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DE LA GOUVERNANCE
DES ENTREPRISES SOCIALEMENT RESPONSABLES
Résumé
La communication restitue une enquête auprès d’administrateurs et de dirigeants d’entreprise
montrant que ces derniers paraissent dans l’ensemble plus concernés par les problématiques
stratégiques que par les questions organisationnelles, par les prises de décision que par les
mesures d’incitation et de contrôle. Ils ne semblent pas avoir une perception globale du
processus transversal de changement entraîné par la mutation d’une firme « moniste » en
« entreprise pluraliste ».
Summary
The paper summarises an enquiry among administrators and general managers, showing that
these actors seem globally more concerned with strategic issues than organizational
questions, with decisions than incentives and control. They do not seem to have à global
perception of the tranverse process of reorganizing driven by the mutation of a “monist” to a
“pluralist” firm.
Mots-clés
Dirigeance, entreprises socialement responsables, gouvernance partenariale, parties prenantes.
LES APPROCHES ET LES DIMENSIONS
DE LA GOUVERNANCE
DES ENTREPRISES SOCIALEMENT RESPONSABLES
Les actionnaires et les dirigeants doivent s’efforcer d’intégrer une création de valeur
financière à court terme pour les actionnaires (ou shareholders) et une création de valeur
globale à long terme les parties prenantes (ou stakeholders) de leurs entreprises. La levée de
cette contradiction leur impose de maîtriser des théories et des pratiques relevant de multiples
champs : économique et juridique, mais également sociologique et éthique. L’alignement de
leurs décisions, de leurs comportements et de leurs discours sur de nouveaux référentiels
implique une reconfiguration des modes de gouvernance de l’entreprise. La notion de
gouvernement de l’entreprise (corporate governance) recouvre « l’ensemble des institutions,
des règles et des pratiques qui légitiment le pouvoir des dirigeants » (Charreaux, 2006). Elle a
été soulevée par Bearle et Means dès 1932, développée par la « théorie de l’agence » au cours
des années 1970 (Jensen, Meckling, 1976), mais ne s’est diffusée qu’à partir des années 1980.
Elle suppose que les systèmes d’incitation et de contrôle de ces derniers dépendent de la
structure de financement de la firme, et notamment de la composition de son actionnariat (La
Porta et al., 1996). Selon l’approche étendue de la gouvernance, soutenue notamment par
Charreaux (2006), « le problème de l’efficacité des systèmes de gouvernance ne peut être
posé que dans le cadre élargi à l’ensemble des stakeholders »… « il doit être étudié dans une
perspective systémique, tenant compte des processus concrets de création de valeur par la
firme ». Par une « gouvernance responsable », les administrateurs et les dirigeants de
l'entreprise doivent donc chercher à intégrer aux objectifs économiques, des intentions
sociales et environnementales (Perez, 2005).
Cette prescription répond notamment aux critiques formulées par Rajan et Zingalès (2001)
à l’encontre de la vision purement actionnariale de la gouvernance, selon eux inadaptée aux
formes modernes de l’entreprise. Elle répond également au souhait des dirigeants
d’entreprises de pouvoir disposer d’analyses concrètes des nouvelles situations de
gouvernance et de dirigeance (Bournois et al., 2007). Les réflexions théoriques et les
observations pratiques exposées dans cette communication s’inscrivent dans cette vision à la
fois étendue et positive de la corporate governance, et contribuent à l’analyse des
représentations du processus organisationnel de la gouvernance des entreprises socialement
responsables. La problématique soulevée s’efforce ainsi de dresser une typologie des
approches et des dimensions de la gouvernance des entreprises socialement responsables.
La corporate governance a donné lieu depuis les années 1970 à plus de 150 rapports
officiels édictant des principes, des règles, des normes, des bonnes pratiques… applicables par
les administrateurs et les dirigeants des sociétés faisant appel aux marchés financiers. La
publication en 1993 par l’American Law Institute, des « principes de gouvernement
d’entreprise » a accéléré le mouvement, notamment en France, où plusieurs rapports ont été
publiés : Vienot 1 et 2 (AFEP-MEDEV), Bouton, Clément, Marini, Naulot, de l’Institut
Français des Administrateurs, de l’Institut Montaigne… Ces codes déontologiques des
conseils d’administration ont permis de mieux mesurer les dimensions pratiques des
approches théoriques de la gouvernance.
[5] réingénierie des Mettre en place une Approuver la mise en Assurer la tutelle de la
systèmes comptables, de « comptabilité verte », un place des nouveaux mise en œuvre des
contrôle et d’audit système de contrôle et/ou systèmes systèmes
d’audit global
[6] reconfiguration des Adapter les systèmes de Approuver la mise en Assurer la tutelle de la
systèmes de formation, de formation, de stimulation place des nouveaux mise en œuvre des
stimulation et de et de motivation des systèmes systèmes
motivation des salariés. salariés aux
recommandations du DD*
* avec CA : conseil d’administration CE : comité exécutif SR : socialement responsable
DD : développement durable
Source : Pluchart (2011).
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