JEAN-CLAUDE

IZZO
Histoire d’un Marseillais - Stefania Nardini

Pour les 20 ans de la disparition de Jean-Claude Izzo, les Éditions des Fédérés
La Marseillaise publient sa biographie signée par la journaliste et auteure Stefania Nardini.
Inclus des extraits de textes inédits du poète et auteur de polars cultes.

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 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 21
DANS LE MONDE

Jean Ziegler : « L’Europe mène

une politique de terreur »
ENTRETIEN
Jean Ziegler, vice-président
du comité consultatif du Conseil
des droits de l’homme de l’ONU
et auteur de « Lesbos la honte de
l’Europe », s’insurge du
traitement des réfugiés à la
frontière gréco-turque.

La Marseillaise : Des milliers de

réfugiés sont bloqués à la frontière
ter restre entre la Grèce et la
Turquie. Comment en est-on arri-
vé là ?
Jean Ziegler : En 2016, l’UE a conclu
un accord avec le président turc.
Erdogan recevait 6 milliards d’eu-
ros de l’UE et s’engageait en contre-
partie à empêcher, par tous les moyens
policiers et militaires possibles, les
réfugiés bloqués en Turquie de re-
joindre la frontière Sud de l’Europe.
Le 3 mars 2020, il a rompu cet accord
: il a laissé partir les réfugiés et exige
désormais de l’UE une augmentation
massive de ses paiements. Depuis
cette date, des dizaines de milliers
de réfugiés syriens, irakiens, afghans,
yéménites, iraniens se massent dans
les champs détrempés par la pluie,
sur les rives orientales de l’Evros.
Ils dorment à ciel ouvert, transis de
froid, dans des vêtements sales et
puants, à peine nourris par les dons
des paysans des villages turcs alen-
tour, désespérés. Sur les îles de la
mer Egée, des milliers d’autres ré-
fugiés débarquent, en quête d’asile
et de protection. La commission eu-
ropéenne ferme hermétiquement -
par l’entremise de la police grecque -
la frontière de la forteresse Europe.
Le droit d’asile est un droit de
l’homme universel, ancré dans l’ar-
ticle 14 de la Déclaration universelle
des droits de l’homme de 1948 et dans
la Convention internationale relative
au statut des réfugiés de 1951.
Quiconque est bombardé, torturé, Pour Jean Ziegler, Lesbos est la honte de l’Europe. PHOTO DR
persécuté dans son pays d’origine a
le droit de traverser une frontière
et de déposer une demande d’asile Pourquoi selon vous Lesbos est- Fermer les frontières signifie refuser qui nous sépare des victimes n’est que
dans un autre État (qui est dès lors elle la honte de l’Europe ? de mettre en œuvre le droit d’asile. La le hasard de la naissance.
libre de l’accepter ou non après ins- J.Z. : La stratégie de dissuasion et de décision de la Commission européenne L’UE est faite d’États démocratiques,
truction). terreur de l’UE est doublement con- constitue un crime qui relève de la il n’y a pas d’impuissance en démocra-
L’un des cinq hotspots sur damnable. D’abord, parce qu’elle li- Cour pénale internationale. tie. Nous, citoyens et citoyennes libres
lesquels les demandeurs d’asile quide le fondement moral de l’UE qui, de l’UE, devons nous insurger et im-
se rendent est le camp de Moria, depuis les accords fondateurs de Rome Que pensez-vous de la gestion poser à nos gouver nements et à
sur l’île de Lesbos. Vous qui en 1957, se base sur le respect des droits de cette crise par l’UE ? Bruxelles un changement politique
vous y êtes rendus, comment est de l’homme. Ensuite parce qu’elle est J.Z. : L’UE équipe l’armée et la police radical : l’ouverture des frontières, le
la situation sur place ? politiquement inefficace : si vous êtes grecques avec des blindés et des mu- respect du droit d’asile, l’accueil des
J.Z. : Jai visité Moria. J’en parle lon- bombardés à Idleb et que vous survivez nitions pour empêcher les réfugiés de réfugiés et la fin immédiate de l’ac-
guement dans mon livre. 28 000 réfu- avec des membres de votre famille, traverser les frontières de l’Europe. tuelle politique de terreur et de refou-
giés, appartenant à 58 nationalités vous partez qu’elles que soient les nou- Les dépenses pour la sécurisation lement qui fait la honte de l’Europe.
différentes, y sont entassés derrière velles qui vous parviennent de Lesbos. technologique des frontières euro- Entretien
des barbelés, souvent depuis trois à Il y a une motivation plus profonde : péennes s’élèvent à 15 milliards d’eu- réalisé par
quatre ans, dans des conditions nu- les mouvements d’extrême droite xé- ros par an. Elles atteindront, selon les Laureen
tritionnelles et hygiéniques abomi- nophobes gagnent en vigueur et en in- prévisions, 29 milliards en 2022. Tout Piddiu
nables. fluence en Europe. Ils progressent cela profite aux marchands d’armes et
Près de 6 000 d’entre eux sont des en- d’élection en élection. Les dirigeants incombe aux contribuables européens. Aux éditions
fants en dessous de 15 ans. Les tenta- européens espèrent endiguer cette va- L’UE voit les réfugiés comme un dan- Seuil à
tives de suicide, les automutilations gue montante en réduisant le nombre ger pour le « mode de vie européen » (le 14 euros.
parmi les enfants sont nombreuses. des réfugiés en Europe. Or, on ne peut terme est de Mme van der Leyen, pré-
En février, selon les indications of- pas faire de concessions à des racis- sidente de la Commission européenne).
ficielles, 3 enfants sont morts de froid. tes Munich en 1938 l’a démontré. Il C’est un vocabulaire détestable. Le ré-
C’est intentionnellement que l’UE faut combattre les mouvements racis- fugié est un être humain persécuté
maintient ces conditions inhumai- tes et xénophobes en Europe avec tou- qui cherche aide et protection, quelle
nes dans ses camps de rétention des tes les armes démocratiques consti- que soit son appartenance nationale,
îles. tutionnelles et pacifiques possibles. ethnique, culturelle, religieuse. Ce
2 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020

L’ÉVÉNEMENT / CORONAVIRUS

ÉDITORIAL
Françoise Verna
La guerre,
vraiment ?
Après l’Italie et l’Espagne,
la France est entrée,
mardi 17 mars, dans une
période de confinement
d’une durée minimale de
15 jours pour tenter de
Macron se pose en généralissime
d’une guerre sanitaire
CORONAVIRUS
Confinement pour
15 jours, élections
reportées et armée en
renfort des soignants :
Emmanuel Macron
a martelé lundi 16 mars
que le pays était en
« guerre sanitaire ».
« répondre dans l’urgence et de
légiférer par ordonnance si né- Emmanuel Macron a
cessaire ». appelé à éviter l’esprit
de panique, croire toutes
les fausses rumeurs,
Appui militaire à l’hôpital
Même explication pour dé- les demi-experts, les
tailler les dispositifs mis en œu-
faux sachants. PHOTO AFP
vre pour les soignants et les hô-
pitaux. Ceux d’Ile-de-France
et Grand Est - régions les plus
touchées - ont désormais at-
teint les limites autorisées par
un système exsangue avant la
crise. « Un hôpital de campa-

C
freiner la propagation
de l’épidémie de
coronavirus. Si le
président Macron n’a pas
prononcé le mot, les
Français sont sommés de
rester chez eux. Réunions
amicales, familiales et
sorties sont désormais
interdites.
La privation de libertés
fondamentales est justifiée
par l’état de « guerre »
contre ce virus et pour
permettre au système de
santé de soigner les cas les
plus graves alors que les
services de réanimations
sont débordés. La mesure
de quarantaine est
exceptionnelle mais nul
ne sait combien de temps
l’exception va durer.
S’il faut absolument
respecter ces consignes, il
convient tout autant de ne
pas s’habituer à ce régime
d’exception. Les Français
sont des adultes et la façon
dont le président Macron
les a tancés
pour s’être promenés
un dimanche, (tout en
les appelant à voter) est
l’expression d’un
paternalisme qui n’a
pas sa place dans
notre démocratie.
Solidarité
Pour ne pas tomber dans
ce régime d’un seul
homme, il est essentiel
que la représentation
nationale, les forces vives
du pays, des partis
politiques aux syndicats,
les associations, soient
parties prenantes, se
fassent entendre et
prennent toutes leurs
parts. Il faut aussi que
la solidarité nationale
s’attache au sort des
plus fragiles, des plus
précaires. Avec les
D irecteur de l’Institut Méditerranée
Didier Raoult est l’un des 11 experts du co-
personnes âgées isolées,
ils sont en première
ligne et seront les
spremières victimes
sociales de cette vie au
ralenti. Les mesures
annoncées seront-elles
efficaces ? Réponse dans
les prochaines semaines.
’est avec un ton martial, gne du service des armées sera dé-
martelant à plusieurs re- ployé en Alsace », a annoncé
prises que le pays était Emmanuel Macron et les mili-
e1n « guerre sanitaire » taires seront aussi chargés de
qu’Emmanuel Macron a réali- déplacer les malades pour dés-
sé sa deuxième allocution sur engorger les structures.
le coronavirus en 4 jours. S’en Concernant les personnels soi-
référant toujours aux scienti- gnants, outre les écoles mainte-
fiques - Jérôme Salomon, direc- nues ouvertes pour accueillir
teur de la santé publique ayant leurs enfants, taxis et hôtels se-
alerté plus tôt dans la journée ront « mobilisés à leur profit ».
sur « la situation très inquié-
tante » et qui « se détériore très Élection : seul le second
vite » le président de la tour est reporté
République a annoncé une « forte Alors que toutes les théories
réduction des déplacements ». constitutionnalistes avaient
circulé depuis dimanche,
Déplacements limités Emmanuel Macron a tranché
Ce confinement est prévu dans le sens réclamé par la tota-
« pour 15 jours au moins » afin lité des partis politiques. Seul
de « limiter au maximum les le second tour des municipales
contacts ». Les seuls trajets dé- sera reporté - au 21 juin comme
sormais tolérés sont ceux per- l’avait dit plus tôt dans la jour-
mettant de faire ses courses, se née Édouard Philippe aux chefs Emmanuel Macron a, comme raient seraient rapatriés.
soigner mais aussi « un peu d’ac- de file des différents groupes à jeudi dernier, tenu à rassurer Le président français rêve
tivité physique ». Dans les en- l’Assemblée nationale. Les ré- les entreprises, les salariés et d’impulser une dynamique eu-
treprises, le télétravail est im- sultats du premier tour seront les indépendants (lire ci-con- ropéenne. Les dirigeants des
pérativement réclamé quand confirmés et les 30 000 maires tre). « Aucune entreprise, quelle 27 se réunissent d’ailleurs au-
il est possible et des aménage- déjà élus sur les 36 000 commu- que soit sa taille, ne sera aban- jourd’hui par visioconférence
ments sont demandés pour les nes garderont bien le siège dé- donné, aucun Français ne sera pour acter les propositions réa-
professions où ce travail à dis- croché dimanche. laissé sans ressource », a-t-il ain- lisées hier par la Commission
tance est impossible. Le non- si affirmé. Et d’avoir également européenne. Mais cette der-
respect est passible de sanc- Soutien aux entreprises un mot pour « les précaires », nière est vraiment à la peine.
tions allant de 38 à 135 euros. et salariés assurant qu’ils seraient « nour- Pour exemple, l’argent qu’elle
Alors que les annonces d’in- ris » et « protégés ». met sur la table pour aider à
Loi d’urgence terruption de production se surmonter la crise est de...
Macron a ensuite invoqué à sont multipliées tout au long Europe à la peine 8 milliards. En revanche le G7
plusieurs reprises la « guerre de la journée - Renault, PSA, Enfin, Emmanuel Macron - France, Allemagne, Italie,
sanitaire » pour justifier la de- Michelin - que les restaurants a annoncé que l’Europe avait dé- Royaume-Uni, Canada, États-
mande faite en urgence aux et magasins non alimentaires cidé de fermer ses frontières Unis et Japon - a promis de se
Parlementaires d’examiner dès sont fermés et que les compa- au niveau de Schengen à partir « coordonner » et d’apporter
jeudi un projet de loi pour per- gnies aériennes disent toutes d’aujourd’hui mais garantit « une réponse forte ».
mettre au gouvernement de réduire leur trafic de 70 à 90 %, que les Français qui le désire- Angélique Schaller
Le message de l’OMS : « testez, testez, testez ! »
Tester et traiter, mieux que la par la quarantaine, c’était plutôt 15e, 16e a-t-il dit. Et le directeur de l’OMS de sou-
confiner : le message du professeur siècle », introduit le professeur Raoult avant ligner que cette stratégie a montré des ef-
de lâcher : « À l’époque actuelle, on doit faire fets positifs en Chine, en Corée du Sud et
Raoult mais aussi de l’OMS. autrement. Aujourd’hui, avec une maladie à Singapour. Insistant sur les capacités
infectieuse, on doit diagnostiquer, traiter. » médicales, « particulièrement cruciales »
Infection à Marseille, le professeur
Un propos confirmé plus tard dans la
journée par l’Organisation mondiale de
la santé (OMS) qui a appelé tous les pays à
et remarquant que même les pays dotés
de systèmes de santé performants luttent
pour éviter la saturation, il a affirmé que
mité pluridisciplinaire formé en mars accentuer les programmes de dépistage « tous les pays devraient pouvoir tester tous
pour conseiller le gouvernement, il mène de la population qu’elle présente comme la les cas suspects, on ne peut pas combattre
un essai clinique sur un vieux médica- meilleure manière de ralentir la progres- cette pandémie à l’aveugle ». Et d’estimer
ment antipaludique utilisé en Chine con- sion de la pandémie. « Nous avons un mes- que, dans ce domaine, « l’économie de mar-
tre le Covid-19. Lundi 16 mars, il a affirmé sage simple à tous les pays : testez, testez, ché a échoué ».
sur Youtube que le confinement « n’est pas testez les gens », a dit le directeur général Responsable des opérations à l’OMS,
la stratégie d’un monde technologique », Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une Paul Molinaro a insisté sur la nécessité
estimant plus efficace de dépister et trai- conférence de presse à Genève. « Sans test de produire « à une échelle industrielle »
ter, comme l’ont fait selon lui la Chine et la de dépistage, on ne peut pas isoler les pa- les tests de dépistage et les équipements
Corée du Sud. tients contaminés par le coronavirus et la de protection.
« Les maladies contagieuses on traitait ce- chaîne d’infection ne peut pas être brisée », A.S.
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 3
L’ÉVÉNEMENT / CORONAVIRUS

Économie : un soutien en urgence

ENTREPRISES
Muriel Pénicaud a élargi
le champ du chômage
partiel, reculé la mise
en œuvre de la réforme
chômage et promis
de s’occuper des
indépendants.

L
a ministre du Travail
Muriel Pénicaud a annon-
cé lundi 16 mars la mise
en place d’un « système similaire
au chômage partiel » pour les
personnes employées à domi-
cile (assistantes maternelles,
femmes de ménage...) qui n’ont
plus de travail ou ont moins de
travail. Les employeurs conti-
nueront de les rémunérer à hau-
teur de 80 % de leur salaire ha-
bituel et ils se feront ensuite
rembourser. Muriel Pénicaud
s’est également avancé auprès
des indépendants en leur pro-
mettant des annonces rapides
pour compenser les chiffres d’af-
faires perdus, « soit par un fonds
d’indemnisation, soit par une
dérogation aux arrêts maladie ».
La ministre s’est également
exprimée sur la réforme chô-
mage. Celle-ci devait entrer en
vigueur en avril. Or, le nouveau
mode de calcul a pour consé-
quence de baisser singulière- Selon « les Echos », Bruno le Maire a annoncé mardi 17 mars un plan de 45 milliards pour contrer les effets du coronavirus sur les
ment les allocations. Aussi les entreprises et les salariés. PHOTO AFP
syndicats avaient-ils demandé
a minima le report - la CFDT - 12 à 18 mois. Ces propositions fité de cette annonce pour rap-
au mieux l’annulation - la CGT sont faites pour les entreprises peler que les entreprises pou-
et FO. Sans surprise, Muriel de toutes tailles. vaient demander le report du Retraites : réforme suspendue et
Pénicaud a opté pour un report
à septembre. Du cash pour les PME
paiement des charges sociales
et fiscales sur simple mail aux
conférence des syndicats reportée
De nouvelles mesures ont En revanche, la BPI a ciblé services de l’État. Emmanuel Macron a annoncé hier que « toutes les
également été annoncées en fa- des propostions sur les TPE, Ainsi plus que soutenues réformes en cours étaient suspendues, à commencer par la
veur des entreprises alors même les PME et les ETI (taille inter- par l’État, les banques ne pou- réforme des retraites ». Un peu plus tôt dans la journée, la
que Renault, PSA ou Michelin médiaire) pour leur permettre vaient pas faire moins que com- CFE-CGC avait fait savoir que les syndicats opposés à la
annonçaient interrompre les d’avoir du cash en direct. Elle muniquer également sur un réforme des retraites ont décidé de reporter leur
productions. La banque publi- propose ainsi des prêts sans be- plan de soutien aux entrepri- conférence de financement prévue le 24 mars, à cause de la
que d’investissement garantit soin de garantie sur 3 à 5 ans ses. C’est ce qu’elles ont fait via crise du coronavirus, a annoncé hier la CFE-CGC dans un
à hauteur de 90 % les prêts que « avec un différé important de la fédération bancaire fran- communiqué. Cette « vraie conférence » devait se tenir au
les banques accordent aux entre- remboursement ». Depuis hier çaise (FBF). Celle-ci a annoncé Conseil économique, social et environnemental (Cese) à
prises pour une période de elle a suspendu les échéances de le décalage des rembourse- l’initiative des syndicats CGT, Force ouvrière, CFE-CGC,
3 à 7 ans afin de leur permettre prêts antérieurs. Elle s’engage ments de crédits jusqu’à 6 mois FSU et Solidaires, opposés au projet d’un système
de faire face à la crise. Elle fait également sur les factures que sans frais et sans pénalités, no- universel des retraites par points. Parmi les objectifs,
de même pour les découverts doivent honorer les entrepri- tamment pour les commer- regarder ce que donnerait une hausse des cotisations
des sociétés si les banques les ses si ces dernières ne peuvent çants, professionnels, petites patronales pour équilibrer les retraites, ce qu’Édouard
acceptent pour une période de pas le faire. Enfin, la BPI a pro- et moyennes entreprises. A.S. Philippe avait d’emblée interdit. A.S.

RÉACTIONS
Fabien Roussel, PCF : « La priorité doit
être la mobilisation de la nation tout
entière contre la pandémie. Nous
proposons la mise en place d’une
instance, un Comité d’urgence
nationale, où les forces politiques
et les organisations syndicales et
professionnelles se retrouveront.
La gravité de la situation impose
la transparence totale avec l’ensemble
des forces vives du pays. Le Parlement
doit aussi être réuni, sous des formes
à définir, pour prendre les décisions
exceptionnelles que la situation
exigera. »
Olivier Faure, PS : « C’est une guerre
contre le virus qui s’engage. Nous
devons chacun y prendre notre part.
De ce point de vue je regrette que le
président n’ait pas été plus précis.
Il faut poser les mots. Nous devons
passer à un confinement à l’italienne.
Nous ne pouvons plus perdre de
temps, annoncer des mesures
graduelles toutes les 24 heures.
Il faut frapper fort. Si nous sommes
en guerre chacun doit savoir quel rôle
il doit tenir. »
Julien Bayou, EELV : «Une rhétorique
guerrière inutile mais un confinement
flou, pas assez strict, sans contrôle
démocratique. Le conseil scientifique
évoquait un confinement total à
l’italienne suivons cet avis pour
protéger la population. »
Jean-Luc Mélenchon, FI : « Je sais que
beaucoup d’entre vous sont perturbés
par le fait que je dise « ce n’est pas le
moment de la polémique, ce n’est pas
le moment de la dispute », parce que
vous voyez comme moi les failles dans
le dispositif gouvernemental. La fin
de semaine a été particulièrement
calamiteuse. On sent toujours une
sorte de flou dans les propos du
président de la République. Non,
il faut se confiner maintenant. »
Intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires)
« Face à la crise sanitaire mondiale
obligeant chacune et chacun à
respecter les consignes de protection
pour contenir la propagation du virus,
nos organisations syndicales et de
jeunesse ont décidé de suspendre
jusqu’à nouvel ordre les actions
programmées. »
Quid des municipales ?
L’intervention du ministre de
l’Intérieur, Christophe Castaner, a
permis d’y voir (un peu) plus clair
sur le second tour. La limite de dépôt
des listes de second tour initialement
prévue aujourd’hui est reportée
jusqu’à nouvel ordre de même que le
second tour lui-même qui pourrait se
tenir le 21 juin selon une proposition
du Premier ministre. Les maires et
conseils municipaux élus au premier
tour le restent. Les résultats dans les
autres communes sont validés. Dans
les intercommunalités, un régime
dérogatoire verra la désignation d’un
président temporaire par les élus au
premier tour et les élus maintenus
dans leur mandat dans l’attente du
second.
4 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
L’ÉVÉNEMENT / CORONAVIRUS
« Le seul moyen de diminuer
l’épidémie, c’est de rester confiné »
ENTRETIEN
La France entame, à l’instar
de la Chine, de l’Italie ou de la
Corée du Sud, une étape cruciale
pour endiguer l’épidémie.
Épidémiologiste et
biostatisticien à l’hôpital de la
Timone, Jean Gaudart explique
l’enjeu des mesures qui
vont entrer en vigueur
dès aujourd’hui.
La Marseillaise : Quelles
informations relevez-vous en
analysant l’évolution mondiale
de l’épidémie ?
Jean Gaudart : Au niveau mondial et se-
lon les données qui sont disponibles, il
existe une grande disparité d’évolution
épidémique. Tout d’abord du fait que cer-
tains épisodes épidémiques ont démar-
ré de manière décalée, plus ou moins im-
portante d’un pays à l’autre. Et le deuxième
élément réside dans le fait que la ma-
nière de compter les malades peut être
très différente selon le pays, ce qui rend
délicate une analyse globale des chiffres.
Certains pays testent toutes les person-
nes symptomatiques, cela a été le cas en
Corée du Sud. Par conséquent, on comp-
te beaucoup de malades. Alors que dans
d’autres pays comme la France, on ne
teste plus que les personnes qui présen-
tent des symptômes importants. Or, les
personnes qui n’ont pas ou peu de symp-
tômes sont tout de même contagieuses.
En Europe, les pays sortant du lot de ma-
nière négative sont l’Italie et l’Espagne,
ainsi que la France et l’Allemagne. L’épi-
démie progresse de manière toujours
importante en Italie. En France, elle aug-
mente de manière explosive. L’Espagne
et l’Allemagne suivent également les mê-
mes chemins.
Les indicateurs épidémiologiques
en Italie sont inquiétants,
notamment le taux de létalité
très élevé de la maladie.
La France fera-t-elle face
aux mêmes difficultés ?
J.G. : Si on ne fait rien, ce sera pire. Si on
met en place des mesures de confinement
massives dès aujourd’hui, cela peut être
moins important. Mais on est déjà en re-
tard par rapport à la dynamique épidémi-
que de l’Italie. On a environ 10 jours de re-
tard. Nous sommes toujours à courir
après les chiffres : les décès qui arrive-
ront dans 10 jours sont les personnes qui
sont contaminées aujourd’hui.
Un des gros problèmes qui apparaît dé-
jà dans le grand Est, c’est que les hôpi-
taux sont totalement submergés : pas
assez de lits de réanimation, pas assez
de matériel tels que des masques ou des
ré au début l’épidémie à une grippe, sans
avoir les informations du terrain dispo-
nibles, ce qui était néanmoins très com-
pliqué car pas grand monde ne pouvait
disposer de ces informations pour faire
des prévisions. Beaucoup d’entre nous ont
été bluffés. Ce qui a pu influencer des
comportements individuels irration-
nels, comme braver la maladie pour évi-
ter d’avoir peur.
Comment la typologie
des patients évolue-t-elle ?
J.G. : C’est toujours compliqué d’évaluer
la fiabilité des chiffres, mais ce qui sem-
ble ressortir, c’est qu’un très grand nom-
bre de personnes doivent être contami-
nées, avec très peu de symptômes. En re-
vanche malheureusement, même si leur
pourcentage demeure faible, en volume,
il y aura de plus en plus de cas graves, et
de plus en plus de décès.
La typologie des personnes contaminées
au début de l’épidémie concernait essen-
tiellement des personnes très âgées et
vulnérables. Au fur et à mesure que le
nombre de cas graves augmente, on ob-
serve un nombre non négligeable de pa-
tients plus jeunes, de 40 à 60 ans, qui sont
aussi des cas sévères. Or, pour tout cas
Alors que l’épidémie semble être enrayée en Chine et en Corée du Sud, le virus se sévère qui doit mériter une réanimation,
propage activement en Europe, suivant une trajectoire similaire dans plusieurs nécessitant 15 jours à trois semaines d’as-
pays. INFOGRAPHIE JEAN GAUDART sistance respiratoire, cela bloque un lit
pour le suivant.
gels hydroalcooliques, et la vague va nos concitoyens respectent les consignes.
arriver à Marseille. Ce qu’on avait mal J’étais effaré de voir le soir du premier Les mesures de confinement
anticipé, c’est le débordement complet tour des élections, des groupes de per- ont-elles déjà fait effet ailleurs ?
des services de santé. On nous rabâche sonnes qui se promenaient en foule, ou J.G. : Les mesures de confinement ra-
qu’on a le meilleur système de santé du des regroupements et des scènes de liesse lentissent la progression épidémiologi-
monde alors qu’il se dégrade depuis dans les permanences des partis politi- que. Elles ont porté leurs fruits en Chine.
longtemps, et qu’il va très difficilement ques. C’est véritablement ce qui est à ban- En espagne et en Italie, c’est encore trop
absorber le tsunami qui nous arrive. nir. Il faut éviter au maximum de sortir, tôt pour le dire. En Corée du Sud, s’il n’y
Donc prenons au sérieux les alertes de et plus on sera respectueux de ces consi- a pas eu de confinement strict, une cam-
nos collègues qui travaillent dans ces gnes, plus on soutiendra les soignants pagne massive de dépistage, de traçage
régions et préparons-nous. Le seul moyen dans les hôpitaux, plus on sauvera des des personnes dépistées et le respect
de diminuer le nombre de cas sévères vies. Le risque, en cas de débordement scrupuleux des règles sanitaires a per-
hospitalisés, c’est de rester confiné. des services hospitaliers, c’est d’être obli- mis d’avoir une décroissance du nom-
gé de choisir, entre deux patients sévè- bre de cas assez importante, même si un
Sommes-nous en retard par res, lequel doit être réanimé. deuxième épisode épidémique était an-
rapport à l’Italie, concernant noncé hier à cause d’un rassemblement
l’adoption de mesures religieux. Le moindre relâchement con-
de confinement ? « Il faut éviter au maximum cernant les mesures de sécurité sani-
J.G. : Il semble que nous sommes en re- de sortir, et plus on sera taire peut entraîner une résurgence du
tard par rapport à la dynamique épidé- virus, tant que nous nous trouvons dans
mique. Probablement aurions-nous dû respectueux de ces une phase ascendante de l’épidémie.
adopter des mesures de confinement consignes, plus on soutiendra
au moins la semaine dernière, mais il les soignants dans Peut-on envisager que le virus
était difficile de l’appréhender. Donc disparaisse ? Ou d’autres foyers
oui, au regard des chiffres aujourd’hui, les hôpitaux, plus on sauvera apparaîtront à nouveau à cause
nous sommes en retard dans la mise en des vies » de la circulation du virus ?
place de ces mesures restrictives. J.G. : Oui, a priori, on se débarrassera
Y a-t-il eu une communication du virus grâce à l’immunité de population.
Cela signifie-t-il que l’on hasardeuse de la part de certains C’est-à-dire lorsqu’une grande partie de
connaîtra au moins autant de scientifiques et experts au début la population aura été en contact avec le
morts, voire plus qu’en Italie ? de l’épidémie ? virus. Cela correspondrait à environ
J.G. : Tout va dépendre de la manière dont J.G. : Certains scientifiques ont compa- 60 à 70 % des personnes en contact avec
le virus selon certains travaux, dont la
grande majorité est asymptomatique ou
Des labos lancent un essai pour un traitement présente des symptômes bénins.
Le laboratoire français Sanofi et l’américain Regeneron ont annoncé hier Vous parliez de vague épidémique
avoir débuté un essai clinique pour évaluer leur médicament Kevzara dans dans la région. La région Paca était
le traitement des patients hospitalisés avec une forme sévère du nouveau un peu moins touchée qu’ailleurs,
coronavirus. Regeneron mènera l’essai aux États-Unis, tandis que Sanofi sera sera-t-elle épargnée grâce à ces me-
en charge des essais à venir dans le reste du monde, notamment en Italie. sures ?
Ce médicament est un immunosuppresseur développé en commun par Sanofi J.G. : On espère, mais on observe tou-
avec Regeneron, lancé en 2017 pour traiter la polyarthrite rhumatoïde. jours 10 jours de décalage. Les cas gra-
Il pourrait, précisent les deux laboratoires, jouer un rôle dans la réponse ves qui surviendront dans dix jours
inflammatoire des poumons des patients sévèrement touchés par le Covid-19. sont les personnes contaminées au-
Parallèlement, Sanofi travaille sur le développement d’un vaccin contre jourd’hui. Donc il faut rester chez soi
le nouveau coronavirus, associé au ministère américain de la Santé. AFP dès aujourd’hui.
Entretien réalisé par Benjamin Grinda
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 5
L’ÉVÉNEMENT / CORONAVIRUS

Face au “manque de protection”, des

facteurs font jouer leur droit de retrait
SÉCURITÉ les missions indispensables
soient redéfinies avant toute
Le confinement a chose mais la direction a esti-
commencé mais les mé que toute l’activité devait
être assurée», a-t-il déploré, évo-
facteurs à qui on quant un «silence au sujet des
demande d’assurer la personnes contaminées».
continuité du service A Rennes, «une partie des
s’inquiètent. postiers est restée chez elle, mais
beaucoup se sont déplacés sur
leur lieu de travail. Le bureau

L
a distribution du cour-
rier est maintenue mar-
di 17 mars mais des fac-
teurs ont fait valoir leur droit
de retrait partout sur le terri-
toire, jugeant les mesures pri-
ses par La Poste insuffisantes
pour protéger leur santé et celle
du public face au coronavirus.
«Une bouteille d’eau, un pa-
quet de mouchoirs jetables et un
sac poubelle: c’est tout ce que la
Poste a fourni aux facteurs au
lendemain de l’allocution du
président de la République an-
nonçant le confinement»des
Français, a dénoncé François
Marchive, responsable de Sud
PTT Isère-Savoie.
Chargé de la distribution du
courrier, il s’insurge: «Des me-
sures ont été prises dans les bu-
reaux de poste, mais du côté des
facteurs, rien n’est fait! Les
agents mettent leur vie en dan-
ger».
«On va demander à être re-
çu par le préfet et à avoir un
contact avec le cabinet du mi-
nistre de la Santé»Olivier
Véran, ancien député de l’Isère,
a-t-il ajouté.
Interrogée par l’AFP, la di-
rection de La Poste est restée si-
Certains postiers ont fait jouer le droit de retrait, à Montpellier la direction a contesté ce droit.
PHOTO AFP
lencieuse sur le droit de retrait
et sur de possibles cas de con-
tamination. Elle assure, dans
un communiqué, réitérer «les
consignes en vigueur» (se laver
les mains, tousser ou éternuer
dans son coude, respecter un
mètre de distance...etc) et dit
«compter» sur «la solidarité et
la responsabilité de tous pour les
respecter», en attendant de re-
cevoir du gel hydroalcoolique
pour ses 2.300 sites de la bran-
che services courrier colis et les
bureaux de poste.
Selon la direction,«1.600 bu-
reaux de poste» étaient ouverts
mardi 17 sur 7.740, assurant
«les opérations prioritaires :
services bancaires prioritaires,
retrait des instances, dépôts des
envois...». «80% des factrices et
des facteurs, soit environ 55.000»,
assuraient leurs tournées.
Des postiers «ont exercé leur
droit de retrait à Marseille, Lille,
Lorient, Toulouse, Caen,
Vitrolles, Paris, Chambéry, Le
Mans, Bayonne, Bergerac,
Montpellier, Sarlat, en Seine-
Saint-Denis, dans le Puy-de-
Dôme, l’Aube, la Haute-
Normandie, en Gironde, dans
le Finistère, le Val-de-Marne,
la Sarthe et les Hauts-de-Seine,
et la colère monte un peu par-
tout sur le territoire pour les
mêmes raisons, certains direc-
teurs locaux tentant de s’y oppo-
ser», a affirmé de son côté SUD-
PTT, qui dénonce «un manque
de protection élémentaire».
«A Paris, l’ensemble des fé-
dérations syndicales (CGT,
CFDT, FO, SUD-PTT, Unsa,
CFTC, CGC) ont dénoncé les
pressions exercées sur les sala-
riés dans l’exercice de leur droit
de retrait», a indiqué Eddy
Talbot (SUD-PTT).
Lors d’une réunion avec la
direction des ressources hu-
maines du groupe, les syndi-
cats ont aussi demandé «que
de tri de Rennes-la-Criée a exer-
cé en totalité son droit de retrait
avec 25-30 salariés», a précisé
à l’AFP Serge Bourgin, secré-
taire départemental Sud-PTT
35, qui «appelle tous les postiers
à faire valoir ce droit dans les
plus brefs délais».
Selon lui, le mécontente-
ment est fort à la plateforme
industrielle courrier (PIC) de
Rennes, un établissement qui
compte 410 salariés, «mainte-
nus au travail sur les machi-
nes de tri, malgré les deman-
des de droit de retrait et alors
qu’il y a des cas de contamina-
tion avérés».
«La direction de La Poste veut
maintenir l’activité. Hier, il y
avait un peu plus de 350 bu-
reaux de poste ouverts, au-
jourd’hui 69, il y a eu 4 bureaux
avec des gens malades, fermés
en catastrophe», a ajouté ce
syndicaliste.
A Montpellier, «la direction
conteste le droit (de retrait) mais
un certain nombre de postiers
ont cessé le travail via des certi-
ficats médicaux» selon Emeric
Bazalgette, de la CGT activités
postales et télécommunica-
tions de l’Hérault.

LE BILLET D’ANDRÉ CICCODICOLA

Non ça n’est pas la guerre, ou alors …

N
ous traversons des moments dif-
ficiles, tragiques mêmes. Il est
donc normal que le Président
nous éclaire et nous invite à l’action
dès lors qu’elle est aussi du ressort de
chacun. Mais fallait-il pour autant ré-
péter à satiété « la France est en guerre » ?
En guerre… six fois Emmanuel
Macron a martelé ce mot terrible
lors de son allocution du 16 mars à
20 heures. Non, Monsieur le Président
notre pays n’est pas en guerre, mais
en butte à une pandémie : celle du co-
ronavirus. C’est sans doute par igno-
rance et pour ne pas avoir vécu ces épi-
sodes dévastateurs pour l’humanité,
qu’il s’est permis cette référence.
Jeter ces mots terribles au visage
de 35 millions de téléspectateurs
avait un dessein : faire peur. C’est ce
qu’ont justifié certains commenta-
teurs. Et bien non, les Français sont
des êtres matures, ils n’ont pas besoin
qu’on leur fasse peur, comme on le fe-
rait (à tord) avec un enfant sous pré-
texte de lui éviter quelques dangers.
Procéder ainsi, c’est infantili-
ser nos compatriotes, quand au con-
traire, il faut faire appel au sens des
responsabilités. Il y a une forme d’ir-
respect dans cet acte présidentiel. Il
reflète la condescendance viscérale
des classes dirigeantes à l’égard du
peuple, supposé par elles, inculte et
irresponsable.
En évoquant l’état de guerre,
Emmanuel Macron s’est virtuelle-
ment défait du rôle de président civil
démocratiquement élu, pour endos-
ser la panoplie d’un général en chef.
Qu’espère t-il d’une telle posture ?
Si guerre il y a, comme le dit le
Président, nous pouvons lui repro-
cher de nous avoir mis dans les plus
mauvaises conditions pour l’af-
fronter. Il a désarmé le corps médi-
cal en amputant systématiquement
les budgets consacrés à la santé. « On
a encore demandé aux hôpitaux de faire
960 millions d'euros d'économies pour
compenser la hausse naturelle des dé-
penses» , s’alar mait déjà en 2018
Frédéric Valletoux, président de la
Fédération des hôpitaux de France.
Et il ajoutait « Et pour 2019 ? Cela ne
va pas changer, car l'hôpital est prié de
réduire ses dépenses de 650 millions
d'euros. »
L’hôpital a été mis à la diète et
dans la rue. Nous avons été les té-
moins d’incessantes manifestations
d’hospitaliers souvent brutalement
réprimées. Nous risquons de payer
très cher cette vision comptable de la
santé. Elle procède d’un choix politi-
que global visant à abaisser la dépense
publique notamment pour diminuer
sans cesse l’impôt dû par les entrepri-
ses industrielles et financières et ac-
croitre leurs dividendes.
Dans son allocution du 16 mars
le président a annoncé que nous
ne sortirions pas de cette crise
comme nous y sommes rentrés.
« Le jour d’après ne sera pas comme
le jour d’avant » a-t-il précisé. Sauf
une révolution personnelle, l’expé-
rience nous fait douter. Le 8 septem-
bre 2018, à Marseille nous avions briè-
vement dialogué en tête à tête avec le
Président à propos du plan pauvreté
qu’il devait présenter à la Nation quel-
ques jours plus tard. Il nous affirmait
sûr de son fait : « Vous allez être sur-
pris ! ». Nous l’avons été : selon l’IN-
SEE, en 2019 la France comptait 9,3
millions de pauvres soit 300 000 de
plus qu’en 2017, année de son élec-
tion à la présidence! Et tout porte à
croire qu’ils seront encore plus nom-
breux dans les mois à venir.
Par la voix du très droitier minis-
tre Bruno Le Maire, on nous an-
nonce de possibles nationalisations
afin de sauver des grandes entreprises
mises à mal par la crise actuelle. C’est
parfaitement souhaitable et accepta-
ble, à une condition toutefois : que ces
entreprises ne soient pas bradées au
privé une fois qu’elles auront recouvré
leur santé économique et renoué avec
les bénéfices. Ces bénéfices devront
alors profiter à leur développement, à
celui de la Nation et au bien être de
ses membres.
6 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
L’ÉVÉNEMENT / L’OCCITANIE À L’ÉPREUVE DU CORONAVIRUS
Covid-19 : 39 cas dans le Gard, un
1er décès, 137 cas dans l’Hérault
SYNTHÈSE
Etat des lieux de
l’épidémie de Covid-19 en
Occitanie et de ses
conséquences.
M
ercredi 18 mars en dé-
but de soirée, l’Agence
Régionale de Santé
(ARS) comptabilisait « 389 cas
confirmés de coronavirus en
Occitanie (ndlr : soit 76 de plus
par rapport au mardi 17), avec
99 hospitalisations en cours,
dont 37 en réanimation, et 10 dé-
cès à ce jour. » Le 1er décès dans
le Gard s’est produit jeudi 19
au CHU de Nîmes. En tête des
départements les plus touchés
par le Covid-19: l’Hérault (137
cas), la Haute-Garonne (57),
l’Aude (42), le Gard (39)...
Alors que l’épidémie gagne
du terrain, le CHU de
Montpellier a lancé, le 16 mars,
un « appel au civisme pour assu-
rer le bon usage de ses services. »
Il rappelle à la population : « En
cas de symptômes bénins (toux,
écoulement nasal, fièvre modé-
rée), restez chez vous et, si be-
soin, appelez votre médecin trai-
tant. N’appelez le Samu- Centre
15 qu’en cas de suspicion d’in-
fection pulmonaire (forte fièvre,
douleur respiratoire). Pour toute
question relative au Covid-19,
appelez le numéro national gra-
tuit : 0 800 130 000. » Les urgen-
ces du CHU n’accueillent quant
à elles plus « les patients sans
aucun signe de gravité. »
L’Etablissement français du
sang (EFS) a fait savoir, jeudi,
le besoin urgent (et vital!) qu’il
avait de sang pour soigner les
malades. « La collecte de sang
ne peut être interrompue durant
la période de confinement : les
réserves actuelles en globules
rouges sont de moins de 15 jours
et en plaquettes de moins de 3
jours », a-t-il indiqué. Les cen-
tres de collectes continuent à
Sans abri : des solutions se mettent en place
PRÉCARITÉ
A Montpellier au moins
2 000 personnes seraient
à la rue ou en habitat
précaire.
C onfiner des personnes sans-
abri dans des gymnases
comme proposé à Paris ou
Montpellier n’est pas la solu-
tion pour lutter contre le coro-
navirus: il faut des héberge-
ment permettant l’autonomie,
a assuré à l’AFP la responsa-
ble de la Fondation Abbé Pierre
pour l’Occitanie.
Dans un gymnase, «les sani-
Entourée par des cafés vides, la place Jean Jaurès à Montpellier, d’habitude haut lieu de sociabilité,
comptait, le lundi 16 mars, plus de pigeons que d’humains... PHOTO C.VINGTRINIER
accueillir les donneurs. Pour
savoir où et quand donner, ren-
dez-vous sur donde-
sang.efs.sante.fr ou sur l’appli
« Don de sang ».
Après avoir relayé sur son
territoire les mesures nationa-
les liées à la gestion de l’épidé-
mie de coronavirus, la préfec-
ture de l’Hérault a pris jeudi 19
un arrêté interdisant jusqu’au
31 mars l’accès aux plages et
au lac du Salagou. Pour le lit-
toral, sont concernées les com-
munes de La Grande-Motte,
Mauguio-Carnon, Palavas-les-
Flots, Villeneuve-lès-
Maguelone, Frontignan, Sète,
Marseillan, Agde, Vias,
Sérignan, Valras, Vic-la-
Gardiole, Balaruc-les-Bains,
Vendres, Mèze, Bouzigues,
Portiragnes. L’interdiction s’ap-
plique aussi aux plages du lac
du Salagou situées sur les com-
munes de Clermont-L’Hérault,
Celles, Lacoste, Liausson,
taires ne sont pas prévus pour
accueillir autant de monde qui
va vivre sur site. Et puis ça veut
dire que les gens sont confinés
ensemble et dans le même en-
droit», souligne Sylvie
Chamvoux. Si des personnes
sans-abri s’enfuient par peur
de la contagion, il leur sera en-
core plus difficile de s’alimen-
ter et de se soigner, prévient-
elle. «Il faut trouver des solu-
tions qui permettent aux gens
d’être le plus autonome possi-
ble», notamment des héberge-
ments individualisés où l’on
peut cuisiner, explique-t-elle à
propos de la situation à
Montpellier où au moins 2 000
Mérifon, Octon et Le Puech.
Don spontané de masques
au CHU de Nîmes
La solidarité, elle, s’orga-
nise. Le Département de
l’Hérault a mis à disposition 29
collèges pour l’accueil des en-
fants des médecins et person-
nels soignants. Le syndicat CGT
Energie 30 a quant à lui contac-
té son homologue au CHU de
Nîmes pour lui faire passer un
stock de masques chirurgicaux
3 plis destinés à la protection
des salariés lors d’une précé-
dente pandémie. Mais tout ne se
déroule pas aussi bien qu’il le
faudrait. Mercredi 18, l’Union
départementale CGT 30 a écrit
une lettre ouverte au préfet du
Gard pour l’alerter sur le fait
que nombre d’entreprises ne
respectaient pas les consignes
quant à l’information et la pro-
tection des salariés contre le
Covid-19. Elle l’a exhorté à faire
personnes seraient à la rue ou
en habitat précaire.
Ces personnes, qui «ont be-
soin de se poser comme tout le
monde et doivent normalement
respecter le confinement» au-
ront besoin d’un lieu fermé in-
dividuel si elles tombent ma-
lades du coronavirus.
Elles devront être encadrées
par des «travailleurs sociaux
eux aussi protégés», ajoute la
directrice régionale de la FAP,
ONG spécialisée dans les ques-
tions de logement.
Mme Chamvoux préconise la
mise à disposition ou la réqui-
sition par le préfet de bâtiments
ou d’hôtels vides faute de clients.
que ses services « veillent à une
application stricte des décisions
prises.» Le syndicat SNU Pôle
Emploi a adressé un courrier
au directeur régional des agen-
ces d’Occitanie le 17 et dépo-
sé un DGI (Danger Grave et
Imminent) le même jour. Le
18, le Comité social et écono-
mique qui s’est réuni a jugé
à l’unanimité « les mesures
proposées par l’établissement
insuffisantes pour arrêter la
mise en danger du personnel
sur les sites. » Le CSE a deman-
dé la fermeture des agences
tant que le matériel de pro-
tection des salariés ne serait
pas distribué. Dans l’attente
de ces mesures, le syndicat
appelle les salariés présents
sur site à exercer leur droit
de retrait.
Dans une lettre ouverte à
Pierre Richter, directeur régio-
nal du Crous (Centre régional
des œuvres universitaires et
Le préfet de l’Hérault Jacques
Witkowski a expliqué avoir
pris des mesures depuis la veille
pour les SDF: «Le principe de
base est d’héberger tout le monde
et de confiner tout le monde».
A Montpellier, «j’ai mobili-
sé 30 chambres supplémentai-
res d’hôtel au dispositif normal.
Elles n’ont pas toutes été prises
hier soir. Par ailleurs nous som-
mes en train d’installer deux
«spots» que j’ai demandés au
maire de Montpellier de mettre
à ma disposition qui sont deux
gymnases dans lesquels on met-
trait 25 personnes dans un lieu
très grand avec des aménage-
ments sous forme de box», ajoute
389
cas de coronavirus confirmés
en Occitanie le 18 mars au soir
selon l’Agence régionale de
santé (ARS), avec « 99
hospitalisations en cours,
dont 37 en réanimation, et 10
décès à ce jour». Répartition
des 389 cas : Hérault (137),
Haute-Garonne (57), Aude
(42), Gard (39), P-O (26),
Aveyron (22), Tarn (13), Gers
(12), Lozère (8), Tarn-et-
Garonne (8), Hautes-Pyrénées
(7), Lot (4), Ariège (2).
1er décès dû au Covid-19
dans le Gard : il s’est produit
jeudi 19 au CHU de Nîmes.
29 collèges de l’Hérault
accueillent des enfants des
médecins et personnels soi-
gnants.
scolaires), le Syndicat de com-
bat universitaire de Montpellier
(Scum) déplore quant à lui la
gestion « contradictoire », dit-
il, de la crise liée au Covid-19
vis à vis des étudiants en cités
et résidences universitaires. Il
reproche notamment au Crous
d’avoir massivement encoura-
gé les étudiants à quitter
Montpellier et à rejoindre leurs
familles et contribué peut-être
à propager l’épidémie. Le Crous
ayant indiqué qu’il y avait « sus-
pension de loyer » à partir du 18
mars pour les étudiants ayant
quitté leur logement universi-
taire, le Scum dit vouloir sa-
voir si le loyer sera dû après la
crise. Il s’interroge quant au
moyen qu’aura le Crous de sa-
voir qui pourra bénéficier de
cette mesure, « des milliers d’étu-
diants étant partis de leur loge-
ment dans la précipitation, sans
en informer le Crous. »
Catherine Vingtrinier
J. Witkowski.
Le préfet est conscient que
certains SDF pourraient dans
ce contexte avoir «tendance à
fuir». «Il faut qu’on regarde ça.
C’est un sujet qui est national
visiblement. J’ai essayé d’être
pragmatique», assure-t-il.
Alors qu’à Montpellier, des
bénévoles se sont mis en retrait,
soit en raison de leur âge ou de
la peur de la contagion couplée
à la pénurie de masques de pro-
tection, le préfet lance un ap-
pel urgent pour maintenir les
distributions alimentaires: «On
a besoin de bénévoles, les bon-
nes volontés sont plus que ja-
mais les bienvenues».
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 7
L’ÉVÉNEMENT / L’OCCITANIE À L’ÉPREUVE DU CORONAVIRUS

S. Béjean : « Nous allons mettre à disposition

de familles qui ne sont pas équipées des
ordinateurs et des tablettes sous forme de prêt »
ÉDUCATION
Sophie Béjean est rectrice de
l’Académie de Montpellier.
Au lendemain de la fermeture
des écoles, collèges, lycées et
universités puis de l’annonce du
confinement, elle fait le point
sur l’organisation mise en place
pour assurer, jusqu’à nouvel
ordre, un enseignement à
distance.
La Marseillaise : En quoi consiste,
concrètement, la « continuité péda-
gogique » mise en place dans
l’Education nationale ?
Sophie Béjean : Notre objectif est de
permettre que les élèves puissent con-
tinuer à travailler, à progresser, à com-
pléter leur apprentissage. Pour ce faire,
ils peuvent - ainsi que leurs parents -
se connecter via un environnement nu-
mérique de travail (ENT), pour les éco-
les comme pour les collèges et lycées.
Via cet ENT, ils reçoivent de leur pro-
fesseur du travail, un micro emploi du
temps pour la journée ou la semaine,
des consignes de mise en œuvre des lec-
tures, des exercices, des choses à ap-
prendre... à alterner avec un temps de dé-
tente, car cela facilite la concentration.
Ce dispositif rend-il possible un
échange, une interactivité entre
les professeurs et les élèves ?
S. B. : Non seulement on veut donner
des conseils et des consignes aux élè-
ves, mais on veut surtout que les pro-
fesseurs puissent rester en relation avec
eux et même, dans certains cas, que les
élèves puissent interagir avec leurs ca-
marades.
Plusieurs ressources permettent cela :
via des chat, comme les jeunes connais-
sent bien, grâce à des logiciels éduca-
tifs pédagogiques ; via une réponse à
une question posée par l’élève à son pro-
fesseur ; ou enfin via les classes virtuel-
les, proposées en particulier par le
Centre national d’enseignement à dis-
tance (Cned). Les élèves ont des guides
de connexion, ils savent comment ça
fonctionne. Ce dispositif leur permet
de voir leurs camarades, leur profes-
seur et de se retrouver dans leur classe.
On a déjà des retours enthousiastes du
terrain.
Ces plates-formes d’enseignement
à distance ont rencontré de gros
problèmes de saturation...
S. B. : Comme c’est le début, il y a eu une
explosion des connexions. Lundi 16
mars, on a eu 118 000 connexions pour
les écoles et 265 000 pour les collèges et
lycées sur l’ensemble de la région. Il y
a eu des petits problèmes techniques,
c’est normal ; on a opéré un ajustement,
une augmentation des capacités et une
forme de régulation. Les élèves ont re-
çu des consignes pour se connecter de
préférence à telle heure et réserver du
temps de travail sur leurs cahiers ou
leurs livres à d’autres moments. Ils vont
avoir des micro emplois du temps sur la
journée de telle façon qu’ils sauront à
quel moment se connecter. Cela évitera
le problème qu’on a connu les premiers
jours.
On peut aussi conseiller aux parents
qui se connectent pour regarder les in-
formations de la journée ou de la se-
maine de ne pas oublier, après, de se dé-
connecter. Sinon ça encombre la capa-
cité des serveurs à emmagasiner tou-
tes les connexions simultanées.
Quid des personnes qui
n’auraient pas d’ordinateur, ou de
connexion internet ?
S.B. : On est attentif à ça. Il y a des fa-
milles et donc des enfants qui n’ont pas
forcément accès à ces ressources nu-
mériques, un ordinateur ou une tablette.
D’abord on a la possibilité d’utiliser le
téléphone pour envoyer des conseils
aux enfants, des consignes de travail.
Les professeurs le font.
Deux autres possibilités existent. Pour
les familles qui n’ont pas du tout accès
à internet et à un ordinateur, des docu-
ments papier pourront être collectés
auprès de l’école ou de l’établissement.
Les parents seront autorisés, sur des
plages données, à venir collecter ces do-
cuments. Et j’invite chaque famille à
appeler le directeur d’école ou le chef
d’établissement, qui lui apportera des
réponses.
Ensuite, et là c’est une belle solidari-
té, nous sommes en contact avec des
établissements d’enseignement supé-
rieur, des opérateurs du numérique et
des collectivités qui vont nous aider à
mettre à disposition de familles qui ne
sont pas équipées des ordinateurs et
des tablettes sous forme de prêt. On est
en train de mettre tout ça en place. Si
d’ailleurs des volontaires ou des entre-
prises ont du matériel obsolète qui n’est
plus utilisé mais pourrait servir à des
élèves, leurs propositions seront les
bienvenues.
Quelles sont les perspectives de
report éventuel des examens ?
S. B. : Les concours ou les examens qui
devaient avoir lieu dans les trois semai-
nes à venir ont été reportés, mais pour
les examens de fin d’année, à ce stade
[mercredi 18 mars, NDLR], le calendrier
est maintenu.
Entretien réalisé par Amélie Goursaud
* Pour toute question, un numéro
académique a été mis en place à
destination des familles : 04 67 91 49 30.

Pour Chrisine Boularasse, professeure de lycée

à Nîmes, les enseignants naviguent à vue
TÉMOIGNAGE
Après les décisions du
gouvernement de fermer
les établissements
scolaires et la mise en
place d’un confinement
d’une quinzaine de jours
minimum, les
enseignants ont dû
s’adapter. Une
expérience compliquée
pour Christiane
Boularasse, professeure
d’histoire-géographie au
Lycée Daudet à Nîmes et
membre de Sud
Education.
seulement la moitié était pré- nent la situation plus à la lé- confie-t-elle, elle soutient que
sente. Et on les sentait inquiets gère. « Pour certaines de mes le programme suivra son avan-
sur l’avancée du programme classes de 1ère, je n’ai toujours cée. « Je vais leur envoyer des re-
et sur l’impact que ça aura sur pas de nouvelles... J’ai l’impres- portages de l’INA et des exerci-
le baccalauréat », explique l’en- sion qu’ils se considèrent en va- ces types bac pour qu’il s’enri-
seignante depuis plus de 30 cances », confie-t-elle. Depuis les chissent. »
ans. nouvelles mesures mises en Mais si les enseignants ten-
Le gouvernement a ainsi place, l’enseignante retravaille tent tant bien que mal de
annoncé le maintien des cours ses cours pour les rendre ac- s’adapter à la situation, reste
grâce à l’ENT (environnement cessibles à tous. « On essaie de que les élèves, confinés chez
numérique de travail), sur le- leur donner des cours mais il eux avec leur famille, ne béné-
quel les services académiques faut les adapter car certains ficient pas tous des mêmes con-
travaillent depuis plusieurs points sont implicites. En classe, ditions de travail. « Dans la ré-
semaines pour en assurer le je peux leur expliquer plus en gion, normalement un ordina-
bon fonctionnement. Mais la détails, mais là il faut que je re- teur a été distribué à chaque
réalité est toute autre. « La formule pour qu’il n’y ait au- élève en début d’année. Mais la
Rectrice, dans un mail envoyé cune ambigüité. » connexion n’est pas la même
à toutes les Académies, préci- Concernant les devoirs, là partout », explique-t-elle. « Puis
sait qu’on était prêt. Mais la aussi un souci persiste, celui de certains enfants pourront bé-
forte demande de connexion fait la méthodologie. « Les élèves néficier de l’aide de leurs pa-
buguer le système », constate de Terminale commencent à rents, alors que d’autres, qui
la professeure. Cette dernière avoir l’habitude. Mais la 1ère ont des parents qui n’ont pas
se décarcasse donc, depuis lun- session des E3C* a été assez apo- fait d’études, seront livrés à eux-

A
près l’annonce de la fer-
meture de tous les éta-
blissements scolaires
dans la soirée du jeudi 12,
Christine Boularasse a donné
ses cours dans un climat assez
particulier le lendemain. « J’ai
eu mes élèves de terminale ES et
STGM. Pour certaines classes,
di16 mars, pour trouver une
solution avec ses élèves afin
de contourner le problème.
« Je suis en train de faire une
liste avec le mail de tous mes
élèves pour échanger avec eux.
Puis entre eux ils ont des grou-
pes whatsapp’ et autres, et ils
se communiquent les informa-
Christine Boularasse, prof
d’histoire-géo au lycée Daudet,
membre de Sud Education.
PHOTODR
tions. »
Si l’enseignante soutient
que ses élèves sont sérieux
pour la plupart, d’autres pren-
calyptique pour les 1ère. La mé-
thodologie n’est pas encore ac-
quise, donc il faut que je tra-
vaille sur des exercices guidés »,
explique-t-elle.
Si la professeure ne veut pas
donner de cours par vidéocon-
férence, « je n’ai pas été formée
pour des cours avec webcam »,
mêmes. » La mise en place dans
l’urgence de cet enseignement
numérique laisse donc encore
planer de nombreuses zones
d’ombres.
Emeline Andreani
*Epreuves communes de
contrôle continu
8 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020

L’ÉVÉNEMENT / L’OCCITANIE À L’ÉPREUVE DU CORONAVIRUS

Le coronavirus déstabilise la vie économique
et sociale de notre région et de tout un pays
D
epuis le début de la crise du prévisions sur la crise économi- L’économie réelle se trouve bés au risque de voir entrepri- travail n’est pas interdit ». En plus
coronavirus, arrivée dé- que. largement impactée par la propa- ses fermées et des salariés licen- des aides de l’Etat, la Région
but mars en France, la vie L’économie financiarisée a gation du coronavirus en Europe, ciés alors que le gouvernement Occitanie contribuera à hauteur
économique et sociale est mena- été impactée, avant même les me- devenu l’épicentre du phéno- a exclu l’un et l’autre ouverte- de 25 millions d’euros au fonds
cée par les conséquences des me- sures de confinement, par les mène dans le monde. Depuis lun- ment, « quoi qu’il en coûte ». Pour de solidarité mis en place. 10 mil-
sures restrictives et du confine- conséquences du virus covid-19 di 16 mars, en France et dans la ce faire, il a prévu un plan d’ur- lions d’euros seront également
ment qui ralentissent tous les avec l’un des krachs boursiers Région Occitanie, les commer- gence de 45 milliards d’euros afin rajoutés pour les entreprises en
secteurs de l’économie. les plus importants de l’Histoire. ces « non-essentiels » sont à l’ar- de limiter les faillites. difficulté.
Du tourisme à la culture en Le jeudi 12 mars 2020, l’ensem- rêt. Les gens ne peuvent plus se En Occitanie, jeudi 19 mars, Enfin, Carole Delga souhaite
passant par la médecine, le quo- ble des places boursières euro- rendre à leur emploi en cas de le préfet Etienne Guyot et la pré- soutenir l’économie locale avec
tidien pour les professionnels péennes voyaient rouge et le CAC risque de contamination et le té- sidente de Région, Carole Delga, 13 millions d’euros de fonds de ga-
est fortement perturbé alors que 40 en France clôturait avec des létravail, lorsqu’il est envisagea- ont dévoilé des mesures pour ve- ranties pour des prêts à taux
Bruno Le Maire, ministre de pertes de 12,28 % à 4 044 points, soit ble, est largement privilégié. Dans nir en aide aux entreprises et ont zéro et 5 millions d’euros pour
l’Economie et des Finances, a ex- sa pire séance depuis sa création ces conditions, des pans entiers appelé ceux qui le peuvent à con- le secteur associatif, culturel
primé la « difficulté » de faire des en 1988. de l’économie réelle sont pertur- tinuer le travail. Pour le préfet, « le et sportif. H.T.

Y.Haouhaou : « Le tourisme a pris P. Puel : « On va subir de plein fouet

un gros coup avec le coronavirus» une grave crise économique »
TOURISME
Témoignage de Yasin Haouhaou,
directeur d’agence de
Transatour France à Montpellier.
Nous avons beaucoup d’appel pour
annuler les prochaines vacances aux
mois de juillet et août. Les gens ont
peur et s’inquiètent. Selon les condi-
tions générales de vente, certains
billets ne sont pas annulables. Le co-
ronavirus risque de durer un mo-
ment. On est vraiment dans le flou.
Je pense que l’année 2020 sera un gros
coup car on aura de très gros problè-
mes de trésorerie parti comme c’est
parti avec les vacances d’été.
Les gens sont angoissés et comme
a annoncé notre président, on est en
guerre. Donc les gens ne pensent pas
ENTREPRISES DE ces mesures. « S’agissant des salariés, tout
PROXIMITÉ est bien pris en compte avec l’activité par-
tielle, le chômage. Pour les entreprises, le
Patrick Puel gouvernement est très actif sur les re-
est artisan ports de charges notamment - on a
d’ailleurs demandé des exonérations -.
boucher Le problème, ce sont les travailleurs indé-
à Montpellier pendants, qui, eux, n’ont rien pour le mo-
et président ment - même s’il est question d’un fonds
de l’Union des de solidarité, on attend de voir et c’est
entreprises de aussi tout ce qui est perdu en terme de
chiffres d’affaires : tourisme, spectacle,
proximité de restauration... », énumère-t-il.
l’Hérault (U2P 34). Dans son secteur en revanche - l’ali-
mentaire de proximité - « c’est tout l’in-

O n n’a pas plus que ça comme in-

formation : tous les salariés se-
ront au chômage partiel et pris en
charge par le gouvernement. Ma prio-
rité, c’est mes employés, ils ont des
familles et c’est compliqué.
Par contre, ils vont geler les char-
ges fixes avec tout ce qui est loyer
mais on va devoir les payer à un mo-
ment ou un autre. On se renseigne du
mieux qu’on peut car tout est fermé.
On est un peu dans le flou.
« vacances », ils pensent à leur sur-
vie. Et pour nous, agence de voyage,
tourisme et événementiel, c’est vrai-
O n ne peut pas être contre des mesures
qui sont là pour sauver des vies », dé-
clare, au lendemain des annonces de
verse : on travaille comme des fous, comme
dans les grandes surfaces. Ce matin j’avais
100 m de queue devant la boutique », con-
ment une catastrophe. fermeture des bars, restaurants et com- fie l’artisan boucher, néanmoins très
On nous a annoncé beaucoup de merces non essentiels (samedi 14 mars) inquiet : « Je pense qu’on va subir de
choses mais est ce que cela sera fait puis de confinement général (mardi 16 plein fouet une grave crise économique,
jusqu’au bout ? mars), le président de l’Union des en- malgré les aides du gouvernement. En
Le tourisme n’allait déjà pas bien, treprises de proximité de l’Hérault. tout cas cette crise prouve la nécessité de
comme l’a montré dernièrement la « Pour autant, ça va mettre énormément l’artisanat et de la proximité. La popula-
faillite de Thomas Cook. Avec ce vi- d’entreprises en difficulté », assure Patrick tion voit en ce moment qui elle a auprès
rus, il y aura de très gros problèmes Puel, qui salue néanmoins le plan de d’elle : les entreprises locales et les servi-
financiers. » Hugo Tortel soutien mis en place pour accompagner ces publics. » Amélie Goursaud

Maxime Lepers : « Ce sont des Dr Laruelle : « La baisse d’activité

pertes de revenus assurées »
CULTURE être reportés et quels autres maintenus
pour faire travailler nos intermittents.
Maxime Puis les rassemblements de plus de 100
Lepers est le personnes ont été interdits. Là, on a sou-
haité permettre aux intermittents de réa-
régisseur liser leurs heures promises en les faisant
général de la venir pour de la maintenance technique
salle Paloma afin qu’ils conservent leurs revenus au
de Nîmes. maximum. Enfin, là, avec le confine-
ment, on va pouvoir assurer les salaires
est de l’ordre de la moitié »
SANTÉ par téléphone, à « 1 cas avéré de coro-
navirus, et 2 patients qui, en présence
Médecin de symptômes aggravés, gêne respira-
généraliste, le toire, infection pulmonaire et fièvre, ont
appelé directement le 15. »
Dr Laruelle
exerce à La longue attente des masques...
Montpellier. Dans son discours, le 16 au soir, le
chef de l’Etat Emmanuel Macron a dé-
claré : « La nation soutiendra ses soi-

A Paloma, nous allons honorer les

contrats du mois de mars et défen-
dre nos intermittents dont le statut pré-
caire n’est pas de notre fait. Ce sont des
fidèles, une équipe d’une vingtaine de
personnes, ils sont chez eux ici et on ne
veut pas les abandonner. »
Régisseur général de la salle de spec-
tacle Paloma de Nîmes, Maxime Lepers
le confirme, la situation est des plus
compliquées pour les intermittents du
spectacle. D’autant qu’il a fallu s’adap-
ter à plusieurs reprises en quelques
jours. « On a eu trois phases : d’abord
quand ont été interdits les rassemble-
ments de plus de 1000 personnes. On a
alors réfléchi à quels spectacles pouvaient
du mois de mars, mais pour avril ça ris-
que d’être compliqué. On veut leur don-
ner le maximum d’heures et, même si on
P resque plus personne ne vient au ca-
portante. Elle a été divisée par deux par
n’arrive pas à égale hauteur, on fera un
geste .»
Mais toute cette bonne volonté ris-
que de ne pas suffire, confie-t-il, lui qui
a été intermittent durant 17 ans. « Un
statut c’est 507 heures travaillées. On a un
technicien plateau qui perd 59hs en mars,
un régisseur son qui perd 55h, un autre
35, un régisseur lumière 56 ou encore un
autre 50h. Ce sont des pertes de revenus
assurées et cela va poser le problème de sa-
voir comment seront calculées leurs heu-
res censées être emmagasinées pour leur
prochain statut. »
Alan Bernigaud
binet. La baisse d’activité est très im-
rapport à d’habitude. C’est aussi le cas
pour mes confrères », expose, mercre-
di 18 mars au matin, le Dr Jean-Marc
Laruelle, médecin généraliste à
Montpellier. En pleine crise d’épidé-
mie de coronavirus, les rares patients
qui se déplacent le font pour des affec-
tions bénignes, des rhinopharyngites,
par exemple. La grande majorité des
autres téléphonent. S’agissant du co-
ronavirus, « théoriquement, on doit s’oc-
cuper des patients à la pathologie non in-
fectieuse et légère, alors que les hôpitaux
prennent en charge les cas lourds », rap-
pelle le médecin. Il dit avoir eu affaire,
gnants. Nous leur devons des masques,
du gel. » Dans les faits, les seuls mas-
ques de protection distribués il y a
quinze jours (50 par médecin) étaient
donnés, au cabinet, « aux patients qui
toussaient, pour protéger les autres. »
Et encore « tous les médecins n’ont pas
été servis. » Pour se protéger de toute
projection, les blouses blanches ont dû
ressortir leur vieux stock de masques
envoyés par la ministre de la Santé
Bachelot (2007- 2010), et en ont donné
aux médecins qui n’en avaient pas. A
partir du 18 mars, les soignants de-
vaient, enfin, recevoir ces masques de
protection, livrés la veille aux pharma-
cies.
Catherine Vingtrinier

DOSSIER / MUNICIPALES OCCITANIE : ANALYSE DU 1er TOUR
Face au virus, des précautions ont été prises dans les bureaux de vote des grandes villes comme ici à Montpellier. CATHERINE VINGTRINIER
Pas de vague RN ni EELV
mais une prime au sortant
DÉCRYPTAGE
Marqué par une faible
participation en raison
de l’épidémie de
Coronavirus, le 1er tour
des Municipales en
Occitanie a souvent
reconduit les maires en
place, quelle que soit leur
étiquette. Si le danger
demeure à Perpignan,
l’extrême droite a échoué
à étendre son emprise.
Montpellier, où P. Saurel
est en difficulté, est le
symbole de la déception
des Verts. A l’image de
Resplandy à Béziers ou
Vignal à Montpellier,
LREM a subi un véritable
camouflet. Au 2e tour,
reporté en juin ou à
l’automne, la gauche, en
échec à Alès, peut gagner
à Sète voire à Nîmes si
elle parvient à s’unir.
J
amais le second tour d’une
élection municipale n’au-
ra été si délicat à prédire.
Car d’ici qu’il ait lieu, il peut
s’en passer des alliances, des
divorces, des coups de Jarnac.
En raison de l’épidémie de
Coronavirus, le Président
Macron a décidé, lundi 16 mars,
de geler les résultats du 1er tour
(les résultats sont acquis, les
maires élus le restent) et de re-
porter le 2e tour du scrutin. Un
choix qui peut paraître logique
mais qui a fait bondir les cons-
titutionnalistes, les deux tours
devant impérativement se sui-
vre d’une semaine au regard
du Droit...
Dimanche 15 mars, le 1er
tour s’est tenu, malgré les nom-
breuses précautions prises con-
tre le Covid-19 (gel hydroalcoo-
lique, gants, séparation d’un
mètre...) dans une ambiance
peu sereine. Quelques jours
avant, Philippe Saurel était de
ceux qui réclamaient le report
du vote. En vain. Seul le second,
là où il est nécessaire, sera dis-
puté peut-être le 21 juin.
De rares maires battus
Comme on pouvait s’y atten-
dre, la participation a accusé
une baisse sensible (environ
15 points de moins qu’en 2014
en Occitanie), sans qu’elle soit
catastrophique, notamment
dans les villages où l’on a da-
vantage voté. Ainsi 45,97% des
Gardois ont glissé un bulletin
dans l’urne au lieu de 68,47%.
Selon le politologue Michel
Crespy, cette abstention a tou-
ché toutes les catégories d’âge
et les tendances politiques, elle
n’a donc défavorisé aucun par-
ti. En revanche, la faible mo-
bilisation a eu tendance à ren-
forcer la prime au sortant. Rares
sont les maires à avoir été bat-
tus dès le 1er tour. Dans le Gard
c’est le cas de Bonnifacio Iglesias
(Anduze) ou d’Alexandra
Masot, sortie par le député
Olivier Gaillard, qui vient de
claquer la porte de LREM. Côté
héraultais, les édiles de Poilhes,
Roujan (Jean-Marie Rassier),
Bouzigues (Eliane Rosay) ou
Saint-Pons ont été désavoués.
C’est le cas aussi à Saint-
Guilhem-le-Désert, où Philippe
Machetel s’entêtait avec des
parkings à tarifs prohibitifs.
Ou encore à Saint-Chinian où
le docteur Bruno Enjalbert
(DVD) semble s’être discrédi-
té dans une sombre affaire
d’agression (plaintes déposées).
LR solides dans leurs fiefs
Dès le 15 mars, une grande
majorité des maires sortants
ont été réélus en Occitanie. Et
ce, quelle que soit leur étiquette.
Chez Les Républicains (LR),
Max Roustan (56,8%) a été re-
conduit à Alès pour la 4e fois
dès le 1er tour devant la liste
d’union de la gauche de Paul
Planque (22,84%), qui avait
pourtant réussi une belle cam-
pagne. La sénatrice (LR) Pascale
Bories conserve la mairie de
Villeneuve-lès-Avignon
(59,14%), Christian Jeanjean
(52,81%) celle de Palavas. Eddy
Valadier (70,02%) rempile sans
encombre à Saint-Gilles. Dans
l’Héraut, Michèle Lernout
(61,41%) reste à la tête de Saint-
Gély-du-Fesc, pour l’heure la
plus grande commune héraul-
taise dirigée par une femme.
Stéphan Rossignol (69,2%) a
été plébiscité à la Grande Motte.
A droite, d’autres édiles sont
bien placés pour conserver leur
place en juin. C’est le cas de
Gilles d’Ettore à Agde (47,2%).
D’autres arrivés en tête devront
batailler comme Jean-Paul
Fournier (34,34%) à Nîmes et
surtout François Commeinhes
(34,85%) à Sète, qui pourrait
tomber en cas d’union de la gau-
che.
Le député Patrick Vignal
du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise
(6,1%) illustre depuis
Montpellier le naufrage de
LREM. Si des maires de droite
soutenus par LREM ont été ou
seront réélus, aucun des purs
produits de la Macronie n’est
en mesure de l’emporter au 2e
tour. Sanctionnée en raison de
la politique libérale injuste du
chef de l’Etat, l’étiquette LREM
était un boulet.
A l’instar d’Antoine Maurice
(27,56%) suivi de Nadia
Pellefigue (18,53%) qui talon-
nent le maire LR de Toulouse
Jean-Luc Moudenc (36,18%),
la gauche s’en sort plutôt pas
mal en Occitanie. Au PCF, si le
pari de Nicolas Cossange est
perdu à Béziers (6,11%), Patrick
Malavieille a été largement con-
firmé à La Grand-Combe
(69,75%), de même que Claude
Cerpédès (71,04%) à Saint-
Martin de Valgalgues. A Nîmes,
Vincent Bouget (15,68%) a créé
la surprise, troisième juste der-
rière Yvan Lachaud et le maire
sortant. A Grabels, René Revol,
le seul maire La France insou-
mise (LFI) de l’Hérault, est en
ballottage favorable (45,98%).
Déception à EELV, l’Agglo
de Béziers pour Ménard ?
Du côté du PS, la partie n’est
pas gagnée mais bien engagée
pour Michel Arrouy (40,91%)
qui brigue la succession de
Pierre Bouldoire à Frontignan.
Avec 85 voix d’avance sur le
Rassemblement national (RN),
Jean Denat peut espérer rester
maire de Vauvert. A Montpellier
Michael Delafosse (16,66%), sur
les talons de Philippe Saurel
qui semble en difficulté mal-
gré sa première place (19,11%),
9
207
seconds tours doivent se tenir
dans l’ex Languedoc-Rous-
sillon : 53 dans l’Hérault (sur
342 communes), 49 dans
l’Aude (sur 433), 47 dans le
Gard (sur 353), 40 dans les P-O
(sur 226) et 18 en Lozère (sur
185).
19,11%
pour Philippe Saurel à Mont-
pellier, sans doute le seul
maire sortant en dessous des
20% avec Jean-Marc Pujol
(18,43%) à Perpignan.
21
juin, date possible du 2e tour
des Municipales. Si la situa-
tion sanitaire ne le permet
pas, le 2e tour aura lieu « à
l’automne » a fait savoir la
ministre Agnès Buzyn. La
décision sera prise en mai
après avis de la communauté
scientifique.
peut espérer la victoire en cas
d’accord avec les écologistes,
dans une triangulaire avec
Mohed Altrad (13,31%).
Les Verts connaissent une
désillusion en Occitanie.
Donnée favorite jusqu’en jan-
vier à Montpellier, EELV (7,43%)
ne sera même pas au second
tour, la faute à des divisions in-
ternes suicidaires. Moindre
échec mais grande déception
pour Daniel Richard à Nîmes,
relégué en 5e position (12,19%).
Et que dire du score de Thierry
Antoine, EELV allié à LFI à
Béziers (5,36%).
Donné favori, le RN a subi
un coup d’arrêt après sa per-
cée des Européennes. Si Julien
Sanchez (59,5%) et Robert
Ménard (68,74%) ont été nette-
ment confirmés à Beaucaire et
Béziers, la stratégie d’union
des droites de ce dernier a failli,
à l’image du revers de Sébastien
Pacull (ex-LR soutenu par le
RN) à Sète (14,38%).
A l’exception de Perpignan
sur laquelle Louis Aliot (35,65%)
menace de faire main basse,
l’extrême droite est en recul
partout (15,66% à Agde ; 21,73%
à Lunel) ou tenue à distance
(27,96% à Frontignan). Les pa-
ris perdus à Bellegarde et
Vallabrègues devraient empê-
cher J. Sanchez de mettre la
main sur la Communauté de
communes de Beaucaire. En
revanche, grâce au soutien d’au
moins maires de villages voi-
sins, R. Ménard pourrait, dès le
16 avril, ravir l’Agglo de Béziers
à Frédéric Lacas, réélu à
Sérignan. C’est la principale
ombre au tableau de ce 1er tour.
Rémy Cougnenc