Sousse
public
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Année universitaire : 2017/2018
1
Ahmed OURFELLI, « Etudes en droit fiscal », vol 2, GLD, Tunis, 2007, p. 21.
2
Dalinda JMAL, « Les modalités de paiement des impôts directs au profit de l’état »,
mémoire pour l’obtention du D.E.A en droit des affaires, faculté de droit de Sfax, 1998-1999,
p.8.
3
Code de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les sociétés.
2
Le professeur a défini la retenue à la source comme étant « la perception
anticipée à valoir ultérieurement sur l’impôt personnel du bénéficiaire ».4
Le professeur Jean CHEVALIER, considère la retenue à la source comme
une opération en vertu de laquelle le débiteur doit prélever l’impôt sur le
montant du revenue au moment où il le paye à son créancier et verser ensuite
le produit de l’impôt à la caisse du trésor.5
Le professeur Ely MUSTAPHA considère que les retenues à la source
sont « des soustractions (légales) que l’employeur effectue sur la somme
d’argent versée. Ces retenues se font à la source, c’st-à-dire entre les mains
de la personne qui dispense de la somme d’argent constitutive de base à la
source ».6
D’où on peut définir cette modalité comme « un impôt anticipé ou une avance
à valoir sur l’impôt versé au trésor de l’Etat sous forme de retenu effectuée
par le redevable ou par le contribuable lui-même afin de réduire au
maximum possible les tentatives de fraude et d’évasion fiscale d’une façon
étalée dans le temps. »7
3
annuelle du revenu, constitue un caractère commun entre les modalités de
paiements anticipés, abstraction faite à l’unité de dessein qui consiste à accélérer
la rentrée des impôts. Mais, en dépit de cette ressemblance, il existe des points
distinctifs permettant la différenciation entre la retenue à la source d’un coté, et
les avances et les acomptes provisionnels d’un autre coté. Ces différenciations se
manifestent notamment, dans le moment de versement qui caractérise la retenue
à la source par apport aux autres modalités de paiement, et aussi au niveau de
champ d’application de chaque technique.8
Pour la Tunisie cette technique n’est plus récente, elle est apparue pour la
première fois avec le décret de 1918 relatif à la fiscalité des valeurs mobiliers
qui a instauré la retenue a la source au titre des revenus de valeurs mobilières à
travers son article 59.
Mouna BNGAMRA, « La retenue à la source », mémoire pour l’obtention du D.E.A en droit
11
Le taux de recouvrement de l’impôt sur le revenu dans les nombreux pays qui
pratique la retenue à la source est très important. Il est ainsi de 95% pour
l'Irlande, 99,5% pour les Pays-Bas et 99,7% pour le Danemark par exemple.
La retenue à la source parait comme une technique qui est toujours en évolution
en vue d’être compatible avec les objectifs tracé par le législateur. Cela se
manifeste d’une part, dans l’élargissement du champ d’application de la retenue
à la source (A), et dans les différentes modalités de calcul de la retenue à la
source, d’autre part (B).
Parmi les modalités de paiement de l’impôt en Tunisie, et qui peut être la plus
fréquente, est la retenue à la source.
2005, p. 28.
7
l'employeur ou le débiteur des rentes ou des pensions établies ou domicilié en
Tunisie. »
Cette même retenue est exigée des personnes qui perçoivent des particuliers des
sociétés ou des associations domiciliées ou établis hors de Tunisie des
traitements, alaires, pensions et rentes viagères. Ces personnes doivent verser
chaque mois au Trésor les retenues qu’elles effectuent sur le traitement en
utilisant à cet effet le barème établi par l’administration.
De plus, la retenue à la source est opérée sur la bas du revenue brut constitué par
les traitements salaires et rentes viagères y compris les avantages en nature s’y
rattachant et à l’exclusion de tous les remboursements de frais réels.
13
Habib AYEDI, « Droit fiscal », Ed. C.E.R.P, Tunis 1989, p. 118 -119.
8
soumises à l’impôt sur le revenu selon le régime réel et les personnes visées au
paragraphe II de l’article 22 présent code. Le taux de 15% s’applique également aux
rémunérations en contrepartie de la performance dans la prestation des services
pour le compte d’autrui. (Modifié Art 69-1 LF n°2004-90 du 31/12/2004 et Art. 45-1 LF
n°2012-27 du 29/12/2012 et Art. 29-3 LF n°2015-53 du 25/12/2015).
Ce taux est réduit à :
- 2,5% au titre des honoraires, commissions, courtage, loyers et rémunération
des activités non commerciales qu’elle qu’en soit l’appellation provenant des
opérations d’exportation au sens de la législation fiscale en vigueur et payés par
les personnes susvisées. (Ajouté Art 51-7 LF n°2013-54 du 30/12/2013).
- 5% au titre des honoraires et au titre des loyers d’hôtels lorsque ces honoraires
ou loyers sont servis aux personnes morales soumises à l’impôt sur les sociétés,
aux groupements et sociétés visés à l’article 4 du présent code et aux personnes
physiques soumises à l’impôt sur le revenu selon le régime réel et au titre des
rémunérations servies aux artistes, aux créateurs et aux personnes morales
soumises à l’impôt sur les sociétés, et ce, au titre de la production, la diffusion et
la présentation des œuvres théâtrales, scéniques, musicales, littéraires et
plastiques. (Modifié Art.8 décret-loi n°2011-56 du 25 juin 2011 relatif à la loi de finances
complémentaire pour l’année 2011).
Le bénéfice de ce taux au titre des honoraires pour les personnes physiques est
subordonné à la présentation auprès des débiteurs desdites sommes de la
carte d’identification fiscale prouvant la soumission du bénéficiaire des
honoraires à l’impôt selon le régime réel. (Modifié Art. 88-2 LF n°2013-54 du
30/12/2013).
- 2,5% au titre des honoraires en contrepartie d’études payés aux
bureaux d’études soumis à l’impôt sur les sociétés ou exerçant
dans le cadre de groupements ou sociétés visés à l’article 4 du
présent code et aux personnes physiques soumises à l’impôt sur le
9
revenu selon le régime réel justifiant qu’au moins 50% de leur
chiffre d’affaires hors taxe sur la valeur ajoutée au titre de
l’exercice précédant celui au cours duquel les honoraires ont été
payés proviennent de l’exportation.
Le bénéfice de la retenue à la source au taux de 2,5% au titre des
honoraires est subordonné à la présentation auprès des débiteurs
des honoraires d’une attestation délivrée à cet effet par les services
des impôts compétents.
(Modifié Art. 45 LF n°90-111 du 31/12/90, Art 31 LF n°91-98
du 31/12/91, Art. 43 LF n°92-125 du 27/12/93 et Art. 59
LF n°2001-123 du 28/12/2001, supprimé et remplacé Art 53
LF n°2002-101 du 17/12/2002, modifié Art 69-2 LF n°2004-90
du 31/12/2004 et abrogé et remplacé Art. 13 LF n°2007-70
du 27/12/2007) »
Dans ce cadre l’assiette de la retenue est constituée par le montant brut des
honoraires, commissions, courtages, vacations et loyers.
Sont exclus de cette retenue, les sommes encaissées et les débours payés pour le
compte du client, tels que droits d’enregistrement, droits de plaidoiries, etc.
10
effectivement encaissées sans qu’il y ait de distinguer selon la nature des
différents éléments inclus dans les honoraires, commissions, courtages…14
Depuis la réforme de 1998, la loi de finance à prévue que la TVA sur les
marchés conclus avec l’Etat, les collectivités locales et les établissements et
entreprises publics serait soumise à une retenue à la source au taux de 50% de la
TVA due. La loi de finance pour la gestion 2004 a changé ces dispositions et
elle à étendue la retenue à la source au taux de 50%, su la TVA due sur tout
montant égal ou supérieur à 1000 dinars TTC, payés par l’Etat, les collectivités
locales et les établissements et entreprises publics pour leurs acquisitions des
marchandises, matériels, biens d’équipements et services. Ces dispositions sont
applicables lorsque le fournisseur ou le prestataire de service dispose d’un
établissement en Tunisie.
La retenue à la source est libératoire de la TVA. Cette retenue doit être effectuée
lors de l’encaissement des montants soumis à la TVA. Cette solution a été
expressément prévue par l’article 19 du code de la TVA. La TVA ainsi retenue
n’empêche pas l’entreprise non établie en Tunisie, si elle a supportée la TVA sur
ses acquisitions de biens et services nécessaires à la réalisation des opérations
soumises à la TVA de bénéficier de droit à déduction de cette TVA. Le crédit de
TVA qui pourrait alors apparaître est restituable intégralement sur demande.15
Naila CHAABANE, « le régime fiscal des investissements étrangers en Tunisie », RTF, n°2,
15
2005, p. 29-30.
11
Donc, vu que la retenue à la source se caractérise par l’élargissement de son
champ d’application, il devient indéniable d’étudier les différentes modalités de
calcul de cette technique.
Les non résidents sont soumis en Tunisie à une obligation fiscale dite limitée. En
effet, ils ne sont imposables en Tunisie qu'en raison de leurs revenus de source
tunisienne, généralement sous la forme de retenue à la source libératoire.
Lorsque le non résident est un ressortissant d'un pays qui a conclu avec la
Tunisie une convention de non double imposition et que le revenu est imposable
en Tunisie, il est fait application, pour déterminer les taux et les modalités
d'imposition des revenus de source tunisienne de deux principes: le principe de
non discrimination et le principe de non aggravation.
18
Abderraouf YAICH, « Déductions communes prises en compte pour le calcul de la RS »,
RCF, n°74, autonome, 2006.
14
- Retenue à la source sur les paies supplémentaires ou indemnités
occasionnelles :
Sont toute rémunération qui ne fait pas partie de la paie régulière du salaire
notamment les primes de rendement de productivité, les primes servies enfin
d’année en termes de paiements mensuels, ainsi que les rappels faisant suite à
des promotions.
La retenue ici doit être effectuée par l’employeur sur le montant net en fonction
de traitement imposable à la retenue sur le revenu aux taux de 10 % 15 % ou 20
% selon l’importance du revenu.
15
Rien ne peut négliger le rôle important joué par la technique de la retenue a la
source dans la réalisation des buts cherchés par le législateur, cette technique
reste encore infidèle avec les grands principes de l’impôt notamment le principe
de consentement à l’impôt et le principe d’égalité.
Malgré ses avantages, la retenue à la source représente aussi une technique qui
porte atteinte aux principales principes qui régissant l’impôt depuis plusieurs
décennies, notamment le principe d’égalité (A) et le principe de consentement à
l’impôt (B).
19
Habib AYEDI, « Droit fiscal », Ed. C.E.R.P, Tunis 1989, p.53.
16
En effet, la notion du consentement est indissociable de l’impôt et du
contribuable, pour être légitime l’impôt doit être consenti par le contribuable,
mais en matière de retenue à la source ce consentement devient ineffectif.
Cela peut s’expliquer par le fait que la retenue à la source représente un facteur
d’acceptation anesthésiée.
Dans ce cadre là le professeur Maurice Lauré distingue entre les impôts irritants
et les impôts anesthésiants, et il a cité parmi les impôts anesthésiants la retenue à
la source qui atténue les réactions des contribuables contre des prélèvements
même très lourds.
20
Maurice LAURE, « Traite de politique fiscale », PUF, 1957, p.281.
21
Habib AYEDI, « Droit fiscal », Ed. C.E.R.P, Tunis 1989, p.61.
22
Jean BENZAET, « la perception de l’impôt par le stoppage à la source », p.50.
17
instrument d’anesthésie fiscale comporte quelques germes antidémocratiques
tels que notamment le principe de consentement auquel on s’intéresse.23
Donc, le contribuable n’a pas vraiment conscience de payer l’impôt par voie de
retenue à la source. Cette situation, bien qu’elle rende le paiement plus
supportable, est désavantageuse pour les contribuables qui y sont soumis à plus
d’un niveau.
27
Philippe MILLAN, « Le consentement à l’impôt », thèse de doctorat, 1996, p. 351.
28
Mohammed Ramsis AYARI, « La retenue à la source en droit fiscal Tunisien », mémoire
pour l’obtention du D.E.P, faculté de droit de Sfax, 1999-2000, p.137.
29
Mouna BNGAMRA, « La retenue à la source », mémoire pour l’obtention du D.P
E.A en droit des affaires, Tunis, 2007-2008, P. 101.
19
Le principe est lié étroitement à un principe plus général, celui de la justice
fiscal. D’ailleurs, et selon le professeur BENAZET, c’est « au nom de la justice
qu’a été proclamé le principe de l’égalité devant l’impôt et celui de
l’universalité du prélèvement fiscal ».
Ce qui nous conduit donc à la recherche dans un second paragraphe dans les
manifestations de l’atteinte au principe d’égalité a cause de cette technique de
retenue à la source.
B. le principe d’égalité:
30
Laila CHIKHAOUI, «Pour une stratégie de la réforme fiscale enjeux et moyens à la lumière
de l’expérience Tunisienne », ENA, Tunis, 1993.
31
Mohammed Ramsis AYARI, « La retenue à la source en droit fiscal Tunisien », mémoire
pour l’obtention du D.E.A en droit des affaires, faculté de droit de Sfax, 1999-2000, p.132.
20
Comme une technique de paiement, la retenue à la source se distingue des
autres techniques essentiellement par l’intervention d’une tierce partie, cette
partie, qui n’est plus le contribuable ni l’administration fiscale, tenue de
collecter l’impôt, donc l’inégalité se manifeste par les obligations qui
incombent aux redevables.
21
1er février de chaque année d’une déclaration de retenu effectuée, l’inobservation
de ses obligations entraine des sanctions rigoureuses pour le redoutables qui est
un collecteur d’impôt et non pas le contribuable.
La retenue à la source n’est pas applicable à tous les revenue, il est vrai qu’elle
couvre actuellement plusieurs retenue, mais cela n’empêche l’existence des
revenue non concernés par cette technique, comme les revenus de l’exploitation
agricole ou de pèche.
Pour les salariés ils semblent les premiers victimes de la retenue a la source vu
qu’ils payent leurs dettes fiscales d’une manière intégrale alors que les autres
contribuables y échappent de la manière la plus simple : Les bases d'imposition
34
Slim BESBES, « le principe de l’égalité de l’impôt en droit tunisien », thèse, faculté de
droit et sciences politique de Tunis, 2004-2005.
35
Jean BENZAET, « la perception de l’impôt par le stoppage à la source », p.53.
22
intègrent outre les traitements, indemnités, émoluments, salaires, pensions et
rentes viagères, tous les avantages en nature ou en argent accordés aux salariés
Et Si les règles de paiement sont à quelque chose près identiques pour tous les
impôts retenus à la source et a fortiori celles rattachées au salaire, en ce qui est
des délais, lieu et modes de paiement, tel n'est pas le cas avec les règles
d'assiette sur lesquelles il sera mis un particulier.
23
Bibliographie :
Les ouvrages :
Ahmed OURFELLI, « Etudes en droit fiscal », vol 2, GLD, Tunis, 2007
Habib AYEDI, « Droit fiscal », Ed. C.E.R.P, Tunis 1989.
Neji BACCOUCH, « droit fiscal », Novaprint, Sfax, 2008.
Habib AYEDI, « droit fiscal : impôt sur le revenu des personnes
physiques et impôt sur les sociétés », C.E.R.P, Tunis 1996.
Ahmed ESSOUSSI, « les impôts de l’Etat en Tunisie », CLE, Tunis,
2006.
Maurice LAURE, « Traite de politique fiscale », PUF, 1957.
Laila CHIKHAOUI, «Pour une stratégie de la réforme fiscale enjeux et
moyens à la lumière de l’expérience Tunisienne », ENA, Tunis, 1993.
25
Sommaire
Introduction……………………………………………………….2
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