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Simple, le français populaire ?


Françoise Gadet

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Gadet Françoise. Simple, le français populaire ?. In: Linx, n°25, 1991. Ces langues que l’on dit simple. pp. 63-78;

doi : https://doi.org/10.3406/linx.1991.1227

https://www.persee.fr/doc/linx_0246-8743_1991_num_25_2_1227

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Simple,
le "français populaire" ?

Françoise Godet
Université de Paris-X

II est courant de considérer certaines manifestations de langue comme plus simples que
d'autres, quand elles sont pratiquées par des locuteurs que Ton considère eux-mêmes
comme incapables de complexité : les enfants, les "primitifs" (langues africaines, patois,
créoles), les étrangers en situation d'apprentissage (tant qu'ils parlent "petit nègre").
C'est fréquemment aussi ce qui est supposé de l'usage que les classes populaires font de
la langue commune, selon un stéréotype spontané mettant en rapport "peuple" et
"simple".
Il est désormais reçu de figer cet usage dans le syntagme de "français populaire"
(registre social), que l'on s'efforce de distinguer du "français familier, ou relâché" (registre
stylistique), alors qu'une tradition antérieure les réunissait comme "bas-langage". Or,
pour la plupart des phénomènes en cause, les faits ressortissant du "familier" et ceux
ressortissant du "populaire" sont les mêmes, et leur distinction ne serait qu'une affaire de
fréquence.*

A ces formes exclues de la norme, on dénie généralement la faculté de faire


système : on tend à les appréhender comme des dégradations aléatoires de la langue
normée, voire même de la langue écrite, conçues, par les vertus de la comparaison, en
termes de processus de simplification.

1. La description du français populaire


Ce "français populaire", peu de grammairiens ont jugé intéressant de l'étudier
d'une façon systématique. Même ceux qui le font laissent entendre qu'il comporte des

1. On ne reviendra pas ici sur les raisons idéologiques de cette dichotomie qui n'a aucune
justification linguistique (Gadet, à paraître).
fT. Cadet

formes simplifiées ou dégradées du français correct, en des points sporadiques. Et si des


dictionnaires en faisant un relevé ont pu apparaître historiquement plus tôt que des
grammaires, c'est sans doute que Ton accepte qu'il puisse faire l'objet de listes, mais
sûrement pas qu'il puisse donner lieu à la représentation en système que sont les
grammaires. Et même chez ceux qui en donnent des descriptions, des thèmes liés à la
simplification sont constants.
C'est à partir de Bauche (1920), pourtant lui-même assez préoccupé par les
exigences de la linguistique moderne et par l'idée de système, que l'on rencontre une
véritable tentative de présentation de la langue populaire comme constituant un
ensemble. Dans la préface de sa seconde édition (1927), il affirme que "il y a, dans le
langage du peuple de Paris, bien des choses à retenir pour la richesse, la simplicité, la
clarté et la précision de la langue parlée" (p. 9). Simplification, la particule -ti employée
dans l'interrogation, ou "cette tendance populaire parisienne germanisante à rendre
invariable l'adjectif attribut". Marques de clarté, le renforcement de son ou sa qui
n'expriment pas le genre par à lui ou à elle , ou encore l'expression d'un sujet devant
l'infinitif, "plus facile à manier que le subjonctif. A "l'actif du français populaire"
encore, des faits de prononciation, comme il croient distingué de il croit par un [j]
final, ou celle qu'il aime distingué de celle qui l'aime , par la gemination du 1 dans le
deuxième exemple. Mais il arrive aussi que le français populaire "complique",
"s'embrouille", produise des formes "lourdes" (par ex. dans l'interrogation), "affectionne
les termes pompeux", "supprime", "confonde", "encombre", "conjugue de travers"... bref,
produise "du charabia". Cependant, pour lui, tout se régulerait si on laissait agir le
temps : "Si l'on pouvait placer en une île déserte quelques couples illettrés parlant
purement le français populaire et laisser leurs descendants pendant plusieurs générations à
l'abri de toute influence extérieure et de tout texte écrit, la langue qui se constituerait
serait une langue qui aurait sa valeur et sa beauté et ses règles exactement comme une
autre".2

Frei (1929) a des visées théoriques pour aborder son objet : il forge le syntagme
de "français avancé", qu'il ne peut définir que de façon négative ou par une liste ouverte,

2. Selon une utopie qui a souvent séduit les linguistes, on a là une représentation de vie
purement interne d'une langue, sans intervention des facteurs sociaux.

64
Cts tangues que Con dit simpCes

comme "ce qui détonne par rapport à la langue traditionnelle : fautes, innovations,
langage populaire, argot, cas insolites ou litigieux, perplexités grammaticales, etc." (p.
32). La "faute" peut être étudiée comme l'indice de "besoins" (ou constantes du langage)
qu'elle est destinée à satisfaire, parmi lesquels on trouve bien des éléments interprétables
en termes de simplicité : l'analogie, qui se manifeste sous les deux aspects antagonistes
de l'assimilation, (sous sa forme mémorielle, essentiellement étymologie populaire, et
sous sa forme discursive de conformisme grammatical et phonique), et de sa
contrepartie, la différenciation ou besoin de clarté ; l'économie, avec ses deux faces
complémentaires de brièveté (discursive) et d'invariabilité (mémorielle) ; l'expressivité
enfin. Les besoins qui conduisent à des phénomènes interprétables en termes de
simplifications s'avèrent plus nombreux que les autres, et sont en cause dans les faits les
plus nombreux.
Ces besoins affleurent dans des "tendances" linguistiques. Mais si le recours aux
notions de besoin et de tendance évite à Frei un regroupement figé sous un vocable
unique, il ne lui permet pas d'échapper à la difficulté de la prédiction, car parler de
tendance c'est prendre une option sur ce qui a des chances d'advenir.3
La notion de tendance peut en effet comporter deux significations différentes :
soit actualisation de virtualités recelées dans l'économie d'un système donné ; soit
processus généraux liés à l'exercice même du langage. Dans le premier sens, on la lie à
une langue donnée, et on peut risquer d'hypostasier le "génie" ou la "logique" d'une
langue de façon atemporelle, ou simplement laisser entendre que tout s'explique de façon
interne ; dans le deuxième sens, on cherche des orientations universelles et permanentes,
et le risque est d'abandonner la linguistique au profit de la psychologie. Malgré ses
déclarations en faveur de la seconde option, Frei conçoit une langue comme équilibre
précaire entre forces jouant dans un système.
Même type d'orientation chez Guiraud (1965), qui s'inspire largement de Frei.
Bien qu'étant l'un des rares grammairiens de la période récente à se consacrer à la
description du français populaire, et souvent en fîn observateur des mécanismes auxquels

3. Une telle orientation sera poursuivie dans des travaux plus récents comme ceux de Ashby et
Harris, qui étudient les tendances de la syntaxe en termes de typologie des langues : pour eux,
le français populaire n'appartiendrait pas au même type que le français norme.
f- Cadet

il est soumis, Guiraud laisse percer, entre celui-ci et le français norme, une curieuse
opposition où la simplicité joue un rôle : le second seul connaîtrait des "règles", alors
que le premier ne ferait qu'obéir à des "lois" ("entre le français populaire et le français
cultivé il y a la distance de la Nature à l'Art" ; "le français cultivé est à la fois beaucoup
plus riche et beaucoup plus complexe" ; "le français populaire a conservé la simplicité,
l'homogénéité, la vigueur et la naïveté d'une économie naturelle", 1965, p. 1 1-12).^
Nous conserverons ici le terme de "français populaire", en lui prêtant le sens de
"français non norme", sans connotation sociale. Mais il reste à poser un certain nombre
de questions :
- faut-il le décrire en soi, ou en démarquage du français commun ? Etant donné que la
plupart des phénomènes linguistiques sont partagés, il serait artificiel de faire des
descriptions complètement autonomes ; mais on connaît les dangers des descriptions
comparatives, surtout quand il y a dissymétrie des valeurs sociales reconnues. La
confrontation risque de se limiter à des jugements appréciatifs, dans lesquels le français
standard serait pris comme l'expression la plus complète et la plus adaptée des
potentialités de la langue, et de manquer l'organisation en système du français populaire
(par exemple, de manquer les restructurations qu'entraînent des simplifications). On pose
ainsi la question, sur laquelle nous reviendrons en terminant, de la conception et du
traitement de la variation ;
- comme tous les usages parlés ordinaires, il est constamment marqué par l'instabilité, et
le locuteur qui prononce généralement [tab] peut aussi employer [tabl]. Il n'y a pas de
locuteur uni-style, et il n'y a pas de locuteur pour faire toujours ou pour ne faire jamais
la négation sans ne , ou pour poser toujours ses questions de la même manière. La
variation est intrinsèque, et les sous-systèmes se chevauchent ;
- puisque les points de différence ne concernent pas l'ensemble du système, est-il
possible de caractériser les zones affectées ? et de le faire en termes grammaticaux ?

4. Nous arrêtons notre enumeration à ceux des auteurs qui ont fait du français populaire leur
objet essentiel. Mais la connaissance que l'on en a est aussi nourrie des travaux de Brunot,
Damourette et Pichon, Vendryès, Martinon, Nyrop, von Wartburg et Zumthor, Cohen, Dauzat,
ou Sandfeld. Et des travaux sur l'argot, qui de fait décrivent aussi le fonctionnement de la
langue populaire.

66
Ces langues que Con dit simples

Les faits interprétables en termes de simplification sont nombreux, plus que ceux
interprétables en termes de complexification : c'est maintenant à l'examen de ces
fonctionnements à différents niveaux que nous allons consacrer notre deuxième partie.

2. Le français populaire et la simplification


Les différents niveaux d'une grammaire ne participent pas de la même manière à
une identification sociolinguistique : un "accent" populaire est immédiatement
identifiable par la prosodie, un peu moins par la phonologie segmentale ou par la
morphologie, par la syntaxe uniquement en des points précis, et le rôle attribuable au
lexique est encore plus aléatoire.
2. 1 . Le facteur le plus différentiateur : la prosodie
L'intonation est la seule dimension qui ne joue aucun rôle à l'écrit, et un rôle
d'autant plus important que l'oral est plus relâché. On a pu aller jusqu'à dire qu'une
structure est d'autant plus intonée qu'elle est moins grammaticalisée, et inversement.
Dans quelle mesure cette dimension peut-elle être saisie en termes de
complexité ? Aucun modèle grammatical ne prétendrait qu'une séquence comme encore I
elle dit ça et elle en prend soin I je dispos serait plus complexe que la séquence plus ou
moins paraphrastique mais beaucoup plus écrite si, bien que disant cela, elle en prenait
soin, je ne dirais rien . Pourtant, les façons dont se marquent les liens grammaticaux
sont fort différentes et difficilement comparables : dans la première, l'intonation impose
une courbe fortement descendante sur soin , et ascendante sur je dis pas ; et une forte
pause après soin , toutes caractéristiques décisives pour la signification, comme le sont
les outils explicites de la seconde séquence (si , bien que et le conditionnel).
Les deux séquences ne font donc pas usage des mêmes procédés pour exprimer
leurs liens structurels, qui reposent sur du segmentai dans un cas, et en grande partie sur
de l'intonatif dans l'autre. Mais pourquoi l'un des deux procédés serait-il plus complexe
que l'autre, sauf justement parce que le segmentai et l'explicite sont valorisés dans leur
rapport à l'écrit ?
2.2. Une "tendance au moindre effort" dans la prononciation ?
Si l'on résume les traits donnés comme caractéristiques d'une phonologie de
français populaire, beaucoup semblent se ramener, en tous cas dans les dénominations

67
7. Qadtt

qui pour beaucoup tournent autour de l'idée de "facilité de prononciation", à une


"tendance au moindre effort", ou à une certaine paresse articulatoire.
On peut effectivement présenter ainsi : une articulation moins tendue et plus
centralisée des consonnes et des voyelles (évitement des positions extrêmes) ; la débilité
des consonnes intervocaliques, surtout [d] et [v] {madame se prononce presque [maam],
et la chanson du début du siècle le chapeau de Tjozo comportait une séquence que l'on
peut transcrire comme [aeuy], pour avez-vous vu ) ; la tendancielle simplification du
système vocalique (disparition de [a] d'arrière et de [œ], passage pour les voyelles
intermédiaires à une variation en fonction de la position dans le mot et du type de
syllabe) ; la fréquence de chute des e muets ; les simplifications de groupes
consonantiques complexes ; les assimilations ; les réductions et écrasements,
spécifiques à des mots (comme tu prononcé [t] devant voyelle et même parfois devant
consonne), ou plus larges (tu vas voir ta gueule prononcé [ta:rtagœl]).
La phonologie est donc un plan où la notion de simplicité apparaîtrait facile à
définir, si l'on accepte de faire un peu vite le saut de "plus facile à prononcer" ou "moins
nombreux" à "plus simple". Cependant, certains phénomènes qui pourraient être
interprétés comme signes de la tendance inverse invitent à regarder les choses de plus
près : c'est le cas de la prononciation de consonnes finales habituellement muettes en
français standard. On n'en prendra comme exemple que le cas de quand conjonction, qui
peut être prononcé [kat] devant un mot commençant par une consonne. L'analyse
minutieuse qu'en donne Morin (1990) invite à ne pas s'arrêter à un décompte de
phonèmes, et le conduit à l'hypothèse d'une réanalyse de la locution quand que dans
laquelle le [k] aurait été interprété [t].
Les "explications" par la paresse se révèlent donc elles-mêmes un trait de
moindre effort de l'analyste : elles visent les phénomènes isolés à leur propre niveau au
lieu d'appréhender une zone du système, ou des sous-systèmes en chevauchement On n'a
de plus aucune preuve de cette prétendue paresse, autrement que dans le jugement
idéologique et par la comparaison à la version standard, alors que Labov a pu montrer

68
Ces languis qui ton dit simptis

(1975) que les habitants des grandes villes ont conscience de la valeur de la façon de
parler.^
2.3. Quelques exemples en morphologie
La morphologie est un lieu où la complexité semble également facile à définir,
et de façon plus univoque qu'en syntaxe : y contribuent des désinences variables, des
exceptions, des dérivations spécifiques, la difficulté de création par quatrième
proportionnelle ... Mais il faut tenir compte des restructurations entraînées par une
simplification.
Le français norme jouit d'une morphologie complexe : nombreuses exceptions,
séries paradigmatiques incomplètes... A quoi la langue parlée, et a fortiori le français
populaire, opposent des résistances pouvant conduire à des régularisations : préférence
accordée à un verbe du premier groupe {chuter I choir , solutionner I résoudre ),
alignement de verbes du deuxième ou du troisième groupe sur ceux du premier {mouler le
café ), création de locutions verbales {trouver une solution ), stratégies d'évitement
{l'eau va bouillir)', généralisation de la construction des temps composés avec
l'auxiliaire avoir , ou attribution d'une nuance sémantique à l'opposition entre avoir et
être {il a divorcé / il est divorcé) ; expression de l'aspect au moyen de paraphrases
préverbales, souvent archaïques ou certaines régionales, mettant en jeu l'infinitif {sortir
de, être à, être après, être pour, penser, manquer, ne faire que de, avoir à ...) ou le
participe présent {être partant, il va partout répétant ) ; concurrence de l'indicatif au
subjonctif dans les cas où il est automatiquement appelé par certains verbes ou certaines
conjonctions (faut qu'i vient ) ; alignement des pluriels irréguliers, évitement de l'accord
en genre {elle s'est ouvert I la porte, les femmes I i nous emmerdent ), décumul des
comparatifs synthétiques (plus mauvais , et même plus pire ) ... Tous ces faits
constituent bien des régularisations.
Mais on rencontre aussi quelques formes qu'il sera difficile de traiter comme des
simplifications : formes surcomposées, à la fois en subordonnée (quand il a eu terminé )
et en forme libre (je l'ai eu fait mais je le fais plus depuis longtemps ), qui peuvent

5. Selon lui, il existe des normes voilées (et dominées) qui attribuent des valeurs positives au
vernaculaire.
. Cadet

reconfigurer le système (j'ai vendu opposé à j'ai eu vendu )*> ; ou extension du


domaine d'application de certains accords en genre (foi toujours marché droite ).
Toutefois, faute d'une définition univoque de la simplification, une
interprétation peut toujours être retournée : les accords, traits de complexité, conduisent
à des redondances, qui peuvent être perçues comme des simplifications. De même, les
formes surcomposées, plus complexes, peuvent être considérées comme des
régularisations si Ton prend le passé composé comme un temps de base à cause de la
raréfaction orale du passé simple.
2.4. Les pronoms
Dans le système des pronoms7 apparaissent à la fois des traits de simplification
et de complexification : leur morphologie semble manifester plutôt des traits de
complexification, et leur syntaxe, des traits de simplification.
Traits de complexification : ils ont des formes plus variées qu'en français
standard, plus sensibles au contexte. Ainsi lui peut-il revêtir non moins de douze
formes, déterminées par le contexte, surtout phonologique et un peu syntaxique ([lyi],
[yi]. [y], W, [j]> [ML [yijl. [yizil, [yizJ]. [yizij], [lyiz], [lyizij]) : la forme est au moins
sensible au nombre de consonnes qui précède et qui suit, à leur nature, et à la position
syntaxique. On relèvera aussi la prononciation géminée de pronoms simples : [immdi],
[tylladi] ou [vunnavedot] pour il me dit , tu l'as dit , vous en avez d'autres , phénomène
qui, à ma connaissance, n'a pas reçu d'explication satisfaisante.
L'ordre de succession des pronoms (antéposés et à l'impératif), relevant de la
syntaxe, semble manifester plutôt des traits de simplification. Par respect de la séquence
sujet-verbe-objet, les clitiques, comme tous les éléments qui viennent s'interposer entre
le sujet et le verbe, sont fragilisés, surtout dans une succession, ou se voient préférer des
formes postposées, comme ça pour le ou là-bas pour y . Par régularisation du
paradigme de l'ordre de succession, il le lui dit s'aligne sur il me le dit , avec la forme il
lui zi dit . Par plus grande souplesse de combinaison : tiens-y-toi ou tiens-toi-zy .
Mais l'existence après l'impératif de variantes positionnelles z'en etz'y restitue une

. Ces formes sont données comme du Sud de la France, mais on en a des attestations
parisiennes. Elles expriment l'achèvement dans un passé reculé, et le caractère indéfini.
. Pour une étude détaillée de cette zone cruciale, voir Morin (1979).

70
Ces languis que Con dit simples

régularité à ce qui, à l'écrit norme, apparaît comme un bricolage orthographique,


incompréhensible sans cette référence populaire (mange mais manges-en ; le français
populaire peut dire donne-moi zen ).
Il y a cependant des occurrences antéposées qui ne semblent pas en voie de
disparition, comme les pronoms éthiques (on se le bouffe I ce canard ? ), ou des
expressions comme la ferme ! ou t'occupe ! (qui n'a rien à voir avec occupe-toi ).
Kerleroux (1991) a montré l'insuffisance en ce point d'une analyse par dérivation, et
propose d 'analyser ferme comme un nom. Aussi propose-t-elle une solution d'un autre
ordre : l'hypothèse, peu admise par la tradition grammaticale française, d'accroissement
du nombre des homonymes. Simplicité, ou complexité ?
2.5. Faits de syntaxe
La définition de ce que serait la complexité en syntaxe dans une langue de
position comme le français n'est pas un problème facile, et a presque toujours été résolue
en termes quantitatifs (nombre de subordonnées par exemple). D'ailleurs, alors que les
points révélateurs sont nombreux en morphologie, ils sont plus rares en syntaxe, et font
partie de zones bien spécifiques.
Les points sur lesquels des divergences^ existent concernent les zones sensibles
de l'évolution du français, aussi bien populaire que standard : tendance à une séquence
progressive (sujet-verbe-objet), analycité (fragilisation des formes synthétiques),
régularisation des paradigmes. Pourtant, comme chaque fois que différentes tendances
sont à l'œuvre, leur interaction joue d'une façon imprévisible mêlant facteurs internes et
externes.
On peut certes interpréter comme simplification les formes transitives directes
dans les constructions verbales (vous descendez le prochain arrêt ), les relatives
phrasoïdes (une somme d'argent que ça suffit pas pour m'en sortir ) ou defectives (c'est
un chien que je suis jamais toute seule ) introduites par un que , la création de
conjonctions de subordination à partir de prépositions (malgré que ), l'extension des
emplois de que que Frei a pu appeler "corrélatif générique" (Je peux pas y aller I que

°. Ce terme de divergence n'a rien de satisfaisant, car il s'inscrit encore trop dans la
problématique de comparaison. Nous le trouvons pourtant préférable à celui de variation, très
lié dans son origine à la phonologie, qui laisse entendre qu'il y a progression sans rupture
entre la phonologie, la morphologie et la syntaxe.

71
JT. Cadet

j'avais la voiture ). Mais comment situer l'enchaînement de propositions par simple


juxtaposition (elle dit elle supporte pas ), y compris dans des séquences qui, si elles
comportaient que , auraient une structure de relatives (c'est des gens on peut pas leur
faire confiance ) ?
On peut ajouter la liaison, qu'un simple décompte statistique donnerait comme
simplification (moins de liaisons réalisées). Cependant, il y a reconfiguration : les rares
liaisons facultatives réalisées sont motivées, et les fautes concernent des phénomènes
syntaxiques comme l'expression du pluriel, par exemple dans mes ex z amis , ou les
solutions Ion est loin de les avoir z exploitées toutes , ou bien des structures de relative,
comme ceux qu'i z'ont des bulles . On peut encore concevoir comme simplification la
disparition du ne de négation, qui s'inscrit dans la fragilisation des éléments susceptibles
d'intervenir entre sujet et verbe.
Les interrogatives peuvent être évaluées des deux façons. Du côté de la
simplicité, 1' interrogative préservant la structure de la séquence indépendante : il va où ?
On sera aussi tenté de voir ainsi les structures en est-ce que , puisqu'elles préservent
l'ordre des mots de la phrase assertive. Pourtant, l'existence de formes en c'est que
atteste que les locuteurs y perçoivent encore une inversion, qu'ils réduisent.9 Il sera
toutefois difficile de maintenir l'explication en termes de simplification devant le
foisonnement de formes, dont certaines peuvent être complexes (quand est-ce que c'est
qu'il a dit ça ? ). Pourtant, comme l'interrogation constitue l'exemple systématiquement
mis en avant par quiconque veut argumenter qu'il puisse arriver au français populaire
d'être plus complexe que le français standard, on soupçonne que de tels exemples ne sont
pas nombreux.
Quant à d'autres formes fréquentes dans un oral relâché, il est tout simplement
impossible de les juger en ces termes. Ainsi des co-occurrences entre un SN sujet et un
pronom explicite placé dans l'accord, que l'on donne comme "redondance" dans certains
cas (mon père I il a dit ), mais curieusement pas dans d'autres (Pierre vient-il ? ), selon
que l'on insiste sur la répétition ou sur la complexification de la structure. De même

. Je n'évoque même pas ti , qui, en interrogation, me semble presque disparu de l'usage


français urbain : alors qu'elle appartient encore à ma compétence passive, la plupart de mes
étudiants parisiens ne comprennent même pas de quoi il est question. Pourtant, en 1920, aussi
bien Bauche que Vendryès lui prédisaient un bel avenir... en termes de simplification.

72
Ces langues que [on dit simples

pour les autres détachements, mais plus particulièrement encore à propos des
"constructions binaires" ; ce sont des constructions qui obéissent à un fonctionnement
tellement différent de celui qui est habituel en français norme, que les critères échappent
pour décider s'il s'agit d'une simplification ou d'une complexification. Fonctionnement
totalement différent par l'organisation segmentale de la séquence (absence de rappel de
l'élément détaché, dont la signification ne peut apparaître que sur un plan discursif,
comme dans tes noyaux I va te faire foutre ), mais aussi par le rôle qu'y jouent le
rythme et l'organisation progressive (Jean I son père I le copain de son père I eh ben il a
déjà démissionné ).
2.6. Lexique et discours
Nous ne ferons qu'évoquer la "créativité lexicale" du français populaire, car
contrairement à une idée reçue, le lexique constitue un niveau peu révélateur. Peuvent
être interprétées comme simplification l'extension d'usage des suffixes, la transposition
de catégories, la remotivation par étymologie populaire, la création par un usage plus
large de la quatrième proportionnelle (ainsi, en français d'Afrique, essencerie , lieu qui
diffuse de l'essence, sur le modèle de épicerie ).
Nous nous contenterons ici d'évoquer deux questions, qui sont peut-être liées
dans une rhétorique élémentaire : celle de la redondance et celle de la phraséologie.
Plusieurs auteurs ont souligné ce que Brunot a nommé les "redoublements et
reprises inutiles" (1968). Il en relève au moment de la Révolution, mais signale qu'on en
trouve déjà dans les poissarderies. Pour lui, un trait du parler populaire est l'insistance
sur une idée au moyen du redoublement^ : au jour d'aujourd'hui , assez
suffisamment ... De même, Guiraud énumère-t-il un certain nombre de "pléonasmes" :
abolir entièrement, comparer entre eux, répéter de nouveau, il suffît simplement ...
Brunot va jusqu'à parler d'un "instinct de réduplication" ou d'un "besoin de
renforcement", qu'il voit aussi à l'œuvre dans les détachements. Les exemples de Brunot
appartiennent en fait à deux champs différents. L'un concerne la "redondance" syntaxique,
que nous avons abordée en syntaxe : parmi ses différents exemples lexicaux, figurent en
effet des formes comme deux fermes dont il en a fait l'exploitation (relatives

10. Il n'y a rien de nécessaire dans la condamnation de la répétition par la rhétorique française
moderne : Branca (1988) retrace l'histoire de la modification des idées sur ce point.

73
. Cadet

pléonastiques). L'autre champ est celui de la phraséologie et des formules figées, pour ne
pas dire ritualisées, qui concernent aussi l'espace du rapport ludique à la langue.
Outre les calembours, contrepèteries, coq-à-1'âne, pataquès, à peu-près et autres
jeux sur les mots..., abondants dans les productions linguistiques dites populaires, ce
rapport ludique se manifeste par un recours fréquent à une phraséologie de formules
toutes faites traduisant un "bon sens populaire", souvent marquées elles aussi du sceau de
la redondance : ça va sans dire mais ça va mieux en le disant , c'est mon avis et je le
partage ... : tendance au moindre effort par l'utilisation de formules toutes faites ?
reconnaissance d'appartenance à un groupe ? proverbe comme lieu d' interdiscours d'un
sens partagé ? plaisir du rituel ? Pas plus que pour la répétition, il n'y a pas d'évidence
de la nécessité de condamnation : la notion de lieu commun est relativement moderne.
2.7. Conclusion
Examiner les faits en termes de simplicité/complexité ne permet donc pas une
conclusion univoque, et apparaît dans bien des cas comme l'économie d'une analyse. On
finira de s'en démarquer avec deux remarques :
- on a fait comme s'il était possible de traiter du français populaire à travers une
comparaison au français standard. On n'a donc ni tenu compte de l'instabilité, ni évoqué
la dimension de l'hypercorrection, toujours susceptible d'intervenir quand il y a contact
entre variétés dominante et dominée de la même langue. Ainsi, l'orthographe du français
populaire oscille-t-elle entre phonétisme et surcharge due à Fhypercorrection ;
- certains faits attestent d'une réelle sophistication de la part de locuteurs à qui on la dénie
généralement. Ainsi de constructions en chiasme (quand même il sait que c'est une
connerie il va y aller quand même ), ou de l'existence de productions à visée ludique
comme le javanais ou le verlan, qui peuvent atteindre une grande complexité. Et si, dans
les écoles de banlieue, les meilleurs verlanisateurs sont généralement les moins bons
élèves, c'est pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les capacités linguistiques
intrinsèques.

74
Cts tangues que Con dit simples

3. Les autres français


Le fait qu'une langue soit parlée, et parlée de façon quotidienne, ordinaire et
spontanée, entraîne-t-il nécessairement des phénomènes qualifiables en termes de
simplification ?
Est à l'œuvre ici une hypothèse sur ce que pourrait être un français affranchi des
contraintes d'une norme prestigieuse, d'une tradition socio-culturelle ou de l'écrit, une
langue fonctionnelle qui ne serait plus soumise qu'aux seuls besoins de la
communication, dans une adéquation des moyens linguistiques au rendement immédiat :
la simplification l'emporterait alors sur les autres tendances, comme le maintien
d'exceptions et de formes archaïques (différenciation chez Frei).
Le français populaire n'en constitue pas le seul exemple : on peut lui comparer
des variétés plus ou moins pidginisées (français des non-lettrés en Afrique, "petit-nègre"),
et des variétés régionales, en particulier non hexagonales, ayant évolué à l'écart du
français de Paris (différentes variétés d'Amérique, ou créoles à base française). On peut se
demander jusqu'à quel point on peut les mettre en rapport, comme le fait Chaudenson
(1973) : "Nous pensons que dans tous les cas, français populaire, français d'Outremer,
créoles, se manifestent sous des formes différentes et à des degrés divers des tendances du
système linguistique français".
Nous nous interrogerons sur les possibilités de généralisation des traits relevés,
en ne cherchant toutefois ni à instaurer le français populaire en prototype, ni à établir des
hypothèses sur les cheminements diachroniques des différents usages. Nous citerons
quelques exemples, sur des points grammaticaux évoqués dans la deuxième partie : ils
sont empruntés à plusieurs variétés, des usages les plus pidginisées aux langues devenues
autonomes que sont les créoles.
1) Le "français-tirailleur" décrit par Manessy (1984)11 manifeste des traits
d'optimisation de la communication : stabilité de la forme, correspondance biunivoque
forme/sens, absence de variation morphophonologique, analycité. Ce qui se traduit en :
ordre syntaxique invariable, structure sujet + prédicat, juxtaposition des propositions,

H. Manessy montre qu'il s'agit plus d'une caricature que d'une réalité : ce qui a été fixé sous
ce nom fait état de ce qui est maximalement éloigné du français standard, le plus déviant par
rapport au français métropolitain. On en a des exemples dans Tintin au Congo .

75
. Cadet

ordre complété + complément ; verbes invariables à l'infinitif ou au participe passé,


passé et futur exprimés par des morphèmes lexicaux ; absence de genre et de nombre,
pronom personnel en forme absolue, là postposé au nom, dissolution des amalgames ;
négation par morphème invariable pré- ou postposé, interrogation calquée sur la forme
assertive avec intonation montante ; polyvalence syntaxique (nom, verbe et adjectif sont
compatibles avec l'opérateur verbal ya ), nombre réduit de mots, décomposition des
signifiés complexes ; pas de redondance, pas d'homonymes, pas d'ambiguïté. On a là un
outil assurant pour un moindre coût le meilleur rendement (comme la communication
des ordres), avec beaucoup de traits typiques des pidgins.
2) Hattiger et Simard (1983) comparent les français populaires d'Abidjan et de
Montréal. Le premier est une langue véhiculaire peu stabilisée dont ils décrivent la
variété la plus rudimentaire ; quant au deuxième, il est langue maternelle, mais coupée
de la norme française.
En français populaire d'Abidjan, la détermination du nom exprime le spécifique
quand le nom est suivi de là , et le non spécifique quand il n'y a pas de déterminant : il
y a donc restructuration. Le verbe, à l'infinitif ou au participe passé, ne comporte pas de
flexion temporelle. Le temps est marqué par un terme lexical ou par une périphrase. Il y
a deux auxiliaires d'aspect, commencé inchoatif tt fini accompli. En français populaire
de Montréal, les seuls déterminants susceptibles de disparaître sont la et /' en positions
autres que sujet, et ils peuvent aussi se réduire à un allongement vocalique. Les rares
différences dans le système verbal sont phonétiques, ou concernent les périphrases,
comme aller + inf, ou l'aspect progressif être après + inf . Il y a restructuration,
puisque les formes simples du présent et de l'imparfait se spécialisent dans le duratif.
Les auteurs concluent à l'influence de la situation sociolinguistique : à Abidjan,
l'usage fonctionnel conduit à une forme de pidginisation ; alors qu'à Montréal, l'emploi
comme langue maternelle entraîne une complexification comme dans la formation d'un
créole.
3) Chaudenson (1973) décrit la fréquence, en créole mauricien, de tours
périphrastiques permettant d'exprimer le temps ou l'aspect* ^ : mo pe mZe "je suis en
train de manger" (je suis après), mofin maze "j'ai mangé" (j'ai fini de), mo a maze "je

. On indique entre parenthèses la source française.

76
Ces languis qui [on dit simples

mangerai" (je vais, prononcé [va]), mo pu maze "je mangerai" (je suis pour), mo fek
maze "je viens de manger" (je ne fais que), mo ti maze "je mangeais" (j'étais à). Cette
richesse des périphrases se retrouve dans d'autres usages du français, et Manessy (1985)
signale aussi on e ki va le fer dans le français de Saint Thomas qui ne connaît pas par
ailleurs de relatives (cf. français il est là qui travaille ). Ces formes comportant un
infinitif précédé d'auxiliaires, vont vers une invariabilité qui simplifie formellement le
système verbal ; mais elles ont aussi pour effet de le reconfigurer, car se manifestent des
distinctions que le français standard ignore.
4) Nous terminerons en évoquant un exemple qui s'interroge sur l'interférence, à
laquelle on tend à attribuer les innovations dans des situations où le français est en
contact plus ou moins défavorable avec une autre langue. Mougeon (1991) montre sur un
cas du français ontarien que ce que l'on tend à attribuer à l'influence de l'anglais ne
s'institue dans l'usage français que quand le système le rend possible par ses faiblesses
propres (irrégularités, absence d'optimalité dans le rapport forme-sens) : l'emprunt, en
tant que recherche de simplification, serait donc surdéterminé par la configuration du
système lui-même.
Malgré la grande diversité des situations où se développent des formes de langue
que l'on peut considérer comme simplifiées, comme le français populaire, les français
pidginisés, les versions parlées des français hors de France ou les créoles, et malgré la
différence dans les degrés d'élaboration, certaines analogies se manifestent, à la fois dans
ce sur quoi portent les simplifications et les points où interviennent des restructurations.
Il reste cependant difficile de déterminer si ces analogies sont imputables à
l'action de processus linguistiques communs à toutes les langues sous certaines
situations d'utilisation, ou à des propriétés inhérentes au français, exprimables en termes
de tendances propres.

Conclusion
On a pu montrer que le "finançais populaire" tendait à augmenter l'analycité, donc
à faire davantage reposer le poids de l'expression sur la syntaxe. Cependant, les points
sur lesquels une morphologie complexe se maintient (sans que semble se manifester de
tendance vers une simplification) ne sont pas rares. De plus, on peut remarquer que les

77
f. Cadet

faits relevés, alors même que Ton a cherché à balayer à peu près toutes les zones de la
langue, concernent tous des phénomènes qui comportent une dimension de morphologie
(soit phénomènes morphologiques, soit phénomènes syntaxiques mettant en jeu des
pronoms).
Ceci a sûrement des conséquences sur la conception de ce que, faute de mots
plus satisfaisants, on continuera à appeler "la variation" : au moins en français, la
morphologie ne saurait être appréhendée ni dans les termes de la phonologie, ni dans
ceux de la syntaxe.

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