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Dauphin Sandrine. Maryse Bresson, Sociologie de la précarité. In: Recherches et Prévisions, n°91, 2008. Minima
sociaux. Diversités des logiques d'action et des publics. pp. 147-148;
http://www.persee.fr/doc/caf_1149-1590_2008_num_91_1_2363_t18_0147_0000_1
Cet ouvrage de synthèse – propre de la collection l’idée d’un rattrapage possible. Ce paradigme est
128 d’Armand Colin – offre, dans un langage clair plus particulièrement relatif à l’opposition Nord-
et accessible, les principaux apports théoriques et Sud mais il peut également renvoyer à des divisions
méthodologiques de la sociologie de la précarité. à l’intérieur des pays riches (ce que l’on désigne
L’auteure, Maryse Bresson, dont les travaux antérieurs comme « Quart-Monde ») ;
portent sur les SDF, les centres sociaux et, plus • la sociologie de la marginalité et de la déviance,
globalement, l’intervention sociale, nous permet de qui utilise un paradigme interactionniste (influencé
mieux cerner un concept relativement flou, utilisé par l’ouvrage Stigmates d’Erving Goffman) où les
et banalisé par les médias et les politiques publiques. individus sont perçus comme des marginaux :
La précarité est ainsi devenue, dans les dernières l’apport de ce paradigme est de souligner l’impor-
décennies, une « nouvelle question sociale » qui tance de la désignation et du regard d’autrui ;
revient à désigner tantôt des populations parti- • la sociologie de l’assistance et des assistés : les
culières, tantôt un « risque » de pauvreté lié à une populations sont définies par les secours qu’elles
instabilité socio-économique. Mais qu’est-ce qu’un reçoivent, ce qui peut avoir pour conséquence de
précaire ? Et par rapport à quoi caractérise-t-on une les stigmatiser ;
situation de précarité ? C’est bien dans un refus des • enfin, la sociologie de la précarité – à laquelle se
simplifications et avec l’objectif de montrer la variété rattache manifestement l’auteure – et qui vise à
et la complexité des situations que cet essai présente analyser des processus de précarisation en s’appuyant
« la manière dont la sociologie définit la précarité, sur les mutations de la société. Deux courants la
étudie les populations concernées et analyse les composent. Le premier repose sur le postulat que
processus qui expliquent les situations » (p. 6). Cet « l’instabilité est inhérente à la dynamique sociale
essai présente ainsi un double intérêt : d’une part, et politique de la modernité » (p. 41) et le deuxième
il donne l’étendue des connaissances et des débats insiste sur la vulnérabilité de masse.
sur le thème de la précarité en sociologie et, d’autre Si ces paradigmes servent principalement à iden-
part, il promeut une approche par les processus de tifier les différents courants de pensée, le souci de
précarisation. M. Bresson est véritablement de critiquer les catégo-
Le livre est articulé autour de trois chapitres. Le risations, forcément « enfermantes » et, dans tous
premier s’intéresse à la manière dont on « catégorise » les cas, limitatives. Catégoriser est d’autant plus
les précaires à travers les différentes écoles et délicat qu’il existe, par exemple, des conventions
courants de la sociologie qui s’affrontent mais différentes entre Eurostat, l’INSEE et le Programme
peuvent, à l’occasion, se compléter. Le deuxième des Nations unies pour le développement (PNUD)
vise à apporter des éléments de connaissance sur pour définir le seuil de pauvreté selon que l’on parle
ces populations : la vie quotidienne (conditions de médiane ou de moyenne. Or, « faire changer la
d’emploi, travail) ; les trajectoires associées à l’idée définition du seuil de revenu ou l’échelle pour
de risque (notamment d’exclusion) ; l’importance et calculer le nombre d’unités de consommation du
la diversité des liens sociaux. Le troisième chapitre, ménage c’est faire varier le nombre de pauvres »
enfin, se présente davantage comme la thèse de (p. 24). Deux acceptions principales du terme de
l’auteure, à savoir valoriser une approche de la « précarité » sont cependant soulignées : soit on
précarité en terme de processus. désigne des populations plutôt pauvres (peu de
Au préalable, M. Bresson identifie cinq paradigmes, revenus, peu d’éducation, sans emploi), pouvant
autant de manière théoriques et méthodologiques même être des exclus si des problèmes de loge-
d’envisager la précarité : ment viennent, en outre, se greffer ; soit on parle
• la sociologie de la pauvreté : le raisonnement de populations qui risquent de voir leur situation
est basé sur le manque, et les pauvres sont le plus se dégrader. Globalement, l’incertitude quant à
souvent caractérisés par une insuffisance ou une l’avenir (pas seulement professionnel) est un élément
absence de revenus (mais pas seulement) ; déterminant induit par la notion même de précarité.
• la sociologie du sous-développement : elle En raison des difficultés et des pièges des catégori-
repose, selon les débats, sur l’hypothèse d’un retard sations soulignées par l’auteure autour de la notion
(culturel, politique, économique), induisant ainsi de « population précaire », on peut d’autant plus