Vous êtes sur la page 1sur 17

Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 1

CHAPITRE 7 / QUELLE EST LA PLACE DE L’UNION EUROPÉENNE ET DE L’EURO DANS L’ÉCONOMIE


GLOBALE ?
(7 séances)

Section 1 : Quelle a été l’évolution des économies européennes depuis les années 50 ?
1 séance : les étapes de l’intégration européenne (du traité de Rome à l’UEM)
1 séance : la question du BREXIT et les difficultés liées à l’élargissement de l’UE

Section 2 : Pourquoi a-t-on créée la monnaie unique ?


2 séance : les avantages et les contraintes de la monnaie unique
1 séance : la place de l’Euro dans le système monétaire international

1 séance : L’oral en SES (2nd groupe)

MOTS CLÉS :
Union européenne et monétaire, marché unique, intégration européenne, monnaie unique, euro,
gouvernance économique, dumping social, banque centrale européenne, système monétaire, taux
de change, marché des changes, dévaluation, balance des paiements.

OBJECTIFS
DISTINGUER
- l’union européenne (U.E.) et l’union économique et monétaire (U.E.M.) également appelée « zone
euro », le grand marché intérieur et la monnaie unique
- le taux de change et le marché des changes
CONNAITRE
- les fondements théoriques de la monnaie unique (l’euro) et les difficultés de la coordination des
politiques économiques dans l'Union européenne.
- les principaux déterminants du taux de change
COMPRENDRE
- que les pays européens mènent une expérience originale d'intégration plus étroite de leurs
économies (marché intérieur et monnaie unique)
- que l’union monétaire (U.E.M.) renforce les interdépendances entre les politiques
macroéconomiques des États membres
ILLUSTRER
- les avantages de la monnaie unique
- la variation des taux de change et leurs effets pour le pays
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 2

Section 1 : Quelle a été l’évolution des économies européennes depuis les années 50 ?

Vidéo
« Le Brexit, c’est quoi la suite ? » » (Dessine moi
l’économie, 2019)
https://www.youtube.com/watch?v=dKIphl5GoXw

1.1. Comment l’Union européenne s’est-elle intégrée ?

a/ Du traité de Rome (1957) au traité de Maastricht (1992)

Documents 7-1

La théorie de l’intégration économique permet de mieux comprendre les différents niveaux


d’intégration en Europe, autrement-dit l’intégration économique progressive de l’Europe depuis le
traité de Rome (1957).
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 3

- (1) Selon la « théorie de l’intégration économique » (1961) de Bela BALASSA (1928 – 1991), il
existe cinq degrés d’intégration : depuis la simple zone de libre-échange à l’U.E.M.
L’intégration totale correspond au fédéralisme politique.
 la zone de libre-échange : abolition des barrières douanières (tarifaires ou non
tarifaires)
 l’union douanière : abolition des barrières douanières + tarif extérieur commun
 le marché commun : abolition des barrières douanières + tarif extérieur commun +
création d’un marché unique (libre circulation des hommes, des marchandises et des
capitaux)
 l’union économique : marché commun + politiques économiques communes
(agriculture, industrie…)
 l’union économique et monétaire : marché commun + politiques économiques
communes + monnaie unique (politique monétaire commune)
- (2) Pour l’U.E., on peut distinguer trois grandes étapes d’intégration qui correspondent à un
des degrés d’intégration
 La première étape est la mise en place d’une union douanière à travers la création de
la communauté économique européenne (C.E.E.). A la suite de la création de la
communauté européenne du charbon et de l’acier (C.E.C.A.) en 1951, six pays
européens (France, Allemagne, Italie et Bénélux) signent en 1957 le traité de Rome
crée la communauté économique européenne (C.E.E.), un espace économique
commun avec un tarif extérieur commun (les marchandises sont taxées de la même
façon quel que soit le point d’entrée) et une zone de libre-échange intérieure (les
marchandises circulent entre pays membres sans droits de douane).
 La deuxième étape est la création d’un marché unique. En 1986, l’acte unique
européen (1986) organise la réalisation d’un marché intérieur, c’est-à-dire la libre
circulation des marchandises, des hommes et de capitaux. Au sein de l’U.E., les
marchandises et les hommes doivent circuler librement (mise en place de la zone
Shenghen)
 La troisième étape correspond au traité de Maastricht (1992). Ce traité crée l’Union
européenne (U.E.) et permet ainsi le passage vers une union économique et
monétaire (avec l’euro comme monnaie unique) pour 19 pays de l’U.E. (Eurogroupe).

Note : L’U.E. (500 millions d’habitants sur près de 4 millions de km2) ne se limite pas à une simple zone
d’intégration économique, elle s’est dotée d’institutions communes qui mènent des politiques supranationales.
L’instance de décision est le Conseil européen (réunion des chefs d’Etat et de gouvernement) doté d’un
président permanent, la Commission européenne et le Parlement européen (Martin Schulz).
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 4

b/ Les bénéfices attendus du marché unique

Documents 7-2
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 5

Selon ses fondateurs (Jean MONET et Robert SCHUMAN), le marché unique stimule la croissance et
l’emploi au sein de l’U.E. et assure une certaine convergence des économies nationales (rattrapage
des plus riches par les moins prospères).

- (1) L’intégration européenne a eu des conséquences positives pour les consommateurs et les
entreprises
 Pour les consommateurs, elle a entrainé une intensification de la concurrence entre
les firmes des États membres profitable pour les consommateurs et stimulante pour
l’économie.
 Pour les entreprises, elle a permis d’atteindre une taille suffisante (effet de taille /
économies d’échelle) pour résister à la concurrence des firmes nord-américaines ou
japonaises.
- (2) Ces évolutions ont stimulé la création de richesses (plus grande variété des produits
disponibles, pression des prix à la baisse…), améliorer la compétitivité-prix (du fait de la
diminution des coûts), améliorer les financements de l’activité économique (libre circulation
des capitaux) et créer des emplois productifs (libre circulation des hommes au sein de l’U.E.).
- (3) La solidarité communautaire a organisé des transferts par le biais des aides au
développement. Les nations du sud (Espagne, Grèce, Portugal) ont pu développer leurs
infrastructures (routes, ponts…) et bénéficier de l’accès à ce vaste marché. C’est également le
cas plus récemment pour les pays de l’est de l’Europe (Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne,
République Tchèque, Hongrie, Slovaquie, Slovénie...)

Note : L’intégration européenne a été en partie protectionniste. Les aides de la Politique agricole commune
ont poussé les agriculteurs à augmenter leur production pour rendre l’Europe autosuffisante tout en
garantissant aux producteurs un revenu minimum. Aujourd’hui, les prix agricoles doivent se rapprocher des
prix du marché mondial (référence à un protectionnisme éducateur de courte durée).

1.2. Intégration et élargissement : deux objectifs contradictoires

a/ Les problèmes liés à l’élargissement

Depuis sa création, la communauté n’a cessé d’accueillir de nouveaux pays (élargissement), sous
certaines conditions, pour atteindre aujourd’hui 28 membres (27 membres depuis la décision du
Brexit). Toutefois ces élargissements rendent la concertation politique toujours plus compliquée et les
situations économiques au sein de l’U.E. plus complexes.

- (1) Depuis la C.E.E. à 6 pays (France, Allemagne, Italie & Bénélux), , l’élargissement a connu
plusieurs phases (6 élargissements) : trois en 1973 (Irlande, Danemark, Royaume-Uni,
élargissement au nord), un en 1981 (Grèce), deux en 1986 (Espagne et Portugal, élargissement
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 6

au sud), trois en 1995 (Finlande, Suède, Autriche), onze en 2004 (Slovaquie, Tchéquie, Chypre,
Malte, Pologne, Lituanie, Lettonie, Hongrie, Estonie, Slovénie, Roumanie, élargissement à
l’est), un 2007 (Bulgarie) et un en 2013 (Croatie). L’Albanie, la macédoine, le Monténégro, la
Serbie et la Turquie ont le statut de pays candidats.
- (2) L’élargissement pose néanmoins de nombreuses questions
 La concertation à 28 membres – ou 27 membres - est compliquée, elle débouche sur
une augmentation de la bureaucratie européenne et une incompréhension des
politiques menées par l’U.E. par les citoyens. Bruxelles est vu comme un centre de
décisions peu démocratique et éloigné des préoccupations des européens.
 Les élargissements accroissent la diversité des situations économiques en risquant de
favoriser des situations de concurrences fiscale et sociale, c’est-à-dire des différences
entre les législations fiscales (taux de l’impôt sur le revenu, taux de l’impôt sur les
sociétés, existence d’un impôt sur la fortune, T.V.A.) et de protection sociale (niveau
des cotisations sociales). Ces différences entrainent une forte évasion fiscale au sein
de l’U.E.

Note : L’élargissement obéit à trois conditions principales : Le futur pays membre doit tout d’abord se doter
d’institutions démocratiques (séparation des pouvoirs, respect de l’Etat de droit…), son mode de
fonctionnement économique doit ensuite être celui de l’économie de marché, le pays doit enfin être capable
d’intégrer la règlementation européenne dans ses réglementations nationales.

b/ La question du Brexit (British + Exit)

Lors d’un référendum sur son appartenance à l’U.E. (Brexit/Remain) en 2016, le Royaume-Uni décide
de sortir de l’Union européenne. C’est la première fois que la construction européenne est remise en
cause par un des pays membres. Il est difficile d’anticiper toutes les conséquences du Brexit, on peut
cependant évoquer quelques avantages et les nombreux risques pris par le pays.

- (1) Le Brexit a pour principal avantage de redonner à la Grande-Bretagne sa pleine


souveraineté en matière d’immigration (contrôle des frontières), en matière législative (fin des
normes et régulations imposées par Bruxelles qui pèsent sur les P.M.E.) et en matière
d’échange (reprendre son siège à l’O.M.C. et renégocier les accords de libre échange)
- (2) Pourtant personne ne conteste le fait que la sortie de la Grande-Bretagne de l’U.E pèsera
sur la croissance britannique (incertitude sur l’avenir et récession)
 Pour la circulation des marchandises, le Royaume-Uni a dû renégocier tous les traités
de libre-échange avec l’U.E. (réduction du marché des biens et services)
 Pour la circulation des hommes, le Brexit mettra fin à la mobilité du travail ce qui
conduira à une instabilité sur le marché du travail
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 7

 Pour la circulation des capitaux, on assistera à une réduction du marché des capitaux
et baisse des capacités de financement des investissements
 Le Brexit mettra également en péril les secteurs d’activité fragiles (fin des subventions
accordées aux agriculteurs dans le cadre de la P.A.C., d’où des difficultés financières,
notamment pour les filières de lait et de mouton).
- (3) Les conséquences sur la monnaie britannique (la livre sterling) ne sont pas aussi évidentes.
Pour certains, le Brexit devrait entraîner l’effondrement de la Livre Sterling et ainsi une baisse
de pouvoir d’achat des consommateurs britanniques, peut être compensée par une meilleure
compétitivité-prix des produits britanniques. Pour d’autres, la Livre Sterling devrait
s’apprécier vis-à-vis de l’Euro car hors de l’U.E., la Grande-Bretagne pourra restaurer la
compétitivité hors-prix de ses produits.

Note : Il va entrainer de nombreuses difficultés pour les expatriés britanniques (fin de la mobilité du travail) et
ceux qui souhaitent se déplacer au sein de l’espace Schengen. La sortie de l’U.E. devrait impliquer une demande
de visa en cas de voyage au sein de l’U.E. Il va également posé des problèmes aux nouvelles frontières
extérieures de l’Europe (Irlande du nord)
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 8

Section 2 : Pourquoi a-t-on créée la monnaie unique ?

Vidéo
« Peut-on concilier les États européens et la
monnaie unique ? » (Dessine-moi l’éco, 2019)
https://www.youtube.com/watch?v=g9GXK2WjoXY

2.1. Les justifications du passage à la monnaie unique

a/ L’union monétaire présente des avantages en termes de coûts

Documents 7-3
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 9

L’union commerciale a favorisé le rapprochement monétaire et la mise en place d’une monnaie


unique le 1er janvier 1999 (19 pays membres de l’U.E.). Dans une zone où les produits et les hommes
circulent librement, les acteurs économiques ne doivent plus subir les frais de gestion des monnaies.

- (1) L’existence de monnaies nationales génère des coûts de transactions, comme les
commissions de change. Avant le passage à l’euro, les coûts de transactions pouvaient réduire
de moitié la valeur de la monnaie via le change et ses commissions.
- (2) L’existence de monnaies nationales génère des coûts d’information. Lorsqu’il existe
plusieurs monnaies, les prix des biens et services sont moins transparents. Les entreprises
doivent convertir les monnaies en permanence, établir des comptabilités dans chacune des
monnaies utilisées et intégrer l’ensemble de leur comptabilité dans leur monnaie de référence.
- (3) L’existence de monnaies nationales génère des coûts liés aux risques de change. La
variation des taux de change peut supprimer le bénéfice prévu sur une opération, renchérir
les approvisionnements, générer des pertes exceptionnelles. Les entreprises opérant à
l’international doivent mettre en place des techniques de couverture souvent très coûteuses.

Note : Le passage à la monnaie unique avait été principalement justifié par la création d’une « zone monétaire
optimale » (Robert Mundell, 1932), c’est-à-dire suffisamment homogène économiquement pour pouvoir
mener une même politique monétaire convenant à tous. Cette théorie (1960, reprise en 1990) a pour objectif
d’évaluer l’opportunité d’une Union économique et monétaire, c’est-à-dire l’identification des avantages
économiques (élimination des coûts de transaction) et des inconvénients que cela suppose (renoncement à la
politique monétaire et à la régulation des déséquilibres)

b/ Elle impose cependant une coordination économique contraignante

Documents 7-4
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 10

La stabilité de l’euro impose une coordination économique sur le plan monétaire et budgétaire. L’U.E.
définit également des politiques structurelles communes dans plusieurs domaines comme
l’agriculture, l’industrie, l’éducation, la défense et l’environnement…

- (1) La Banque Centrale Européenne (B.C.E.) indépendante des gouvernements, a pour seul
objectif la maitrise de l’inflation, ce qui conduit à une politique monétaire restrictive
(valorisation des fondements théoriques de l’analyse monétariste).
 Sur le plan monétaire, la monnaie unique suppose une politique monétaire commune
 Sur le plan budgétaire, la monnaie unique impose aux États de présenter des budgets
équilibrés, car les dévaluations sont impossibles par l’existence de la monnaie unique.
- (2) La coordination économique contraint également les politiques budgétaires européennes
dans leur possibilité de relance (méfiance face à toute politique de relance fondée sur les
analyses keynésiennes). En cas de récession, le pacte de stabilité et de croissance (P.S.C.)
empêche les pays membres de la zone euro de creuser le déficit public pour relancer la
croissance. Les pays doivent respecter les critères de convergence (défini par le traité de
Maastricht et repris par le Pacte de stabilité et de croissance en 1997)
 un déficit budgétaire inférieur à 3 % du P.I.B
 une dette inférieure à 60 % du P.I.B.
- (3) Dans de nombreux domaines, des politiques structurelles ont été mises en place au niveau
européen pour prévenir des distorsions de concurrence (P.A.C., politique industrielle) ou pour
renforcer la qualité des services publics (politique éducative, politique de défense/sécurité,
politique d’environnement…).
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 11

Note : La politique agricole commune (P.A.C.) est un bon exemple de politique structurelle. Il s’agit
principalement de maintenir le revenu des agriculteurs par un double mécanisme de quotas de production
(inciter les agriculteurs à produire moins) et de subventions. Le principal objectif est de soutenir l’activité
agricole en Europe et de permettre sa transformation progressive (progrès technique, compétitivité des
produits).

2.2. Pourquoi l’euro est-il remis en cause ?

a/ Des résultats décevants en termes de croissance et d’emplois

Les résultats de la zone Euro ont été assez décevants en matière de croissance et d’emploi. Les crises
financières et économiques qui se sont succédées depuis 2008, ont gravement perturbé l’économie
mondiale. Elles se sont traduites par une grave crise de l’euro, une croissance ralentie, un chômage
de masse, une crise du système bancaire et un surendettement des pays.

- (1) Les pays de l’Union économique et monétaire (U.E.M.) ont connu depuis la création de la
zone Euro une croissance du P.I.B. inférieure – et un chômage supérieur – à ceux qui ont
préféré rester à l’extérieur (comme la Norvège par exemple). Les situations des pays membres
de la zone euro sont très disparates (taux d’inflation, taux de chômage, croissance, coût
salarial…)
- (2) Les politiques conjoncturelles sont apparues inefficaces, car elles sont asymétriques - la
B.C.E. gère la politique monétaire et les Etats membres, la politique budgétaire – ce qui a posé
et pose encore - un problème de cohérence.
 Tout d’abord, la politique monétaire est presque exclusivement tournée vers la
stabilité des prix, alors même que les pays de la zone euro ont besoin de liquidités
pour financer leur dette (qui s’est aggravé depuis la crise de 2008) et soutenir la
croissance. Cette situation a des effets récessifs sur les économies, car elle entraîne
une contraction de l’investissement et de la consommation due à des taux d’intérêt
réels très élevés.
 Ensuite, les pays membres ne peuvent pas utiliser l’instrument budgétaire, ce qui a
aggravé la récession. Certains États ont cependant laisser filer les déficits publics et
l’endettement (Grèce, Espagne, Portugal ….), créant une situation très inégalitaire au
sein de la zone (question de la solidarité financière).
 Enfin, le budget communautaire s’est avéré insuffisant pour répondre aux difficultés
financières de certains États membres (1 % de son PIB, soit 130 milliards
d’euros contre 25 % du PIB aux Etats-Unis soit 2800 milliards d’euros).
- (3) Les politiques structurelles ont montré leur limite (notamment les échecs répétés de la
P.A.C.) et l’absence d’harmonisation du marché du travail européen (politique sociale
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 12

européenne) et des fiscalités (politique fiscale des particuliers et des entreprises) ont
également contribué à ce déficit de croissance.

Note : Autrement dit, les divergences économiques entre pays de la zone euro rendent la politique monétaire
unique plutôt pro-cyclique : elles tendent à renforcer le cycle conjoncturel plus qu’elle ne le contrecarre. La
crise s’aggrave alors que la politique économique devrait jouer un rôle contracyclique.

b/ Des contraintes trop fortes sur les États

Depuis 2008, les États membres de la zone euro se sont accordés à renforcer la discipline budgétaire
par une procédure de contrôle des comptes publics des banques et des États. La B.C.E. a de son côté
assoupli les règles financières en monétisant une partie de la dette des États membres.

- (1) Plusieurs mesures ont été mise en place dans le cadre du nouveau « pacte européen »
également appelé Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’U.E.M.
(T.S.C.G.).
 Tout d’abord, l’union bancaire européenne a été renforcée avec la création d’un
mécanisme de supervision unique (M.S.U.) sous l’autorité de la B.C.E. (contrôle des
actifs bancaires et du niveau de risque)
 Ensuite, pour venir en aide aux États très endettés (Grèce, Portugal, Irlande), un fonds
européen de stabilité financière (F.E.S.F.) a été mis sur pied (solidarité budgétaire),
suscitant cependant quelques réticences au sein de la zone (Allemagne vs France).
 Enfin, le « pacte budgétaire européen » a pour objectif d’accroitre la compétitivité de
la zone euro et de combler les déséquilibres extérieurs et publics des pays les moins
compétitifs.
- (2) Parallèlement, la B.C.E. a eu tendance à maintenir les taux d’intérêt très bas, dans le but
de soutenir le crédit et donc l’économie (via la consommation et l’investissement). Cependant,
cette politique n’a pas toujours correctement fonctionné, car une baisse du coût du crédit
n’est pas une incitation suffisante si les banques commerciales ne trouvent pas suffisamment
de clients solvables (« on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif »).
- (3) La B.C.E. a enfin réagi par le « quantitative easing » qui consiste à injecter rapidement de
la monnaie dans le système en rachetant des actifs aux banques pour relancer l’économie.

Note : Ce nouveau pacte propose un contrôle plus strict des États en difficulté, en posant des conditions à la
poursuite de l’aide européenne (cas de la Grèce). Il institue un meilleur encadrement du processus
d’élaboration des budgets nationaux, afin de contraindre les états à rester dans le cadre des critères de
convergence (réduction des dépenses publiques, réforme des administrations et des services publics,
recouvrement des impôts, recherche de nouvelles recettes budgétaires…).
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 13

2.3. Quel est la place de l’euro dans le système monétaire international ?

a/ Comment se forme le taux de change de l’euro vis-à-vis du dollar ?

Documents 7-5
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 14

La formation du taux de change (de l’€ vis-à-vis du $) obéit aux mêmes règles que celle du prix d’une
marchandise sur un marché concurrentiel. Ses variations qui sont eux-mêmes définies par l’offre et la
demande de devise, ont des conséquences sur le commerce extérieur et les échanges de capitaux.

- (1) Le marché des changes fonctionne comme un marché concurrentiel. Il permet de définir le
taux de change d’équilibre par le jeu de l’offre et de la demande (loi de l’offre et de la
demande).
 Sur ce marché se confrontent une demande d’€ contre des devises, par exemple une
demande d’€ contre des $ (achat d’euros, vente de dollars) et une offre d’€ contre
des $ (vente d’euros, achat de dollars).
 La rencontre entre l’offre et la demande d’euros permet de déterminer sans
intervention de l’Etat (changes flexibles) sur le marché le prix de l’€ en $ (ou le prix du
dollar en euro), c’est-à-dire le taux de change de l’euro par rapport au dollar.
- (2) Les variations des taux de change ont des conséquences sur le commerce extérieur
(balance commerciale) et sur les échanges de capitaux (balance des capitaux).
 Une monnaie qui s’apprécie peut nuire à la compétitivité-prix des entreprises.
 Au contraire, sa dépréciation peut être source d’effets positifs sur le commerce
(nouvelles commandes), mais elle engendre des effets négatifs (diminution de la
valeur des actifs) qui rendent incertaines ses conséquences sur le solde commercial.

Note : Un des déterminants des commandes adressées à Airbus est le niveau de l’euro vis-à-vis du dollar, en
particulier dans le cadre de la concurrence avec la compagnie américaine Boeing. De manière plus générale la
baisse de l’euro vis-à-vis du dollar crée un effet positif de compétitivité prix.

- (3) Pour l’économiste suédois Karl Gustav CASSEL (1866 – 1945), le « vrai » taux de change
d’une devise A par rapport à une autre B est celui qui permet d’égaliser le même panier de
biens et de services dans le pays A avec celui du pays B après conversion du taux de change
(théorie de la parité des pouvoirs d’achat). En fait, le taux de change de l’euro dépend de trois
facteurs.
 la balance commerciale (une balance commerciale excédentaire signifie une bonne
compétitivité-prix et/ou hors-prix des produits nationaux, qui entraîne plutôt une
appréciation du taux de change et inversement)
 la balance des capitaux (les différentiels de taux d’intérêt favorisent les placements et
les investissements dans tel ou tel pays, ce qui a pour effet d’augmenter la demande
de telle ou telle devise)
 la spéculation (notamment les anticipations de change, c’est-à-dire les prévisions
qu’ils font sur les valeurs futures des taux de change.)
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 15

Note : La balance des paiements est un document statistique qui retrace sous une forme comptable l’ensemble
des flux d’actifs réels et financiers. Elle comprend la balance commerciale, c’est-à-dire la différence entre les
exportations et les importations et la balance des capitaux, c’est-à-dire la différence entre les entrées et les
sorties de capitaux (I.D.E., placements sur les actifs).

b/ L’euro et la diminution des fluctuations de change

Documents 7-6

Le passage à une monnaie unique a été principalement justifié par la diminution des fluctuations de
change - suite à la faillite du système de Bretton Woods (1944 - 1976) – et aux incertitudes de change
qui déprimaient les échanges commerciaux de la zone avant l’arrivée de la monnaie unique.

- (1) Signé en 1944, les accords de Bretton Woods proposent un système de change fixe basé
sur le dollar, seule monnaie convertible en or. Ce système aboutit à une augmentation de la
quantité de dollar en circulation et à la suspension de la convertibilité du dollar en or (1971).
Un régime de changes flottants (en fonction des variations de l’offre et de la demande) est
adopté en 1973.
- (2) Suite à la mise en place de ce système de changes flottants, les Etats européens cherchent
à maintenir une certaine stabilité de leurs monnaies en créant le serpent monétaire européen
(1970), puis le système monétaire européen (1979). Cette expérience conduit
progressivement l’Europe sur le chemin de la monnaie unique, c’est-à-dire de l’intégration
économique et monétaire.

Note : La distinction entre régime de changes fixes et régime de changes flottants (ou flexibles) correspond à
la confiance accordée au marché pour la détermination du taux de change. Un pays qui choisit de mettre en
place un système de changes fixes s’engage à intervenir sur les marchés pour défendre la parité choisie.
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 16

- (3) Si l’union monétaire met fin aux dévaluations compétitives, c’est-à-dire la dévaluation de
sa monnaie pour rendre ses produits plus compétitifs (compétitivité prix), d’autres pays
peuvent encore l’utiliser comme une arme concurrentielle avec des conséquences
contrastées
 La dévaluation d’une monnaie dans le cadre d’une politique économique améliore la
compétitivité-prix des produits et favoriser les exportations, ce qui permet un retour
à l’équilibre (voire à l’excédent) des comptes extérieurs (courbe en J).

 Elles représentent cependant une arme dangereuse pour le pays qui l’utilisent, car elle
revient à imposer une taxe aux importations et donner des subventions (payées par
les consommateurs) aux exportations. Elles introduisent des distorsions de
concurrence qui peuvent avoir des effets négatifs sur la croissance
 Inversement la réévaluation d’une monnaie aura des effets inverses. La dégradation
de la compétitivité prix des produits nationaux risque d’entrainer la baisse des
exportations et la hausse des importations (déséquilibre extérieur).

Note : La Chine utilise cette politique de dévaluation pour relancer son activité (sous-évaluation du Yuan). Les
américains se satisfont assez bien de la faiblesse du dollar. En 2013, le Japon a tout fait pour retrouver de la
compétitivité par une dépréciation massive du Yen. Ces évolutions donnent le sentiment d’un retour de
l’utilisation de l’arme monétaire à des fins économiques (« guerre des monnaies »).

OBJECTIFS DE MÉTHODE
→ maitriser les % de répartition et leur représentation graphique
→ maitriser les principaux outils de mesure de l’évolution (% de variation, coefficient multiplicateur, indices)
→ savoir aborder le sujet de dissertation
→ savoir construire un plan détaillé sur le brouillon
→ savoir mieux utiliser les documents dans la dissertation

SUJETS D’ENTRAINEMENT POUR LE BACCALAURÉAT 2019 (EC1 + EC3 + DISSERTATION)


EC1
→ Dans le cadre de l'Union européenne, présentez deux avantages de l'union économique et monétaire.
→ Vous présenterez deux effets de l'adoption d'une monnaie unique pour les pays de la zone euro.
→ Présentez deux raisons pour lesquelles certains pays européens ont souhaité se doter de l'euro.
Cours de Sciences économiques et sociales » 7/9 17

→ Présentez deux caractéristiques d'une Union économique et monétaire.


→ Présentez un argument montrant que la mise en place d'une union économique et monétaire constitue
une expérience originale d'intégration pour les membres de l'Union européenne.
EC3
→ Montrez que l'appartenance à l'Union économique et monétaire impose des contraintes en matière de
politique budgétaire.
DISSERTATION
→ Pourquoi certains pays européens ont souhaité se doter de l'euro ?
→ En quoi la mise en place d'une union économique et monétaire constitue une expérience originale
d'intégration pour les membres de l'Union européenne
→ En quoi l'appartenance à l'Union économique et monétaire impose des contraintes en matière de politique
budgétaire ?

Vous aimerez peut-être aussi