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HABITER CHEZ AUTRUI : POURQUOI ET COMMENT ?
Trajectoires et expériences de jeunes hébergés en région parisienne
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Hélène Béguin, Claire Lévy-Vroelant

Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) | « Agora débats/jeunesses »

2012/2 N° 61 | pages 61 à 78
ISSN 1268-5666
ISBN 9782724632897
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2012-2-page-61.htm
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Pour citer cet article :


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Hélène Béguin, Claire Lévy-Vroelant« Habiter chez autrui : pourquoi et comment ?
Trajectoires et expériences de jeunes hébergés en région parisienne », Agora
débats/jeunesses 2012/2 (N° 61), p. 61-78.
DOI 10.3917/agora.061.0061
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Habiter chez autrui :


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pourquoi et comment ?
Trajectoires et expériences de jeunes
hébergés en région parisienne 1

Hélène Béguin, Claire Lévy-Vroelant

Introduction
« Pour les jeunes en recherche de logement, le jeudi est une journée
noire : celle de la chasse aux petites annonces. Des logements toujours
plus chers et des bailleurs toujours plus exigeants. C’est aussi la jour-
née où on envisage des solutions alternatives : colocation, sous-­location,
logement chez des proches, squat, retour chez les parents…2 » À la lec-
ture de ces lignes de présentation de Jeudi noir, collectif militant de
« galériens du logement », les formes d’habitat alternatives au logement
ordinaire apparaissent comme des choix résidentiels par défaut, fruits
des difficultés d’accès à un logement indépendant.
Si ces difficultés sont incontestables, poser le recours à des modes d’habi­
ter dits « alternatifs » comme une incongruité fâcheuse empêche de voir
ce qui se joue au cours de ces épisodes qui participent de la transition
vers l’âge adulte. Issu d’une recherche collective, cet article se propose
d’examiner, à travers une analyse fine des situations d’hébergement en
région parisienne d’une trentaine de jeunes âgés de 18 à 30 ans, ce que
ces modes d’habiter peuvent apporter à la connaissance des transitions
biographiques vers l’âge adulte et, plus généralement, comment se
décline l’habiter avec autrui, ce « tiers » auparavant ami, parent, simple
relation, voire inconnu. Cette forme de « logement de passage » (Lévy-
Vroelant, 2000), plus souple que le logement locatif de droit commun,
n’offre-t-elle pas des possibilités d’ajustements, d’arrangements et de

1.  Logement chez autrui et transition biographique : pratiques et représentations parmi les jeunes
et leurs hébergeants à Londres et à Paris, L’Îlot, en collaboration avec SHM Londres, recherche
réalisée par Hélène Béguin, Diouldé Diallo, Florent Hérouard, sous la direction de Claire
Lévy-Vroelant. Cette recherche est financée par le Plan urbanisme construction architecture
(PUCA) du ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, sous
la responsabilité de François Ménard (lettre de commande du 15 juin 2010). Dans cet article,
nous ne rendrons compte que du volet qualitatif de la recherche menée en France.
2.  www.jeudi-noir.org/qui-nous-sommes/

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mobilités recherchées dans une période de transition biographique  ?


N’est-elle pas aussi un espace de socialisation où jouent les affects et
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dans lequel se négocient droits et devoirs ?


Le parti pris originel est donc, à la suite des recherches faisant de l’hos-
pitalité le lieu de réinterprétation du lien social (Douglas, 1991 ; Gotman,
2001) et de l’habiter un espace de recomposition des sociabilités (Authier,
Grafmeyer, 1997 ; Lévy-Vroelant, 2005), de prendre au sérieux ce qui est
en jeu entre celui qui accueille et le jeune hébergé. L’ambiguïté séman-
tique résultant de l’usage du même mot (l’hôte) pour désigner celui qui
reçoit et celui qui est reçu met d’emblée sur la voie de configurations
relationnelles moins tranchées et peut-être moins inégales qu’il pourrait
sembler à première vue (Schérer, 1993), et invite à adopter sur ces situa-
tions sociales un regard plus compréhensif que négatif et attentif aux
représentations que s’en font les acteurs3. L’allongement de la durée des
études, le recul de l’âge de l’accès à un emploi stable, mais aussi le recul
de l’âge du départ à la retraite, ainsi que l’augmentation de l’espérance
de vie participent à rendre plus longue et plus diversifiée la transition
entre la sortie du domicile parental et l’accès à l’indépendance résiden-
tielle, tandis qu’est remise sur le métier la question des transferts inter-
générationnels (Attias-Donfut, Wolf, 2005). Pour toutes ces raisons, la
question du logement des jeunes fait l’objet de réflexions renouvelées
de la part des pouvoirs publics et des professionnels du logement des
jeunes (Grigon, Gruel, 2003 ; Driant, 2008 ; UNHAJ, 2007).
Le contexte n’est évidemment pas indifférent. La forte tension du marché
du logement sur le territoire francilien, l’attractivité de celui-ci tant pour
le travail que pour les études favorisent une demande et une offre impor-
tantes, mais dont l’ajustement est à la fois problématique et peu connu.
En faisant le choix de nous intéresser aux situations d’hébergement chez
des particuliers, nous souhaitons éclairer un point aveugle de la connais-
sance du logement et des trajectoires résidentielles des jeunes, ainsi que
des pratiques qui échappent largement à l’action publique et à la statis-
tique nationale, mais qui semblent pourtant prendre un essor particu-
lier (première partie). En exposant quatre trajectoires d’hébergés, nous
mettrons en évidence la diversité des motivations qui peuvent pousser un
jeune à habiter chez autrui, mais aussi les contrastes repérés dans les
formes de l’échange et de la cohabitation (deuxième partie). Enfin, nous
nous interrogerons sur les liens entre les motivations qui poussent les
individus à entrer dans ce mode d’habiter non ordinaire et les formes que
prend celui-ci (troisième partie).

3.  Notons au passage qu’il n’en va pas de même dans la langue anglaise, qui distingue l’host
(hôte) du guest (invité), marque de ce que les rôles, renvoyant à une perception plus « réga­
lienne » du home, sont plus inégalitaires.
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Méthodologie
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Cet article repose sur une enquête initiée en 2009 et réalisée en 2010-2011
dans le cadre d’une recherche portant sur les jeunes adultes hébergés
chez des tiers dans les agglomérations parisienne et londonienne.
Trente-cinq entretiens approfondis ont été réalisés sur la base d’une grille
d’entretien abordant les thèmes suivants : profil des personnes (héber-
geant, hébergé âgé de 18 à 30  ans)  ; parcours résidentiel antérieur  ;
caractéristiques des lieux ; relations au domicile (règles de cohabitation
et d’usage des lieux, ouverture/fermeture vis-à-vis de l’extérieur, rythmes
de vie) ; motivations des deux parties ; relations interpersonnelles entre
l’hébergé et l’hébergeant (interactions, tensions, conflits, négociations) ;
conception de l’habiter et du chez-soi ; aspirations et projets, en particulier
résidentiels.

L’hébergement chez un tiers : un point aveugle


de la connaissance sur le logement des jeunes

Un phénomène manifestement en augmentation


La connaissance statistique de l’hébergement chez un tiers est à la
fois non négligeable et lacunaire. Elle est marquée par le système de
la statistique nationale de connaissance des populations, dont le cœur
est le ménage, entrée quasi obligée pour une analyse quantitative du
phénomène. Or, l’hébergé n’est pas distingué du ménage, et passe ainsi
inaperçu en dépit des informations partielles provenant des enquêtes
nationales sur le logement4. Pour autant, la connaissance du phéno-
mène, d’un point de vue quantitatif, progresse. « On trouve 973 000 per-
sonnes hébergées5 à la fin de 2002, contre 924 000 à la fin de 1996. Si
le nombre d’hébergés augmente de 5,4  % (mais compte tenu de l’in-
tervalle de confiance, on ne peut rejeter une stabilité), la proportion
d’hébergés semble globalement stable, à 1,7 % des individus » (Laferrère,
1999). Mais si on les considère en «  longitudinal  », de nombreuses
séquences d’hébergement apparaissent. En 2006, à l’échelle nationale,
2 500 000 personnes ayant un logement personnel déclarent en avoir
été privées au moins une fois dans le passé. Parmi elles, 78 % déclarent

4.  Il faut noter que l’Enquête nationale sur le logement (ENL) ne porte pas sur les logements
collectifs et exclut donc par là même une population particulièrement susceptible de con-
naître des épisodes d’hébergement chez un tiers (logés en foyers, en chambres d’hôtel, en
résidences sociales, etc.), voire d’héberger elle-même.
5.  Les hébergés ici visés par Anne Laferrère sont « les enfants qui sont partis occuper un
autre logement plus de trois mois et revenus, les autres membres de la parenté, les amis,
les pensionnaires, ainsi que les salariés logés ».

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avoir alors été hébergées par un tiers, ce qui représente 1,9 million de


personnes. Et malgré les difficultés pour mesurer le phénomène, la
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tendance semble à l’augmentation depuis le milieu des années  1980


(Marpsat, de Peretti, 2009). Saisi sur le temps long des parcours indivi-
duels, l’hébergement chez un tiers est donc un phénomène qui touche
une partie non négligeable de la population, mais qui apparaît également
sensible à la conjoncture et plus développé en région parisienne que sur
d’autres territoires.
Aujourd’hui, l’intérêt semble se focaliser sur des formes de cohabitation
très particulières et dont les jeunes sont des protagonistes importants.
Elles mettent en exergue la suroccupation résultant de modes d’habiter
très contraints, ou au contraire identifient des
formes « innovantes », telles ces « maison-
Saisi sur le temps long des parcours nées intergénérationnelles » réunissant sous
individuels, l’hébergement chez un tiers un même toit un étudiant et une personne
est donc un phénomène qui touche une âgée. Figures emblématiques des «  nou-
partie non négligeable de la population, velles » cohabitations urbaines, ces formes,
mais qui apparaît également sensible à la dont nous avons trouvé des exemples, répon-
conjoncture et plus développé en région dent à des besoins individuels différents mais
parisienne que sur d’autres territoires. sont susceptibles de conforter, pour les deux
parties, l’autonomie résidentielle. Sur fond
d’inquiétude pour le « moral des ménages »
et la « cohésion sociale », ou d’appel à la soli-
darité entre les générations, ces formes, idéalisées ou décriées, incar-
nent les représentations contemporaines des mutations de l’habiter.

Les jeunes adultes hébergés chez un tiers : de quoi parle-t-on ?


L’hébergement chez un tiers est une notion complexe, difficile à définir
et à mesurer, qui recouvre des pratiques et des situations très diverses,
et qui se situe à l’intersection d’éléments plus ou moins objectivés (statut
d’occupation du logement, échanges monétaires ou autres, usages des
espaces, des entrées et des sorties, etc.) et de perceptions individuelles
(sentiment d’être « chez soi », évaluation des obligations et des droits,
etc.). Mais, quel que soit le sens que les intéressés accordent aux dif-
férentes pratiques, il s’agit d’un phénomène qui renvoie à l’ouverture
momentanée – ou plus durable – du logement d’un ménage à des per-
sonnes qui n’en font pas partie.
Depuis Le  Play, et à la suite des historiens (Laslett, 1969, Burguière,
1969), les tentatives de classement des formes familiales sont nom-
breuses (Paugam, 1992). De notre point de vue, l’hébergement est à
la fois un révélateur de la structure de la situation et un élément de
son changement. Que le mode soit conjugal, patrimonial ou associatif,
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pour reprendre un classement déjà ancien (Menahem, 1988), l’héber-


gement d’un tiers sera interprété et reconfigurera peu ou prou l’unité
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domestique. L’hébergement joue-t-il principalement sur des relations


affinitaires préexistantes ? Il sera alors plutôt « social », et on y perce-
vra peut-être un état d’esprit et des pratiques plus égalitaires que dans
d’autres configurations. Est-il structuré par une différence d’âge impor-
tante entre l’hébergé·e et l’hébergeant·e, la famille de ce·tte dernier·e
comportant aussi des enfants de l’âge de l’hébergé·e ? Le type familial,
sans échange d’argent, mais avec des relations marquées par une iné-
galité dans l’autorité, est alors vraisemblable. Est-il placé sous le signe
d’une obligation morale du devoir d’hospitalité ? Il renvoie alors à un
hébergement que l’on peut qualifier d’éthique ou de culturel6. L’héber-
gement apparaît-il comme résultant d’une démarche précise concer-
nant les études ou un travail ? Il sera sans doute l’objet de régulations
plus tranchées. Dans tous les cas, il aura rempli une fonction tant pour
l’hébergé que pour l’hébergeant.

La longue marche vers l’indépendance résidentielle


Si l’âge de la décohabitation reste relativement stable (Villeneuve-Gokalp,
2000), la période actuelle est marquée par une désynchronisation des évè-
nements longtemps considérés comme les étapes de l’entrée dans la vie
adulte, à savoir la décohabitation, l’accès à un emploi stable et la mise en
couple (Galland, 2000, Pan Ké Shon, 2010). À partir de la sortie du domicile
familial, les jeunes adultes connaissent désormais une période transition-
nelle faite d’expérimentations, d’allers-retours et de « situations inter-
médiaires caractérisées par leur ambiguïté : cohabitation sans autorité
parentale, logement étudiant payé par les parents, emploi salarié mais
maintien d’une dépendance partielle […] » (Van de Velde, 2007, p. 27). Dès
lors, c’est bien la place et le rôle de l’hébergement chez un tiers dans
ces situations intermédiaires que nous souhaitons explorer ici. Quatre
trajectoires de jeunes adultes hébergés, sélectionnées parce qu’à la fois
très différentes et emblématiques de situations souvent rencontrées, nous
permettent à présent d’approcher la complexité non seulement des trajec-
toires, mais aussi des relations qui se nouent entre les parties.

Quatre trajectoires de jeunes hébergés


Les quatre trajectoires présentées ici recouvrent des motivations et des
formes très différentes d’habiter chez autrui et d’hébergement chez soi.

6.  Il est intéressant de noter que la catégorie d’« hébergement culturel » renvoie, chez nos
collègues de l’équipe londonienne, à la notion de shared identity (identité partagée), laquelle
est reliée à l’appartenance à une ethnic minority (groupe « ethnique »).

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L’ébauche d’une typologie que nous avons conçue (le familial, le social,
le culturel, le politico-éthique, l’instrumental) peut être ici gardée à l’es-
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prit, davantage comme outil d’analyse pour tenter de saisir la nature de


la situation d’hébergement que comme catégorie définitive, ne serait-ce
que parce que les « types » ne sont pas exclusifs.

Le temps d’un stage


Né au Canada, de parents ivoiriens, Christian7 a 26 ans et a déjà connu
différents modes d’habitat. Ayant grandi au Canada, puis en Côte d’Ivoire,
il quitte le domicile de ses parents après le lycée pour occuper une
chambre dans une cité universitaire d’Abidjan où il effectue deux années
de classe préparatoire à l’entrée en école d’ingénieur. Il décide ensuite
de poursuivre sa formation en France et entame un cursus de finance,
contrôle et gestion à Paris. Il occupe alors un studio dans le Xe arrondis-
sement, qu’il paye grâce au soutien familial et à des petits boulots, avant
de partir à Brest terminer ses études. Revenu en région parisienne pour
effectuer son stage de fin d’études, la recherche de logement s’avère
très difficile. Christian considère avoir été « arnaqué par des soi-disant
agences qui sont censées aider ceux qui recherchent de quoi se loger » :
« Ça m’a fait utiliser environ 400 euros dans des agences qui finalement
ne m’ont rien trouvé. » Pendant sa recherche, Christian est hébergé gra-
tuitement chez un ami, mais la cohabitation se passe mal. Partager à
deux un studio de 20 m² ne lui offre aucune intimité, son rythme de vie
et celui de son ami ne s’accordent pas, la fumée des cigarettes de ce
dernier le dérange beaucoup… C’est finalement par un site Internet de
petites annonces qu’il entre en contact avec Michèle, qui propose une
chambre à louer dans son pavillon, dans une commune résidentielle de
Seine-et-Marne. C’est à la suite de son divorce, et des difficultés finan-
cières qui en ont résulté, que Michèle a commencé à louer les deux
chambres inoccupées de la maison où elle vit avec son fils. Au moment
de l’enquête, Christian habite chez Michèle depuis trois mois, il verse
un loyer mensuel de 360 euros et est en train d’effectuer les démarches
pour bénéficier de l’aide personnalisée au logement (APL). Son stage
rémunéré ainsi que les cours de soutien qu’il donne régulièrement lui
permettent de payer cette somme.
Cette situation montre à quel point la frontière peut être floue entre l’hé-
bergement et la location (et a fortiori la colocation, comme le montrera
le troisième exemple ci-après) : Christian a signé avec Michèle un bail
d’un an, il a droit à l’APL, mais s’il partage l’espace domestique de sa

7.  Dans un souci d’anonymat, les prénoms des quatre enquêtés ont été modifiés. En revanche,
les noms des villes et des pays ont été conservés.
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propriétaire-hébergeante, il ne peut jouir librement de l’ensemble du


pavillon. Son espace privatif se limite à sa chambre, qui ferme à clé. Il
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partage la salle de bain ainsi qu’un petit salon avec le fils de Michèle et
une autre étudiante hébergée, leurs trois chambres se situant à l’étage.
Avec Michèle, il partage également la cuisine, située au rez-de-chaussée,
le jardin et la laverie du sous-sol. Quelques règles encadrent la vie com-
mune : les deux hébergés ont le droit d’inviter une personne à passer une
nuit à la maison, « mais seulement une nuit par semaine » ; ils doivent
faire eux-mêmes le ménage dans leur chambre et dans leur salle de bain
et salon communs ; ils n’ont pas accès au salon principal, ni au bureau et
à la chambre de Michèle, situés au rez-de-chaussée. Christian entretient
avec les autres habitants du pavillon des relations qui semblent à la fois
cordiales, respectueuses et distantes. Il ne passe que peu de temps à la
maison, rentre tard le soir après ses journées de stage à Paris et prend
généralement ses repas seul dans sa chambre. S’il considère que ce
mode d’habitat est quelque peu contraignant dans la mesure où « il faut
s’adapter aux autres et ne pas perturber l’intimité des autres, ce qui
n’est pas toujours évident quand on vit en communauté », il est claire-
ment satisfait de cette solution au regard des alternatives possibles :
« C’est beaucoup moins cher de cette façon-là, et ce n’est pas définitif,
c’est pour peu de temps, donc je peux bien me plier à quelques petites
contraintes. Puis aussi, un studio, il faut l’aménager, ou s’il est meublé
c’est encore plus cher. Et quitte à avoir seulement une chambre, je pré-
fère que ce soit chez un tiers, plutôt que dans une cité universitaire. Ça,
j’ai déjà donné, on n’est pas du tout au calme, il y a toujours du bruit, très
peu pour moi. »

Habiter chez autrui s’avère par ailleurs plus accessible que la location
dans le parc privé, et a l’avantage d’offrir à Christian une intimité et une
tranquillité qu’il estime plus importantes que ce qu’il pourrait trouver
en cité universitaire. Néanmoins, Christian n’envisage cette solution
de logement que comme provisoire : il compte bien, après son stage,
« chercher du boulot, et un appartement par la même occasion ». Du côté
de Michèle, l’expérience est aussi placée sous le signe du provisoire. En
effet, l’objectif qui consistait à rééquilibrer son budget après son divorce
est atteint et elle souhaite récupérer son espace tout entier :
« [À cause de mes locataires], je me restreignais un peu avec mes invités
l’année dernière, je n’avais même pas fêté l’anniversaire de mon fils. »

D’une famille à l’autre


Julie, 20 ans, est passée d’une vie de famille à une autre : elle est héber-
gée dans la famille de Thomas, son petit ami, dans une commune de la
Seine-Saint-Denis, depuis environ neuf mois. Avant d’emménager chez
sa « belle-famille » – c’est ainsi qu’elle la désigne –, Julie vivait dans le

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Val-d’Oise avec sa mère et son frère dans un logement social, ses parents
ayant divorcé. Des disputes permanentes avec sa mère amènent Julie à
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envisager de quitter le domicile familial pour emménager avec Thomas,


avec qui elle entretient une relation depuis trois ans. Néanmoins, les
revenus du jeune couple sont faibles : seul Thomas travaille à temps
plein. Julie quant à elle est étudiante en lettres modernes dans une uni-
versité parisienne, elle travaille deux ou trois jours par semaine comme
animatrice vacataire dans un centre de loisirs. En plus de son salaire,
Julie touche une pension alimentaire versée par son père, si bien que ses
revenus se situent aux alentours de 550 euros par mois en moyenne. Les
parents de Thomas, qui connaissent très bien Julie puisqu’elle passait
déjà « le plus clair de [son] temps » chez eux, dissuadent le jeune couple
de prendre un appartement et proposent à la petite amie de leur fils
de l’héberger. Julie accepte rapidement cette proposition et emménage
chez eux, dans leur logement de type F4. Elle cohabite désormais avec
ses beaux-parents, son petit ami et la sœur de celui-ci, âgée de 18 ans.
Elle s’est installée dans la chambre de Thomas et partage le reste de
l’espace de l’appartement avec la famille. Habiter chez autrui s’appa-
rente alors à passer d’une vie de famille à une autre. À son arrivée, les
beaux-parents de Julie ne souhaitaient pas que celle-ci paye un loyer :
« Que tu sois là ou pas, ça ne change rien à mon appartement. En plus, je
suis propriétaire, alors ! », affirme sa « belle-mère ». Néanmoins, Julie
insiste pour participer aux frais liés à sa présence dans le foyer :
« Je ne paye pas à proprement parler un loyer, on pourrait plutôt appeler
ça une pension [de 200 euros par mois]. L’idée est venue naturellement de
moi, j’ai proposé à ma belle-mère de lui verser quelque chose. Je ne suis
pas sa fille, et rien ne l’oblige à me loger et encore moins à me nourrir,
donc cela m’a paru normal. »

Depuis neuf mois qu’elle est dans la famille de Thomas, Julie estime que
la cohabitation se passe très bien, si ce n’est avec la sœur de Thomas,
dont Julie réprouve le comportement et la faible participation aux tâches
ménagères, alors que celles-ci sont partagées entre les membres de la
famille selon un calendrier relativement précis :
«  La cuisine, en principe, c’est le premier rentré. Donc le lundi, c’est
Thomas parce qu’il ne travaille pas, et que c’est la seule véritable tâche
qu’il ait à faire, avec le nettoyage de la salle de bain. Le mardi et jeudi,
c’est ma belle-mère. Le mercredi c’est moi, et le vendredi mon beau-
père. »

Julie est intégrée dans le planning des tâches au même titre que les
autres membres du ménage et respecte les mêmes règles, et tout par-
ticulièrement la principale qui est de « prévenir en cas d’absence » pour
les repas et les nuits. Julie ne se sent pas particulièrement contrainte
dans sa vie quotidienne : « Je me sens libre. Je peux sortir et rentrer
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Habiter chez autrui : pourquoi et comment ?

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quand je le veux. » Travaillant dans un centre de loisirs à proximité, elle


s’est également rapidement intégrée dans le quartier et dans la ville.
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Aussi, la jeune femme paraît-elle satisfaite de cette solution :


«  Moi je suis très contente, pour le moment, ça fonctionne bien. Puis,
après la mauvaise ambiance qu’il y avait chez ma mère, ça ne peut être
que mieux. Mais je suis consciente que la solution que j’ai trouvée n’est
pas donnée à tous et que je suis privilégiée. »

Le seul bémol qu’elle apporte à ce tableau positif concerne sa relation


avec son petit ami : « Même si, ici, sa famille respecte notre intimité, ce
n’est pas la même chose que d’être seulement à deux. » Cette situation
ne permet pas au couple d’avoir une totale intimité et, pour Julie, « la
prochaine étape, si tout se passe bien, c’est de s’installer ensemble avec
Thomas, dans notre propre appartement ».

Vivre entre égaux, vivre entre amis


Aurélien, salarié dans la restauration, et Paul, étudiant infirmier, 20 ans
chacun, vivent ensemble dans un pavillon situé dans le Val-d’Oise. Situa-
tion atypique, Paul est logé gratuitement par ses parents, qui habitent
la maison voisine, dans une maison d’environ 80 m² avec jardin dont ils
ont hérité. Il ne paye aucun frais, ses parents se chargeant également
de ceux afférents à la maison (charges, impôts locaux, etc.) depuis que
leur fils s’y est installé il y a un an et demi. Aurélien a grandi dans une
commune proche et a toujours vécu chez ses parents avant de s’installer
chez Paul. L’arrivée d’Aurélien dans la maison s’est faite progressive-
ment et n’est pas le résultat d’une recherche acharnée de logement :
il y est d’abord venu pour des fêtes, par l’intermédiaire d’Alex, l’ancien
« hébergé » de Paul. Le récit d’Aurélien relate une mise en ordre pro-
gressive, avec l’aide de Paul, d’une situation d’abord incontrôlée. Dans
un premier temps, la maison était ouverte à tous les amis de Paul et de
son hébergé de l’époque, Alex, qui venaient très souvent sans prévenir.
Des tensions entre Paul et Alex sont apparues et, au terme d’une période
tendue, Paul et Aurélien se sont mis d’accord pour mettre le « fauteur de
troubles » (Alex) « à la porte ». Selon l’accord qu’ils ont conclu ensemble,
Aurélien paye une petite contrepartie financière aux parents de Paul.
La relation entre Paul et Aurélien relève plus d’un rapport entre colo-
cataires qui sont sur un pied d’égalité en ce qui concerne le logement.
Malgré tout, tous deux s’accordent à dire que la maison est celle de Paul,
et que si l’un d’eux devait partir, ce serait Aurélien. La situation d’héber-
gement est très informelle : pas de règles sur l’utilisation des espaces,
la cohabitation, les rythmes quotidiens. Les deux amis ont chacun leur
chambre, il n’y a pas d’espace qui soit réservé à l’un ou à l’autre. Paul
et Aurélien se retrouvent d’ailleurs souvent dans le salon ; ils passent

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en outre du temps ensemble dans la chambre de l’un ou de l’autre. Le


ménage et le rangement sont la principale source de tensions entre Paul
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et Aurélien, car si tous deux participent aux tâches ménagères, Paul – le
« titulaire » du logement – fait le ménage plus régulièrement qu’Auré-
lien. Ils font partie du même groupe d’amis, passent beaucoup de temps
ensemble dans la maison (discussions, jeux vidéo, repas, fêtes) mais
aussi à l’extérieur (soirées entre amis). Aucun des deux n’envisage la
fin de cette cohabitation. Interrogé à ce sujet, Paul imagine plusieurs
éléments qui pourraient impliquer le départ d’Aurélien : sa propre mise
en couple avec sa petite amie dans la maison ; le souhait d’Aurélien de
déménager ; ou encore « un truc vraiment grave » qui viendrait rompre la
bonne relation entre les deux amis. Paul et Aurélien vivent tout de même
cette situation comme temporaire, comme une première étape de leur
vie indépendante en dehors de « chez les parents ». Ils considèrent tous
les deux leur installation dans la maison comme un « coup de chance »,
car « peu de jeunes adultes peuvent habiter seuls dans une maison ». Ils
apprécient « le contexte d’habiter sans parents », qui « permet de faire
des apéros, des petites soirées », même si cela nécessite des contre-
parties en termes de « responsabilités » vis-à-vis de la maison occupée
(ménage, entretien, rangement). Une évolution de leur rapport à l’ex-
térieur est perceptible dans le récit d’Aurélien. Au début de la période
d’hébergement, ils avaient l’un comme l’autre une attitude très ouverte
vis-à-vis des personnes de l’extérieur ; les amis venaient très réguliè-
rement (quotidiennement) dans la maison, et sans prévenir. Mais Paul
et Aurélien ont eu le sentiment de ne plus être « chez soi » et ont régulé
l’accès à la maison :
« Au départ on était vachement free, mes potes passaient quand ils vou-
laient, puis on s’est retrouvés avec une maison bordélique, cassée de tous
les côtés, ingérable quoi ! À un moment, on a dit : “Stop !, quand vous
voulez passer, vous nous appelez avant”, parce qu’en fin de compte, tu
perds un peu cette sensation de maison à toi ; j’avais l’impression d’être
dans une espèce de bar, tu perds complètement ton intimité. »

Paul et Aurélien craignent la solitude et apprécient la présence de


l’autre, c’est ainsi qu’ils ont créé ensemble un « chez-soi » à deux.

« En mode camping » pendant six semaines


Étienne a 30  ans au moment de l’enquête et occupe un logement en
sous-location avec son épouse, américaine, dans une commune de la
première couronne parisienne. Il est journaliste (en CDD) pour un hebdo-
madaire régional dans l’Oise. Avant d’emménager dans cet appartement
qu’il sous-loue pour quatre mois, Étienne a connu une période d’environ
six semaines sans logement personnel, pendant laquelle il a été hébergé
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par différentes personnes de son entourage, amis et famille, et a parfois


dormi dans sa voiture.
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Dans son récit, cette période « en mode camping » est déclenchée
par un incident  : l’appartement qu’il avait acheté un peu plus de
deux ans auparavant dans le XVIIIe arrondissement parisien a été for-
tement endommagé par un incendie et est depuis inhabitable. Mais
cette séquence d’hébergements intervient également pendant une
période de forte mobilité et d’instabilité dans la vie professionnelle
d’Étienne : au moment de l’incendie, son épouse est aux États-Unis
pour poursuivre des études supérieures et Étienne est quant à lui en
CDD pour deux semaines à Lyon pour un quotidien local. Il est alors
« hébergé » chez sa mère, dans la banlieue lyonnaise, où il dort sur
le canapé du salon.
Mais, ayant accepté un travail en région parisienne, Étienne va expéri-
menter une période nomade qui durera environ six semaines, dormant
chez des amis ou de la famille entre Paris et Villeurbanne. Il ne cherche
pas de logement car il est « dans l’expectative concernant les assurances
et les dédommagements ». Il veut « éviter de dépenser trop d’argent
dans un loyer  », en plus il n’a «  pas assez de revenus pour louer un
appart à Paris. » Comme il ignore combien de temps lui sera nécessaire
pour trouver un logement, il préfère ne pas « user ses amis » trop vite
et passe donc peu de temps chez chacun d’entre eux : « J’ai dormi dans
diverses salles à manger de pas mal de personnes. Pour ne pas saouler
trop les gens, je restais maximum deux, trois nuits. »
Il dort parfois dans sa voiture. Ses amis qui partent en week-end ou en
vacances lui laissent leur appartement :
« À un moment, j’avais les clés de trois apparts différents […]. En un mois
et demi de squat, j’ai pu voir les gens, plusieurs fois. Chez tous, je suis
venu et revenu, donc je sais plus combien ça fait de personnes en tout,
mais ça fait du monde […], huit, je crois. »

Il a peu d’affaires, seulement un gros sac de voyage, qu’il laisse dans sa


voiture ou dans la cave d’un ami. Il fait beaucoup d’allers-retours entre
Paris et Villeurbanne. Il est en « multirésidence », et cela est possible
grâce aux relations de confiance qu’il a avec ses amis. Son calcul est
aussi économique : le dédommagement mensuel fourni par l’assurance
étant plus élevé que l’emprunt qu’il rembourse, ne pas avoir à payer pour
se loger lui permet d’économiser. Mais cet arrangement est remis en
cause par l’arrivée de sa femme :
« Ma femme revenait le 12 mai, donc ma date limite c’était qu’il fallait que
je trouve un truc pour le 12 mai. Parce que… squatter à deux, j’ai jamais
fait, et ça n’aurait pas été possible longtemps. Et puis elle arrivait avec
quelques bagages, enfin bon… moi j’étais en mode camping, mais… elle
n’est pas trop camping ! »

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Élucider les figures de l’hébergement chez un tiers :


quelques pistes de réflexion
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Ces quatre reconstitutions de trajectoires montrent tout d’abord que


la position même d’hébergé et d’hébergeant est extrêmement poly-
sémique. Pour comprendre la nature et les termes des échanges qui
se jouent autour des pratiques d’hébergement, nous reviendrons tout
d’abord sur les motivations des deux parties, avant d’observer la façon
dont se définissent et se matérialisent ces échanges.

Des motivations nécessairement complémentaires entre les parties


Quel que soit le cas observé, des motivations sont exprimées comme
étant à l’origine de ces différentes configurations, mais où, toujours, une
offre rencontre une demande. Gardons l’hébergé comme point d’entrée
dans la situation  : la motivation procède évidemment de la nécessité
d’être logé, mais cette nécessité est orientée, dans les discours des
acteurs, vers le push (contrainte obligeant à quitter un lieu) ou vers le pull
(attraction vers un lieu). Cette référence à une terminologie habituelle-
ment appliquée au phénomène migratoire peut être provisoirement mise
à profit. Ainsi, du côté du push, Étienne semble contraint de se mettre
à la recherche d’un hébergement à cause d’un sinistre ; Julie quitte le
foyer parental à cause de relations trop conflictuelles avec sa mère.
Nous avons rencontré d’autres situations dans lesquelles les personnes
hébergées se trouvaient sous l’effet d’une contrainte forte de départ,
tel ce jeune couple repoussé par leurs familles respectives pour cause
de « mésalliance8 ». Cependant, comme dans le projet migratoire, les
deux facteurs se trouvent vite intriqués : la stratégie d’Étienne consiste à
gagner du temps et de l’argent en se mettant provisoirement en « mode
camping », stratégie parfaitement adaptée à son emploi précaire, mais
qu’il saura remettre en cause dès lors qu’avec l’arrivée de son épouse
elle deviendra inadéquate. Julie, quant à elle, exprime sa satisfaction
de se trouver dans une famille accueillante (celle de son petit ami) et
son récit témoigne d’un gain à la fois affectif et matériel, bien équilibré
par le versement d’un dédommagement à ses hôtes (« belle-famille »)
sous la forme d’une pension. Nous avons rencontré nombre de situa-
tions dans lesquelles le besoin de l’un fait, sinon le bonheur, du moins
l’affaire de l’autre : exemplaire à cet égard apparaît le cas des femmes
divorcées qui ont pu garder leur logement, et qui louent une ou plusieurs
chambre(s) pour équilibrer leur budget. Christian ne restera que le temps

8.  Il s’agit d’un couple formé par deux jeunes gens appartenant à des familles que les convic-
tions religieuses et les préjugés racistes opposent. C’est un ami du jeune homme qui héberge
le couple, sur la proposition de l’ami (d’après le récit du jeune homme hébergé).
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nécessaire à l’achèvement de sa formation, tandis que Michèle, sa


logeuse, décidera d’arrêter les hébergements rémunérés dès lors que
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l’état de ses finances sera jugé satisfaisant. Enfin, s’il est des situations
dans lesquelles l’hébergement apparaît comme un devoir non négo-
ciable, il semble être ressenti comme
tel par les deux parties, indépendam-
ment des conflits qu’il peut générer. Dans toutes les situations que nous avons
La jalousie exprimée par les frères rencontrées, l’argument économique,
vis-à-vis d’un cousin qu’on héberge en s’il est un facteur qui joue presque
lui laissant la plus belle chambre est à toujours dans le choix d’héberger ou
prendre comme un élément en jeu dans d’être hébergé, n’est quasiment jamais
les négociations quotidiennes de l’usage le seul.
des lieux  ; elle sera d’ailleurs régulée
par les parents et par l’idée finalement
acceptée d’un contre-don ultérieur pos-
sible9. Cela nous met sur la piste de l’hébergement comme apprentis-
sage (bon gré mal gré) du partage nécessairement généré par toute
situation d’hébergement.

Des échanges négociés qui ne se limitent pas


aux contraintes économiques
Les choses échangées dans les configurations d’hébergement sont de
plusieurs types : argent, service, soin, compagnie, nourriture, etc. S’y
assortissent des règles plus ou moins formalisées et plus ou moins
consensuelles. Le niveau de formalisation des échanges en jeu autour
de l’hébergement a naturellement retenu notre attention. Ainsi, plu-
sieurs cas se présentent : l’absence de contractualisation et l’absence
d’échange monétaire ; l’absence de contractualisation mais un échange
monétaire sur la base d’un accord oral ; la contractualisation concernant
la contrepartie financière demandée ou proposée ; la contractualisation
concernant la contrepartie financière demandée ou proposée, assortie
de règles pour la vie quotidienne.
Voyons tout d’abord le facteur monétaire10. Des hébergeants évo-
quent l’intérêt, voire la nécessité, d’un complément de revenus (cas de
Michèle)  ; des hébergés donnent comme premier motif d’opter pour
l’hébergement le fait d’être dans l’impossibilité d’assumer le coût d’un
logement indépendant. Mais dans toutes les situations que nous avons

9.  « Si je vais là-bas, je serai aussi reçu comme ça. » (Entretien avec le fils d’une famille
hébergeante.)
10.  Quelques résultats partiels sur cette question : sur les 33 situations d’hébergement que
nous avons analysées, la moitié d’entre elles (17) donnent lieu à une transaction financière
que les enquêtés désignent comme un « loyer », une « pension » ou une « contrepartie ».

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rencontrées, l’argument économique, s’il est un facteur qui joue presque


toujours dans le choix d’héberger ou d’être hébergé, n’est quasiment
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jamais le seul, et, sauf à dessaisir les acteurs de leur propre narration, il
nous faut prendre au sérieux les arguments mobilisés.
Il faut le rappeler, l’hébergement n’est pas le dernier et unique recours,
c’est une option parmi d’autres. Dans le calcul des avantages versus les
inconvénients, apparaissent fortement les questions liées à la réalisation
d’un projet de vie, ou plus précisément les éléments que l’on a choisi de
privilégier : rapprochement du lieu d’un travail que l’on juge important
pour l’avenir, poursuite d’études. Puisqu’il s’agit, en quelque sorte, de
suspendre, voire de sacrifier le présent pour le futur, la souplesse d’ac-
cès et de sortie de l’hébergement est un élément jugé très positivement
par la plupart des enquêtés : c’est précisément du fait de son caractère
souple et facile d’accès, peu formalisé et réglementé, que l’hébergement
chez un tiers est vécu comme positif. On ne saurait négliger l’impact de
cet élément sur les modes de régulation et de négociation des échanges
dans la configuration d’hébergement.
Du côté des hôtes, l’acte d’héberger un tiers peut aussi servir à com-
penser l’absence d’un membre ordinaire du ménage, soit pour des rai-
sons financières (assumer sa part financière dans la location, assurer la
pérennité de la location, les remboursements d’un emprunt ou simple-
ment les charges d’un logement), soit pour des raisons de compensation
ou de substitution affective (ne pas être ou se retrouver seul). Généra-
lement, les récits de nos enquêtés sont parcourus par des tentatives
d’équilibrer les relations et les usages dans l’espace domestique. Parmi
les exemples donnés, ceux qui ont pour objet les échanges matériels,
au-delà d’un paiement « brut » équivalent à un loyer, sont largement
décrits  : cadeaux, courses et remplissage du réfrigérateur, ménage,
services, autant d’actes mentionnés, soupesés, comparés, évalués dans
leurs effets probables, preuve que la relation est bien au cœur de cet
« habiter » particulier.

Espaces et temps de l’hébergement : un quotidien suspendu


L’espace dont l’hébergeant dispose pour l’offrir à un hébergé se révèle
être parfois un matelas, un canapé, une chambre ou encore un étage
entier. Cet espace donné résulte aussi d’un temps donné. En d’autres
termes, ce qui se partage dans le quotidien domestique peut être iden-
tifié comme un moment dans la trajectoire des deux parties. Les entre-
tiens réalisés montrent que devenir hébergeant est lié à des moments
précis dans le parcours des personnes, et notamment à deux moments
en particulier. C’est le cas lorsqu’un ménage subit une perte (décès, rup-
ture conjugale, départ d’un enfant, ou encore perte d’un emploi). Dans
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ces circonstances, l’acte d’héberger tend à constituer une forme de com-


pensation, voire de remplacement, et l’hébergé participe à jouer ce rôle.
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C’est le cas aussi lorsqu’un ménage connaît une forme d’expansion, par
exemple lors de l’accueil d’un parent âgé ou de la naissance d’un enfant.
Dans cette situation, l’hébergeant est à la recherche d’une aide pour faire
face à des besoins nouveaux, et l’hébergé est accueilli pour ce qu’il peut
apporter en termes de travail domestique ou de services. Le cas des per-
sonnes « au pair » n’est qu’une forme plus ou moins institutionnalisée de
ce type d’échanges, où l’intime, le familial, et le travail se conjuguent en
des mélanges parfois explosifs, toujours ambigus (Damamme, Paperman,
2009). On conçoit là encore que c’est en fonction de son projet de vie que
l’hébergé sera enclin à accepter une situation qui peut paraître, dans
certains cas, difficilement vivable, et à en tirer profit.
Il serait cependant hasardeux de conce-
voir les relations de cohabitation comme
libres de toutes contraintes antérieures C’est précisément du fait de son caractère
et laissées à l’appréciation exclusive des souple et facile d’accès, peu formalisé et
parties prenantes. Comme dans toute réglementé, que l’hébergement chez un
organisation, des normes préexistent, qui tiers est vécu comme positif.
peuvent découler de formes d’obligation
familiale ou de devoir moral : l’hospitalité
n’est plus une option et, symétriquement,
l’hébergé se doit de se conformer le plus strictement possible aux règles
de la maison. Nous avons rencontré un cas limite dans lequel l’hébergé,
conscient de ce que sa présence pouvait avoir de pesant pour ses hôtes
« contraints », s’efforçait non seulement de ne recevoir personne, mais
de les «  croiser  » le moins possible. L’invité, pour ne pas abuser de
l’hospitalité offerte, tente de neutraliser sa présence jusqu’à se rendre
invisible : c’est l’hébergé-fantôme. Ainsi, une enquêtée hébergée qui se
dit « bordélique » redouble d’attention pour ne rien laisser traîner. Elle
s’efface et se sent chez autrui alors qu’elle paye le loyer pour moitié.
Autre cas de figure, l’invasion des pairs au nom du devoir de solidarité :
des jeunes gens nous disent combien il est difficile, voire impossible, de
refuser un service, même très contraignant, à un ou une ami·e. C’est une
forme d’obligation sociale implicite, le risque étant de froisser l’autre
et d’avoir une mauvaise réputation, bref, de casser la chaîne du lien.
Telle étudiante, logée dans une chambre de 19 m² en cité universitaire,
héberge une amie sans ignorer, au-delà du désagrément de la promis-
cuité, qu’elle encourt le risque d’être exclue de la résidence. Nous avons
bien sûr rencontré les figures des oncles et tantes maghrébins ou afri-
cains hébergeant sans discuter et au détriment de leur intimité et de leur
confort le frère ou l’enfant d’un parent éloigné, mais il serait erroné de

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ne pas voir que le caractère incontournable de l’aide apportée à autrui


n’est pas le fait exclusif de communautés soudées par l’expérience de
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l’immigration ou par un devoir d’hospitalité.

On ne saurait conclure, même provisoirement, sur les modes de ce par-


tage au quotidien sans évoquer un dernier paradoxe : le caractère tout à
la fois asymétrique et réciproque de la relation d’hébergement. En effet,
l’hébergé se sent souvent redevable vis-à-vis de l’hébergeant. Même
lorsque l’hébergement est payant, il constitue une solution de logement
dont le prix est inférieur à celui du marché pour une offre de même qua-
lité (surface, localisation, commodités). L’hébergé tend à compenser cette
« dette » (le service rendu) par des services (garde d’enfants, participation
aux tâches domestiques), par un entretien et un respect appuyés du lieu
d’habitation, ou encore par des compensations financières ou en nature
(courses d’alimentation par exemple). Certains hébergés à qui il n’est pas
demandé de verser un « loyer » réclament eux-mêmes de payer quelque
chose, ce qui, pour eux, constitue un moyen de se sentir plus libres et
d’utiliser leur lieu de vie à leur guise. Mais le contre-don en nature ou
symbolique (par exemple redoubler d’attention et de gentillesse) n’est pas
toujours ressenti comme étant à la hauteur du service rendu par l’héber-
gement, et le sentiment de déséquilibre persiste, d’autant plus sensible
que l’un est chez lui et l’autre pas. Pourtant, ultime paradoxe, l’héber-
gement se nourrit de ce qu’il peut un jour être « rendu ». Recevoir (chez
soi), c’est donner, mais c’est aussi inscrire la relation dans une continuité :
tel enquêté, de nationalité sénégalaise, tient à héberger un jeune homme
venu du Sénégal en France pour ses études car le père de celui-ci l’avait
hébergé lui-même à son arrivée. Ce rééquilibrage du service rendu dans
le passé efface la dette tout en laissant l’avenir ouvert.

n bibliographie
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Burguière A., « Le colloque de démographie historique de Cambridge.


La famille réduite : une réalité ancienne et planétaire », Annales ESC,
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no 6, 1969, pp. 1423-1426.


Damamme A., Paperman P., «  Care domestique  : des histoires sans
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Agora débats/ jeunesses n° 61, année 2012 [2]


Dossier
Habiter chez autrui : pourquoi et comment ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université libre de Bruxelles - - 164.15.244.39 - 18/10/2018 12h22. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.)
78

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sous la direction de F. de Singly », Revue française de sociologie, no 2,
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vol. XXXIII, 1992, pp. 300-303.


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n les auteures
Hélène Béguin  helenebeguin@gmail.com
Doctorante, Lab’Urba, université Paris-Est.
Thèmes de recherche : habitat ; migrations ; logement ; politiques sociales.
A notamment publié
Béguin H., « Pékin 2008 : lorsque le mégaprojet olympique s’immisce dans les quar-
tiers historiques », in Boli C. (dir.), Les jeux Olympiques d’été, Atlantica/Musée national
du sport, Biarritz, 2008, pp. 265-274.
Béguin H., « La transformation des foyers de travailleurs migrants : des “accom-
modements raisonnables” ? », Métropolitiques, mai 2011 (consultable à l’adresse :
www.metropolitiques.eu/La-transformation-des-foyers-de.html).
Béguin H., « Un dispositif spatial à l’encontre ou à la rencontre des usages? L’introduc-
tion du “logement individuel autonome” dans les foyers de travailleurs migrants », in
Coninck F. de (dir.), Futurs urbains, Éditions de l’Œil, Paris, à paraître en 2012.

Claire Lévy-Vroelant  clevyvroelant@gmail.com


Professeure de sociologie à l’université Paris-VIII-Saint-Denis, Centre de recherche
sur l’habitat LAVUE (UMR 7218).
Thèmes de recherche : logement, logement social, habitat ; migrations ; mémoire,
mémoire collective ; ville, marginalité.
A notamment publié
Lévy-Vroelant C., « Housing Vulnerable Groups: the Development of a New Public
Action Sector », International Journal of Housing Policy, no 4, vol. X, décembre 2010.
Lévy-Vroelant C., « Le welfare vu du logement : logement social et État providence en
question », in Loger l’Europe. Le logement social dans tous ses États, La Documentation
française, Paris, 2011.
Lévy-Vroelant C., Barrère C., Hôtels meublés à Paris. Enquête sur une mémoire de
l’immigration, Créaphis, Paris, 2012.

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