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Kern Laura

Projet de thèse

Unité de recherche EA 3400 Arche


ED 519 – Perspectives européennes

Projet de thèse

Traditions orales, traditions écrites et histoire : étude des légendes de fondation


en Alsace du Moyen Age au XIXe siècle.
Sous la direction de Georges Bischoff et Jean-Jacques Schwien

Introduction

Dans le cadre de mon mémoire de master, j’ai travaillé sur les légendes recueillies par le
poète, folkloriste et archéologue Auguste Stoeber sous le titre die Sagen des Elsasses dans sa
première version de 1852. Cette première recherche a été faite sous la direction de Georges
Bischoff et Jean-Jacques Schwien.
Ma problématique résidait alors dans l’observation et la compréhension de l’aspect
archéologique et historique d’un corpus d’environ quatre-vingt légendes alsaciennes
répertoriées par Stoeber. Ce dernier avait emprunté aux frères Grimm leur approche
archéologique du sujet, en allant au-delà de son aspect poétique. Cependant, j’avais opté pour
une analyse littéraire, sans m’intéresser davantage à la matière même de la légende, à sa
construction, ses modifications et ses réappropriations. C’est pourquoi, je souhaiterais à
présent élargir ma perspective en engageant une démarche scientifique visant l’ensemble des
légendes de fondation collectées en Alsace, principalement au XIXe siècle et présentant un
contexte archéologique et/ou historique médiéval.

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I) Problématique

Ma recherche sera à présent axée sur les légendes de fondation en Alsace, leur invention,
leurs remaniements et leurs migrations depuis leur première mise par écrit au Moyen Age
jusqu’aux opérations de collecte du XIX e siècle, sans négliger leurs compléments dans la
littérature plus récente, au XXe voire au XXIe siècle. Par « légendes de fondation », j’entends
des récits élaborés pour justifier la création d’institutions, de villes, d’édifices (monastères,
châteaux), pour exalter des origines et des identités (groupes sociaux, détenteurs du pouvoir,
appartenances ethniques…) et plus largement des récits contant les origines de traces et objets
archéologiques ou encore de toponymie.
Nous avons pris le parti de nous baser sur l’ouvrage pionnier d’Auguste Stoeber, Die Sagen
des Elsasses, publié en 1852. En effet, à ce jour, aucun travail de recherche scientifique n’a
été porté sur ces corpus, sur la démarche et le travail de terrain colossal entrepris par Auguste
Stoeber. Nous trouvons uniquement en bibliothèque des ouvrages de deuxième main qui se
contentent de le reprendre ou de le compléter. C’est pourquoi, pour remonter à la source, nous
nous proposons d’exploiter les archives familiales d’Auguste Stoeber conservées à la
bibliothèque municipale de Mulhouse. A ce jour, ce fonds exceptionnel n’a fait l’objet
d’aucune étude approfondie.
Pour saisir la genèse de ce corpus légendaire, il conviendra d’interroger des sources narratives
« classiques », à commencer par les chroniques alsaciennes, comme celles de Jacob Twinger
von Koenigshoven, Fritsche Closener, Beatus Rhenanus, Daniel Specklin et Bernhard
Hertzog (XIVe-XVIe) parallèlement à leur environnement matériel. En effet, le contexte
archéologique (villes, châteaux, monastères …) est en relation directe avec cet imaginaire : il
a pu le susciter ou, au contraire, en être issu, directement ou indirectement.
Ce travail de recherche vise donc à établir une stratigraphie des sources de ces légendes, à
étudier leur généalogie (leur traçabilité) afin de comprendre de quelle manière la légende a pu
migrer ou s’enrichir par l’apport des différents auteurs qui se la sont appropriée. L’étude des
différentes étapes de l’évolution de la légende associée à l’étude des sources littéraires
(chroniques médiévales et modernes, ouvrages savants du XVIIIe et XIXe siècle, auteurs
ultérieurs) et matérielles permettra d’en étudier les interactions, l’influence de certains auteurs
sur d’autres et ainsi, de repérer le matériau brut d’où naquit la légende. Cette étude permettra

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ainsi une comparaison entre la tradition moderne et la réalité médiévale. Ce travail de
recherche s’inscrit dans un paysage en recomposition : son matériau est traité de manière très
différente selon qu’on considère sa transmission – orale, écrite et sa transcription- ou son
contenu, qui embrasse des thèmes aussi différents que l’histoire événementielle ou la
métaphore.

II) Légende et histoire

Le terme de légende provient à l’origine du latin legenda « ce qui doit être lu ». Il désignait au
Moyen Age les récits hagiographiques. Aujourd’hui, la légende est devenue synonyme de
conte, de mythe et perçue dans une dimension folklorique souvent intemporelle. Cependant,
la légende se distingue du mythe et du conte et cela pour une raison qui doit intéresser
l’historien : elle se réclame d’un fond historique, archéologique et topographique. Elle résulte
en effet de faits véritables altérés par le temps car elle est transmise oralement et fait l’objet de
remaniements et d’ajouts à chaque fois qu’elle est mise par écrit. L’historien est donc en mesure
d’apporter un regard scientifique sur les récits légendaires et notamment, le lien entre
imaginaire, tradition, archéologie et histoire.
L’Alsace participe à l’engouement général du XIXe siècle pour un Moyen Age à la fois
proche et exotique. Sa double culture, allemande et française en fait un laboratoire
particulièrement riche, à la croisée des préoccupations des folkloristes, des premiers
archéologues de terrain, Silbermann et Schoepflin, dès le milieu du XVIIIe siècle, Stoeber
lui-même, Dagobert Fischer et Fritz Reiner, etc. En France, l’ethnologue Arnold Van Gennep
étudie les traditions alsaciennes dans ses ouvrages consacrés au folklore français 1. Cette
période correspond aux premières collectes de légendes autant qu’à à la naissance de
l’archéologie et de l’histoire en tant que sciences. Pour les pionniers, Herder et, bien entendu,
les frères Grimm, il s’agissait de capter l’âme du peuple, la Volksseele à travers l’oralité et la
scripturalité (Schriftlichkeit), en établissant une stratigraphie de la langue au service de la
philologie.

1 VAN GENNEP (Arnold), Manuel du folklore français, 4 vol, 1937-1958

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III) Méthodologie

Il faudra débuter ce travail de recherche par l’établissement d’une stratigraphie des sources, si
possible pour chaque légende étudiée afin de retracer sa généalogie.
Voici un exemple d’une stratigraphie simple, le principal repère étant le texte d’Auguste
Stoeber :

Dans Die Sagen des Elsasses, Auguste Stoeber rapporta une légende appelée Die
Gerichtsnacht auf Girbaden (texte en annexes) qui raconte un procès se déroulant chaque nuit
entre des défunts en raison de la destruction du château par des soldats lorrains au XVII ème
siècle, conduits par un valet du château de Guirbaden. Parallèlement, selon l’ouvrage
d’Armand Kieffer2 sur le château de Guirbaden, André Silbermann, entre 1760 et 1764,
apprend par de vieilles personnes de Dorlisheim, qu’elles-mêmes avaient connu dans leur
jeunesse un homme qui fut anciennement valet du bailli de Guirbaden. Cet homme leur avait
souvent raconté qu’une nuit, un de ses compagnons, valet également, frappa à la porte du
2 KIEFFER (Armand), Histoire de la seigneurie et du château de Guirbaden, 1978

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château. Quand on lui ouvrit, de nombreux lorrains déguisés en paysans se ruèrent à
l’intérieur, tuèrent le bailli puis pillèrent et incendièrent le château. Il se trouve que le fantôme
du bailli de la légende de Stoeber est décrit comme ayant des blessures fraîches qui
démontrent que sa mort est due à un assassinat et parle d’un valet traître. En effet, le château
a été attaqué lors d’une invasion lorraine, au cours de l’épisode de la Fronde (1648-1654),
dirigé par le duc de Lorraine Charles IV, du côté alsacien des Vosges en 1652 3. Le traité de
Westphalie de 1648 ne leur ayant pas donné satisfaction, les Lorrains avaient en effet
poursuivis leurs rapines en Alsace après la Guerre de Trente Ans 4. La tradition orale
rapportée par Morville et Stoeber est une légende basée sur la modification et la
réappropriation de la tradition orale entendue par Silbermann 5. Dans son édition des
Historische Merwürdigkeiten des ehemaligen Elsasses, Friesé nous apprend qu’en 1597 et
même plus tard, un bailli de Samson de Rathsamhausen, Paulus Richard, vivait avec son
épouse et leurs 11 enfants au château du Guirbaden (il cite pour source les archives familiales
de la famille Richard aux archives de Strasbourg), ce qui signifie qu’il y avait toujours un
bailli au début du 17ème siècle.

Le château fut donc effectivement, si l’on en croit la source orale rapportée par Silbermann et
celle rapportée par Auguste Stoeber, détruit totalement pas les Lorrains. Dans son ouvrage,
Armand Kieffer nous donne la liste des noms des enfants de Paulus Reichard. Parmi eux, le
seul qui atteignit la vieillesse se nomme Robert, est né en l’an 1596 et est décédé à 76 ans,
donc en 1662. Aux archives départementales du Bas-Rhin, on retrouve sous la cote E 1142
des comtes de tutelle rendus par un dénommé Robert Reichard entre 1643 et 1659, concernant
la succession de Beat J. de Rathsamhausen, ce qui signifie que Robert Reichard était toujours
en vie après 1652. Jusqu’à présent dans nos recherches, nous n’avons pas trouvé la date de
décès de Paulus Reichard. Il y a de fortes probabilités que son décès soit survenu lors de la
Guerre de
Trente Ans et dont l’Alsace fut la région la plus ravagée par le conflit entre 1621 et 1648. La
distance chronologique séparant le fait historique de 1652 à la collecte de la légende (1844)
est donc de deux siècles. Une information subsidiaire, à savoir le récit entendu par

3 Id. KIEFFER
4 KIEFFER, op.cit., p. 76
5 DE MORVILLE (Théodore), Voyage pittoresque en Alsace, 1844, p. 97 ; STOEBER (Auguste), Die Sagen des
Elsasses, 1852, p. 191

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Silbermann, semblable au fait historique, nous donne un terminus. Ceci nous amène alors à
nous poser la question suivante : la légende s’est-elle construite avant ou après Silbermann ?

Enfin, je prendrais un second exemple, la légende des trois crapauds du blason de Clovis, au
château du Frankenbourg (texte en annexes) :

A travers cette légende, nous pouvons nous demander si Daniel Specklin a inventé cette
histoire ou si de son temps, le peuple disait que le château fut construit par les Francs. A-t-on,
involontairement ou non associé, l’enceinte protohistorique à une enceinte mérovingienne
(comme ce fut le cas pour le Mont Sainte-Odile, dont l’enceinte fut attribuée aux Francs, aux
Gallo-romains et aux Celtes, voire même réappropriée par les Francs) ?
Les propriétaires du château, qui d’ailleurs étaient les landgraves de Werde, de puissants
seigneurs, cherchaient-ils à revendiquer une filiation avec Clovis et /ou de justifier leur
pouvoir temporel ? Enfin, fait intéressant, un pèlerinage, non reconnu par l’Eglise, le
pèlerinage de Neubois, s’est développé suite à des apparitions de la Vierge entre 1870 et
1873, sur le flanc du mont Frankenberg, sur lequel se dresse le château de Frankenbourg6.

6 BISCHOFF (Georges), Sive comes, sive rex, le roi d’Alsace entre mythe et histoire dans Revue d’Alsace, 128
(2002), p. 19-34

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L’étude d’un récit légendaire en demandera également un découpage afin de repérer les
édifices concernés, les indications temporelles, les indications topographiques, le statut social
des personnes concernées par ces légendes, repérer les éléments merveilleux ainsi que les
éléments relatifs à la faune et à la flore. Ceci pourra être effectué sous forme de tableaux. Il
faudra ainsi en réaliser plusieurs pour une seule et même légende, tableaux qui
correspondront aux différentes sources découvertes grâce à l’établissement d’une
stratigraphie propre à chaque légende. Ces tableaux permettront par ailleurs l’établissement
de statistiques. Ensuite, ce travail pourra être illustré par un ensemble de cartes visant à
repérer la localisation topographique des légendes, mais également une localisation
géographique des réminiscences de thèmes, de typologie d’édifices, ce qui enrichira la
connaissance du patrimoine légendaire et historique alsacien. Enfin, l’étude de ce que nous
appelons généalogie et migration des légendes demandera la réalisation de schémas
complexes de ramifications qui devront être d’une extrême précision pour retracer les
différentes étapes de la vie des légendes de fondation et ses diverses modifications, sachant
par ailleurs que ces schémas peuvent s’étendre du 19ème siècle jusqu’au Moyen Age.

IV) Plan provisoire

Partie I : La légende, définition et portée en Alsace au XIXe siècle.


Chapitre 1 : Le concept de légende
I) Définition de la légende
II) Points communs et divergences avec le mythe et le conte
III) Historiographie du champ de recherche
IV) Une tradition orale mise par écrit

Chapitre 2 : Auguste Stoeber et son temps : à la recherche du passé alsacien à travers


le peuple
I) Contexte familial
II) Contexte politique et culturel
III) Carrière
IV) Méthode de travail : un réseau de savants adeptes du légendaire
alsacien

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Partie II : Migration et traçabilité des légendes de fondation en Alsace, du XIXe siècle
au Moyen Age : étude des sources et des réalités médiévales.

Chapitre 3 : Récits concernant une fondation d’édifices


I) Fondation de villes
II) Fondation de châteaux
III) Fondation de monastères, d’églises et de pèlerinages

Chapitre 4 : Récits expliquant les origines


I) Origine liée à l’héraldique
II) Origines liées à des objets, des traces et des personnages fictifs
III) Etymologies
IV) Origine d’une mort
V) Origine d’une destruction

Partie III : A la croisée des thèmes : récurrences et symboles


Chapitre 1 : Les filiations
I) Les Etichonides
II) Des rois et des reines
III) Troie

Chapitre 2 : Un rapport important à la nature


I) Paysage montagneux
II) Paysage rural
III) Eau et forêt

Chapitre 3 : Les symboles chrétiens


I) Le miracle
II) La chasse
III) Les saints comme vecteurs entre le Ciel et la Terre

Conclusion

L’intérêt scientifique de ce sujet de recherche réside dans sa nouveauté car il permettra de


développer une approche croisée en archéologie, histoire et ethnologie. Il s’agit de reprendre

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le matériau très riche que constitue le corpus des légendes alsaciennes, non pas dans un
simple désir de retransmettre ce patrimoine - chaque année voyant paraître une nouvelle
édition des légendes répertoriés par Auguste Stoeber - mais de réaliser une étude de fond sur
la démarche et la méthode de travail d’Auguste Stoeber qui n’a, à ce jour, jamais été réalisée,
en exploitant les archives familiales de la famille Stoeber, récemment déposées à la
bibliothèque de Mulhouse et non encore exploitées à ce jour. Il s’agit également de
questionner différentes disciplines scientifiques afin de retracer l’historicité de ces légendes et
de comprendre les différents mécanismes qui ont articulé leur invention et leur migration, du
Moyen Age, jusqu’à aujourd’hui. Ce travail de recherche vise à un enrichissement de l’image
de l’Alsace.
En cela, ce travail de recherche tentera d’apporter une réflexion multidisciplinaire (historique,
anthropologique et archéologique) quant à l’étude du patrimoine légendaire en France et en
Europe.

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Kern Laura

Bibliographie

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Sources savantes

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SCHOEPFLIN (Jean-Daniel), Alsatia Illustrata, Colmar, 1751-1761
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HERTZOG (Bernard), Chronicon Alsatiae. Edelsasser cronik, Strasbourg, 1592
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RHENANUS (Beatus), Histoire de l’Allemagne, Rerum Germanicarum Libri III, 1531

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Kern Laura
Résumé du projet de thèse

L’objectif de cette thèse est de tenter d’expliquer de quelle manière les légendes de fondation
en Alsace (création d’institutions, de villes, d’édifices, origine de traces archéologiques
diverses...), tirant leur origine du Moyen Age et collectées au XIXème siècle, ont évolué et
nous sont parvenues. Pour cela, je serai amenée à étudier des chroniques médiévales et
modernes, notamment celles de Jacob Twinger von Koenigshoven, Daniel Specklin,
Bernhard Hertzog, Beatus Rhenanus, Fritsche Closener, qui ont repris un grand nombre de
ces légendes, et de comprendre dans quel contexte ces légendes ont été créées et alimentées
par le peuple. Nous nous basons sur l’ouvrage Die Sagen des Elsasses, publié par le
folkloriste alsacien Auguste Stoeber en 1852. En effet, ce dernier collecta auprès du peuple
mais également dans les chroniques et ouvrages savants 356 légendes relatives à l’Alsace. La
légende, à la différence du mythe et du conte, s’appuie sur des réalités historiques,
archéologiques et topographiques. Elle est donc, pour l’historien, un matériau très riche. Elle
contient un substrat historique qui fut modifiée par la voix du peuple. Ces modifications ont
été, pour la majeure partie de notre corpus, mises par écrit par les chroniqueurs médiévaux et
modernes que nous avons cités. L’étude de ces réalités historiques et archéologiques nous
permettra de capter des faits véritables qui ont été altérés par le temps, au travers de leur
transmission orale et leur mise par écrit.
En effet, l’Alsace a participé aux XVIIIème et XIXème siècles à l’engouement général pour le
Moyen Age, grâce en particulier à sa double culture, allemande et française, par
l’intermédiaire des folkloristes (principalement Auguste Stoeber) - qui initièrent un
mouvement de collectes de légendes -, des premiers archéologues de terrain tels que
Silbermann et Schoepflin. Pour les pionniers comme Herder et les frères Grimm, il était
nécessaire de comprendre « l’âme du peuple », « la Volksseele » à travers les traditions orales
et leur mise en récit. Mon travail englobera d’une part l’étude du passage de l’oral à l’écrit et
d’autre part, l’étude du contexte et du contenu des légendes de fondation (histoire,
ethnologie, archéologie, métaphores...).
Cela m’amènera notamment à parcourir l’Alsace afin de parfaire ma compréhension des lieux
chargés d’histoire et de légendes (châteaux médiévaux, églises, couvents, lieux de pèlerinage
etc...).

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Kern Laura

Echéancier des travaux

I) Bilan des travaux de 1ère année

 Mise en place du corpus regroupant 60 légendes de fondation et expliquant une


origine.
 Réalisation de la base des stratigraphies pour chaque légende
 Rédaction d’une partie du chapitre sur la définition de la légende ainsi que
l’historiographie des travaux
 Reprise du chapitre sur Auguste Stoeber dont une partie avait été rédigée dans le cadre
du mémoire (ajout d’éléments)
 Mise en avant d’éléments qui nous semblent essentiels d’étudier dans le cadre du
travail de recherche à savoir : les filiations liés aux édifices ou villes (Etichonides,
Clovis, Dagobert, Troyens … : réalisation d’une carte pour mettre en avant ce
phénomène), le grand rapport à la nature (omniprésence dans le corpus de la forêt, de
paysages montagneux et ruraux), des symboles chrétiens récurrents (le miracle,
souvent liée à la chasse et les saints comme vecteurs entre le Ciel et la Terre)
 Répertoriage des sources du corpus
 Répertoriage des schèmes pour chaque légende
 Répertoriage du type de paysage et du statut des personnages de chaque légende
 Répertoriage des expressions de l’oralité pour chaque légende
 Rédaction de quelques monographies
 Familiarisation avec les archives Stoeber à la BM de Mulhouse et consultation du
fonds, en particulier les correspondances françaises
 Transcription d’une partie du corpus sur word pour disposer d’un texte plus clair et
pour pouvoir « jouer » avec le texte.

II) Echéancier pour la seconde année de thèse

 Avoir consulté l’ensemble des correspondances pour le bilan de mi-parcours car leur
dépouillement et leur compréhension seront une partie importante du chapitre sur
Auguste Stoeber.
 Finaliser le chapitre sur Auguste Stoeber et sur la définition du concept de légende
 Poursuivre la rédaction des monographies de manière à ce que la moitié soit réalisée
pour la fin de la seconde année (environ 30 monographies complètes)

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