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"GENEALOGIE DU CALIBRE ETA 2824-2 ou UNE HISTOIRE DU MOUVEMENT

MECANIQUE

De nos jours, lorsque l'on observe un mouvement mécanique, on ne s'imagine pas toujours la
multitude d'inventions et d'ingéniosité que sa création a nécessité.

A ce niveau, l'histoire de l'horlogerie, tout comme l'histoire des marques horlogères, s'apparente à
une succession d'innovations techniques.

De fait, chaque mouvement de manufacture possède ainsi sa propre origine, sa propre histoire, qui
se traduit d'une part par un parti pris esthétique et d'autre part par un parti pris technique. De la
sorte, on peut tracer la lignée d'un mouvement à partir des mouvements antérieurs qui ont permis sa
réalisation.

A titre d'exemple, le calibre 822 à remontage manuel de Jaeger qui anime la Reverso Grande Taille
(et qui est le mouvement de base de la Sun Moon) a été créé en 1992. Cependant, en regardant bien
ce mouvement, on constate que son esthétique à pont central est directement inspirée des
mouvements Jaeger de la famille des calibres ronds 800, eux-mêmes inspirés de la série des 400
datant des années 40. En regardant ces derniers, on peut encore constater qu'ils sont eux-mêmes
inspirés de mouvements de montres à gousset Jaeger plus anciens...

Autrement dit, un mouvement n'est jamais vierge d'histoire.

Au final, on peut en arriver à affirmer que le fameux calibre 822 de Jaeger créé en 1992 possède des
éléments héréditaires d'aïeux remontant jusqu'aux années 20!

Avec certains mouvements, comme ceux de Lange & Söhne dotés d'une platine 3/4 à la Glashüette,
on peut, de la sorte, remonter jusqu'au milieu du XIXème siècle... Autant vous dire qu'une histoire
généalogique des mouvements mécaniques serait une entreprise fort ambitieuse et
intéressante...mais relativement longue et ardue!

L'objet de ce post se veut plus modeste mais non moins intéressant, je l'espère: je m'attacherai ici à
tordre le cou à quelques idées reçues relativement à un mouvement que l'on voit trop souvent
qualifié de basique, à savoir le fameux calibre 2824-2 d'ETA.

Pour se faire, je ferai un petit tour d'horizon des différentes caractéristiques de ce mouvement
apparu en 1972, depuis produit à des millions d'exemplaires, et qui équipe par conséquent un
nombre important de montres.

Cependant, ce post ne saurait se limiter à une simple défense du 2824-2: il se veut également une
petite histoire du mouvement mécanique au travers des différentes étapes techniques qui ont permis
d'arriver là où en est l'industrie horlogère aujourd'hui.

C'est que l'image de la montre porteuse d'un héritage horloger de plusieurs siècles n'est peut être pas
aussi tronquée lorsque l'on y regarde de plus près...

Certe, la plupart des mouvements de nos montres-bracelets sont bien souvent issus d'un processus
de fabrication industriel assez éloigné de ce que l'on nomme artisanat. Cependant, il n'empêche
qu'un mouvement en apparence aussi simple qu'un 2824-2 recèle en lui même des détails techniques
pouvant remonter jusqu'au XVème siècle! Stupéfiante généalogie! Seulement pour regarder, il faut
d'abord voir.

Aussi, la chronologie que je vous propose devrait permettre à tous les amoureux de l'horlogerie de
mieux comprendre quelles sont les caractéristiques techniques de leur montre et de comprendre quel
rapport elles entretiennent avec l'histoire du mouvement mécanique. Et ce, que leur montre soit une
Oris, une Rolex ou bien encore une Patek...

CHRONOLOGIE:

ANTIQUITE: Les rouages mécaniques

Les plus anciens instruments de mesure sont les horloges solaires, les horloges à eau (clepsydres) et
à sable (sabliers). Difficile pour le moment de faire un rapprochement technique avec un
mouvement moderne! Ceci dit, il faut savoir qu'à cette époque, déjà, on sait concevoir des
engrenages composés de roues, d'axes et de poulies.

Pourquoi n'est-on pas alors capable de produire des horloges?

La réponse est simple: on est techniquement incapable de réaliser les deux organes fondamentaux
qui permettent la bonne marche d'un instrument de mesure mécanique. A savoir l'organe moteur, qui
stocke et fournit l'énergie, et l'organe régulateur, qui permet de régler la marche d'un mouvement.
Les avancées techniques qui vont suivre au cours des siècles suivants vont donc toucher de près à
ces deux parties essentielles d'un garde temps.

XIIIème SIECLE: Les horloges à poids

Durant ce siècle, apparaissent les premières horloges à poids utilisant comme organe moteur, vous
l'avez deviné, des poids suspendus.

XVème SIECLE: Le ressort-moteur et la fusée

Siècle important pour l'horlogerie puisque c'est celui de l'apparition d'un élément essentiel du
mouvement, toujours employé de nos jours, à savoir le ressort-moteur.

Il s'agit d'une bande de métal enroulée sur elle-même et enfermée dans une boîte appelée barillet.

Il faut noter cependant que les ressorts-moteurs du XVème siècle présentaient un inconvénient
majeur: arrivés à mi-déroulement, ils perdaient en puissance et rendaient par conséquent la
précision de marche du mécanisme instable.

Pour compenser le manque d'efficacité du ressort-moteur, des horlogers ont inventé, en France, une
pièce essentielle du mouvement.

Il s'agit de la fusée qui sera employée dans les montres à gousset jusqu'au milieu du XIXème siècle.

La fusée est une pièce de forme conique à laquelle est fixée une corde à boyau (qui deviendra par la
suite une chainette) qui la relie au barillet. Lorsque le ressort vient d'être remonté, et qu'il est par
conséquent tendu à son maximum, il tire la corde qui entoure le sommet de la fusée en son plus petit
rayon. A mesure que le ressort se détend, la corde s'enroule sur le barillet et tire la fusée sur un
rayon de plus en plus large. De la sorte, l'inégalité de la force motrice du barillet est compensée par
un tirage de force moindre obtenu par un jeu sur le rayon du cône.

Désormais, grâce au ressort-moteur et au principe de la fusée, l'horloge se fait transportable. C'est


une véritable révolution pour l'horlogerie et très certainement l'acte de naissance de la montre.

Le ressort-moteur est toujours employé de nos jours et reste la principale source de stockage
d'énergie des montres mécaniques. Cependant, depuis 1945, le ressort-moteur a reçu de notables
améliorations quant aux matériaux entrant dans sa fabrication. Souvent composé de fer, de nickel et
de chrome auxquels on a ajouté du cobalt, du molybdène et du beryllium, il présente de sérieux
avantage: incassable et indéformable, il ne rouille pas. Par ailleurs, il présente la particularité d'être
pratiquement insensible aux influences magnétiques. En théorie, le ressort-moteur d'un mouvement
moderne usagé pourrait être réutilisé sans difficulté dans un autre mouvement du même calibre sans
aucune conséquence facheuse. Sa longévité est stupéfiante. L'une des exécutions les plus connues
aujourd'hui du ressort-moteur reste le Nivaflex, commercialisé par Nivarox-FAR (filiale du
Swatchgroup), et notemmant employé dans le 2824-2.

1664: La chaîne

L'horloger Gruel va remplacer la corde à boyau qui relie barillet et fusée par une chaînette,
nettement plus sûre vous pouvez la voir sur les images précédentes). Celle-ci est semblable en
miniature à une chaîne de vélo. De nos jours, seule Lange & Söhne emploie le mécanisme de chaîne
et fusée sur son tourbillon "Pour Le Mérite".

La pièce est exceptionnellement fine et il est certain que peu de maisons horlogères sachent
maîtriser aussi parfaitement que Lange une telle technique sur un mouvement de montre bracelet.

1675: Naissance de l'association balancier/spiral

Christiaan Huygens, ami de Descartes, inaugure l'usage du spirale plat sur le balancier. En 1657, ce
savant hollandais avait déjà eut l'idée d'employer le balancier sur les horloges. L'association
fondamentale entre le balancier et le spiral est née. Le XVIIème siècle va donc pouvoir s'ouvrir sur
celui des célèbres horlogers artisans tel que Bréguet ou Lépine.

Le balancier est la pièce mobile circulaire oscillant sur un axe de rotation que l'on peut observer sur
les montres disposant d'un fond transparent.

Lui est accouplé ce que l'on nomme le spiral, ressort qui lui imprime un mouvement de va-et-vient,
divisant le temps en périodes rigoureusement égales. Chaque allez-retour est appelé oscillation, elle-
même composée de deux alternances.

L'association balancier-spiral est toujours d'actualité en horlogerie. Elle est capitale puisque c'est
elle qui détermine la régularité avec laquelle les aiguilles du mouvement avancent. Moins le
balancier-spiral sera soumis à des facteurs de perturbation, et plus la montre sera évidemment
précise. Parmi les facteurs qui viennent nuire à la régularité des oscillations du couple balancier-
spiral, on peut noter la température, le magnétisme, la qualité des huiles employées au niveau des
axes du balancier, et les chocs. Au fil des siècles, d'importantes innovations vont améliorer
fortement le fonctionnement de cet organe régulateur de la marche des mouvements mécaniques.

Ces deux technologies ont chacune près de 5 siècles d'existence et sont encore utilisées de nos jour
en horlogerie!

Aussi, je crois bon de rappeler que la montre mécanique que nous portons au poignet ne
fonctionnerait pas sans ces deux inventions capitales. Il faut insister sur ce fait. En quelque sorte,
dire d'un 2824-2 ou d'un autre mouvement récent qu'il est porteur d'éléments technologiques vieux
de plus de 5 siècles ne relèvent pas du mensonge mais de la stricte réalité!

Evidemment, nos mouvements récents bénéficient de technologies plus performantes, telles que le
balancier en glucydur ou bien encore le spiral Nivarox, technologies dont je parlerai demain dans
ma 3ème et dernière partie.

Cependant, l'idée est bien là: dans chaque mouvement mécanique se cache un fragment de l'histoire
de l'horlogerie.

1688: Apparition de l'aiguille des minutes sur les cadrans

1690: Appartion de l'aiguille des secondes (peu employée jusqu'au XIXème)

1700: Premier usage des rubis en horlogerie

A Londres, deux horlogers français découvrent l'intérêt des pierres percées pour l'horlogerie.

Auparavant, les axes des balanciers ainsi que ceux des rouages tournaient directement dans le
laiton... Or, la vitesse de rotation souvent élevée du balancier créait des phénomènes d'usure
prématurée. Grâce à l'utilisation de rubis perforés comme pivots et contre-pivots, la durée de vie des
mouvements se voit considérablement prolongée.

Les rubis des mouvements mécaniques sont fabriqués à l'aide de déchets de rubis par fusion et
pression jusqu'en 1902. A cette date, on parvient à maîtriser la fabrication du rubis de synthèse. Ce
dernier est de meilleur qualité. Il sera presque immédiatement adopté par l'industrie horlogère. Avec
le temps, on parvient à produire des blocs de corindon (autre nom du rubis) plus importants en
taille. On l'utilisera par la suite pour fabriquer les glaces des montres qui deviennent alors
inrayables. En 1969, ETA parvient à automatiser le sertissage des pierres sur les platines. Ce
procédé de fabrication est pour l'époque l'une des première tentative d'automatisation des chaînes de
production.

Avec le temps, on considère que l'adjonction de rubis aux endroits de friction les plus importants du
mouvement est un critère déterminant de qualité. Cela devient également un argument commercial
qui frappe les esprits: plus un mouvement à de rubis, meilleur il est. On verra ainsi se succéder
plusieurs standards dont le fameux "Seventeen (17) Jewels". Ceci dit, au début du XXème siècle,
seuls les modèles d'entrée de gamme ne disposent pas systématiquement du nombre suffisant de
rubis pour assurer un bon fonctionnement du mouvement à long terme.

L'ETA 2824-2 possède 25 rubis.

1754: L'échappement à ancre


L'anglais Thomas Mudge invente l'échappement à ancre.

La régularité des oscillations du balancier est déterminante pour la précision de marche d'une
montre. Cependant, sans échappement, la détente du ressort, dont la régularité est déterminée par les
oscillations du balancier, ne peut être assurée.

L'échappement est donc le mécanisme qui relie l'organe moteur à l'organe régulateur et qui permet
le fonctionnement synchronisé de ces deux derniers.

L'échappement inventé par Mudge a la particularité de faire intervenir une pièce maîtresse, l'ancre,
baptisée ainsi à cause de sa ressemblance avec l'ancre des navires.

En laiton ou en acier, l'ancre donne au balancier l'impulsion qui lui permet d'osciller mais permet
également au moteur de "lacher du leste" sans pour autant se dérouler complètement.

Ainsi, à chaque alternance du balancier, l'ancre permet au ressort-moteur de laisser s'échapper une
quantité infime d'energie qui se traduit par l'avancée de l'aiguille des secondes suivant une distance
équivalente à la durée d'une alternance.

Sur un mouvement comme le 2824-2, le balancier oscille 14 400 fois par heure, alternant ainsi 28
800 fois. Il connaît une fréquence de 4 herz (l'herz indiquant le nombre d'évènements qui se produit
pendant une seconde). Il se produit donc 4 oscillations par seconde, soit 8 alternances. L'aiguille des
secondes du 2824-2 avance donc, sur le cadran, de 8 micros-pas par seconde.

Sur un mouvement comme le El Primero, la fréquence étant de 5 herz, il se produit toutes les
secondes 10 micros-pas. L'intérêt d'une telle fréquence? L'indication d'une mesure du temps au
dixième de seconde!

On peut noter enfin que le fameux tic-tac qui fait le délice des amoureux de mécanique résulte du
choc issu de la rencontre entre les palettes (ou rubis) de l'ancre avec la roue d'ancre.

Avec les différentes améliorations qu'il va recevoir au cours du XIXème siècle, l'échapement à
ancre va s'imposer comme le mécanisme d'échappement le plus efficace. Ses concurrents plus
anciens, à savoir l'échappement à roue de rencontre et l'échappement à cylindre, vont alors
progressivement disparaître.

1770: Le calibre Lépine

Etape fondamentale dans l'histoire de l'horlogerie qui déterminera de façon capitale la poursuite de
l'aventure horlogère: le jeune Lépine construit un mouvement d'une conception révolutionnaire pour
l'époque.

Si vous avez lu attentivement mon post précédent, vous n'êtes pas sans savoir que toutes les
montres, à l'époque de Lépine, fonctionnent à l'aide d'un barillet, d'une fusée et d'une chaîne.
L'ensemble de cette conception prend une place non négligeable dans le mouvement qui frôle bien
souvent les 3 voire 4 centimètres! C'est que les pièces qui composent le mécanisme sont enfermées
dans une cage relativement épaisse qui maintient l'ensemble. Aussi, il n'est pas rare de voir des
montres de la forme d'une petite boule...

L'originalité de la construction de Lépine réside dans deux innovations majeures.

La première est la disparition de la cage de maintient au profit d'une platine principale sur laquelle
sont fixés, à l'aide de ponts, les différents organes du mouvement. Le gain de place est désormais
considérable: Lépine vient d'inventer le mouvement à pont.

(A suivre).....

Invité
Invité

Re: l'histoire du 2824-2 (très long).


par Invité le Mar 1 Juil - 16:43

(la suite...)

La deuxième innovation est liée à la première: désormais, le mécanisme de la fusée disparait au


profit d'un entrainement directe des rouages du mouvement par le barillet. C'est que depuis le
XVème, les ressorts-moteurs ont reçu des améliorations qui permettent désormais de se passer
partiellement de la fusée. Là aussi, le gain de place n'est pas négligeable.

Au cours des années qui suivent, le calibre Lépine va être adopté par les plus grands horlogers, tel
Bréguet, qui vont le perfectionner et l'imposer comme étalon. Les mécanismes de montres qui
fonctionnent à partir d'une fusée et d'une chaîne sont alors condamnés à disparaître.

Grâce au calibre inventé par Lépine, une quête preque infinie de la minceur est désormais entamée.
Au début du XXème siècle, le record est pratiquement atteint avec des mouvements mécaniques
d'une épaisseur inférieure à 2 mm.

Tous les mouvements mécaniques disponibles sur le marché, sauf rares exceptions, sont conçu sur
le modèle innivé par Lépine.

Nous l'avons vu, l'ETA 2824-2 est un mouvement porteur d'un héritage technique important à de
nombreux niveaux:

-le ressort-moteur
-le balancier
-le spiral
-la platine et les ponts
-l'échappement à ancre
-les rubis

Mais ce n'est pas fini, loins de là...

Aussi, bienvenu dans la vie© labellisé!


Et oui, avec l'industrialisation et l'apparition des marques au XIXème, l'innovation se met au brevet
et à la protection des intérêts financiers des enseignes qui innovent!

C'est que l'horlogerie rapporte des sous. Et dans un monde où la sous-traitance régne en maître, la
plus petite innovation peut devenir une véritable mine d'or pour celui qui sait l'exploiter
intelligement! Le brevet est également le meilleur moyen, pour une entreprise, de se rendre
indispensable...

1838: Le premier remontoir à couronne

La maison Louis Audemars (qui deviendra par la suite Audemars Piguet) invente le remontoir à
couronne qui permet le réglage des aiguilles à condition d'appuyer sur un petit poussoir placé juste à
côté de la dite couronne.

1847: Le deuxième remontoir à couronne sans poussoir

Charles Antoine LeCoultre (qui deviendra par la suite Jaeger-LeCoultre) perfectionne l'invention
d'Audemars en éléminant le fameux bouton-pressoir. Il suffit désormais de tirer d'un cran la
couronne pour régler les aiguilles des montres.

1861: Dernière grande amélioration de la couronne de remontoir

Adrien Philippe (dont la maison s'appellera par la suite Patek Philippe), améliore encore les sytèmes
précédents. A 2 niveaux en particulier:
- le mécanisme de tirette qui permet le réglage des aiguilles
- le mécanisme qui lie la couronne au ressort moteur.

Le mouvement mécanique gagne dès lors en finesse. Les mauvaises langues diront que depuis,
Patek Philippe n'a pas innové.

De la fin du XIXème siècle jusqu'en 1910:

Le mouvement mécanique commence à prendre sa forme définitive.

A l'appartion de la montre bracelet, en 1910, les améliorations techniques se produisent


essentiellement au niveau de la miniaturisation des pièces.

1933: Apparition du premier parechoc Incabloc©.

Les pivots de l’axe de balancier sont les parties les plus fragiles de la montre. Jadis, il n'était pas
rare qu'une montre soit bonne pour retourner chez l'horloger juste après une simple chute. Car
lorsque les axes d'un balancier sont cassés, il n'y a rien à faire, la montre est temporairement morte!

Aussi, la protection de cette partie sensible du mécanisme a particulièrement préoccupé les


horlogers. C'est Bréguet qui le premier eut l'idée du parachute:

Le principe est simple: des ressorts jouent le rôle d'amortisseur de choc à chaque extrémité des
contre-pivots qui maintiennent l'axe.

L'Incabloc© apparaît en 1933. Cependant, ce n'est qu'à la deuxième génération d'amortisseurs, en


1937, que l'Incabloc© acquiert toute son efficacité en prenant sa forme presque définitive.

Les qualités de l'Incabloc© sont nombreuses. En voici les principales:

1) Il protège contre les chocs

2) Il facilite l'huilage des rubis du balancier

3) Il améliore la stabilité des oscillations du balancier

Vous pouvez également visiter le site de la marque: www.incabloc.ch

En 1949, déjà 25 000 000 de parechocs Incabloc© sont vendus.

1933: Le Nivarox©

Le spiral, c'est l'âme de la montre.

Sans ce minuscule petit ressort, aucune montre mécanique ne peut fonctionner: c'est lui qui permet
au balancier d'osciller.

Comment?

En recevant et en renvoyant par déformation mécanique le mouvement transmis par l'ancre. Comme
pour le corps humain, c'est au travers des contractations et des décontractions du spiral, le coeur du
mouvement, que le balancier oscille sur lui-même et que la montre prend vie.

Qu'un mouvement soit d'origine industrielle ou bien de haute horlogerie, sans spiral de qualité, il
n'est rien.

Par ailleurs, c'est des propriétés élastiques du spiral que dépend la régularité des oscillations du
balancier. Donc la précision de marche du mouvement.

Seulement, le spiral est une bande métallique, et comme toute pièce conçue à partir d'un métal, elle
n'est pas insensible aux variations de température. Vous connaissez tous l'histoire de la Tour Eiffel
qui, les jours de grandes chaleurs, voit son sommet se déplacer de 4 à 5 mètres à cause de la
dilatation de sa structure. Il se produit le même phénomène pour le spiral de balancier: avec la
chaleur, la structure atomique du ressort "se ramolit" et la durée des alternances s'allonge. Du coup,
la montre retarde. Lorsqu'il fait froid, le ressort "se durcit" et il se produit le phénomène inverse: la
montre avance.

Les années 30 voient justement apparaître des spiraux fabriqués dans de nouveaux matériaux aux
propriétés étonnantes: ces derniers ont la particularité d'être presque insensibles aux fluctuations de
température. L'un des premiers spiraux de ce type est l'Elinvar (Elinvar pour "élasticité invariable").

En 1933, né le spiral Nivarox©, plus robuste et moins sensible que l'Elinvar. Inoxydable,
amagnétique, et extrêmement dur, il est composé d'un alliage intelligent de nickel, de chrome, de
béryllium, de titane, d'aluminium et de fer.

Le spiral Nivarox© est qualifié d'autocompensateur. Cela signifie que ses propriétés physiques lui
permettent de compenser de lui même les fluctuations de température et leur répercussion sur la
marche du mouvement. Autant dire que cette nouvelle génération de spiraux est une révolution pour
le monde de l'horlogerie: il est désormais possible pour la montre mécanique d'atteindre des records
de précision jusqu'ici inespérés.

Aujourd'hui, l'entreprise qui fabrique le spiral Nivarox© existe toujours et porte le nom du produit
qui est à l'origine de son succés. En 1984, cette société a fusionné avec les FAR (Fabriques
d'Assortiments Réunies) pour former la Nivarox-FAR. C'est une filiale active du Swatchgroup.

Elle propose un vaste choix de spiraux, de balanciers, de ressorts-moteurs (comme le Nivaflex©) et


d'assortiments d'échappements (ancres et roues d'ancres). Sachant qu'elle a, dans son domaine, un
quasi-monopole, elle fait l'objet de nombreuses critiques du fait de son lien financier avec
Swatchgroup. Elle reste cependant une entreprise innovante qui s'est fait une spécialité de tout ce
qui relève de la micro-mécanique (elle fabrique entre autre les cages des tourbillons de Blancpain et
de beaucoups d'autres marques...mais chut...c'est secret...)

Jusqu'à présent, Nivarox-FAR proposait le Nivarox© en deux qualités, dont bénéficiait le calibre
ETA 2824-2: le Nivarox I, la meilleure qualité, et le Nivarox II, équipant le bas de gamme et la
moyenne gamme.

Désormais, le Nivarox I vient d'être remplacé par l'Anachron©. Il s'agit d'une nouvelle génération
de spiraux fabriqués à partir d'un alliage issu d'une nouvelle coulée protégée par un brevet (une
seule coulée de l'alliage Nivarox suffit pour la porduction de tous les spiraux d'une seule année). Le
spiral Anachron aurait des qualités isochroniques encore plus grandes que le Nivarox I, qui était
déjà bien placé.

En tout cas, sachez que sur les versions haut de gamme du 2824, le spiral qui est employé est
strictement le même que celui des plus beaux modèles à 1 millions d'euros de Patek Philippe, Lange
& Söhne ou Audemars Piguet...

Evidemment, ce qu'il y'a autour du spiral d'une Lange n'est pas tout à fait la même chose que ce
qu'il y a autour du spiral d'un 2824... Seulement, rappelons-nous le début de la leçon: "Le spiral est
l'âme de la montre". Aussi, voici une jolie question métaphysique: l'âme d'une Lange serait-elle la
même que celle d'une Oris? Mmmmmm...tout cela laisse bien songeur...

Milieu des années 30: le balancier en Glucydur


Bien avant que n'apparaisse le spiral autocompensateur Nivarox©, les horlogers avaient déjà essayé
d'améliorer la régularité des oscillations du balancier.

A la fin des années 20, le balancier bimétallique autocompensateur (photo du dessus) reste
l'incarnation parfaite des différents moyens mis en oeuvre à ce niveau. Il possède 3 caractéristiques
principales: des petites masselottes (ou vis), deux fentes situées chacune près d'un des deux bras du
balancier et deux métaux entrant dans sa composition.

Les vis permettent, par un ajustage, d'équilibrer le balancier et de le rendre plus stable lors des
oscillations. Quant aux deux autres caractéristiques, elles permettent de compenser les variations de
température sur la marche par déformation du balancier.

Avec l'apparition du spiral autocompensateur Nivarox, le balancier bimétallique devient inutile


puisque désormais c'est le spiral qui compense les écarts de température.

Aussi, seul un balancier fabriqué dans un alliage suffisament stable en cas de changement de
température permettrait d'accroître les performances du Nivarox. Cet alliage apparait au milieu des
années 30: il s'agit du Glucydur.

Composé de béryllium, de cuivre et de nickel, le balancier monométallique en Glucydur est non-


magnétique, non-corrosif et sa dureté de 380 vickers lui permet de résister aux déformations
causées par les variations de température. De même, son poli brillant est agréable à l'oeil et il se
prête bien à l'équilibrage.

Pendant quelques années, les balanciers Glucydur à vis sont employés. Cependant, rares sont ceux
qui utilisent réellement les vis d'ajustement: elles signifient d'abord que la montre est de qualité
avant d'être véritablement fonctionnelles. Car à l'époque, de nombreux horlogers réparateurs se
refusent à les employer jugeant inutile de régler ces vis. En effet, l'expérience montre que la dureté
et l'extrême stabilité du Glucydur rend inutile tout equilibrage...

Aussi apparaît au début des années 50 le fameux balancier moderne à 3 bras qui, à la fin des années
60, équipera plus de 90% des montres suisses de qualité.

Aujourd'hui, ce balancier équipe encore la plupart des montres mécaniques suisses dont, entre autre,
le 2824. Sur certains modèles d'entrée de gamme, on trouve parfois un balancier en nickel.

Vous noterez ce détail intéressant: des balanciers comme le Gyromax de Patek (photo ci-dessus), ou
encore les balanciers à vis en Glucydur que l'on trouve sur des Langes, ont d'abord une vocation
esthétique plus qu'un réel intérêt technique. Ils n'apportent strictement rien aux performances de la
montre et sont d'abord là pour en jeter plein les yeux aux néophytes qui se disent que tout cela a l'air
bien compliqué... Et puis franchement, vous vous imaginez un tourbillon avec le même balancier
que celui d'une Oris? D'ailleurs, Blancpain a choisit d'équiper presque exclusivement ses montres
avec des balanciers modernes, sauf pour ses tourbillons...
1940 Rouages en Glucydur

Fort des avantages du Glucydur, de nombreux horlogers décident de l'employer également dans la
confection des roues.

Après différentes recherches, on s'aperçoit de l'intérêt d'associer des rouages en Glucydur à des axes
en acier: il s'avère que le contact de deux alliages de nature différente permet de réduire notoirement
les phénomènes d'usure des pièces.

Vous pourrez le constater très souvent sur les mouvements de qualité: les pièces qui entretiennent
un rapport de contiguité entre elles sont toujours fabriquées dans deux matériaux différents. Cela est
particulièrement vrai pour les grandes complications comme les calendriers perpétuels (cf. le
catalogue Lange & Söhne où le mécanisme du calendrier perpétuel ne possède aucune pièce qui
entre en contact avec une autre et qui soit faite du même métal).

1945 Engrenage ETA

Les ingénieurs d'ETA conçoivent un rapport d'engrenage qui permet d'exploiter pour le mieux le
potentiel énergétique des ressorts-moteurs.

Parallèlement, ils repensent la forme des dents du barillet qui entraînent les roues du mécanisme.

Ainsi, avec un même ressort-moteur, les mouvements ETA voient leur réserve de marche améliorée.

(image www.chronometrie.com)

1948: L'Eterna-Matic

Eterna innove en introduisant le roulement à bille en horlogerie. Celui-ci présente deux avantages
majeurs: non seulement il réduit considérablement les phénomènes de friction, mais il permet
également d'améliorer le rendement énergétique du rotor en augmentant sa vitesse de rotation.
Même Rolex, inventrice du remontage automatique par rotor, n'y avait pas pensé...

L'invention sera abondamment reprise par la totalité des marques horlogères.

Cependant, le mouvement de l'Eterna-Matic innove à un second niveau. Le rotor, en tournant sur


lui-même à 360°, pourrait en toute logique remonter le ressort de la montre dans les deux sens. C'est
chose faite avec le mécanisme des roues inverseuses (visible sur la photo du dessus). Ces deux
dernières permettent alternativement, à l'aide d'un système de cliquets, de transmettre au ressort de
barillet tous les mouvements du rotor.

Pour des explications techniques plus détaillées, allez visiter l'excellent article sur les "Inverseuses"
de www.horlogerie-suisse.com

Bien avant sa création dans les années 70, le 2824-2 connaît déjà des développements antérieurs.
Les premiers datent de 1961 et ont une constante: ils sont tous clairement inspirés de l'Eterna-Matic
de 1948. Normal, la maison ETA est depuis longtemps financièrement liée à Eterna.

Le 2824-2 va connaître de nombreuses versions, de 17 à 25 rubis, en passant par du 18 000 ou du


36 000 alternances...jusqu'à la version que nous connaissons tous aujourd'hui. Officiellement, ce
mouvement a plus de 30 d'existence, bien que ses principes de fonctionnement remontent à la fin
des années 40. 30 d'existence! Cela fait de lui un mouvement historique! Et il est fort à parier que sa
production ne s'arrête pas de si tôt...

1998: Etastable

Vous connaissez tous l'histoire de la "mémoire des métaux"?

Durant les années 90, on s'aperçoit qu'en traitant thermiquement, à répétition, certains métaux, on
peut leur faire "mémoriser" une forme particulière. On voit ainsi apparaître de nouveaux soutien-
gorges dont l'armature reprend forme après déformation accidentelle.

L’invention «ETASTABLE»© est l'application de ce principe en horlogerie, et en particulier au


niveau du spiral. Un traitement thermique par micro-flammage permet à celui-ci d'acquérir une
stabilité plus grande et une augmentation considérable de sa résistance aux chocs des mouvements
mécaniques.

La même année, Nivarox-FAR accroit l’amagnétisme de la roue d’échappement par une fabrication
de celui-ci en manifor.

CONCLUSION:

Le balancier-spiral du 2824-2 alterne sur lui même 28800 fois par heure, soit une fréquence de 4
Herz. Sa vitesse de rotation est relativement élevée puisqu'elle approche celle d'une locomotive se
déplaçant à 140 km/h. Pesant moins de 2 millième de gramme, résistant à une tension de 600
grammes, le spiral de balancier est 3 à 4 fois plus fin qu'un cheveux. Pourtant, il se contracte et
s'étend près de 250 000 000 de fois par an.
L'échapement est lui aussi un composant particulièrement résistant: à 28800 alternances du
balancier par heure, la roue d'ancre avance 691 200 fois par 24 heures. Elle subit donc plus de 10
milliards d'impulsions tous les 4 ans, 6 fois plus qu'un coeur humain. Paradoxalement, une montre
qui retarde de 30 secondes par jour, ce qui reste énorme, connaît un pourcentage d'erreur inférieur à
0,035%. Autrement dit, elle est précise à 99,965%.

Pour moi, le tictac d'une montre mécanique reste l'une des plus belle façon que l'homme ait trouvé
de faire chanter la matière.

En espérant que ce petit voyage historique vous aura permis de mieux apprécier votre montre
mécanique. "

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