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Syndrome de Gougerot Sjögren.


Sjögren’s Syndrome.

Fatima Zahra Haddani, Tarik Youssoufi, Abderrahim Majjad, Abdelhafid Guich,


Hasna Hassikou
Service de Rhumatologie, Hôpital Militaire Moulay Ismail, Meknès - Maroc.
DOI: 10.24398/A.305.2018 Rev Mar Rhum 2018; 45:3-13

Résumé Abstract
Le syndrome de gougerot Sjögren (SGS) Sjögren’s syndrome appears to be the most
apparait comme la plus fréquente des common connective tissue disease after
connectivite après la PR. Sa définition est celle RA. Its definition is that of an autoimmune
d’une épithélite auto-immune associée à la epithelitis associated with the production
production d’auto-Ac anti-Ro (SSA) et anti-La of auto-Ac anti-Ro (SSA) and anti-La (SSB)
(SSB) rendant compte du rôle prédominant des
accounting for the predominant role of
lymphocytes B auto-immunes. Sa description
autoimmune B cells. His clinical description
clinique est bien connue du rhumatologue
is well known to the rheumatologist with
avec la mise au point de nouveaux critères
the development of new ACR-EULAR
ACR-EULAR. L’apport de l’imagerie sous la
criteria. The contribution of imaging in the
forme de l’échographie des glandes parotide
form of parotid gland ultrasound is useful
est utile aussi bien pour le diagnostic que pour
for both diagnosis and follow-up with good
le suivi avec une bonne spécificité. Malgré la
specificity. Despite the etiological and
complexicité étiologique et symptomatique
du SGS, un certain nombre d’avancées symptomatic complexity of this disease, a

thérapeutiques ont été enregistrées durant number of therapeutic advances have been

ces dernières années permettant d’améliorer recorded in recent years to significantly

sensiblement la prise en charge des patients. improve the management of patients.

Mots clés : Syndrome sec; Lymphome Key words : Dry syndrome; Lymphoma;
; Traitement. Treatment.

Le syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS), souvent appelé anti SSA (Ro) et anti SSB (La). Cette maladie AI systémique
en bref « syndrome Sjögren » est une épithélite auto- est caractérisée par une infiltration lymphoïde des glandes
immune (AI) associée à la production d’auto-anticorps salivaires et lacrymales ; toutefois l’extension de l’infiltrat

Correspondance à adresser à : Dr. FZ. Haddani


Email : haddanifatima76@gmail.com
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lymphoïde autour des épithéliums fait comprendre le féminine (9/1), la maladie peut survenir à tout âge, mais
concept d’épithélite AI qui va atteindre divers organes ou le plus souvent c’est vers 45 à 50 ans qu’apparaissent les
tissus. premiers symptômes.

La triade syndrome sec, asthénie et poly arthralgies est Le syndrome débute de manière générale, de façon
bien connu du rhumatologue et fait évoquer le diagnostic très insidieuse, souvent de façon monosymptomatique.
de SGS primitif. Il est peu connu du grand public et même parfois des
professionnels de santé, d’où un retard de diagnostic
A coté du SGS primitif, il faut rappeler son association estimé à au moins 8 années (2).
comme SGS secondaire à de nombreuses maladie AI (PR,
lupus, sclérodermie..) ou à des maladies AI, spécifiques PHYSIOPATHOLOGIE : (FIGURE 1)
d’organe (cirrhose biliaire primitive, diabète type 1, Le SGSp constitue un excellent modèle d’étude des
thyroïdite Hashimoto...). maladies auto-immunes car les organes intéressés par le
processus (les glandes salivaires accessoires) et les cellules
EPIDÉMIOLOGIE impliquées sont aisément accessibles et se prêtent assez
La prévalence de SGS est évaluée entre 0,01 à 3% selon facilement à l’analyse. L’origine de cette affection, comme
les études [1). Il est caractérisé par une forte prédominance la plupart des maladies auto-immunes, est inconnue.

Figure 1 : Physiopathologie du SGS

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Syndrome de Gougerot Sjögren.

Une interaction entre facteurs génétiques et facteurs le virus d’Epstein-Barr (EBV), les rétrovirus et le virus de
d’environnement est nécessaire. l’hépatite C (HCV).

Rôle du terrain génétique Rôle des autres facteurs


De nombreux fait plaident en faveur d’un terrain génétique Parmi les autres facteurs, il existe certainement une part
particulier au SGS, il existe un lien entre l’haplotype A1 dévolue aux facteurs hormonaux. Différents arguments
B8 DR3 DQ2 et SGS primitif. sont décrits, à savoir :

Les populations cellulaires - Les œstrogènes et les androgènes participent à la


régulation du film lacrymal.
- Les lymphocytes du sang périphérique : la lymphopénie
est fréquente dans le SGS mais la répartition lymphocytaire - La sécheresse s’aggrave souvent en période post-
périphérique n’est que peu perturbée. Certaines équipes ménopausique.
ont mis en évidence une augmentation des lymphocytes B
CD5 sanguins. (3) CLINIQUE
- Les cellules épithéliales : dans le SGS, il s’agit Les manifestations du SGS sont très diverses, mais trois
essentiellement d’une altération morphologique et types de signes sont retrouvés chez la plupart des patients.
fonctionnelle des acini responsables des fonctions La triade classique
exocrines. Ces anomalies peuvent être retrouvées sur divers
types de cellules épithéliales (canaux biliaires, tubules Syndrome sec
rénaux…), ce qui a fait proposer le terme d’épithélite - Oculaire : Sensation de corps étranger et de sable intra-
auto-immune pour décrire la maladie. (4) oculaire, puis de photophobie et de brûlures ophtalmiques,
- Les lymphocytes infiltrant les glandes salivaires : ce sont parfois il est décrit une baisse de l’acuité visuelle avec
pour la plus grande part des lymphocytes T CD4 (70- une sensation de voile devant les yeux. Les signes
80%); les autres sous-groupes : cellules T CD8 (10%), physiques s’observent dans les syndromes secs sévères :
lymphocytes B (10-20%) sont moins abondants. les conjonctives sont rouges et enflammées, augmentation
L’activité des cellules infiltrant les glandes est attestée par de la fréquence du clignement. Le matin, les culs de sacs
la présence de marqueurs de surface, notamment HLA-DR palpébraux sont le siège de secrétions collantes, épaisses
et récepteurs de l’IL-2 (CD25) (3). parfois purulentes.
- Buccale : La xérostomie se manifeste par une sensation
L’origine des auto-anticorps
de bouche sèche, pâteuse, gênant parfois l’élocution et
L’activation des lymphocytes B auto-réactifs pourrait être
la déglutition des aliments secs. Elle oblige le patient à la
liée au « Système BAFF », plusieurs équipes ont retrouvé
prise répétée de gorgées de liquide lors des repas, et même
une augmentation du taux de BAFF dans le sérum des
parfois la nuit. Cette xérostomie est parfois douloureuse,
patients atteints de SGSp avec présence d’une corrélation
responsable de brûlures buccales et de glossodynies. A
entre le taux de BAFF et la présence d’auto-anticorps
l’examen, les muqueuses jugales sont ternes, vernissées,
anti-SSA et de facteurs rhumatoïdes (5). Par ailleurs la
la langue dépapillée, lisse. (6,7)
cytokine BAFF est présente en excès dans les glandes
salivaires accessoires de patients atteints de SGS, dans les - Autres symptômes sont possibles : sécheresse cutanée,
lymphocytes T et les cellules épithéliales salivaires et même bronchique et vaginale.
dans certains lymphocytes B.
Poly arthralgies
Rôle des virus Les douleurs sont un signe fréquent de la maladie. Souvent,
Une étiologie virale a été suspectée dans le SGS comme les douleurs siègent dans les articulations et les muscles
dans beaucoup de maladies auto-immunes mais cette piste sans gonflement articulaire. Elles peuvent être dues à une
a été particulièrement explorée du fait de la fréquence du polyarthrite qui est non destructrice ou plus souvent à des
portage viral dans la cavité buccale. Pendant la dernière poly arthralgies inflammatoires périphériques (mains,
décennie, l’attention s’est focalisée sur trois types de virus, pieds..).

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L’asthénie lymphome salivaire de bas grade. Dans ce cas l’imagerie


Une grande fatigue est un signe fréquemment retrouvé (surtout l’IRM) permet de faire la part des choses.
mais normalement sans autre signe général (pas de fièvre Les complications viscérales du SGS
ou d’amaigrissement). Un de ces signes généraux doit faire - L’atteinte rénale
rechercher une complication, notamment un lymphome.
- L’atteinte glomérulaire est la plus simple à reconnaître :
Cette triade : syndrome sec, poly arthralgies, asthénie est protéinurie glomérulaire, hématurie microscopique dans
responsable d’une importance altération de la qualité de un contexte simple de glomérulonéphrite par complexes
vie chez beaucoup de malades. immuns et atteinte rénale de cryoglobulinémie, sa
fréquence est de l’ordre de 4%.
les complications
- L’atteinte épithéliale comporte une néphropathie tubulo-
Les complications du syndrome sec
interstitielle qui va se traduire par une atteinte tubulaire
- L’hyposécrétion lacrymale est à l’origine de proximale ou distale plus ou moins complexe, sa fréquence
complications ophtalmologiques : blépharites, ou plus est de l’ordre de 10%.
graves, heureusement rares, ulcération de la cornée ou
- Atteintes des voies respiratoires et du parenchyme
perforation cornéenne.
pulmonaire : elles n’ont pas de spécificité et ressemblent à
- Les complications du syndrome sec buccal : caries, celles de la polyarthrite rhumatoïde (PR) avec toutefois une
déchaussement des dents, mycose de bouche. prédominance des atteintes bronchiolaires ou bronchiques
- L’hypertrophie parotidienne (souvent indolore) qui peut et plus rarement pneumopathie infiltratives diffuses (PID)
parfois poser le problème du diagnostic différentiel avec un exprimant divers aspects (8,9).

Tableau 1 : Facteurs prédictifs de lymphome non hodgkinien au cours du SGSp (les éléments en gras sont les facteurs les
plus récents)

Clinique
- Parotidomégalie persistante
- Adénopathies périphériques (> 1cm, sauf > 2 cm pour les aires inguinales)
- Purpura
- Activité ESSDAI élevée au diagnostic

Biologique
- Lymphopénie
- Cryoglobulinémie de type I ou II
- Fraction C4 du complément abaissé au diagnostic
- Présence d’un composant monoclonal (de type IgM principalement)
- Présence de facteurs rhumatoïdes IgM

Histologique : (examen histologique de la BGSA)


- Focus score > 3
- Centres germinatifs

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Syndrome de Gougerot Sjögren.

Lymphome et SGS - Les auto-anticorps


Le SGS primitif est la maladie auto-immune associée * Les facteurs rhumatoïdes sont détectés dans 50 à 80%
au plus grand risque de lymphome. La survenue d’un des cas de SGSp, c’est-à-dire presque souvent que dans
lymphome B constitue la complication systémique la la polyarthrite rhumatoïde (13).
plus sévère. On estime qu’entre 5% et 10% des patients
* La prévalence des anticorps antinucléaires (AAN) varie
souffrant de SGSp développent un lymphome au cours de
de 50 à 80% selon les auteurs.
leur vie. (10,11 ,12)
*Les deux anticorps les plus utiles pour établir le diagnostic
Le tableau clinico-histologique est assez homogène(13).
sont les anticorps anti-SSA/Ro et anti SSB/La, à noter
La majorité des lymphomes compliquant le SGSp est
qu’ils ne sont pas spécifiques du SGS puisqu’on les
représenté par les lymphomes de la zone marginale(ZM)
retrouve également dans 30 à 50% environ des cas de
et notamment le lymphome du tissu lymphoïde associé
lupus.
aux muqueuses (MALT) (14). La première localisation en
fréquence est l’atteinte des glandes salivaires, organes * Les anticorps anti-SSA pourraient avoir un rôle
cibles de la maladie auto-immune. Au plan histologique, pathogène direct sur le tissu conducteur cardiaque du
le lymphome du MALT se caractérise par la présence d’un fœtus entrainant un bloc auriculo-ventriculaire néonatal
épithélium. et dans les lésions cutanées kératinocytaires du lupus.
Ils deviennent immunogènes sans doute en raison d’une
Le 2eme type histologique est représenté par le lymphome
expression cytoplasmique et membranaire anormale
B diffus à grande cellules (diffuse large B-cell lymphoma
ou en raison de leur présence à l’intérieur des vésicules
ou DLBCL).
d’apoptose présentes en nombre augmenté dans les
Certains facteurs sont prédictifs de survenue de lymphome cellules épithéliales.
chez les patients atteints de SGSp et cela a un double
Ainsi, schématiquement, les malades atteints de SGSp se
intérêt l’identification précoce des patients effectivement
répartissent en 3 groupes d’importance à peu prés égale :
exposés à cette complication afin de personnaliser la
1/3 sans anti-SSA ou anti-SSB, 1/3 avec anti-SSA seuls,
prise en charge ; - poser le diagnostic précocement avant
1/3 avec anti-SSA + anti-SSB.
la transformation en lymphome de haut grade dont le
pronostic est réservé. (15,16) * Autres anticorps : les Ac anti-fodrine, Ac anti-récepteurs
muscariniques M3.
Ces facteurs de risque sont résumés dans le tableau 1.
Explorations du syndrome sec
PARACLINIQUE
* Explorations de la fonction lacrymale
Biologie - Le test de Schirmer qui est le test de référence jusqu’à
- Syndrome inflammatoire : Le plus souvent il n’ya pas de présent (17) consiste à insérer une bandelette de papier
syndrome inflammatoire : les protéines de l’inflammation filtre gradué dans le cul de sac conjonctival pendant
et en particulier la protéine-c réactive sont à des taux 5 minutes, on considère qu’il y a une hyposécrétion
normaux, sauf en cas de vascularite ou de polyarthrite, lacrymale si moins de 5mm de papier ont été humectés
la vitesse de sédimentation est souvent élevée en raison par les larmes.
d’une hypergammaglobulinémie polyclonale qu’on - Examen au Vert de Lissamine : ce test, qui évalue aussi
observe dans près de 60% des cas. l’existence d’une kértoconjonctivite sèche, a remplacé
- Des cytopénies, lymphopénies surtout mais aussi le test au Rose de Bengale qui n’est plus utilisé car il est
neutropénie et thrombopénie peuvent être observées dans souvent douloureux. Un colorant vert est appliqué sur la
20-30%, elles sont rarement majeures. cornée, en cas de kératite, certaines zones de a cornée ne
- Une immunoglobuline monoclonale, signe prédictif de sont pas colorées de façon régulière.
lymphome est observée dans 10 à 15%. De même une * Explorations de la xérostomie : la mesure de flux salivaire
cryoglobulinémie mixte de type II ou III. qui consiste au recueil de la salive en demandant au malade

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Tableau 2 : Facteurs prédictifs de lymphome non hodgkinien au cours du SGSp (les éléments en gras sont les facteurs les
plus récents)

* Sécheresse buccale subjective.


* Sécheresse oculaire subjective, kératoconjonctivite sèche.
* Schirmer <5 mm en 5 min.
* Flux salivaire< 0,10 ml/min.
* Biopsie des glandes salivaires accessoires (BGSA) : au moins 1 focus /4mm2 (Chisholm grade 3 ou 4).
* Auto anticorps sériques de spécificité anti-SSA(Ro) ou anti-SSB (La).

Pour retenir le diagnostic de SGSp, il faut deux des quatre critères mineurs et au moins l’un des deux critères durs, ou trois
critères parmi les quatre critères objectifs.

Tableau 3 : Critères préliminaires ACR-EULAR pour le SGSp (2015).

Item score

Focus score > 1 3


Anti-SSA/Ro + 3
Ocular staining score >5 1
Test de schirmer < 5mm/5mn 1
Débit salivaire < 0,1ml/min 1

Total
9
Un SGSp est défini par un score > 4/9

de cracher dans une éprouvette pendant idéalement 15 focus score (FS) > 1 par 4 mm2 de tissu glandulaire.
min, au minimum 5 min. Elle est pathologique si elle est Néanmoins, un résultat positif ne signe pas à lui seul
inférieure à 0,10ml/min. ce débit peut être quantifié en
la maladie : de faux positifs s’observent au cours du
pesant la quantité de la salive produite.
vieillissement des glandes, et, à l’inverse, un véritable SGS
Biopsie des glandes salivaires peut présenter des glandes salivaires d’aspect normal.

L’examen anatomopathologique des glandes salivaires Echographie des glandes salivaires


accessoires est indispensable pour le diagnostic s’il n’existe
C’est la grande nouveauté, elle peut être utile au diagnostic
pas d’anticorps anti-SSA/SSB. Elle permet d’apporter un
et au suivi thérapeutique. (18)
critère de poids avec la présence d’un ou plusieurs focus
score (FS) de plus de 50 lymphocytes/4mm2. Les trois glandes principales sont explorées. Néanmoins,
les techniques doivent être standardisées.
La classification de Chisholm et Mason sera utilisée pour
l’interprétation, ne seront considérés comme pathologique Les glandes parotides ont une échogénicité supérieure
que les grades 3 et 4 définis par une sialadénite avec un à celle de la thyroïde mais une homogénéité identique.

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Figure 2 : Critères préliminaires ACR-EULAR pour le SGSp (2015).

Domaines Poids Pas Activité Activité Activité


d’activité (0) faible (1) modérée (2) élevée (3)
Signes généraux 3

lymphadénopa-thie 4

glandulaire 2

articulaire 2

cutané 3

pulmonaire 5

rénal 5

musculaire 6

Système nerveux périphérique 5

Système nerveux central 5

hématologique 2

Biologique 1
Activité faible : 0 – 5 points ; Activité modérée : 5 -13 ; Activité élevée : Au delà de 13.

Figure 3 : EULAR Sjogren’s syndrome patient reported index (ESSPRI)

1) Quelle est la gravité de votre sechresse au cours des 2 dernières semaines ?

Pas de Sechresse
sechresse maximale

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

2) Quelle est la gravité de votre fatigue au cours des 2 dernières semaines ?

Pas de fatigue Fatigue


maximale

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

3) Quelle est la gravité de votre douleur (douleur articulaire ou musculairedans les bras ou les jambes) au cours des 2 dernières
semaines ?

Pas de douleur douleur


maximale

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Un score ESSPRI inférieur à 5 est le seuil perçu par le patient comme acceptable selon le concept du patient acceptable symptom state ou PASS.

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L’analyse porte sur l’homogénéité du tissu glandulaire - Traitement symptomatique de la triade des symptômes à
avec comme principal résultat une hétérogénéité du savoir, la sécheresse, les douleurs diffuses et l’asthénie qui
parenchyme glandulaire sur au moins 2 glandes selon le compromettent la qualité de vie des patients.
score de De Vita. (18) - Traitement de fond, au jour d’aujourd’hui aucun
traitement de fond n’a fait la preuve de son efficacité.
CRITÈRES DIAGNOSTIQUES
Selon les groupes de consensus européens, les traitements
Il est indispensable de faire le diagnostic le plus doivent être ajustés à l’atteinte viscérale alors que les
précocement possible car cette maladie nécessite un signes fonctionnels du syndrome sec ne justifient pas
suivi particulier et peut justifier l’utilisation de traitements d’intensification thérapeutique.
immunosuppresseurs lors des complications systémiques
graves. Traitements symptomatiques
Il faut donc que le patient réponde aux critères - Traitement symptomatique du syndrome sec : de
diagnostiques consensuels internationaux de syndrome nombreux petits moyens sont à connaître :
de Sjögren. * Xérophtalmie : les larmes artificielles font privilégier les
En 2002, la communauté médicale internationale a formes uni doses, sans conservateur (type Larmabak*). Des
adopté les critères établis par l’American European formes « retard » type Gelarmes* sont à proposer le soir,
Consensus Group (AECG) [19) (Tableau 2). En sus des au coucher, chez certains patients. Les ophtalmologistes
critères subjectifs et objectifs du syndrome sec, figurent proposent les clous méatiques ou les collyres à base de
deux critères « durs » : la présence d’au moins un focus ciclosporine A.
score à l’examen d’une biopsie des glandes salivaires * Xérostomie :
accessoires et / ou la présence d’Ac anti-SSA+/- SSB.
- Salive artificielle tels les sprays d’Artisial*.
En 2015 de nouveaux critères ont été proposés par
- La pilocarpine par voie orale dont la posologie doit être
l’American College of Rheumatology (ACR), par un progressive pour limiter le risque de syndrome paradoxal
groupe d’experts pluridisciplinaire, le groupe Sjögren’s et les troubles digestifs.
International Collaborative Clinical Alliance (SICCA)
- Brossage dentaire avec une brosse douce, 2 à 3 fois/jour,
(Tableau 3). En pratique quotidienne, et dans l’attente des
en incluant le brossage du palais et la langue, bonbons ou
études de validation des critères ACR, les critères AECG
chewing-gums sans sucre sont à rappeler régulièrement.
doivent être utilisés.
Ni le Sulfarlem* ni le Bisolvan* n’ont fait leur preuve ;
certains les proposent à défaut.
ACTIVITÉ CLINIQUE DE LA MALADIE
* Xérose cutanée et muqueuse (génitale) :
Comme pour les critères d’activité de la maladie lupique
SLEDAI, un nouveau set de critères d’activité, l’ESSDAI - Crèmes hydratantes (Dexeryl*)
(EULAR/ Sjogren’s syndrome disease activity index), a - Crèmes lubrifiantes,
été récemment développé par un consortium européen. Il
- Traitement symptomatique de la douleur :
permet de prendre en compte non seulement le syndrome
sec mais aussi les atteintes viscérales fréquentes et les * Les antalgiques simples doivent être utilisés en privilégiant
anomalies biologiques. (Figure 2) le paracétamol qui n’a pas d’effet asséchant.

En parallèle, la perception de la maladie par le patient est * Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont quelquefois
prise en compte avec l’EULAR sjogren’s syndrome patient efficaces.
reported index ou ESSPRI, ce dernier est apparu sensible * La corticothérapie à petites doses : 10 à 15 mg peut avoir
au changement et pourra aussi être exploité dans les une efficacité. Cependant, celle-ci est souvent modérée et
essais thérapeutiques. (Figure 3). chez ces malades, il sera quelquefois difficile de l’arrêter.
* Les benzodiazépines comme le clonazepam (RIVOTRIL*),
TRAITEMENT ou les antidépresseurs tricycliques comme l’amitriptyline
Le traitement comporte 2 volets : (LAROXYL*) à petites dose : 15 à 20mg par jour pour ne

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pas aggraver le syndrome sec, peuvent être utiles sur les Divers anticorps monoclonaux dirigés contre le lymphocyte
douleurs neurologiques et sur les troubles psychologiques B ou ses régulateurs sont en cours d’étude. On peut citer,
associés. sans détailler, le bélimumab, BAFF inhibiteur déjà proposé
- Le traitement de l’asthénie : L’asthénie forte marquée au dans le lupus systémique, et l’épratuzumab, Ac anti-CD22,
cours du SGSp, est un symptôme à part, de traitement et bien d’autres sont encore en développement.
difficile
EVOLUTION
Traitements systémiques Activité de la maladie et mortalité
Dans les formes systémiques avec expression articulaire, Les nouveaux critères de classification ont permis à des
musculaire ou viscérale, les immunomodulateurs connus groupes internationaux d’apporter des informations
du rhumatologue sont à discuter. Plusieurs études de importantes sur de larges populations de patients (25,
faibles effectifs (< 25 patients) ont évalué la place de la 26,27). Les services espagnols de médecine interne ont
ciclosporine A, de l’azathioprine, du méthotrexate (MTX), ainsi pu collecter plus de 1000 patients avec SGSp et
du léflunomide et de l’acide mycophénolique. Les messages analysés la survie en fonction des critères ESSADAI au
en sont clairs : bénéfices limités sur le syndrome sec, diagnostic (28). Après un suivi moyen de 117 mois,
manque d’analyse spécifique sur les atteintes viscérales, et 115 des 1045 (11%) patients ont décédés. Les taux de
effet indésirables certains. survie étaient de 96%,92%,81% et 60% à respectivement
* Hydroxychloroquine (HCQ) : 5, 10, 20,30 ans. Les principaux facteurs prédictifs au
diagnostic en termes de mortalité globale après analyse
L’HCQ ou plaquenil * est souvent utilisé car il a montré
multi variée étaient le sexe masculin, la présence d’une
une efficacité dans deux études ouvertes comprenant
cryoglobulinémie et d’un taux de complément C4 bas.
respectivement 10 et 50 malades. La seule étude
Les domaines ESSDAI concernant les signes généraux,
randomisée contre placebo a été effectuée en « cross-over
pulmonaires et biologiques étaient associés à un risque de
» sur seulement 19 malades. (20)
mortalité augmenté.
Cette étude a mis en évidence une diminution de l’hyper-
Ainsi un score ESSDAI élevé >1, une activité élevée
gammaglobulinémie polyclonale mais n’a pas démontré
dans au moins un des domaines ESSDAI, et des
d’effets cliniques du plaquenil*. Une grande étude
anomalies biologiques particulières (lymphopénie, Ac
randomisée multicentrique est donc souhaitable. En
anti-SSB, gammapathie monoclonale, C4 bas et/ ou
pratique quotidienne, en attendant les résultats d’une telle
cryoglobulinémie) s’accompagnaient d’une mortalité
étude, le plaquenil* (à la dose max de 6,5 mg/kg/jour)
élevée avec des hazard ratio (HR) entre 3 et 10.
doit être proposé en cas de purpura vasculaire associé à
une hypergammaglobulinémie et il peut être donné en cas Mortalité et thérapeutique
de polyarthrite ou de poly arthralgies invalidantes. Par
A partir de cette base de données espagnole (28), les auteurs
contre, ce médicament n’a pas d’effet sur le syndrome sec.
ont pu décrire l’emploi de l’hydroxychloroquine(HCQ)
* Rituximab (RTX) : chez 25% des patients, des corticoïdes(GC) chez 42% dont
Une avancée apparente dans le traitement du SGSp a 23% avec des GC<20mg/j, des immunosuppresseurs (IS)
été les rapports de séries ouvertes regroupant de petits dans 13%, et du rituximab (RTX) chez 3% seulement.
effectifs de patients. (21-22) Fait intéressant, la prise d’HCQ était associée à une
Il faut cependant conserver l’indication du RTX dans réduction de la mortalité mais aussi de moindre risque de
les formes actives avec atteinte systémique comme une lymphome (28). Ni la prescription de GC ou ni celle d’IS
vascularite neurologique ou musculaire dans le cadre du ne modifiait les courbes de survie en termes de mortalité
SGSp. ou de survenue de lymphome non hodgkinien.
* Biothérapies anti-TNF-alpha :
CONCLUSION
Ni l’étanercept (23), ni l’infliximab (24) n’ont montré
Le SGS est le plus souvent une maladie non mortelle mais
d’effet significatif sur les symptômes de sécheresse.
s’accompagnant de signes cliniques très pénibles dans la
* Autres biothérapies :

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vie quotidienne et amputant la qualité de vie des malades. 11. Kassan SS, Thomas TL, Moutsopoulos HM, et al. Increased
Il est indispensable de recourir à des essais cliniques risk of lymphoma in sicca syndrome. Ann intern Med
correctement effectués afin de savoir enfin si un traitement 1978; 89: 888- 92.
de fond peut modifier le potentiel évolutif de cette maladie 12. Valesini G, Priori R, Bavoilloj D, et al. differential risk of
auto-immune. non- Hodgkin’s lymphoma in Italian patients with primary
Sjogren’s syndrome :J Rheumatol 1997; 24: 2376- 80.
DÉCLARATION D’INTÉRÊT
13. Anaya JM, McGuff HS, Banks PM, et al.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt en lien Clinicopathological factors relating malignant lymphoma
avec cet article. with sjogren’s syndrome. Semin arthritis Rheum 1996; 25:
337-46.
RÉFÉRENCES
14. Loannidis JP, Vassikiou VA, Moutsopoulos H, Long-term risk
1. Binard A, Devauchelle-pensée V, Fautrel B, Jousse S, of mortality and lymphoproliferative disease and predictive
Youinou P, Saraux A. Epidemiology of Sjogren’s syndrome classification of primary Sjogren’s syndrome Arthritis
: chere are we now ? clin Exp Rheumatol 2007;25 : 1-4. Rheum 2002; 46: 741- 7.
2. Hatron PY. Syndrome de Gougerot-Sjögren. Bulletin 15. Voulgarelis M, Dafni UG, Isenberg DA, et al. Malignant
Ressource de l’AFGS – N° 76 –1er trimestre 2011, 3-10. lymphoma in primary Sjogren’s syndrome: a multicenter,
3. Devauchelle-Pensec V, Pennec Y, Morvan J, Pers J-O, retrospective, clinical study by the European concerted
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