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Le hasard, encore une fois, l’a mis en contact avec une « légende du
management », Edgar Schein (aussi du MIT), le père de la notion de culture
d’entreprise. Ce dernier le guida dans l’analyse de son expérience. C’est ainsi
que Faurie a commencé à explorer les sciences humaines et à découvrir
qu’elles ne lui étaient pas « imperméables ». C’est ainsi que le son livre, qui
avait connu deux versions antérieures (et trouvé un éditeur), a pris sa forme
définitive.
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POSTULAT(S) DE L’OUVRAGE
La systémique, science des systèmes, observe que les systèmes suivent les mêmes
lois. Ils sont caractérisés par leurs mécanismes de régulation qui peuvent prendre
deux formes, à savoir la boucle de rétroaction et l’auto-régulation. Autrement dit, tout
système tend à maintenir son intégrité, faute de quoi il n’existerait pas.
La résistance au changement est une loi de la nature que l’on appelle l’homéostasie.
C’est la capacité d’un système à conserver le statu quo (un autre enseignement de la
systémique).
HYPOTHESES DE L’OUVRAGE
Les individus dotés des qualités requises chez un animateur sont rares, mais
chaque entreprise en possède quelques uns ;
L’ensemble des problèmes d’une entreprise s’explique généralement par un
blocage principal présent dans tous ses actes et chez toutes ses unités. On peut
donc l’atteindre par n’importe quelle voie, y compris la plus discrète ;
La réussite d’un changement au niveau d’une périphérie exerce un effet « boule
de neige » sur tout le reste de l’organisation.
- Quelles sont les raisons qui font que les organisations « tuent » les
stratégies ?
- De quel savoir l’entreprise a-t-elle besoin pour mener à bien la mise en œuvre
et la conduite du changement ?
- Qu’est ce qui fait la différence entre les approches programmatiques et les
techniques à effet de levier ?
- Comment conduire un changement organisationnel moyennant la méthode à effet
de levier ? Comment les « modes » du mangement peuvent-elles y contribuer ?
MODE DE DEMONSTRATION
L’ouvrage repose sur des séries d’exemples d’évolutions de toute taille et de toute
nature, des fusions acquisitions à l’attaque des petits dysfonctionnements internes
en passant par les systèmes d’information. Ces exemples ont été vécus par l’auteur
à travers son expérience professionnelle dans diverses entreprises et son métier de
consultant.
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Par ailleurs, l’auteur fait des emprunts à d’autres sciences notamment la systémique.
RESUME
L’observation de la réalité montre que bien des essais d’amélioration échouent. Les
managers adossent souvent cet échec à la résistance au changement. Or, si
l’entreprise consacre beaucoup de temps à la recherche de nouvelles idées, leur
mise en œuvre se fait fréquemment d’une manière hâtive.
Décliné en deux parties, l’ouvrage de Christophe Faurie se veut une proposition d’un
ensemble de techniques qui conduisent à une amélioration favorable et durable de
l’entreprise.
Souvent, la résistance se manifeste par des blocages. Ces derniers peuvent prendre
plusieurs formes :
L’organisation teste le dirigeant : rien ne se passe tant que ce dernier
n’apporte pas de preuves tangibles de sa motivation. Croyant avoir affaire à une
opposition organisée, les dirigeants finissent par renoncer à leurs plans ;
Blocage psychologique : l arrive que l’organisation sous-estime ses moyens et
ses capacités ;
L’incertitude : avant de bouger, les personnels « veulent savoir à quelle sauce
ils vont être mangés » ;
La stratégie contrarie les intérêts individuels : les managers et le personnel
s’opposent à tout ce qui remet en question leurs prérogatives ;
Une culture rebelle : il suffit pour s’en apercevoir de penser à une start up qui
doit délaisser son organisation familiale pour s’engager à l’international ;
Blocage symbolique : il conduit à agir en fonction d’un modèle que l’on ne
comprend pas, par exemple en imitant quelqu’un qu’on admire ;
Un manque de moyens : le fonctionnement d’une entreprise repose sur une
panoplie de petites procédures et autorisations qui, en cas de perturbation,
génèrent des dysfonctionnements ;
La durée du changement est incompatible avec les cycles de l’entreprise : Le
changement prend du temps. Or, managers et personnel recherchent souvent
des résultats immédiats ;
« L’enfer, c’est les autres » : chaque unité accuse les autres de mauvaise
volonté et d’incompétence. Or, il se trouve des fois que nous soyons la source du
mal.
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Une fois ces blocages éliminés, toute nouvelle bonne stratégie passera facilement.
D’ailleurs, la systémique enseigne que même si les systèmes résistent efficacement
au changement, ils possèdent un « point faible » : on peut les faire évoluer
moyennant un très faible effort. C’est l’effet de levier.
Rendre l’organisation responsable du changement
Ceci dit, la complexité des organisations impose une coordination entre les différents
services. Il ne suffit pas d’envoyer des soldats en guerre, il faut savoir planifier une
attaque concertée. Le « mode projet » le permet.
Le mode projet réunit en task force les responsables concernés par le projet. Les
décideurs principaux étant présents, les échanges sont rapides et efficaces, les
problèmes apparaissent très tôt et reçoivent une solution qui tient compte des
contraintes des uns et des autres.
Mais, qui dit nouvelle stratégie dit nouvelle organisation. Il faut identifier des hommes
(et des femmes) clés autour de qui va se construire la nouvelle organisation.
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Enchaînement de la méthode « navette » (et de la méthode « formation »)
La méthode navette s’organise en deux phases. Une phase de conception et une
phase de mise en œuvre.
La méthode navette est valable pour traiter des problèmes lourds nécessitant une
analyse interne avancée. Quant à la méthode formation, elle est bien adaptée à des
blocages simples.
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Construction du mécanisme de stimulation de la task force
Ce mécanisme fait intervenir plusieurs ingrédients :
La transformation du changement en une tâche banale et la proposition d’une
méthodologie perçue comme efficace permet d’anéantir le blocage psychologique
de la task force ;
La comparaison des résultats obtenus au fur et à mesure de l’avancement du
travail avec les performances d'une entreprise prospère (benchmarking) stimule
la créativité de la task force ;
Les discours présentés lors de l’annonce du stretch goal et de la présentation
finale doivent marquer les esprits ;
L’animateur s’entretient avec les membres de la task force dans un
« environnement séparé » (en dehors de leur lieu habituel de travail). En
parallèle, ils mènent leurs tâches habituelles ce qui permet d’alléger l’incertitude
liée à la nouveauté.
Son profil
Il doit réunir, entre autres, les qualités suivantes :
Il est capable de s’imposer face aux dirigeants ;
Il est capable de susciter rapidement les confidences ;
C’est un « homme de réseaux » (networker) ;
Il sait attirer le respect de ses interlocuteurs ;
Il croit en le projet, il est capable d’identifier des solutions peu couteuses ;
Il est un « trouble shooter » ;
Il rend simple les outils méthodologiques puissants, il doit être perçu comme un
expert ;
Il est pragmatique avec un historique de solutions simples et efficaces à des
problèmes compliqués ;
Il est d’une grande rigueur intellectuelle et d’une parfaite honnêteté ;
Il sait reconnaître les compétences.
Son rôle
L’animateur aide le top management à la définition du stretch goal de l’organisation.
Puis il aide celle-ci à mettre un terme aux manifestations de ses blocages
psychologiques.
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Il assure le pont entre top management et task force. Il contribue également à
repérer les « hommes clés » et à faire émerger la logique de l’organisation et de ses
membres.
Fondement de base
Au vu des méthodes programmatiques, on peut réussir le changement du premier
coup à base d’un schéma directeur. Les procédures permettent de « programmer »
les hommes. L’échec du changement signifie que les hommes ne sont adaptés et
conséquemment, il faut les changer.
Tandis que la technique à effet de levier part de l’existence d’un petit nombre de
blocages qu’il convient d’anéantir pour que l’organisation puisse évoluer. Cette
évolution, du fait de la complexité de l’organisation, ne peut avoir lieu en une seule et
unique itération.
Approche du changement
Pour les partisans de l’approche classique, l’organisation doit suivre le schéma
directeur à la lettre. En cas de résistance, la sanction s’impose.
L’effet de levier repose sur la création d’un environnement séparé favorisant
l’apprentissage. L’organisation trouve elle-même la solution qui lui est adaptée. Cet
environnement favorise l’expérimentation et récompense le mérite.
Le travail d’évolution
Dans l’approche classique, l’évolution génère une période de stress causant une
baisse de productivité. Tandis que dans l’approche à effet de levier, le changement
devient un composant motivant et normal de la vie professionnelle, la productivité ne
connaît pas de baisse.
L’appui extérieur
Le consultant, au vu de l’approche traditionnelle, est détenteur d’un savoir faire dont
la société ne dispose pas. C’est lui qui fait le travail et sa présence est souvent
longue.
Quelques principes
Attaque des blocages par la périphérie : généralement, l’entreprise connaît un
blocage principal qui se manifeste dans tous ses actes. On peut donc s’en
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apercevoir par n’importe quelle voie (groupe, service, département…). La réussite de
la démarche adoptée au niveau de la cible choisie se répand dans l’entreprise.
« Les dysfonctionnements enterrés dans l’inconscient resurgissent » et l’on
s’aperçoit du moyen de les anéantir ;
Entrer dans la logique de l’organisation : il ne s’agit pas de s’attaquer au
problème tel qu’il est mais tel qu’il est perçu par l’organisation, et il faut lui apporter
un outil jugé efficace par cette dernière ;
Retraiter les méthodes de conseil en management pour les rendre utiles : le
retraitement de ces techniques doit permettre à l’entreprise, en les adoptant, de
réfléchir sans temporisation, sans qu’elles exigent une pause en matière d’actions.
Ce faisant, elles deviennent des « méthodologies ambulatoires ».
L’analyse interne recherche les forces et les faiblesses de l’entreprise. Cette analyse
peut être menée via des interviews, d’un échantillon d’employés et de quelques
clients, visant à les faire parler de leurs bonnes et mauvaises expériences. Au fur et
à mesure, on s’aperçoit de ce que l’entreprise réussit et de ce qu’elle rate
systématiquement. Cette première approximation fait l’objet, par la suite, d’une
confrontation avec la réalité.
L’analyse interne peut être peaufinée par la chaîne de valeur telle qu’elle a été
définie par Porter. L’idée est de repérer les activités qui jouent un rôle prépondérant
dans la guerre concurrentielle, et pour lesquelles l’entreprise doit développer des
savoir-faire distinctifs que l’on appelle les « compétences clés » (core competences).
Pour les autres, il suffit d’assurer un niveau minimal de compétences. Ce travail n’est
pas immuable, les compétences évoluent dans le temps.
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Faire entrer les techniques à effet de levier dans l’entreprise
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La nouvelle stratégie n’est pas comprise : étant peu connue, la stratégie est
encore moins comprise. Que signifient clairement, en terme d’actions, certaines
expressions du jargon stratégique comme « orienté client » ?
La nouvelle stratégie ne se traduit pas dans les actes : le discours des
dirigeants se trouve souvent nettement différent de leurs actes ;
La nouvelle stratégie n’est pas appliquée avec homogénéité : des divergences
sont souvent constatées entre les orientations stratégiques et les actes
opérationnels ;
Faire partager une stratégie est une condition sine qua non de sa réussite. Certaines
techniques permettent d’y contribuer :
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La MdS permet l’apprentissage plus que la prévision. L’apprentissage consiste à
faire évoluer les a priori de l’entreprise. La méthode ne cherche pas à décrire l’avenir
mais à comprendre sa logique et à s’entrainer pour développer les compétences qui
seront utiles pour la prospérité de l’entreprise.
L’utilisation de la MdS vient de l’idée que le monde est « prévisible a posteriori ».
Toutes les situations d’avenir ne vont pas toutes survenir à la fois, mais certaines
(les scénarios) ont beaucoup plus de chances d’arriver.
Les SI sont devenus une menace et non un espoir pour l’entreprise. Les grands
projets sont souvent voués à l’échec, les informaticiens sont perçus comme
incontrôlables. Pour plus d’une entreprise, l’informatique n’est pas une source de
gains de productivité, au contraire. Le paradoxe de Solow est-il vraiment résolu ?
Si les gains de productivité que l’informatique est supposée apporter aux entreprises
n’est pas visible, c’est que l’on ne réfléchit pas avant de l’utiliser. Souvent, la
direction informatique est une sorte d’ «Etat dans l’Etat ».
Il faut réintégrer les informaticiens dans l’entreprise, mais Comment ? En leur faisant
subir des exercices, par le biais d’un représentant des intérêts de l’entreprise, devant
déboucher sur des documents de spécification compréhensibles (quitte à leur
adjoindre un « interprète ») et détaillés afin de s’assurer que leur développement soit
réussi et leur progression suivie. Le test de réussite des développements se fera
moyennant une batterie de tests systématiques à partir de spécifications initiales.
Les informaticiens ne seront « libérés » qu’une fois ces tests passés avec succès.
La réintégration survient surtout lors des projets. Mais toute la question est de savoir
comment mettre le SI au service de l’entreprise. L’urbanisme des SI (UdSI) s’est
penché sur cette question.
L’UdSI est une tentative de renouement entre direction générale et SI. En effet, la
complexité des technologies de l’information, la renonciation du top management à
les comprendre et conséquemment son incapacité à guider la politique de
l’entreprise en la matière, font que l’entreprise n’arrive pas à tirer profit des SI. L’UdSI
tente d’y remédier. D’ailleurs, le nom de la méthode vient de la grande proximité qui
existe entre urbanisme et conception d’un SI.
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Faire de neuf avec de l’ancien : on reconstruit des modules à partir d’anciens
logiciels. On maîtrise alors l’évolution du SI tout en réduisant les coûts et les
risques inhérents aux nouveaux développements.
Dans la logique des techniques à effet de levier, les projets de changement précités
peuvent servir de base de restructuration des équipes informatiques et faire émerger
des managers (hommes clés) dont la logique personnelle est conforme à celle de
l’entreprise. En particulier, ils doivent a) être capables de comprendre les enjeux
stratégiques liés au SI ; b) respecter les règles de l’art en matière de
développement ; c) mesurer leur succès, seulement et uniquement, en fonction du
service rendu à l’entreprise.
- le diagnostic industriel
Partant du constat que les équipes généraient des justifications et des solutions
coûteuses aux problèmes non résolus, l’objectif de la méthode est de mettre un
terme à ses mauvaises habitudes à travers la prise en main des employés de leur
sort. La méthode se déroule en quelques étapes :
Faire la liste exhaustive des problèmes majeurs par les personnes « clés » de
l’organisation dont la participation minimise le risque de rejet du changement et
apporte une garantie quant à l’application de la solution ;
Tri des problèmes par ordre de priorité ;
Donner un coût/un niveau d’importance à chaque problème de la liste en vue
d’évaluer ce que la résolution d’un problème va rapporter à l’entreprise.
- L’analyse de la valeur
Dans un monde ou tout contribue à nous faire prendre des décisions qui vont à
l’encontre de notre intérêt, demander « pourquoi » est une condition sine qua non de
la réussite de nos actes. L’analyse de la valeur tente d’apporter des réponses à ce
pourquoi et à ne s’arrêter que lorsqu’on a atteint son but.
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L’idée est de pousser le plus loin possible l’interrogation de façon à arriver au « juste
nécessaire ». Chaque fonctionnalité est associée à son coût ou plus précisément à
ce que l’entreprise est disposée à payer au plus pour la réaliser. Ceci permet de
garde en permanence le lien entre utilité et coût. On propose enfin un éventail aussi
large que possible des solutions dont on extrait les plus compatibles aux critères de
choix prédéfinis.
Le travail se fait à l’aide d’un brainstorming de façon à avoir le maximum d’idées et
d’expériences.
- Le contrôle qualité
Il consiste à mettre en place une procédure de contrôle de qualité d’un processus
donné. Comment ça se passe ?
1. identification du processus que l’on cherche à mesurer
2. détermination des éléments significatifs d’un bon fonctionnement dudit
processus
3. déduction des indicateurs.
4. Mise en place du système de mesure adéquat.
Le contrôle de qualité est aussi une méthode d’enquête permettant de pister les
blocages source de dysfonctionnement.
1. Le reengineering
L’idée de Michael Hammer, père du reengineering, est que la division parcellaire du
travail a nui à la prospérité des entreprises, le remède ne peut être que la remise à
plat de l’ensemble des processus de manière radicale. Le reengineering tourne
autour de quelques principes : confier l’ensemble des tâches d’un processus à une
seule personne ; faire exécuter un processus par ceux qui en utilisent les résultats ;
coordonner et créer des liens entre fonctions parallèles et séparées ; autonomie,
responsabilité et propre contrôle des acteurs exécutant les processus ; pas de saisie
redondante des informations.
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ce qu’elle doit faire qu’elle va le faire en JAT, mais parce qu’on la met dans une
position dans laquelle la seule issue possible est l’amélioration.
Une entreprise, travaillent en JAT, n’a plus droit à l’erreur. Elle ne possède plus de
stocks tampons, et n’a aucune marge d’erreur au niveau de ses processus.
Une entreprise doit remettre continuellement en cause ses processus. Mais la mise
en œuvre de ces changements doit être gérée avec prudence. Les principaux
représentants de l’entreprise doivent participer à la phase de réflexion. La mise en
œuvre doit passer par des simulations préliminaires de type projet, et il est préférable
de commencer par des unités périphériques. C’est un changement à « effet de
levier ».
Et pourtant, il est possible, pour l’entreprise, de gagner plus avec le même effort,
moyennant le repositionnement des composants de son offre de manière à ce qu’ils
répondent à un besoin (ou un désir) pour lequel le marché est « prêt à payer cher ».
Les gains peuvent être importants, transformant, dans certains cas, une entreprise
en situation critique, en un leader de marché en position de quasi monopole.
Le CVM pose une question très importante : « comment un client prend-il une
décision ?» mais son erreur est de vouloir lui apporter une réponse chiffrée.
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Or, comme l’enseigne la théorie de la décision, l’homme prend sa décision en
fonction de règles complexes, difficiles à repérer, évolutives…mais qui demeurent
des règles tout de même. Prendre conscience de ce fait aboutira à un changement
du modèle économique de l’entreprise. Il suffit de rechercher quelques règles qui
expliquent la décision d’achat et de modifier le positionnement de son offre en
fonction desdites règles.
Retraité de la sorte, le CVM devient une méthodologie ambulatoire.
Ces techniques permettent aussi de « débloquer » une force de vente qui doute.
Progressivement, le commercial repère les arguments qui font l’affaire et prend
confiance en soi.
- La communication de crise :
« Gagner plus pour le même effort » passe par le changement de l’approche que se
fait le réseau de distribution du marché. Or, il n’est pas si facile d’y parvenir. La
communication de crise est très utile dans ce sens.
« Voix du peuple, voix de Dieu », tel est le principe de cette technique. On annonce
un « stretch goal » débouchant sur des conseils qu’il faut transmettre moyennant les
canaux de communication favoris du groupe.
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Réussir une acquisition :
La réussite d’une acquisition passe par deux règles de premier ordre :
- L’annonce immédiate d’un plan d’action à l’entreprise acquise : dans ce sens, les
techniques de communication de crise sont d’une grande utilité.
- La conservation des hommes clés de l’organisation acquise.
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L’utilisation du business plan exige quelques précautions. En effet, la recherche des
synergies heurte les intérêts personnels, le travail sur la performance globale rend
claire pour chacun la contribution de chaque unité. Par conséquent, il faut éviter un
choc frontal. Solution ? a) commencer par un changement à effet de levier
périphérique qui va permettre de construire le modèle ; b) repérage des anomalies et
recherche des idées d’évolution ; c) approfondissement de ces pistes avec quelques
hommes clés.
« Ce qui frappe dans cet ouvrage, c’est l’association rare d’une culture managériale
et d’une pratique exceptionnellement riche. Le résultat est là : le meilleur du
management est mobilisé au service du changement ». Cette affirmation n’est pas
nôtre. C’est le témoignage d’Henri Bouquin, une figure imminente du contrôle de
gestion en France, à propos de l’ouvrage de Christophe Faurie.
De notre côté, nous ne pouvons que nous aligner sur le témoignage de Bouquin. En
effet, l’ouvrage de Christophe Faurie est riche d’enseignements en matière de mise
en œuvre et de conduite du changement.
Fruit d’une longue expérience professionnelle, que ce soit à travers les postes qu’il a
occupés au sein de diverses entreprises ou son métier actuel de consultant,
l’ouvrage apporte des pistes de solution à une des contraintes qui interpellent
l’entreprise moderne, à savoir le changement.
C’est un ouvrage plutôt pratique qui ne traite pas des références conceptuelles en
matière de changement. Par ailleurs, les problématiques bien connues relatives à la
mise en œuvre des stratégies d’entreprise sont bien traitées. L’auteur ne prétend pas
apporter de potion magique, mais explore et fait comprendre l’ensemble des tenants
et aboutissants du changement. Notons, en particulier, les développements sur le
mode « projet », sur la méthode des scénarios pour faire partager le raisonnement
stratégique, sur le pilotage par indicateurs et les balanced score-cards, sur les
restructurations, fusions, acquisitions…
D’autre part, l’ouvrage de Faurie est riche de métaphores chargées de sens. Nous
en citons à titre d’exemple : « l’état actuel des entreprises évoque cette histoire du
bûcheron qui, faute d’avoir compris comment démarrer sa tronçonneuse, s’en sert
comme une scie ordinaire » p.8 .
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Est-il systématique que toute organisation soit dotée de quelques personnes
dotées des qualités énormes requises chez l’animateur des méthodes à effet de
levier. ?
Le reengineering, qui n’a pas échappé aux critiques de Faurie, n’a-t-il pas
débouché sur des succès dans certaines entreprises qui on su l’appliquer?
D’ailleurs, l’ouvrage de Hammer et Champy, « Le reengineering » ne comporte-i-il
pas des cas d’entreprises témoins de la réussite d’une telle démarche ?
Aujourd’hui, les occasions, voire de révolution, sont nombreuses dans la vie d’une
entreprise : nouveaux marchés, nouveaux outils, nouveaux produits, fusion,
restructuration…
Ces bouleversements ont longtemps ignoré la dimension humaine qui est alors
devenue le « grain de sable » qui faisait gripper les plus belles des machines.
Pourtant, comme le rappelle Grouard et Meston dans leur ouvrage « L’entreprise en
mouvement », les hommes et les femmes sont le capital le plus précieux de
l’entreprise. C’est encore plus vrai avec la fin de l’organisation taylorienne et la
nécessité de l’initiative individuelle.
En effet, l’entreprise a plus que jamais besoin de ses personnels, de leur savoir faire,
de leur force de travail, de leur compétence, de leur implication.
Mais les rôles se sont brouillés. Conséquemment, faire évoluer l’ensemble complexe,
qu’est devenue aujourd’hui l’entreprise, est devenu extrêmement délicat. On ne peut
plus décréter le changement pour qu’il s’opère, décider pour être obéi. Il faut
convaincre les acteurs du changement et également savoir où l’on veut aller. C’est là
qu’entre en scène la conduite du changement. Derrière cette expression se trouve
l’un des concepts clés du management moderne. Un concept dont la finalité est
d’entraîner une organisation complète vers de nouveaux objectifs.
BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE
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- Autissier David & Moulout jean-Michel, Pratiques de la conduite du changement :
comment passer du discours à l’acte, Dunod, 2003
- Bernoux Philippe, Sociologie du changement, dans les entreprises et les
organisations, Seuil, 2004
- Teneau Gilles, La résistance au changement organisationnel : perspectives
sociocognitives, L’harmattan, 2006
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