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Décantation

Aspects théoriques
par Pierre BLAZY
Professeur à l’Institut National Polytechnique de Lorraine (INPL)
Directeur du Centre de Recherche sur la Valorisation des Minerais (CRVM)
Laboratoire Environnement et Minéralurgie (LEM) − CNRS UMR 75-69 (ENSG-INPL)
El-Aïd JDID
Docteur ès Sciences
Ingénieur de Recherche au CRVM, LEM − CNRS UMR 75-69 (ENSG-INPL)
et Jean-Luc BERSILLON
Doctor of Philosophy
Professeur à l’INPL − LEM UMR 75-69 (ENSG-INPL)

1. Généralités................................................................................................. J 3 450 - 2
1.1 Évolution ...................................................................................................... — 2
1.2 Principe de la décantation statique ............................................................ — 2
1.3 Domaines technologiques d’application ................................................... — 2
1.4 Caractéristiques des suspensions .............................................................. — 2
1.5 Place de la décantation dans les opérations
de séparation liquide-solide ....................................................................... — 3
2. Vitesse de sédimentation des particules dans un liquide ............ — 3
2.1 Suspensions diluées.................................................................................... — 3
2.1.1 Particules isolées................................................................................. — 3
2.1.2 Particules floculées ............................................................................. — 4
2.2 Suspensions concentrées ........................................................................... — 4
2.2.1 Vitesse limite de chute........................................................................ — 4
2.2.2 Temps de séjour .................................................................................. — 4
3. Détermination expérimentale des vitesses de sédimentation .... — 5
3.1 Comportement d’une suspension en éprouvette ..................................... — 5
3.2 Courbes de sédimentation.......................................................................... — 5
4. Théorie de la sédimentation ................................................................. — 6
5. Procédure de dimensionnement des décanteurs............................ — 7
5.1 Généralités ................................................................................................... — 7
5.2 Suspensions diluées.................................................................................... — 8
5.3 Suspensions concentrées ........................................................................... — 9
5.3.1 Méthode de Coe et Clevenger ........................................................... — 9
5.3.2 Méthode de Talmage et Fitch ............................................................. — 9
5.3.3 Méthode de Oltmann ......................................................................... — 9
5.3.4 Méthode de Wilhelm et Naide ........................................................... — 10
5.3.5 Comparaison des différentes méthodes de détermination
de la surface ................................................................................................. — 10
5.3.6 Détermination de la hauteur et du volume ...................................... — 10
5.3.7 Coefficients correcteurs ..................................................................... — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 3 452

a décantation est une opération unitaire, parmi les techniques de séparation


L liquide-solide basées sur le phénomène de sédimentation, qui consiste à
séparer d’un liquide les particules en suspension en utilisant les forces gravi-

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taires. Les procédés mis en œuvre diffèrent selon que l’on recherche seulement
à augmenter la concentration des solides (épaississage) ou que l’on vise à obte-
nir un liquide clair à partir d’une suspension diluée (clarification).
La sédimentation est réalisée sur différents types de matières solides en sus-
pension, parmi lesquelles on peut distinguer deux comportements opposés :
celui des particules grenues, qui décantent indépendamment les unes des
autres, et celui des particules plus ou moins floculées, qui ont des vitesses de
chute variables, fonction de la taille des flocs et de leur abondance.
La théorie de la décantation et la procédure de dimensionnement des appa-
reils tiennent compte de ces considérations.

1. Généralités 1.3 Domaines technologiques


d’application

1.1 Évolution La technologie de la sédimentation s’est perfectionnée principale-


ment dans deux domaines très différents : le traitement des eaux
(naturelles, domestiques et industrielles), d’une part, et celui des
Bien que la décantation fut utilisée de tout temps pour la clarifica- pulpes en minéralurgie et hydrométallurgie, d’autre part. Dans ces
tion des eaux de consommation, ce n’est qu’au début du XXe siècle deux grands domaines, les critères de choix des dimensions et de
que la concentration des minerais dans des laveries de grande capa- capacité des appareils ne sont pas les mêmes. En effet, le traitement
cité a rendu nécessaire de séparer de grands débits de solides et de des effluents liquides, et tout particulièrement le traitement des
liquides en opération continue. En 1906, Dorr a mis en œuvre, dans eaux, demande la clarification de débits importants de suspensions
une mine d’or du Dakota du Sud, un décanteur liquide-solide con- diluées. On doit, cependant, rechercher non seulement une surface
tinu. Ce décanteur consistait en une grande cuve circulaire, dont le minimale pour la décantation des particules mais aussi un volume
fond en pente était muni d’un mécanisme de raclage animé d’un minimal, bien que la clarification soit conditionnée par la floculation
mouvement rotatif lent, qui entraînait, vers la pointe centrale infé- et par le temps de séjour. En minéralurgie, la situation est tout autre,
rieure de l’appareil, les solides sédimentés. Ceux-ci étaient évacués car les pulpes sont en général relativement concentrées. On doit
par un orifice de décharge, sans créer de turbulence, de sorte qu’un pouvoir disposer d’une surface suffisante pour la décantation et
liquide clair débordait à la périphérie de la cuve. Le procédé s’éten- d’un volume suffisant, non pour floculer les particules solides de la
dit à pratiquement toutes les usines de traitement de minerais et à suspension, mais pour épaissir les boues. C’est la raison pour
un grand nombre d’industries tout au long du XXe siècle. laquelle on est amené à considérer les suspensions diluées et les
Dans les années 70 est apparu, en série sur le marché, un nouvel suspensions concentrées ou pulpes.
appareil : il s’agit du décanteur lamellaire, qui comporte des cloi-
sons inclinées, destiné à la clarification des suspensions diluées.
Toutefois, le principe est connu depuis fort longtemps puisque le
premier brevet a été déposé aux États-Unis en 1886. 1.4 Caractéristiques des suspensions

1.2 Principe de la décantation statique Les particules peuvent sédimenter selon des régimes différents
du fait que le comportement de chaque particule est influencé à la
fois par la dilution de la suspension et par les interactions entre les
particules. On distingue les cas suivants (Dahlstrom et Fitch, 1985).
La décantation statique fait appel à la sédimentation de particules
solides dans un liquide, qui est habituellement de l’eau ou une solu-
tion aqueuse, sous l’action de la pesanteur. Elle est continue quand ■ La sédimentation individuelle est réalisée pour des dilutions
on extrait en permanence les matières qui se sont déposées (sous- importantes. Dans ce cas, chaque particule est suffisamment éloi-
verse ou boues) et que l’on recueille simultanément et séparément gnée de sa voisine, et la vitesse individuelle de sédimentation
le liquide clarifié (surverse ou surnageant ou liquide clair). De nom- décroît à mesure que la dilution de la suspension augmente. Pour
breux facteurs régissent la séparation solide-liquide, dont les princi- qu’il y ait décantation des particules les plus fines, il faut qu’elles
paux sont : puissent sédimenter dans un courant ascendant de liquide. On peut
aussi effectuer une séparation granulométrique ou hydrosépara-
— la taille des particules solides et leur distribution tion, en utilisant l’effet du courant ascendant, les fines particules
granulométrique : les particules les plus fines ont la vitesse de étant alors évacuées avec le débordement du décanteur.
sédimentation la plus lente et les boues en résultant sont moins
chargées en solides que lorsqu’il s’agit de particules grossières ; ■ La sédimentation des flocs résultant de la collision des particules,
— la concentration en solides, qui conditionne la surface unitaire est réalisée avec ou sans addition d’un agent floculant à la suspen-
des appareils (m2 · t−1 · h−1) ; sion diluée. On assiste alors à une clarification progressive et il n’y
— la différence entre les masses volumiques du solide et du a pas d’interface nette entre le liquide surnageant et les particules en
liquide, la forme et les caractéristiques superficielles des solides et cours de sédimentation. La vitesse du courant ascendant est alors le
la viscosité du liquide, qui influent sur la vitesse de sédimentation. facteur principal régissant la clarification.

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■ La sédimentation globale résulte de la sédimentation d’une sus- diamètre des particules favorise la sédimentation de façon très
pension concentrée au point que chaque particule ou floc soit en significative, de sorte que la floculation est devenue une partie
contact avec des entités adjacentes. On obtient alors une structure intrinsèque de la sédimentation. La plupart des matériaux en sus-
plastique et il se produit une sédimentation d’ensemble présentant pension dans un liquide sont naturellement floculés et, de ce fait,
une interface nette entre le liquide surnageant et la masse boueuse peuvent être concentrés par sédimentation, bien que celle-ci soit
qui décante en piston. La vitesse de déplacement de cette interface parfois très lente.
est constante pendant un certain temps. Les particules gardent les
mêmes positions relatives, cependant, en se rapprochant du fond
du décanteur elles sont gênées dans leur mouvement et leur vitesse
de chute diminue. Il se forme alors dans le fond du décanteur une 2.1 Suspensions diluées
zone de concentration supérieure à celle voisine de l’interface et
dont la hauteur va en augmentant. Cette zone correspond à l’épais-
sissage des boues.
2.1.1 Particules isolées
■ La sédimentation en compression prend le relais du régime pré-
cédent quand la structure de la pulpe devient suffisamment com-
pacte pour développer une force de compression. La subsidence de Lorsque la concentration en volume des solides en suspension
chaque couche est ralentie par le comportement mécanique des est inférieure à 0,5 %, on considère que les particules sont suffisam-
couches sous-jacentes, chaque couche étant soumise à une com- ment éloignées les unes des autres et que, de ce fait, chacune
pression qui entraîne l’expulsion du liquide et favorise ainsi l’aug- d’entre elles sédimente comme si elle était isolée dans le liquide. En
mentation de la concentration en solide. fonction du nombre de Reynolds de la particule, il existe trois régi-
mes de sédimentation : un régime laminaire ou régime de Stokes,
■ La sédimentation hétérogène correspond à un régime particulier un régime de transition et un régime turbulent ou régime de New-
où des perturbations interviennent dans la séparation des phases ton.
lors de la sédimentation en compression. Certaines pulpes présen-
tent des mouvements locaux intermittents de liquide, ou de suspen- Dans un fluide, un solide en mouvement libre est soumis à trois
sion diluée, de bas en haut. Ce phénomène peut se traduire à forces :
l’interface « liquide clair − pulpe » par le dégagement de bulles. Par-
fois, il prend naissance dès le régime de sédimentation globale. Le — son poids, fonction de sa masse volumique (ρs ), de son
résultat final est un épaississement plus rapide de la pulpe. La volume et de l’accélération gravitaire (g ) ;
nature exacte des mécanismes mis en jeu est mal connue.
— la poussée d’Archimède, fonction de la masse volumique du
Il faut noter que la transition entre les différents régimes se fait de fluide (ρf ), du volume du solide et de l’accélération (g) ;
manière continue et le classement qui vient d’être proposé constitue
une simplification pour mieux les caractériser. — les forces de frottement, fonction du carré de la vitesse relative
du solide par rapport au fluide, du maître-couple (surface de la pro-
jection, égale à πd 2/4 pour une sphère de diamètre d) et du coeffi-
cient de traînée du solide dans le fluide (Cx ), qui varie en fonction de
1.5 Place de la décantation la forme et du nombre de Reynolds (Re) de la particule.
dans les opérations de séparation Après un certain temps de chute accélérée, une particule atteint
liquide-solide une vitesse limite de chute (Ulim). Dans le cas d’une particule sphé-
rique de diamètre d, cette vitesse est donnée par la relation
suivante :
La séparation liquide-solide ne peut en aucun cas être totalement
assurée par la seule opération de décantation. Elle est généralement
une combinaison de plusieurs méthodes. Par exemple, en minéra- 4d ⎛ ρs ⎞
lurgie, la décantation permet d’obtenir une pulpe épaissie à 55-65 % U lim = ---------- ⎜ ----- – 1⎟ g (1)
3C x ρ
⎝ f ⎠
de solides en masse. La pulpe épaissie est ensuite filtrée pour obte-
nir un gâteau à 80-90 % de solides. Un séchage ultérieur conduit à
un produit final à 95 % de solides, et exceptionnellement à 98-99 %. Et le nombre de Reynolds de la particule s’exprime par la
Par contre, en traitement des eaux, où les suspensions de départ relation :
sont extrêmement diluées, les boues obtenues par décantation
après coagulation-floculation, ou par un traitement biologique, con-
U lim ρ f d
tiennent 5 à 10 % en masse de matières sèches. Les solides résul- Re = ---------------------
- (2)
tants sont très hydrophiles et seul un pressage conduit à des ηf
« gâteaux » contenant au maximum 30 % de solides.
avec ηf viscosité dynamique du fluide.

Les résultats de nombreux travaux expérimentaux ont conduit à


2. Vitesse de sédimentation délimiter plusieurs domaines en fonction de la valeur de Re, comme
le montre le tableau 1, qui donne également les relations exprimant
des particules la vitesse limite de chute des particules pour chaque domaine, en
fonction de Cx.
dans un liquide
La valeur inférieure du domaine de validité de la loi de Stokes
(Re < 10−4) correspond à la distinction que font les exploitants de la
La théorie de la sédimentation de solides fins dans un liquide, qui décantation entre une « particule » et un « colloïde ». En pratique,
obéit à la loi de Stokes, montre que la vitesse de chute d’une parti- les particules de dimension inférieure au micromètre ont des vites-
cule est proportionnelle à la différence des masses volumiques ses limites de sédimentation inférieures au µm/s. Cette vitesse est
entre la particule et le liquide et au carré de la dimension de la parti- du même ordre de grandeur que celle de la diffusion brownienne
cule. En conséquence, tout phénomène susceptible d’augmenter le (agitation thermique).

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Tableau 1 – Vitesse limite de chute des particules sphériques en fonction du nombre de Reynolds
Re Cx Ulim Domaine

< 10−4 La loi de Stokes ne s’applique pas, car le mouvement des particules est influencé par le mouvement brownien
10−4 à 1 24/Re 0,545(ρs − ρf )ηf−1d 2 Régime laminaire
1 à 10 26/Re0,77 0,57(ρs − ρf )0,814 ηf −0,625 d 1,439 Régime
de transition
10 à 102 20/Re0,65 0,73(ρs − ρf )0,741 ηf−0,481 d 1,222
102 à 103 4,92/Re0,346 1,81(ρs − ρf )0,604 ηf−0,209 d 0,813
103 à2 105 0,44 5,40(ρs − ρf )0,5 d 0,5 Régime turbulent

2.1.2 Particules floculées masse volumique ou, enfin, sur la géométrie des écoulements. Pour
ce faire, les techniques mises en œuvre sont la décantation en lit de
Si l’on considère les temps de décantation de particules isolées, boues ou à recirculation de boues, la décantation de flocs lestés et
les données du tableau 2, obtenues d’après la loi de Stokes, mon- la décantation tubulaire ou lamellaire [J 3 451].
trent que les propriétés de surface deviennent primordiales pour les
particules ultrafines. L’interaction entre les particules induit leur
agrégation, lorsque les forces répulsives, dues à des charges électri- 2.2 Suspensions concentrées
ques superficielles, sont contrebalancées par des forces attractives
de type Van der Waals. La déstabilisation de la suspension de très
fines particules revient donc à diminuer les forces de répulsion élec- Dès que la concentration volumique en solides devient élevée
trostatiques. Elle peut être naturelle ou provoquée par l’ajout de (> 0,5 %), les interactions entre particules ne sont plus négligeables.
réactifs chimiques (coagulants et/ou floculants). Les fines particules La sédimentation est gênée et la vitesse de décantation freinée. Les
donnent alors des microflocs, puis des flocs ou flocons volumineux, particules adhèrent entre elles et la masse décante en piston avec
qui sédimentent facilement. La formation des microflocs est régie une interface nette entre les boues et le liquide surnageant. Théori-
par la diffusion brownienne, tandis que la formation des flocs est quement, pour calculer la vitesse de sédimentation, il faut faire
régie par l’énergie dissipée dans le volume occupé par un liquide de intervenir la masse volumique et la viscosité équivalente de la sus-
viscosité donnée, créant ainsi un gradient de vitesse. pension.

2.2.1 Vitesse limite de chute


Tableau 2 – Temps de sédimentation pour différentes
particules, d’après la loi de Stokes (Degrémont, 1989) En régime laminaire (Re < 1) et en milieu newtonien, on peut
admettre que la viscosité cinématique équivalente d’une suspen-
Diamètre Temps de décantation sion (νm) et sa masse volumique (ρm) s’expriment approximative-
Type de particules
(µm) pour 1 m d’eau ment à partir de celles du liquide (νf et ρf ) suivant les relations :
Graviers..................... 10 000 1s
D + ( 1 ⁄ ρs )
Sables........................ 1 000 10 s ν m = ν f ---------------------------- (3)
D – D lim
Sables fins................. 100 2 min
Argiles....................... 10 2h D ρf + 1
ρ m = ---------------------------
- (4)
Bactéries.................... 1 8j D + ( 1 ⁄ ρs )

avec D et Dlim, dilutions (volume du liquide par unité de masse de


solides) de la suspension et de la boue en fin de sédimentation (tas-
On constate que, pour une suspension floculée, la décantation se sement), respectivement.
déroule suivant plusieurs phases, comme d’ailleurs dans le cas des En remplaçant ρf par ρm et νf par νm dans l’équation de la loi de
suspensions concentrées : Stokes en régime laminaire (tableau 1), on obtient la valeur approxi-
— la formation d’une interface plus ou moins bien marquée ; mative de la vitesse limite de chute des particules en suspension
— une décantation « en piston » de cette interface, à une vitesse concentrée, soit :
régulière ;
— un tassement à vitesse décroissante, appelée par convention ( ρ s – ρ f ) ( D – D lim )d 2
phase de compression des boues. U lim = 0,545 ------------------------------------------------------------------------ (5)
[ ( 1 ⁄ D ) + ρf ] [ D + ( 1 ⁄ ρs ) ] νf
La première phase correspond à une floculation de la suspension.
La seconde phase est particulièrement importante, car c’est dans ce Dans le cas des particules floculées, la valeur de Ulim est obtenue
domaine de concentrations de particules que travaillent les en remplaçant, dans la relation (5), Dlim par Dc , la dilution corres-
décanteurs à lit de boues, où la décantation est souvent assistée par pondant au début de compression.
des prétraitements ou par des pulsations permettant une meilleure
floculation. En ce qui concerne les lois de sédimentation, on se rap-
proche alors des suspensions concentrées. Enfin, la dernière phase 2.2.2 Temps de séjour
correspond à l’épaississement des boues.
Pour faciliter le passage de la première phase à la deuxième La vitesse de floculation est fonction de la concentration en soli-
phase, il est possible d’agir sur le diamètre des particules, sur leur des et la vitesse de décroissance de la concentration en matière flo-

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culée est proportionnelle au carré de cette concentration (Rivet,


1981) : Hauteur
de l'interface h
dC
− ------- = kC 2 (6)
dt a
soit après intégration,

1 1
---- – ------ = kt (7)
C C0

avec C0 concentration initiale en solides de la b

Domaine I
suspension,
C concentration en solides au temps t,
k constante de floculation, c
Domaine II
t temps de séjour.
Domaine III
Domaine IV

3. Détermination Temps de sédimentation t


expérimentale des vitesses
Figure 2 – Allure générale d’une courbe de sédimentation
de sédimentation
Toutefois, il ne peut y avoir d’interface que si la suspension à
3.1 Comportement d’une suspension décanter ne contient pas de particules ou de flocons ultrafins, et
qu’il y ait en présence une assez grande quantité de flocons et de
en éprouvette particules équitombantes, de sorte que la concentration en solides
sous cette interface soit assez élevée. L’interface est d’autant plus
nette que la vitesse de chute sous l’interface est faible, c’est-à-dire
Si l’on verse dans une éprouvette une suspension de concentra- que la concentration en solide est élevée. Dès que la dilution de la
tion suffisante (> 0,5 % en volume), on observe les phénomènes sui- suspension au départ dépasse de 8 à 10 fois celle du début de com-
vants (figure 1) : pression, il n’y a plus d’interface nette et on ne peut plus parler de
— au départ les gros grains sédimentent rapidement et se vitesse de décantation d’interface (on retrouve alors les caractéristi-
déposent sur le fond de l’éprouvette (zone a). La hauteur de cette ques des suspensions diluées).
zone augmente rapidement et se stabilise après la décantation des
sables de dimension supérieure à 0,1 mm ;
ensuite, il apparaît rapidement, et parfois immédiatement, une 3.2 Courbes de sédimentation
interface entre un liquide clair (zone b) et une phase boueuse. La
phase boueuse peut être elle-même divisée en deux parties : une
partie supérieure conservant l’aspect de la suspension de départ
Après avoir versé la pulpe à décanter dans une éprouvette cylin-
(zone c) et une zone inférieure d’aspect intermédiaire (zone d).
drique de section S, on étudie le comportement de la suspension en
sédimentation, en traçant la variation de la hauteur h de l’interface
séparant le liquide clair de la suspension, ou la variation du
volume V, en fonction du temps écoulé depuis le début de la
i décantation (figure 2). La vitesse de sédimentation est représentée
b à tout moment par la tangente à la courbe au point d’abscisse t, et
b l’on a :
b
b dh
U = − ------ (8)
-
c c dt
dV
ou U = − --------- (9)
Sdt
d
d d
d La courbe présente quatre domaines :
a a a a
— domaine I : il correspond à la durée initiale de floculation et est
souvent inexistant si la floculation est rapide ;
— domaine II : c’est le domaine où les flocs commencent à se ras-
i état initial de la suspension homogène sembler en flocons et la vitesse de décantation est constante ; celle-
a grosses particules ci s’écrit :
b liquide clair hb – ha
c zone de même aspect que la suspension initiale U = ----------------- (10)
tb – ta
d zone intermédiaire
Vb – Va
Figure 1 – Évolution de l’aspect d’une suspension en sédimentation
ou U = ------------------------
- (11)
dans une éprouvette S ( tb – ta )

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yy
;;
Sédimentation Consolidation Compression
h – h∞

;;
yy
Hauteur
h 10
8
Type 1 Type 2 Type 3
10 6 b a, b
b

;;
yy
8
6 4
c
4 c
b

;;
yy
2 a
2

b
1 1 a
1 2 4 6 8 10 0 1 2 3 4 5 6 7

;y
t t

Figure 3 – Représentation lg-lg et semi-lg (Roberts) d’une courbe 0 0 0 0


de sédimentation Temps
a Pulpes minérales b Boues

Suspension sous forme de flocs séparés


— domaine III : à partir du point b, interviennent les actions per- Suspension sous forme d'un milieu poreux
turbatrices entre les flocons et les particules. Ce point est souvent
mal défini sur la courbe ; Figure 4 – Courbes typiques de sédimentation de suspensions
— domaine IV : à partir du point c, les éléments solides isolés et floculées
les flocons sont en contact et forment des pseudoréseaux semi-rigi-
des. Le liquide contenu est évacué à travers la masse des sédiments
suivant les vides créés par ces pseudoréseaux et à la suite de glisse-
ments des couches de boues. Le domaine IV est appelée zone de 4. Théorie
compression et le point c est le point de début de compression.
Quand l’interface, dans son mouvement descendant, rencontre la de la sédimentation
limite supérieure de cette zone, sa vitesse de déplacement diminue
et la courbe de sédimentation s’infléchit pour devenir asymptotique
à une droite parallèle à l’axe des abscisses. La modélisation de la sédimentation est due à Kynch (1952), qui
propose la théorie suivante : la vitesse de chute de particules rigides
Une construction graphique lg-lg (figure 3) permet de déterminer en sédimentation libre ne dépend que de la concentration locale en
assez nettement le point c et parfois le point b. On retrouve spatiale- solide de la suspension. Elle est une fonction décroissante de la con-
ment les domaines II, III et IV de la représentation schématique des centration en solide. Les particules de même dimension, de même
concentrations dans un décanteur-épaississeur (Perry et Chilton, forme et de même masse volumique sont équitombantes et leur
1973). concentration est uniforme pour chaque niveau de la colonne de
sédimentation.
Le point de compression c peut également être déterminé par la
méthode de Roberts (figure 3), qui fait intervenir la dilution : Ainsi, à partir d’essais en éprouvette, Kynch trace dans le dia-
gramme (h, t) les droites d’isoconcentration correspondant aux
niveaux où la concentration a une valeur C donnée, et à leur dépla-
dD
-------- = k ( D – D ∞ ) (12) cement dans le temps (figure 5). La pente de ces droites est donnée
dt par la relation :

avec D∞ , dilution finale, dh


------- = v ( C ) (14)
dt
d’où lg (h − h∞ ) = k (t − tc ) (13)
avec v(C) vitesse de déplacement d’un plan de concentration
Kos (1980) observe qu’il existe trois types de courbes de constante (C), par rapport à l’éprouvette.
sédimentation de suspensions floculées selon trois domaines de Dans le triangle ab0, les vitesses de chute sont constantes. Leur
concentration (figure 4) : équation s’écrit, pour Ca < C < Cb :
— la zone de type 1, ou zone de sédimentation, où l’on observe le h = h0 + v(C)t (15)
déplacement vers le haut des flocs déposés sur le fond de
l’éprouvette ; elle correspond à la décantation des suspensions pour Les droites d’isoconcentration situées dans ce triangle traduisent
la montée à travers la suspension à la vitesse v (C), d’un niveau de
lesquelles la concentration C0 est comprise entre Cc et 1
--- Cc (Cc étant concentration C à travers lequel les particules sédimentent à la
3
la concentration des boues au point de compression c) ; vitesse U(C) = − dh/dt. Au temps t, le flux (ou nombre) de particules
qui ont traversé ce niveau est égal à (v + U)C.
— la zone de type 2, ou zone de consolidation, est une zone inter-
médiaire et correspond à la formation de pores grossiers intercon- Dans le tronçon bc, on assiste à un ralentissement progressif de la
nectés pour donner des canaux ; vitesse de chute du dépôt, et les lignes d’isoconcentration consti-
tuent dans le triangle b0c un faisceau de droites passant par l’ori-
— la zone de type 3, correspondant au phénomène proprement gine, ce qui signifie que dès le démarrage de la décantation, les
dit de compression, la tendance à donner des canaux diminuant couches voisines du fond passent par toutes les concentrations
avec une concentration croissante. comprises entre la concentration initiale C0 et celle correspondant

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Hauteur de l'interface, h Flux de sédimentation

b
GL
c d

Us
0
Temps de sédimentation, t C0 Cs Cmax
Figure 5 – Courbe de sédimentation et droites d’isoconcentration Concentration locale
(Kynch, 1952)
Figure 6 – Courbe de flux de sédimentation

au point du début de compression (Cc ). L’équation de ces droites


s’écrit : Aussi, toute tentative de modélisation et de simulation de l’épais-
sissage d’une suspension est-elle basée sur l’évaluation de la
h = v (C)t (16)
concentration maximale que l’on peut obtenir dans la sous-verse
pour Cb < C < Cu ; Cu étant la concentration ultime du dépôt au fond (Hogg et al., 1995). Certains auteurs (Buscall et al., 1987) font inter-
de l’éprouvette. venir la résistance à la compression du sédiment déposé.
La théorie de Kynch analyse donc les changements de concentra- Cependant, la théorie de Kynch et celles qui en dérivent (Talmage
tion qui se produisent durant la sédimentation des particules dans et Fitch, 1955 ; Yoshioka et al., 1957 ; Hassett, 1958, 1964 et 1968 ;
une suspension monodisperse, et postule qu’il n’existe qu’une Shannon et al., 1963 ; Jernqvist, 1965 ; Shannon et Torry, 1965 et
seule vitesse de sédimentation (U) pour chaque concentration en 1966), ne s’appliquent pas rigoureusement aux phénomènes de
solide (C). La suspension est de ce fait caractérisée, dans tout le sédimentation en continu pour plusieurs raisons :
domaine de concentration, par la simple relation entre U et C, ce qui
implique l’existence d’une courbe de flux pour chaque suspension, — dans la plupart des cas, les suspensions sont plus ou moins
dont la relation s’exprime par : hétérogènes ;
— en général, on se situe dans le domaine de la sédimentation
G = UC (17) gênée, même si au départ on pouvait considérer qu’elle était libre.
Il en résulte que, à n’importe quel niveau de l’éprouvette, le flux En fin d’opération, les particules sont en contact les unes avec les
de particules détermine la concentration en solide, et inversement il autres ;
est déterminé par celle-ci. En se plaçant à une hauteur h à partir du — la complexité du système est accrue par la formation de flocs,
fond de l’éprouvette, où la concentration est Ch à l’instant t, la varia- dont la structure plus ou moins lâche confère une masse volumique
tion de G avec h fait que la concentration doit aussi varier et l’on a : telle qu’un floc peut sédimenter plus lentement que les particules
d G = − v dC h (18) individuelles.
Pour mieux rendre compte du processus de sédimentation en
Et pour une couche d’épaisseur dh située au niveau h, au temps t, continu pour les opérations d’épaississage et pour les suspensions
la conservation de la matière s’exprime par l’équation : floculées, dont la forme des courbes de sédimentation obtenues par
∂C ∂G des essais en éprouvette dépend de la consolidation de la matrice
------- = ------- (19) de solides interconnectés, il existe d’autres modèles basés sur
∂t ∂h diverses théories décrivant l’écoulement de liquide à travers un
Ou encore en tenant compte de (18) : milieu poreux déformable (Michaels et Bolger, 1962 ; Fitch, 1962 ;
Dell et al., 1966 et 1968 ; Shirato et al., 1970 ; Shin et Dick, 1974 ; Kos
∂C ∂C et Adrian, 1975 ; Kos, 1977 et 1978).
------- + v ------- = 0 (20)
∂t ∂h
Il devient donc possible de comparer les modes de sédimentation
pour des suspensions diluées et concentrées, en traçant les courbes
de flux G = f (C). 5. Procédure
Dans une opération de décantation en continu, la courbe de flux de dimensionnement
permet de déterminer un flux critique ou flux limite GL, obtenu en
traçant la tangente à cette courbe à partir du point Cs, concentration des décanteurs
de la boue dans la sous-verse (figure 6). Si on établit un flux supé-
rieur à GL, les solides en excès s’accumulent dans le décanteur,
l’interface boue/suspension monte lentement jusqu’au moment où
les solides passent dans la surverse (Concha, 1995). La surcharge 5.1 Généralités
d’un épaississeur est, dans la réalité industrielle, un phénomène qui
s’établit lentement et on peut tolérer en pratique une surcharge pen-
dant quelques heures. Dans le cas contraire, où l’alimentation est Pour le dimensionnement des décanteurs, les données de base
très diluée, l’épaississeur travaille en clarificateur. s’expriment :

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— en terme de volume de suspension à traiter par unité de sur-


face et de temps (m3 · m−2 · h−1), caractérisé par la charge hydrauli-
que superficielle (cf. § 5.2) à laquelle on doit lier le temps de séjour ;

yy
;;
Alimentation
c’est le cas des suspensions diluées ;
— en terme de flux massique des particules à décanter par unité
de surface et de temps (kg · m−2 · h−1), caractérisant la quantité de

;;
yy
matière en suspension à décanter ; c’est le cas des suspensions
concentrées.
Surverse
Dans les deux cas, on est amené à effectuer des essais en éprou-
Zone A
vette pour évaluer la vitesse de sédimentation.
Il existe plusieurs procédures empiriques pour déterminer la sur- Zone B
face d’un décanteur à partir de la courbe de sédimentation obtenue
par décantation d’une suspension dans une éprouvette d’au moins Zone C
un litre de capacité. Il est nécessaire d’opérer sur des échantillons
représentatifs et à température constante.
Zone D
Un décanteur travaillant en continu peut être divisé en quatre
zones, comme le montre la figure 7 (Perry et Chilton, 1973) :
— zone A : le liquide est clarifié et passe en surverse ;
— zone B : la suspension a une concentration en solide relative-
ment uniforme et les conditions de sédimentation libre sont
prédominantes ; Sous-verse
— zone C : on se trouve en zone de transition où les conditions
évoluent du régime de sédimentation libre au régime de
compression ;
Figure 7 – Représentation schématique d’un décanteur à flux vertical

;yy;
— zone D : la compression des solides force le liquide à sortir de
l’espace interparticulaire.
La surface du décanteur doit être suffisante pour permettre à la
particule, dont la vitesse de chute est la plus faible, d’atteindre le
fond de l’appareil. Or, puisque la vitesse de chute varie suivant la
zone où l’on se situe, il est nécessaire que le volume soit suffisam-

Zone de sortie
Zone d'entrée

Uf
ment grand pour que la particule puisse passer d’une zone à l’autre. Uf
De même, le débit de la surverse clarifiée doit être limité, afin d’évi-

y;
H
ter toute turbulence dans l’appareil, et la vitesse ascendante du Ulim Ulim
liquide doit être inférieure à la vitesse de sédimentation de la parti-
cule la plus lente (Suttill, 1991).
Zone de boues

5.2 Suspensions diluées L

En clarification, un décanteur est un appareil permettant de satis- particules grenues


faire deux conditions : particules floculées
— la séparation proprement dite, qui requiert de fournir une
région dans laquelle le régime hydrodynamique est propice à la Figure 8 – Coupe schématique d’un décanteur à flux horizontal
séparation solide-fluide ;
— la gestion des flux de sous-verse et surverse après séparation,
qui impose des contraintes géométriques à la conception du conséquent, une particule est retenue par le décanteur de lon-
décanteur. gueur L si :
La combinaison de ces deux conditions fait que le décanteur le
plus simple est constitué d’une cuve parallélépipèdique munie U lim U f
- > ------
---------- (22)
d’une zone d’entrée et de deux zones de sortie (une pour la surverse H L
et l’autre pour les boues), comme l’illustre la figure 8.
et, en tenant compte de la relation (21) :
Dans un décanteur à flux vertical, toute particule dont la vitesse de
sédimentation est supérieure à la vitesse ascendante du liquide est U lim Q
retenue dans la sous-verse. - > -----------
---------- (23)
H HL
Dans un décanteur à flux horizontal, le débit (Q) qui traverse uni-
formément le décanteur de profondeur (H) et de largeur (  ) , permet soit : Q
U lim > ------ (24)
-
d’obtenir une vitesse horizontale de transfert du fluide suivant la SH
relation :
ou : Ulim > UH (25)
Q
U f = ------- (21) avec SH surface horizontale du décanteur,
H
UH = Q /SH vitesse de Hazen (ou charge hydraulique
Dans la zone intermédiaire de décantation, les particules acquiè- superficielle) qui est donc indépendante de la
rent une vitesse limite de chute donnée par la loi de Stokes. Par profondeur du décanteur.

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5.3 Suspensions concentrées


Flux de sédimentation

5.3.1 Méthode de Coe et Clevenger


Bien que la méthode soit ancienne, la relation de Coe et Clevenger
(1916) est couramment utilisée pour déterminer la surface néces-
saire à mettre en œuvre pour assurer la sédimentation d’une pulpe. 3
Pour que l’opération soit satisfaisante, il faut que la surverse de 1
l’appareil de décantation soit constituée d’un liquide clarifié. En con-
séquence, si la zone de clarification présente une profondeur insuf- GL
fisante, les fines particules peuvent être entraînées dans la surverse.
2
Dans une opération en continu et à l’équilibre, le débit de la surverse
est égal à la différence entre le débit de pulpe à l’entrée du
décanteur et le débit de la sous-verse extraite à la base du
décanteur. Us
Si D est le rapport massique liquide/solide, ou dilution, en un
point donné du décanteur-épaississeur, DB la dilution de la sous- C0 CL Cs Cmax
verse, Ms le débit massique de solide sec entrant, le débit massique Concentration locale
de liquide qui passe en surverse ( M  ) est : 1 Flux de sédimentation
M  = (D − DB)Ms (26) 2 Flux de soutirage
3 Flux total (= 1 + 2)
Et la vitesse ascensionnelle du liquide Ua s’écrit :
Figure 9 – Courbes de flux dans un décanteur travaillant en continu
( D – D B )M s
U a = ------------------------------
- (27)
S ρf
la sous-verse et dans la suspension à l’entrée, et de la vitesse de
avec S surface de l’épaississeur, sédimentation U. Mais puisque U est fonction de C et que l’alimen-
ρf masse volumique du liquide. tation a une concentration C inférieure à la concentration de la sous-
À l’équilibre, la vitesse du courant ascensionnel ne doit pas verse Cs , Coe et Clevenger déterminent U pour un certain nombre
dépasser, en un point donné de l’épaississeur, la vitesse de de valeurs comprises entre C et Cs et calculent G pour ces valeurs.
sédimentation. On constate généralement que G passe par un minimum (Gmin), qui
sert à déterminer la surface du décanteur, et l’on a la relation :
En considérant les flux de solide (Jernqvist, 1965 et 1966 ; Rivet,
1981), si C est la concentration en solide, U la vitesse relative de MS
sédimentation des particules par rapport à la suspension pour la S = ------------- (33)
concentration C, Us la vitesse de déplacement vers le bas de la boue G min
dans son ensemble à la suite de l’évacuation de la sous-verse à la
base du décanteur, le flux solide traité, G (courbe 3 sur la figure 9), Cette constatation est en accord avec la théorie qui a été déve-
résulte à la fois de la sédimentation des solides dans la suspension loppée plus tard par Kynch.
(courbe 1 sur la figure 9) et du déplacement global de celle-ci vers le
bas (courbe 2 sur la figure 9) :
G = C [U + Us ] (28) 5.3.2 Méthode de Talmage et Fitch
Or, puisque :
Talmage et Fitch (1955) simplifient la méthode de Coe et Cleven-
Q ger. Il s’agit, après avoir déterminé le point de compression c sur la
U s = -------B (29) courbe de sédimentation, de mener en ce point la tangente à la
S
courbe. On trace l’horizontale au point hB correspondant à la
QB concentration de boues désirée CB , sachant que :
on a : G = C ⎛ U + ------- ⎞ (30)
⎝ S ⎠
h0 C 0 = h B C B (34)
avec QB débit des boues extraites sous forme de sous-
verse, On détermine graphiquement tB à partir de l’intersection de l’hori-
zontale d’ordonnée hB et la tangente au point de compression c
S surface du décanteur
(figure 10), et la surface du décanteur est donnée par la relation :
À l’équilibre, en régime continu, il n’y a pas accumulation de soli-
des dans l’appareil et l’on peut écrire : tB
S = --------------
- (35)
Q h0 C0
G = C s -------B (31)
S Cette méthode a les faveurs de la société Dorr-Oliver (Suttill,
En combinant (30) et (31), il vient : 1991).

U
G = ---------------- (32)
1 1 5.3.3 Méthode de Oltmann
---- – ------
C Cs

Le flux de solide G que l’on peut traiter dans un décanteur de sur- On utilise l’abcisse t y du point d’intersection entre la droite
face unitaire est donc fonction de la concentration des solides dans d’ordonnée hB et la droite joignant le point d’ordonnée h0 de la

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Tableau 3 – Valeurs comparées des surfaces unitaires


Hauteur de l'interface obtenues par différentes méthodes, pour la décantation
des phosphates et des kaolins floculés
h0
Méthode Phosphates Kaolins floculés
Coe et Clevenger................... 0,86 0,30
Oltmann................................. 0,90 0,29
Wilhelm et Naide................... 0,96 0,30
Talmage et Fitch.................... 1,29 0,43

5.3.6 Détermination de la hauteur et du volume


c
Dans le cas des suspensions concentrées pour lesquelles la flocu-
hB lation est pratiquement immédiate et la sédimentation rapide, la
hauteur du décanteur n’intervient pas, à la différence des suspen-
sions diluées. Le décanteur est relativement plat. Augmenter sa hau-
ty tB teur et son volume n’augmente guère la qualité de la surverse. On
Temps de sédimentation
fixe donc à environ 1 m la hauteur du liquide clair.
Par l’étude de la courbe de sédimentation dans le domaine de la
Courbe de sédimentation compression, on détermine le temps de séjour moyen des boues
Courbe d'Oltmann
(tm) pour atteindre la concentration finale souhaitée. On en déduit le
volume de boue VB et la hauteur hB qui doit être au maximum égale
Droite de Talmage et Fitch à 1 m. Si hB est supérieur à 1 m, on recalcule une nouvelle sur-
face S’.

Figure 10 – Courbe de sédimentation montrant les constructions À cette hauteur hB il faut ajouter la hauteur correspondant à la
de Oltmann et de Talmage et Fitch (Suttill, 1991) zone C, dite zone de transition (figure 7), que l’on prend égale à
0,60 m, et une hauteur supplémentaire définie par le constructeur
pour tenir compte de la présence des râteaux entraînant les
courbe et le point c, dite droite d’Oltmann (figure 10). On écrit (Sut- sédiments vers l’orifice de décharge de la sous-verse.
till, 1991) :
Il faut toutefois noter que, avec des boues hautement floculées, la
ty hauteur de la zone de compression doit être plus élevée que celle
S = --------------
- (36) donnée par la courbe de sédimentation. Kos (1979) décrit une
h0 C0 méthode permettant d’évaluer cette zone de compression, mais elle
n’est pas standardisée ; seuls des tests pilote ou à grande échelle
donnent des résultats valables.
5.3.4 Méthode de Wilhelm et Naide

Cette méthode (Wilhelm et Naide, 1979) est basée sur le modèle 5.3.7 Coefficients correcteurs
de Yoshioka (1955), lui-même dérivé du modèle de Kynch. En
portant les vitesses en fonction des concentrations sur un dia-
gramme lg-lg, on observe que les points expérimentaux s’alignent Les avis sont très partagés sur les coefficients correcteurs à appli-
suivant 2 ou 3 portions de droite (Dahlstrom, 1980). Pour chaque quer à la surface du décanteur (S ). Le dimensionnement fait appel à
segment de droite, on définit un coefficient n, qui est la pente de ce l’expérience des constructeurs. On majore généralement d’un coef-
segment de droite, et une constante k que l’on obtient en faisant ficient multiplicateur de 1,25 à 1,5 les surfaces unitaires calculées
C = 1. La surface unitaire Su (m2 · t−1 · j−1) est calculée à partir de la par la méthode de Coe et Clevenger. Pour les décanteurs de diamè-
concentration Cs de la sous-verse (t/m3) selon l’expression : tre supérieur à 15 m, on prend un coefficient de 1,3 à 1,35. Ce coeffi-
cient peut atteindre 1,5 pour les petits épaississeurs.
( n – 1 ⁄ n )n – 1 Pour les valeurs de S obtenues avec les méthodes récentes, on
S u = ---------------------------------- C sn – 1 (37)
kn applique un facteur moyen de 1,2 de façon empirique. Toutefois, si
l’on recherche plus de rigueur, il faut prendre en considération la
Cette surface doit être corrigée par un coefficient tenant compte dilution De de la suspension à l’entrée et sa dilution au point de
de la hauteur des boues lors de l’expérimentation en laboratoire et compression Dc. Les coefficients correcteurs sont donnés dans le
en pilote. tableau 4.

5.3.5 Comparaison des différentes méthodes Tableau 4 – Valeurs des coefficients correcteurs en fonction
de détermination de la surface de la dilution de la suspension à l’entrée du décanteur (De)
Une comparaison a été faite par Pearse (1980) entre les différentes Dilution, De Coefficient correcteur
méthodes pour le calcul des surfaces unitaires en les appliquant à
des phosphates et des kaolins floculés (tableau 3). Il apparaît que les De < 1,7 Dc Pas de coefficient correcteur
résultats des 3 premières méthodes sont très homogènes. Cepen- 1,7 Dc < De < 3 Dc 1,05
dant, la pratique montre que la méthode de Talmage et Fitch sures-
3 D c < De < 4 D c 1,15
time la surface de l’épaississeur, alors que la méthode de Coe et
Clavenger la sous-estime. De > 4 Dc 1,30

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