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Finances
publiques
et
démocratie
dans
un
monde
globalisé
Qui
gouverne
les
finances
publiques
?
Naguère,
la
réponse
allait
de
soi
:
les
États
avaient
la
maîtrise
de
l'extraction
et
l'allocation
des
ressources.
Aujourd'hui,
cela
fait
débat.
La
mondialisation
grignote
leur
autonomie
fiscale
et
budgétaire.
Désormais,
l’analyse
des
enjeux
de
finances
publiques
ne
peut
ignorer
cette
dimension
géopolitique.
Ces
enjeux
débordent
largement
le
strict
cadre
territorial
de
la
souveraineté
nationale
et
sont
devenus
trop
complexes
pour
être
maîtrisés
et
contrôlés
par
les
États
en
l’absence
d’action
commune.
On
observe
une
certaine
érosion
du
monopole
fiscal
et
de
la
souveraineté
des
États
sur
les
politiques
budgétaires
qui
sont
désormais
soumis
au
fonctionnement
des
marchés
financiers
du
fait
de
leurs
contraintes
budgétaires
et
sérieusement
confrontés
à
des
pratiques
d’évasion,
de
fraude
et
d’optimisation
fiscales.
Les
dynamiques
et
les
effets
de
la
dérégulation
et
de
la
déréglementation
placent
les
finances
publiques
au
centre
des
débats
et
controverses
dans
les
pays
du
nord
et
du
sud,
les
pays
développés,
les
pays
émergents
et
les
pays
pauvres,
les
pays
démocratiques
et
ceux
qui
ne
le
sont
pas.
La
globalisation
des
enjeux
fiscaux
et
financiers
(dépenses,
dettes,
déficits,
dumping
fiscal)
est
au
centre
des
agendas
gouvernementaux
nationaux
et
des
organisations
régionales
ou
internationales.
Il
n’en
a
pas
toujours
été
ainsi.
Historiquement,
les
États
ont
été
les
détenteurs
du
monopole
fiscal
sur
leur
territoire
et
leurs
parlements
avaient
plus
ou
moins
pleinement
exercé
leur
souveraineté
dans
la
conduite
des
politiques
budgétaires.
Aujourd’hui,
la
crise
des
finances
publiques
conduit
les
gouvernements,
partout
dans
le
monde,
à
des
coupes
ou
des
gels
dans
les
dépenses
publiques,
à
des
politiques
de
réduction
de
leur
dette
publique,
à
recourir
aux
emprunts
sur
les
marchés
financiers
pour
faire
face
à
leur
déficit
public
et
à
augmenter
les
impôts
domestiques,
notamment
sur
les
ménages.
Ce
circuit
bien
connu
continue
à
fonctionner
dans
le
cadre
de
l’État
souverain
sur
son
territoire
national
borné
par
des
frontières.
De
nombreux
commentateurs
évoquent
avec
indignation
l’austérité
budgétaire,
pour
les
uns,
et
la
fiscalité
confiscatoire
pour
les
autres.
De
telles
prises
de
position,
inspirées
par
un
souci
militant,
excluent
l’hypothèse
que
les
États
puissent
être
effectivement
dans
l’incapacité,
sur
le
plan
national,
de
maîtriser
les
conséquences
d’une
crise
généralisée
et
déterritorialisée
des
finances
publiques.
Or
cette
hypothèse
ne
semble
plus
devoir
être
écartée.
Elle
revient
à
dire
que
le
fonctionnement
du
système
financier
international
constitue
désormais
une
contrainte
géopolitique
avec
laquelle
les
États
doivent
apprendre
à
composer
pour
gouverner
leurs
finances
publiques.
Qui
pourrait
aujourd'hui
nier
cette
contrainte
géopolitique
sur
les
finances
publiques
?
Les
injonctions
à
réduire
les
dépenses,
les
dettes
et
les
déficits
des
États
d’un
côté
et
les
affaires
et
les
scandales
comme
l’
«
OffshoreLeaks
»,
le
«
Luxleaks
»,
le
«
SwissLeaks
»
et
les
«
Panama
Papers
»
de
l’autre
côté,
ont
permis
de
détailler
l'étendue
du
problème
qui
est
désormais
planétaire.
Les
paradis
fiscaux
sont
une
réalité
tangible,
des
infrastructures
clés
dans
le
fonctionnement
de
la
globalisation
financière.
Les
flux
d'investissement
direct
à
l'étranger
s'appuient
pour
une
large
part
sur
les
paradis
fiscaux.
Les
grands
groupes
internationaux
abritent
leurs
opérations
de
gestion
et
de
financement
dans
des
filiales
situées
dans
ces
territoires.
L'optimisation
fiscale
des
entreprises
multinationales,
la
délocalisation
des
profits,
la
fraude
et
l'évasion
fiscales
laminent
les
budgets
nationaux,
privent
les
États
de
ressources
colossales.
Les
sommes
masquées
et
dérobées
aux
finances
publiques
attestent
que
le
problème
est
sans
frontière
et
ronge
les
pays
du
nord
comme
les
pays
du
sud.
De
ce
point
de
vue,
la
crise
des
finances
publiques
est
peut-‐être
moins
un
excès
de
dépenses
publiques
qu'une
contraction
des
recettes.
Les
questions
de
finances
publiques
auxquelles
sont
confrontés
les
gouvernements
et
les
choix
politiques
qu'ils
adoptent
pour
les
traiter
invitent
à
revenir
et
réfléchir
sur
la
réalité
géopolitique
et
sociopolitique
de
leur
souveraineté
fiscale
et
budgétaire
et
sur
les
effets
de
la
dérégulation
et
de
la
déréglementation
sur
leur
capacité
et
leur
stratégie
d'action.
Les
enjeux
de
finances
publiques
sont
donc
devenus
des
enjeux
internationaux
cruciaux
qui
préoccupent
et
mobilisent
quotidiennement
les
États,
les
administrations
publiques
nationales,
les
organisations
financières
régionales
et
internationales,
les
organisations
non
gouvernementales,
les
médias
et
les
mouvements
sociaux
comme
l’attestent
régulièrement
leurs
agendas.
Pourquoi,
comment
et
sous
quelles
formes
ces
enjeux
affectent
les
pouvoirs
et
le
fonctionnement
des
institutions
politiques
et
publiques
et
des
espaces
sociopolitiques
nationaux
?
Quels
ont
été
les
effets
de
l’internationalisation
de
ces
enjeux
?
Quelles
réformes
ont
été
entreprises
pour
les
maîtriser
et
avec
quels
type
et
degré
de
légitimité
politique
?
Celles-‐ci
ont-‐elles
renforcé
ou
affaibli
les
capacités
politiques
et
techniques
des
institutions
et
acteurs
responsables
de
ces
enjeux
?
Quelles
ont
été
les
réactions
des
opinions
publiques
?
Plus
généralement,
que
représente,
du
point
de
vue
des
finances
publiques,
le
passage
d'un
monde
cloisonné
de
multiples
façons
à
un
monde
fluide
et
globalisé,
où
non
seulement
la
grande
division
bipolaire,
mais
également
d'autres
frontières
en
volée
en
éclats
?
Ces
questions
transversales
peuvent
être
abordées
et
approfondies
à
partir
de
quatre
axes
thématiques
complémentaires
pour
décrypter
les
liens
entre
finances
publiques
et
démocratie
dans
un
monde
globalisé
:
1.
Les
institutions
parlementaires
:
la
globalisation
met
les
enjeux
de
finances
publiques
au
cœur
de
la
vie
démocratique.
Que
nous
apprend-‐elle
sur
le
pouvoir,
le
rôle
et
le
fonctionnement
des
parlements
?
Quelles
contraintes
exerce-‐t-‐elle
sur
les
institutions
démocratiques
et
quelle
liberté
laisse-‐t-‐elle
aux
parlementaires
?
Ces
derniers
sont-‐ils
devenus
des
médiateurs
entre
le
global
et
le
national
?
De
quelles
ressources
disposent-‐ils
pour
peser
et
agir
sur
les
finances
publiques
dès
lors
que
ces
derniers
sont
construits
en
enjeux
électoraux
nationaux
?
Comment
rééquilibrer
le
débat
démocratique
autour
des
décisions
relatives
à
l’imposition
des
grands
groupes
internationaux
et
assurer
un
contrepoids
à
leur
lobby
?
En
définitive,
que
fait
la
globalisation
à
la
souveraineté
fiscale
et
budgétaire
parlementaire
?
2.
Les
administrations
publiques
:
que
sont
les
activités
et
les
fonctions
des
administrations
des
finances
publiques
dans
un
monde
globalisé
?
Quels
savoirs
et
quelles
visions
alimentent
le
travail
de
problématisation,
d'élaboration,
d'intermédiation
des
intérêts
organisés
et
de
mise
en
oeuvre
des
politiques
budgétaires
et
fiscales
?
Observe-‐t-‐on
une
circulation
et
une
internationalisation
des
élites
et
des
modèles
de
politiques
des
finances
publiques
entre
le
public
et
le
privé,
entre
le
national
et
l'international
?
Quels
sont
leur
intensité
et
leurs
effets
?
Introduisent-‐elles
une
nouvelle
grammaire
des
finances
publiques
et
affectent-‐elles
les
rapports
entre
les
fonctionnaires
et
les
politiques,
entre
les
gouvernants
et
les
gouvernés
?
3.
Les
organisations
régionales
et
internationales
:
que
font
concrètement
les
organisations
régionales
et
internationales
en
matière
de
finances
publiques
?
Quels
liens
y
a-‐t-‐il
entre
ce
qui
se
passe
au
régional
et
à
l'international
et
les
politiques
de
finances
publiques
nationales
?
Quelles
sont
les
modalités
concrètes
de
la
"gouvernance
globale"
et
à
quoi
renvoie-‐t-‐elle
de
précis
pour
les
citoyens
?
Les
déclarations
des
G20,
G8,
G7
ont-‐elles
engendré
des
changements
et
dans
quels
sens,
au
bénéfice
de
qui
et
au
détriment
de
qui
?
Que
sait-‐on
et
qu'en
est-‐il
des
projets
de
l'OCDE
sur
la
transparence
et
des
échanges
d'informations
à
des
fins
fiscales
ou
sur
le
plan
d'action
sur
l'érosion
de
la
base
fiscale
d'imposition
de
transfert
de
bénéfices
?
Quels
rôles
jouent
les
organisations
régionales
et
internationales
dans
la
coopération
ou
la
concurrence
fiscale
entre
les
États
?
4.
Les
organisations
non
gouvernementales,
les
médias
et
les
mouvements
sociaux
:
dans
le
monde
entier,
les
médias
et
la
société
civile
expriment
une
préoccupation
croissante
à
l'égard
de
l'austérité
et
vis-‐à-‐vis
de
l'optimisation
fiscale
des
entreprises
multinationales.
Des
mouvements
sociaux
manifestent,
à
des
échelles
nationale
et
transnationale,
leurs
mécontentements
et
expriment
leurs
revendications.
Que
nous
disent-‐ils
?
Qui
prend
acte
de
leurs
attentes
?
Quel
rôle
jouent
les
médias
et
les
organisations
non
gouvernementales
dans
l'interprétation
et
la
publication
du
sens
et
des
enjeux
de
la
globalisation
et
de
ses
impacts
sur
la
souveraineté
fiscale
et
budgétaire
des
États
?
Toutes
les
propositions
de
communication
théoriques
ou
empiriques
qui
s'inscrivent
dans
l'un
ou
l'autre
des
axes
thématiques
sont
les
bienvenues.
Elles
doivent
être
adressées
à
chacun
des
organisateurs
de
l'atelier.
Responsables
Mohamed
Djouldem,
professeur,
Université
de
Montpellier,
mohamed.djouldem@univ-‐montp3.fr
Lyne
Latulipe,
professeure,
Université
de
Sherbrooke,
Lyne.Latulippe@USherbrooke.ca
Marc
Leroy,
professeur,
Université
de
Reim,
marc.leroy@univ-‐reims.fr
Geneviève
Tellier,
professeure,
Université
d’Ottawa,
genevieve.tellier@uottawa.ca