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Depuis trois siècles, le bleu est la couleur préférée des Occidentaux. Pourtant, c’est loin d’avoir
toujours été le cas. Difficile à fabriquer, on n’en trouve pas à la préhistoire et peu dans l’Antiquité, à
l’exception de l’Egypte. A Rome le bleu est mal vu : c’est la couleur des Barbares du Nord, qui se
peignent (verbe peindre : malen) le corps à l’aide d’une plante, la guède (Waidrohsaft), pour effrayer
leurs adversaires (Gegner) avant le combat (Kampf).
Tout change au XIIe siècle, avec l’évolution des idées religieuses, quand l’Eglise met en avant l’idée
d’un dieu de lumière. Or la lumière divine est représentée en bleu pour la distinguer (unterscheiden)
de la lumière terrestre, blanche. Le ciel, jusque là représenté en noir, rouge ou or, devient bleu. La
Vierge (Jungfrau Maria) qu’on avait l’habitude de peindre en habits de deuil (Trauerkleidung) revêt
(verbe revêtir : tragen) un manteau azur.
Ainsi divinisée, cette couleur se répand (se répandre : sich verbreiten) partout : sur les vitraux
(Kirchenfenster), les enluminures (Buchmalereien) mais aussi les blasons (Wappen). Au XVIe siècle, la
réforme protestante joue en faveur de ce pigment, considéré comme honnête (contrairement au
rouge, jaune ou vert, trop voyants). La découverte de la formule chimique du bleu de Prusse au
début du XVIIIe siècle achève (finit) d’assurer sa popularité dans toute la société.
Jusqu’au XIXe siècle, les mariées sont habillées de rouge et non de blanc. La raison ? On revêtait pour
ses noces ses plus beaux vêtements et une robe belle et riche devait être rouge. Cette couleur était
en effet celle dans laquelle les teinturiers (Färber) étaient les plus performants puisque l’on a su très
tôt maîtriser les pigments rouges et produire de belles teintures (Farben für Stoffe). A la fin du XVIIIe
siècle, quand les valeurs bourgeoises prennent le pas (ablösen) sur les valeurs aristocratiques, on
demande aux jeunes femmes d’afficher leur virginité (Jungfraülichkeit). Le blanc, image de la pureté
et de l’innocence s’impose (sich durchsetzen) alors. Si ce code blanc nous est resté, les mariées en
Orient sont, pour leur part, vêtues de rouge, notamment en Chine, où la couleur symbolise la
prospérité et la chance. En Inde, la mariée porte aussi un sari vermillon (Zinnoberrot), couleur de
fête, et, lors de la cérémonie, son futur mari lui applique sur la raie (Scheitel) des cheveux de la
poudre de sindoor, un rouge symbole de pouvoir, associé à la déesse hindoue Parvati.