Les obstacles à l’innovation dans l’entreprise sont de deux catégories différentes :
La première catégorie englobe principalement la carence des moyens de financement des PME. La seconde catégorie des obstacles est d’origine externe. Elle concerne les risques auxquels est affrontée l’entreprise innovante. 1. Le financement de l’innovation dans la PME : Modalités et obstacles L’innovation peut être financé par différents moyens : L’autofinancement : Les entreprises dont la capacité d’autofinancement (CAF) est faible doivent allouer une plus grande proportion de leurs bénéfices au financement des investissements liés à l’innovation, si bien qu’elles sont amenées à privilégier la rétention au profit de la distribution de dividendes. Risquent alors d’apparaître des conflits entre dirigeants et actionnaires qui risquent de perturber l’élaboration des stratégies de l’entreprise. Compte tenu de la contrainte de financement, les entreprise sont conduite à abandonner tout projet lié à l’innovation ou, le meilleur des cas, à altérer leur projet d’innovation de manière à le rendre compatible avec les ressources dont elles disposent. Le financement bancaire : Le recours peu fréquent aux emprunts bancaires dans le cadre du financement de l’innovation peut, sans tenir compte du coût jugé élevé de ces emprunts, s’expliquer par l’adaptation du système bancaire à ce type d’investissement. Les critères d’octroi des emprunts bancaires reposent essentiellement sur l’appréciation de la solution financière de l’entreprise et sur les perspectives économiques du projet d’innovation présenté. En effet, l’évaluation des risques liés à la situation financière est réalisée au moyen de l’analyse d’une batterie de ratios comptables et financiers qui limitent notamment les volumes de l’endettement par rapport au fond propres souvent insuffisants dans les PME. Autres formes de financement de l’innovation : L’innovation peut être financée par des formules telles que le « capital-risque » et les aides publiques. Pour les aides publiques, si elles existent, elles ne peuvent constituer qu’une source de financement complémentaire aux autres moyens en place. En ce qui concerne les formules du « capital-risque », elles sont marginalement utilisées. Le manque d’informations sur les sociétés de financement spécialisées et le souci de dirigeant de préserver son autonomie sont probablement autant de facteurs qui limitent le développement de cette modalité de financement de l’innovation. 2. Les éléments de risque de l’innovation : Le risque de gestion : Les projets d’innovation peuvent être affectés par l’absence de ressources compétentes (ingénieurs, techniciens) lors de la phase recherche et développement, et de spécialistes de la mise en marché lors de la phase d’introduction du produit. Selon Hoffman et al. (1998), l’un des facteurs internes du succès des projets d’innovation est la présence d’ingénieurs et de scientifiques qualifiés au sein de l’entreprise et le leadership apporté par un dirigeant ayant un niveau élevé de formation académique. Il semblerait aussi que la présence d’une équipe de direction complète et expérimentée soit un des premiers critères considérés par les sociétés de capital de risque pour investir dans un projet (Landry 1998; Gardella, 1996). Le risque commercial : Le risque commercial de l’innovation est lié à la réaction du marché au moment de son introduction. Pour les projets d’innovation au début du cycle du produit, l’incertitude commerciale est élevée découlant des interrogations sur l’accueil par la clientèle visée; elle ne décroît fortement qu’une fois faite l’expérience d’introduction sur le marché; son niveau résiduel demeure non négligeable reflétant en cela la possibilité sérieuse à tout moment de réaction de la part des concurrents; elle augmente à nouveau en fin de cycle quand cette menace devient de plus en plus forte, qu’elle prenne la forme d’une guerre de prix ou du lancement de produit de substitution novateur (Guinet, 1995). Étant donné la réduction constante du cycle de vie, surtout pour les produits de haute technologie, et les technologies elles-mêmes, les entreprises se voient contraintes de réagir plus rapidement pour suivre l’évolution des marchés. Les PME peuvent toutefois échapper à ce phénomène ou, du moins, en être faiblement affectées car, selon Hoffman et al. (1998), leurs projets d’innovation visent essentiellement des produits destinés à de petits marchés, plutôt qu’à la consommation de masse. Le risque technologique Il est bien évident que les projets d’innovation qui font appel à de nouvelles technologies comportent plus de risques que ceux qui utilisent des technologies connues et éprouvées. Selon Moore et Garnsay (1993), la difficulté de prédire les résultats des projets de recherche et de développement issus de technologies récentes, les délais d’implantation de ces technologies, le transfert de celles-ci en produits commercialement acceptables présentent des défis très importants. Souvent, les marchés sont complètement nouveaux, voire même à découvrir ou à développer. Inévitablement donc, les revenus et les coûts des projets de haute technologie en démarrage sont beaucoup plus difficiles à prédire que ceux des projets d’innovation dans les entreprises de service. On pense aussi aux situations où la nouvelle technologie ne se transpose pas dans le contexte du projet, où des effets secondaires non prévus se manifestent, où une nouvelle technologie plus performante fait son apparition, à la présence non détectée d’un brevet, à l’enregistrement d’un brevet par un compétiteur en cours de projet, à des problèmes liés au contrôle de qualité et à la fiabilité, à une période de développement plus longue que prévue et à des coûts plus élevés. L’incertitude technologique décroît constamment du stade de la conception à celui de l’introduction sur le marché pour se stabiliser ensuite à un niveau modeste qui correspond à la part d’aléas que comporte toute construction éprouvée (Guinet 1995).