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Résumé
Nous avons cherché à montrer ici comment Eckhart a combiné l'héritage ontologique d'Augustin avec celui, méontologique, du
néo-platonisme. Nous avons rappelé les diverses phases par lesquelles il est passé à ce sujet, en particulier la deuxième phase
axée sur le primat de l'intellect, en réponse à la conception volontariste des Franciscains. Là, Dieu-Intellect est considéré
comme néant de toutes choses créées, puritas essendi. L'intérêt principal de la notion de néant dans l'ensemble de l'œuvre
eckhartienne est, pensons-nous, d'assumer un sens mystique, celui du grunt informel et inconditionné de la Déité auquel nous
ne pouvons faire retour que par la néantisation de notre propre ego. Cette néantisation réside en un non-vouloir, non-savoir,
non-avoir qui seuls permettent à l'homme de devenir pleinement théocentrique tant dans son être intérieur que dans son action.
Zum Brunn Émilie, Hérique Agnès. Dieu comme Non-être d'après Maître Eckhart. In: Revue des Sciences Religieuses, tome
67, fascicule 4, 1993. Voies négatives. pp. 11-22;
doi : https://doi.org/10.3406/rscir.1993.3243
https://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1993_num_67_4_3243
est tout en toutes choses. Mais Deny s : Dieu n'est rien que l'on
puisse exprimer ou penser, et pourtant Dieu est ce qui fait
progresser les saints dans la connaissance qu 'ils ont de lui, dans
laquelle il se trouve lui-même. Lui (Denys) le juge plus grand
dans la négation (in dem niht) et quand il dit : "Dieu est un
Néant (got ist ein nihtj". A ce néant toutes choses sont
suspendues et ce même néant est aussi une réalité incompréhensible
(unbegriflich iht| que les esprits au ciel et sur terre ne peuvent
ni appréhender (ergrifen) ni pénétrer (ergrù'nden). Ainsi reste-
t-il inconnu de toutes créatures (1). »
(1) F. Pfeiffer, Deutsche Mystiker des XIV. Jahrhunderts II. Meister Eckhart,
Predigten, Traktate, Leipzig, 1857, 2nde édition Aalen, Scientia Verlag, 1962, p. 493.
La question de l'authenticité des textes n'étant pas encore définitivement résolue,
nous citerons comme étant d'Eckhart, les passages empruntés à cet ouvrage qui nous
paraissent porter sa marque de façon indubitable.
(2) La plupart des références est empruntée à l'édition Meister Eckhart - Die
deutschen und lateinischen Werke, Stuttgart, Kohlhammer, depuis 1936 (abréviations
D.W. et L.W.) ; les traductions sont tirées de :
* Eckhart, Traités et sermons, traduction, introduction, notes et index par A. de
* L'Œuvre
Libéra, Paris,
latineGF
de Maître
Flammarion,
Eckhart,
1993
Texte
(T.S.)
latin, introduction, traduction et notes par
* Maître
F. Brunner,
Eckhart,
A. deLibera,
Les TraitésE.etWeber,
Les Sermons
E. Zum3 Brunn,
vol., Introduction
Paris, Cerf,et 1984
traduction
(O.L.) de
J. Ancelet-Hustache, Paris, Seuil, à partir de 1978 (Tr. / S. t. 1, t. 2 et t. 3)
Ici : Die rede der unterscheidunge, n. 22, D.W. 5, p. 294 ; trad. T.S. p. 1 18 sq.
DIEU COMME NON-ÊTRE 13
(3) Utrum in Deo sit idem esse et intelligere, n. 8, L.W. 5, p. 45 - voir notre
étude « Dieu n'est pas être », p. 84 - 108, in Maître Eckhart à Paris - Une critique
médiévale de l'onto-théologie, Etudes, textes et traductions par E. Zum Brunn,
Z. Kaluza, A. de Libéra, P. Vignaux, E. Weber, Paris, PUF, 1984.
14 E. ZUM BRUNN
« Des maîtres frustres disent que Dieu est un Etre pur, mais il
est aussi haut au-dessus de l'être que l'ange le plus élevé l'est
au-dessus d'une mouche. Je parlerais aussi incorrectement de
Dieu en V appelant un être, que si je disais du soleil qu'il est
blême ou noir. Dieu n'est ni ceci ni cela (4). »
IV. Lenon-agir