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Résumé Abstract
Le syndrome de gougerot Sjögren (SGS) Sjögren’s syndrome appears to be the most
apparait comme la plus fréquente des common connective tissue disease after
connectivite après la PR. Sa définition est celle RA. Its definition is that of an autoimmune
d’une épithélite auto-immune associée à la epithelitis associated with the production
production d’auto-Ac anti-Ro (SSA) et anti-La of auto-Ac anti-Ro (SSA) and anti-La (SSB)
(SSB) rendant compte du rôle prédominant des
accounting for the predominant role of
lymphocytes B auto-immunes. Sa description
autoimmune B cells. His clinical description
clinique est bien connue du rhumatologue
is well known to the rheumatologist with
avec la mise au point de nouveaux critères
the development of new ACR-EULAR
ACR-EULAR. L’apport de l’imagerie sous la
criteria. The contribution of imaging in the
forme de l’échographie des glandes parotide
form of parotid gland ultrasound is useful
est utile aussi bien pour le diagnostic que pour
for both diagnosis and follow-up with good
le suivi avec une bonne spécificité. Malgré la
specificity. Despite the etiological and
complexicité étiologique et symptomatique
du SGS, un certain nombre d’avancées symptomatic complexity of this disease, a
thérapeutiques ont été enregistrées durant number of therapeutic advances have been
Mots clés : Syndrome sec; Lymphome Key words : Dry syndrome; Lymphoma;
; Traitement. Treatment.
Le syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS), souvent appelé anti SSA (Ro) et anti SSB (La). Cette maladie AI systémique
en bref « syndrome Sjögren » est une épithélite auto- est caractérisée par une infiltration lymphoïde des glandes
immune (AI) associée à la production d’auto-anticorps salivaires et lacrymales ; toutefois l’extension de l’infiltrat
lymphoïde autour des épithéliums fait comprendre le féminine (9/1), la maladie peut survenir à tout âge, mais
concept d’épithélite AI qui va atteindre divers organes ou le plus souvent c’est vers 45 à 50 ans qu’apparaissent les
tissus. premiers symptômes.
La triade syndrome sec, asthénie et poly arthralgies est Le syndrome débute de manière générale, de façon
bien connu du rhumatologue et fait évoquer le diagnostic très insidieuse, souvent de façon monosymptomatique.
de SGS primitif. Il est peu connu du grand public et même parfois des
professionnels de santé, d’où un retard de diagnostic
A coté du SGS primitif, il faut rappeler son association estimé à au moins 8 années (2).
comme SGS secondaire à de nombreuses maladie AI (PR,
lupus, sclérodermie..) ou à des maladies AI, spécifiques PHYSIOPATHOLOGIE : (FIGURE 1)
d’organe (cirrhose biliaire primitive, diabète type 1, Le SGSp constitue un excellent modèle d’étude des
thyroïdite Hashimoto...). maladies auto-immunes car les organes intéressés par le
processus (les glandes salivaires accessoires) et les cellules
EPIDÉMIOLOGIE impliquées sont aisément accessibles et se prêtent assez
La prévalence de SGS est évaluée entre 0,01 à 3% selon facilement à l’analyse. L’origine de cette affection, comme
les études [1). Il est caractérisé par une forte prédominance la plupart des maladies auto-immunes, est inconnue.
Une interaction entre facteurs génétiques et facteurs le virus d’Epstein-Barr (EBV), les rétrovirus et le virus de
d’environnement est nécessaire. l’hépatite C (HCV).
Tableau 1 : Facteurs prédictifs de lymphome non hodgkinien au cours du SGSp (les éléments en gras sont les facteurs les
plus récents)
Clinique
- Parotidomégalie persistante
- Adénopathies périphériques (> 1cm, sauf > 2 cm pour les aires inguinales)
- Purpura
- Activité ESSDAI élevée au diagnostic
Biologique
- Lymphopénie
- Cryoglobulinémie de type I ou II
- Fraction C4 du complément abaissé au diagnostic
- Présence d’un composant monoclonal (de type IgM principalement)
- Présence de facteurs rhumatoïdes IgM
Tableau 2 : Facteurs prédictifs de lymphome non hodgkinien au cours du SGSp (les éléments en gras sont les facteurs les
plus récents)
Pour retenir le diagnostic de SGSp, il faut deux des quatre critères mineurs et au moins l’un des deux critères durs, ou trois
critères parmi les quatre critères objectifs.
Item score
Total
9
Un SGSp est défini par un score > 4/9
de cracher dans une éprouvette pendant idéalement 15 focus score (FS) > 1 par 4 mm2 de tissu glandulaire.
min, au minimum 5 min. Elle est pathologique si elle est Néanmoins, un résultat positif ne signe pas à lui seul
inférieure à 0,10ml/min. ce débit peut être quantifié en
la maladie : de faux positifs s’observent au cours du
pesant la quantité de la salive produite.
vieillissement des glandes, et, à l’inverse, un véritable SGS
Biopsie des glandes salivaires peut présenter des glandes salivaires d’aspect normal.
lymphadénopa-thie 4
glandulaire 2
articulaire 2
cutané 3
pulmonaire 5
rénal 5
musculaire 6
hématologique 2
Biologique 1
Activité faible : 0 – 5 points ; Activité modérée : 5 -13 ; Activité élevée : Au delà de 13.
Pas de Sechresse
sechresse maximale
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
3) Quelle est la gravité de votre douleur (douleur articulaire ou musculairedans les bras ou les jambes) au cours des 2 dernières
semaines ?
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Un score ESSPRI inférieur à 5 est le seuil perçu par le patient comme acceptable selon le concept du patient acceptable symptom state ou PASS.
L’analyse porte sur l’homogénéité du tissu glandulaire - Traitement symptomatique de la triade des symptômes à
avec comme principal résultat une hétérogénéité du savoir, la sécheresse, les douleurs diffuses et l’asthénie qui
parenchyme glandulaire sur au moins 2 glandes selon le compromettent la qualité de vie des patients.
score de De Vita. (18) - Traitement de fond, au jour d’aujourd’hui aucun
traitement de fond n’a fait la preuve de son efficacité.
CRITÈRES DIAGNOSTIQUES
Selon les groupes de consensus européens, les traitements
Il est indispensable de faire le diagnostic le plus doivent être ajustés à l’atteinte viscérale alors que les
précocement possible car cette maladie nécessite un signes fonctionnels du syndrome sec ne justifient pas
suivi particulier et peut justifier l’utilisation de traitements d’intensification thérapeutique.
immunosuppresseurs lors des complications systémiques
graves. Traitements symptomatiques
Il faut donc que le patient réponde aux critères - Traitement symptomatique du syndrome sec : de
diagnostiques consensuels internationaux de syndrome nombreux petits moyens sont à connaître :
de Sjögren. * Xérophtalmie : les larmes artificielles font privilégier les
En 2002, la communauté médicale internationale a formes uni doses, sans conservateur (type Larmabak*). Des
adopté les critères établis par l’American European formes « retard » type Gelarmes* sont à proposer le soir,
Consensus Group (AECG) [19) (Tableau 2). En sus des au coucher, chez certains patients. Les ophtalmologistes
critères subjectifs et objectifs du syndrome sec, figurent proposent les clous méatiques ou les collyres à base de
deux critères « durs » : la présence d’au moins un focus ciclosporine A.
score à l’examen d’une biopsie des glandes salivaires * Xérostomie :
accessoires et / ou la présence d’Ac anti-SSA+/- SSB.
- Salive artificielle tels les sprays d’Artisial*.
En 2015 de nouveaux critères ont été proposés par
- La pilocarpine par voie orale dont la posologie doit être
l’American College of Rheumatology (ACR), par un progressive pour limiter le risque de syndrome paradoxal
groupe d’experts pluridisciplinaire, le groupe Sjögren’s et les troubles digestifs.
International Collaborative Clinical Alliance (SICCA)
- Brossage dentaire avec une brosse douce, 2 à 3 fois/jour,
(Tableau 3). En pratique quotidienne, et dans l’attente des
en incluant le brossage du palais et la langue, bonbons ou
études de validation des critères ACR, les critères AECG
chewing-gums sans sucre sont à rappeler régulièrement.
doivent être utilisés.
Ni le Sulfarlem* ni le Bisolvan* n’ont fait leur preuve ;
certains les proposent à défaut.
ACTIVITÉ CLINIQUE DE LA MALADIE
* Xérose cutanée et muqueuse (génitale) :
Comme pour les critères d’activité de la maladie lupique
SLEDAI, un nouveau set de critères d’activité, l’ESSDAI - Crèmes hydratantes (Dexeryl*)
(EULAR/ Sjogren’s syndrome disease activity index), a - Crèmes lubrifiantes,
été récemment développé par un consortium européen. Il
- Traitement symptomatique de la douleur :
permet de prendre en compte non seulement le syndrome
sec mais aussi les atteintes viscérales fréquentes et les * Les antalgiques simples doivent être utilisés en privilégiant
anomalies biologiques. (Figure 2) le paracétamol qui n’a pas d’effet asséchant.
En parallèle, la perception de la maladie par le patient est * Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont quelquefois
prise en compte avec l’EULAR sjogren’s syndrome patient efficaces.
reported index ou ESSPRI, ce dernier est apparu sensible * La corticothérapie à petites doses : 10 à 15 mg peut avoir
au changement et pourra aussi être exploité dans les une efficacité. Cependant, celle-ci est souvent modérée et
essais thérapeutiques. (Figure 3). chez ces malades, il sera quelquefois difficile de l’arrêter.
* Les benzodiazépines comme le clonazepam (RIVOTRIL*),
TRAITEMENT ou les antidépresseurs tricycliques comme l’amitriptyline
Le traitement comporte 2 volets : (LAROXYL*) à petites dose : 15 à 20mg par jour pour ne
pas aggraver le syndrome sec, peuvent être utiles sur les Divers anticorps monoclonaux dirigés contre le lymphocyte
douleurs neurologiques et sur les troubles psychologiques B ou ses régulateurs sont en cours d’étude. On peut citer,
associés. sans détailler, le bélimumab, BAFF inhibiteur déjà proposé
- Le traitement de l’asthénie : L’asthénie forte marquée au dans le lupus systémique, et l’épratuzumab, Ac anti-CD22,
cours du SGSp, est un symptôme à part, de traitement et bien d’autres sont encore en développement.
difficile
EVOLUTION
Traitements systémiques Activité de la maladie et mortalité
Dans les formes systémiques avec expression articulaire, Les nouveaux critères de classification ont permis à des
musculaire ou viscérale, les immunomodulateurs connus groupes internationaux d’apporter des informations
du rhumatologue sont à discuter. Plusieurs études de importantes sur de larges populations de patients (25,
faibles effectifs (< 25 patients) ont évalué la place de la 26,27). Les services espagnols de médecine interne ont
ciclosporine A, de l’azathioprine, du méthotrexate (MTX), ainsi pu collecter plus de 1000 patients avec SGSp et
du léflunomide et de l’acide mycophénolique. Les messages analysés la survie en fonction des critères ESSADAI au
en sont clairs : bénéfices limités sur le syndrome sec, diagnostic (28). Après un suivi moyen de 117 mois,
manque d’analyse spécifique sur les atteintes viscérales, et 115 des 1045 (11%) patients ont décédés. Les taux de
effet indésirables certains. survie étaient de 96%,92%,81% et 60% à respectivement
* Hydroxychloroquine (HCQ) : 5, 10, 20,30 ans. Les principaux facteurs prédictifs au
diagnostic en termes de mortalité globale après analyse
L’HCQ ou plaquenil * est souvent utilisé car il a montré
multi variée étaient le sexe masculin, la présence d’une
une efficacité dans deux études ouvertes comprenant
cryoglobulinémie et d’un taux de complément C4 bas.
respectivement 10 et 50 malades. La seule étude
Les domaines ESSDAI concernant les signes généraux,
randomisée contre placebo a été effectuée en « cross-over
pulmonaires et biologiques étaient associés à un risque de
» sur seulement 19 malades. (20)
mortalité augmenté.
Cette étude a mis en évidence une diminution de l’hyper-
Ainsi un score ESSDAI élevé >1, une activité élevée
gammaglobulinémie polyclonale mais n’a pas démontré
dans au moins un des domaines ESSDAI, et des
d’effets cliniques du plaquenil*. Une grande étude
anomalies biologiques particulières (lymphopénie, Ac
randomisée multicentrique est donc souhaitable. En
anti-SSB, gammapathie monoclonale, C4 bas et/ ou
pratique quotidienne, en attendant les résultats d’une telle
cryoglobulinémie) s’accompagnaient d’une mortalité
étude, le plaquenil* (à la dose max de 6,5 mg/kg/jour)
élevée avec des hazard ratio (HR) entre 3 et 10.
doit être proposé en cas de purpura vasculaire associé à
une hypergammaglobulinémie et il peut être donné en cas Mortalité et thérapeutique
de polyarthrite ou de poly arthralgies invalidantes. Par
A partir de cette base de données espagnole (28), les auteurs
contre, ce médicament n’a pas d’effet sur le syndrome sec.
ont pu décrire l’emploi de l’hydroxychloroquine(HCQ)
* Rituximab (RTX) : chez 25% des patients, des corticoïdes(GC) chez 42% dont
Une avancée apparente dans le traitement du SGSp a 23% avec des GC<20mg/j, des immunosuppresseurs (IS)
été les rapports de séries ouvertes regroupant de petits dans 13%, et du rituximab (RTX) chez 3% seulement.
effectifs de patients. (21-22) Fait intéressant, la prise d’HCQ était associée à une
Il faut cependant conserver l’indication du RTX dans réduction de la mortalité mais aussi de moindre risque de
les formes actives avec atteinte systémique comme une lymphome (28). Ni la prescription de GC ou ni celle d’IS
vascularite neurologique ou musculaire dans le cadre du ne modifiait les courbes de survie en termes de mortalité
SGSp. ou de survenue de lymphome non hodgkinien.
* Biothérapies anti-TNF-alpha :
CONCLUSION
Ni l’étanercept (23), ni l’infliximab (24) n’ont montré
Le SGS est le plus souvent une maladie non mortelle mais
d’effet significatif sur les symptômes de sécheresse.
s’accompagnant de signes cliniques très pénibles dans la
* Autres biothérapies :
vie quotidienne et amputant la qualité de vie des malades. 11. Kassan SS, Thomas TL, Moutsopoulos HM, et al. Increased
Il est indispensable de recourir à des essais cliniques risk of lymphoma in sicca syndrome. Ann intern Med
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DÉCLARATION D’INTÉRÊT
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