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1. Position du problème
1.1. La source de rayonnement
Dans le chapitre précédent nous avons étudié la propagation d’ondes électromagnétiques dans le vide sans nous préoccuper
de leur production à partir de charges en mouvement.
L’étude du rayonnement électromagnétique créé par des charges en mouvement est di cile, notamment en raison des condi-
tions aux limites imposées aux équations de Maxwell.
Nous étudions ici le dipôle de Hertz ; il est important pour plusieurs raisons :
• Il permet de donner une interprétation du rayonnement électromagnétique à partir du mouvement d’oscillations des
charges électriques autour de leur position moyenne ; la matière étant globalement neutre, on conçoit alors que le
moment dipolaire de ces charges ait un rôle déterminant dans l’interaction entre la matière et le rayonnement.
• Le champ rayonné par les antennes peut se ramener à la superposition des champs produits par un ensemble de dipôles
oscillants.
• La dépendance temporelle sinusoïdale du dipôle de Hertz ne limite en rien l’intérêt de l’étude, puisque l’on sait que
toute évolution temporelle peut se ramener, par une analyse de Fourier, à une somme de fonctions sinusoïdales.
q (t) = q0 cos ( t)
p (t) = q (t) N P
Nous choisissons l’origine O du système d’axe au milieu du segment [N P ] et l’axe (Oz) de telle sorte que NP = auz . Nous
avons alors
p (t) = aq0 cos ( t) uz
En raison de la symétrie de révolution du système autour de (Oz) nous adoptons les coordonnées sphériques (r, , ) avec
(r, ) coordonnées polaires dans le plan méridien Oz, OM (même système de coordonnées que pour l’étude du dipôle
électrostatique en 1ère année).
Remarque fondamentale : On réalise un dispositif ayant un comportement analogue au dipôle de Hertz (moment dipolaire
p (t) variable dans le temps) soit :
• en considérant deux charges constantes +q0 et q0 séparées par une distance variable :
dq
• en considérant un élément de courant iauz avec i = dt soit :
1 V
• Avec le choix de jauge de Lorentz div A + c2 t = 0, les potentiels scalaire V et vecteur A sont liés aux charges et aux
courants par les équations :
2
1 V
V = V =
c2 t2 0
2
1 A
A = A = µ0 j
c2 t2
A
B = rot A et E = grad V
t
Ces expressions font intervenir un décalage temporel t = rPcM : les potentiels au point M, à l’instant t, sont liés aux
valeurs de et j aux instants t rPcM . Ce décalage correspond à la durée de propagation de l’information à la vitesse de la
lumière c.
2. Potentiels A et V du dipôle
2.1. Potentiel vecteur A du dipôle
D’après le paragraphe 1.3. le potentiel vecteur A est
rP M
µ0 j P, t c d#
A(M, t) =
4" D rP M
Nous nous plaçons dans le cas où le dipôle est constitué d’une charge +q ;xe en O et d’une charge mobile q placée en P et
animée d’une vitesse v.
Dans une telle situation le potentiel vecteur est donné par :
rP M
µ0 qv P, t c
A(M, t) =
4" rP M
•
p
en remarquant que p = t = qv le potentiel vecteur s’écrit :
•
µ p t rPcM
A(M, t) = 0
4" rP M
Nous e<ectuons alors deux approximations :
• l’approximation dipolaire :
la distance d’observation r = OM est très grande devant les dimensions de la distribution d :
• •
µ p t rPcM µ0 p t rP M
r d A(M, t) = 0 c
4" rP M 4" r
• •
rP M r rP M r
Nous pourrons écrire p t c p t c si le décalage temporel entre t c et t c qui est de l’ordre de
•
d
c est négligeable devant l’échelle de temps caractéristique de l’évolution de p donc du moment dipolaire p :
d
T
c
dans le modèle sinusoïdal, la vitesse v de la particule est de l’ordre de v d/T d’où
d d d
T v ccas non relativiste
c c v
d d &
ou de manière équivalente T d &
c c c
Soit un dipôle électrique variable p (t), d’extension spatiale de l’ordre de d, situé au voisinage d’un
point O et évoluant à une échelle de temps caractéristique T . Dans le cadre :
• de l’approximation dipolaire : OM = r d
• de l’approximation non relativiste : & = cT d
le potentiel vecteur A en M à la date t est :
•
µ0 p (t )
r
c
A(M, t) 4 r
•
p (t r
).ur p (t r
).ur
Remarque : Le terme 4 1 0 c
r2 correspond au potentiel du dipôle électrostatique alors que le terme 4
1
0
c
rc est
un terme de rayonnement.
3. Champs E et B du dipôle
Nous sommes toujours en coordonnées sphériques de base (ur , u , u ).
• Le champ électrique est un vecteur polaire et appartient donc à tous ces plans méridiens :
E =0
• Le champ magnétique est un vecteur axial et est donc perpendiculaire à tous ces plans méridiens :
B=B u
E
• intégrer l’équation de Maxwell-Ampère (M-A) : rot B = µ0 0 t
E =0
p (t) = p0 cos ( t)
• ••
p p p
Les termes r3 , r2 c , rc2 apparaissant dans les expressions de E et B ont alors des amplitudes di<érentes :
• ••
p p p
terme r3 r2 c rc2
2
p0 p0 r 2
amplitude r3 cr2 = 2" pr30 r
rc2
p0
= 4"2 pr30
• Les champs E et B sont nuls sur l’axe du dipôle et maximals dans le plan équatorial (Oxy) (voir ;gures ci-dessous).
Dans le voisinage d’un point M situé à grande distance du dipôle (champ rayonné), le champ E, B est pratiquement
uniforme. Comme E, B et ur forment un trièdre orthogonal (direct) avec E = cB, la structure locale de l’onde émise par le
dipôle est celle d’une onde plane transversale, le plan d’onde étant tangent à la sphère en M .
Dans le cadre de l’approximation dipolaire (r d) et de l’approximation non relativiste (& d),
le champ électromagnétique émis par une dipôle électrique dans sa zone de rayonnement (r &) :
• décroît comme 1r ;
••
• est proportionnel à p t rc donc à l’accélération de la particule ;
• présente localement une structure d’onde électromagnétique plane progressive dans le vide
se propageant radialement à partir du dipôle :
ur
Erayon (M, t) = c Brayon (M, t) ur Brayon (M, t) = c Erayon (M, t)
Remarque : Contrairement au champ électrique produit par un dipôle électrostatique, qui varie comme 1/r3 , le champ
électromagnétique E, B produit à grande distance par le dipôle électrique varie comme 1/r.
La puissance rayonnée à travers un élément de surface dS = r2 d de la sphère de centre O et de rayon r, vu sous l’angle
solide élémentaire d = sin d d vaut
dP = rayon .dS = rayon .r2 d ur
La puissance rayonnée par le dipôle par unité d’angle solide est indépendante de la distance
d’observation et proportionnelle au carré de l’accélération :
••2
dP
d = 16
1
2
0c
3 p t r
c sin2
Le rayonnement du dipôle n’est pas isotrope :il est nul suivant l’axe du dipôle et maximal suivant
toute direction contenue dans le plan (Oxy).
1 ••2 r
P= 6 0c
3 p t c
Remarque :
3 cos3 4
sin d = 1 cos2 d ( cos ) = cos + =
=0 =0 3 0 3
Physique des ondes. Chapitre VI : Rayonnement dipolaire électrique 7
1 4 2 1
P t = p0
6" 0 c3 2
2 c
En faisant aparaître la longueur d’onde & = nous obtenons :
4 3 cp20 1
P t = 3 0
4
Cette formule en 1/&4 joue un rôle très important dans le processus de di<usion de la lumière par de petites particules. La
lumière incidente engendre des mouvements électroniques dans ces particules (molécules d’air par exemple) qui rayonne à
leur tour de l’énergie. Cette di<usion de la lumière incidente suit la loi en 1/&4 et est donc plus importante vers les courtes
longueurs d’onde : le ciel est bleu et le soleil couchant donne une lumière ”rouge”.
5.1. La di-usion
De petites particules de soufre, obtenues par précipitation lente à partir de thiosulfate de sodium et d’acide sulfurique peuvent
sous l’action d’un champ électromagnétique (ici de la lumière) jouer le rôle de dipôle électromagnétique.
On éclaire avec un faisceau parallèle venant d’une lampe puissante une cuve à faces bien planes remplie d’une solution très
limpide, c = 14 mol. l 1 par exemple, de thiosulfate de sodium ; une lentille L (distance focale de l’ordre de 30 cm) donne sur
un écran E placé à quelques mètres une image d’un diaphragme circulaire D.
Quelques gouttes d’acide sulfurique dilué déclenchent l’apparition de soufre : conformément à la loi en 1/&4 , la lumière
di<usée est bleue tandis que l’image sur l’écran E devient rouge. À la ;n, la solution devient blanchâtre : les particules de
soufre ont maintenant des dimensions notables vis-à-vis de &, la condition d & n’est plus respectée et la di<usion ne suit
plus la loi en 1/&4 .
image du
diaphragme rougie
• Nous étudions le cas particulier d’un atome à un électron. Soit P le barycentre des positions successives de l’électron.
Nous a<ectons à ce point P la masse m et la charge q = e de l’électron.
• Au repos, le point P est confondu avec le noyau repéré par le point O. Hors équilibre, nous notons r le vecteur OP .
• Nous pouvons interpréter les phénomènes expérimentaux en postulant que le mouvement de P obéit à l’équation
di<érentielle d’un oscillateur harmonique amorti :
— l’électron est soumis à une force de rappel (de type ressort) de la part du noyau :
2 2
Frappel = k OP = m 0 OP = m 0r
— l’électron est soumis à une force de type frottement visqueux (lors de son déplacement, l’électron rayonne une
énergie électromagnétique prélevée sur son énergie mécanique) :
dOP dOP •
0 0
Fvisq = h = m = m r avec Q facteur de qualité
dt Q dt Q
L’expérience montre que l’absorption d’une onde électromagnétique par un atome est particulièrement e cace lorsque la
fréquence de l’onde incidente est proche de l’une des fréquences du spectre électromagnétique de l’atome. Pour rendre
compte de cette observation nous choisissons pour 0 une pulsation du spectre atomique et nous donnons au facteur de
qualité Q une valeur très élevée.
q e
m 2 m 2
0 0
r0 = 2 E0 r0 =
1 2 2 2
1 jQ 1
0 0 1 0
+ Q 0
1 4 2
D’après le paragraphe 4.2.4. P t = 12 0c
3 p0 avec p0 = p0
4
q 4 /m2 0
P t = 2 E02
12" 0 c3 2
1
2
1 0
+ Q 0
Physique des ondes. Chapitre VI : Rayonnement dipolaire électrique 9
Nous pouvons alors tracer les variations de cette puissance moyenne en fonction de la pulsation de l’onde incidente :
diffusion résonnante
<P>
diffusion
Thomson
diffusion
Rayleigh
0 x
Hg Na
vapeur de sodium
vapeur de sodium
Nous vaporisons du sodium à l’état atomique par chau<age, avec un bec Bunsen, d’une ampoule à vide contenant un peu
de sodium.
Eclairons cette vapeur atomique avec une lampe spectrale :
• Avec une lampe à vapeur de mercure (contenant un doublet jaune & = 577 nm et & = 579 nm) nous observons une très
légère émission jaune de la vapeur contenue dans l’ampoule.
• Avec une lampe à vapeur de sodium (contenant un doublet jaune & = 589, 0 nm et & = 589, 6 nm) nous observons une
très forte émission jaune de la vapeur contenue dans l’ampoule.
Dans la deuxième expérience nous observons un phénomène de di-usion résonnante : le rayonnement incident a
exactement la pulsation propre des atomes de sodium. Cette di<usion correspond au maximum de la courbe précédente (§
5.3.1.).
2 c
En introduisant la longueur d’onde & = :
4 2 c 4
q 4 /m2 q 4 /m2
P t = E02 = E02
12" 0 c3 0 12" 0 c3 0
4 2 4
q /m 2"c 1
P t = E02 ×
12" 0 c3 0 &4
Nous retrouvons bien la dépendance en 14 : dans le spectre du visible, l’atmosphère di<use nettement plus les radiations
bleues (& = 400 nm) que les radiations rouges (& = 800 nm).
Physique des ondes. Chapitre VI : Rayonnement dipolaire électrique 10
Remarque : il est possible d’obtenir l’expression de la puissance rayonnée dans la limite de la di<usion Rayleigh par un
calcul ”direct” :
•• •
0
di<usion Rayleigh 0 m r + m r + m 20 r = q E
Q
•• •
0 2 2
mr + m r+m 0r = q E s’écrit alors m 0r qE
Q
q
r E
m 20
q2
p = qr = E
m 20
•• 2
2 q
p = E car E est sinusoïdal
m 20
Comme la puissance rayonnée par le dipôle par unité d’angle solide est proportionnelle au carré de l’accélération (ou du
moment dipolaire de manière équivalente) nous avons bien une puissance variant comme 4 soit 14 .
6. Exercices
Exercice n 01 (Centrale)
Le mouvement d’un électron dans un atome de centre O est modélisé par celui d’un oscillateur harmonique spatial de centre O,
de pulsation propre 0 , associé à un point matériel de masse m et de charge q = e. On envoie sur cet atome (de centre O &xe)
une OPPM dont le champ électrique est donné par E = E0 ex cos ( t kz) où k = /c. Déterminer la section e*cace totale de
di+usion de l’électron 5 T dé&nie comme le rapport de la puissance totale moyenne rayonnée à l’intensité I0 de l’onde incidente.
Donner sa valeur 50 dans le cas de l’électron libre. On rappelle que l’expression du champ magnétique rayonné, à grande distance,
··
µ0 r
par un système dipolaire électrique situé en O : Bray = 4 cr p (t ) u ; où t = t c et r = OM = r u.
Physique des ondes. Chapitre VI : Rayonnement dipolaire électrique 11
À une distance r très grande devant l’extension spatiale R de son mouvement, une particule non relativiste, de charge q et
d’accélération a, émet un champ électromagnétique de rayonnement, dont le champ magnétique est :
µ0 qa t rc er
B=
4" rc
2) Discuter la polarisation de l’onde émise dans le plan de l’orbite de l’électron ou sur son axe de révolution.
3) Établir la formule de Larmor donnant la puissance rayonnée par l’électron décrivant sa trajectoire circulaire.
4) Quelle est la conséquence de cette émission de rayonnement sur le mouvement de l’électron ? Discuter la rapidité de cette
évolution en évaluant le rapport entre l’énergie rayonnée pendant une révolution et l’énergie mécanique obtenue à la question 1).
5) En utilisant les conclusions précédentes, proposer une loi d’évolution du rayon R de la trajectoire électronique en fonction du
temps. En déduire une évaluation de la durée de vie # du niveau excité 2p de l’atome d’hydrogène, sachant que l’atome retombe,
par émission de rayonnement, dans l’état 1s. On rappelle que les niveaux d’énergie de l’atome d’hydrogène sont donnés par la loi de
quanti&cation En = n13,6 2 eV, où n désigne le nombre quantique principal. Comparer la valeur obtenue à la valeur expérimentale
de ce temps de vie qui est T = 1, 6 ns.
On observe le rayonnement de cette antenne en un point M, repéré par ses coordonnées sphériques (r, ).
1) Expliquer l’expression du courant i(z, t) dans l’antenne. Indiquer la relation liant la longueur L de l’antenne et la longueur
d’onde &, associée au courant i(z, t).
2) Dans la zone de rayonnement r & peut-on supposer aussi que la longueur d’onde est très grande devant les dimensions
de la source, comme dans le cas du rayonnement dipolaire ? Déterminer le champ dE créé en M par un élément de longueur dz
situé en un point P d’abscisse z de l’antenne, puis son amplitude complexe dE.
3) Calculer le champ électrique E rayonné au point M.
4) Montrer que le vecteur de Poynting moyen peut se mettre sous la forme Kf( ) rr3 , où f( ) (fonction dont la valeur maximale
est 1) est appelée indicatrice de rayonnement de l’émetteur.
Physique des ondes. Chapitre VI : Rayonnement dipolaire électrique 12