2018-2019
ELEMENTS DE
STRATIGRAPHIE
MONDE Sylvain
Professeur titulaire des Universités CAMES
SOMMAIRE
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LA STRATIGRAPHIE
I - INTRODUCTION
II - INTERET
III- APERÇU HISTORIQUE
IV - PRINCIPES DE BASE
CHAPITRE 2 : LA LITHOSTRATIGRAPHIE
I - TERMINOLOGIE
II- ORGANISATION SPATIALE DES FORMATIONS
SEDIMENTAIRES.
CHAPITRE 3 : LA BIOSTRATIGRAPHIE
I - GENERALITES
II - LES FOSSILES STRATIGRAPHIQUES
III - LES BIOZONES
IV- RELATIONS BIOSTRATIGRPHIE, LITHOSTRATIGRAPHIE,
CHRONOLOGIE
CHAPITRE 4 : METHODES D'ETUDE EN STRATIGRAPHIE
I- IDENTIFICATION DES STRATES PAR LEURS
CONSTITUANTS
II- METHODES ANALYTIQUES
III- METHODES PALEONTOLOGIQUES
IV- METHODES DIAGRAPHIQUES
V- METHODES SISMIQUES
CHAPITRE 5 : STRATIGRAPHIE ET CHRONOLOGIE
I- GENERALITES
II- CHRONOLOGIE RELATIVE
III- ETABLISSEMENT DES COUPURES
IV- AUTRES PROBLEMES DE CHRONOLOGIE RELATIVE
V- CHRONOLOGIE ABSOLUE
VI- COMPARAISON ENTRE CHRONOLOGIE RELATIVES ET
ABSOLUES
VII- CHRONOLOGIE MAGNETIQUE
CHAPITRE 6 : STRATIGRAPHIE ET PALEOECOLOGIE
I- NOTION DE FACIES SEDIMENTAIRE
II- LES FACIES DANS L'ESPACE ET DANS LE TEMPS
III- LES DIFFERENTS FACIES
IV- INTERPRETATION DES FACIES
V- LIMITES DES BASSINS SEDIMENTAIRES
VI- FACIES ET OROGENESE
VII- FACIES ET CLIMAT
VIII- REPARTITION DES BASSINS SEDIMENTAIRES
CHAPITRE 1: GENERALITES
I- Introduction
La stratigraphie est l'étude des couches ou strates
constituant l'écorce terrestre. L'étymologie du mot vient du grec: Stratos
qui signifie couche et graphein c'est-à-dire écrire.
Le plus souvent, ces roches stratifiées sont d'origine
sédimentaire, du moins à l'origine car elles peuvent être devenues plus ou
moins métamorphiques on parle de métasédiments. C'est ainsi qu'une
grande partie du socle de la Côte d'Ivoire est constituée de tels
métasédiments (peu métamorphisés si bien que les figures sédimentaires
originelles sont encore conservées). Des roches éruptives peuvent parfois
s'interstratifier ou recouper des séries sédimentaires, elles peuvent faire
l'objet d'études stratigraphiques, ce terme étant alors pris au sens large.
Les études stratigraphiques s'appuient sur la connaissance
des milieux marins et continentaux actuels. Elles se proposent de
comprendre la genèse et la signification historique des diverses
formations.
L'analyse stratigraphique porte en premier lieu sur l'aspect
et la composition des couches ainsi que sur leur répartition géographique.
Dans le premier cas, on parle de lithostratigraphique, dans le second cas de
paléogéographie. Mais le but principal est d'établir la succession
chronologique des évènements qui sont à l'origine du dépôt des couches
étudiées, en déterminant leur âge relatif grâce surtout à la paléontologie ou
leur âge absolu grâce notamment aux méthodes radiochronologiques. La
stratigraphie fait appel à de nombreuses autres disciplines de la géologie:
Paléontologie, Géologie structurale, Pétrologie, Géochimie,
Sédimentologie, Gîtologie, Volcanologie etc... Le but final étant, après
coordination des résultats de situer dans le temps et l'espace les
évènements géologiques et leurs évolutions.
II - Intérêts de la Stratigraphie
Trois buts principaux sont poursuivis par les stratigraphes:
- buts pratiques (appliqués
- scientifiques
- historiques (Géologie historique)
1 - Les buts pratiques
Il s'agit surtout de recherche de gisements économiques parmi
lesquels on peut citer:
a) la recherche d'eau
C'est le domaine de l'hydrogéologie: recherche des nappes
phréatiques, établissement de forages, de puits etc... liés à certains niveaux
stratigraphiques,
b) la recherche d'hydrocarbures
Exemples:- mise en évidence et reconnaissance de l'important
réservoir pétrolier des grès de l'Ordovicien supérieur du Sahara algérien,
:- établissement de la stratigraphie d'un bassin
sédimentaire pour pouvoir distinguer et dater les roches réservoirs des
pièges à pétrole. Par exemple en Côte d'Ivoire, le réservoir du gisement
Bélier est d'un âge différent de celui du champs Espoir. De même, les
sables bitumineux de la région d'Adiaké ont un âge différent de ceux
d'Eboïnda.
c) la recherche de minerais
Uranium, fer, cuivre, argent, plomb, or, diamant; si beaucoup de
ces minerais sont liés à des gisements de roches éruptives ou
métamorphiques, ils peuvent se retrouver dans des roches sédimentaires ou
des métasédiments où ils ont pu se concentrer.
Exemples:
-les Itabirites de l'Archéen de la région de Man,
- les diamants alluvionnaires de la région de Tortiya ou Séguela,
- les placers d'or dans diverses régions de Côte d'Ivoire (Yaouré,
Issia etc..)
- les gisements d'Uranium sédimentaire aux Etats-Unis, au
Canada ou au Gabon (Franceville)
d) la recherche d'autres matériaux
- les phosphates (pour engrais); Exemples: Sénégal, Togo,
Maroc, Sahara Occidental où il se trouvent dans des terrains Crétacé
Supérieur/Eocène.
- le gypse (pour plâtre). Exemples: Bassin de Paris, bassins
côtiers marocains.
- le calcaire (pour cimenterie)
-les graviers, sables pour travaux publics etc...
e) la réalisation de grands travaux
Exemples. Fondations d'ouvrages d'art (présences d'argiles
fluentes) Autoroutes, barrages, tunnels, ports etc...
2 - Les buts scientifiques
Ils visent à la compréhension des phénomènes ayant abouti à la
formation des strates et de leur succession. Il y a du reste le plus souvent
une liaison entre les buts pratiques et scientifiques.
3 - Les buts historiques
Ils visent à reconstituer l'histoire de la terre à partir des faits
d'observation. Des couches ou strates sont en effet de véritables archives
géologiques.
Exemples:- existence d'une calotte glaciaire au Sahara à
l'Ordovicien supérieur,
- existence d'un énorme fossé de rift en Afrique
Occidentale suivi de la formation d'une lagune salifère (deux fois plus
grande que l'actuelle Mer rouge) avant la séparation de l'Afrique et de
l'Amérique du Sud,
- existence en Afrique du Nord d'un rift au Permo-Trias,
situé à l'emplacement actuel de la chaîne de l'Atlas,
- évolution de la terre et des êtres vivants à partir des
formes les plus primitives jusqu'à l'apparition de l'homme.
5 - Conclusion
Ces différents principes aboutissent à la mise en oeuvre de
méthodes adaptées:
- lithologiques lithostratigraphie
- paléontologiques biostratigraphie.
La biostratigraphie a un domaine d'application plus vaste que la
lithostratigraphie car elle permet de constituer une échelle chronologique
(Fig.1 : Echelle chronostratigraphique) relative à usage général puisqu'elle
interesse toute la surface du globe pendant tout le phanérozoïque. La
lithostratigraphie est beaucoup plus tributaire de variations locales
notamment de faciès. D'autres méthodes indirectes se sont développées
surtout en prospection pétrolière grâce au progrès technologique. Citons
les diagraphies différées ou la sismostratigraphie.
CHAPITRE 2 : LITHOSTRATIGRAPHIE
La première démarche stratigraphie est la description macroscopique des
couches. Elle commence donc par le relevé des caractères de chacune
d’elles: nature lithologique, pétrographique, caractères physiques:
épaisseur, compaction, coloration..., Caractères biologiques: fossiles,
caractères sédimentologiques (figures...). Tous ces renseignements
définissent le faciès d’un dépôt et caractérisent son milieu d’origine.
I - Terminologie formelle
La hiérarchie des unités lithostratigraphiques s’établit comme suit:
1 - Le groupe
C’est une unité lithostratigraphique à valeur régionale, à son nom est
attaché un lieu géographique. Un groupe est composé de plusieurs
formations que l’on va définir ci-dessous. Un groupe peut comporter des
formations à lithologie différente voire des roches intrusives et
sédimentaires. La composition d’un groupe peut ne pas comporter toujours
les mêmes formations (variations latérales de faciès: lentilles). Le groupe
peut parfois se réunir en super groupe.
2 - La formation
C’est l’unité fondamentale de la lithostratigraphie. La colonne
stratigraphique peut être subdivisée en autant de formations qu’il y aura
d’unités bien définies et homogènes. Le degré de variabilité dans la
lithologie requis pour créer une formation distincte d’une autre n’obéit pas
à des règles strictes, elle dépend de la complexité de la région et de la
somme des informations nécessaires pour décripter son histoire
géologique. De même certaines formations feront moins d’un mètre,
d’autres plusieurs milliers de mètres selon la taille des unités nécessaires
pour rendre compte de la stratigraphie de la région (ex: séries condensées,
ou au contraire taux de sédimentation très élevé). Pratiquement, de bonnes
coupes de référence et une reconnaissance facile sur le terrain sont requis
pour définir une formation, laquelle porte comme le groupe, un nom
géographique. Ex: formation de Fresco. Les anciens auteurs avaient
souvent coutume de désigner les formations par le fossile stratigraphique
qui s’y trouvait. C’était quelquefois pratique mais souvent ennuyeux car la
biozone du fossile était souvent différente des limites de la formation.
3 - Le membre
C’est la subdivision que l’on peut créer à l’intérieur d’une formation
lorsque le besoin s’en fait sentir (exemple: différences lithologiques
significatives). Le membre fait toujours partie intégrante d’une formation.
a) modifications progressives
La figure 3 illustre ce phénomène en a,b,c,d. On assiste au
passage de niveaux fins marneux à des niveaux calcaires ou de niveaux
gréseux à des niveaux argileux. Dans les zones de passage alternent, plus
ou moins, des petits lits assurant la transition entre les deux formations.
L’exemple d montre la succession de trois formations: S1, S2, S3, la limite
supérieure de S2 est mieux marquée (plus étroite) que la limite inférieure.
b) Discontinuités sédimentaires
Elles sont dues à une interruption de la sédimentation durant une
période plus ou moins longue, avec ou sans changement de la nature des
sédiments. Les durées de ces interruptions peuvent aller de quelques
années à plusieurs millions d’années. Elles peuvent être dues à des
phénomènes mineurs:: variation du cours d’un fleuve, migration d’un delta
par exemple, ou procéder au contraire de phénomènes plus importants
dans le temps et dans l’espace, c’est-à-dire des phénomènes majeurs. On
sera donc amené à distinguer des discontinuités mineures et des
discontinuités majeures.
Les discontinuités mineures séparent des sédiments de nature
plus ou moins semblable. Elles peuvent présenter des figures de surface de
banc (bedforms en anglais) exemple: rides, figures d’érosion, fentes de
dessication, traces d’activité d’organismes etc...
Les discontinuités majeures ont en général une extension
régionale importante et sont accompagnées le plus souvent d’une lacune
stratigraphique significative. Elles correspondent à une limite de cycle
sédimentaire (transgression, sédimentation, régression) ou de cycle
orogénique (phases tectoniques).
Les couches de part et d’autre de la discontinuité peuvent être en
concordance mais néanmoins séparées par un “hard-ground” ou surface
durcie. Exemple: le hard ground souvent rencontré à la limite
Crétacé/Eocène (caractérisée par la présence de nodules phosphatés).
Les couches peuvent et c’est plus fréquent, être discordantes. On
distingue classiquement la discordance angulaire de la discordance
cartographique. La première se met bien en évidence en coupe où l’on
observe que les couches n’ont pas le même pendage de part et d’autre de la
discontinuité (fig.4b). La surface de discordance peut être plane comme
dans cet exemple ou au contraire se présenter comme une surface
irrégulière correspondant au relief existant au moment de la mise en place
de la couche discordante, on parle de paléorelief (fig.4d). La discordance
cartographique comme son nom l’indique est mise en évidence en plan
c’est-à-dire sur la carte. Elle est facile à reconnaître car le contour de la
couche (ou des couches) discordante repose sur des terrains d’âges
différents. Il est fréquent qu’une discordance recoupe des structures
géologiques qu’elle peut masquer partiellement (fig.4d). Une couche
sédimentaire peut être discordante sur une série de couches sédimentaires
ou sur le socle( Ex: Fig.5). Certaines discontinuités peuvent être
confondues avec des discordances stratigraphiques. Ce sont par exemple:
les remplissages de chenaux (rivière, delta) qui par migration successive
de leurs cours forment des stratifications entrecroisées. (Il n’y a pas eu
interruption de la sédimentation mais déplacement de l’axe de celle-ci(
fig.4 bis a). L’interruption d’une schistosité dans un banc plus compétent
peut être confondue sur le terrain avec une discordance:( Fig. 4 bis b ;
nécessité dans ce cas de retrouver la stratification S 0). Ce peut être enfin
un contact anormal par faille (cisaillement, chevauchement) qui peut en
plan comme en coupe être confondu avec une discordance: (Fig.4 bis c ;
nécessité de rechercher les critères structuraux: marqueurs, stries etc...).
Enfin un autre type de discontinuité qui n’est pas toujours une discordance
stratigraphique: c’est le ravinement (que l’on doit préférer au terme de
discordance de ravinement) s’il s’agit du creusement pendant le dépôt de
la couche de dépressions ou chenaux (exemple: par les courants marins)
remplis aussitôt après par le même sédiment (Fig.6). Ces ravinements
n’ont jamais une grande extension horizontale et les couches ont le même
pendage de part et d’autre. Il peut demeurer une certaine ambiguïté dans le
cas particulier où existe entre deux couches de même nature lithologique
(exemple: calcaire) une discordance stratigraphique réelle mais non
évidente en coupe (exemple: discordance cartographique). Les couches
étant en accordance (c’est-à-dire en concordance apparente): couches
horizontales par exemples. Le ravinement acquiert dans ce cas précis une
valeur de discordance stratigraphique cf. ci-dessous:
Eocène Miocène
Zone B
_________
_________ Zone A/B
Zone A
_________
Si on se reporte à l'exemple de la figure 14, on peut trouver pour
la Sedgwickii zone définie par le fossile 43, la zone d'extension
concommitante du 25 et du 44 qui recouvrent la même période.
- Une zone d'extension en relais "consécutive range zone", ce
type de zone se caractérise par l'apparition ou la disparition d'un taxon l'un
à la suite de l'autre. Ils peuvent coexister avant ou après la limite de zone
en fonction des deux cas envisageables.
cas n°1
___________
Zone Zone d'abondance
d'ext de A
de A___________
4 - Conclusion
Les biozones sont des unités biostratigraphiques qui sont
fondées sur la présence (simultanée ou non) de fossiles stratigraphiques.
Elles ont en commun le fait d'être rattachées à des strates précises.
Cependant, la notion de biozone est indépendante de celle de formation
lithologique, même si l'une et l'autre sont fréquemment interdépendantes,
(à un lithofaciès est souvent attaché un biofaciès) les exceptions sont fort
nombreuses et constituent autant de pièges que le stratigraphe se doit
d'éviter. Le caractère essentiel des biozones est qu'elles peuvent être
considérées de même âge partout où on les met en évidence et constituent
de ce fait des unités isochrones tout au moins en première approximation.
Car certaines espèces ne sont pas partout strictement synchrones
(phénomènes de migrations)
II - Méthodes analytiques
Les méthodes de laboratoire vont permettre de préciser certains
caractères ou propriétés. Les principales sont:
1- Méthodes granulométriques
C’est une des méthodes analytiques de base de la
sédimentologie, elle consiste à étudier la répartition de la taille des grains
d’un sédiment. Les résultats sont exprimés sous forme d’histogrammes de
fréquences et de courbes cumulatives. A partir de ces dernières, des
paramètres sont déterminés, ils permettent d’une part de caractériser le
sédiment et donc de permettre comparaisons et corrélations et d’autre part
d’en déterminer l’origine. La figure 17 donne quelques exemples de
données granulométriques. Des compléments seront vu en cours de
sédimentologie et en T.P.
7 - La thermoluminescence
C’est pour un minéral ou une roche, la faculté d’émettre une
énergie lumineuse (de faible intensité) lorsqu’on le porte à une
température plus ou moins élevée. L’origine est la conséquence de la
désintégration d’éléments radioactifs libérés par le chauffage. On peut
provoquer une thermoluminescence artificielle en bombardant le minéral
ou la roche grâce à une source radioactive (généralement le Cobalt 60)
émettrice de photons très énergétiques. L’application principale est la
détermination des provinces d’origine des matériaux détritiques par
l’utilisation de ces propriétés sur les quartz ou les feldspaths, cette
méthode permet aussi de savoir s’ il y a eu une ou plusieurs sources de
matériel. En prospection minière, la thermoluminescence a été utilisée
avec succès pour localiser des gisements. Exemple: sables titanifères.
III -Méthodes paléontologiques
Elles sont fondées sur l’utilisation des fossiles stratigraphiques
dont on va rappeler les principaux groupes dans le temps ( Fig.11, 12, T3)
1 - Au Paléozoïque
Sont utilisés: les Trilobites (au Paléozoïque inférieur et moyen),
les Graptolites (Ordovicien, Silurien), les Goniatites (Dévonien,
Carbonifère), les Brachiopodes, les Archéocyathes pour le Cambrien
(inférieur et moyen). Les microfossiles: Ostracodes (notamment au
Silurien) les Conodontes (depuis l’ordovicien) et les Foraminifères.
2 - Au Mésozoïque
Les Ceratites (au Trias) les Ammonites (Jurassique et Crétacé)
les Belemnites (Jurassique et Crétacé), les Oursins, Polypiers et Reptiles
peuvent être localement utilisés. Comme microfossiles on retrouve les
Foraminifères planctoniques (Globotruncanidés, Orbitolines).
3 - Au Cénozoïque
Les bons macrofossiles sont relativement rares car tous les
phylums ont acquis leur aspect moderne plus tôt, il faut néanmoins
signaler les Gastéropodes et Lamellibranches utilisables localement, et
pour les domaines continentaux: les Mammifères. Les microfossiles sont
de ce fait très précieux et les Foraminifères planctoniques très utilisés.
D’une part parce qu’ils sont plus faciles à trouver et en bon état avec une
répartition plus uniforme que les macrofossiles, et d’autre part parce qu’ils
ont évolué très vite. La palynologie est également très utilisée, elle joue un
rôle primordial dans l’étude stratigraphique des sondages.
e) Pendagemétrie
C’est une méthode qui couple plusieurs dispositifs électriques
répartis sur la sonde à différents niveaux.. Ces électrodes sont montés sur
des patins qui s’appliquent contre les parois du trou. Un dispositif permet
le recupérage par rapport au Nord et de corriger les azimuts en fonction de
l’inclinaison du trou. Les différences ou similitudes entre les deux parois
permettent de déterminer ce pendage. La pendagemétrie est
particulièrement précise pour les interprétations tectoniques et
sédimentologiques des sondages.
2 - Les diagraphies utilisant la radioactivité
Il s’agit ,soit de la radioactivité naturelle des corps sédimentaires
qui est mesurée, soit l’utilisation de la radioactivité induite par un
bombardement de neutrons à partir de la sonde. Ces méthodes ont le gros
avantage de pouvoir être réalisées à travers le tubage du sondage.
a) Diagraphie de rayonnement gamma
En anglais: gamma- ray-log, il mesure la radioactivité naturelle
des roches, il détecte les éléments radioactifs tels le Potassium, l’Uranium.
Les gamma-ray-logs sont très sensibles pour détecter la présence
de minces lits radioactifs comme les hard-grouds: surfaces durcis souvent
phosphatées, les projections de cendres volcaniques qui pourraient
échapper aux autre méthodes d’investigation et qui constituent des
horizons repères très fiables ( Fig.24).
b) Diagraphie de radioactivité induite
Elles s’obtiennent par un bombardement de neutrons émis à
partir de la sonde, ces neutrons sont capturés par les composés riches en
hydrogène comme les hydrocarbures et les eaux interstitielles. Ce sont des
méthodes destinées à mesurer la porosité; plus la porosité est grande dans
une roche plus elle contiendra de fluide et donc plus elle absorbera de
neutrons. Il existe de nombreuses autres méthodes nucléaires (basées sur
l’utilisation de neutrons) citons parmi d’autres les diagraphies de densité
de formation par bombardement de gamma-ray à haute énergie. Cette
méthode sert encore à la détermination de la porosité (Fig.25).
4 - Conclusion
Toutes ces diagraphies sont d’une très grande utilité dans les
travaux de prospection. Elles parviennent à dresser un tableau physique
des séries sédimentaires permettant de guider l’avancement du forage, de
faire des cartes de corrélation avant même que la stratigraphie proprement
dite ne soit établie. Des cartes d’isobathes (courbes de niveau en
profondeur) peuvent être tracées. Une appréciation de l’évolution latérale
d’un réservoir peut être faite de même que des cartes d’isofaciès.
I - Généralités
Le problème de la chronologie en géologie présente deux aspects: il faut d'une part
situer les évènements géologiques les uns par rapport aux autres dans le temps
(chronologie relative) et d'autre part, d'en évaluer la durée (chronologie absolue). Il est
bien évident que dans l'un et l'autre cas, les méthodes d'approche seront différentes. On
abordera d'abord les méthodes de la chronologie relative et les problèmes concrets qui
se posent pour évoquer ensuite celles de la chronologie absolue.
b) Principe de continuité
Une couche possède le même âge sur toute son étendue même si elle subit des
variations lithologiques (passage latérale de faciès: fig.29) . Deux dépôts synchrones
peuvent avoir des faciès différents fonctions des conditions de milieu. A l'inverse, des
faciès lithologiques analogues ne sont pas forcément de même âge (Fig.15). Ce
phénomène que l'on appelle diachronisme est fréquemment rencontré au cours des
transgressions. Un autre exemple: la figure 30 illustre ce phénomène. Cet exemple
montre à 3 endroits différents A,B et C la succession des terrains: conglomérat à la base,
marnes puis grès, la lithostratigraphie aurait tendance à relier ces niveaux homologues
(tiretés) mais un moyen de vérification a été fourni par des cendres volcaniques
(cinérites) émises lors de deux éruptions volcaniques (figuré noir) elles sont
instantanées et donc bons marqueurs chronologiques, la transgression marquée par des
conglomérats n'a atteint la localité C qu'après la première éruption. Dans les régions
ayant subit des déformations tectoniques, les corrélations sont souvent difficiles car la
continuité des couches est souvent interrompue par des contacts anormaux: failles,
chevauchement, charriage où des phénomènes de répétition de série voire d'inversions
se produisent. Ces difficultés peuvent souvent être surmontées grâce aux données
paléontologiques.
c) Principe de l'identité paléontologique
Ce principe qui consiste à admettre qu'un ensemble de strate contenant le même
assemblage de fossiles stratigraphiques est de même âge gouverne toute la chronologie
relative. Il a conduit à la création des biozones dont on a vu les différents types. Si ce
principe est simple et son application facile, il y a cependant certains cas qui sont plus
délicats que d'autres à traiter . Ce sont les corrélations à distance. On ne trouve pas
toujours dans une formation marine des espèces repères ayant une valeur générale ou
encore on peut trouver des faunes sans rapport directs entre elles (ex: provinces
faunistiques différentes). Le même genre de problèmes se posent pour les corrélations
entre faciès lagunaires ou saumâtres et faciès marins. Il est nécessaire de rechercher
d'éventuelles zones de transition entre les milieux ou de rechercher par exemple les
palynomorphes qui eux peuvent se trouver dans les deux milieux. Ce genre de problème
est illustré dans l'exemple de la figure 31 où l'on tente à partir de 3 affleurement A, B, C
une corrélation avec la colonne stratigraphique établie ailleurs. On constate qu'il y a
zone à recouvrement et à lacune.
2 - Les discordances
Un groupe ou un étage correspondent très souvent à un cycle sédimentaire, avant
d'en détailler le mécanisme il est bon de rappeler les principaux passages latéraux de
faciès en allant du domaine continental au domaine marin, c'est l'objet de la figure 36.
En A des dépôts continentaux (ex: cordons de galets) en B dépôts sableux plus ou
moins coquilliers en C dépôts néritiques (calcaires organiques) D et E domaines plus
profonds à sédimentation plus fine (à dominance argileuse).
Un cycle sédimentaire débute par une transgression, se poursuit par un temps de
stabilisation où la sédimentation est active et finit par une régression (retrait de la mer).
Dans une transgression les différents faciès précédemment évoqués vont
prograder sur le continent en débordant sur les couches du dessous. C'est ce qui est
illustré à la figure 37 où ont été figurés trois transgressions marquées par 3 rivages R1,
R2, R3. Le rivage R1 marque l'extension de la transgression 1. L'sochrone I1 est une
ligne qui rejoint tous les dépôts (de natures différentes) mais sédimentés en même
temps: synchrones, elle aboutit au rivage R1, même chose pour les autres. Sur cette
figure est indiqué par le symbole SF une ligne qui rejoint les faciès homologues (en fait
une surface). Dans une transgression ces surfaces d'isofaciès sont inclinées vers le
domaine continental. Elles ne sont jamais synchrones. La figure 38 montre un cycle
transgression-régression dans un cas particulier (récif barrière). En A régression avec
des surfaces d'isofaciès inclinées vers le domaine océanique, en B c’est l’inverse: les
surfaces d’isofaciès sont inclinées vers le continent caractérisant la transgression. La
figure C illustre une succession trangression-régression. La limite (en pointillé) passe
par les points d'inflexion de ces surfaces.
Une transgression se marque généralement par une discordance, celle-ci peut
être angulaire lorsqu'un évènement orogénique sépare les terrains transgressés des
terrains transgressifs. La figure 39 montre d'une part la transgression du Trias tr sur des
séries précambiennes plissées puis celle du lias L3 et du Jurassique moyen JIV et d'autre
part une discordance plus ancienne, celle du Cambrien Sap sur le Précambrien. Tout le
Paléozoïque du Cambrien au Silurien est plissé, l'âge de ce plissement est postérieur au
Silurien et antérieur à L3 le Lias (il est en fait Hercycien) l'âge des failles est postérieur
au plissement mais antérieur au L3 qui n'est pas affecté. L'identification d'une
discordance n'est pas forcément évidente en coupe sur le terrain où peuvent se produire
localement des phénomènes de concordance apparente des couches (accordance) en
fonction par exemple du lieu d'observation, c'est ce qu'illustre la figure 34 avec
l'exemple d'un pli dissymétrique ou encore la figure 35. En dépit de leur identification
parfois délicate en coupe, les discordances qu'elles soient angulaires ou non se
reconnaissent bien au niveau cartographique puisque régionalement une couche
transgressive discordante repose sur des terrains d'âges différents.
V - Chronologie absolue
17O et 18 O
le Potassium K
39K représente 93,1% mais existe aussi
40K 41K
l'Uranium U
238U qui représente 99,3% de l'U mais
Donc, comme on l'a dit plus haut, certains de ces isotopes sont radioatifs,
c'est-à-dire qu'ils vont se transformer en un autre élément par modification du noyau,
celle-ci s'accompagne d'émissions de rayons. Les alpha sont des noyaux
d'Hélium, ils ont une charge positive et sont peu pénétrants:
Ex: l'U
238U 234 Th
Chacune de ces méthodes donne des âges qui ne sauraient dépasser deux
limites: l’une inférieure imposée par la quantité restante de produit qui ne doit pas être
trop faible pour être dosée efficacement, l’autre supérieure au dé-là de laquelle c’est la
quantité de produits de désintégration qui devient trop faible. Le carbone 14 permet de
remonter au maximum à 50 000 ans: 10 périodes de une demi vies se sont écoulées
pendant ce laps de temps. - 100 ans est la limite supérieure. Le carbone 14 présent dans
l’atmosphère où il se forme sous l’influence des rayons cosmiques à partir de l’azote N
de façon constante en se combinant avec l’oxygène de l’air il sera absorbé par les êtres
vivants (plantes, animaux), la quantité de carbone radioactif est mesurée par un
compteur Geiger qui compte le nombre de désintégration /seconde. Pour les temps plus
anciens les méthodes les plus utilisées sont Uranium-Plomb, Potassium-Argon; pour
des périodes très anciennes, le Rubidium-Strontium donne de bons résultats.
Notamment en utilisant la méthode des isochrones où sont portés sur une droite
plusieurs échantillons ou minéraux avec des compositions isotopiques différentes. La
pente de la droite obtenue est fonction de l’âge. Ex: isochrone d’un granite:
Le coefficient de partage du Rb.87 varie d’un minéral à l’autre ou par
rapport à la roche totale qui est par exemple toujours moins riche en Rb que la biotite
par exemple.
D’autres méthodes existent comme celle des traces de fission de l’Uranium
238 qui émet des particules de très haute énergie qui laissent des traces de leur passage
dans les cristaux. La méthode consiste à compter le nombre de ces traces dans un cristal
( au microscope électronique) ce qui donne le nombre d’atomes d’Uranium qui ont été
désintégré. Pour connaître le nombre d’atome d’Uranium restant, on bombarde dans un
réacteur atomique, ce cristal à l’aide de neutrons de haute énergie, ce qui a pour
conséquence de provoquer la fission des atomes restant, on procède alors à un nouveau
comptage au microscope électronique, la proportion de désintégrations donnera l’âge.
1 -Rappels de magnétisme
Le magnétisme est la possibilité qu’ont tous les corps placés dans un champ
magnétique, d’acquérir une aimantation.
Cette aimantation peut être permanente dans les corps ferromagnétiques (ce
sont les corps attirés par un champ de faible intensité) que sont le fer, le nickel, le cobalt
ou certains minéraux comme la magnétite, l’hématite ou l’ilménite. Ces minéraux
enregistrent le champ régnant au moment de leur formation ou plus précisément au
moment où leur température de refroidissement atteint leur point de Curie. En dessous
de cette température, le champ ambiant est sans influence. Le point de Curie du fer est
de 750°C, celui de la magnétite 578°C, celui de l’hématite 675°C, celui ce l’ilménite
150°C. Cette aimantation peut être temporaire, c’est le cas général, la majorité des
matériaux étant paramagnétiques (attirables par un fort champ magnétique: électro-
aimant) ou bien encore: diamagnétiques c’est-à-dire non attirés par un champ
magnétique même de forte intensité (ex: diamant, quartz). Ce sont les corps
ferromagnétiques qui seuls seront utiles en paléomagnétisme.
2 - Le paléomagnétisme
C’est l’étude des fonds océaniques notamment au niveau des dorsales qui a
ouvert la voie à l’utilisation du paléomagnétisme en chronologie. On avait en effet
constaté que les matériaux émis au niveau des dorsales se disposaient en bandes
allongées symétriquement par rapport à la dorsale. En mesurant leur magnétisme
rémanent on s’est aperçu que l’on retrouvait une même alternance d’anomalies
magnétiques positives (champ résiduel s’ajoutant au champ normal) et d’anomalies
magnétiques négatives (indiquant par là un champ résiduel de sens opposé : fig.46). En
comparant ces différentes anomalies avec celles de roches du continent datées , il a été
possible d’établir une échelle magnétostratigraphique. La figure 46bis est une
illustration de ceci. On constate le grand nombre d’inversion du champ au cours des
derniers 70 millions d’années. Le paléomagnétisme a d’autre part permis de chiffrer la
vitesse de déplacement des plaques et de déduire les positions respectives des
continents; l’exemple de la figure 46 ter pris en Atlantique nord montre un certain
nombre de bandes dont les âges ont été déterminés. On notera la symétrie par rapport à
la ride médio-océanique et l’âge croissant des laves au fur et à mesure que l’on
s’éloigne d’elle. La distance actuelle entre New York et Marrakech est d’environ 7 000
km si l’on met en coïncidence à 81 millions d’années on en déduit une distance
d’environ 4 500 km ce qui implique un déplacement moyen d’environ 3 cm/an.
L’Amérique du Sud et l’Afrique du Sud s’éloignent l’un de l’autre à une vitesse
d’environ 4 cm/an. Les 2 masses continentales étaient collées il y a 150 millions
d’année c’est-à-dire au Jurassique, on en a d’ailleurs des preuves paléontologiques et
stratigraphiques.
CHAPITRE 6: STRATIGRAPHIE ET PALEOGEOGRAPHIE
1 - Dans l’espace
On a vu que des couches de même âge peuvent passer latéralement à des
faciès différents: se référer à l’exemple de la figure 29 où dans le bassin de Paris, on
voit les calcaires de Champigny passer au gypse de Montmartre. On se rappellera
également la figure 36 où l’on observait les principaux passages latéraux de faciès entre
le continent et le domaine marin; disposition que l’on retrouvait lors des transgressions.
La reconnaissance des passages latéraux se fait par l’application du principe de
l’identité paléontologique, de celui de superposition et de continuité. Le lieu de passage
d’un faciès à un autre est évidemment à rechercher en priorité mais il n’affleure pas
toujours tant s’en faut.
2 - Dans le temps
L’étude des variations des faciès dans le temps est d’une importance
primordiale pour la compréhension des phénomènes sédimentaires. C’est l’objet de la
stratonomie qui traite de la succession des séries sédimentaires de manière à mettre en
évidence leur évolution dans le temps. Une notion importante est celle de séquences
de faciès qui sont des enchaînements caractéristiques des couches. C’est LOMBARD,
géologue belge (1956) qui a introduit l’analyse séquentielle. Certaines séquences ont
une signification particulièrement importante sur le plan géodynamique; exemple: les
séquences de flysch (alternance gréso-pélitique rythmique) décrites par BOUMA ou
encore celle des molasses. D’autres séquences comme celle des dépôts
fluviatiles,(fleuves en tresses ou en méandres) sont eux aussi caractéristiques. L’analyse
séquentielle est basée: en premier lieu sur l’étude des strates elles-mêmes sur celle de
leur limites : joints ou surfaces de stratifications et enfin sur leur rythmicité c’est à dire
la répétition dans le temps de caractères semblables; elle n’est pas systématique.
a) au niveau de la strate
On cherchera à voir si elle est homogène ou non depuis la base de la couche
jusqu’à son sommet. Il est fréquent qu’elle ne le soit pas et que l’on assiste par exemple
à des phénomènes de granoclassement (taille décroissante des éléments figurés, d’un
grès par exemple) ou de stratification entrecroisée ( chenaux par exemple).
b) au niveau des surfaces de stratification
On a vu que le passage d’une strate à une autre pouvait être progressif
(Fig.3) ou se marquer par un simple joint de stratification ( ou inter-strate). On
recherchera au niveau des surfaces de stratification les figures sédimentaires qui
peuvent donner des indications sur la dynamique du dépôt ( rides de courants, flute-
casts, load-casts etc..), sur des traces d’émersion ( ex: figures de déssication, de gouttes
de pluies etc..), des traces d’activités terrestres (ex: empreintes de pas de Chirotherieum
) ou installation d’une végétation terrestre (empreintes de racines). Une attention toute
particulière devra être portée sur la présence éventuelle de hard grounds ( surfaces
durcies) dont on a déjà parlé et qui peuvent parfois correspondre à une période parfois
fort longue de non-sédimentation.
c) au niveau de l’alternance
Une séquence est soit répétitive dans le temps, elle est dite rythmique, soit
au contraire ne pas l’être, elle est alors dite arythmique. L’analyse séquentielle
s’intéresse tout particulièrement à cet aspect des choses. Rappelons qu’un ensemble de
séquences s’appelle une série sédimentaire. Quelques exemples de séquences ont été
illustrés à la figure 47. Sur cet exemple, on observe une séquence S limitée dans
l’espace et dans le temps par deux discontinuités D1 et D2, elle comporte plusieurs
termes lithologiques t1, t2, t3 etc..
Rappelons encore que cette séquence, délimitée par des discontinuités bien
marquées constituent un corps sédimentaire. La séquence est donc l’unité de base de la
série sédimentaire. Un autre exemple de séquence est illustré à la figure 48; il fait
intervenir la succession de termes lithologiques différents qui ont une signification
quant à la dynamique du dépôt. On dit qu’une séquence est positive lorsque le
granoclassement décroît: gros éléments en bas de séquence, éléments fins au sommet.
On dit qu’une séquence est négative si l’on y observe la disposition inverse , c’est à dire
les particules les plus grossières situées au sommet de la séquence.
La figure 49 illustre un autre type de séquence dite symétrique. On voit
clairement s’ordonner les couches A, B,C de part et d’autre de D suivant un ordre
inverse. Ce type de séquence permet de montrer qu’il existe un retour aux mêmes
conditions de dépôt en fin de séquence que celle du début ( couche A). Si le phénomène
se reproduit plusieurs fois de suite, on parle de série rythmique dont l’exemple le plus
démonstratif est sans doute celui du flysch illustré à la figure 50. On se rappellera que le
flysch est un type de série sédimentaire liée aux grandes orogenèses; il se dépose grâce
aux courants de turbidité. Chaque séquence élémentaire représente en réalité la
naissance, la vie et la mort d’un courant de turbidité. Celui-ci naît au niveau du plateau
continental ou plus précisément de la pente ( ou talus); il emprunte fréquemment des
vallées sous-marines ou canyons avec une forte énergie d’entraînement. Le premier
terme déposé lorsque l’énergie diminue sera donc le plus grossier, l’énergie du courant
continuant à diminuer mais demeurant tout de même élevée, on observera dans l’unité
lithologique suivante, des particules d’un diamètre inférieur aux rudites,; succèderont
les arénites par exemple. Les lamines parallèles témoignent d’une énergie de courant
encore élevée qui va cependant diminuer encore dans l’unité suivante où l’on peut
observer des figures sédimentaires de type stratification entrecroisée; en fin la séquence
se termine par des dépôts fins horizontaux de faible énergie de type dépôt de
décantation puis redémarre une autre séquence avec la venue d’un autre courant de
turbidité qui fréquemment va raviner le sommet de la séquence précédente en
déterminant des chenaux. Cette disposition verticale se retrouvera en plan sur la figure
54 qui montre les répartitions des zones sédimentaires où l’on voit le lieu de départ des
turbidites en général les canyons sous-marins incisant la pente. Les premières turbidites
à se déposer dans les cônes sous-marins au débouché des canyons seront plus
grossières; on les appelle les turbidites proximales ( déposées au niveau des glacis);
celle déposées plus loin au niveau des plaines abyssales seront moins grossières ( mais
toujours ryhtmées bien entendu); on les nomme turbidites distales.
La notion de séquence peut dépendre de l’échelle où se fait l’observation. La
figure 51 montre une vaste coupe effectuée dans une région fluviatile où des chenaux
sont emboîtés. Suivant le lieu où l’on se trouve, on pourra avoir des résultats bien
différents:
- dans la coupe F qui représente la séquence fondamentale, on voit une
bonne épaisseur de matériel relativement grossier passant progressivement à du matériel
plus fin.
- dans la coupe R, on observe également une telle alternance mais
d’épaisseur faible, car il s’agit d’un débordement de chenal; la séquence est dite
rabougrie ou réduite ( mêmes termes, puissance moindre).
- dans la coupe T, on voit un seul terme de la séquence car un deuxième
chenal est venu raviner le précédent; il manque donc le terme le plus fin de la séquence
fondamentale et , on dit qu’une telle séquence est tronquée.
- dans la coupe C par contre, on observe une séquence dite composite car
elle intègre plusieurs événements; la séquence correspondant au premier chenal
(séquence fondamentale), au deuxième et au troisième chenal. Cet exemple illustre bien
l’intérêt mais aussi la limite de l’analyse séquentielle lorsque l’on ne connaît pas
l’extension latérale des dépôts.
d) établissement des courbes lithologiques
C’est la méthode de base de l’analyse séquentielle, elle consiste à partir
d’une séquence virtuelle de référence, de construire point par point, l’évolution d’une
série. Pour ce faire, on reproduit la colonne stratigraphique à l’échelle, et face à chaque
terme lithologique reconnue dans la série, on place un point dans la colonne
correspondant au type de matériel présent. La figure 52 illustre ceci ; à côté de la
colonne stratigraphique sont tracées six colonnes correspondant à la séquence virtuelle
allant de 1: conglomérat à 6: calcaire, deux modes de représentations ont été figurés à
gauche, le point représentatif de la séquence concernée est positionnée au centre de la
classe, à droite, elle est à droite de la classe dans un cas, on a un “ profil “en dent de
scie ; dans le deuxième mode, on a un profil en “ marche d’escalier”. La figure 53
illustre un exemple d’une série sédimentaire zaïroise où la série virtuelle comporte cette
fois 11 termes allant toujours du conglomérat au calcaire. Le mode de représentation
utilisé est celui du point au centre de la classe. La courbe lithologique est obtenue en
joignant tous ces points. On convient d’un pointillé lorsqu’existe une lacune. A ces
courbes lithologiques, sont succeptibles de se rajouter quantité d’autre données q’elles
soient observées sur le terrain ou qu’elles proviennent de résultats d’analyses. La figure
53 montre qu’à côté de la courbe lithologique ont été tracés des diagrammes concernant
les quartz détritiques; dans le premier est figuré le grain médian, dans le deuxième, le
pourcentage de quartz que contient chaque terme lithologique; peuvent être couplées à
ces courbes lithologiques de nombreuses autres analyses: minéraux argileux, comptage
de minéraux lourds, détermination paléontologique exemple: microfaunes (
foraminifères) microflore ( pollens). Le log stratigraphique composite est l’élément
essentiel préalable à toute interprétation ou conclusion concernant une série
sédimentaire. La conclusion devant tenir compte des grandes tendances exprimées par
ces différentes coupes.
1) terrigènes
Ce sont les matériaux provenant de l’érosion du continent qui sont apportés
par les agents dynamiques externes que sont les eaux courantes, les glaciers ou les
vents. La nature de ces terrigènes est essentiellement silico-argileuse
2) benthiques:
Matériaux résultant de l’activité d’organismes vivant sur le fond ou de leurs
restes ( récifs, coquilles , algues etc...).
3) pélagiques:
Matériaux produits par l’activité des organismes vivant en pleine eau (
essentiellement leurs restes) mais aussi des matériaux apportés par le vent et sédimentés
par simple décantation( Fig.57)
Le domaine marin est classiquement découpé en un certain nombre de zones
qui sont:
- la zone néritique
C’est le domaine du plateau continental. La limite inférieure de cette zone
est le début du talus ou pente continentale, elle se situe à une profondeur voisine de -
200 mètres. C’est en quelque sorte le prolongement du continent en mer, il est parfois
très réduit. La limite supérieure s’appelle la zone littorale ou zone de battement des
marées. On subdivise cette zone littorale en trois sous-zones qui sont la zone
supralittorale qui n’est atteinte qu’aux grandes marées, par la mer (la zone s’appelle
également supra-tidale), la zone médio-littorale ou intertidale qui se situe entre les
hautes et basses mer normales, la zone infra-littorale ou infratidale se situe en dessous
des basses mers normales, elle peut être exceptionnellement découverte (en partie) lors
des grandes marées.
- La zone bathyale
C’est une zone qui inclue la pente continentale donc de -200 m à environ
3000 et s’arrête au niveau des plaines abyssales.
- La zone abyssale
C’est le domaine marin profond avec une sédimentation essentiellement
planctonique. Les plaines abyssales sont parfois parcourues par des fossés océaniques
encore plus profonds jusqu’à 8000 m et même au dé-là (10 000 m).
De tous ces domaines marins, c’est naturellement le domaine néritique qui
est de loin le plus riche en faune. Toutes ces zones sont illustrées à la figure 55.
3 - Le milieu abyssal
La définition de ce milieu repose sur l'interprétation de faciès pélagiques
francs. Certains faciès comme les radiolarites formés uniquement de l'accumulation des
tests siliceux de radiolaires est en général un bon indicateur de milieu très profond
(plaines et fosses abyssales). Mais tous les sédiments siliceux même s’ils contiennent
des radiolaires ne sont pas forcément des sédiments profonds (certaines manifestations
d'un volcanisme acide produisent des sédiments d'apparence semblable). Mais on a vu
qu'il ne pouvait exister de calcaire en équilibre avec l'eau de mer à des profondeurs
supérieures à 4000 m (lysocline) donc un sédiment fin siliceux est à priori un faciès
profond surtout s’ il contient des radiolaires, les boues à radiolaires étant en effet les
sédiments profonds actuels que l'on remonte des grands fonds océaniques.
1 - Les plages
Lorsque par chance on peut reconnaître des dépôts de plage; le problème des
recherches des lignes de rivage est résolu. La morphologie d'une plage est rappelée à la
figure 63. Les structures sédimentaires associées aux plages commencent à être bien
connues et répertoriées ce qui facilite leur reconnaissance (ex: tempestites, laisses de
marées, microstratifications obliques, bird eyes, rill marks etc...). Les faunes intertidales
fossiles peuvent également être d'un apport déterminant pour l'identification des
différentes zones.
Le fait de trouver des évaporites (sel, gypse) indique un domaine peu
profond soumis à l'évaporation mais n'indique pas forcément la proximité de la plage.
Ex : les dépôts salifères rencontrés dans le Mésozoïque entre l'Angola et le Sud-Est du
Cameroun et qui font plusieurs centaines de mètres se sont déposés dans une "lagune"
considérablement plus grande que l'actuelle mer rouge. De même au Permo-Trias en
Europe et en Afrique du Nord de très vastes étendues d'évaporites se sont formées,
certaines occupant des dépressions fermées à l'intérieur des continents.
2 - Transgressions-regressions
Elles témoignent des variations des lignes de rivage et sont d'une importance
fondamentale pour les reconstitutions paléogéographiques. Nous avons vu au chapitre 5,
la définition de ces termes. La transgression se reconnaît sur le plan géométrique par le
fait qu'elle est discordante sur des couches ou structures sous-jacentes (discordance
angulaire) parfois la discordance ne peut être visible en coupe (couches sub-horizontales
par exemple) mais l'est sur la carte (discordance cartographique). La transgression se
reconnaît aussi sur le plan des faciès car la base d'une transgression correspond au
remaniement de ce qui affleure à la surface de la région émergée. Parfois ce sont les
galets du cordon littoral qui se trouvent remaniés, on observera donc fréquemment à la
base d'une série transgressive un poudingue. Mais ce n'est pas une obligation. On a vu
également qu'une transgression était progressive (fig.37) et se caractérisait par des
surfaces d'isofaciès (fig.38b) qui étaient inclinées vers le continent. Chaque faciès se
termine en biseau comme, on le remarque sur la figure 37.
La régression se caractérise sur le plan géométrique par le fait que les
terrains régressifs ont une extension moins grande que les terrains antérieurs. Sur le plan
des faciès, elle se reconnait par le fait qu'ils évoluent d'une manière inverse de ceux
d'une transgression, ils deviennent moins profonds, puis lagunaires, puis continentaux.
Les surfaces d'isofaciès sont inclinées vers le large (Fig.38a)
VI - Faciès et orogenèse
outre que l'analyse des faciès peut mettre en évidence une discordance, il
existe certains faciès particuliers qui sont liés aux évènements orogéniques . Exemple :
le flysch caractérisé par des alternances de petits lits (décimétriques) gréso-pélitiques
agencés suivant un rythme régulier que l'on a détaillé à la figure 50. Ces flysch dus à des
courants de turbidité marquent le comblement d'un bassin sédimentaire où il se dépose
comme conséquence de l'orogenèse d'une zone immédiatement voisine. De même après
la surrection de la chaîne on observe l'accumulation très rapide de puissantes séries dites
molasses (alternances de bancs métriques d'un matériel détritique souvent très grossier
en base de séquence) qui se dépose dans les fosses situées en avant de la chaîne (avant
fosses) ou en arrière (arrière fosses) parfois même à l'intérieur (intra-fosse).
b) Bassins d'effondrement
Ce sont des aires généralement allongées dont l'histoire a comporté des
périodes d'intense subsidence liée à des effondrements par failles normales ou par
flexure bordière. Leur largeur peut être faible en regard de leur longueur. La profondeur
peut atteindre 10 000 m. Un exemple célèbre est celui du fossé du Rhin entre la France
et l'Allemagne; les failles profondes sont disposées en marches d'escalier et ont un
volcanisme associé (Fig.66A et B). Autre exemple: celui de la Bénoué au Nigeria. Dans
ce type de bassin, les faciès sont essentiellement détritiques et continentaux, mais une
invasion marine est possible comme en Bénoué.
2 - Bassins péricratoniques
Ce sont des bassins qui comme leur nom l'indique, sont disposés autour des
cratons dans les zones mobiles. Parmi les bassins anciens, on peut citer les Alpes qui
ont mobilisé les sédiments déposés sur la bordure de la Téthys. La figure 67 montre une
coupe schématique d'un système péricontinental en cours de subduction. On distingue:
a) Les bassins de marge inactive
Dans un tel bassin, on observe un bloc continental surélevé pourvoyeur de
matériel sédimentaire terrigène et un bassin océanique nouvellement formé et dans
lequel une partie au moins de ce matériel va se trouver piégé. L'évolution d'une marge
inactive peut se résumer ainsi (Fig.69).
1er stade: rifting ,failles profondes (ex: rift valley)
2è stade: océanisation, création de croûte océanique (ex: Mer rouge)
3è stade: océan restreint, formation d'une croûte de transition (C.T.) par
assimilation réciproque (Fig.68).
4è stade: océan ouvert, accrètion au niveau de la marge avec une subsidence
importante à cet endroit.
En dernier lieu, un bassin de marge inactive peut fort bien évoluer en bassin
de marge active.
b) Les bassins de marge active
Se caractérisent par une convergence de plaque avec subduction. Ces
bassins dessinent des zones arquées complexes péricontinentales ou intraocéaniques
avec épaississement de croûte magmatique associé. Les bassins se trouvent soumis dans
ce cas à un métamorphisme régional de type HP. Les figures 67 et 70 illustrent ces
phénomènes. Dans le cas où il s'agit de la subduction d'une croûte océanique qui
s'enfonce sous une croûte continentale, on distingue, la fosse, la zone de subduction, un
sillon interne, un système d'arc insulaire avec éventuellement sillon sédimentaire intra-
arc et enfin un sillon externe à sédimentation de type molasse. Le devenir des bassins de
marge active est à terme d'être impliqué dans une orogenèse.
IX - Conclusion
Ces divers points abordés montrent que par la paléogéographie, les études
stratigraphiques dépassent de beaucoup la chronologie. Elles visent à reconstituer la
géographie du monde au cours des temps et son histoire qu'il s'agisse du monde minéral
ou du monde vivant.