L’évaluation d’une entreprise est un exercice difficile. Il existe en effet plusieurs méthodes
d’évaluation, qui nécessitent chacune plusieurs estimations. La valeur accordée à une entreprise
pourra donc varier suivant la méthode utilisée et les hypothèses choisies par l’évaluateur.
Cependant, certains postes de l’actif ne représentent pas des biens mais des charges étalées. Ils
n’ont pas de valeur, Ces non-valeurs sont qualifiées d’actif fictif, Elles comprennent:
• provisions pour perte de change enregistrées en association avec les écarts de conversion-
actif ;
• écarts de conversion – passif : Ils représentent la contrepartie comptable d’une hausse de
valeur d’une créance ou d’une baisse de dette. L’écart de conversion- passif est une non dette
puisque les créances et dettes sont enregistrées à leur juste valeur.
•
Au total :
ANC = Actifs réels – Dettes réelles
soit par le bas du bilan : Actif Net Réel = Actif réel (hors actifs fictifs) – (dettes + provisions au passif)
soit par le haut du bilan : Actif Net Réel = Capitaux Propres – Actif fictif
Cette méthode ne constitue qu’une approche très imparfaite de la valeur de l’entreprise. En raison de
l’application des coûts historiques et du principe de prudence, les valeurs comptables figurant au bilan
(après affectation du bénéfice) sont souvent éloignées des valeurs réelles. Le calcul de l’actif net
comptable ne représente qu’une première étape conduisant ensuite au calcul de l’actif net comptable
corrigé
L’actif net comptable corrigé (ANCC) ou réévalué (ANR) correspond à la différence entre la valeur
économique des actifs réels (généralement supérieure à la valeur nette comptable) et la valeur
économique des dettes réelles (que l’on assimile généralement à leur valeur comptable).
= (Total de l’actif réel + Plus-value latente sur les actifs) – Dettes réelles
A priori, si le bilan est convenablement provisionné, il n’existe pas de moins-values latentes. Toutefois,
en cas d’identification de pertes latentes ou de moins-values latentes sur certains actifs, celles-ci sont
déduites de l’ANR.
Au total :
Le calcul de l’actif net comptable corrigé nécessite de prendre en compte cette fiscalité différée et
conduit à constater :
• des impôts différés passif qui représentent des dettes fiscales latentes et réduisent l’actif net;
• des impôts différés actif qui représentent des créances fiscales latentes et augmentent l’actif
net,
Impôts différés passif :
Certains postes des capitaux propres doivent être rapportés aux résultats dans un certain délai. Ils
sont ainsi grevés des impôts différés qui seront payés à la suite de ce rapport. Ex : les subventions
d’investissement.
Les biens hors exploitation, c’est-à-dire non indispensables à la poursuite de l’exploitation sont
évalués nets de plus-values de cession (ou moins-values).
L’impôt différé correspondant à ces postes doit être classé en dettes et donc soustrait de l’actif net.
Certains postes de l’actif fictif feront l’objet d’un amortissement fiscalement déductible. Il s’agit :
Bien que ces éléments soient intrinsèquement des non-valeurs, ils accroissent indirectement la
valeur de l’entreprise du fait de l’économie d’impôt prévisible qui leur est attachée. Cette économie
d’impôt est généralement ajoutée à l’actif net.
Exemple.
Le capital d’une société anonyme est constitué de 20 000 actions de 100 DH.
Extrait du passif du bilan : Capital social 2 000 000 Réserves 800 000 Résultat de l’exercice 90 000
Capitaux propres 2 890 000 Il est décidé de distribuer 2 DH de dividende par action.
Les frais d’établissement nets s’élèvent à 25 000 DH. Les charges à répartir sont de 100 000 DH.
Quel est le montant de l’actif net comptable ?
PASSIF Montants
Eléments Montants
Actif net comptable 2 725 000
Plus-values ou moins-values latentes nettes + 320 000
Actif Net Comptable Corrigé 3 045 000
Conclusion
Une des forces de cette méthode réside dans sa simplicité conceptuelle. Elle repose en effet sur une
simple somme algébrique des éléments d’actif et des engagements vis-à-vis des tiers de la société.
L’entreprise apparaît comme une superposition d’actifs et de dettes dont il faut définir la valeur de
manière indépendante.
Cependant, cette méthode est assez fastidieuse parce qu’elle demande de reprendre chaque
élément du bilan et d’en faire une évaluation séparée. De plus, certains points posent réellement
problème tels que la marque, le fonds de commerce ou encore les brevets ont une valeur de marché
délicate à déterminer.
En définitive, l’approche patrimoniale est une véritable boussole pour l’évaluateur qui peut
facilement mesurer la valeur créée et ainsi, le cas échéant, mieux appréhender et mesurer la valeur
réelle de l’entreprise en mettant en œuvre, de manière complémentaire, une approche dite
prospective. Une bonne perception du passé permettant de mieux anticiper l’avenir…