Driouch
INTRODUCTION GENERALE
Qu’-est ce que la poésie ?
Première contraint : le poète travaille avec des mots et des constructions dont l’organisation
préexiste à sa propre création et que la société semble lui imposer tels quels. Le poète est contraint
de faire œuvre d’art avec un matériau qui sert d’ordinaire à tout autre chose : communiquer des
impressions, des ordres par des messages dont le seul but est d’être efficace, c'est-à-dire de bien
transmettre « l’idée ».
Mais le langage peut aussi être autre chose, et le poète en exploite les possibilités cachées pour bâtir
des énoncés d’un type original qui trouvent leur fin en eux-mêmes, destinés qu’ils sont à rester et à
s’écarter du langage pragmatique.
Donc, pour définir la poésie on dira que c’est l’application d’une organisation métrico-rythmique sur
l’organisation linguistique. Cette définition repose sur une approche génétique : la poésie naît de
l’application du rythme sur le langage. Cette définition signifie que la poésie ne se confond pas avec
le langage. Elle est le langage plus autre chose qui n’est pas spécifiquement linguistique, et qui est le
rythme. Le rythme que l’on retrouve dans le mouvement, la danse, la musique, et qui, s’appliquant
sur le langage, le soumet à une élaboration qui a le statut d’une véritable mutation. Bref, la poésie
est le résultat d’une construction.
En effet, ce qui constitue la poésie, c’est l’application sur le langage une structuration poétique-
rythmique externe. (La poétique n’est pas l’essence, ni le but de la poésie ; il n’est qu’une de ses
formes).
Tout système symbolique peut être étudier selon trois perspectives : une perspective poïétique (la
poïétique à pour objet l’étude des potentialités inscrites dans une situation donnée qui débouche sur
une création nouvelle. Chez Platon la poïésis se définit comme « la cause qui quelle que soit la chose
considérée, fait passer celle-ci du non-être à l’être).
On peut aussi envisager la production symbolique dans perspective purement esthétique qui
considère la réception de l’objet. En fin, dans une perspective « neutre » qui ne prend en
considération que les propriétés immanentes de cet objet (immanent, ce qui est contenu dans la
nature d’un être ne provient pas d’un principe extérieur, s’oppose à transcendant).
Parler des règles, c’est accepter une analyse de la poésie qui reste au niveau neutre et se borne à
repérer ses configurations les plus caractéristique : configurations rythmiques, phoniques, lexicales
et morphosyntaxiques. Ce sont la les stratégies de production et les principes inhérents pour vérifier
les variables de la versification.
L’étude générale de la poésie se rattache à la versification qui est un système définit, mais en même
temps un système en mouvement. Pour des raisons purement didactiques, nous respecterons une
hiérarchie classique et néo-classique selon laquelle il y a de grands genres poétiques : l’épopée, la
tragédie, l’élégie le sonnet le rondeau ou le virelai..
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Il est à noter que l’analyse thématique de la poésie et la stylistique se les présenteront comme une
approche des registres et des formes codifiées du langage de ses valeurs expressives et affectives.
L’étude de la sémantique poétique recouvrira le dernier pan de l’analyse d’un poème pour dresser le
plan du commentaire composé.
Conclusion
La poésie repose donc, sur une combinaison de sons, de rythme, et de sens – ce qui l’apparente à la
musique. En forme fixe ou libre, et même en prose, la poésie associe les mots en figures, utilise
toutes les formes du discours et tous les registres. Cette exploitation des possibilités du langage lui
confère un pouvoir d’expression particulier, traducteur ou générateur d’émotions, de sentiments et
d’idées.
Introduction
La légende raconte qu’Orphée, descendu aux Enfers à la recherche d’Eurydice, charmait les
monstres grâce au seul pouvoir de sa lyre. Premier des poètes, il rappelle que toutes les formes et les
registres poétiques existaient déjà dans l’Antiquité.
Héritée des épopées antiques, la chanson de geste illustre la poésie épique du Moyen Age : elle
magnifie les exploits des Croisés, tout en exaltant un idéal d’honneur présent dans les romans en
vers de « la matière de Bretagne » (le roi Arthur et la table ronde). La littérature courtoise met la
poésie au service de l’expression de sentiments raffinés et d’amours contrariées, à travers les
poèmes lyriques appelés « lais », comme ceux de Marie de France. La poésie médiévale connaît
aussi fixes de ballade et du rondeau qui exigent des qualités de virtuosité poétique.
La Renaissance voit se développer une forme fixe née en Italie, le sonnet. Cette forme est adoptée
par les poètes savants de la Pléiade comme Du Bellay et Ronsard, (la Pléiade groupe de sept poètes
qui entend enrichir la langue française par des emprunts à l’Antiquité et néologismes. Du Bellay fera
de ces nouvelles règles un manifeste intitulé Défense et illustration de la langue française, 1549). ces
poètes vont utiliser aussi des formes non fixées ; pour composer de longues Odes versifiées à la
gloire de personnages ou de notions, ou des textes violemment dénonciateurs, relatifs aux guerres
civiles, comme Les discours sur les misères de ce temps de Ronsard ou les Tragiques d’Agripa
d’Aubigné. Ces deux formes de poésie, sonnet d’un côté, longs poèmes en alexandrins de l’autre,
restent les formes dominantes jusqu’à la fin du XVIII e siècle.
Le sonnet favorise la poésie lyrique, qui convient au courant précieux : on préfère alors, les thèmes
conventionnels, mesurés avec une écriture souvent obscure à force d’érudition.
Le goût de l’Antiquité qui marque tout le XVII e Siècle explique l’émergence des fables, des épitres et
des satires, c’est en vers que Boileau écrit L’Art poétique en 1674, où il fixe les règles de composition
des différents genres littéraires.
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Mais le siècle classique est celui des Lumières, tout empreints de raison. L’époque n’est pas aux
épanchements lyriques puisque la poésie se met d’avantage au service de la réflexion et de la
polémique politique ou littéraire.
L’explosion du lyrisme
Le XIXe Siècle est celui de l’explosion lyrique, de la célébration du « moi », et la poésie se prête à tous
les mouvements du cœur et de la passion. Les formes anciennes reviennent : odes, ballades,
épopées, par goût pour le passé. Les poètes sont les interprètes des problèmes de leur temps. Eloge
du progrès et des révolutions (Lamartine), dénonciation de la misère et du sort des pauvres(Hugo),
interrogations sur le sens d’une époque et sur sa propre identité (Nerval).
Une époque où le refus des contraintes touche la forme du vers qui s’assouplit jusqu’à se
transformer en un vers libre chez Laforgue. Entre-temps Maurice de Guérin et Aloysius Bertrand
« inventent » une forme poétique nouvelle, le poème en prose.
Le sonnet reste prédominant chez Baudelaire pour qui la poésie aide au déchiffrement d’un monde
complexe, d’idées sans limites d’ordre moral. L’expérience poétique prend la forme d’une
aventure « extrême », avec Rimbaud, qui fait du poète un « un voyant » guidé par une recherche du
langage total.
Peu conformistes toutes ces recherches isolent le poète d’un public qui ne le comprend pas. La
poésie du XIXe siècle se révèle comme une recherche d’explication de soi et du monde.
Exemple
L’ALBATROS
Charles Baudelaire, (1821-1867)
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Les premières modifications se perçoivent avec Apollinaire, Verhaeren, Blaise Cendrars et Valery
Larbaud, dont la poésie, en vers libres ou rimés, avec ou sans ponctuation, célèbre avec
enthousiasme un univers en pleine transformation. « La révolution surréaliste » révèle une manière
automatique d’écrire, qui privilégie les mouvements non réfléchis de la conscience, la spontanéité et
le caractère créatif du hasard. Cette nouvelle posture de la poésie va influencer des poètes comme
Desnos, Eluard, Aragon qui vont mettre leurs talents au service d’un engagement politique pendant
une époque trouble.
Dans la seconde moitié du siècle, la poésie « éclate » en des formes très diverses, donnant des
images d’un monde que les conflits, le progrès et le développement des communications rendent
paradoxalement peu lisible.
La poésie de René Char, d’Henri Michaux témoigne de cette complexité et de nombreux motifs
d’angoisse qui interpellent le poète. Mais aussi une sensibilité originale à la nature et un lyrisme
omniprésent traduisent la volonté du poète qui veut rendre- compte de toutes ses expériences
humaines..
ANALYSER UN POEME
Axe 1 Etudier les différents éléments qui servent à organiser la comparaison entre la rose et Marie
Texte-support : Pierre de Ronsard, « Sur la mort de Marie », Second livre des Amours, Sonnet 4,
1578.
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Séance 4 (1H) Travaux encadrés 2
Qu’est-ce qu’un texte en vers ? Texte présentant des lignes incomplètes et commençant la plus
souvent par une majuscule. Un texte en vers se présente toujours de la même façon quelle que soit
l’édition, la typographie.
Qu’est-ce qu’un texte en prose ? Un texte dont les lignes sont complètes : on va à la ligne lorsqu’ on
n’a plus de place pour écrire. La présentation du texte, la longueur des lignes, peuvent donc varier en
fonction de la typographie.
La forme versifiée est-elle une caractéristique de la poésie ? Non, il existe des poèmes en prose. Ils
se distinguent de la prose poétique par leur disposition sur la page comme un texte autonome
présentant une forte unité, une pièce intégrée dans un recueil poétique. Inversement, certains
genres littéraires autres que la poésie présentent une forme versifiée. Par exemple la tragédie
classique (poésie dramatique) ou certains récits (apologues tels les fables de la fontaine).
1) Le mètre
La syllabe est l’unité de mesure du vers ; le nombre de syllabes d’un vers est appelé mètre. Certains
mètres ont un nom particulier:
6 syllabes : HEXASYLLABE
8 syllabes : OCTOSYLLABE
10 syllabes : DECASYLLABE
12 syllabes : ALEXANDRIN
Lorsque le mètre d’un même poème est irrégulier, les rimes également (parfois même absentes), il
s’agit de VERS LIBRES
Lorsque le nombre de syllabes est élevé (plus de 12) et que le vers se développe sur une, voire deux
lignes, il s’agit de VERSET
La moitié d’un vers est appelée un HEMISTICHE
2) La strophe
Définition : GROUPE DE VERS SEPARE DU GROUPE DE VERS SUIVANT / PRECEDENT PAR UN BLANC
TYPOGRAPHIQUE
1) Les rimes
Définition : C’EST LA REPETITION D’UN OU PLUSIEURS SON(S) (PHONEMES) IDENTIQUE(S) A LA FIN
D’UN OU PLUSIEURS VERS
Attention
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C’est un son VOYELLE qui est à la base de la rime. Il faut tenir compte des sons et non pas de
l’orthographe.
La nature des rimes
Il existe deux types de rimes :
FEMININE : SYLLABE FINALE TERMINEE PAR UN [e] MUET
MASCULINE : SYLLABE TERMINEE SANS [e] MUET
La disposition des rimes
C’est la façon dont les rimes sont disposées. On met en évidence la disposition des rimes en
établissant le schéma des rimes : on attribue à chaque rime différente une lettre différente et on fait
apparaître les strophes.
Quelques dispositions particulières :
RIMES PLATES OU SUIVIES : SCHEMA DE TYPE AABBCC etc
RIMES CROISEES : SCHEMA DE TYPE ABABCDCE etc.
RIMES EMBRASSEES : SCHEMA DE TYPE ABBACDDC etc
La valeur des rimes
Elle dépend du nombre de phonèmes (= sons) qu’ont en commun à la fin deux vers qui riment
Par ordre croissant :
1. Un seul son commun (identité de la voyelle finale accentuée), c’est une rime PAUVRE - EX :
PETIT / JOLI
2. Deux sons communs (identités de la voyelle accentuée finale, du son consonne qui la suit
ou la précède), c’est une rime SUFFISANTE – EXS : RIVAGE / SILLAGE – SERMENT /
DORMANT
3. Trois sons communs (identités de la voyelle accentuée finale, du son consonne qui la suit et
de celui qui la précède), c’est une rime RICHE - Ex : RIVAGE / SAUVAGE
4. Plus de trois sons communs, c’est une rime LEONINE (ou TRES RICHE) - Ex : SILLAGE /
PILLAGE
Particularités
Lorsque deux mots à la rime sont de sens voisin, il s’agit de rime SEMANTIQUE
Lorsque deux mots à la rime ont des sens opposés, il s’agit de rime ANTISEMANTIQUE
Lorsque le mot placé en fin de vers rime aussi avec le mot placé à l’hémistiche, il s’agit d’une
RIME INTERIEURE
IV Le rythme
1) Le rythme d’un vers
Et la Ter/re toujours/ s'enfon/ce aux steppes vastes, Schéma rythmique : 3/3//2/4
Toujours,/ et dans mille ans/ Paris ne sera plus Schéma rythmique : 2/4//6 (ou 2/4//2/4)
Qu'un désert / où viendront / des troupeaux inconnus. Schéma rythmique : 3/3//6 (ou 3/3//3/3)
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Les syllabes en caractères gras portent un accent tonique ; les barres séparant les syllabes
représentent les coupes (/marque une coupe simple ; // marque la césure au milieu du vers). Il faut
mettre une coupe juste après la syllabe qui contient la voyelle accentuée, puis compter les mesures
(nombre de syllabes entre chaque coupe) pour trouver le schéma rythmique qu'on note. Par exemple
: 4/2//4/2.
Observer attentivement les trois exemples précédents et essayer d’en déduire les règles permettant
de déterminer le rythme d’une série de vers. Barrer les mentions inutiles en italiques.
Exercice
Sur le modèle de l’exemple ci-dessus, établir les schémas rythmiques des 4 vers suivants de Jules
Laforgue
1. Et devant les cafés où des hommes flétris Schéma rythmique : ..//../.. ou ..//…
2. D'un œil vide et muet contemplaient leurs absinthes Schéma rythmique : ../..//../ ou ..//../..
3. Le troupeau des catins défi le lèvres peintes Schéma rythmique : ../..//../.. ou ..//../..
4. Tarifant leurs appas de macabres houris Schéma rythmique : ../..//../..
Lorsqu’il n’y a pas de coupe forte à la fin d’un vers et qu’il est uni par le sens ou par la
syntaxe au vers suivant sur au moins un hémistiche, il s’agit d’un ENJAMBEMENT C’est le cas
ici des vers 3 et 4
Lorsqu’il n’y a pas de coupe forte à la fin d’un vers et qu’il est uni par le sens ou par la
syntaxe au vers suivant sur moins d’un hémistiche, il s’agit d’un REJET
Lorsqu’une phrase commence à la fin d’un vers (moins d’un hémistiche) et se prolonge sur le
vers suivant pour faire sens, il s’agit d’un CONTRE-REJET C’est le cas ici des vers 1 et 2
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ATTENTION
Il ne suffit pas de maîtriser le vocabulaire technique spécifique de la poésie. Cette maîtrise n’a
aucun intérêt si les phénomènes rythmiques et prosodiques relevés ne sont pas commentés ! Il est
impératif de toujours analyser l’effet produit, ce qui fait sens dans le poème.
Fiche de méthode
Le commentaire composé
Il s’agit d’expliquer le texte et ses enjeux de manière ordonnée et structurée. Pour ce faire, deux
démarches sont possibles :
Étudier le texte dans son rapport à l’œuvre : s’agit-il d’un incipit ? Les personnages
sont-ils présentés ? Y a-t-il une intention d’« accrocher » le lecteur ?
Étudier le texte par rapport à l’auteur et son époque : quels sont les éléments
propres à l’esthétique de l’époque de l’auteur ?
Étudier le texte par rapport au genre.
Quelle est la place de l’auteur dans le texte ? Du ou des personnages ?
Le texte est-il vraisemblable ?
Étudier l’œuvre en elle-même : étude du texte, des thèmes, de la tonalité, du style,
etc.
La structure du commentaire
Le commentaire composé obéit à une série de règles qui codifient sa présentation et sa rédaction. Le
commentaire commence par un paragraphe d’introduction. On saute une ligne après l’introduction
pour la séparer du développement. Les différentes parties du commentaire littéraire sont elles aussi
séparées par un saut de ligne. Chaque partie du commentaire comporte plusieurs paragraphes,
lesquels sont marqués par un alinéa. Avant la conclusion, on saute également une ligne.
L’introduction
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On situe le texte : il faut rattacher la situation du texte à la problématique générale de
l’étude ; il s’agit d’envisager le texte dans la logique de la problématique.
On exprime les axes de lecture : c’est un moment très important de l’introduction. On
explique au lecteur le sujet du commentaire. Idéalement, il faut éviter les formules plates du
type « Nous nous intéresserons à... », etc.
On annonce le plan habilement : l’annonce du plan doit découler logiquement de l’hypothèse
de lecture.
Il faut respecter un ordre dans les différentes parties du commentaire. Les transitions servent à
assurer la cohérence entre les différentes parties. Beaucoup considèrent qu’il est préférable de faire
trois parties et trois sous-parties pour chaque partie.
Il faut analyser de manière approfondie le texte : on ne fait pas de remarques stylistiques sans
analyse. Il faut aussi garder à l’esprit que le récit est un projet : l’auteur du texte veut produire un
certain effet chez le lecteur pour créer une réaction particulière dans la suite du récit.
Dans le développement, on expose des thèses et des arguments : le commentaire littéraire est aussi
une argumentation. Il s’agit de partager des interprétations du texte.
La conclusion
Il s’agit de dresser un bilan des propos et d’exprimer clairement les conclusions auxquelles on est
parvenu dans le développement du commentaire.
Du latin "textum" qui signifie tissé, le texte peut être entendu comme un tissage où les phrases
s'entrecroisent jusqu'à former un maillage. C'est dans ce maillage le récepteur du texte (le lecteur),
va "trouver" un sens.
Expliquer (latin "explicare") un texte c'est montrer l'agencement d'un texte, ie. mettre en évidence la
progression de la pensée (ou le mouvement), en établir les richesses éventuelles.
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But du commentaire composé
Montrer la richesse d'un texte en réorganisant sa matière autour de trois ou quatre centres
d'intérêts.
L'hypothèse de lecture
Il convient pour l'étude d'un texte selon un commentaire composé de donner un sens à ce texte, et
pour cela établir une hypothèse de lecture. Cela signifie que l'on va présumer que le texte produit du
sens et l'on va s'appuyer sur des indices qui viendront étayer cette hypothèse de lecture. Ces indices
peuvent être :
- lexicaux (usage d'un vocabulaire spécifique, champs lexicaux ou sémantiques), grammaticaux
(modes, pronoms, types de phrases etc...),
- stylistiques ou rhétoriques (figures de style et de rhétorique, types de raisonnements, plans etc...)
--> cf. Glossaire Figures de style et de rhétorique
- parfois rythmiques ou prosodiques (versifications, rythmes), surtout dans les poèmes.
Il faut alors croiser ces indices en faisceaux jusqu'à ce qu'ils mettent en lumière un sens.
1. Faire des "grilles de lecture", i.e. repérer toute la matière qui va servir pour telle ou telle
partie du développement, en faisant plusieurs lectures du texte.
2. Faire un plan détaillé :
Dans chaque partie composée de plusieurs paragraphes, relever les citations, les analyser,
étudier le vocabulaire, le rythme, etc... suivant l'explication que vous voulez donner du texte
et qui doit vous servir de fil conducteur.
Comment peut-on organiser le commentaire ?
Un type de plan est basiquement suggéré par les professeurs de français : la progression par niveau
d'analyse (avec trois ou quatre niveaux de profondeur d'analyse). En effet, on considère couramment
et sans que ce soit une loi, qu'un texte littéraire s'appuie souvent sur des éléments compréhensibles
pour tous pour peu à peu amener le lecteur à percevoir des données plus difficiles, soit parce qu'elles
sont plus personnelles à l'auteur, soit parce qu'elles sont plus abstraites ou plus complexes.
L'avantage aussi de cette forme de progression dans le devoir, est qu'elle propose une révélation du
texte progressive qui entretient peut-être l'intérêt du lecteur.
Questions préalables à se poser
Quelles questions préparatoires faut-il se poser devant un texte à étudier, en vue de son
commentaire composé ?
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Que sais-je de l'ensemble de l'œuvre de l'auteur et de l'ouvrage en particulier (surtout quand il s'agit
d'une œuvre très célèbre)
Un commentaire composé est un... commentaire composé, c'est un commentaire construit, ce n’est
pas fouillis dispersé de remarques indépendantes. Il importe donc de s’astreindre à
- respecter méthodiquement la progression que vous aurez définie (les parties),
- d’en souligner les étapes et d’en mettre en évidence les articulations par des transitions
judicieusement ménagées.
Il convient par conséquent d'éviter :
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- un excessif cloisonnement entre les différents aspects étudiés (les parties), ce qui a pour effet
d’escamoter le dynamisme propre au texte ;
- la multiplication des redites et des rappels, au risque de lasser le lecteur, mais aussi de l’égarer.
Il importe également de prendre en compte, s’il est remarquable et signifiant, le mouvement propre
du texte, sans pour autant réintroduire subrepticement dans l’exposé, localement ou globalement,
une démarche d’explication linéaire.
Chaque partie ou axe de lecture commence par une phrase qui présente son objet.
- est séparée de la précédente par un saut de ligne
- commence par une phrase d'introduction
- se termine par une phrase de liaison
- comprend plusieurs paragraphes dont chacun commence par un mot de liaison.
Le début de chaque paragraphe est marqué par un retrait. Ne pas sauter de ligne entre deux
paragraphes.
Un parag le paragraphe, c'est une idée et étayée par au moins un exemple analysé, tiré du texte,
avec citation plus ou moins longue.
Votre commentaire doit s'appuyer sur le texte ; vous devez donc l'étayer par ce qui est dit sans
dupliquer, ni reformuler le texte (la paraphrase est formellement proscrite). Les citations.
Outre le respect des usages typographiques (emploi des guillemets, barre oblique en limite de
vers…), il convient de choisir avec discernement, en s’efforçant de les diversifier, entre plusieurs
formes possibles d’intégration :
- citation détachée (introduite par deux points) ;
- citation insérée dans la phrase (sans en interrompre le mouvement) ;
- très brèves citations entre parenthèses (ne pas abuser de ce procédé).
Dans tous les cas, la citation doit s’intégrer utilement et logiquement au devoir, c’est-à-dire servir à
des fins de démonstration et/ou d’illustration : elle doit venir étayer le commentaire, en aucun cas en
tenir lieu : un commentaire composé n’est pas un montage de citations, même classées… Il convient
aussi de proscrire les citations trop longues, trop nombreuses, inopportunes ou redondantes.
Mais la citation ne constitue pas le seul et unique moyen de prendre à témoin le texte commenté. Au
contraire, un bon commentaire sait prendre appui sur un ensemble diversifié d’éléments
significatifs : faits de langue et de style, faits de syntaxe, composition, opposition et/ou répétition de
motifs thématiques, champs lexicaux, dispositif(s) énonciatif(s)… tout cela peut s’avérer
particulièrement signifiant. Pour commenter un texte il faut donc constamment le citer – mais dans
le sens juridique du terme ("citer" un témoin à comparaître) : citer le texte à comparaître pour
infirmer ou confirmer vos hypothèses ; et, s’il rechigne à parler, ne pas hésiter à… mettre le texte à la
question.
Très souvent négligée, il est souhaitable de la rédiger après avoir fait le plan détaillé ou le brouillon,
et non à la fin de l'épreuve.
Elle a pour fonction :
- de faire œuvre de récapitulation (retracer les étapes de l’analyse)
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- d’évaluer globalement la pertinence de l’orientation générale de lecture définie dans l’Introduction.
Elle doit contenir :
- au minimum un résumé très rapide du développement (rappel des thèmes, caractères essentiels de
la forme, appréciation personnelle), sans reprendre textuellement l'introduction ;
- éventuellement (pour l'améliorer !) un élargissement, c'est-à-dire, à partir du texte, une ouverture
sur des réflexions plus générales (par exemple à l’œuvre à laquelle appartient le texte, à l’époque
historique dont il est le miroir ou le produit, au corpus au sein duquel, à des titres divers, il est
susceptible de prendre place, etc.) ou sur un autre point de vue.
Attention ! Il ne s'agit pas d'introduire une idée nouvelle, qui se rapporterait exclusivement au texte,
et que vous auriez oubliée dans le développement.
* Il faut regrouper toutes les remarques autour de 2, 3 ou 4 centres d'intérêt qui rendent compte de
l'originalité du texte.
* Synthèse de tous les niveaux précédents : montrer que l'auteur exprime les mêmes réalités
(sentiments, idées) à travers le mot, l'image, les sonorités, le rythme, les constructions grammaticales
: un chant à plusieurs voix.
Comme dans tout devoir, ces parties doivent ménager une progression, du moins important au plus
important à vos yeux.
RAPPEL : COMME DANS TOUTE COMPOSITION FRANÇAISE, CHAQUE PARTIE DOIT COMPRENDRE
- Une brève introduction très nette.
- Plusieurs paragraphes qui illustrent votre propos, avec citations précises et analyse de ces citations.
- Un bref paragraphe de bilan/transition (appelé aussi "conclusion partielle"), qui assure la continuité
du commentaire.
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Classer les mots suivant des rubriques, voir s'ils forment un ensemble appartenant à un champ lexical
ou sémantique particulier.
Etude des formes, mouvements, couleurs, disposition de l'espace, valeurs positives ou négatives de
tous les éléments.
Quelles relations sont établies dans le texte entre les éléments du lexique employé ? Equivalences ?
Oppositions ? Etc.
Cette recherche conduit à l'établissement de réseaux lexicaux et ainsi à cerner les thèmes (idées,
sentiments, sensations) du texte.
Etude des tonalités du discours : lyrique, élégiaque, pathétique, bucolique, dithyrambique, caustique
etc.
Etude des registres de langue utilisés et des effets produits.
• 2ème OBJECTIF : étude des images
Etude des comparaisons explicites, des métaphores, métonymies et synecdoques, hyperboles, litotes
etc...(Voir le polycopié sur les figures de rhétorique les plus courantes). Quels sont les effets qu'a
voulu produire l'auteur en employant telle ou telle figure de rhétorique ?
• 3ème OBJECTIF : étude du niveau phonique et prosodique
ATTENT : En français, on compte en syllabes et non en "pieds".
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- Etudier le volume des phrases (longueur, formes : interrogations, exclamations...)
- Etudier le rythme des phrases (gradations, symétries, mouvements ascendants ou descendants
etc...) Quels sont les effets produits ?
Chercher les procédés de style et tous les écarts qui distinguent le langage utilisé par l'auteur du
langage courant, celui que vous et moi aurions utilisé pour exprimer ce que l'auteur a exprimé.
Comment ? En examinant dans quelles mesures les structures grammaticales interviennent dans les
effets de sens produit. C'est le moment de vous souvenir de vos cours de collège en pensant :
- Au choix des pronoms, des déterminants du nom.
- Au type de construction : nominale, affirmative, exclamative, interrogative.
- A l'utilisation des épithètes : souci de caractérisation etc...
- A l'étude des verbes : modes : impératif = prière ou volonté de pression sur autrui ; subjonctif =
doute, mode du sentiment ou de la pensée, temps : présent de narration, de vérité générale,
imparfait de durée ou de répétition passé simple d'action soudaine qui ne se répète pas, etc...
- Aux styles direct, indirect, indirect libre.
- A l'importance des mots outils : adverbes, conjonctions...
"L’albatros" trouve avant tout sa source dans le malaise de l’écrivain, dans les difficultés propres à sa
condition de poète, dans la nouveauté d’une écriture qui "comprend sans effort le langage des fleurs
et des choses muettes" et qui parvient à saisir la signification profonde cachée au cœur du réel. Vous
montrerez dans votre commentaire, au-delà de l’anecdote et de son caractère dramatique, la
signification symbolique et philosophique de ce poème qui superpose constamment deux niveaux de
lecture différents : l’un réaliste, l’autre symbolique. Les axes de lecture suivants vous sont proposés :
Anecdote et dramatisation :
Le poème se présente à la première lecture comme la narration d’une scène de la vie en mer.
Analysez la création du décor, les acteurs et l’action. Remarquez surtout les oppositions, si
nombreuses : quelle est leur rôle, leur portée ?
Du récit au symbole :
Au vers 13, une analogie invite à interpréter la scène évoquée dans les trois premiers quatrains : "Le
Poète est semblable au prince des nuées". Cette analogie opère le passage de l’anecdote à l’allégorie,
à la signification morale et philosophique. Analysez dans tout le poème les éléments qui contribuent
à l’assimilation de l’albatros et du poète (observez les articles, les personnifications de l’oiseau, les
motifs récurrents dans le poème). - La solitude du poète : - Est-ce que c’est un thème exclusivement
baudelairien ? Fait-il partie d’une tradition ? - Quels idées/éléments/caractéristiques du poète sont
appliqué(e)s à l’oiseau ? - Peut-on mettre ce thème en rapport avec autres poèmes du recueil ?
Introduction :
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Ce poème est extrait de "Spleen et idéal", la deuxième partie du recueil Les Fleurs du mal. Cette
partie évoque l’homme déchiré entre l’aspiration à l’élévation et l’attirance pour la chute,
déchirement à l’origine de l’envie nommé spleen, indissociable de la condition humaine et qui finit
par triompher. L’albatros traduit chez Baudelaire la conscience d’être différent des autres. Baudelaire
a recours à une image très suggestive pour dépeindre sa propre condition dans une société qui
l’ignore complètement. L’image de l’albatros capturé évoque l’idée d’un être totalement étranger au
monde qui l’entoure. Baudelaire faisait partie de la génération des poètes maudits, c’est-à-dire non
compris par les gens de son époque. Les trois premières strophes concernent l’albatros tandis que la
dernière est dédiée au poète.
Etude méthodique
Ce poème est fondé sur une double comparaison. L’albatros est personnifié étant donné que le
poète est comparé à l’oiseau. Grâce à un réseau de personnification, les trois premières strophes
comparent l’albatros à un roi déchu (" roi " vers 6), à un voyageur ailé tombé du ciel. La quatrième
strophe explicite le symbole en faisant du poète, par une comparaison et une métaphore
hyperbolique, un " prince des nuées " (vers 13) aux " ailes de géant " (vers 16). Exilé parmi les
hommes, la vie de l’albatros apparaît donc comme une parabole qui définit l’existence du poète. Le
poète et l’albatros sont associés dans la dernière strophe et cette association oblige à une
réinterprétation : le voyageur ailé devient le poète, les hommes d’équipage : la foule et les planches :
le théâtre social.
B- L’élévation
La verticalité, l’aspect aérien. L’albatros est évoqué dans toute sa grandeur comme le confirme
l’enjambement des vers 1 et 2 qui suggère l’immensité des espaces que l’albatros a à parcourir. Cette
notion de grands espaces est renforcée par l’hypallage du vers 2 (" vaste oiseau des mers " = oiseau
des vastes mers).
L’aspect sublime : Au-dessus de l’horizontalité médiocre (la société), l’oiseau donne une impression
de majesté, fait de fluidité, comme l’eau sur laquelle vogue le navire mis en relief par l’harmonie
suggestive du vers 4 en " v ", " s " et " f ".
L’isolement, la solitude : Il y a le monde d’en haut et le monde d’en bas et la communication entre les
deux est difficile, voire impossible.
La situation de la victime : l’albatros mais en même temps, le poète est agressé par les moqueries des
marins (vers 11 et 12) puis par l’archer et les nuées (vers 14 15).
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A- Le jeu des antithèses
Le poème de Baudelaire donne de l’albatros deux visions radicalement opposées : autant l’oiseau en
vol est un oiseau majestueux à l’allure souveraine désigné par la périphrase du vers 16 : " les rois de
l’azur ", autant lorsqu’il se pose il paraît ridicule : - les " ailes " du vers 7 qualifiés des deux épithètes "
grandes " et " blanches " ? " les avirons (vers 8) ; - la beauté du vers 10 ? la laideur du vers 10 ; - du
vol royal (vers 3), on passe au boitement de l’infirme (vers 12). Ces oppositions sont soulignées par
des antithèses : - " roi " (vers 6) ? " maladroit " et " honteux " (vers 6) ; - le " voyageur ailé " (vers 9) ?
"gauche " et " veule " (vers 9) ; - " naguère si beau " (vers 10) ? " comique " et " laid " (vers 10) de
plus, ici, la rime intérieure croisée associe encore à l’idée de l’albatros celle d’un animal ayant perdu
son rang et son titre de " roi " ; - " infirme " ? " volait " (vers 12).
Le jeu sur les sonorités renforce le contraste. La majesté de l’oiseau en vol est rendue par l’assonance
en " en " (vers 1, 2, 4, 13, 14, 16) et l’allitération en "v" (vers1, 2, 3, 4). La déchéance de l’albatros se
traduit sur le plan phonétique par une sorte de dégradation et l’assonance en "en" est désormais
associée à des mots dont le sens ou les connotations sont négatives ou péjoratives. Le destin funeste
de l’oiseau est prédit par l’allitération en "s" du vers 4 : "gouffres amers". La troisième strophe
accumule des sonorités qui produisent un effet désagréable avec l’assonance en "e", assonance déjà
présente dans la strophe précédente avec "eu" de "honteux" au vers 6, "piteusement" au vers 7, "à
côté d’eux" au vers 8 et l’allitération en "c" et en "gu" comme "gauche" au vers 9 et la cacophonie "
comique et laid " du vers 10. Ainsi, le jeu des sonorités accentue la différence de l’animal au fur et à
mesure du poème ce qui est renforcé par la disposition en chiasme des sonorités du vers 11.
- Une ample phrase, bien balancée pour présenter l’oiseau en vol dans la première strophe ;
- Une nouvelle phrase dans la deuxième strophe très ample mais cette fois avec une nuance d’ironie
pour présenter l’oiseau posé sur les planches ;
- Dans la troisième strophe, une série de trois phrases exclamatives plus courtes, au rythme plus
haché pour traduire la souffrance de l’albatros ;
- Dans la quatrième strophe, une phrase en deux parties qui explique la dimension symbolique de la
comparaison avec l’oiseau, il récapitule l’opposition.
L’image de la chute
A prendre au sens physique et au sens moral du terme, la chute du poète oiseau est suggérée par des
images symboliques : perdant la liberté dont il jouit quand il " hante la tempête " (vers 14). C’est une
métonymie du climat pour désigner le lieu, il est désormais prisonnier des " planches " au vers 5,
synecdoque pour désigner le pont du navire. On note le caractère ridicule de l’oiseau lorsqu’il est en
dehors de son élément car un roi sur une planche, ce n’est pas sa place. L’anacoluthe des deux
derniers vers (" exilé " est au masculin singulier, on attend donc un sujet au masculin singulier mais
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on a " ses ailes " qui est au féminin pluriel) accentue le déchirement du poète entre ses deux vies :
celle de la réalité et celle de l’idéal. L’art est pour Baudelaire une affaire personnelle : le poète ne se
mêle pas au public vulgaire. Leurs cultures sont trop éloignées. Le poète doit donc s’exiler, être seul
et cette singularité s’est cristallisée dans le symbole de l’albatros.
L’albatros est désigné par les expressions suivantes : des périphrases aux vers 2, 3, 6, 9, 13, 19 qui ont
toutes une valeur emphatique : de périphrase en périphrase, c’est tout l’aspect majestueux et
souverain qui est déployé. La dernière strophe développe la comparaison entre le poète et l’albatros.
C’est la même souveraineté dans la solitude mais c’est la même déchéance lorsqu’il redescend au
niveau de l’humanité vulgaire. La comparaison entre l’oiseau et le poète permet de dégager la
signification allégorique du poème : comme l’albatros, le poète est victime de la cruauté des hommes
ordinaires comme les hommes d’équipage au vers 1 qui ne sont pas des " indolents compagnons "
(vers9). De plus, les " nuées " du vers 13 ? " huées " du vers 15. Les marins du vers 11 agacent et
provoquent l’animal. Le poète est donc déchiré entre le monde sublime (la poésie) et la vulgarité
dégradante de la société. Bien plus, l’agressivité des hommes qui se manifeste par les huées de la
foule va jusqu’à une volonté de meurtre symbolisée par l’archer du vers 14. On n’hésitera pas à
mettre à mort le poète symboliquement mais il reste un homme incompris. L’albatros poète se
moque des flèches qui ne peuvent l’atteindre. Il est exilé, c’est-à-dire étranger du milieu dans lequel
il vit et est très mal vu et ses ailes, c’est-à-dire le génie, le gênent.
Conclusion :
Selon Baudelaire, la place du poète dans la société est comparée à un albatros : majestueux dans le
ciel, son élément mais ridicule sur terre et au contact des hommes. De même, le poète se situe au-
dessus du commun des hommes pour ses poèmes, mais mêlé à la foule, il n’est rien et devient
ridicule. Baudelaire faisait ainsi partie de la génération des poètes maudits, c’est-à-dire non compris
par les gens de son époque.
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