ Y Fi − Y σκniδ S + (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S −
~~ ~
+ +Y −Y
∂xi ∂x j ∂xi ∂x j

avec [ρU (U − U )n δ − (Pδ


i j Int , j j S ij + τ ij )n jδ S ]
S+
S−
= σκniδ S , U Int ,i est la vitesse de

l’interface et Γ = ρ (U − U )n δ .
l l l, j Int , j j S

À partir de la relation précédente, il est possible de retrouver l’équation proposée par


Bailly en utilisant les hypothèses suivantes :

- Absence de forces extérieures

- Haut nombre de Reynolds

- Absence de transfert de masse à travers l’interface gaz/gaz Γl = 0

- Absence de tension de surface dans un mélange gaz/gaz σκniδ S = 0

- Absence de saut à la traversée de l’interface gaz/gaz

~~
- Les forces extérieures sont généralement les forces de gravité donc ρYFi − ρ Y Fi = 0 .

7-170
On obtient alors :

~ ~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′ ∂ ρu′j′ui′′y′′ ∂Y ∂U ∂YP ∂Yτ ij ~ ∂P ~ ∂τ ij
+ =− − ρui′′u′j′ − ρu′j′ y′′ i − + +Y −Y
∂t ∂x j ∂x j ∂x j ∂x j ∂xi ∂x j ∂xi ∂x j

On s’intéresse maintenant aux termes de pression, où l’on traite l’indicatrice de la


phase liquide, non pas comme une distribution, mais comme une fonction continue de
l’ensemble de l’espace.

∂YP ~ ∂P ∂P ~ ∂P
− +Y = −Y +Y
∂xi ∂xi ∂xi ∂xi

∂YP ~ ∂P ∂y′′ ∂ p′y′′ ∂P


− +Y = p′ − − y′′
∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xi

Le même travail peut être mené pour les tensions visqueuses :

∂Yτ ij ~ ∂τ ∂y′′ ∂τ ij′ y′′ ∂τ


− Y ij = −τ ij′ + + y′′ ij
∂x j ∂x j ∂x j ∂x j ∂x j

Les relations précédentes nous permettent de retrouver l’équation standard pour le flux
turbulent de gaz dans le cas du mélange de deux gaz. Il manque cependant le terme de
diffusion laminaire dans la diffusion du flux turbulent.

~ ~
∂ ρui′′y′′ ∂U j ρui′′y′′
∂t
+
∂x j
=−

∂x j
( )
ρu′j′ui′′y′′ − τ ij′ y′′ + p′y′′δ ij − ρui′′u′j′
∂Y
∂x j
~
∂U ∂τ ∂P ∂y′′ ∂y′′
− ρu′j′ y′′ i + y′′ ij − y′′ + p′ − τ ij′
∂x j ∂x j ∂xi ∂xi ∂x j

Bailly se place dans le cas d’écoulements pleinement turbulents. Les termes liés aux
contraintes visqueuses disparaissent. Le modèle proposé par Bailly concerne le dernier terme
de l’équation précédente et le terme de diffusion.

~
∂y′′ ∂U ∂P ρu′′y′′
p′ = C1 ρu′j′ y′′ i + C2 y′′ − C3 i
∂xi ∂x j ∂xi τt

7-171
ν t ∂  ρui′′y′′ 
ρu′j′ui′′y′′ + p′y′′δ ij = − ρ
Sct ∂x j  ρ 

C1 , C2 et C3 sont des constantes de modélisation, ν t et Sct sont respectivement la


diffusion turbulente et le nombre de Schmidt turbulent.

7-172
Annexe 2 Propriétés des distributions

1. Rappel sur la fonction indicatrice de la phase liquide


Nous rappelons ici quelques définitions relatives aux distributions et plus
particulièrement à la fonction indicatrice de la phase liquide.

1.1. Définition
Tout d’abord, on définit la fonction indicatrice de la phase liquide Y .

Y = 1 , si on est dans la phase liquide

Y = 0 , sinon.

Cette fonction est définie sur l’ensemble de l’espace. On peut diviser l’espace en trois
sous domaines :

- La phase liquide

- La phase gazeuse

- L’interface

1.2. Propriétés des distributions


Nous allons préciser, dans ce paragraphe, les propriétés de dérivation des distributions
[Schwartz, 1965]. On considère une distribution φ quelconque.

1.2.1. Dérivation temporelle

On présente ici la dérivation temporelle d’une fonction distribution.

∂φ  ∂φ 
C

=   − [φ ]S − U Int ,i niδ S
S+

∂t  ∂t 

 ∂φ 
C

avec   la distribution représentée par la fonction égale à la dérivée usuelle sur


 ∂t 
tout le domaine, sauf à l’interface. U Int ,i est la vitesse de l’interface. ni est la normale à

7-173
l’interface. δ S est la fonction indicatrice de l’interface. [φ ]S − est le saut à la traversée de
S+

l’interface dans le sens de la normale à la surface.

1.2.2. Dérivation spatiale


On présente ici la dérivation spatiale d’une fonction distribution.

C
∂φ  ∂φ 
=   + [φ ]S − niδ S
S+

∂xi  ∂xi 

1.2.3. La fonction indicatrice de l’interface

δ S est la fonction indicatrice de l’interface. Elle est définie comme suit :

1
Σ= ∫ δ S dv
V Volume

avec Σ la densité d’interface liquide/gaz.

Il est alors possible de définir une moyenne conditionnée sur l’interface liquide/gaz
pour la variable ϕ .

1 1
ϕ S
= ∫ ϕds = ∫ ϕδ S dv
S Surface V Volume

2. Équations exactes de conservation de la masse et de la quantité de


mouvement pour un fluide monophasique
Les deux premières équations qui sont utilisées sont les équations de conservation de
la masse et de la quantité de mouvement d’un fluide monophasique newtonien. Ces deux
équations de conservation sont instantanées (non moyennées). Ces équations sont valables
pour un fluide constitué d’une seule phase. On peut noter que les grandeurs considérées sont
continues dans l’espace et le temps.

2.1. Équation de conservation de la masse


On rappelle ici l’équation de conservation de la masse pour un fluide monophasique.

7-174
∂ρ ∂ρU j
+ =0
∂t ∂x j

2.2. Équation de conservation de la quantité de mouvement


On rappelle ici l’équation de conservation de la quantité de mouvement pour un fluide
monophasique.

∂ρU i ∂ρU jU i ∂P ∂τ ij
+ =− + + ρFi
∂t ∂x j ∂xi ∂x j

2.3. Équation exacte de conservation de la masse pour un fluide diphasique


Dans ce paragraphe, nous démontrons l’équation de conservation de la masse pour un
fluide diphasique. La première remarque à faire est que l’on ne s’intéresse pas, ici, à des
fonctions continues de l’espace et du temps comme pour le cas d’un fluide monophasique
mais à des distributions.

2.3.1. Condition de saut à l’interface

Les conditions de saut à travers une interface liquide/gaz s’exprime classiquement par
les deux relations suivantes [Drew, 1983].

2.3.2. Condition de saut pour la masse

[ρ (U i − U Int ,i )ni ]S − = 0
S+

2.3.3. Condition de saut pour la quantité de mouvement

[ρU (U
i j − U Int , j )n jδ S − (Pδ ij + τ ij )n jδ S ]
S+
S−
= σκniδ S

σ est la tension de surface.

κ est la courbure locale de l’interface.

On applique les relations précédentes afin d’obtenir l’équation de conservation de la


masse pour un milieu diphasique.

7-175
C
∂ρ ∂ρU i  ∂ρ   ∂ρU i 
C

=   − [ρ ]S − U Int ,i niδ S +   + [ρU i ]S − niδ S


S+ S+
+
∂t ∂xi  ∂t   ∂xi 

∂ρ ∂ρU i
= 0 + [ρ (U i − U Int ,i )ni ]S − = 0
S+
+
∂t ∂xi

Soit finalement,

∂ρ ∂ρU i
+ =0
∂t ∂xi

Cette équation est la même que celle pour un milieu monophasique. Cela est dû à la
condition de saut qui exprime la conservation des flux de masse à la traversée de l’interface
liquide/gaz.

2.4. Équation exacte de conservation de la quantité de mouvement pour un


fluide diphasique
De la même façon que précédemment, mais cette fois-ci pour l’équation de quantité de
mouvement, on écrit :

C
∂ρU i ∂ρU iU j  ∂ρU i   ∂ρU iU j 
[ ]
C

− [ρU i ]S − U Int , j n jδ S + 
S+ S+
+ =   + ρU iU j n jδ S
∂t ∂x j  ∂t   ∂x j 
S−

On a aussi :

C
∂P  ∂P 
=   + [P ]S − niδ S
S+

∂xi  ∂xi 

∂τ ij
 ∂τ ij 
C

=
∂xi  ∂xi 
[ ]
 + τ ij
S+
S−
niδ S

ρFi = [ρFi ]C

Alors, en remplaçant l’équation de Navier Stockes sur le domaine continu,

7-176
∂ρU i ∂ρU iU j ∂P ∂τ ij
∂t
+
∂x j
=− +
∂xi ∂x j
[
+ Plδ i , j − τ l ,ij ]
S+
S−
[ ]
n jδ S + ρU i (U j − U Int , j ) S − n jδ S + ρFi
S+

On utilise désormais les relations de saut de quantité de mouvement à l’interface


liquide/gaz. On obtient alors l’équation de conservation de la quantité de mouvement pour un
milieu diphasique.

∂ρU i ∂ρU iU j ∂P ∂τ ij
+ =− + + ρFi + σκniδ S
∂t ∂x j ∂xi ∂x j

Cette équation diffère de l’équation de conservation sur un domaine continu par l’ajout
d’un terme correspondant au saut lié à la tension de surface.

2.5. Équation exacte de conservation de la masse de liquide


On va s’intéresser dans cette partie à la conservation de la masse de liquide. Pour cela,
on considère le transport du produit de la masse volumique par la fonction indicatrice de la
phase de liquide.

C
∂ρY ∂ρYU i  ∂ρY   ∂ρYU i 
C

− [ρY ]S − U Int ,i niδ S +   + [ρYU i ]S − niδ S


S+ S+
+ = 
∂t ∂xi  ∂t   ∂xi 

∂ρY ∂ρYU i  ∂ρ   ∂ρU i 


l l

=   + [0] − [ρY ]S − U Int ,i niδ S +  + [0] + [ρYUi ]S − niδ S


S+ S+
+
g g

∂t ∂xi 
 ∂t   ∂x 

 ∂ρ   ∂ρU i 
l l

 ∂t  +  ∂x  = 0
   

On obtient finalement :

∂ρY ∂ρYU j
+ = ρl (U l , j − U Int , j )n jδ S
∂t ∂x j

Cette équation correspond à la conservation de la masse de liquide. Le terme de droite


est classiquement la variation de masse de liquide due à la vaporisation. On note :

7-177
Γl = ρ l (U l , j − U Int , j )n jδ S

2.6. Équation exacte de conservation de la quantité de mouvement du liquide


On s’intéresse, dans cette partie, à la conservation de la quantité de mouvement du
liquide. Pour cela, on considère le transport du produit de la quantité de mouvement par la
fonction indicatrice de la phase de liquide.

C
∂ρYU i ∂ρYU iU j  ∂ρYU i   ∂ρYU iU j 
[ ]
C

− [ρYU i ]S − U Int , j n jδ S + 
S+ S+
+ =   + ρYU iU j n jδ S
∂t ∂x j  ∂t   ∂x j 
S−

C
∂ρYU i ∂ρYU iU j  ∂ρYU i   ∂ρYU iU j 
C

+ =  +   + ρlU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S
∂t ∂x j  ∂t   ∂x j 

Pour cette équation, les termes définis sur le domaine continu liquide et gaz ne sont
pas nuls comme précédemment.

C C
 ∂ρYU i 
C
 ∂ρYU iU j    ∂P ∂τ ij 
+   =  Y − + + ρ F 
i 
 ∂t  ∂  ∂ ∂
   x j    xi x j 
C
 ∂YP ∂Yτ ij ∂Y ∂Y 
= − + + ρYFi + P − τ ij 
 ∂xi ∂x j ∂xi ∂x j 

Sur le domaine continu (gaz et liquide), la fonction indicatrice de la phase liquide est
constante et égale à 1 ou 0. Les deux derniers termes (liés au gradient de l’indicatrice) ne sont
pas nuls par la suite. Ils sont à considérer, car ces deux gradients ne sont pas nuls, lorsque l’on
s’intéresse à une fonction continue de l’espace comme la variable d’avancement. Le problème
du saut n’est pas rencontré sur le domaine continu.

C C
 ∂ρYU iU j   ∂YP   ∂Yτ ij 
C
 ∂ρYU i 
C

 ∂t  +  ∂x  = −  +  + [ρYFi ]
C

   j   ∂xi   ∂x j 

On utilise à nouveau les propriétés des distributions.

7-178
C
∂YP  ∂YP 
 + [YP]S − niδ S
S+
=
∂xi  ∂xi 

C
 ∂YP  ∂YP
  = − Pl niδ S
 ∂xi  ∂xi

C
∂Yτ ij  ∂Yτ ij 
∂x j
= [ ]
 + Yτ ij
S+
n jδ S
 ∂x j 
S−

C
 ∂Yτ ij  ∂Yτ ij
  = − τ l ,ij n jδ S
 ∂x j  ∂x j

[ρYFi ]C = ρYFi

Ainsi, finalement, on obtient pour l’équation de conservation de la quantité de


mouvement de la phase liquide.

∂ρYU i ∂ρYU iU j ∂YP ∂Yτ ij


+ =− + Pl niδ S + − τ l ,ij n jδ S
∂t ∂x j ∂xi ∂x j
C
 ∂Y ∂Y 
+ ρlU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S + ρYFi +  P − τ ij 
 ∂xi ∂x j 

Soit de façon plus condensée

∂ρYU i ∂ρYU iU j ∂YP ∂Yτ ij


+ =− + + (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S
∂t ∂x j ∂xi ∂x j
C
 ∂Y ∂Y 
+ ρlU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S + ρYFi +  P − τ ij 
 ∂xi ∂x j 

δ ij est le symbole de Kronecker.

2.7. Équation de la vitesse de liquide moyenne


Pour obtenir cette équation, on suppose désormais que les deux derniers termes de
l’équation précédente sont nuls.
7-179
C
 ∂Y ∂Y 
P − τ ij  =0
 ∂xi ∂x j 

Il faut alors moyenner l’équation exacte de la vitesse du liquide au sens de Reynolds.

∂ρYU i ∂ρYU iU j ∂YP ∂Yτ ij


+ =− + + (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S + ρlU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S + ρYFi
∂t ∂x j ∂xi ∂x j

∂ρlY ul′,iul′, j ∂ Pl ∂Y τ l ,ij


∂ρ lY U l ,i
∂t
+
∂ρlY U l ,iU l ,i
∂x j
=−
∂x j
−Y
∂xi
+
∂x j
( )
+ ΓlU l , Int ,i + M l ,i + Pl , Int − Pl
∂Y
∂xi
+ ρlY Fl ,i

en utilisant les définitions suivantes :

ΓlU l , Int ,i = ρlU l ,i (U l , j − U Int , j )n jδ S

∂Y
M l ,i = (Plδ ij − τ l ,ij )n jδ S − Pl , Int
∂xi

7-180
Annexe 3 Équations eulériennes de la phase liquide obtenues à
partir de l’équation lagrangienne
Le but de cette partie est d’expliquer brièvement comment Simonin [Simonin, 2000]
obtient les équations eulériennes pour la phase liquide à partir de l’équation lagrangienne
d’une particule.

On considère la fonction distribution des particules f ( X , t;V , T , m ) . X est la position


de la particule. t est le temps. V est la vitesse de la particule. T est la température de la
particule. m est la masse de la particule.

On a le nombre de gouttes par unité de volume :

Nl = ∫ f ( X , t;V , T , m )dVdTdm

On pose aussi par définition :

mΦ(V , T , m ) f ( X , t ;V , T , m )dVdTdm
1
Y ρl ∫
Φl =

Il devient ainsi possible de définir la vitesse conditionnée sur la phase liquide


( Φ(V , T , m) = V ), la fraction massique de liquide ( Φ(V , T , m ) = m )…

À partir de ces définitions, Simonin propose d’intégrer l’équation lagrangienne de


transport d’une particule liquide.

πd 3 ∂Pg
+ Ftraînée,i + (VInt ,i − Vi )
dVi dm
m = mgi − l
dt 6 ∂xi dt

Cette équation est composée dans le membre de gauche de :

- La force de volume

- La force de flottaison

- La force de traînée

7-181
- Le transfert de quantité de mouvement dû à la vaporisation

Il obtient finalement, par exemple, l’équation de la vitesse moyenne de la phase


liquide.

∂ρlY U l ,i ∂ρlY U l ,iU l ,i ∂ρlY ul′,iul′, j ∂Pg


+ =− −Y + ρlY Fl ,i + Cl ,i + ΓlU Int ,i + Ftraînée,i
∂t ∂x j ∂x j ∂xi

Le premier terme du membre de droite est le transport de la quantité de mouvement


par les fluctuations de vitesse de la phase liquide. Le second terme traduit l’influence du
gradient de pression moyenne de la phase gaz sur la quantité de mouvement du liquide. Le
troisième terme prend en compte l’échange de quantité de mouvement entre particules
pendant une collision. Ce terme est négligeable en écoulement dilué. Le quatrième terme
correspond aux effets des forces extérieures agissant sur la phase liquide. Le cinquième terme
traduit le transfert de quantité de mouvement entre les phases liquide et gaz. Ce terme est dû
aux perturbations locales induites par la présence de particules. En d’autres termes, il
correspond à la force de traînée.

7-182
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