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Collection Gestion des sinistres dus

Connaissances aux catastrophes naturelles


Expériences, analyses et plans d’action

Münchener Rück
Munich Re Group
Après les inondations de 2002 : les costumes
du « Lac des cygnes » sont mis à sécher sur les
fauteuils de la salle de spectacle de l’Opéra
Semper.
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Préface

Préface

Les catastrophes naturelles occasionnent généralement des sinistres de masse et des gros sinistres, et la
gestion des dommages peut ici facilement évoluer en management de crise. En effet, lorsqu’ils veulent
régler les sinistres, les assureurs n’ont pas seulement à faire face à des milliers de dommages, ils sont
aussi directement confrontés à leurs effets : l’effondrement des infrastructures ou la défaillance des
réseaux de communication représentent des défis colossaux pour les professionnels de l’assurance.

Sans préparation adéquate et sans programmes de prévention ou plans d’action appropriés, les
assureurs peuvent facilement courir le risque d’être dépassés par les événements quand il leur faut
régler des milliers de dommages le plus rapidement possible. Actions non homogènes, retards et
trop-payés peuvent en être les conséquences, et les entreprises risquent non seulement d’avoir à
assumer des frais qui auraient pu être évités, mais aussi d’être confrontées à une perte de confiance
susceptible de nuire à leurs affaires.

Désireuse de proposer des pistes de solution à ces problèmes et de permettre une approche proac-
tive, l’équipe de gestion des connaissances de la Münchener Rück a réuni dans la présente brochure
un ensemble d’expériences en matière de gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles.
Les articles portent non seulement sur les tâches classiques de la gestion de sinistres, ils font aussi
état des enseignements et des connaissances acquises sur la base de sinistres récents ou rensei-
gnent sur les solutions envisageables et les tendances en matière de management des sinistres. Les
check-lists pour les assureurs et les assurés soulignent l’intention des auteurs de donner des indica-
tions transposables dans la pratique de l’assurance.

Alfons Maier
Knowledge Management – Topic Network Leader Property Claims

1
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Sommaire

Sommaire

Tâches et défis
4 La dynamique particulière des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Grandes catastrophes naturelles 1950–2004


6 Tendances et développements

Gestion efficace des sinistres


10 Une action rapide et ciblée est décisive

Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles


12 Résultats et enseignements à tirer des événements

Tempêtes et ouragans
14 2004 aux États-Unis : les ouragans Charley, Frances, Ivan et Jeanne
27 2003 en Corée et au Japon : le typhon Maemi
29 1999 en Europe : les tempêtes d’hiver Lothar et Martin

Séismes
32 1999 en Turquie : le séisme d’Izmit
34 1995 au Japon : le séisme de Kobe

Inondations
41 2002 en Europe : les inondations

Tendances et solutions possibles


46 De la check-list à la gestion des sinistres

Géocodage
48 La transparence est le préalable indispensable

Fraude
52 Les sinistres de masse peuvent inciter à la fraude

Plans d’action pour les assureurs


59 Flexibilité en cas de sinistre

Résumé et perspectives
70 Modèles de sinistre récurrents – Approches innovantes

Annexe : check-lists pour une gestion proactive des sinistres


74 Gestion professionnelle des sinistres pour les assureurs et les assurés

Sur la côte est des États-Unis, après le passage


du cyclone Isabel en septembre 2003, toute aide
était la bienvenue pour mener à bien les travaux
de déblaiement.

3
Tâches et défis
La dynamique particulière des sinistres
dus aux catastrophes naturelles

Les sinistres liés aux catastrophes naturelles ne


présentent jamais la même configuration. La
gestion des sinistres requiert donc une démarche
proactive et intégrée pour permettre une action
rapide et professionnelle dans une situation
d’urgence.

À Oakland, dans la cave d’une maison exposée


aux tremblements de terre, des techniciens
fixent des panneaux et des tiges d’ancrage sur
les murs. Ces mesures sont destinées à stabiliser
la maison et à lui permettre de résister aux
secousses telluriques.

4
5
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Grandes catastrophes naturelles 1950–2004

Les catastrophes naturelles sont de graves sinistres qui occasionnent


généralement d’énormes dégâts économiques ou de lourds
dommages humains. La Münchener Rück suppose que leur
fréquence et leur intensité ne cesseront d’augmenter. Le secteur
assurantiel doit donc s’attendre à ce que les sinistres résultant
d’événements naturels augmentent considérablement dans les
années à venir.

Les cataclysmes ont des causes naturelles ou présumées atmosphérique génèrent les préjudices économiques les
naturelles, par exemple les séismes générés par des tra- plus importants et les plus gros dommages assurés. Environ
vaux souterrains dans les mines (écaillement). On pourrait les trois quarts des dommages assurés ont été causés par
aussi classer dans cette catégorie les événements météoro- des tempêtes, 6 % étaient imputables aux inondations et le
logiques, qui, intensifiés par le changement climatique même pourcentage était attribuable à d’autres catastrophes
d’origine anthropique, se transforment en catastrophes. météorologiques. Cette large part de dommages d’origine
Mais quelle doit être l’importance du sinistre pour que l’on météorologique revêt une importance particulière, car elle
puisse parler de catastrophe naturelle ? La Münchener Rück est influencée par l’homme à travers le changement clima-
considère un événement naturel comme étant un cata- tique anthropogène.
clysme, lorsque la vie d’êtres humains est en jeu ou que
surviennent des dommages matériels très importants. De La représentation graphique 2 montre le nombre des grandes
plus, elle distingue encore ici les « grandes catastrophes catastrophes naturelles par an, depuis 1950, qui varient entre
naturelles ». Conformément à la définition des Nations 0 (années 1952 et 1958 peu marquées par les cataclysmes) et
unies, on parle de grandes catastrophes naturelles lorsque 15 (année 1993). Alors que pour les événements géologiques,
les régions affectées sont incapables de faire face seules à on ne constate pas de tendance dans le temps, il est frappant
la situation. C’est le cas, en principe, si au moins l’un des de voir que les catastrophes climatiques ont augmenté en
critères suivants est rempli : flèche dans les années 1980 et 1990. On peut donc exclure
les distorsions pour ces grandes catastrophes, car, étant
– une aide nationale ou internationale est nécessaire donné l’amélioration globale des canaux d’information (par
– il y a plusieurs milliers de morts exemple, enregistrements plus détaillés au cours des derniè-
– il y a plusieurs centaines de milliers de sans-abri res décennies), cela aurait aussi un impact sur le nombre
– le préjudice économique est considérable des tremblements de terre. La tendance à la hausse des
– les dommages assurés sont substantiels (en fonction du catastrophes climatiques n’est pas en soi une preuve de
volume du marché) l’influence du changement climatique, mais elle en est un
indice éloquent. Cette évolution correspond exactement à
Le NatCatSERVICE® de la Münchener Rück, l’une des archi- la situation à laquelle on s’attendait du fait du changement
ves électroniques les plus vastes du monde en matière de climatique.
catastrophes naturelles, gère des statistiques sur les plus
grandes catastrophes naturelles des 2 dernières décennies
et sur l’ensemble des cataclysmes survenus depuis 1980.

La représentation graphique 1 montre dans quelles propor-


tions les conséquences pécuniaires et humanitaires des
grandes catastrophes naturelles se répartissent entre les
divers risques naturels depuis 1950. Les autres événements
sont constitués essentiellement par les vagues de chaleur,
les incendies de forêt, la sécheresse, le gel et les avalanches.
Le graphique fait tout d’abord apparaître que, avec une part
de 54 %, les séismes, y compris les tsunamis, font le plus de
victimes. Il montre aussi que les événements d’origine

6
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Grandes catastrophes naturelles 1950–2004

Fig. 1 : Grandes catastrophes naturelles 1950–2004


Nombre d’événements : 268 Nombre de morts : 1,65 million Les séismes, y compris les tsunamis,
ont de loin été les plus meurtriers.
Cependant, les événements
d’origine atmosphérique ont causé
les préjudices économiques et les
dommages assurés les plus impor-
tants. Environ les trois quarts des
dommages assurés ont été causés
par des tempêtes, 6 % étaient im-
putables aux inondations et le
même pourcentage était attribuable
à d’autres catastrophes météoro-
logiques.

Inondation 25 % Inondation 7%
Tremblement de terre, tsunami Tremblement de terre, tsunami
et éruption volcanique 29 % et éruption volcanique 54 %
Tempête 40 % Tempête 38 %
Autres événements (vague de Autres événements (vague de
chaleur/sécheresse, incendie de forêts, chaleur/sécheresse, incendie de forêts,
intempérie hivernale/gel) 6% intempérie hivernale/gel) 1%

Préjudice économique : Dommages assurés :


1 400 milliards de $US 230 milliards de $US

Inondation 27 % Inondation 6%
Tremblement de terre, tsunami Tremblement de terre, tsunami
et éruption volcanique 35 % et éruption volcanique 14 %
Tempête 31 % Tempête 74 %
Autres événements (vague de Autres événements (vague de
chaleur/sécheresse, incendie de forêts, chaleur/sécheresse, incendie de forêts,
intempérie hivernale/gel) 7% intempérie hivernale/gel) 6%

Source : NatCatSERVICE®, Groupe de Recherche GéoRisques, Münchener Rück (2005)

7
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Grandes catastrophes naturelles 1950–2004

Fig. 2 : Grandes catastrophes naturelles par an depuis 1950

nombre

14

12

10

0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000

Le nombre des catastrophes climatiques a Tremblement de terre, tsunami et éruption volcanique


fortement augmenté au cours des années Tempête
1980 et 1990. La tendance à la hausse des
catastrophes climatiques n’est pas en soi Inondation
une preuve de l’influence du changement Autres événements (par ex. vague de chaleur/sécheresse,
climatique, mais elle en est un indice éloquent. incendie de forêt, vague de froid/gel)

Fig. 3 : Préjudices économiques et dommages assurés


> 178 milliards > 113 milliards
en milliards de $US de $US
de US$

80

70

60

50

40

30

20

10

0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000

Les courbes représentant l’évolution du Préjudice économique (à la valeur de 2004)


préjudice économique et des dommages Dont dommages assurés (à la valeur de 2004)
assurés (à la valeur actuelle) montrent que
Moyenne décennale du préjudice économique
depuis 1950 les dégâts causés par les cata-
strophes n’ont pas seulement augmenté de Évolution du préjudice économique
façon linéaire, mais aussi exponentielle. Évolution des dommages assurés

Source : NatCatSERVICE®, Groupe de Recherche GéoRisques, Münchener Rück (2005)

8
16
14
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Grandes catastrophes naturelles 1950–2004

Si l’augmentation du nombre des événements est frap- La gestion des sinistres se trouve devant de grands défis
pante, la croissance du préjudice économique et des dom- posés par les nouvelles dimensions de sinistres
mages assurés causés par les catastrophes naturelles est
encore plus impressionnante. Le graphique 3 montre net- Le secteur assurantiel doit donc se préparer à devoir faire
tement que les montants de sinistres n’augmentent pas face à une continuelle aggravation des charges d’indemni-
seulement de façon linéaire, mais aussi exponentielle, et sation découlant des catastrophes naturelles. La gestion
ce bien que les valeurs soient données après correction de des sinistres a aussi devant elle des défis colossaux lancés
l’inflation. par les nouvelles dimensions de sinistres. À l’avenir, au
plafonnement des engagements et à l’application d’une
Augmentation des dommages assurés et du préjudice prime adéquate devra venir s’ajouter une gestion efficace
économique générés par les cataclysmes des sinistres pour que ces risques restent assurables. La
succession des cyclones qui ont sévi aux États-Unis en
La croissance radicale des dommages est principalement 2004 – 4 événements majeurs en l’espace de 6 semaines –
due à l’accroissement de la population et à la forte aug- a fait ressortir clairement les limites et les déficits de la
mentation des valeurs et des densités d’assurance dans un gestion des sinistres.
grand nombre des pays concernés. On constate également
que, malgré le renforcement des règles de construction et Nous présentons dans les chapitres suivants les particula-
l’évolution technique, beaucoup de bâtiments et d’infra- rités de la gestion des sinistres dans le domaine des cata-
structures ne sont pas devenus plus stables, mais plus strophes naturelles. Nous faisons aussi état des enseigne-
vulnérables aux risques naturels. Le peuplement et l’indus- ments et des connaissances acquises sur la base de
trialisation de régions hautement exposées ainsi que catastrophes naturelles survenues au cours de ces derniè-
l’urbanisation à l’échelle mondiale favorisent aussi cette res années et présentons des approches envisageables
évolution. En même temps, les indices d’une influence pour l’avenir en matière de gestion des sinistres.
croissante du changement climatique sur la fréquence et
l’intensité des catastrophes naturelles se sont multipliés.

2004 – l’année la plus coûteuse de l’histoire de l’assurance


en termes de catastrophes naturelles

2004 s’inscrit pleinement dans la tendance à long terme à


l’aggravation des dommages dus aux événements naturels.
Avec 35 milliards de $US de dommages assurés imputables
aux 9 grandes catastrophes naturelles de l’année et 45
milliards de $US générés par l’ensemble des cataclysmes,
l’année 2004 a été l’année des catastrophes naturelles la
plus coûteuse de l’histoire de l’assurance. Les grandes cata-
strophes de l’année écoulée confirment de façon impres-
sionnante que le monde de l’assurance doit s’attendre à
faire face à de nouvelles dimensions de sinistres. Il est pro-
bable que la fréquence et l’intensité des catastrophes natu-
relles continueront d’augmenter. Si les tendances perdu-
rent, il y a lieu de s’attendre dans 10 ans à la survenance de
plus de 800 événements par an en moyenne, dont presque
90 % seront dus à des catastrophes climatiques. Le montant
des dommages économiques dépassera alors largement
les valeurs record actuelles de 150 milliards de $US par an
et, en moyenne annuelle, la part des dommages assurés
progressera d’environ un quart, représentant quelque
40 milliards de $US. Certaines supercatastrophes isolées
ou des catastrophes en série, comme en 2004, pourraient
atteindre des coûts encore bien supérieurs à ces montants.

9
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Gestion efficace des sinistres

Lors de catastrophes naturelles, l’industrie des assurances s’emploie


aussi à régler de gros sinistres et des sinistres de masse. La clé du
professionnalisme dans le règlement des sinistres réside dans une
gestion proactive.

Pour le monde de l’assurance, les dommages issus des sont souvent déclarés avec un certain retard. Ici encore, plu-
risques naturels présentent un intérêt bien particulier, et ceci sieurs raisons expliquent les choses : tout d’abord, sur les
pour différentes raisons. En premier lieu, nous sommes frap- lieux de la catastrophe, les mesures d’urgence ont priorité.
pés par la tragédie provoquée par les catastrophes, comme Ensuite, dans les régions touchées, l’infrastructure est sou-
dernièrement le tsunami qui s’est produit en décembre 2004. vent anéantie, de sorte que l’on ne peut pas, ou bien difficile-
En second lieu, il semblerait que, ces derniers temps, les ment, accéder aux lieux sinistrés. Parfois, après une cata-
dommages causés par les risques naturels prennent des strophe, les assurés ne trouvent plus leurs polices, ou
proportions de plus en plus importantes. C’est ce qu’ont celles-ci sont détruites, ce qui complique la déclaration de
montré, entre autres, les 4 cyclones qui ont balayé la Floride sinistre.
en l’espace de seulement 6 semaines en 2004.
Il y a alors problème pour les assureurs et les réassureurs :
Il est probable que les catastrophes naturelles ne cesseront plus les déclarations de sinistre arrivent tard et moins il
d’augmenter en fréquence et en intensité. y a de données empiriques, plus une première estimation
du préjudice est difficile. Dans quelques cas, on a donc
Tenir compte des dimensions nouvelles de sinistres pour recours à une analyse descendante. À partir de l’estima-
leur règlement tion du préjudice économique et du dommage assuré qui
s’étend à l’ensemble du marché, on détermine le nombre
La particularité de ce genre de catastrophes repose sur le d’assurés et les parts de marché éventuellement touchés
fait qu’elles développent une dynamique tout à fait diffé- par le sinistre.
rente de celle que l’on connaît des gros sinistres indivi-
duels. En outre, ces catastrophes demandent de toutes les Tout assuré a droit à ce que son préjudice soit traité conve-
entités concernées un comportement très souple et une nablement, même dans une situation exceptionnelle. Par
mobilisation élevée. contre, l’assureur se voit aussitôt confronté à des milliers
de déclarations de sinistre qui l’obligent à faire preuve de
Pourquoi ces sinistres sont-ils d’une nature complètement prouesses logistiques et organisationnelles. En principe,
différente de celle des sinistres individuels ? Il y a plusieurs tous les événements catastrophiques représentent une
raisons à cela : au contraire des sinistres individuels, les lourde épreuve physique et psychique, non seulement
événements naturels sont souvent prévisibles plusieurs pour le service Sinistres, mais encore pour l’ensemble de
jours à l’avance, comme cela a été le cas lors du typhon la compagnie d’assurance, comme cela a été le cas lors des
Maemi en 2003. De surcroît, leur étendue géographique est séismes à Kobe au Japon en 1995 ou, 4 ans plus tard, en
bien plus importante et ils engendrent des millions de Turquie.
sinistres individuels, ainsi que l’ont montré les tempêtes
de l’hiver 1999 en Europe.

En raison de la complexité de leurs répercussions, les


risques de catastrophes naturelles sont souvent considérés
comme des événements susceptibles de toucher en même
temps les polices d’assurance Dommages, Transport, Auto-
mobile, Vie, Maladie, Accidents du travail et Voyages. Les
assureurs sont également confrontés au fait que les sinistres

10
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Gestion efficace des sinistres

Solutions pour arriver à une gestion efficace des sinistres Nous souhaitons que cette brochure vous aide à l’avenir à
gérer efficacement les dommages causés par les cata-
Étant donné que des accidents de ce genre ont toujours strophes naturelles. C’est un bon ouvrage de référence,
une immense répercussion sur le monde de l’assurance, contenant une quantité de faits issus de l’expérience, qui
les articles de la présente publication traiteront de la ges- vous permettra de juger si votre organisation est prête à
tion des sinistres après une catastrophe. Les questions clés intervenir et vous incitera peut-être à la structurer différem-
sont les suivantes : comment une compagnie d’assurances ment, à y apporter des modifications ou à la perfectionner.
peut-elle se préparer à de pareils cas, par exemple à des Car une chose est sûre : les prochaines catastrophes natu-
inondations du genre de celles qu’a connues l’Europe en relles, et les sinistres de masse qui en découlent, se produi-
2002 ? Ou bien comment réagir, aussi bien en interne que ront certainement.
vis-à-vis de l’extérieur, avant et pendant l’événement ? Et,
le plus important : par quels moyens puis-je satisfaire mes
clients le plus rapidement possible après l’événement ?
Et, finalement : que faut-il que je modifie pour être, la pro-
chaine fois, encore meilleur?

La gestion des situations d’urgence est importante

En se basant sur une analyse des événements les plus


récents, nous allons montrer différentes mesures (mise en
place d’une équipe de secours) et différents processus
organisationnels (intervention de spécialistes des sinis-
tres) qui peuvent augmenter l'efficacité de la gestion des
sinistres. En outre, nous donnerons des éclaircissements
à propos des récents développements techniques destinés
à l’instruction des sinistres, par exemple à propos du géo-
codage. Cet aperçu sera complété par une série de sugges-
tions que nous avons résumées sous forme de check-lists à
la fin de ces pages. Le thème de la fraude jouant également
un rôle croissant dans le règlement des catastrophes natu-
relles, nous y consacrerons un chapitre particulier.

Cependant, tous les exemples de sinistres cités par la suite


confirment à nouveau les faits suivants : lorsque la majeure
partie des dossiers est traitée après une catastrophe natu-
relle, toutes les personnes concernées devraient procéder
à une rétrospective des événements. Sans attendre, une
analyse commune entre assureurs et réassureurs est alors
requise, qui pourra englober les thèmes et les contenus
suivants :

– estimation du coût total définitif de la catastrophe pour


l’assurance directe
– enseignements à tirer de la catastrophe
– propositions visant à améliorer la gestion future des
cumuls et des gros sinistres
– en guise de conclusion, recommandations pratiques
pour la souscription

11
Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Résultats et enseignements à tirer des événements

La Münchener Rück s’attend à une augmentation


de la fréquence et de l’intensité des catastrophes
naturelles. Pour le monde de l’assurance, cela
signifie qu’il aura à faire face à un défi des plus
difficiles. Dans le chapitre qui suit, nous allons
présenter plusieurs événements marquants qui
se sont produits au cours des dernières années et
dont l’analyse contribue à l’élaboration d’une
gestion plus efficace des sinistres.

Après les inondations catastrophiques de


2002 à Dresde, des volontaires et des
employés d’un hôtel retirent des sacs de
sable d’une digue.

12
13
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Tempêtes et ouragans

Les tempêtes constituent manifestement la majeure partie des


catastrophes naturelles. En 2004, avec 96 % des dommages assurés,
les dommages consécutifs aux tempêtes ont pris une place prépon-
dérante dans le bilan des catastrophes naturelles chez les assureurs
mondiaux. Nous avons procédé à l’analyse de la gestion des sinistres
à partir de 3 événements exemplaires qui se sont produits, au cours
des dernières années, aux États-Unis, en Asie et en Europe.

2004 aux États-Unis : les ouragans Charley, Frances, Ivan L’ouragan Charley
et Jeanne
Charley, le 3e ouragan de la saison 2004, a traversé la Flo-
En 2004, les cyclones tropicaux qui se sont formés dans ride les 13 et 14 août en direction ouest-est au nord de Fort
l’Atlantique et dans les Caraïbes ont marqué de nouveaux Myers. Au moment de son entrée sur les terres, Charley
records dans les annales météorologiques. Au cours de la avait atteint la catégorie 3 sur l’échelle Saffir-Simpson (qui
saison cyclonique, qui va de juin à septembre, l’État de la en compte 5), avec des vents soufflant en rafales de 270 à
Floride a été touché par 4 ouragans : Charley, Frances, Ivan 280 km/h. L’ouragan Andrew avait une vitesse de vent
et Jeanne. Jamais encore il n’y avait eu autant de cata- comparable, en 1992, en traversant le sud de la Floride.
strophes dues à des tempêtes, à tout le moins depuis 1850, Une fois au-dessus des terres, Charley a diminué d’inten-
date à partir de laquelle on a commencé à rassembler, pour sité et est passé dans la catégorie 2, tout en conservant sa
la première fois, des données sur les ouragans. Jusqu’ici, force cyclonique, avec des rafales de plus de 150 km/h,
le nombre maximum de sinistres causés par des cyclones avant de quitter la Floride près de Daytona Beach, sur la
en Floride avait été de 3 en 1886, 1896 et 1964. côte Atlantique. Ensuite, Charley a remonté la côte est des
États-Unis, soufflant encore à 120 km/h sur la Caroline du
Sud et du Nord et causant de légers dommages.

Fig. 1 : La succession d’ouragans en Floride Fig. 2 : L’ouragan Charley

Gaston
Tallahassee
Jacksonville
Alex Panama City

New York
Washington
Lisa
Daytona Beach
Memphis Nicole
Otto Sanford
Clermont
Houston La Nouvelle-Orléans Orlando
Hermine Auburndale
Tampa
St. Petersburg Fort Meade
Matthew La Havane
Frances Danielle Bradenton Sebring
Charley Arcadia
Jeanne !(
Punta Gorda Palm Beach
Fort Myers
Bonnie
Karl Naples Fort Lauderdale

Earl Ivan Miami

En 2004, au total 15 cyclones tropicaux ont pris Vitesse du vent sur Les 13 et 14 août, l’ouragan Charley a traversé
naissance dans l’océan Atlantique, 9 d’entre l’échelle Saffir-Simpson la Floride en direction du nord-est.
Vitesse en km/h
eux ont atteint une force d’ouragan avec des
vents soufflant à plus de 118 km/h. La charge Dépression Source Fig. 1, Fig. 2 :
tropicale (< 60)
principale d’indemnisation pour les assureurs Groupe de Recherche Géo Risques,
Tempête tropi-
a été causée par les 4 ouragans Charley, cale (60–117) Münchener Rück (2005)
Frances, Ivan et Jeanne. SS 1 (118–153)
SS 2 (154–177)
SS 3 (178–209)
SS 4 (210–249)
SS 5 (>
– 250)
14
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

L’ouragan Frances

Les 3 et 4 septembre 2004, l’ouragan Frances a traversé les


Bahamas avec une intensité de catégorie 3 sur l’échelle
Saffir-Simpson. Sur sa trajectoire qui le menait vers la
Floride, il s’est légèrement affaibli et a atteint la côte améri-
caine avec la force d’un ouragan de catégorie 2, accompa-
gné de rafales de vents soufflant à 180–200 km/h. Dans la
nuit du 4 au 5 septembre, le cyclone se trouvait à proximité
des comtés de Sainte-Lucie et de Martin. Frances était une
tempête exceptionnellement puissante : à lui seul, l’œil du
cyclone avait un diamètre de près de 100 km lorsqu’il a
atteint les terres et était donc environ 5 fois plus grand que
le cyclone Charley. Le diamètre de la zone balayée par les
vents cycloniques (atteignant donc plus de 120 km/h)
mesurait 280 km, soit nettement plus que lors d’un oura-
gan de moyenne taille. Autre particularité : se déplaçant à
une vitesse de 5 à 10 km/h, la tempête avançait très lente-
ment. C’est ce qui explique que l’ouragan ait sévi très long-
temps dans le périmètre touché et causé, en conséquence,
d’importants dégâts aux bâtiments. De plus, en raison de
son inertie, l’ouragan a pu se charger d’une importante
quantité d’humidité, ce qui, par la suite, a provoqué
des pluies torrentielles et des inondations sur une zone
étendue.

Fig. 3 : L’ouragan Frances

New York

Memphis Washington

Houston
La Nouvelle-Orléans

La Havane

La trajectoire de Frances, ouragan qui a Vitesse du vent sur Image radar de l’ouragan Frances juste avant
traversé la Floride les 4 et 5 septembre 2004. l’échelle Saffir-Simpson son arrivée sur les côtes de la Floride.
Vitesse en km/h

Source : Groupe de Recherche Géo Risques, Dépression Source : US National Weather Service
tropicale (< 60)
Münchener Rück (2005)
Tempête tropi-
cale (60–117)
SS 1 (118–153)
SS 2 (154–177)
SS 3 (178–209)
SS 4 (210–249)
SS 5 (>
– 250)
15
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

L’ouragan Ivan Cependant, Ivan n’a pas seulement battu de nouveaux


records météorologiques. Sur sa trajectoire à travers les
L’ouragan Ivan s’est formé le 2 septembre 2004 à 10° de lati- Caraïbes, et bien avant son passage sur les terres des
tude N et 30° de longitude O. La dépression tropicale, qui se États-Unis, l’ouragan Ivan a généré des records négatifs
développait rapidement, a atteint une force de tempête le dans l’industrie des assurances : le 7 septembre 2004, Ivan
3 septembre et une intensité cyclonique le 5 septembre, avec a traversé l’île de la Grenade avec une force de catégorie 3
des vents soufflant à plus de 118 km/h. En l’espace des sur l’échelle Saffir-Simpson. L’île n’était pas préparée à
18 heures qui ont suivi, l’intensité du système cyclonique est faire face à une tempête de pareille intensité. Trente-neuf
passée de la catégorie 1 à la catégorie 4 sur l’échelle Saffir- personnes ont trouvé la mort ; 90 % des bâtiments ont été
Simpson. Les rafales de vent ont atteint 210 à 250 km/h. Ivan endommagés ou complètement détruits. Le 12 septembre,
a conservé cette intensité pendant environ 12 heures avant les dégâts matériels ont été encore plus importants sur les
de s'affaiblir et de redescendre dans la catégorie 2. Mais ce îles Caïmans. Dans cette région, les violentes tempêtes et
n’était que le premier pas vers un record : le 8 septembre, les raz de marée ont détruit près d’1,5 milliard de $US de
Ivan a de nouveau atteint la catégorie 4 et s’y est maintenu valeurs assurées, sur un montant total de l’ordre de 5
jusqu’à son arrivée sur les côtes de l’Alabama le 16 septem- milliards de $US.
bre. L’ouragan a conservé cette intensité pendant environ
200 heures. Au cours de cette période, Ivan a même atteint
à 3 reprises la catégorie 5 pour s’y maintenir chaque fois
pendant plusieurs heures. L’ouragan a montré toute sa puis-
sance le 12 septembre en soufflant en rafales de 330 km/h. La
puissance d’Ivan était énorme : son potentiel de destruction,
c’est-à-dire la valeur de son indice intensité-durée, a été la
plus élevée de tous les ouragans qui l’avaient précédé.

Fig. 4 : La succession d'ouragans en Floride : Ivan

New York
Washington D.C.
Nashville
Oklahoma City
Memphis

Dallas

Houston La Nouvelle-Orléans

!( La Havane

0 500 km
0 250 500
Kilometers

La trajectoire de l’ouragan Engagements par Vitesse du vent sur Image radar de l’ouragan Ivan avant son arrivée
Ivan qui a atteint les terres comté en milliards l’échelle Saffir-Simpson sur la Floride.
de $US Vitesse en km/h
le 16 septembre 2004, à la
<
–1 Dépression
frontière de l’Alabama et de Source : US National Weather Service
>1–2 tropicale (< 60)
la Floride.
>2–5 Tempête tropicale
(60–117)
Source : Groupe de >5–10
SS 1 (118–153)
Recherche Géo Risques, >10–30 SS 2 (154–177)
Münchener Rück (2005) >30–500 SS 3 (178–209)
SS 4 (210–249)
SS 5 (>
– 250)
16
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

L’ouragan Jeanne Dommages

Tout comme Frances 3 semaines auparavant, l’ouragan Les dommages assurés, qui s’élèvent à plus de 30 milliards
Jeanne a frappé la côte est de la Floride le 25 septembre de $US, constituent pour l’assurance, en valeurs origina-
2004, alors qu’il se trouvait dans la catégorie 3 avec des les, une nouvelle charge maximum découlant des cyclones
pointes de vent de 230 à 240 km/h. D’un diamètre atteignant tropicaux qui se sont produits au cours d’une même année
70 à 75 km, l’œil de cette tempête tropicale avait également dans l’Atlantique. La Floride a dû supporter la charge
une taille qui dépassait la moyenne. En conséquence, le ter- d’indemnisation la plus élevée (21 milliards de $US) aux
ritoire touché par les dégâts était très étendu. Jeanne a États-Unis. Toutefois, l’Alabama et d’autres États fédéraux
conservé la vitesse élevée de ses vents encore très loin dans ont contribué pour un montant considérable d’environ
l’intérieur du pays. Cinq heures après que l’ouragan a eu 5 milliards de $US au préjudice total. En sus, aux Caraïbes
traversé la côte, les rafales atteignaient encore 190 à 200 (îles Caïmans, Bahamas, Jamaïque, République domini-
km/h. Jeanne a été le 4e et dernier grand ouragan qui est caine, Grenade), les 4 ouragans ont détruit pour 2,5
venu frapper la Floride en l’espace de 6 semaines en 2004. milliards de $US de valeurs assurées. Un total de quelque
2 millions de sinistres individuels souligne encore à quel
point la succession d’ouragans a constitué un défi parti-
culier pour les inspecteurs-régleurs ; rien qu’en Floride,
1,6 million de sinistres ont été déclarés.

Fig. 5 : L’ouragan Jeanne

New York

Washington D.C.

Oklahoma City
Memphis

Dallas

Houston La Nouvelle-Orléans

La Havane

0 500 km

La trajectoire de Jeanne, ouragan qui a tra- Vitesse du vent sur Image radar de l’ouragan Jeanne avant son
versé la Floride les 26 et 27 septembre 2004. l’échelle Saffir-Simpson arrivée sur les terres dans le comté de Martin
Vitesse en km/h
(Floride).
Source : Groupe de Recherche Géo Risques, Dépression
tropicale (< 60)
Münchener Rück (2005) Source : US National Weather Service
Tempête tropicale
(60–117)
SS 1 (118–153)
SS 2 (154–177)
SS 3 (178–209)
SS 4 (210–249)
SS 5 (>
– 250)
17
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

Fig. 6 : Plateformes pétrolières offshore dans le golfe du Mexique et simulation


du champ des vents de l’ouragan Ivan

Plateforme d’extraction
de pétrole
Trajectoire de l’ouragan
Ivan

Vitesse du vent en km/h


100–109
110–119
120–129
130–139
140–149
150–159
160–169
170–179
180–189
190–199
200–209
210–219
220–229
230–239
240–249
250–259
260–269
≥ 270

Simulation par la Münchener Rück du champ des


vents de l’ouragan Ivan dans le golfe du Mexique
et sites des plateformes pétrolières offshore.
Bien qu’Ivan ait frôlé la partie est de la zone de
forage, où les installations offshore ne
représentaient qu’une concentration de valeurs
assez faible, ce cyclone a été un événement
extrêmement coûteux pour le secteur énergie
offshore.

Source : United States Department of the


Interior – Minerals Management Service
Simulation du champ des vents :
Münchener Rück

Fig. 7 : Bilan des sinistres occasionnés par la succession d’ouragans qui se sont
produits aux États-Unis et dans les Caraïbes en 2004

Ouragan Préjudice économique Dommages assurés dont dommages assurés aux


(en milliards de $US) (en milliards $US) États-Unis (avec secteur énergie
offshore ; en milliards de $US)
Charley 18,0 8,0 7,6
Frances 12,0 6,0 5,6
Ivan 23,0 12,5 10,6
Jeanne 9,2 5,0 4,9
Total 62,2 31,5 28,7

Situation : septembre 2005.

Le préjudice économique et les dommages


assurés des 4 catastrophes cycloniques ont battu
un nouveau record.

Source : Groupe de Recherche


Géo Risques, Münchener Rück (2005)

18
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

Secteur énergie offshore : nouveau record en termes de Surcharge des services Sinistres des compagnies
dégâts d’assurances

Au vu de près de 2,5 à 3 milliards de $US de dommages Les plans d’urgence de presque tous les assureurs ne pré-
matériels assurés et d’interruptions d’exploitation infligés voyaient aucun cumul de catastrophes de cette ampleur.
au secteur énergie offshore, l’ouragan Ivan surpasse nette- On n’avait surtout pas prévu l’apparition de tant de sinistres
ment tous les gros sinistres connus dans ce segment individuels en l’espace de seulement 6 semaines – dont envi-
d’affaires. En comparaison : la perte totale de la plateforme ron 1,6 million en Floride. C’est ce qui, au début, a contribué
pétrolière « Piper Alpha » en 1988 a coûté à l’assurance 1,4 à un certain manque d’organisation dans l’instruction des
milliard de $US et, en 1992, après le passage de l’ouragan sinistres.
Andrew, les dommages maritimes assurés s’élevaient à
moins d’1 milliard de $US. Dans un premier temps, la plupart des compagnies d’assu-
rances avaient trop peu de gestionnaires et de collabora-
Un coup d’œil sur la carte de la répartition géographique teurs internes à leur disposition pour effectuer un règle-
des plateformes pétrolières offshore dans le golfe du ment correct des sinistres, puisque leur nombre était établi
Mexique (voir fig. 6) montre que le potentiel de dommages en fonction d’une seule mégacatastrophe qui surviendrait
causés par Ivan aurait été encore bien plus important si la dans un certain secteur. La somme des dommages causés
trajectoire de l'ouragan était passée un peu plus à l’ouest. par la succession de 4 ouragans a donc engendré une sur-
charge de travail à laquelle les assureurs ne pouvaient pra-
Gestion des sinistres tiquement plus faire face, compte tenu du personnel et de
l’équipement bureautique disponibles.
La partie qui suit décrit les problèmes spécifiques apparus
au niveau de la gestion des sinistres après le passage des Par conséquent, les compagnies d’assurances se sont
4 ouragans en Floride. Cependant, plusieurs catastrophes efforcées d’obtenir des gestionnaires supplémentaires,
naturelles peuvent se reproduire à n’importe quel moment mais parfois en vain. On a donc eu recours à des collabora-
sur un même territoire et dans un laps de temps relative- teurs venus d’autres services (par exemple du service de
ment court. C’est pourquoi il est recommandé de procéder production) ou rappelés de leurs congés. On est même allé
à un examen précis des problèmes spécifiques liés au jusqu’à faire revenir des gestionnaires qui étaient à la
cumul des catastrophes qui engendrent une immense retraite. Pour les services internes, beaucoup de compa-
quantité de sinistres individuels, afin d’en tirer des leçons. gnies ont chargé des centres d’appel externes de la saisie
Une bonne partie des thèmes abordés ont également une des dommages, ainsi que des employés qualifiés de socié-
grande importance pour la gestion des sinistres dus à des tés d’intérim pour l’étude des sinistres.
mégacatastrophes individuelles.
Des compagnies d’assurances qui utilisaient un système
de règlement des sinistres basé sur l’Internet ont fait tra-
vailler leurs spécialistes à la maison pour compenser la
pénurie de bureaux. Quelques assureurs ont ouvert des
bureaux de soutien hors de Floride, d’autres en ont installé
provisoirement dans le secteur touché par la catastrophe,
dans lesquels leurs collaborateurs ont pu procéder à l’en-
registrement des dommages et au versement d’acomptes
aux clients concernés. D’une manière générale, toutes les
compagnies ont travaillé sous forte pression – 7 jours sur
7 pendant les premiers mois qui ont suivi le passage des
ouragans.

19
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

Les assureurs ont mis en place des numéros de téléphone Pénurie d’experts externes en dommages matériels
gratuits pour les déclarations de sinistres. Pour faire face au
grand nombre de déclarations effectuées par téléphone, les Avec près de 0,5 million de sinistres individuels, l’ouragan
appels ont également été enregistrés, convertis en fichiers Charley avait déjà engendré une pénurie d’experts exter-
sonores, puis envoyés par courrier électronique au personnel nes en dommages matériels. Après le passage du second
en charge de la gestion des sinistres. Des employés de nom- ouragan, les sociétés d’assurances n’ont pu engager des
breuses sociétés ont même utilisé leur appareil portable privé experts, si elles le pouvaient, qu’à des coûts révisés à la
afin de téléphoner en dépit des lignes bloquées. Dans leur hausse. Certains assureurs ont même proposé de leur pro-
message d’attente, plusieurs compagnies d’assurances ont pre chef des honoraires plus élevés aux experts afin de les
fait passer une bande d’annonce qui, au lieu de la musique attacher à leur service. Cependant, une bonne rémunéra-
habituelle, répondait aux questions fréquemment posées par tion ne représentait pas une garantie : si, en raison de pro-
les assurés, par exemple concernant la limitation de l’impor- blèmes internes, les assureurs ne parvenaient pas à mettre
tance du sinistre ou l’étendue de la garantie. à la disposition des experts les documents nécessaires,
ceux-ci se laissaient parfois débaucher par des sociétés
En raison de la surcharge, d’autres appareils techniques, mieux organisées.
tels que photocopieurs et imprimantes, ont capitulé : des
centaines d’experts en sinistres devaient être pourvus en Comme il n’y avait pas assez d’experts sur place, les assu-
copies de polices originales et, chaque jour, les sociétés reurs en ont fait venir de très loin. Après le passage de
d’assurances établissaient des milliers de chèques. On Charley, le Department of Financial Services de Floride a
avait donc un besoin urgent d’appareils supplémentaires. délivré environ 7 000 licences, et, après Frances, 5 000. Si
Même le logiciel servant à la saisie des dommages, qui, en l’on y ajoute les 3 000 experts déjà enregistrés, près de
fait, devait venir à bout d’une telle charge, a dû être adapté 15 000 travaillaient donc en Floride. Cela a entraîné
immédiatement ou complété par d’autres applications. quelques problèmes : d’une part, les experts n’étaient bien
souvent pas familiarisés avec les données locales, d’autre
Cependant, ceux qui ont souffert le plus, ce sont les assu- part, les différentes langues et dialectes, mais encore les
reurs dont les bureaux et l’infrastructure avaient été comportements divers, ont créé de nouvelles difficultés.
endommagés par les ouragans. Les sociétés touchées,
équipées d’une alimentation électrique de secours, ont pu Mais ce n’était pas tout : étant donné que de vastes zones
au moins surmonter l’interruption du courant. Néanmoins, devaient être évacuées et que les infrastructures étaient
même les entreprises qui, peu avant le passage des oura- endommagées, rapidement, le carburant est devenu rare.
gans, avait acquis des affaires importantes dans la branche Le prix de l’essence a atteint 6 $US le gallon. En outre, les
Dommages ou des sociétés entières, ont été durement tou- ouragans avaient dégradé de nombreux hôtels et les
chées. Au moment des sinistres, l’organisation de leur ser- experts sinistres ont dû loger à une grande distance des
vice Dommages n’avait pas encore été consolidée et le zones touchées. C’est pourquoi les frais d’essence et de
matériel électronique et les logiciels n’étaient pas encore voyage des experts ont été considérables. Par-dessus le
pleinement utilisables. marché, nombreux sont ceux qui ont perdu beaucoup de
temps en attendant dans des queues parfois interminables
En outre, le Department of Financial Services de Floride, devant les stations-services. De ce fait, ils ne pouvaient
favorable aux consommateurs, a augmenté la pression sur inspecter qu’un nombre réduit de risques par jour et,
les assureurs et donc la charge de travail. Cette autorité a finalement, ils ont été moins sollicités par les coordina-
fixé aux sociétés des délais très courts pour régler les dom- teurs de catastrophes.
mages dus aux ouragans subis par les clients privés. Dans
un délai de 30 jours après la déclaration d’un sinistre, il Les possibilités de communication, parfois extrêmement
fallait que les assureurs procèdent au moins à l’estimation restreintes, ont en outre handicapé la coordination des
des dommages individuels, fassent une offre de règlement experts. Les réseaux téléphoniques étaient surchargés ou
sérieuse et effectuent, le cas échéant, le versement d’un ne fonctionnaient pas du tout pendant des semaines, les
acompte raisonnable. ouragans ayant détruit les antennes-relais de téléphonie
mobile et les lignes téléphoniques. Les experts qui avaient
conclu des contrats avec différentes sociétés de téléphonie
mobile étaient avantagés, puisque les fournisseurs de ser-
vices n’étaient pas tous touchés par les pannes dans toutes
les régions. Souvent, il n’y avait plus que les téléphones
par satellite ou les talkies-walkies ainsi que l’Internet qui
pouvaient aider, ce dernier s’avérant le meilleur moyen de
communication entre les assureurs et les experts.

20
Pendant l’évacuation, des milliers d’habitants de
Floride se sont trouvés bloqués pendant des
heures dans les embouteillages sur les auto-
routes.
Il y a également eu une pénurie de personnel, de nombreu-
ses sociétés ayant dû évacuer à plusieurs reprises les
experts qui inspectaient les dommages causés par l’oura-
gan Charley en Floride : tout d’abord, juste avant l’arrivée
de l’ouragan Frances, puis de nouveau avant Ivan et finale-
ment avant l’apparition de Jeanne. Ceci a considérable-
ment ralenti l’inspection des lieux, la mise en place de
mesures conservatoires et l’instruction des sinistres.

Toutefois, les compagnies d’assurances, qui avaient pro-


cédé au géocodage de leur portefeuille Dommages maté-
riels, avaient un certain avantage : elles ont pu orienter
leurs experts de façon ciblée et gagner ainsi du temps et
de l’argent, car elles ont comparé les coordonnées de leur
portefeuille avec la trajectoire des ouragans et étaient ainsi
en mesure d’identifier rapidement les secteurs ayant
probablement subi les dommages les plus grands.

Les risques géocodés ont en outre empêché les experts


sinistres de se perdre en chemin en cherchant des assurés.
En effet, après le passage des tempêtes, aucune plaque de
rue ne se trouvait à sa place. Les experts équipés d’un sys-
tème GPS ont trouvé leurs clients malgré l’absence de pan-
neaux de signalisation.

21
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

Présélection des dommages à inspecter par les assureurs L’intervention d’experts publics (« public adjusters ») a
entraîné une hausse des limites d’indemnisation
Le Department of Financial Services de Floride propose
aux compagnies d’assurances d’inspecter la région tou- Alors que les experts sinistres externes travaillent sur
chée par l’ouragan. Dans le cadre du projet « Partenaires ordre de l’assureur et sont rétribués par celui-ci, les
dans le risque », la zone est survolée par un hélicoptère experts publics agissent à la demande des assurés, en
juste après la pénétration de l’ouragan sur les terres, afin général des clients particuliers, pour leur propre compte et
d’établir la liste des dommages. À peine 48 heures plus indépendamment d’une compagnie d’assurances. Leurs
tard, tous les assureurs ont accès à une carte électronique honoraires, qui sont à la charge de l’assuré, sont calculés à
placée sur l’Internet, qui présente les secteurs ayant un partir du montant d’indemnisation versé par l’assureur.
profil de sinistre identique ou similaire. À partir des don- Pour ce qui est des dommages causés par les ouragans en
nées du risque, les assureurs peuvent alors procéder à une Floride, le Department of Financial Services a cependant
première évaluation de leurs préjudices. limité les honoraires des experts publics à un maximum de
10 % de l’indemnisation, et ceci jusqu’au 14 février 2005.
Afin de maîtriser, dans de telles circonstances, l’énorme
quantité de sinistres individuels, plusieurs assureurs ont Souvent, des experts à la retraite ou des anciens rédac-
effectué une présélection des dommages qui devaient être teurs sinistres travaillent comme experts publics. Le grand
expertisés par des spécialistes externes. Les petits dom- nombre de dommages causés par les ouragans a attiré
mages présumés ont fréquemment été réglés sans forma- vers la Floride des experts publics venant de toutes les
lité et sans déplacement, soit sur seule étude du dossier, régions des États-Unis et le Department of Financial Servi-
ce que l’on appelle « desk adjustment », soit par téléphone, ces a établi environ 400 licences d’urgence d’une validité
« telephone adjustment » Dans ces cas-là, ce n’est pas un d’un an. Malheureusement, parmi ces experts se trou-
expert externe qui a inspecté le sinistre, mais ce sont les vaient également de nombreux auxiliaires jeunes, inexpé-
employés du service intérieur qui ont interrogé les clients rimentés et peu qualifiés qui voulaient surtout gagner de
par téléphone et qui ont évalué le montant du préjudice. l’argent rapidement.

De manière générale, on constate que l’intervention d’ex-


perts publics a entraîné une hausse des limites d’indemni-
sation. En effet, ceux-ci estiment habituellement – ce qui
est dans leur propre intérêt – la valeur du préjudice à un
montant plus élevé que ne le fait un expert sinistres qui tra-
vaille pour un assureur. Dans des cas isolés, ils ont procédé
à des évaluations correspondant à 4 fois celles des experts

Après le passage des ouragans sur la Floride, les


couvreurs étaient particulièrement demandés et
ont pu nettement augmenter leurs tarifs.

22
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

engagés par les compagnies d’assurances. En outre, les De nombreux assurés ont documenté leurs propres sinis-
indemnisations augmentent fréquemment du fait que l’in- tres et les sinistres avoisinants au moyen de photographies
tervention d’experts publics retarde le règlement d’un ou de films vidéo, de sorte que les dommages ont pu être
sinistre, par exemple en raison de longues négociations identifiés ultérieurement. Par contre, si l’expert sinistres ne
entre assuré et expert public d’un côté et assureurs et parvenait pas à différencier les sinistres, il ne pouvait fina-
inspecteurs-régleurs de l’autre. lement appliquer qu’une seule franchise. Finalement, plu-
sieurs assureurs de particuliers sont allés jusqu’à renoncer
Problèmes liés aux franchises et à la répartition des globalement à l’application de plusieurs franchises, puis-
dommages qu’on ne pouvait bien souvent plus faire de différence entre
les dommages. En outre, des clients ont souvent prétendu
Après la catastrophe causée par les tempêtes, de nom- que le premier ouragan avait tellement endommagé leur
breux clients privés ont constaté avec étonnement que leur maison que, pour cette seule raison, elle n’avait pu résister
assurance Multirisque des bâtiments prévoyait, en sus de aux ouragans ultérieurs. La pression exercée sur les assu-
la franchise forfaitaire, une franchise particulière, propor- reurs a également été renforcée par le directeur du Depart-
tionnellement plus élevée en cas de dommages dus à des ment of Financial Services, qui a qualifié d’« injuste »
ouragans et allant de 2 à 5 % de la somme assurée par évé- l’application de plusieurs franchises pour les bâtiments
nement. Les franchises prévues en cas d’ouragan avaient d’habitation privés qui avaient été endommagés par
été introduites en 1996, en réaction au cyclone Andrew qui plusieurs tempêtes.
avait ravagé la Floride 4 ans plus tôt.
Mais il est aussi arrivé que certains assurés essayent de
L’application d’une franchise proportionnelle avait déjà déclarer plusieurs fois un même et unique sinistre en pré-
plongé certains assurés, qui n’avaient été touchés que par tendant qu’il avait été causé par différents ouragans. Dans
un seul ouragan, dans des difficultés financières et la situa- ce genre de cas, de nombreux assureurs ont préféré faire
tion a donc été encore pire pour les quelque 29 000 assurés de nouveau appel à des experts en sinistres qui connais-
qui ont été frappés à 2 ou 3 reprises par les ouragans, par saient le risque et le dommage prétendu. D’autres assu-
exemple dans la région d’Orlando. Car, d’une façon géné- reurs, en revanche, ont envoyé, à la place d’un expert, un
rale, la franchise prévue pour les ouragans doit être appli- spécialiste des fraudes. Pour faire face à de pareils cas, il
quée pour chaque événement, c’est-à-dire, dans les cas s’est avéré très utile de procéder, immédiatement après la
susmentionnés, 2 ou 3 fois. survenance du sinistre, à une saisie rapide des déclara-
tions, d’établir une documentation photographique com-
En raison de la succession rapide des ouragans dans une plète – du voisinage également –, d’introduire des mentions
seule et même région en l’espace de quelques semaines, il précises dans les dossiers de sinistres et de recourir à un
était presque impossible, dans de nombreux cas, de distin- système permettant de dresser l’historique des sinistres.
guer les dommages les uns des autres lorsqu’un risque avait
été touché par plusieurs tempêtes. Des problèmes sont
apparus, notamment lorsqu’un premier dommage, qui
n’avait pas encore été enregistré, par exemple en raison de
l’absence d’experts ou de la surcharge des assureurs, a été
frappé par l’ouragan suivant.

Fig. 8 : Hausse des prix de matériaux de construction et des coûts de main-d’œuvre en Floride (exemples)

Prix selon le programme Prix réels en Floride Hausse des


d’enquête des sinistres en décembre 2004 prix de
Toitures 2,86 $US par sq. ft.* 3,25 $US par sq. ft.* 14 %
Moquettes 2,44 $US par sq. ft.* 3,75 $US par sq. ft.* 54 %
Placoplâtre 1,74 $US par sq. ft.* 4,00 $US par sq. ft.* 130 %
Travaux de peinture 0,33 $US par sq. ft.* 1,00 $US par sq. ft.* 203 %

L’énorme hausse des prix des matériaux de *sq. ft. = square feet
construction et des coûts de main-d’œuvre en 1 sq. ft. = 0,09290 m2
Floride après les ouragans de 2004 a entraîné
pour les assureurs une charge d’indemnisation
nettement supérieure à celle qui avait été
envisagée à l’origine.

23
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

Difficile calcul du préjudice total – En raison de la pénurie de matériaux de construction et


de main-d’œuvre en Floride, les pertes d’exploitation ont
Pour la majeure partie des compagnies d’assurance, il n’a aussi sensiblement augmenté, étant donné que le calen-
pas été simple de procéder à l’estimation de leur préjudice drier des échéances fixé à l’origine ne pouvait plus être
total. Ce n’est que peu à peu que des résultats correspondant respecté.
à la réalité ont été révélés. Il faut cependant constater que le
coût total du sinistre a finalement dépassé la charge originel- – Enfin, de nombreux assurés, qui n'avaient pas de rési-
lement escomptée. Il y a pour cela différentes raisons : dence principale en Floride, ont déclaré leurs dommages
relativement tard. Bien souvent, ces personnes, que l’on
– Après le second ouragan, des sociétés indépendantes appelle les « snowbirds », car ils ne font qu’hiverner en
d’experts en sinistres ont augmenté leurs tarifs en raison Floride, ont constaté, des mois après le passage des
d'un besoin plus élevé. Quelques assureurs ont égale- ouragans, que leurs résidences secondaires avaient été
ment, de leur propre gré, versé aux experts des honorai- endommagées ou entièrement détruites. De la sorte, les
res plus élevés afin de les fidéliser. assureurs ont encore reçu, 6 mois après les ouragans,
quelque 8 000 nouvelles déclarations de sinistre par
– De même, l’intervention d’experts publics, en majeure semaine.
partie à la demande de particuliers, a causé une augmen-
tation de la charge totale que les assureurs devaient sup- Renforcement profitable des lois de construction ; recours
porter. quasiment impossible pour les assureurs

– Lors de la constitution des provisions pour sinistres à Le renforcement des lois de construction en Floride après le
payer, l’énorme hausse des prix des matériaux de cons- passage de l’ouragan Andrew a porté ses fruits. Du côté des
truction et des coûts de main-d’œuvre (qui atteignait par- entreprises de construction notamment, il y a encore eu,
fois 100 % et plus) n’avait bien souvent pas été prise en juste avant les 4 ouragans, des tentatives visant à obtenir
compte. Ce sont principalement les couvreurs qui, en rai- un assouplissement de la réglementation, sous prétexte
son de la forte demande, ont nettement augmenté leurs que la dépense supplémentaire était inutile et trop élevée.
prix. De nombreux assurés ont donc réclamé des presta- Entre-temps, on n’évoque plus cette question, car les bâti-
tions supplémentaires, les sommes déjà versées ne suffi- ments qui ont été construits selon les nouvelles normes ont
sant plus à couvrir les frais de réparation. résisté aux tempêtes et subi, en général, tout au plus des
dommages bénins.

Les ouragans ont détruit de nom-


breuses résidences mobiles, un
genre d’habitation très prisé en
Floride. Emportés par le vent, les
débris de ces maisons construites
de manière simple ont causé des
dommages supplémentaires.

24
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

C’est ce qui explique qu’en fin de compte les assureurs L’évolution continue des systèmes techniques de secours
n’ont eu que peu de possibilité de recours, par exemple offre de bonnes chances de moderniser et de perfectionner
contre les entrepreneurs en bâtiment ou les architectes. en permanence la gestion des sinistres. Comme exemples,
Les bâtiments plus anciens, qui ont été les plus touchés, ne nous pouvons citer le système GPS, le téléphone par satel-
tombaient pas sous le coup des normes renforcées. Par lite et l’Internet, qui ont rendu de précieux services pour la
contre, si des maisons neuves présentaient des dégâts, il gestion des sinistres dus aux ouragans. Pour de nombreux
fallait prouver qu’elles n’avaient pu résister aux vitesses de assureurs, il s’est révélé avantageux d’utiliser un système
vent prévues par les normes. Mais cela était quasiment homogène de données, car la double saisie d’informations
impossible, car on pouvait opposer aux assureurs que les recèle le danger d’erreurs supplémentaires et d’un temps
dommages étaient dus à des rafales de vent particulière- de réponse plus long.
ment fortes.
La rapide succession de 4 ouragans sur un même territoire
Les sociétés d’assurances entamaient également une tenta- a également posé des problèmes encore inconnus jusqu’a-
tive de recours chaque fois que des dommages avaient été lors pour attribuer correctement certains dommages aux
causés à des maisons voisines par des pans de bâtiment ou événements correspondants. Dans la gestion des sinistres,
des débris emportés par le vent. De nombreux dommages le facteur temps a acquis une importance supplémentaire.
de ce genre ont surtout été causés par les résidences mobi- Ainsi, seuls les assureurs qui avaient enregistré rapidement
les si populaires en Floride. Mais ici encore, il était généra- les dommages individuels que leurs experts avaient inspec-
lement impossible d’apporter des preuves, de sorte que la tés sans tarder, sont parvenus à faire la distinction entre les
possibilité de recours est restée purement théorique. différents sinistres affectant un même risque et à éviter
qu’un seul et même dommage ne soit indemnisé plusieurs
Enseignements à tirer de la saison des ouragans en 2004 fois.
pour la gestion des sinistres
Après une catastrophe naturelle, il ne faut pas sous-estimer
La succession d’ouragans en Floride a montré que les com- l’énorme pénurie de rédacteurs sinistres et d’experts, mais
pagnies d’assurances doivent également tenir compte de également le manque de matériaux de construction, de
ce genre de gros sinistres dans leurs plans d’urgence. On machines et la pénurie d’ouvriers, ainsi que la carence en
pourrait par exemple imaginer une double approche : une eau, en nourriture, en carburant et l’insuffisance de loge-
première étape du plan d’urgence pourrait être orientée ments intacts. Lorsqu’ils calculent les coûts escomptés, les
sur les conditions d’une catastrophe naturelle moyenne ; assureurs devraient tenir compte de ces facteurs, tant dans
une seconde étape pourrait prendre en considération l’ac- leur plan d’urgence concret que pour évaluer les extrêmes
cumulation de catastrophes naturelles sur une courte hausses de prix qui découlent d’une telle situation.
période ou la survenance de mégacatastrophes, encore
jamais vues. Du reste, il est recommandé de s’entraîner à Pour finir, le secteur assurantiel doit s’attendre, après de
la mise en pratique des plans d’urgence. grandes catastrophes naturelles, à être l’objet d’un surcroît
de pression provenant des milieux politiques et de l’État
Après le passage des ouragans, bien que la situation ait été qui, bien souvent, essaient d’intervenir pour représenter
nouvelle et extrêmement lourde pour les rédacteurs sinis- les intérêts des assurés.
tres – ne serait-ce qu’en Floride, il a fallu traiter 1,6 million
de dossiers individuels dans un temps record en travaillant
7 jours sur 7 –, il importait cependant d’être précis et
rigoureux. En effet, chaque erreur commise est maintes
fois reproduite et, par la suite, ne peut être retrouvée et
corrigée qu’à grand peine en raison de la quantité énorme
des déclarations enregistrées.

25
26
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

2003 en Corée et au Japon : le typhon Maemi Dommages

En général, des sinistres tels que le typhon Maemi ne se Lors du passage de Maemi, le Japon s’en est tiré à bon
limitent pas à un seul pays. La situation géographique compte. Seul l’archipel des Ryukyu, dans la préfecture
particulière de Taïwan, de la Corée du Sud et du Japon d’Okinawa, a été violemment touché. Sur l’île de Miyako,
rend cette région de l’Asie extrêmement sensible aux entièrement développée du point de vue touristique, le
catastrophes ; en outre, ces 3 pays possèdent un haut réseau d’électricité, par exemple, n’était pratiquement plus
niveau de développement technique et présentent ainsi en état de fonctionner. Si Maemi avait suivi une trajectoire
des concentrations de valeur importantes au niveau de plus à l’est, de nombreuses régions du Japon auraient pro-
l’économie mondiale. bablement été fortement touchées.

Événement En sus des dommages habituels causés par des vitesses


du vent élevées, la Corée du Sud a été dévastée par des raz
Le 5 septembre 2003, un front de mauvais temps s’est de marée et des inondations monstres déclenchées par
développé aux abords de l’île de Guam, puis s’est trans- des pluies diluviennes qui ont été pour une bonne part à
formé rapidement en une puissante dépression tropicale. l’origine de destructions de bâtiments, de structures et de
Le 8 septembre, cette dépression a atteint une force de machines. Plus de 80 % des dommages assurés provien-
typhon – Maemi était né. Maemi a continué de gagner en nent des branches Dommages et Transport. Les affaires de
intensité pour se métamorphoser en supertyphon de caté- la branche Automobile ont contribué aux dommages pour
gorie 5 sur l’échelle Saffir-Simpson lorsqu’il a atteint les une part atteignant près de 18 %. Le reste provenait de dif-
îles situées au sud d’Okinawa (archipel des Ryukyu). Sur sa férentes couvertures non-Vie (voir fig. 11).
trajectoire qui le menait vers la Corée du Sud, il s’est légè-
rement affaibli et a frappé la côte sud de la province de La trajectoire de Maemi est passée par les régions les plus
Kyungsang dans la nuit du 12 septembre. À ce moment-là, industrialisées de la Corée : Pusan, Masan et Ulsan. En rai-
le typhon était dans la catégorie 3 de l’échelle Saffir-Simp- son de l’hyperconcentration de valeurs, ces régions pré-
son. En l’espace de 6 heures seulement, il avait traversé la sentent une pénétration d’assurance beaucoup plus élevée
partie sud-est de la République de Corée. que les autres parties du pays. Avec ses nombreux chan-
tiers de construction et ses installations industrielles, cette
Au début, on a cru que Maemi était l’événement le plus zone a connu le plus grand cumul de dommages assurés.
exceptionnel et le plus violent jamais connu. La vitesse de Une caractéristique de ce genre d’événement est le grand
ses vents et l’intensité de ses précipitations montrent nombre de sinistres individuels, avec toutefois des mon-
cependant que la période de récurrence d’un tel événe- tants relativement peu élevés. Les seules exceptions ont
ment est de 10 à 15 ans. été certaines installations portuaires et infrastructures en
chantier, particulièrement exposées.

Fig. 9 : Échelle de Saffir-Simpson pour les tempêtes tropicales

Vitesse moyenne du vent

Catégorie m/s km/h mile/h Nœud


1 Faible 32,7–42,6 118–153 73–95 64–82
2 Moyen 42,7–49,5 154–177 96–110 83–96
3 Intense 49,6–58,5 178–209 111–130 97–113
4 Extrême 58,6–69,4 210–249 131–155 114–134
5 Catastrophique 69,5– 250– 156– 135–

Classification de l’intensité d’une tempête selon


la vitesse moyenne du vent.

Le 13 septembre 2003, dans le port de Pusan


(au sud de Séoul), le typhon Maemi a fait tomber
les grues comme des allumettes.

27
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

Le segment Transport a subi de graves dommages affectant Gestion du sinistre


les polices de construction navale. Rien que dans 3 chan-
tiers navals, 25 grands navires ont été endommagés. D’un En Corée du Sud, ni le gouvernement ni les assureurs ne s’at-
côté, ces faits illustrent bien la vulnérabilité de ce genre tendaient à une catastrophe de cette ampleur. Dans un pre-
d’installations en cas de tempête. De surcroît, ils mettent en mier temps, certaines compagnies d’assurances étaient dé-
évidence que nous avons affaire à un problème de cumul bordées, tant sur le plan de l’organisation que du personnel,
qu’il ne faut pas négliger. Pour le souscripteur, cela signifie et avaient du mal à traiter les déclarations de sinistres. Vu la
qu’il doit connaître parfaitement ses risques et son porte- quantité d’événements, les effectifs d’inspecteurs-régleurs
feuille et qu’il doit savoir adapter sa politique d’acceptation ont rapidement été épuisés. Ceci a ralenti l’inspection des
en conséquence. Pour le gestionnaire de risques de l’as- sinistres et, en conséquence, empêché une liquidation
suré, il s’agit d’orienter de façon optimale les étapes de pro- rapide.
cessus de production sur l’exposition et de définir claire-
ment des mesures préventives. La loi coréenne de protection contre les incendies prévoit
une protection automatique contre tous les risques natu-
En prenant la Corée comme exemple, l’énumération qui rels. Jusqu’alors, cette situation ne représentait pas un
suit montre de manière concrète les dommages causés par problème pour le pays et l’industrie des assurances,
le typhon Maemi : puisque le taux de pénétration de l’assurance et les valeurs
assurées étaient, en particulier dans le domaine privé, rela-
– 127 victimes tivement faibles. D’après les données connues, le rapport
– 25 000 personnes évacuées/sans-abri entre les dommages assurés et les dommages écono-
– plus de 5 000 habitations détruites miques causés par les typhons s’est élevé à 2 ou 3 %.
– 13 000 foyers privés et magasins endommagés
– 465 navires touchés, avariés ou détruits Outre la possibilité de contracter une assurance, il existe un
– 2 raffineries de pétrole ont dû être fermées programme national de protection, qui procure une aide
– 5 centrales nucléaires ont dû être arrêtées ; 1,4 million de financière directe aux personnes concernées. Ce programme
ménages en ont été affectés. entre en application à partir d’un préjudice économique total
d’1,5 milliard de wons sud-coréens, soit environ 1,3 million
Rien qu’en Corée, le dommage économique causé par de $US, et/ou de 30 000 sans-abri.
Maemi a atteint 4,8 milliards de $US. Environ 12 %, soit
557 millions de $US, étaient assurés. Le rapport dommages assurés/préjudice économique
atteint par Maemi était de 12 %. Les indemnités versées par
l’État se sont élevées à environ 1 400 milliards de wons
(environ 1,2 milliard de $US). En raison de ces expérien-

Fig. 10 : Typhon Maemi en 2003 Fig. 11 : Typhon Maemi :


pourcentage des dommages assurés

La répartition des pointes de vent Trajectoire du typhon Maemi


maximales sur la trajectoire de Maemi, Pointes de vent
du sud de la Corée en direction nord- maximales en km/h
est. Les raz de marée sur la côte et les Dommages matériels 60,3 %
80–100 km/h
inondations à l’intérieur du pays ont Transport 20,6 %
110–120 km/h
contribué pour une bonne part aux Automobile 17,7 %
130–140 km/h
charges d’indemnisation. Autres 1,4 %
150–160 km/h
210–220 km/h
Source : Groupe de Recherche
Géo Risques, Münchener Rück (2005)

28
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

ces, on envisage maintenant un système d’assurance des Les dommages causés par Lothar ne pouvaient être évités,
risques naturels. En parallèle, on projette d’adapter le car les météorologues avaient sous-estimé la tempête :
niveau des taux à l’exposition et d’introduire une franchise soit on ne l’avait pas annoncée du tout, soit on l’avait
généralisée pour les risques naturels. annoncée, mais en pronostiquant des vitesses de vent trop
faibles. C’est pourquoi beaucoup de personnes ont été
L’évolution de la sinistralité dans le segment Transport a surprises aussi bien par la violence de l’ouragan que par
montré que les différents chantiers navals constituaient de l’ampleur des dommages.
fortes concentrations de valeurs et représentaient ainsi,
pendant la saison bien connue des typhons, un risque de 200 km plus au sud, la tempête Martin a traversé la France
cumul qu’il ne fallait pas sous-estimer. Ceci souligne le fait en soufflant en rafales de 150 à 190 km/h. Sa plus basse
que, dans ce segment aussi, le contrôle des cumuls est un pression étant de 964 hPa, elle n’atteignait pas tout à fait
élément essentiel et primordial de la gestion des risques. celle de l’ouragan Lothar.
Les exploitants de chantiers navals peuvent donc s’inspirer
de cette méthode de gestion afin de réduire le potentiel de Une semblable superposition de 2 tempêtes s’était pro-
dommages. duite en janvier et février 1990 avec le passage de Daria et
Herta. Les dommages assurés engendrés par ces ouragans
1999 en Europe : les tempêtes d’hiver Lothar et Martin s’étaient élevés alors à environ 8,5 milliards d’€. Cepen-
dant, les vents de Lothar et de Martin ayant soufflé à des
De nombreuses régions européennes ont été complètement vitesses nettement supérieures, les dommages causés ont
surprises par les tempêtes qui se sont produites en décem- atteint de nouveaux niveaux record, notamment en France
bre 1999. En France et en Allemagne principalement, ces et en Allemagne.
événements ont causé des dommages sans précédent. Du
26 au 28 décembre 1999, les tempêtes Lothar et Martin ont Dommages
ravagé l’Europe centrale. Elles s’étaient formées au-dessus
des eaux froides de l’Atlantique nord, avaient développé À elle seule, la tempête Lothar a causé des dommages éco-
leur force maximale au-dessus de l’Europe et fini par se nomiques de près de 11,5 milliards d’€, dont 50 % étaient
dissiper 2 ou 3 jours plus tard. Lothar a atteint sa plus assurés. Vu les quelque 2,4 millions de sinistres indivi-
basse pression (961 hPa) dans les alentours de Paris. Une duels, cela correspond à un montant moyen d’environ
montée de l’intensité des vents au-dessus des terres n’a- 2 500 € par sinistre. L’endroit dévasté le plus connu a été le
vait pas été annoncée. Dans l’intérieur du pays, l’ouragan parc d’attraction Disneyland Paris, qui, en raison des
Lothar a atteint des pointes de vent de 180 km/h et, sur les dégâts matériels, a dû fermer ses portes le lendemain de
sommets des Alpes, il a même soufflé en rafales de 250 Noël.
km/h. Le diamètre de l’ouragan mesurait presque 300 km.

Des millions de façades et de fenêtres ont été Dans presque tous les cas, des toits ont été
endommagées par les tempêtes d’hiver en 1999. endommagés et certains ont même en partie été
déclarés pertes totales.

29
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans

C’est surtout en France que la tempête Martin a causé des sapeurs sont intervenus. Plus de 600 km de câbles de rem-
dégâts, mais elle a également sévi en Espagne, en Suisse et placement ont dû être acheminés d’autres pays par un
en Italie, causant la mort de 30 personnes. Le montant total pont aérien. En outre, de nombreuses entreprises ont rap-
des dommages économiques s’est élevé à 4 milliards d’€, pelé leurs employés en congés ou en retraite anticipée. On
celui des dommages assurés à 2,5 milliards d’€ pour 1 million a prié les collègues de revenir au bureau. Ce n’est qu’à la
de sinistres individuels. Pour la tempête Martin, le montant mi-janvier que la situation est redevenue normale et que
moyen du sinistre a également atteint environ 2 500 €. pratiquement tous les branchements fonctionnaient de
nouveau.
Au total, les tempêtes d’hiver ont coûté la vie à 140 person-
nes en 1999. Le montant des dommages économiques s’est Une grande entreprise française de télécommunication a
élevé à 15,5 milliards d’€, celui des dommages assurés à déclaré un sinistre de 150 millions d’€, le plus grand sinis-
8,4 milliards d’€ pour 3 millions de sinistres individuels. Par tre individuel assuré. De nombreux bâtiments avaient été
rapport à une seule tempête, les tempêtes d’hiver ont touchés et près de 500 000 pylônes abattus. À la fin de
engendré, en France, le plus grand montant de dommages l’année, plus d’1 million d’usagers n’avaient pas de ligne
assurés de toute l’histoire du pays. Sur les 96 départements, téléphonique en état de fonctionner. L’entreprise a effectué
69 ont été déclarés zones sinistrées. assez tard la déclaration de ce gros sinistre et, quelques
mois plus tard, a dû relever de presque 100 % sa première
Les bourrasques, les débris emportés par le vent et les ar- estimation. En sus de l’absence d’un système approprié de
bres abattus ont endommagé de nombreuses infrastructu- contrôle des dommages, c’est surtout une hausse de 300 %
res telles que routes et lignes de chemin de fer, mais éga- des prix des matériaux de réparation et des coûts de main-
lement lignes téléphoniques, lignes à haute tension et de d’œuvre qui a conduit à cette correction.
surface appartenant à des entreprises industrielles ou
étatiques. Les bâtiments publics ont également été touchés par les
tempêtes. Selon les estimations, près de 10 % des écoles
Pour le seul territoire français, environ 3 millions de sinis- ont été endommagées. À Paris et en banlieue, par exem-
tres individuels ont été enregistrés, la plupart concernant ple, certaines écoles étaient dévastées à 60 %. Sur la côte
des bâtiments d’habitation. À Paris, 60 % des toits ont été Atlantique, des ondes de tempête ont détruit des embarca-
endommagés et environ 6 000 des 175 000 arbres déracinés. tions mouillées dans les ports, des automobiles en station-
nement, des digues et des habitations situées à proximité.
Pour 95 % des risques, les dommages ont touché les toitures,
pour 35 % les murs extérieurs. On a déploré d’autres domma- Gestion du sinistre
ges principalement aux cheminées, aux antennes, aux fenê-
tres et à des millions d’arbres. Dans une analyse effectuée sur Comme les 2 tempêtes s’étaient produites dans les limites
place, Risk Management Solutions (RMS) a constaté que les de la clause de 72 heures, habituellement appliquée, une
bâtiments datant de la fin des années 1980 et du début des controverse est née au sujet du texte des polices et des
années 1990 présentaient plus de dommages que les édifices estimations du SMP. En définitive cependant, les tempêtes
plus anciens datant des années 1960 et 1970. ont été définies par le marché des assurances comme
2 événements indépendants. Une conséquence de ces plus
En outre, on a constaté que les hautes cheminées, qui de 3 millions de sinistres individuels survenus de manière
dominent habituellement les bâtiments anciens, avaient inattendue a été la pénurie d’experts. Vu la quantité de
causé, en s’écrasant, d’autres dommages aux toitures. De petits sinistres, certains assureurs ont effectué le règle-
surcroît, quand les toitures n’étaient pas bien entretenues, ment sans avoir recours à des experts.
des dégâts s’étaient également produits.

De même, les entreprises industrielles ont été fortement


touchées. En sus des toitures et des façades, ce sont princi-
palement les lignes électriques de surface qui ont été dété-
riorées. 3,5 millions de foyers ont été privés d’électricité à
la suite de la chute de près de 300 pylônes électriques, en
raison de câbles arrachés et de transformateurs grillés. La
plus importante société française de distribution d'énergie
a estimé ses propres dommages à 2,5 milliards d’€ et a
parlé d’actions de grande envergure pour minimiser et éli-
miner les dégâts. Pour effectuer les opérations de rétablis-
sement du réseau, une armée de 100 000 techniciens, dont
certains venant d’entreprises de construction européen-
nes, une flotte de 400 hélicoptères et un groupe de 6 000

30
Des constructions légères, comme ce chapiteau à
Munich, ont été des proies faciles pour la tempête
Juste après le passage des tempêtes, certains assureurs
Lothar en décembre 1999.
Dommages étaient débordés par l’affluence des déclara-
tions de sinistre. Afin de créer des capacités, par exemple,
les dommages non couverts n’ont pas été saisis sur ordi-
nateur et des employés venus d’autres branches ont été
adjoints au service de règlement des sinistres de la bran-
che Dommages. Parfois, des badauds avides de sensation
ont considérablement gêné l’accès aux lieux sinistrés et
retardé les travaux de déblaiement. Ceci a perturbé, entre
autres, l’intervention du Service allemand d’assistance
technique ( « Technisches Hilfswerk » ) qui venait porter
secours avec 2 000 collaborateurs.

Les jours fériés de Noël, et les vacances scolaires ont eu,


pour l’industrie des assurances, une répercussion positive,
surtout sur les sinistres de pertes d’exploitation, car de
nombreux dommages ont pu être réparés pendant ces
journées-là.

Vous trouverez de plus amples informations dans notre


brochure « Tempêtes d’hiver en Europe » (2001).

31
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Séismes

Les géologues estiment que la terre tremble environ 20 000 fois par
an. Tous les 2 à 3 jours survient un séisme d’une intensité atteignant
au moins 6 sur l’échelle de Richter et pouvant occasionner de lourds
dommages. Les enseignements tirés des tremblements de terre d’Iz-
mit, en Turquie, et de Kobe, au Japon, offrent des critères utiles pour
la gestion des sinistres découlant de catastrophes de cette ampleur.

1999 en Turquie : le séisme d’Izmit Dans l’ensemble, l’ampleur des dévastations a été à l’é-
chelle des dégâts auxquels on peut s’attendre face à un
1999 a été l’année des grandes catastrophes naturelles. séisme de cette intensité dans des régions proches du foyer
Rien qu’en Turquie, presque 18 000 personnes sont mortes sismique. À l’exception, toutefois, des nombreux effondre-
lors de violents séismes qui ont sévi aux mois d’août et de ments totaux qui étaient dus à la très mauvaise qualité de la
novembre. Le préjudice économique a été énorme et a pesé construction des bâtiments d’habitation en Turquie. Des
sur la croissance de l’économie turque durant plusieurs déplacements de sol et des tassements ont aussi été à l’ori-
années. gine de très gros dégâts. Les bâtiments effondrés – comme
tous les immeubles récents en Turquie – avaient été conçus
Événement et construits suivant des normes leur permettant en prin-
cipe de résister aux tremblements de terre. Elles correspon-
Le 17 août 1999 à 3 h 02 (heure locale) est survenu, à une dent en majeure partie au « Uniform Building Code » cali-
latitude Nord de 40,7° et une longitude Est de 30°, un séisme fornien. Le fait que des immeubles à plusieurs étages n’ont
de magnitude 7,4 sur l’échelle de Richter. Le foyer sismique pas résisté aux secousses sismiques et ont été détruits
était situé à quelque 17 km de profondeur et à environ 90 km vient de ce que le code de construction parasismique n’a
au sud-est d’Istanbul, dans le golfe d’Izmit. La secousse pas été strictement appliqué, faute aussi de surveillance
principale du 17 août a été suivie de centaines de répliques, durant les travaux.
dont la plus forte a ébranlé le sol le 13 septembre 1999
(magnitude 5,9), faisant encore au moins 10 victimes et plus Du point de vue assurantiel, les séismes entrent dans la
de 300 blessés. catégorie des cumuls, pour lesquels non seulement plu-
sieurs branches sont touchées, par exemple les branches
Ce séisme n’a pas frappé la région de façon totalement Dommages ou Risques techniques, mais aussi divers
inattendue. Cette zone est connue pour être une « lacune domaines de l’industrie. Les secousses destructrices qui
sismique », autrement dit une région à probabilité d’occur- ont frappé la Turquie ont surtout affecté l’industrie lourde
rence accrue. Un peu plus à l’ouest se trouve une autre et l’industrie pharmaceutique, le secteur automobile, la
lacune. fabrication du papier et des pneus, les industries de l’acier
et du ciment ainsi que l’industrie pétrochimique. L’incendie
Dommages de la raffinerie de Tupras a constitué le plus gros sinistre
individuel (150 millions de $US) et aussi le premier incen-
Cette série de secousses telluriques dévastatrices se die d’une raffinerie de pétrole consécutif à un tremblement
traduit en chiffres comme suit : de terre depuis 1992.

– Préjudice économique : 12 milliards de $US L’infrastructure, elle non plus, n’a pas été épargnée. En très
– Dommages assurés : 600 millions de $US peu de temps, le séisme a paralysé les systèmes de distribu-
– Morts : 17 200 tion d’eau et d’électricité et a dévasté docks, ouvrages por-
tuaires, ponts et routes. Cela a occasionné pour les assu-
reurs et les réassureurs des coûts substantiels en assurance
Dommages, notamment lorsqu’il existait des garanties Per-
tes d’exploitation.

32
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes

Route endommagée dans le port de Gölcük. Trois jours après le séisme, la raffinerie de Tupras,
près de Korfez, brûle encore.

Les sapeurs-pompiers luttent contre le feu qui Sinistre partiel chez un fabricant de pneus à
ravage les réservoirs de la raffinerie de Tupras. Izmit.

De nombreuses maisons situées le long de la Dégâts caractéristiques sur un bâtiment doté


côte, entre Gölcük et Yalova, se sont écroulées. d’un rez-de-chaussée de construction souple : les
piliers ont cédé et la maison s’est effondrée.

33
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes

Gestion du sinistre 1995 au Japon : le séisme de Kobe

La zone sinistrée a offert un spectacle de désolation après Le Japon est situé sur une des zones sismiques les plus
la première vague de secousses telluriques. Des problèmes actives du monde. Les petites secousses n’y sont presque
massifs de communication sont encore venus aggraver la plus prises en compte, et l’amélioration des techniques de
situation. la construction donne au public un sentiment de sécurité.
Pourtant, l’exemple de Kobe a montré que ce risque naturel
Rappelons-le, le séisme est survenu la nuit, peu après 3 h. est insidieux et, de ce fait, fort préoccupant : contrairement
Bien que les informations soient parvenues tôt le matin, il à d’autres risques naturels, celui-ci est pratiquement impré-
a été impossible de contacter les collaborateurs des entre- visible et une mise en garde est quasiment impossible.
prises d’assurance concernées durant 1 ou 2 jours. Cela
s’explique, entre autres, par le fait que le nombre de victi- Événement
mes était très élevé et que, dans la capitale aussi, beau-
coup de personnes étaient personnellement affectées par Le Japon a fait cette triste expérience le 17 janvier 1995,
la catastrophe ; par ailleurs, la défaillance du réseau d’ali- lorsqu’un terrible séisme est venu frapper la ville de Kobe et
mentation en courant électrique et le chaos généralisé de les préfectures voisines de Hyogo et d’Osaka. À 5 h 46, un
la circulation ont empêché que l’on puisse prendre contact séisme, qui a duré 20 secondes, a ravagé la ville. Ce court
avec les personnes compétentes. Ce n’est que 3 ou 4 jours espace de temps a suffi pour changer complètement la
plus tard que les premiers interlocuteurs ont de nouveau physionomie de la ville et transformer la vie de ses habitants.
été joignables. La zone touchée n’était généralement pas
accessible. Seuls les secours turcs ou internationaux L’épicentre du séisme était situé à une profondeur de 13
avaient le droit de se rendre sur les lieux. Les experts en km, environ à mi-chemin entre l’île de Awaji et la ville de
sinistres et les experts d’assurance n’ont pu examiner la Kobe, par 34,65° de longitude Nord et 135,18°de latitude
zone sinistrée qu’une semaine ou 15 jours plus tard. Est. Sa magnitude a atteint 7,2 sur l’échelle de Richter. Cela
correspond à la magnitude 7 sur l’échelle d’intensité japo-
naise à 7 degrés. Jamais auparavant, le Japon moderne
n’avait été la proie d’une force destructrice aussi intense.

Fig. 1 : Carte sismotectonique du sud du Japon

Plaque eurasienne
Tokyo

Kobe

Awaji Plaque du
Pacifique
1944

Plaque des Philippines


MTL 1946

Risque sismique pour Kobe : 2 plaques entrent ici en


collision, la plaque eurasienne et la plaque des Philip- Épicentre du séisme de 1995
pines. Après la survenance des séismes en 1944/1946,
on avait supposé que le risque de tremblement de terre Zones de rupture du séisme de 1944/46
portait essentiellement sur la zone nord se trouvant à la
frontière des plaques. Les zones de cette frontière qui Frontière des plaques
ont subi une rupture en 1944/46 sont hachurées en
rouge. Le risque sismique semblait faible pour la région MTL Median Tectonic Line
de Kobe qui, de ce fait, n’était pas préparée au tremble-
ment de terre de 1995.

Source : http://www.seismo.unr.edu
34
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes

La ville de Kobe compte environ 1,5 million d’habitants et On peut localiser exactement le système de faille en se
est située à quelque 200 km au nord de la fosse océanique basant sur les épicentres des répliques survenues durant
de Nankaï qui marque la frontière entre la plaque eura- les 2 premiers jours. La zone de rupture du séisme de Kobe
sienne et la plaque des Philippines. Les surfaces hachurées s’étend de la partie nord de l’île Awaji jusqu’à la baie
en rouge (figure 1) constituent des parties de la zone de d’Osaka et le long de Honshu jusqu’au sud de Kobe. Les
frontière entre les plaques qui se sont déjà rompues lors conséquences catastrophiques du séisme sont dus à ce
des séismes de 1944 et 1946. En outre, la Median Tectonic que la secousse principale s’est produite en plein sur la
Line (MTL), une faille horizontale comparable à celle de de faille ArimaTakatsuki.
San Andreas, en Californie, est localisée à 60 km au sud de
Kobe. Dommages

Étant donné l’éloignement relativement important de gran- Vu l’activité sismique relativement faible de la faille Arima-
des failles telles que la MTL, le non-spécialiste se demande Takatsuki – le dernier gros séisme survenu dans cette zone
comment un événement comme celui de Kobe a pu se pro- datait de 1596 –, personne ne s’attendait à un séisme de
duire. Les modèles de microfissuration nous donnent ici cette ampleur. Cela explique aussi les difficultés rencon-
une explication. Le schéma 2 fait apparaître les frontières trées au début pour maîtriser la catastrophe. Notamment
de fissuration pour la région Kobe-Osaka. Kobe est locali- les champs de compétence entre les autorités locales, le
sée directement au-dessus de la ligne tectonique Arima- gouvernement national et les organisations humanitaires
Takatsuki qui constitue la portion Nord-Ouest du microbloc internationales n’étaient pas clairement délimités. Bien
d’Osaka. Ce bloc est limité au sud par la MTL. On suppose que le « Large-Scale Countermeasure Act » du gouverne-
que le système de faille Arima-Takatsuki est à l’origine du ment réglemente depuis 1978 les mesures d’urgence en
grand tremblement de terre de Hanshin, comme on appelle cas de gros tremblement de terre, il n’en a tout d’abord pas
aussi au Japon le tremblement de terre de Kobe. Cela se été fait application. Motif : ces mesures destinées à sauve-
trouve confirmé par l’enregistrement des répliques repré- garder les vies et les valeurs matérielles n’entrent en jeu
sentées dans le schéma 3. que pour les gros séismes qui surviennent dans des
régions sismiques spécialement enregistrées comme
zones sismiques. Jusqu’alors, seules la ville de Tokyo et la
région de Tokai étaient considérées comme exposées,
Kobe n’était absolument pas prévue dans la liste.

Fig. 2 : Failles dans la conurbation Osaka-Kobe Fig. 3 : Répliques de 1995

0 20 km

ATL

Osaka Kobe
Kobe
RF
UF

Osaka Bay
Nojima F.
F
OB

Awaji

MTL

Le dernier gros séisme a eu lieu RF Rokko fault system On peut localiser exactement le Épicentres des répliques
dans cette région en 1596. Cela OBF Osaka Bay fault système de faille en se basant sur les
explique que le risque sismique y ait UF Uemachi fault épicentres des répliques survenues Source : wwweic.eri.u-tokyo.ac.jp/
été malheureusement sous-estimé. ATL Arima Takatsuki Tectonic durant les 2 premiers jours. Les db/jma/index.html
Line conséquences catastrophiques du
MTL Median Tectonic Line séisme sont dus au fait que la
Collines et montagnes
secousse principale s’est produite en
Sols alluviaux/plaine
plein sur la faille Arima-Takatsuki.
Épicentre du séisme
de 1995

35
Le port artificiel de Port Island quelques semaines
après le séisme. Les postes à quai étaient inutili-
sables et les rails des grues étaient détruits. Un an
plus tard, le port était reconstruit à près de 80 %.

Les chiffres ressortant du bilan de Kobe reflètent l’effroya-


ble ampleur de cette catastrophe naturelle :

– Morts : > 6 000


– Blessés : > 40 000
– Dommages aux bâtiments causés par le séisme :
> 390 000
– Dommages aux bâtiments dus aux incendies consécutifs
au séisme : > 6 000

Au total, la catastrophe a occasionné un préjudice écono-


mique représentant 100 milliards de $US. Seule une infime
partie de cette somme, environ 3 milliards de $US, était
assurée.

Des dégâts massifs dus à la liquéfaction des sols ont affecté


particulièrement le port à conteneurs de Kobe. Les 35 pos-
tes à quai pour conteneurs ont été paralysés en l’espace de
quelques secondes. Les îles artificielles de Rokko Island et
de Port Island, notamment, ont subi des tassements repré-
sentant parfois 3 m (moyenne atteinte pour Rokko Island :
1,6 m) et il y a eu des déplacements du sol dans la zone
littorale artificielle qui ont atteint par endroits plus de 5 m.

36
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes

Kobe était jusqu’alors le sixième port à conteneurs du longueur de quelque 650 m. Dans cette zone, vu l’exiguïté,
monde, et il était à craindre que le séisme ait effacé ce plusieurs routes et voies de chemin de fer sont en surélé-
centre de transbordement de la carte mondiale des ports de vation. Le séisme ne les a pas épargnés : 320 ponts et plus
chargement. D’après les premières estimations du gouver- de 9 400 tronçons de voies ont été endommagés ou
nement, les frais de reconstruction se situaient autour de détruits. De plus, de nombreuses routes secondaires ont
1 400 milliards de ¥ (environ 12,8 milliards de $US). été bloquées par les décombres de maisons effondrées ou
suite à des affaissements consécutifs à des éboulements
Grâce à un planning de construction prévoyant et à de dans les zones de circulation du métro.
solides fondations de piliers, les constructions ont été large-
ment épargnées par le séisme, notamment dans la partie Tous les systèmes vitaux d’approvisionnement et d’éva-
centrale des îles artificielles. Cependant, les dégâts surve- cuation (électricité, eau, gaz, téléphone, eaux usées, etc.)
nus aux systèmes d’approvisionnement ont été considéra- étaient presque complètement paralysés, environ 1 million
bles. Des effondrements complets ou des dommages mas- de personnes ont été privées d’électricité. Toutefois, en
sifs aux structures porteuses d’immeubles d’habitation, l’espace de 24 heures, la moitié était de nouveau approvi-
à usage commercial ou de bâtiments industriels se sont sionnée par le réseau et, une semaine après, les autres
surtout produits dans une zone étroite parallèle à la faille foyers restés intacts étaient de nouveau alimentés.
active. De vastes incendies ont en outre entièrement détruit Et cela, grâce à l’étroite coopération des centrales de
des blocs d’habitation notamment dans des régions à forte production d’électricité, qui ont aidé à la reconstruction
densité de population. Les facteurs combinés – construction moyennant d’immenses efforts et des moyens techniques
à grande densité, rues étroites et nature des matériaux de exceptionnels.
construction utilisés – ont permis au feu de se propager
rapidement. De plus, les actions de secours immédiates et La distribution d’eau pour les quelque 3,4 millions d’habi-
ultérieures ont été entravées par la défaillance et l’effondre- tants de Kobe et des préfectures limitrophes a été
ment de l’infrastructure. La part des incendies dans le sinis- défaillante à 85 %. Cela a considérablement handicapé les
tre total a cependant représenté moins de 10 %. opérations d’extinction. D’innombrables ruptures de
conduites, difficiles à localiser, ont occasionné des goulots
En particulier dans le district de Hanshin, les voies princi- d’étranglement au niveau de l’approvisionnement de la
pales de circulation (rues, rails, métro) passent toutes dans population. Il a fallu environ 5 semaines pour arriver à
un étroit corridor de 3 km de large. Elles constituent le long réparer presque 90 % des dommages. Avant le séisme, la
de la baie d’Osaka l’axe principal de communication pour ville de Kobe avait déjà mis au point, pour un approvision-
les transports de marchandises et de personnes entre l’est nement de secours, un système appelé « two-supply pond
et l’ouest du pays. C’est aussi là que s’est produit l’effon- system ». L’alimentation se fait ici par l’intermédiaire de 2
drement spectaculaire de l’autoroute de Hanshin sur une retenues. En cas de tremblement de terre, une commande

Cet appontement dans le port à conteneurs de Les obstacles dangereux et volumineux comme
Kobe a été littéralement soulevé par les forces les décombres, les câbles électriques ou les
telluriques. conduites de gaz béantes ont gêné les actions de
secours. Par mesure de prévention, beaucoup de
canalisations d’alimentation de gaz sont munies
de soupapes de coupure, mais ces dernières ne
fonctionnent pas toujours.

37
38
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes

électronique permet de stopper l’écoulement d’une rete- dans le centre des villes. C’est la General Insurance Asso-
nue. La réserve en eau ainsi obtenue est censée suffire ciation of Japan (GIAJ) qui coordonne la gestion des sinist-
pour alimenter Kobe durant une semaine. Ce système a res pour le programme d’État. Cette société intègre tous les
fonctionné comme prévu de sorte qu’il y a tout d’abord eu assureurs et les experts en sinistres pour les catastrophes
suffisamment d’eau pour tout le monde. Mais la répartition causées par des tremblements de terre. Il est clairement
via le réseau de conduites n’a pas été possible, car diver- défini comment les sinistres doivent être traités et classés,
ses canalisations avaient éclaté. Cependant, l’intervention ce qui permet une gestion relativement rapide et simple.
de plus de 2 000 techniciens et d’environ 840 engins-citer-
nes a permis de résoudre le problème. Le séisme de Kobe a donné l’occasion de tester ce sys-
tème, qui a dû être adapté dans différentes phases, notam-
Sur le plan commercial, ce sont surtout les fabricants de ment sur le plan de l’indemnisation.
chaussures en plastique qui ont subi les plus gros dégâts.
Leurs installations ont été détruites à 90 % par le séisme et Dans le détail, le programme d’assurance d’État couvre 2 do-
les incendies qui lui ont succédé. Jusque-là cette branche maines : les bâtiments d’habitation et les biens mobiliers – il
de l’industrie couvrait environ un dixième du marché japo- est donc comparable à une assurance Multirisque Habitation
nais de la chaussure. Les fabricants de saké, boisson natio- normale. L’indemnisation se fait en 3 étapes, suivant qu’il s’a-
nale très appréciée des Japonais, ont aussi été durement git d’un sinistre total, d’un demi-sinistre ou d’un sinistre par-
frappés. Avant le séisme, les 50 fabricants de saké de Kobe tiel. Comme le fait apparaître le tableau suivant, le montant
produisaient environ un tiers du saké consommé au Japon. de l’indemnisation est fonction du taux d’endommagement.

Gestion du sinistre Ce programme est en place depuis le tremblement de terre


de Niigata en 1964. Les plafonds d’indemnisation ont été rele-
Pour l’assurance des immeubles d’habitation contre le vés en plusieurs étapes et adaptés dans la formule de garan-
risque de tremblement de terre, on peut tirer de la cata- tie ; au moment du séisme, ils étaient fixés à 10 millions de ¥
strophe de Kobe des enseignements d’ordre général, utiles (93 000 $US) pour les bâtiments et à 5 millions de ¥ (46 500
pour la gestion des sinistres : en principe, le programme $US) pour les biens mobiliers. Ces montants n’ont pourtant
d’assurance d’État, auquel tous les assureurs locaux sont couvert qu’une fraction des dommages occasionnés par la
rattachés, couvre les bâtiments d’habitation au Japon. Les catastrophe. Sous le poids de la pression publique, ces limi-
mutuelles offrent des solutions alternatives, mais elles ne tes ont dû encore être relevées, et représentent à l’heure
prennent pas en charge les risques de tremblement de terre actuelle respectivement 50 millions de ¥ (465 000 $US) et
10 Millions de ¥ (93 000 $US).

Fig. 4 : Le programme d’assurance de l’État au Japon

Dommages aux biens Sinistre total Demi-sinistre Sinistre partiel


Bâtiments Dommage/réparation Dommage/réparation Dommage/réparation
structure porteuse > 50 % structure porteuse > 20 % et structure porteuse > 3 %
de la valeur du bâtiment < 50 % de la valeur du bâti- et < à 20 % de la valeur du
(valeur de marché) ou sur- ment (valeur de marché) ou bâtiment (valeur de mar-
face utile perdue > 70 % de surface utile perdue > 20 % ché) ou inondation du rez-
la surface utile totale et < 70 % de la surface utile de-chaussée consécutive à
totale un séisme/45 cm au-dessus
du niveau du sol
Contenu Dommage au contenu Dommage au contenu Dommage au contenu
> 80 % de la valeur de > 30 % et < 80 % de la valeur > 10 % et < 30 % de la valeur
marché de marché de marché
Indemnisation 100 % de la S.A. 50 % de la S.A. 5 % de la S.A.
Tremblement de terre* Tremblement de terre* Tremblement de terre*
* Somme assurée Tremblement de terre
= 30–50 % de la somme assurée Incendie,
mais ne pouvant dépasser la limite
d’indemnisation.

Le système d’indemnisation de l’assurance


Tremblement de terre au Japon pour les
bâtiments et leur contenu.

En 1995, le tremblement de terre de Kobe a Source : EQ Insurance in Japan


complètement détruit l’autoroute de Hanshin
sur une longueur de 650 m.

39
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes

Le modèle japonais montre que la coordination ciblée et la plus anciennes. En même temps, les dommages subis
façon de procéder pour le règlement des sinistres a des par les bâtiments plus vétustes ont été plus importants
retombées positives : les sinistres de masse sont réglés que prévus. Le séisme a généré des arrêts d’exploitation
rapidement et équitablement. considérables dans la branche commerciale et indus-
trielle. Le plus souvent, les pertes économiques ont été
La sécurité des bâtiments joue depuis toujours un rôle très supportées par les entreprises elles-mêmes, étant donné
important au Japon. C’est le premier pays à avoir introduit, qu’habituellement, sur le marché local, les interruptions
en avril 1919, à l’échelle nationale, un code de la construc- d’exploitation ne sont pas assurées. On peut en conclure
tion portant sur la planification de constructions parasis- que ce genre de garanties, en cas de supercatastrophes,
miques. Les paramètres en matière de conception se sont peuvent devenir problématiques pour les assureurs et
améliorés au cours des décennies, surtout sur la base de les réassureurs.
données nouvelles acquises après la survenance de gros
séismes. D’importantes modifications sont intervenues en Le tremblement de terre de Kobe a montré que des
1982. Malgré ces progrès, une grand nombre de structures mesures telles qu’une planification complète, une ges-
et de bâtiments existants comportent de gros déficits eu tion de la qualité et un contrôle technique des travaux
égard à la résistance aux secousses telluriques, et ce pour constituent des composants essentiels pour un manage-
les raisons suivantes : ment d’urgence efficace. C’est de cette façon que l’on
peut le mieux prendre en compte les expositions
– structure correspondant à des normes anciennes connues. Il devrait en être fait application dans toutes les
– non-respect des normes de sécurité en vigueur régions exposées aux tremblements de terre.
– négligence dans l’exécution des travaux

On observe malheureusement cette tendance négative


dans de nombreux pays, et même dans les pays riches. La
situation pourrait être améliorée grâce à un contrôle effi-
cace effectué par une autorité compétente lors de la cons-
truction de bâtiments et pour les opérations de réfection
imposées par la loi. Eu égard aux aspects sécurité, ces
mesures devraient figurer tout en haut sur la liste to-do.

Les taux de pénétration de l’assurance au niveau des


risques commerciaux et industriels étaient très faibles en
1995. D’où la difficulté d’apprécier la gestion des risques
du point de vue assurantiel. Cependant, si l’on compare les
biens et les industries concernés, on constate ce qui suit :
les bâtiments et les installations industrielles modernes,
conformes aux normes parasismiques après la réforme du
code de la construction en 1982, se sont généralement
révélés être nettement plus stables que les constructions

40
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Inondations

Les inondations constituent les causes naturelles de sinistres ca-


tastrophiques les plus fréquentes. Dans le monde entier, environ un
tiers de tous les événements enregistrés et un tiers des dommages
économiques sont générés par les inondations. Et il n’y a pas que
les événements centennaux qui constituent des défis particuliers
pour le management des sinistres.

2002 en Europe : les inondations Fig. 1 : Les inondations en Europe en 2002

Événement

Au cours des premières semaines du mois d’août 2002,


Zone sinistrée
des inondations massives ont eu lieu dans toute l’Europe,
Pays touchés
de la péninsule ibérique à la mer Noire, de l’Écosse au Sud El
be
Fleuves en crue
de l’Italie. Le bilan humain a représenté quelque 400 morts.
Bassins versants
Les plus gros dommages ont été enregistrés à l’est de
Elbe
l’Europe centrale : certaines parties de l’Allemagne, de
l’Autriche et de la République tchèque ont été dévastées, Danube
Allemagne
plusieurs jours durant, par de violentes chutes de pluie qui
ont provoqué des inondations catastrophiques dans les
régions du Danube et de l’Elbe. Sur certains affluents des
fleuves Kamp (Autriche), et Wießeritz (Saxe), les débits ont
atteint l’intensité de périodes de retour de plus de 500 ans.

Les inondations ont été d’une telle gravité que de gros


dommages sont survenus non seulement à proximité des
République
fleuves, mais aussi là où on ne se serait normalement pas tchèque
attendu à un aléa d'inondation. D’énormes dégâts ont été be
nu
occasionnés notamment par les crues de type torrentiel Da
Slovaquie
qui, par exemple dans les monts Métallifères, ont trans-
formé de petits ruisseaux en fleuves impétueux. Dans bien
des cas, il a même fallu constater que les pertes étaient
Autriche Hongrie
totales. L’Elbe a atteint en 2002 des niveaux d’eau sans pré-
cédent. La crue a abîmé plusieurs digues qui se sont rom-
Les inondations du mois d’août 2002 ont affecté
pues à une bonne douzaine d’endroits. Les unités de pré- en Europe centrale les bassins versants du
vention des catastrophes ont lutté plusieurs jours contre Danube et de l’Elbe. La zone sinistrée est
hachurée en vert.
l’eau, car de larges étendues étaient inondées ; elles ont
sauvé des vies humaines et essayé de parer au plus pressé.

Dommages

Il n’est pas exagéré de considérer l’événement du mois


d’août 2002 comme une crue d’occurrence centennale. Cela
a incontestablement représenté – en chiffres absolus – la
catastrophe due aux inondations la plus coûteuse que l’Eu-
rope ait jamais connue. Rien que dans les 3 pays évoqués, le
préjudice économique a représenté au total presque 18
milliards d’€, dont à peine un cinquième était assuré.

41
Dresde, le 17 août 2002 : la prise de vue aérienne
permet de voir l’étendue des inondations. La
place située devant l’opéra Semper (au centre de
la photo) et la cour intérieure du Zwinger (en bas)
étaient totalement envahies par les eaux qui at-
teignaient une hauteur de 9,4 m.
L’Allemagne a été le pays le plus gravement touché par la
catastrophe. Environ les deux tiers des dommages dus aux
inondations sont survenus sur le sol allemand, dont envi-
ron les trois quarts en Saxe et à Dresde, sa capitale.

On a enregistré plus de 140 000 avis de sinistres en Allema-


gne. Le coût total des dégâts assurés s’est chiffré à environ
1,8 milliard d’€ et la charge moyenne des sinistres a repré-
senté quelque 12 000 €. Presque 87 % des dommages rele-
vaient de l’assurance Dommages (contenu, bâtiment
d’habitation, assurances des biens commerciaux et indus-
triels). 12 % d’entre eux grevaient l’assurance Automobile,
et le reste impactait essentiellement l’assurance Transport.

42
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Inondations

En République tchèque, selon les informations de l’associa-


tion nationale des assureurs, presque 78 000 sinistres ont
généré un coût total de dommages assurés s’élevant à
quelque 1,2 milliard d’€. Le sinistre moyen représentait ainsi
environ 15 000 €. Un tiers des dommages s’est focalisé sur
Prague, la capitale, où, entre autres, le métro a été inondé.

L’ampleur des inondations était telle que même les moyens


de protection contre les inondations mis en place temporai-
rement le long des fleuves n’ont pas permis de juguler vrai-
ment les dommages.

Dégâts à l’infrastructure et dommages industriels

C’est l’infrastructure qui a le plus souffert des inondations.


En Allemagne, les masses d’eau ont détruit 180 ponts et
740 km de routes. Rien qu’en Saxe, la compagnie des che-
République tchèque : des zones industrielles
mins de fer allemands a enregistré une perte (partielle ou entières étaient sous l’eau qui atteignait par
totale) de 540 km de rails, 130 km de remblais, 240 postes endroits un niveau de 2 m. Les parcs de réser-
voirs et les installations électriques ont été par-
d’aiguillage, 94 ponts et 200 gares. Le coût total du sinistre
ticulièrement détériorés par les inondations.
s’est chiffré à environ 1 milliard d’€.

La situation n’était pas beaucoup plus réjouissante pour le


métro pragois : 13 stations inondées par la crue et 35 km Dommages aux bâtiments
de tronçons de voie étaient noyés sous les eaux. Les
exploitants ont évalué le sinistre à un montant se chiffrant Les sinistres les plus dramatiques sont survenus le long
au moins à plusieurs dizaines de millions d’€, et les travaux des petits cours d’eau, dans le bassin versant de l’Elbe.
de réparation ont duré 6 mois. L’eau a pénétré dans le sys- Dans la région des monts Métallifères, l’eau a enfoncé des
tème du métro non seulement d’en haut, par la rue, mais murs, sapé des fondations et a provoqué ainsi l’écroule-
aussi d’en bas, par des joints défaillants ou des gaines ment total de certaines maisons. Après les crues, de nom-
pour câbles et tuyauteries. breux bâtiments étaient tellement endommagés qu’ils
n’ont pas pu être sauvés ou réparés.
Comme en République tchèque, un certain nombre d’ex-
ploitations industrielles étaient inondées, avec un niveau Dans le quartier de Karlin, dans la vieille ville de Prague,
d’eau atteignaient parfois 2 mètres, les dégâts matériels ainsi qu’à Dresde et dans d’autres villes, l’eau en s’écou-
ont également été accompagnés d’importants sinistres lant a détérioré un grand nombre d’immeubles qui sont
de pertes d’exploitation. Ainsi, une grande exploitation devenus inutilisables ; ceci étant dû, entre autres, à l’humi-
chimique a subi des dommages dus aux inondations se dité, aux boues polluées et parfois à un manque de stabi-
chiffrant à plusieurs dizaines de millions d’€. D’autres lité statique. À la suite de mesures préventives défaillan-
entreprises, par exemple une firme de télécommunication tes, certains réservoirs d’hydrocarbures qui fuyaient ont
allemande, ont subi des pertes dont le montant a dépassé provoqué une série de dommages de contamination. Les
100 millions d’€. boues laissées par les crues, contaminées par le pétrole ou
des bactéries, ont du être évacuées. La moisissure qui
s’était formée dans nombre de bâtiments mal séchés a

Fig. 2 : Bilan des inondations survenues en 2002 (en milliards d’€) : Les inondations du mois d’août
2002 ont constitué – en chiffres
absolus – la catastrophe due aux
Préjudice total Dommages assurés Pourcentage assuré inondations la plus coûteuse que
Allemagne 11,5 1,8 16 % l’Europe ait jamais connue. Les
dommages assurés se sont élevés
Autriche 3,1 0,4 13 % au total à 3,4 milliards d’€.
République
Source : Groupe de Recherche
tchèque 3,0 1,2 40 % Géo Risques, Münchener Rück
(2005)

43
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Inondations

occasionné d’autres dommages consécutifs aux inonda- Fig. 3 : Dommages liés aux inondations : le coût des
tions. La fermeture de ces immeubles a généré diverses sinistres est fonction du niveau d’eau
interruptions d’exploitation.
20
Sinistre
Les eaux souterraines, qui étaient remontées à la surface, (1 000 €)
ont en partie impacté massivement la statique des bâti-
ments, ce qui a augmenté le coût total du sinistre. Le flotte-
ment, les inclinaisons et les fissurations ont généré des
problèmes de stabilité statique ou des pertes de stabilité,
15
suivis dans certains cas de l’écroulement des construc- Préjudice total
tions. Pour réduire les dommages, on a en partie inondé
volontairement des caves afin d’équilibrer les charges de
pression sur le bâtiment et pour éviter aussi que les mas-
ses d’eau qui s’écoulaient détériorent la structure des
constructions. Toutefois, il a souvent été nécessaire d’ap- 10
pliquer des mesures supplémentaires pour préserver la
stabilité statique, ce qui a fait sensiblement augmenter les
coûts de sinistres. Biens
mobiliers
Les innombrables dommages aux constructions le mont-
rent clairement : il est impératif de prendre en compte 5 Biens immobiliers
l’éventualité d’une crue dans le planning de construction.
Un grand nombre de bâtiments étaient par exemple cons- Bâtiments et
truits directement au bord de rivières de moyenne monta- installations
extérieures A
gne, presque au même niveau que le cours d’eau ou dans Cave Rez-de-chaussée
des vallons. La situation a également été aggravée par les Hauteur d’eau en cm
facteurs suivants : construction ne prenant pas en compte
0 30 60 90 120 150 180 210 30 60 90 120
les risques, ne prévoyant pas de moyens d’étanchement
ou avec des cuvelages de cave non étanche, utilisation ne Source : Bayer. Landesamt für
Wasserwirtschaft 1989
tenant pas compte des risques, comme l’aménagement
coûteux d’une cave.
La courbe fait apparaître l’interdépendance de la
hauteur d’eau (en centimètres) et du coût de
La figure 3 fait apparaître l’interdépendance de la hauteur
sinistre (en pourcentage) par rapport à la valeur
d’eau (en centimètres) et du coût de sinistre (en pourcen- du bâtiment pour la cave et le rez-de-chaussée.
tage) par rapport à la valeur du bâtiment pour la cave et
le rez-de-chaussée. La ligne critique est indiquée en poin-
tillés, entre cave et rez-de-chaussée, les valeurs situées Certaines sociétés avaient déjà auparavant adapté leurs
dans la zone d’habitation au-dessus du sol étant habituel- systèmes informatiques afin de pouvoir effectuer le règle-
lement beaucoup plus élevées. On peut ici limiter au pré- ment des sinistres de masse et mettre au point des formu-
alable les dégâts en transportant les biens de valeur dans laires simplifiés destinés par exemple au règlement des
les étages supérieurs. dommages aux bâtiments. Leur objectif était, dans le cas
d’une accumulation de dommages, de permettre à leurs
Gestion du sinistre clients et à leurs collègues, sur place, un règlement de
sinistres rapide, homogène et de haut niveau. Ces sociétés
Avant que les fleuves ne débordent, plusieurs sociétés ont aussi été les premières à être en mesure d’apprécier
d’assurance ont essayé de développer et de coordonner correctement les sinistres.
les opérations de règlement de sinistres en mettant en
place des groupes de gestion des situations d’urgence. Il Le fait que certaines compagnies aient mis en place des
était prévu qu’une équipe centrale ait des pouvoirs éten- équipes spéciales pour le règlement des gros sinistres
dus pour mettre en place les premières mesures d’urgence s’est aussi avéré efficace. Ces équipes étaient composées
et réunir les flux d’informations. On a pu ici mettre aussi à d’experts en sinistres, d’ingénieurs et de juristes ayant
profit les expériences faites lors du changement de millé- pour tâche d’effectuer un règlement rapide et optimal des
naire et desquelles on avait beaucoup appris pour le main- sinistres importants. La gestion des dommages a égale-
tien de la conduite d’une exploitation et la gestion des ment été facilitée par le fait qu’au départ les sinistres ont
situations d’urgence. Les techniques d’approche proacti- été documentés à l’aide d’une caméra.
ves ont largement aidé à maîtriser les sinistres de masse et
les problèmes d’infrastructure.

44
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Inondations

Problèmes lors de l’ouverture des dossiers de sinistres

Au cours des premiers jours qui ont suivi les inondations,


les déclarations de sinistres ne sont parvenues que très
lentement auprès des compagnies. D’une part, l’infrastruc-
ture étant détruite, les informations ne pouvaient pas cir-
culer rapidement ; d’autre part les assurés avaient tout d’a-
bord d’autres mesures d’urgence importantes à prendre. À
cela est venu s’ajouter le fait que certains assurés n’avaient
plus de documents contractuels justificatifs, leurs immeu-
bles ayant été inondés. Les installations centrales de traite-
ment des données des entreprises d’assurance étaient en
partie noyées sous les eaux.

De plus, le travail des assureurs a été problématique du fait


que pour les crues du mois d’août, il n’existait pas de base
d’appréciation empirique comme c’est le cas pour les tem- Une station de métro dans la vieille ville de Prague
après les terribles inondations d’août 2002 : les
pêtes ou les tremblements de terre. Il leur a donc fallu
marques sur les vitres permettent encore de se
apprécier les premiers dommages ad hoc, en se fondant faire une idée du niveau des eaux. L’infrastructure
sur la dimension macroéconomique et le préjudice écono- de la ville a été fortement touchée, les zones
inondées du métro n’ayant pu être remises en
mique supposés.
service que plusieurs semaines plus tard.

À l’avenir, il se pourrait que les systèmes d’information


géographique, ce que l’on appelle les portefeuilles géoco-
dés, jouent un rôle majeur dans l’appréciation des sinistres
liés aux catastrophes naturelles. Plus d’informations à ce
sujet dans notre chapitre consacré au géocodage.
Il s’est cependant avéré que de nombreux assurés ne
Durant ces inondations catastrophiques, les assureurs ont savaient pas quelles étaient les premières mesures à prendre
pu difficilement contrôler les insuffisances d’assurance. pour éviter les dégâts de corrosion et de moisissure. Il serait
Par suite d’un manque de personnel, les divers cas n’ont bon de les sensibiliser suffisamment tôt dans ce domaine. Il
souvent pu être analysés que longtemps après. Cela a par- serait aussi judicieux d’établir déjà dans le contrat-cadre un
fois provoqué le mécontentement des assurés. Une solu- lien avec les entreprises spécialisées chargées de réparer les
tion pratique pour résoudre ce dilemme a consisté à faire dégâts d’eau, afin qu’en cas d’urgence, on puisse faire appel
intervenir des experts en sinistres et des experts compta- à elles moyennant un prix fixé au préalable.
bles externes qui ont examiné à un stade encore précoce
du sinistre les éventuelles insuffisances d’assurance. De bonnes initiatives pour combattre la fraude

Dommages consécutifs et limitation de l’importance du À l’occasion de cette crue du siècle, il a aussi fallu éclaircir
sinistre certains cas de fraude éventuelle. Le problème s’est notam-
ment posé toutes les fois qu’un assuré déclarait la perte de
En matière d’inondations, les sinistres dus à l’humidité ou à valeurs assurées élevées dans sa cave.
la corrosion jouent un rôle important. Pour atténuer les
dégâts, autrement dit éviter ou limiter la corrosion, il s’est Ainsi, en République tchèque, des mesures préventives
avéré très utile de faire appel à des entreprises de nettoyage internes de lutte contre la fraude fournissent des exemples
et d’assainissement des locaux. Les spécialistes ont rapide- positifs : certains paiements des inspecteurs-régleurs ont
ment nettoyé les bâtiments et effectué le sauvetage et le net- été effectués suivant un système prévoyant 2 signatures.
toyage des installations et appareils endommagés. Ces entre- En outre, on a veillé à ce que les personnes chargées de
prises spécialisées ont mobilisé jusqu’à 500 collaborateurs l’instruction du sinistre ne soient pas du pays.
répartis dans toute l’Europe pour venir à bout des sinistres.
Les contrôleurs ont aussi été méfiants lorsque les domma-
ges déclarés étaient survenus en dehors des zones répu-
tées sinistrées. Dans de tels cas, les sinistres ont fait l’objet
d’un traitement particulièrement minutieux permettant
d’exclure sans ambiguïté les présomptions de fraude.

45
Tendances et solutions possibles
De la check-list à la gestion des sinistres

Les catastrophes naturelles décrites précédemment


fournissent aux sociétés d’assurance des informa-
tions précieuses sur lesquelles elles peuvent
s’appuyer pour gérer les autres événements du
même type qui se produiront à l’avenir. Le chapitre
suivant propose des solutions supplémentaires en
présentant des techniques spéciales et des instru-
ments de travail, allant de la check-list aux plans
d’action.

Mise sur orbite du système de satellites Galiléo


par l’étage supérieur de la fusée Ariane 5.
Galiléo est l’équivalent européen du système
américain GPS.

46
47
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Géocodage

Un haut niveau de transparence dans la souscription est un préalable


nécessaire pour une gestion efficace des risques et des sinistres dans
la branche des assurances. Les informations géocodées sont par-
ticulièrement bien adaptées pour répondre à ces exigences. On peut
en outre y avoir recours pour démasquer les fraudeurs de l’as-
surance.

La transparence est le préalable indispensable Les données géocodées permettent d’effectuer des analy-
ses de portefeuilles, des modélisations et de définir des
Beaucoup de spécialistes de l’assurance ne savent pas scénarios. Elles constituent une base essentielle de prise
encore très exactement ce que recouvre la notion de géo- de décision pour la souscription et la gestion des risques,
codage ou de géoréférencement. Cette méthode est pour- car on peut, grâce à elles, identifier les cumuls chez les
tant depuis longtemps la base sur laquelle peuvent s’ap- assureurs et les réassureurs. Cela comprend également les
puyer les souscripteurs pour identifier les risques, les risques de cumuls dans les polices dites polices collectives
analyser et les rendre assurables. ou polices master qui sont courantes dans les grands
groupes ou dans les sociétés de construction d’immeu-
Le principe de base du géocodage est en fait assez simple ; bles. En effet, les adresses de référence indiquées dans les
il s’agit de faire la liaison entre les banques de données et données de portefeuilles sont souvent celles des bureaux
les cartes géographiques. Ce sont les données de porte- de la société de gestion, alors que les polices collectives
feuille et de sinistres des assureurs directs qui constituent couvrent plusieurs dizaines ou centaines de risques indivi-
le fondement de la souscription géographique. Le géoco- duels situés à des endroits divers. Les risques d’accumula-
dage, c’est-à-dire la localisation d’un risque dans l’espace,
associe à l’adresse de l’assuré ou au lieu du sinistre un
couple de coordonnées géographiques (longitude et lati- Fig. 1 : L’ouragan Lothar en décembre 1999
tude). Ces informations peuvent être ensuite utilisées pour
un traitement statistique ou pour des analyses de risque Champ
des vents
complexes, dès lors qu’elles sont combinées à d’autres en km/h
données, comme, par exemple, des données météorolo-
20
giques ou des sinistres historiques.
30
40
Identifier les potentiels de cumuls 50
60
70
Le géocodage peut être réalisé à plusieurs degrés de préci- 80
sion : on peut se baser sur des États entiers, des villes, des 90
100
secteurs de code postal ou des adresses précises. Dans de
110
nombreux cas, un géocodage approximatif, effectué au 120
niveau des États ou des Länder, est insuffisant. De même, 130
140
le système de classification des risques par zonage
150
CRESTA (www.cresta.org), fréquemment utilisé dans l’as-
surance Dommages, est souvent trop imprécis pour la ges-
tion des sinistres. Il n’est pas assez exact pour reconnaître
les sinistres ou les modèles de sinistres très localisés ou
concentrés sur un périmètre limité, ou pour effectuer un
contrôle fiable des localisations des risques à forte exposi-
tion ou à haute concentration de valeurs, par exemple les
installations industrielles ou les surfaces potentiellement
inondables. En combinant les données relatives En jaune : immeubles exposés à
aux champs des vents et les informa- des vents de plus de 80 km/h
tions des polices avec adresses géo- En bleu : immeubles exposés à des
codées, on peut identifier des modè- vents de moins de 80 km/h
les de sinistre et évaluer rapidement
les sinistres probables.

48
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Géocodage

tion sont donc parfois difficiles à identifier ou sont mal éva- Mettre en évidence les modèles de sinistre
lués. Grâce à des informations géographiques précises
indiquant les adresses exactes, il devient facile de recon- Les adresses de risque géocodées servent à élaborer des
naître les polices collectives et de les décomposer en modèles et des profils de sinistres possibles pour les por-
objets individuels. Il est même souvent possible de déter- tefeuilles et les périls naturels ; ils permettent d’autre part
miner le montant exact de l’engagement de chaque risque de calculer des scénarios. De même, ces données contri-
en particulier. Si ceci n’est pas le cas, on peut toujours arri- buent à éclaircir toutes les questions en rapport avec la
ver à calculer un engagement moyen par bien. survenance d’un sinistre.

Tous les fournisseurs de services de géocodage utilisent Exemple : dommages causés par les tempêtes
des données rassemblées à l’origine pour la navigation Pour déterminer l’exposition d’un portefeuille d’assurance
aérienne et la planification routière. Un grand nombre de au risque de tempête, on peut comparer le portefeuille
centres nationaux de relevés topographiques ont, en outre, avec les informations disponibles concernant les champs
commencé à collecter et à proposer des coordonnées des vents d’un événement. La figure 1 montre qu’après la
exactes au niveau de chaque construction. Les informa- tempête Lothar, en décembre 1999, il a été possible d’iden-
tions géocodées ont un degré de couverture particulière- tifier tous les bâtiments qui avaient été exposés à des
ment élevé dans les grands pays industrialisés, notam- vents supérieurs à 80 km/h (marqués en jaune) ; en mettant
ment aux États-Unis et en Europe. Des données de cette en relation les champs des vents (zones marquées en
précision existent déjà pour les marchés asiatiques. On rouge) et les bâtiments en portefeuille, c’est-à-dire des
peut également faire appel, via l’Internet, à des services centaines de milliers de risques individuels.
extérieurs qu’il est possible d’intégrer dans le paysage
informatique spécifique de l’entreprise. Accessoirement, Si les données des événements météorologiques actuels
ces informations peuvent servir à contrôler l’exactitude sont de bonne qualité, les combinaisons de données, de
des données de base des clients et être utilisées pour des plus en plus détaillées, peuvent même aider à évaluer
mesures ciblées de géomarketing – un avantage bien rapidement et de manière précise le montant de sinistres
entendu exclusivement réservé aux assureurs directs. attendu pour un portefeuille. Pour optimiser encore davan-
tage le règlement des sinistres et le travail des experts, on
peut faire ressortir les régions touchées par les plus gros
sinistres.

Fig. 2 : Conséquences de l’inondation d’août 2002

La gestion des risques peut être


considérablement améliorée en
combinant les données météorolo-
giques actuelles et les données des
inondations avec les informations
des portefeuilles.

Rayures rouges : zone inondée


Points rouges : risques isolés au
niveau d’un bâtiment
Triangles verts : dommages au
niveau d’un bâtiment
En jaune : zones de code postal et
chiffres des codes postaux

49
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Géocodage

Le géocodage apporte également une aide précieuse pour Reconnaître les sinistres via les satellites et se défendre
éclaircir les cas de fraudes locales à l’assurance. des fraudes

Exemple : dommages causés par les inondations Les images satellitaires étant de plus en plus précises et les
Le système allemand de zonage des inondations, des fortes satellites de plus en plus nombreux, les assurances sont
pluies et des refoulements d’eau, ZÜRS, fonctionne égale- donc aidés par le ciel, au sens propre du terme. Un assu-
ment à partir de données de géocodage des adresses. Il reur ayant reçu un avis de sinistre survenu à l’aéroport de
représente, pour le marché mondial, une base d’évaluation Munich en a fait l’expérience. La déclaration de sinistre
uniforme dont on ne pourrait plus se passer aujourd’hui faisait état d’avions endommagés par des rafales de neige
dans la branche assurance Dommages. Pour la première mélangée à des graviers. Des photos satellite, prises par
fois, les assureurs peuvent automatiquement combiner des hasard au moment du sinistre, ont prouvé que la cause
informations précises sur les risques liés aux inondations déclarée n’avait pas pu être à l’origine du sinistre.
avec les adresses exactes des risques des clients.
L’inconvénient des prises de vue par satellite est, actuelle-
Le géocodage améliore la gestion locale des sinistres ment encore, que les nuages font écran et rendent de nom-
breux systèmes aveugles. D’autre part, la durée de révolu-
Le détail d’une photo satellite, à la figure 2, montre les tion des satellites empêchent d’assurer une observation
suites de l’inondation d’août 2002 en Allemagne et met en constante.
évidence l’énorme potentiel d’analyse des données géo-
codées des adresses. Le géocodage, combiné avec des photos satellite très
récentes et traitées spécialement, est aussi utilisé pour des
Les données satellite montrent les limites de la zone inon- contrôles dans le domaine de l’agriculture. À partir de 2007,
dée, marquée en rayures rouges. Les risques isolés sont la société RapidEye (www.rapideye.de) exploitera un sys-
représentés avec des points rouges et les avis de sinistres tème assisté par satellite qui pourra offrir des services et
avec des triangles verts. Les lignes jaunes délimitent les des analyses aux assureurs agricoles. Ce système devrait
zones de code postal, montrant par cet exemple l’inexacti- permettre d’améliorer les prévisions en matière de rende-
tude de ce référencement géographique pour la gestion ments agricoles et d’évaluer non seulement plus précisé-
des sinistres, car il ne permet pas de délimiter exactement ment mais aussi plus vite les dommages causés aux récol-
les objets touchés ou ceux qui ne le sont pas, ce qui rend tes et les pertes dues à la grêle, aux tempêtes, à la
l'évaluation des potentiels de sinistres difficile. sécheresse et au gel.

Les avis de sinistres (triangles verts) mettent par contre en


évidence certains modèles de sinistres dans la mesure où
des localisations précises issues du géocodage ont été utili-
sées. Ces informations sont en même temps une aide pré-
cieuse pour la gestion des sinistres. Le graphique fait claire-
ment ressortir les sinistres connus se trouvant à l’extérieur
de la zone de dommages concernée et les cas douteux peu-
vent ainsi être rapidement éclaircis.

Les effets climatiques sont


clairement reconnaissables sur ces
parcelles agricoles. La photo
montre au mois de mai des
dommages partiels dus à la grêle et
en juin de grandes surfaces sinis-
trées à cause de la sécheresse.

avril mai juin

50
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Géocodage

L’aide qui vient du ciel

Les assureurs qui opèrent dans la branche Transport – un


domaine particulièrement touché par la fraude – peuvent
espérer profiter du système de localisation ponctuelle
qu’offrent la technologie GPS (Global Positioning System)
et le futur système européen Galileo. Le système de « ves-
sel tracking » permet de savoir de manière détaillée où se
trouvent les risques mobiles, telles les flottes de navires ou
de véhicules, y compris leurs précieuses cargaisons.

Le traitement des sinistres, en particulier après de grandes


catastrophes naturelles, pourrait, à l’avenir, être effectué
par une utilisation combinée des systèmes GPS et des don-
nées de géocodage. Actuellement déjà, il serait tout à fait
possible, du point de vue technique, d’équiper les inspec-
teurs-régleurs de Palm ou de PDA (Personal Digital Assis-
tant), ces appareils contenant non seulement les principa-
les données géocodées des clients, mais aussi une petite
unité GPS permettant une localisation précise.

Les systèmes de localisation assistés par satellite facilitent


non seulement la recherche des adresses des clients et des
sinistres, mais ils permettent de prévenir les fraudes
puisque l’expertise se concentre, non pas sur le bien le
plus gravement endommagé de toute une rue, mais très
exactement sur le bien de l’assuré. Ce type de cas est fré-
quent dans les régions sévèrement touchées par des tem-
pêtes et dans lesquelles il est impossible de s’orienter.

Du point de vue technique, les outils électroniques sont


déjà une réalité. Notre rôle, en tant que sociétés d’assu-
rance, est d’exploiter les possibilités offrant le plus grand
potentiel de réduction des sinistres.

Une unité Palm avec récepteur Sources Topics geo – Rétrospective des ca-
GPS intégré (www.garmin.de). tastrophes naturelles survenues
L’appareil contient des données Schadenspiegel 1/2005 : Les infor- en 2004 (2005) : Les informations
cartographiques et des adresses mations géographiques permettent géocodées permettent d’améliorer
de clients pouvant être utilisées de résoudre des cas de sinistres la transparence des sinistres –
après de grandes catastrophes complexes. Münchener Rückver- Münchener Rückversicherungs-
naturelles. sicherungs-Gesellschaft (éd.). Gesellschaft (éd.).

Versicherungsbetrug – Neue Topics Geo – Rétrospective des


Methoden – Effizientere Abwehr- catastrophes naturelles survenues
techniken (2005) : Mehr Schaden- en 2003 (2004) : La souscription
transparenz durch Geokodierung. géographique : applications dans
Münchener Rückversicherungs- la pratique, Münchener Rückver-
Gesellschaft (éd.) (n’existe qu’en sicherungs-Gesellschaft (éd.).
allemand).
Topics – Rétrospective des ca-
Geo Bit 1/2004 Rendite und Risiko tastrophes naturelles survenues
(n’existe qu’en allemand) en 2002 (2003) : Le « point » sur les
risques : la souscription géogra-
phique améliore-t-elle la gestion
des risques ? Münchener Rückver-
sicherungs-Gesellschaft (éd.).

51
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Fraude

Après une catastrophe naturelle, les compagnies d’assurances sont


en général submergées d’avis de sinistres. Dans cette situation
d’exception, accentuée encore par la pression des délais serrés exigés
pour le règlement des sinistres et en raison de l’énorme charge au
niveau de l’organisation, les assureurs doivent en outre faire preuve
d’une grande vigilance pour reconnaître les tentatives de fraude.

Le problème plus brillante. Une enquête a montré que près de la moitié


des personnes interrogées considéraient la fraude à l’assu-
Les données ci-dessous donnent une idée concrète de rance comme un délit anodin. 22 % ont même déclaré
l’ampleur du problème : selon plusieurs études américai- qu’elles trouvaient normal de demander aux assurances
nes, environ 10 % des déclarations de sinistres en assu- des prestations basées sur une fausse déclaration, si cela
rance Dommages et RC sont frauduleuses. Aux États-Unis, ne se répétait pas régulièrement.
la fraude à l’assurance occupe le deuxième rang des cri-
mes économiques, précédée seulement de la fraude fis- Après une catastrophe naturelle, le nombre des domma-
cale. L’office américain se consacrant à la lutte contre la ges individuels est tellement énorme que la tentation est
fraude en assurance, National Insurance Crime Bureau grande pour les assurés de présenter des demandes
(NICB), indique qu’aux États-Unis, en assurances Domma- frauduleuses, supposant que les inspecteurs-régleurs des
ges et RC, environ 30 milliards de $US sont versés par an assurances ont devant eux des piles de dossiers de dom-
en raison de déclarations frauduleuses. La fédération alle- mages qu’ils ne peuvent pas étudier dans le détail.
mande des assureurs, Gesamtverband der Deutschen Ver-
sicherungswirtschaft (GDV), estime qu’en Allemagne les
sinistres résultant d’une fraude à l’assurance s’élèvent à Définitions
plus de 4 milliards d’€ par an. Suivant une estimation pru-
dente, il semble donc que, dans le monde entier, plus de L’industrie des assurances parle de catastrophe chaque
100 milliards de $US soient payés pour des prestations fois qu’un événement entraîne des dommages matériels
d’assurance dérivant de fraudes. assurés d’un montant correspondant à un minimum fixé
et qu‘un grand nombre d’assurés et d’assureurs sont tou-
Pour l’industrie des assurances, l’un des grands problèmes chés. L’unité Property Claims Services (PCS) de l’American
réside dans le fait que la fraude à l’assurance est un délit Insurance Office (ISO) qualifie un événement de cata-
relativement bien accepté dans la société. En d’autres ter- strophe lorsque les dommages matériels assurés dépas-
mes, un trop grand nombre de personnes considèrent la sent 25 millions de $US. Ces définitions ne sont toutefois
fraude à l’assurance comme une peccadille ou comme un pas d'une grande aide face au problème de la fraude traité
délit ne faisant pas de victime. Une enquête neutre, réali- dans ce chapitre. Le facteur déterminant n’est pas ici le
sée à la demande de l’Association of British Insurers (ABI) montant des dommages, mais bien plus le nombre excep-
en 2002, a fait apparaître que presque la moitié (48 %) des tionnellement élevé des sinistres individuels, auquel se
personnes interrogées déclaraient qu’elles seraient prêtes trouve confrontée l’industrie des assurances à la suite
à réclamer des dommages et intérêts à une assurance à d'ouragans, de tornades, d’inondations, de tremblements
partir d’une fausse déclaration. 7 % ont même avoué avoir de terre ou de feux de brousse.
déjà fait de fausses déclarations de sinistres, ce qui signifie
qu’apparemment, en Grande-Bretagne, plus de 3 millions
de personnes ont déjà escroqué leur assurance ou essayé
de le faire. En Allemagne, la situation n’est pas beaucoup

52
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude

La définition juridique exacte de la fraude dépend bien Le bateau disparu


entendu du système juridique en vigueur. Dans le droit
coutumier anglo-saxon, la définition faisant référence se En septembre 2003, l’ouragan Isabel a atteint les côtes de
base sur le jugement de principe Derry v. Peek datant de Caroline du Nord et s’est dirigé ensuite vers le nord-ouest en
1889. Selon cette décision, on considère qu’il y a fraude traversant la Virginie. Isabel a causé au total des dommages
lorsque des faits sont déclarés intentionnellement de façon de 5 milliards de $US, les dommages assurés s’élevant à
erronée ou si l’auteur de la déclaration ne croit pas à la 1,7 milliard de $US. Le propriétaire d’un luxueux bateau de
véracité des faits ou les présente de façon inexacte avec plaisance a voulu profiter de l’occasion et a déclaré un
une indifférence évidente. dommage à son assurance. Il a prétendu que le bateau avait
coulé après s’être détaché de ses amarres pendant la tem-
Les éléments constitutifs de la fraude sont cependant à peu pête. Dans sa déclaration de sinistre, il affirmait que les
près similaires dans la plupart des systèmes juridiques. Il amarres du yacht avaient été renforcées avant la tempête.
faut, en premier lieu, prouver que les faits ont été déclarés Après le passage de l’ouragan, il avait voulu contrôler l’état
sciemment de façon erronée, cette fausse déclaration ayant de son yacht mais celui-ci avait disparu. Quelques jours plus
été faite par écrit, oralement ou par acte concluant. Un simple tard, le bateau qui avait soi-disant coulé était retrouvé dans
avis, un jugement de valeur ou des pronostics ne peuvent pas un entrepôt au lieu de travail de l’assuré, où il avait visible-
être considérés comme des faits. La fraude sous-entend en ment été transporté. Les collaborateurs de la division Fraude
outre une action intentionnelle. En ce qui concerne le règle- à l’assurance (Insurance Fraud Division) de la police de l’État
ment des sinistres, il faut souligner qu’une fausse déclaration de Virginie ont découvert le bateau après avoir reçu des
non intentionnelle des faits ne représente pas en soi un délit. informations de la société d’assurance.
Il faut de plus que la personne voulant tromper ait effective-
ment réussi à duper l’autre partie. La fausse déclaration des Ce type d’escroquerie à l’assurance est certes relativement
faits doit finalement avoir entraîné une mise à disposition de rare, mais les montants d’indemnité réclamés sont en géné-
capital, qui à son tour est à l’origine d’un dommage immaté- ral élevés. Selon l’enquête du ABI citée plus haut, 37 % des
riel. Dans le cas d’une fraude lésant un assureur, la fausse personnes interrogées affirmaient qu’elles n'écartaient pas
présentation des faits dans la déclaration de sinistre entraîne l’idée de déclarer à leur assurance un cas de sinistre totale-
en règle générale une prestation d’assurance injustifiée ment inventé et 29 % d’entre elles étaient d’avis qu’il s’agis-
réduisant le patrimoine de l’assureur. sait d’une façon d’agir acceptable ou tout du moins toléra-
ble. Seulement 2 % avouaient avoir déjà commis une fraude
Les différents types de fraudes à la suite de catastrophes de ce type. D’après cette enquête, les personnes interrogées
naturelles estiment qu’une fausse déclaration n’est pas plus répréhen-
sible qu’un vol en magasin.
La fraude peut prendre les formes les plus diverses. Après
des catastrophes naturelles, les principaux scénarios de
fraude, qu’il s’agisse de tentatives ou de fraudes réelle-
ment réalisées, se présentent essentiellement sous les
formes suivantes – cette énumération n’étant toutefois pas
exhaustive :

Le dommage simulé

Ce premier type de fraude comprend les cas où aucun dom-


mage n’a eu lieu en réalité. Les circonstances du sinistre
sont totalement inventées et les biens soi-disant détruits
n’ont jamais existé. L’assuré n’a donc subi aucun dommage.

Un port de plaisance sur la côte est des États-


Unis en Virginie, après le passage de l’ouragan
Isabel – un seul bateau est sorti indemne de la
tempête.

53
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude

Le dommage provoqué intentionnellement Le dommage adapté aux conditions de la police

Un type de fraude classique est le dommage provoqué La troisième variante de fraude à l’assurance englobe les cas
volontairement. Dans ce genre de cas, l’assuré déclenche dans lesquels l’assuré a effectivement subi un dommage en
intentionnellement le dommage, comme par exemple dans raison d’un événement fortuit. Le dommage n’étant pourtant
le cas d’un incendie volontaire. Il subit donc effectivement pas couvert conformément au libellé de la police, le déroule-
un dommage qu’il a toutefois délibérément causé. ment du sinistre est exposé à l’assureur de telle façon que le
dommage puisse encore entrer dans la garantie.

La voiture cabossée La grêle imaginaire

En juillet 1984, un terrible orage de grêle de 20 minutes a Le propriétaire d’un magasin dans le Midwest des États-
causé des dommages matériels de plus de 1,5 milliard d’€ Unis a déclaré un sinistre à son assurance, affirmant que le
dans la région de Munich, les dommages assurés repré- toit de sa maison avait été fortement endommagé par un
sentant 750 millions d’€. De toute son histoire, l’industrie violent orage de grêle. De l’eau avait donc pénétré dans le
allemande des assurances n’avait jamais connu de sinistre bâtiment, abîmant les murs et le mobilier. D’après la police
d’une telle ampleur. Des grêlons gros comme des balles de d’assurance, les dommages au contenu dus à la pluie n’é-
tennis ont endommagé des bâtiments, cassé des fenêtres, taient couverts que si l’eau de pluie avait pénétré dans le
brisé des serres et abîmé au total 240 000 véhicules. Les bâtiment en raison d’un événement naturel, par exemple si
dommages aux véhicules assurés ont coûté environ 460 le vent ou la grêle avaient provoqué des dommages au toit
millions d’€, pour réparer les pare-brises éclatés et les car- ou aux murs extérieurs. L’expert sinistres s’est informé
rosseries parsemées de bosses. Un propriétaire de véhi- auprès des services météorologiques pour vérifier l’origine
cule particulièrement futé voulait profiter du règlement de du sinistre. Ceux-ci ont révélé qu’il y avait effectivement eu
sinistre rapide et sans formalité des assureurs après la un orage de grêle dans la région, mais justement pas à
tempête de grêle et a lui-même fait des bosses sur sa voi- l’endroit où se trouvait l’immeuble assuré. Le dommage au
ture espérant recevoir une indemnisation de son assu- toit qui avait permis à la pluie de pénétrer dans la maison
rance Tierce partielle. Sa tentative a néanmoins échoué car était en fait dû à l’état général de délabrement du bâtiment.
il avait fait les bosses en tapant au marteau de l’intérieur.

Comme dans le premier exemple, ce type de fraude à Contrairement aux 2 premiers types, cette forme de fraude
l’assurance se caractérise en général par des demandes à l’assurance est très fréquente. Dans l’ensemble, les
d’indemnisation élevées. Mais ici aussi, heureusement, indemnités réclamées sont cependant relativement peu
en comparaison avec les autres formes de fraude à l’assu- élevées.
rance, le nombre des cas est restreint.

La tempête de grêle qui s’est abattue sur Munich En cas de sinistre, les services météorologiques
en juillet 1984 a endommagé 240 000 véhicules, peuvent donner des indications exactes sur la
les dommages aux véhicules assurés se sont progression régionale d’une tempête ou d’un
montés à environ 460 millions d’€. Les vitres ont orage de grêle.
éclaté, les carrosseries étaient pleines de bosses
et les toits des cabriolets étaient en lambeaux.

54
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude

Le dommage exagéré Ce jugement fait ressortir à quel point il est important de


disposer d’informations actuelles et exactes sur les risques
La forme de fraude la plus fréquente, qui se retrouve dans assurés. Il est également indispensable d’enregistrer les
toutes les branches d’assurance, est certainement d’exagérer sinistres sans délai et dans les détails, car ceci permet de
une demande de dédommagement existante envers l’assu- faire une estimation fiable du montant des sinistres, de
reur. La personne lésée subit donc réellement un dommage, limiter la marge de négociation à un minimum et d’exclure
survenu en raison d’un événement fortuit et dont la cause est ainsi à priori les exagérations frauduleuses.
couverte par la police, mais elle grossit le montant du sinis-
tre. La question est de savoir à partir de quand une exagéra- Les dommages exagérés prennent une forme particulière
tion devient une fraude ? lorsqu’interviennent des entreprises de travaux ou de
services. Après une catastrophe naturelle, les régions tou-
En particulier après une catastrophe naturelle, les dommages chées sont souvent quadrillées par des sociétés de
subis par les assurés sont d’une ampleur telle qu’ils ne sont nettoyage ou de réparations qui offrent leurs services, en
plus en mesure d’estimer exactement le montant des sinis- faisant du porte à porte. Un grand nombre d’entre elles
tres et encore moins d’en apporter une quelconque preuve. sont tout à fait sérieuses et cherchent à réaliser des affaires
Il est donc fréquent que la hauteur de l’indemnité doive être honnêtes, mais les catastrophes naturelles attirent égale-
négociée entre l’assuré et l’assureur, auquel cas on fait en ment les escrocs et les charlatans qui veulent tirer profit de
général appel à un expert d’assurance indépendant. Pour la situation précaire des personnes touchées. Des entrepri-
beaucoup d’assurés, il semble donc légitime d’entamer la ses peu scrupuleuses exigent par exemple une avance éle-
négociation avec des demandes de réparation relativement vée avant le début des travaux, mais ne les terminent pas
élevées afin de garder une certaine marge de manœuvre vers et disparaissent purement et simplement. D’autres utili-
le bas. sent des matériaux bon marché ou font du mauvais travail
ne correspondant pas aux réglementations de construction
Les tribunaux anglais ont statué, dans le cas Nsbuga v. en vigueur, mais facturent pourtant des prestations de
Commercial Union en 1998, « qu’il faut reconnaître comme haute qualité. Il est fréquent que l’assuré ne s’aperçoive
une réalité commerciale le fait que l’assuré demande une même pas de la supercherie. D’autres méthodes inclut la
indemnisation souvent supérieure au montant qu’il participation de l’assuré, par exemple en proposant à ce
escompte recevoir. Ceci s’expliquant par le fait qu’il s’attend dernier des réparations qui, en raison d’une déclaration de
dès le début à devoir mener une sorte de marchandage ou sinistres exagérée, l’avantagent et lui permettent d’amélio-
tout du moins à s'engager dans des négociations. Et il serait rer sa situation par rapport à celle d’avant le sinistre.
injuste de conclure, à partir de ces circonstances, que quel-
qu’un a agi de façon frauduleuse uniquement parce qu’il a
énoncé un montant plus élevé que celui qu’il supposait rai-
sonnablement recevoir. Pour qu’il y ait fraude, il faut que la
personne lésée demande une indemnisation franchement
exagérée, tout en sachant que sa revendication est en
grande partie totalement dénuée de fondement ».

55
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude

Dommage exagéré à une toiture cela acceptable ou tout du moins encore tolérable. Dans la
conscience morale du grand public, le fait de gonfler les
El Niño est un phénomène au cours duquel la partie est du réclamations d’assurance est donc mis au même niveau
Pacifique tropical se réchauffe, influençant l’ensemble du que le fait d’acheter, en connaissance de cause, des biens à
système atmosphérique de l’océan Pacifique tropical. Le un receleur.
phénomène El Niño de 1997/1998 a été, au siècle dernier, le
plus redoutable dans son genre et a engendré des tempêtes Comment reconnaître les fraudes après des catastrophes
d’une violence extrême qui se sont abattues sur la Californie. naturelles ?
Pourtant, les dommages n’ont pas été causés seulement par
El Niño. Un couvreur de la région a décrit en détail à des En règle générale, après des catastrophes naturelles, les
enquêteurs « secrets » qui se faisaient passer pour des pro- rédacteurs sinistres des compagnies d’assurance tout
meneurs et observaient une maison endommagée cons- comme les experts indépendants ploient sous l’énorme
truite sur une plage, comment obtenir non seulement une masse des déclarations de sinistres individuels. L’imagina-
nouvelle toiture pour « leur » domicile, mais de surcroît un tion criminelle de certains assurés se trouve stimulée par
peu plus d’argent de l’assurance. Il avait l’intention de re- ces circonstances hors du commun. D’une part, la tentation
mettre à l’assurance un devis indiquant, en plus des travaux est grande de s’approprier beaucoup d’argent, de l’autre, le
de couverture, les réparations d’une installation de chauf- danger d’être pris semble minime. Les scénarios de fraude
fage solaire. En posant quelques débris d’une installation de se renouvellent sans cesse, ce qui rend aux assureurs la
ce type sur le toit de la maison, il voulait donner l’impression tâche encore plus difficile. De plus, la plupart des assureurs
que la tempête avait arraché non seulement le toit, mais éga- ne veulent pas importuner encore leurs clients, déjà victi-
lement les panneaux solaires. mes d’une catastrophe naturelle, en se montrant tatillons
ou à fortiori en les accusant à tort. Pour les assureurs, la
Les fraudes à l’assurance basées sur des demandes d’in- meilleure des publicités, après une catastrophe naturelle,
demnisation exagérées sont très fréquentes, mais les dom- est en effet un règlement des sinistres rapide et sans forma-
mages dans chaque cas individuel sont en général relative- lité. Il existe toutefois des indices typiques pouvant éveiller
ment peu élevés. Une enquête menée en 2000 par le US des soupçons de fraude et qu’il est utile de noter.
Insurance Research Council (conseil américain de recher-
che en assurance) a montré que 24 % des américains consi- Par exemple, une demande d’indemnisation relativement
déraient comme acceptable de gonfler un montant élevée pour laquelle il n’existe aucune preuve, même pas
réclamé pour, de cette façon, compenser les derniers ver- des restes ou tout du moins des photos ou des factures de
sements de prime. 35 % des personnes interrogées trou- l’objet assuré. Il peut également arriver que les objets soi-
vaient correct de grossir un dommage pour « rattraper » disant disparus ne correspondent pas à la situation finan-
la franchise. Selon le sondage réalisé pour l’ABI, déjà cière, à la profession ou au style de vie de l’assuré ou que,
mentionné plus haut, 47 % n’excluaient pas d’exagérer un tout simplement de par leur taille, ils ne puissent pas faire
dommage tandis que 40 % affirmaient qu’ils trouvaient partie du bâtiment occupé par l’assuré. Il se peut égale-
ment que l’assuré ne soit pas capable de décrire les objets
prétendument détruits, ne se souvienne plus quand et où il
les a achetés, ne retrouve plus ni le mode d’emploi ni la
carte de garantie ; il est alors justifié d’avoir des doutes. On
peut aussi présumer une tentative de fraude en cas d’ab-
sence de factures officielles ou lorsque les factures d’arti-
sans n’indiquent pas de façon plausible et correcte les
prestations fournies.

El Niño (ici en modèle) n’est pas le seul phéno-


mène générateur de dommages ; à la suite de
catastrophes naturelles, les assureurs doivent
souvent faire face à des demandes de réparation
exagérées et donc injustifiées.

56
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude

En ce qui concerne les assurés ayant des couvertures com- Conséquences de la fraude à l’assurance et bilan
merciales ou industrielles, des indices révélateurs peuvent
être un volume de stock particulièrement élevé juste le jour Les conséquences de la fraude à l’assurance sont considé-
du sinistre, la perte d’articles qui étaient visiblement depuis rables, pour chaque assuré en particulier, pour la commu-
longtemps en magasin, un déséquilibre net entre la récla- nauté des assurés et pour l’industrie des assurances dans
mation et l’actif de la société ou même une insolvabilité son ensemble.
menaçante.
Pour le demandeur, une fausse déclaration de sinistre peut
Les assureurs devraient en tous cas se montrer suspicieux entraîner en premier lieu des conséquences juridiques
si aucun autre dommage n’a été déclaré dans les alentours relevant du droit civil. Suivant le système juridique en
immédiats, s’il n’est pas possible de vérifier que les cir- vigueur et les circonstances du cas en question, celles-ci
constances prétendues dans la déclaration existaient réel- peuvent aller du refus de versement de l’indemnité à l’obli-
lement le jour et au lieu du sinistre ou si le déroulement et gation de restitution en passant par la résiliation ou la
la configuration du sinistre ne peuvent pas être expliqués contestation par voie d’annulation du contrat d’assurance
de façon plausible. La situation est également suspecte si ou même par la demande de dommages-intérêts de la part
le risque était déjà en mauvais état avant l’événement, si de l’assureur.
l’assuré n’a pas satisfait à certaines obligations de déclara-
tion avant la souscription du contrat ou si l’adresse indi- Viennent ensuite les éventuelles conséquences pénales.
quée sur les factures n’est pas celle du prétendu lieu du Certaines sociétés d’assurance hésitent pourtant à porter
sinistre. Un autre indicateur pour une éventuelle tentative plainte contre des demandeurs malhonnêtes auprès des
de fraude peut être le fait que l’assuré connaisse les condi- autorités répressives, soit parce qu’ils ne pensent en tirer
tions de la police dans les moindres détails, qu’il ait réglé aucun avantage soit parce qu’ils craignent une publicité
des arriérés de prime avant la survenance du sinistre ou négative (en l’occurrence de passer pour un assureur qui
qu’il ait demandé une modification contractuelle ayant un cherche par tous les moyens à se dérober à ses obligations
impact sur l’indemnisation ou encore que le sinistre se soit de paiement). Pourtant, dans de nombreux pays, comme
produit très peu de temps après le début de l’assurance. par exemple dans 20 des États fédéraux américains, les
assureurs ont une obligation légale de le faire. Depuis
Face à des cas de ce type, il est recommandé aux rédac- 1996, le nombre des arrestations pour fraude à l’assurance
teurs sinistres, malgré la masse de travail, d’analyser le aux États-Unis a augmenté de plus de 400 % et les condam-
dossier avec une attention toute particulière et de faire des nations ont plus que doublé dans le même temps. Dans un
recherches plus avancées. Dans certaines circonstances, il grand nombre de systèmes juridiques, de nouveaux types
est conseillé de faire appel à un spécialiste de la fraude et, de délits ont été définis permettant de punir plus sévère-
si les soupçons se confirment, d’informer les autorités ment les fraudes envers les assureurs ou de combler les
compétentes. lacunes existant au niveau pénal pour certaines infrac-
tions. En Allemagne, les sanctions punissant la fraude
consommée peuvent aller d’une simple amende à une
peine d’emprisonnement, de 5 à 10 ans au maximum, dans

Fig. 1 : Les 4 types de scénarios de fraude à l’assurance, qu’il s’agisse de tentative de fraude ou de fraude consommée

Sinistre réel En raison d’un Couvert Montant du si-


événement fortuit par la police nistre justifié
Dommage simulé non non non non
Dommage provoqué oui non non non
intentionnellement
Dommage adapté aux oui oui non non
conditions de la police
Dommage exagéré oui oui oui non

Après les catastrophes naturelles, les règlements


de sinistres se font parfois dans une situation un
peu confuse qui stimule l’imagination de certains
assurés et les incite à faire des demandes
d’indemnisation frauduleuses.

57
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude

les cas particulièrement graves. Aux États-Unis, la fraude à


l’assurance peut être pénalisée par des peines d’emprison-
nement allant même jusqu’à 14 ans. Il ne faut pas oublier
que la fraude à l’assurance a un impact financier sur l’in-
dustrie des assurances dans son ensemble ainsi que sur la
communauté des assurés, qui pour la grande majorité, ont
un comportement intègre et loyal. Les règlements de sinis-
tre, obtenus de façon frauduleuse et injustifiée, atteignent
des sommes énormes, et de plus, ils sont finalement répar-
tis sur tous les assurés sous la forme d’une augmentation
des primes.

Les sociétés d’assurance ont pour cette raison pris des


initiatives variées pour se défendre contre la fraude. Elles
soumettent leurs rédacteurs sinistres et leurs experts sinis-
tres à une formation intensive afin qu’ils soient en mesure
de reconnaître les indices de fraude avec rapidité et certi-
tude, elles désignent des spécialistes de la fraude, créent
des services spéciaux de fraude et font appel aux moyens
électroniques les plus modernes. En s’appuyant sur des
données de portefeuilles géocodés, par exemple, il est
facile de contrôler si les risques soi-disant touchés se trou-
vent réellement dans la zone sinistrée. Les nombreuses
possibilités de recherche offertes par l’Internet et par les
banques de données interbranche, comme par exemple le
système d’information allemand Uniwagnis ainsi que les
systèmes de recherche automatique « datamining », ont
déjà fait leur preuve dans la chasse aux fausses déclara-
tions de sinistres. Dans certains pays, les assureurs se sont
regroupés pour fonder des sociétés de droit privé se
consacrant à la lutte contre la fraude. Aux États-Unis, le
National Insurance Crime Bureau (NICB), déjà mentionné
plus haut, en est un exemple. D’autres pays se saisissent
du problème au niveau associatif, en France par exemple
avec ALFA (Agence pour la lutte contre la fraude à l’assu-
rance). Les organisations de ce type soutiennent les assu-
reurs non seulement dans les cas individuels de sinistre,
elles mènent également de grandes campagnes d’informa-
tion afin d’expliquer aux assurés la portée et les effets de la
fraude à l’assurance. Car il est finalement de l’intérêt de
tous les intervenants qu’une catastrophe naturelle ne se
termine pas par un désastre.

58
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Plans d’action pour les assureurs

Un plan d’action augmente la flexibilité en cas de sinistre et fonc-


tionne selon une approche globale. Il permet de mieux exploiter
l’organisation et la méthode de gestion des sinistres ainsi que les
ressources existantes.

Un plan d’action (PA) augmente la flexibilité en cas de gérer les opérations techniques liées aux cumuls et aux
sinistre, car il organise les processus d’instruction des gros sinistres, en particulier après une catastrophe natu-
sinistres. Son introduction et son suivi suivent une appro- relle.
che globale dans le cadre de laquelle interviennent tant
des facteurs internes que des éléments externes. Bien que Un système opérationnel de management des urgences
toutes les éventualités ne soient pas planifiables, le fait de est bien sûr toujours un facteur de coûts, mais c’est égale-
comprendre clairement les processus et les propres objec- ment un argument important en termes de service et de
tifs aide à réagir, même à l’imprévisible. sécurité qui finalement réduit les coûts. Des études
menées par l’université d’Oxford indiquent qu’une gestion
Un PA appliqué de façon conséquente permet, en cas de efficace des catastrophes peut même faire augmenter la
catastrophe, de concentrer le peu de ressources disponi- valeur de l’entreprise dans son ensemble.
bles sur les points essentiels. Il est alors possible, non seu-
lement d’augmenter l’efficacité de la gestion des sinistres, La longue expérience des sinistres de cumul montre que
mais également d’arriver à une réduction des coûts. La certains des assureurs concernés n’ont toujours pas de
mise en œuvre d’un plan d’urgence fait ressortir les points schéma défini selon lequel ils doivent traiter les sinistres
faibles de l’entreprise et apporte ainsi une valeur ajoutée majeurs.
non négligeable.
Il ressort en outre que certains modèles de sinistres appa-
Pour créer la structure d’un PA, on peut dans l’ensemble raissent régulièrement. Par exemple, l’accumulation de
faire appel aux outils de gestion de projet existants. Ce milliers de sinistres individuels, le manque d’information
sont en fait les données et les expériences de la gestion sur les sinistres dans les premiers jours ou semaines sui-
des sinistres qui viennent remplir la structure et lui donner vant l’événement, la mauvaise coordination du personnel
vie. S’il n’y a pas de données disponibles, on peut aussi s’occupant des sinistres ainsi qu’un nombre insuffisant
travailler à partir de modèles. d’inspecteurs-régleurs. Il est possible et nécessaire de met-
tre en œuvre des mesures organisationnelles proactives
Dans de nombreux pays, la loi exige que certaines entre- dont le but est d’alléger au maximum la tâche de tous les
prises possèdent des plans opérationnels d’urgence pour intervenants en cas de sinistre. Tous ces processus peu-
les accidents majeurs. Afin que les sociétés soient prêtes à vent être rassemblés dans un plan d’action ; lorsqu’une
faire face à des situations d’urgence, par exemple une fuite situation d’urgence se présente, ils forment la structure
de gaz toxique. Du point de vue de la technique de l’assu- portante d’une gestion efficace des sinistres.
rance, les assureurs ne sont pas obligés de créer des plans
d’urgence pour maîtriser les dommages dus aux cata- Le processus de développement d’un PA
strophes naturelles.
Normalement, c’est la Direction qui donne l’ordre d’élabo-
Étant donné la tendance actuelle à protéger de plus en plus rer un PA. L’expérience a montré qu’il était bon de désigner
les consommateurs et les investisseurs, les sociétés d’as- un membre de la Direction pour parrainer le projet afin que
surance voient également la nécessité d’une gestion effi- le PA se voit attribuer au sein de l’entreprise une valeur
cace de l’urgence. En d’autre termes, les assureurs veulent digne de son importance. La planification de l’urgence
et doivent, à leur tour, prouver qu’ils ont leurs affaires bien représentant un ensemble très complexe (voir fig. 1), il est
en mains. Ceci concerne essentiellement leur capacité de recommandé d’avoir recours à une approche profession-
nelle de gestion de projet pour structurer les processus.

59
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

L’équipe de planification De quels événements s’agit-il ?

Le premier pas dans l’élaboration d’un PA est de former Outre les désastres induits par l’homme, les catastrophes
une équipe de planification. Celle-ci doit représenter toutes naturelles représentent le plus grand défi pour les assu-
les branches touchées, les services sinistres, souscription, reurs. Suivant les régions, les scénarios à prendre en
gestion clients, personnel et gestion des risques. Il est compte sont différents. Les risques de tempête, d’inonda-
important que les intervenants aient des connaissances tion et de séisme sont actuellement considérés comme les
fondées sur les points suivants : plus importants. Il existe également de nombreux autres
périls, en général limités dans l’espace ou de par le volume
– potentiels de sinistre et mécanismes des risques naturels de sinistres qu’ils engendrent, tels le volcanisme, la grêle
– processus de règlement de sinistres ou les avalanches.
– marchés et clients concernés
– interlocuteurs en cas de sinistre Les risques naturels peuvent être classifiés selon des critè-
– potentiels de risques pour les employés, les bâtiments et res multiples. Par exemple, la fréquence de récurrence,
l’informatique l’intensité, l’espace touché, la durée moyenne ou le temps
– propres possibilités d’intervention, par exemple en ce qui de pré-alerte d’un événement catastrophique, c’est-à-dire
concerne l’informatique le temps entre l’alerte et la survenance de l’événement.

Les employés devraient d’autre part être en mesure de La classification des risques naturels doit également tenir
transposer les informations disponibles dans des processus. compte des facteurs locaux. La figure 3 montre par exem-
ple des paramètres locaux influant sur certains scénarios.
La phase de conception d’un PA

Il existe certes un grand nombre d’approches possibles


dans la gestion des urgences, mais elles sont toutes
basées, pour l’essentiel, sur le même modèle. Les 3 ques-
tions fondamentales pour la conception d’un plan d’action
sont les suivantes :

Fig. 1 : Exemple de gestion de projet Une gestion de projet professionnel-


le est indispensable pour la planifi-
cation des urgences. Le processus
« SixSigman-DMAIC » propose une
Définition de
Mise en Adaptation et approche possible : une comparai-
– l’objectif du Mise au
Calcul des Évaluation application et amélioration son est établie, en plusieurs étapes,
projet point de contre-
risques des risques contrôle des permanentes entre les résultats prévus et la situa-
– l’équipe mesures/PA
mesures des processus tion réelle ; on effectue ensuite les
responsable
améliorations adéquates, on con-
trôle leur impact et on procède
Define Measure Analyse Improve Control
éventuellement à nouveau à
certaines rectifications. Les
différentes phases sont réalisées
avec l’aide d’outils et de méthodes
déterminés.

Fig. 2 : Questions fondamentales de la planification de l’urgence Un plan d’urgence se déroule en


principe toujours selon le même
schéma fondamental.
De quels événements s’agit-il ? Risque

Conséquences/
Quels peuvent être les effets de ces événements ?
effets

Que peut-on faire pour lutter contre les effets négatifs ? Mesures

60
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Quels peuvent être les effets de ces événements ? tion, le temps de pré-alerte pour Tokyo va d’un à plusieurs
jours (voir fig. 3). Dans les 2 cas, ce laps de temps peut être
Les catastrophes naturelles entraînent en général des utilisé pour prendre des mesures préventives et pour pré-
dommages matériels et corporels pour les assurés. Les parer l’instruction des sinistres.
assureurs, qui peuvent être eux-mêmes touchés par l’évé-
nement, devraient donc aussi prendre en compte leur Dans tous les cas, il faudrait utiliser des paramètres com-
éventuel préjudice personnel dans la planification. En pre- parables pour tous les types de catastrophes afin de pou-
mier lieu, pourtant, les assureurs s’intéressent aux effets voir transposer d’un scénario à l’autre les mesures concer-
possibles sur l’organisation de leur travail : nant les processus de règlement de sinistres. Ces mesures
devraient par exemple être présentées sous forme de
– Dans quelle mesure les sinistres vont-ils toucher leur check-lists dans le PA.
propre société, dans toutes les branches assurées ?
– Est-il possible, avec les moyens disponibles, de calculer Un point important devant être pris en compte dans le PA
et d’évaluer un tel nombre de sinistres ? concerne le comportement du client en matière de déclara-
– Combien de temps va-t-il falloir pour l’ouverture des tion de sinistre. Dans certaines régions, il est courant que
sinistres ? les déclarations soient remises personnellement au repré-
sentant de la société d’assurance. Souvent, les habitants
Pour pouvoir répondre à ces questions, il est indispensable restent auprès de leurs biens pour se protéger contre les
que l’assureur connaisse parfaitement ses portefeuilles, pillages et n’ont donc pas la possibilité de faire une décla-
ses clients, ses marchés, etc. ration du sinistre. Si donc l’assureur n’envoie pas de
régleur sur place, les déclarations de sinistres lui parvien-
Les résultats de cette analyse servent de base au plan d’ur- dront vraisemblablement avec du retard, ce qui souvent
gence. Si les données rassemblées ne suffisent pas pour n’en facilite pas la compréhension. La conséquence directe
mettre au point un modèle sérieux d’intervention en cas de – voir fig. 2 – dans cet exemple serait ainsi un besoin accru
catastrophe, il est alors nécessaire de créer et d’appliquer de personnel des services extérieurs et de régleurs et non
des scénarios hypothétiques. On peut prendre comme pas un nombre insuffisant de rédacteurs sinistres. Cette
orientation des informations déjà existantes, provenant de conséquence devrait également s’inscrire dans le proces-
sinistres antérieurs, même si les causes de sinistres étaient sus du PA.
différentes. Par exemple, en cas de typhon ou d’inonda-

Pour évaluer l’exposition aux


Fig. 3 : Évaluation du site en fonction de l’exposition aux catastrophes naturelles,
catastrophes naturelles d’un
en prenant l’exemple de Tokyo. endroit donné, il suffit d’appliquer
des critères relativement simples
Risque naturel Typhon Inondation Séisme mais toutefois pertinents. Les expé-
riences tirées d’une catastrophe
Potentiel de risques moyen moyen élevé (par ex. une tempête) peuvent
ensuite être transposées à un autre
Période de récurrence estimée < 50 ans < 50 ans < 100 ans
scénario de catastrophe potentielle
Temps de pré-alerte (zone) 1–5 jours 1–2 jours aucun (par ex. une inondation) et l’on peut
en déduire des mesures adéquates.
Durée prévue 1–2 jours 1–3 jours < 1 minute
Saison Été/automne Été/automne sans
incidence

61
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Une fois que les différents scénarios individuels sont décrits, Évaluation des facteurs de risque individuels
il faut mettre au point des contre-mesures et établir une liste
de priorités pour les démarches suivantes. Il est important Le potentiel de sinistres est en règle générale relativement
de faire également une évaluation des conséquences possi- facile à exprimer en valeur monétaire. Le danger immédiat
bles pour sa propre société, sur une échelle allant de « négli- et l’efficacité des mesures de protection sont, par contre,
geable » à « menace existentielle ». La figure 4 présente un plus difficiles à évaluer. C’est pour cette raison qu’il est
schéma d’évaluation simple permettant de calculer le propre recommandé de se servir d’échelles d’évaluation utilisant
risque d’être touché par un dommage. des valeurs absolues (0 = peu important/très mauvais,
5 = très important/bon) et de réaliser l’évaluation au sein
d’une équipe composée de personnes provenant de divers
départements et occupant des fonctions variées. Les chiff-
res obtenus peuvent être repris dans une matrice prédéfinie
pour être ensuite évalués. La figure 5 montre un schéma de
ce type grâce auquel il est facile de constater si le risque se
trouve encore, ou non, dans un cadre acceptable.

Le risque de sinistre d’un objet


Fig. 4 : Évaluation des facteurs de risque individuels augmente avec son exposition
immédiate, c’est-à-dire avec sa
probabilité d’occurrence et son
Risque de sinistre = potentiel de sinistres (sur le plan
financier). Il peut être réduit par
des mesures de protection
exposition immédiate/probabilité d’occurrence adéquates.

+ potentiel de sinistres

./. mesures de protection

La matrice permet une évaluation


Fig. 5 : Matrice d’évaluation pour les risques simple et pertinente du risque de
sinistre. Les risques dépassant la
limite de tolérance sont inaccep-
Exposition tables et doivent être réduits. Ceci
ne veut pourtant pas dire que les
immédiate
risques en dessous de la limite de
tolérance n’exigent pas de mesures
de prévention ou de réduction des
Valeur Risque sans mesure sinistres, ils se trouvent simplement
maximale plus bas dans la liste des priorités.
de protection

Limite de tolérance
n
tio
pr re
ec
de esu
ot

Dimension
M

acceptable
Risque avec mesure
de protection
Potentiel de
Valeur maximale sinistres

62
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Que peut-on faire pour lutter contre les effets (négatifs) Il ne suffit pas bien sûr de se contenter de donner une liste
d’une catastrophe ? de solutions possibles. Les mesures doivent être évaluées
en fonction de leur efficacité et des facteurs d’influence
Une fois que la définition des scénarios de sinistres et de présents. Et ceci sous-entend que les processus existants
leurs conséquences éventuelles est terminée, il faut spécifier et les objectifs de l’entreprise sont connus et intégrés dans
les contre-mesures. la planification.

Pour les processus complexes, il est conseillé de subdiviser Outre la rentabilité, les besoins en ressources et les effets
les actions prévues en : temporels, c’est le facteur humain qui joue un rôle essen-
tiel lors de catastrophes. Les paramètres indiqués à la
– mesures préventives figure 6 devraient donc être pris en considération pour la
– mesures à prendre pendant la catastrophe définition et l’évaluation des contre-mesures. Certains de
– reconstruction ou autres mesures consécutives ces paramètres peuvent, dans des cas individuels, se com-
pléter ou concourir. Il faut, le cas échéant, réévaluer les
divers aspects ou chercher des alternatives et des solu-
tions universellement applicables.

Fig. 6 : Facteurs d’influence possibles sur la gestion des sinistres

Informations des Réserves


investisseurs Accessibilité
sur place

Mesures
Nombre des Effet monétaire immédiates
sinistres indivi-
duels attendus Acomptes
Facteurs
quantitatifs
Effet moral
Risque
existentiel
Urgence

Facteurs temporels Alternatives


Cohérence
Solution
Dommages propres
interne
ou aux tiers ?

PA du client Solution externe

Plusieurs facteurs ont une influence variée sur


la gestion des sinistres. Pour éviter les goulets
d’étranglement en cas de catastrophe, il faut
décider préalablement quelles sont les valeurs
importantes pour sa propre entreprise.

63
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Citons un exemple : le poids donné aux facteurs d’influence Les exemples de cas suivants, qui représentent des scéna-
dépend des valeurs « éléments temporels » et « dommages rios individuels, illustrent comment un plan d’urgence peut
propres/aux tiers ». Si ces composants se trouvent réunis se dérouler concrètement. La partie « Mesures » (secteur
dans un cas de sinistre, ce sont les intérêts du client qui, du bas dans le graphique ci-contre) comprend les mesures
pour des raisons d’orientation clients, auront priorité. Si un concrètes en cas de catastrophe et donc la part de planifi-
dommage subi par la société d’assurance représente un cation se trouvant, pour sa majeure partie, dans le manuel
danger pour la gestion des sinistres dans son ensemble, il d’urgence.
faut bien sûr tout d’abord régler le dommage de l’assureur.
Dans le cas d’une inondation, par exemple, une entreprise Exemple 1 : une inondation cause des dommages chez un
chargée du séchage s’occuperait en premier lieu des bâti- assureur. La figure 8 montre les diverses phases du PA,
ments et des installations de l’assureur. avec les éventuels problèmes internes de l’assureur.

La mise en application d’un PA Exemple 2 : les routes sont coupées à cause d’une inonda-
tion. La figure 9 montre les diverses phases du PA, prenant
Lorsque le PA est défini dans ses grandes lignes, on en en compte les éventuelles influences externes.
vient à la planification des détails qui sera suivi, par étapes,
de la mise en application. Celle-ci comprend différentes
phases indiquées à la figure 7.

Fig. 7 : Les différentes étapes de la mise en application du PA Le cadre du PA pour les mesures
nécessaires en cas de catastrophe
étant défini, il faut élaborer les
mesures individuelles et les
Planification détaillée de mesures de réduction ou de suppression des sinistres et créa-
mettre en place.
tion d’une cellule catastrophe et d’un groupe spécial catastrophe (Cat-Task-Force/CTF).

Mise en place de mesures préventives

Réaliser des simulations (exercices d’urgence)/améliorations

Communication et formation des employés

Perfectionnement permanent des processus

64
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Fig. 8 : Les diverses étapes du déroulement d’un PA, avec les éventuels problèmes
internes de l’assureur.

Analyse des
Catastrophes avec temps Catastrophes sans risques
Risque

de pré-alerte temps de pré-alerte possibles

Tempête Inondation
Conséquences

Panne des installations tech-


Non-disponibilité des outils Dommages Surplus de travail
niques/d’électricité/des moyens de
de travail nécessaires aux bâtiments administratif
communication/de l’informatique
Comment
l’événement
Insuffisance de Nombre insuffisant
Nombre insuffisant de pourrait-il nous
capacité de spécialistes
rédacteurs sinistres toucher ?
informatique informatiques

Employés en Collaborateurs
Employés non touchés
vacances externes

Employés des Transfert des dossiers de Quelles sont


Employés des les mesures
antennes sinistres aux antennes
départements non touchés
Mesures

extérieures extérieures nécessaires pour


la gestion et la
prévention des
risques ?
Départements sinistres
Secteur central Souscription
d’autres branches/pays

Vérifier les
Régler l’accès Régler la
connaissances
aux systèmes coordination
linguistiques

Les cases marquées en orange montrent, tout au surcroît de travail, on peut faire appel aux emplo-
long du scénario, le surplus de travail administra- yés des départements sinistres d’autres branches
tif causé par le grand nombre de déclarations de ou d’autres secteurs géographiques. Il est néces-
sinistres à la suite d’une inondation et par consé- saire que les employés obtiennent les droits
quent le besoin accru de rédacteurs sinistres. d’accès nécessaires ainsi que les pouvoirs de
Une inondation est en général une catastrophe régler les sinistres. Il s’agit là d’une étape qui
avec un temps de pré-alerte ; il est donc possible peut être mise en œuvre de façon proactive, en
de prendre certaines mesures avant l’arrivée de amont.
l’événement. Pour être en mesure de maîtriser le

65
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Fig. 9 : Les diverses étapes du déroulement d’un PA devant faire face à


d’éventuelles influences externes.

Analyse
Catastrophes avec temps Catastrophes sans temps des risques
Risque

de pré-alerte de pré-alerte possibles

Tempête Inondation

Dommages aux Panne du réseau Panne d’électricité/


Routes coupées
bâtiments de communication de distribution d’eau
Conséquences

Interruption de la distribu-
Approvisionnement Comment
tion/du ramassage du
général interrompu l’événement
courrier
pourrait-il
toucher nos
clients ?
Impossible de faire Impossible d’envoyer les formulaires
une déclaration directe de déclaration de sinistres

Création d’un bureau


provisoire sur place

Quelles sont
Mesures

Propres employés Expert sinistres les mesures


nécessaires pour
la gestion et la
prévention des
Contrat-cadre risques ?
Budget Ordre Rapport avec les experts
sinistres

Le scénario fait apparaître les effets rétroactifs tout enregistrer les sinistres sans perdre de
sur les processus d’affaires de l’assureur. Il se temps, un bureau provisoire est créé sur place
peut qu’à la suite d’une inondation, les routes dans lequel un expert sinistres est chargé de
vers la région touchée soit coupées et que le distribuer les formulaires, de recevoir les décla-
réseau téléphonique soit perturbé. Il est donc rations et d’organiser les visites d’inspection.
impossible de remettre une déclaration de L’expert peut par exemple transmettre une
sinistre par voie normale ou d’envoyer un déclaration groupée à l’assureur par téléphone
formulaire de déclaration. Pour pouvoir malgré satellite.

66
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Gestion de l’action en cas de sinistre à caractère Le groupe spécial CAT-Task-Force (CTF)


catastrophique
La fonction essentielle du CTF est d’exécuter des tâches qui
Comme ceci a déjà été dit, une catastrophe peut double- n’apparaissent que rarement ou dans un cadre restreint en
ment toucher une société d’assurance, d’une part par les matière de gestion des sinistres. Une mission typique prise
dommages des assurés et de l’autre par ceux touchant en charge par un CTF est par exemple de se rendre sans tar-
l’entreprise elle-même. La gestion des sinistres nécessite der sur les lieux de la catastrophe pour se faire une idée des
donc une stratégie tournée à la fois vers l’extérieur et vers dommages. Les membres du groupe spécial CTF fournissent
l’intérieur pour pouvoir, en situation d’urgence, garantir un en quelque sorte les tout premiers reportages et organisent
suivi ordonné des dossiers. les mesures, telles l’intervention des inspecteurs-régleurs.
En particulier pour les gros sinistres, ils peuvent avoir des
Dans le cadre de la stratégie interne, il faudrait créer des compétences spéciales, par exemple pour les acomptes ou
organes et établir des règles pour pouvoir agir en cas de bien remplir des fonctions de conseil technique, juridique ou
catastrophe. Il est important qu’au moins certains de ces assurantiel auprès des personnes lésées.
organes soient en mesure de travailler de façon autonome.
Il faut donc constituer des unités redondantes qui, tout du Amélioration du déroulement des sinistres
moins en partie, peuvent se charger de la gestion des sinis-
tres après la survenance de l’événement. La cellule et le groupe CTF s’occupent surtout des fonc-
tions de direction dans la communication, l’organisation et
La cellule catastrophe le règlement. La gestion de base des sinistres ne changent
pas de mains. Il est pourtant possible d’améliorer les pro-
La cellule catastrophe est l’organe exécutant du PA en cas cessus standard au moyen de mesures spécialement
de catastrophe. Il n’est pas absolument indispensable que conçues pour les catastrophes. Il ressort de presque toutes
les membres du groupe spécial Cat-Task-Force (CTF) ou de les enquêtes menées auprès des assurés autour du thème
la cellule soient les mêmes que ceux de l'équipe de planifi- satisfaction des clients que ces derniers souhaitent un
cation d’origine. règlement rapide et efficace des sinistres. Une approche
proactive de cette question au niveau de la gestion des
La cellule catastrophe s’occupe de la gestion des catastro- sinistres, et en particulier des sinistres de masse, peut être
phes au niveau global de l’entreprise. Étant donné qu’elle réalisée de 3 façons :
doit, selon la situation, prendre des décisions immédiates,
la cellule a besoin d’être habilitée des pouvoirs correspon- – en se préparant bien aux événements escomptés
dants. Les rapports faits aux décideurs doivent suivre un – en mettant au point des processus de gestion
parcours clair et rapide. Il serait irrationnel d’attendre que la performants
catastrophe ne survienne pour répartir les fonctions et il faut – en gardant des réserves ou en augmentant les ressources
donc que non seulement la cellule, mais également les au- en cas de sinistre
tres employés, à tous les niveaux hiérarchiques, reçoivent
auparavant des directives et des formations sur les condi- Ces 3 points constituent en fait la base de tout plan d’ur-
tions de travail en situation d’urgence. gence. Il est évident qu’un PA ne peut pas éliminer les
influences extérieures qui rendent la gestion des sinistres
Toute catastrophe a pourtant toujours des effets inatten- difficile ou la retardent. Il aide cependant à fiabiliser les
dus sortant du cadre habituel et l’entraînement n’est donc processus et apporte un soutien notoire dans le cadre des
possible que dans une mesure limitée. Il est recommandé potentiels propres et dans un espace temporel le plus
de former un groupe spécial CTF chargé de faire face à ces réduit possible. Les mesures doivent donc être créées en
défis exceptionnels. fonction des scénarios de sinistres attendus, c’est-à-dire
selon

– le type du sinistre,
– le nombre des sinistres individuels escomptés,
– la propagation géographique des sinistres individuels,
– l’infrastructure existante.

Les catastrophes naturelles entraînant en général une mul-


titude d’événements individuels, l’optimisation des proces-
sus porte essentiellement sur les mesures de réduction des
sinistres ou les mesures anticipant la gestion des sinistres.

67
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Pour améliorer le déroulement des sinistres, on peut Documentation et manuel d’urgence


utiliser les moyens suivants :
Dans la planification d’urgence, l’un des points essentiels
– recommandations en matière de prévention des sinistres est de fixer par écrit les différentes démarches à suivre en
qui seraient par exemple envoyées en même temps que cas de catastrophe. Un manuel d’urgence doit être écrit de
la police d’assurance (voir check-list en annexe) telle façon qu’il puisse être compris par toute personne
– créer et envoyer au préalable un formulaire unique de externe ayant des connaissances techniques normales,
déclaration sans pour autant être au courant des secrets de l’entreprise.
– créer et gérer des hot-lines sinistres et des services En plus de la version électronique, il doit exister des exem-
assistance plaires imprimés du manuel, dont un au moins devrait être
– installer des outils informatiques permettant d’enregi- conservé à l’extérieur de l’entreprise. Il est recommandé de
strer, de gérer et d’évaluer les sinistres de masse remettre un exemplaire, toujours actualisé bien entendu, à
– créer des outils informatiques pour pouvoir faire une chacun des membres du CTF et de la cellule.
estimation rapide de la charge globale des sinistres
– établir des circuits de communication et un format de Prévention des sinistres
rapport uniformes pour les contacts avec la Direction,
la presse, etc. L’un des éléments fondamentaux d’une gestion perfor-
mante des sinistres est le facteur temps. En règle générale,
Simulation, exercices d’urgence et analyses post- plus on réagit tôt et rapidement à un sinistre, plus il reste
événement limité. L’échelle de priorités est donc la suivante :

Pour mettre un PA en application, il faut s’être préparé à – prévention des sinistres


faire face à une situation d’urgence. Les exercices ont pour – réduction des sinistres
but non seulement de faire connaître les mesures d’ur- – règlement des sinistres et remise en état
gence aux employés, mais également de déceler les fai-
blesses et les erreurs du système pour pouvoir y remédier. L’objectif principal doit donc être la prévention. En général,
L’efficacité des mesures techniques d’urgence, par exem- les conditions d’assurance obligent l’assuré à prendre, à
ple avoir recours à de la capacité informatique externe, ses frais, des mesures de prévention et de réduction des
peut facilement être contrôlée par des simulations. Toute sinistres. Cette obligation pour l’assuré d’intervenir par
mesure ayant un impact direct sur le processus d’exploita- anticipation représente un aspect déterminant de la ges-
tion devrait toutefois faire l’objet d’un exercice d’urgence tion des sinistres. Il a pourtant longtemps été sous-estimé,
impliquant les employés concernés de façon à recenser le en particulier dans l’assurance des particuliers. Les cas
plus grand nombre possible de facteurs d’influence poten- sont rarissimes où l’on demande à l’assuré d’indiquer les
tiels. Après chaque exercice, tout comme après chaque mesures qu’il a prises pour réduire d’éventuels sinistres.
événement, il faut analyser toutes les expériences et inté- Les sinistres catastrophiques étant en augmentation per-
grer les résultats dans des processus améliorés. Il est manente, c’est pourtant là un aspect qui occupera une
important de mettre en évidence les résultats tant négatifs place de plus en plus importante dans le règlement des
que positifs. Étant donné que nous nous trouvons, comme sinistres, car c’est le seul moyen de faire évoluer les men-
ceci a déjà été mentionné, dans un domaine fonctionnant talités et d’empêcher les assurés de se reposer totalement
essentiellement sur une base empirique, les connaissan- sur les assurances. Il faut qu’ils comprennent qu’ils sont
ces tirées des tests et de la pratique sont souvent la seule liés à une obligation contractuelle d’éviter les dommages,
source de données. dans la mesure du possible.

Il est clair que personne ne peut empêcher une catastrophe


naturelle. En ce qui concerne les sinistres, et tout spéciale-
ment les sinistres individuels, il existe toujours des possi-
bilités de prévenir ou de minimiser les sinistres. Ceci est
également valable pour les dommages subis par l’assureur
lui-même. L’une des approches possibles est proposée par
les check-lists, en annexe de la brochure, qui devraient
faire partie intégrante du PA.

68
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs

Communication

Pour qu’un PA fonctionne sans problème, il est indispensa-


ble que la communication soit assurée pendant toutes les
phases du plan. L’assuré devrait être informé, en amont,
par exemple au moyen de la police, des mesures de réduc-
tion des sinistres ou des formalités de déclaration. L’infor-
mation du public et des marchés financiers est également
d’une importance croissante pour que les communiqués
sur les charges attendues soient publiées « juste à temps ».

En ce qui concerne la communication du risque, nous


renvoyons à la brochure de la MR sur ce thème (no de
commande MR 302-03158).

Perspectives

Le nombre croissant des catastrophes naturelles exige de


la part des assureurs la recherche constante de nouvelles
approches en matière de gestion des sinistres. Les profes-
sionnels de l’assurance sont de plus en plus nombreux à
reconnaître les signes du temps et ils s’orientent désor-
mais, surtout en assurance des particuliers et au-delà du
dédommagement monétaire classique, sur ce que l’on
appelle la restitution en nature. Il s’agit ici d’un service
comprenant les mesures les plus diverses de remise en état
ou de remplacement des biens endommagés de l’assuré.

Dans l’ensemble, il est nécessaire d’intégrer davantage


l’assuré dans la gestion des sinistres, pas seulement parce
qu’il est le mieux placé pour connaître le risque individuel,
mais également parce que c’est lui qui peut intervenir le
plus tôt dans le déroulement d’un sinistre.

69
Résumé et perspectives
Modèles de sinistres récurrents – Approches innovantes

Les grands défis qui se posent à la gestion de


sinistres lors de catastrophes naturelles ont été
décrits au moyen d’exemples de dommages
concrets, et les données et leçons à en tirer ont été
exposées.

Le 1er septembre, jour anniversaire du trem-


blement de terre du Kanto en 1923, les écoliers
japonais à Tokyo portent des capuches
matelassées destinées à les protéger contre la
chute de débris. C’est ainsi que l’on prépare
chaque année des milliers de personnes au
séisme majeur qui pourrait à tout moment
toucher le Japon.

70
71
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles

Résumé et perspectives

La présente publication décrit les principaux défis qui se posent à la


gestion de sinistres lors de catastrophes naturelles. En s’appuyant
sur des exemples de sinistres concrets, elle soumet aux sociétés
d’assurance de précieuses propositions d’amélioration ainsi que des
pistes de solution permettant une action proactive.

Nous avons eu à faire à une série d’événements naturels Gestion des sinistres : Quo vadis ?
importants dans le passé récent : les 4 ouragans aux États-
Unis en 2004, le typhon en Corée et au Japon en 2003, les Systèmes d’alerte précoce
inondations en Europe en 2002, les tempêtes d’hiver en
Europe en 1999 ainsi que les séismes en Turquie en 1999 et Il sera plus que jamais nécessaire de disposer de systèmes
au Japon en 1995. Toutes les catastrophes ont été soigneu- d’alerte précoce efficaces qui devront contribuer à l’établis-
sement analysées et des aspects intéressants ont été mis sement de prévisions précises sur les événements et à la
en lumière lors du règlement des sinistres, tout particuliè- mise en pratique d’une gestion proactive des sinistres. La
rement en ce qui concerne la situation d’urgence qui règne mise en œuvre des plans d’action peut ainsi avoir lieu
après la survenance d’une catastrophe et les défis aux- encore plus tôt. À cet égard, on peut, aujourd’hui déjà, citer
quels est confronté l’assureur. En nous appuyant sur des l’exemple des applications en matière de logistique de
exemples de sinistres, nous montrons clairement que l’information, grâce auxquelles les alertes aux intempéries
nombre de défis se posent, mais aussi qu’il existe des solu- lancées par les services d’information sont communiquées
tions pour optimiser la gestion des sinistres. Il faut s’occu- directement et à temps aux personnes touchées. Les infor-
per des clients avec encore plus de rapidité et de profes- mations météorologiques sont transmises aux personnes
sionnalisme. Car les sinistres font partie intégrante des sur le support qu’elles ont choisi (téléphone, téléfax, e-mail,
opérations d’assurance pour les assureurs directs et les téléphone portable, pager). Il est également possible de
réassureurs – et souvent, ce n’est que lorsqu’ils sont en consulter les alertes météo lorsque l’on change de lieu de
présence d’un sinistre que les clients et l’économie natio- résidence (pendant des voyages par exemple). Pour cela,
nale peuvent vraiment apprécier la qualité et la valeur les utilisateurs sont localisés via leur téléphone portable et
ajoutée offertes par les assureurs. reçoivent ensuite – si nécessaire – une alerte par SMS.

Aujourd’hui, la gestion professionnelle des sinistres dans À l’avenir, il sera accordé une importance beaucoup plus
le cadre du règlement des sinistres individuels est chez grande aux alertes précoces et, de ce fait, à l’intensification
tous les assureurs synonyme de « best practice ». Les dom- de la prévention des sinistres dans le domaine des risques
mages provoqués par des catastrophes naturelles dont il naturels.
est question ici montrent cependant que ce professionna-
lisme doit aussi être appliqué au management de milliers Géocodage
de sinistres de cumul et de gros sinistres. Pour la gestion
de sinistres d’urgence, il convient de se conformer au Le géocodage aide à identifier les modèles de sinistres et
principe suivant : à une catastrophe succède toujours une permet d’améliorer leur gestion au plan local. Nous avons
autre catastrophe ! Cela signifie qu’après la survenance montré en détail combien cette méthode est performante.
d’un événement il faut analyser ce qui a bien fonctionné, L’objectif poursuivi étant d’exploiter les possibilités offrant
ce qui a été négatif et comment on peut s’améliorer. Pour le plus grand potentiel de réduction des sinistres, une
permettre à nos clients d’effectuer une brève analyse, nous attention toute particulière sera accordée, dans le futur,
avons élaboré à leur intention, à titre de service, un catalo- aux systèmes de localisation par satellite.
gue de check-lists situé en annexe.

72
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Résumé et perspectives

Plans d’action – Gestion des sinistres dans le cadre d’événements natu-


rels (NatCat Loss Estimation Service) : la Münchener
Un plan d’action (PA) augmente la flexibilité en cas de Rück a mis au point et testé une méthode (reposant sur
sinistre, car il organise les processus d’instruction des le géocodage) en vue d’une estimation et d’une gestion
sinistres. Une approche globale permet, en cas de cata- rapide des sinistres dans le cadre d’événements naturels.
strophe (sinistre naturel, gros sinistre, perte d’image de Sur la base des données des polices avec adresses géo-
marque, sinistre catastrophique dû au terrorisme), de codées et grâce aux informations relatives à la météoro-
concentrer le peu de ressources disponibles sur les points logie fournies par des tiers et traitées par le Groupe de
essentiels. Il est alors possible, non seulement d’augmen- Recherche GéoRisques de la Münchener Rück, il est pos-
ter l’efficacité et la fiabilité de la gestion des sinistres, mais sible d’analyser rapidement, pour chaque portefeuille
également d’arriver à une réduction des coûts. La mise en individuel, l’incidence d’un événement concret tel qu’une
œuvre d’un plan d’urgence fait ressortir les points faibles tempête. Ces informations sont ensuite transmises à la
de l’entreprise et apporte ainsi une valeur ajoutée non cédante. Les courts temps de traitement permettent
négligeable. même, dans certaines circonstances, de prévenir les
assurés menacés.
À l’avenir, les assurés seront, eux aussi, davantage inté-
grés dans la gestion des sinistres (prévoyance en amont et L’assurance et la réassurance des risques naturels consti-
suivi en aval), pas seulement parce qu’il sont les mieux tuent l’un des rares domaines de croissance existant dans
placés pour connaître le risque individuel (prévention des l’assurance Dommages. En conséquence, il faudrait faire
sinistres), mais également parce que ce sont eux qui peu- appel aux meilleurs méthodes et procédés disponibles
vent intervenir le plus tôt dans le déroulement d’un sinistre pour les processus, les structures et les outils utilisés pour
(réduction de sinistre). ces opérations, notamment dans le cadre de l’instruction et
du règlement des sinistres.
Offres de services innovantes de la Münchener Rück
La Münchener Rück est en mesure de mettre à votre disposi-
Les services Sinistres disposent de ressources limitées, et tion des experts du Département Dommages et du Groupe
ce, non seulement pour le règlement des sinistres catastro- de Recherche GéoRisques, qui pourront vous apporter leur
phiques. Les informations essentielles doivent être à jour appui avant et après une catastrophe. La présente brochure
et à portée de la main. Les offres de services innovantes de a pour objet de contribuer à répondre aux attentes des assu-
la Münchener Rück, développées à l’origine pour nos rés, des autorités de surveillance ainsi que des employés et
cédantes allemandes, vont dans ce sens : des actionnaires des compagnies d’assurance en ce qui
concerne la gestion professionnelle des sinistres, et à faire
– Le système informatique de management des sinistres face le mieux possible aux catastrophes naturelles à venir.
par connect.munichre propose, en ligne, aux rédacteurs
sinistres de nos clients des informations sur certains
types de sinistres choisis, tels que les événements natu-
rels par exemple. La navigation dans le système est fonc-
tion de la façon dont l’assureur direct traite les dossiers.
Le suivi et l’actualisation des informations est effectué à
un niveau central, et il suffit ensuite aux utilisateurs d’ap-
puyer sur une touche pour disposer de celles-ci immédia-
tement.

73
Annexe : check-lists pour une gestion
proactive des sinistres
Gestion professionnelle des sinistres pour
les assureurs et les assurés

Les mesures, indiquées dans les check-lists qui


suivent, ont seulement valeur d’exemple et ne
sauraient être considérées comme exhaustives.

74
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

A. Check-list pour les assureurs

Mesures à prendre avant une catastrophe

Mettre au point un plan d’action qui tient compte de la survenance de plusieurs


événements catastrophiques et le tester

Concevoir des systèmes informatiques et organiser la gestion des documents de


façon à pouvoir traiter plusieurs milliers de dossiers de sinistres et de résoudre au
plan technique le problème du rattachement des sinistres aux événements qui les
ont provoqués, afin d’éviter les doubles décomptes

Élaborer un concept permettant aux clients d’établir et d’envoyer leur déclaration de


sinistre (sur des formulaires simplifiés ou par l’Internet)

Prendre des mesures de prévention des dommages (application de standards tech-


niques, amélioration des règles de construction et des sauvegardes informatiques) ;
cette recommandation vaut à la fois pour les assurés et pour les assureurs qui peuvent
eux aussi être touchés par la catastrophe

Procéder à l’évaluation du risque en faisant, si possible, une inspection chez l’assuré


pour vérifier si les standards techniques de sécurité vis-à-vis des périls naturels sont
respectés

Conclure des accords-cadre avec des sociétés spécialisées dans la liquidation des
sinistres et dans le nettoyage et l’assainissement des locaux

Préparer une liste des inspecteurs-régleurs et des experts disponibles

Identifier et contrôler le risque de cumul des périls naturels que peut présenter
le portefeuille

Fournir aux clients des modèles NatCat et des outils appropriés (par ex. zones Cresta
et service MRcatPML) de façon à pouvoir évaluer l’exposition du portefeuille

Géocoder le portefeuille

Préparer des informations (cartes) indiquant les scénarios et les expositions auxquels
les zones touchées peuvent être confrontées

Tenir à la disposition du réassureur ou d’autres spécialistes des événements naturels


les données nécessaires à des études et des analyses scientifiques

Encourager l’utilisation et l’amélioration de systèmes d’alerte précoce

Estimer les SMP et transmettre l’information au réassureur ; actualiser régulièrement


les estimations

75
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

Gestion des sinistres

Créer un comité d’action et faire prendre les premières mesures

Premières estimations de sinistre ; plusieurs mesures sont possibles :


– évaluation des propres dommages subis
– prise de vues aériennes (qui facilitent éventuellement une première estimation)
– géocodage des portefeuilles (ce qui simplifie la première estimation des dommages)
– prise en compte des déclarations tardives
– prise en considération du surcoût des frais d’expert, des tarifs des sociétés de
réparation et du prix du matériel utilisé

Mettre en application le plan d’urgence actuel

Constituer une équipe pour les gros sinistres

Enregistrer les gros sinistres

Prévoir et gérer l’intervention des inspecteurs-régleurs

Rechercher des ressources disponibles pour le règlement des sinistres (personnel en


congé, à la retraite, en congé parental, etc.)

Surveiller et gérer la charge de travail des services administratifs et des services


commerciaux

Préparer une liste des numéros de téléphone et des adresses e-mail de tous les
gestionnaires de sinistres

Mettre à la disposition des collaborateurs et des clients des informations concernant


les mesures prioritaires et le règlement des sinistres

Remettre aux inspecteurs-régleurs et aux gestionnaires de sinistres des résumés des


conditions d’assurance et des clauses

Mettre en place des outils informatiques permettant le traitement des sinistres de


masse

Définir des circuits de communication et des chaînes d’information uniformes

76
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

Déclaration de sinistres et règlement

Installer une hotline ; plusieurs mesures sont possibles :


– numéros de téléphone (gratuits) pour déclarer les sinistres
– convertir les appels téléphoniques en fichiers sonores, lesquels pourront être
envoyés sous forme de courriers électroniques aux gestionnaires sinistres
– en cas d’encombrement de l’installation téléphonique, avoir recours éventuellement
aux téléphones mobiles personnels des collaborateurs
– annonce préenregistrée des réponses aux questions les plus fréquentes (FAQ)
concernant l’étendue de la garantie et les mesures conservatoires
– créer et gérer des services d’assistance

Créer sur place dans les zones sinistrées des bureaux mobiles chargés du règlement
des sinistres (ouverture des dossiers ou paiements)

Prévoir et gérer l’intervention des inspecteurs-régleurs ; plusieurs mesures sont possibles :


– évaluer et augmenter les ressources en personnel, si besoin est, en rappelant les
absents, les retraités ou en formant des souscripteurs, des commerciaux, etc.
– accorder des autorisations de règlement, en vérifier les limites et éventuellement
les adapter
– prendre le plus tôt possible des photos des dégâts pour les utiliser à des fins de
documentation
– gérer le planning des déplacements et des rendez-vous des inspecteurs-régleurs
– faire le point sur les conditions de circulation (routes ou ponts détruits ou
infranchissables, etc.)
– premières inspections des zones sinistrées, une fois le danger passé (force du vent,
hauteur d’eau, répliques sismiques)
– intégrer dans la planification l’interdiction d’accéder dans les zones sinistrées

Optimiser l’enregistrement des sinistres


– mettre à la disposition des collaborateurs un formulaire simplifié permettant une
déclaration groupée des sinistres de masse, que l’on peut éventuellement remplir
sur un micro-ordinateur

Établir une liste des priorités pour le traitement des dossiers de sinistre et pour
les visites ; plusieurs mesures sont possibles :
– confier le règlement des gros sinistres et des sinistres pertes d’exploitation à des
inspecteurs-régleurs expérimentés
– fixer pour certains sinistres un règlement simplifié et sur seule étude du dossier
– documenter rapidement les sinistres afin de les distinguer des autres événements
et des événements précédents
– faire intervenir si possible le même inspecteur-régleur lorsqu’un assuré déclare
plusieurs événements dommageables
– faire appel, si besoin est, à des spécialistes de la fraude

Mandater et gérer les inspecteurs-régleurs externes ; plusieurs mesures sont possibles :


– tenir compte de l’infrastructure détruite dans le plan d’intervention et dans le
traitement du nombre des sinistres
– prendre éventuellement en considération le surcoût des frais d’expert, s’il y a pénurie
d’experts
– penser à la situation linguistique et culturelle dans la zone sinistrée
– prévoir l’utilisation de téléphones satellite ou de talkies-walkies en cas de panne des
réseaux de téléphonie fixe et mobile
– gérer le travail des inspecteurs-régleurs (souvent possible avec des portefeuilles
géocodés)
– envisager l’utilisation de systèmes GPS de façon à localiser le lieu d’assurance

Mandater des sociétés de réparation et des sociétés spécialisées dans le nettoyage et


l’assainissement

77
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

Conduite à adopter par l’assureur lorsqu’il a lui-même subi des dommages et qu’il n’y a
plus suffisamment de postes de travail ; plusieurs mesures sont possibles :
– installer les collaborateurs dans des bureaux mobiles
– créer des postes de travail à domicile connectés à l’Internet
– déplacer les personnels chargés du traitement des sinistres sur simple étude des
dossiers vers d’autres unités de l’entreprise qui n’ont pas été touchées

Augmenter, si besoin est, l’équipement bureautique (photocopieuses et imprimantes)

Traiter les questions relatives au règlement des sinistres ; plusieurs mesures sont
possibles :
– franchise applicable lorsque plusieurs événements naturels se chevauchent dans le
temps
– franchise applicable lorsque plusieurs risques couverts par une police sont frappés
par un sinistre
– plafonds d’indemnisation (question de l’indemnisation maximale ou de la franchise)
– dommages assurés en vertu d’arrêtés administratifs
– frais assurés (couverture des frais occasionnés par les mesures préventives ou
conservatoires suite à la catastrophe)
– pertes d’exploitation sans dommages matériels
– dommages indirects

Communiquer le plus rapidement possible au réassureur les estimations de sinistre


ainsi que les bases sur lesquelles elles ont été calculées ; lui communiquer également
à intervalles réguliers et rapprochés les actualisations des montants mis en réserve

Mettre le plus tôt possible à la disposition du réassureur toutes informations utiles :


paiements déjà effectués, bordereaux, traités concernés, schémas d’indemnisation,
estimations de perte définitive

78
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

B. Check-list Plan d’urgence

Mettre en place une équipe de planification

Constituer une équipe

Répartir les pouvoirs

Définir les tâches

Élaborer un plan et un budget

Analyser les ressources et les dangers

Vérifier les plans internes et les polices

Échange d’expériences avec des groupes externes

Contrôler/identifier les instructions et les règlements

Identifier les produits, services et processus critiques

Identifier les ressources internes et les capacités

Vérifier les assurances

Dresser une liste des situations d’urgence et des probabilités de survenance


de ces situations

Conséquence possible sur l’homme

Conséquence possible sur les biens

Conséquence possible sur les activités

Évaluer les ressources internes et externes

Concevoir le plan, le cas échéant, pour plusieurs événements catastrophiques

79
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

Développer un plan d’urgence

Rassembler les pièces nécessaires à la planification, telles que résumé, mesures


d’urgence, documents de support (chaînes d’information, listes de numéros de
téléphone, etc.)

Identifier les défis ; établir une liste de priorités pour les activités

Élaborer un plan d’urgence

Élaborer un programme d’entraînement

Gérer la coordination avec les organisations extérieures

Entretenir des contacts avec les organisations intérieures

Remanier les exercices

Faire approuver officiellement le plan

Distribuer le plan

Mettre en œuvre un plan d’urgence

Intégrer le plan dans les circuits internes de la société

Effectuer des séances d’entraînement

Évaluer le plan et le modifier, si nécessaire

80
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

C. Check-list en cas d’intervention d’inspecteurs-régleurs


externes
Critères d’intervention des inspecteurs-régleurs

Mandater les inspecteurs-régleurs (leur mission est fonction, le cas échéant, du type
et du montant de sinistre, des pertes d’exploitation, de leurs connaissances linguis-
tiques)

Gestion et organisation des missions des inspecteurs-régleurs

Fixer le plan d’intervention des inspecteurs-régleurs dans les zones touchées

Coordonner les inspecteurs-régleurs, au niveau régional

Gérer la coopération et l’information entre les inspecteurs-régleurs et les assureurs


et/ou les assurés

Déterminer la charge de travail moyenne et/ou le nombre de dossiers instruits par


chaque inspecteur-régleur et procéder à une régulation

Gérer la chaîne d’information et son déroulement dans le temps en ce qui concerne le


traitement des dossiers de sinistre (nombre de rapports provisoires et ordre dans
lequel ils doivent être établis, rapport final)

Accords contractuels

Conclure éventuellement des accords de coopération (en exclusivité) entre les


inspecteurs-régleurs et les assureurs et/ou les assurés

Si les inspecteurs-régleurs recourent à des sous-traitants (sociétés, collaborateurs


indépendants), vérifier la qualité de ces derniers

Communication

Définir les circuits et les moyens de communication avec les inspecteurs-régleurs


(téléphone mobile, talkie-walkie, téléphone satellite)

Utiliser, le cas échéant, des systèmes GPS pour localiser le lieu d’assurance

81
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

Tâches et compétences des inspecteurs-régleurs

Donner aux inspecteurs-régleurs le pouvoir de régler les sinistres (compte tenu du type
et du montant)

Vérifier périodiquement s’ils connaissent les termes de la police ; contrôler si les ques-
tions importantes en matière de règlement (conditions de garantie et d’indemnisation)
ont été prises en compte

Leur laisser, le cas échéant, la possibilité d’introduire des mesures conservatoires

Vérifier que les règles de construction des bâtiments ont été respectées

Si un même lieu d’assurance est frappé par plusieurs cataclysmes :


– les inspecteurs-régleurs vérifient l’application des franchises, aident à évaluer les
pertes d’exploitation (pertes d’exploitation étendues en raison de l’arrêt des travaux
de réparation dû à l’arrivée d’un nouvel événement : dommages consécutifs ou
nouveaux dommages ?)
– les inspecteurs-régleurs apportent leur concours lorsque les assurés ont tendance à
demander des dédommagements exagérés (détection et prévention de la fraude)

Structure des coûts

Fixer la rétribution des inspecteurs-régleurs (prix à la journée/tarif horaire, forfaits


déplacements, etc.)

Intégrer éventuellement dans le coût de sinistre une modification de la structure des


droits et des coûts de règlement de sinistres (s’il y a pénurie d’inspecteurs-régleurs)

Élaborer des mesures visant à détecter le double décompte des frais de déplacement
(en cas d’intervention d’un inspecteur dans la même zone)

82
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

D. Check-list en cas d’intervention de sociétés de


nettoyage et d’assainissement des locaux
Mandater rapidement une société de nettoyage en fonction du type et du montant de
sinistre ; envisager une interruption de son activité

Vérifier quel type de sinistre doit être traité en priorité (dommages dus à l’humidité,
moisissures)

Sélectionner des techniques de nettoyage et d’assainissement pour des bâtiments et


des installations spéciales ; vérifier si l’on a recours à des techniques particulièrement
coûteuses

Vérifier la formation et la qualité du travail des agents des sociétés de nettoyage et


d’assaissement intervenant sur place (expérience en matière de nettoyage, de
séchage, d’assainissement, connaissances en langues)

Conclure éventuellement des accords de coopération (en exclusivité) entre les sociétés
de nettoyage et d’assainissement et les assureurs et/ou les assurés

Vérifier si la société de nettoyage et d’assainissement emploie des sous-traitants


(sociétés, collaborateurs indépendants) ainsi que la qualité du travail de ces derniers

Coordoner les sociétés de nettoyage et d’assainissement, au niveau régional

Définir les circuits et les moyens de communication (téléphone mobile, talkie-walkie,


téléphone satellite) entre la société de nettoyage, l’assuré et l’assureur

Décider des mesures d’assainissement en étroite collaboration avec la société de


nettoyage, l’assuré et l’assureur

Vérifier la structure des droits et des coûts des prestations de nettoyage et d’assainis-
sement (montant des travaux, montants fixes, prix par unité)

Calculer, le cas échéant, une augmentation des frais d’assainissement

83
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

E. Check-list pour les assurés


(essentiellement industriels)
Généralités

Identifier les zones touchées par les périls naturels et demander des informations à
l’assureur local

En cas d’exposition aux périls naturels, se renseigner auprès des autorités locales pour
savoir s’il existe des plans d’urgence et d’évacuation

Consulter la compagnie d’assurances qui se chargera de visiter et d’apprécier les


risques et d’émettre des recommandations en matière de prévention des sinistres

Développer un plan d’action et un plan d’urgence en cas de catastrophe et le tester

Personnel

Constituer une équipe d’intervention d’urgence (emergency response team)

Informer le personnel sur la sécurité et sur les expériences lors de catastrophes


naturelles et le former

Mettre en œuvre des mesures d’entraînement permettant la préparation et la maîtrise


des situations d’urgence

Bâtiments et équipements

Tenir compte des règles de sécurité en vigueur pour la construction et/ou la remise en
état de bâtiments et d’équipements. Consulter l’assureur, le réassureur, l’architecte ou
l’ingénieur du génie civil pour obtenir des conseils professionnels sur les mesures de
prévention des sinistres

Vérifier l’installation pour détecter les points faibles et son éventuelle vulnérabilité et
prendre des mesures pour réduire ces risques

Contrôler à intervalles réguliers les divers éléments des installations sur le plan de la
construction, de la technique et de l’organisation

Conclure un contrat-cadre avec des sociétés spécialisées dans le nettoyage et


l’assainissement des locaux

Prévoir une alimentation de secours en cas de coupure de courant

Documenter à l’aide de photos ou d’enregistrements vidéo les bâtiments,


les structures, les installations et les produits essentiels

Envisager de déplacer les documents et les équipements dans des endroits sûrs

Mesures précédant ou suivant immédiatement la catastrophe

Prendre les mesures d’urgence conformément au plan d’action

Suivre les alertes aux catastrophes dans les médias

Vérifier si les réseaux d’alimentation en énergie et en fluides ont été endommagés

Déclencher l’alimentation électrique de secours

84
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

Mesures spécifiques

1. Inondation

Vérifier si les zones où se trouvent les installations sont exposées aux risques
d’inondation, de refoulement et de pluies torrentielles

Déplacer les documents et les équipements et les mettre dans des endroits plus élevés

Suivre les alertes aux inondations (radio)

Demander à l’assureur toutes informations sur l’assurance Inondation (exposition à


ce risque)

Réfléchir aux mesures de protection des installations contre les inondations ; plusieurs
mesures sont possibles :
– mettre en œuvre les dispositifs de coupure d’urgence des installations
– boucher les fenêtres, les portes ou autres ouvertures à l’aide de matériaux résistants à
l’eau (parpaings ou briques)
– installer des clapets anti-retour et anti-refoulement pour éviter le retour des eaux dans
les locaux techniques
– renforcer, le cas échéant, les murs afin qu’ils puissent mieux résister à la pression
hydraulique
– construire des murs étanches autour des équipements ou des zones de travail des
installations, particulièrement exposés aux inondations
– envisager la construction de murs de protection ou de digues à l’extérieur de
l’installation industrielle afin de retenir l’eau
– ancrer les cuves de stockage (des combustibles, des produits chimiques) pour
éviter qu’elles ne soient soulevées et emportées par l’eau ; remplir les cuves vides ;
rehausser les conduits de ventilation
– serrer les freins des grues et fixer les ponts mobiles
– protéger ou déplacer les biens entreposés à l’air libre
– installer, le cas échéant, des portes étanches
– prévoir, le cas échéant, des ouvertures dans les soubassements de façon à ne pas
gêner l’écoulement de l’eau (pour ne pas affecter la solidité du bâtiment)
– mettre en place des murs mobiles de protection contre les inondations
– installer éventuellement une pompe avec une alimentation de secours pour pomper
l’eau en permanence
– identifier les matériaux ou produits chimiques dangereux qui sont dans des entrepôts
inondables, les déplacer ou les stocker en hauteur
– stocker les documents importants et les objets de valeur en lieu sûr
– couper l’alimentation des installations électriques pour éviter les courts-circuits dus à
l’humidité
– protéger les fours, les chauffe-eau, les tableaux électriques et autres équipements, les
surélever ou les déplacer
– déplacer les contenus/les biens pouvant être inondés ; réduire les stocks exposés aux
inondations ; si possible, les mettre en hauteur, les déménager ou les mettre à l’abri

Empêcher les dommages consécutifs dus à l’humidité en enlevant ou en séchant les


contenus/biens touchés par l’eau

85
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

2. Tremblement de terre

Déterminer l’exposition des installations aux tremblements de terre (par l’intermé-


diaire de l’assureur ou du réassureur)

Interroger les autorités locales et l’assureur pour connaître l’exposition du lieu


d’assurance et du voisinage au risque sismique

Faire vérifier par un expert (ingénieur du génie civil) les défauts de structure

Mettre en œuvre les dispositifs de coupure d’urgence des installations

Mettre au point des mesures de renforcement et de protection et établir une liste des
priorités ; plusieurs mesures sont possibles :
– ajouter au cadre des entretoises métalliques ou des murs de renforcement
– renforcer les colonnes et murs de fondation des bâtiments
– remplacer les murs en briques qui ne sont pas renforcés avec du ciment
– descendre les gros objets lourds sur les rayons inférieurs des étagères ou les poser
sur le sol et les fixer s’ils présentent un danger pour les personnes
– fixer les étagères, les armoires de rangement, les meubles hauts, les appareils de
bureau, les ordinateurs, les imprimantes, les photocopieuses et autres appareils
inventoriés pour les empêcher de glisser ou de se renverser
– ancrer dans le sol les équipements stationnaires et les machines qui pèsent lourd
– mettre, si possible, les équipements plus grands sur des roulettes et les attacher aux
murs avec des sangles
– mettre, si nécessaire, des entretoises dans les plafonds suspendus
– poser, là où c’est nécessaire, du verre de sécurité
– protéger les conduites d’alimentation et les conduites industrielles principales
– protéger plus particulièrement les systèmes de secours (colonnes sèches)
– installer des embouts flexibles sur les conduites de façon à empêcher toute fuite de
gaz ou d’eau
– respecter les normes de construction locales et les règles d’utilisation des sols

Préparer des doubles des plans de construction pour pouvoir apprécier la solidité du
bâtiment après un séisme

Contrôler d’un œil critique l’utilisation et le stockage de matériaux dangereux ; séparer


les produits chimiques qui sont incompatibles entre eux

Fixer des points de rassemblement pour le personnel après un séisme – à l’intérieur


des installations, mais loin des murs extérieurs et des fenêtres

Effectuer avec le personnel des exercices de simulation et d’évacuation en cas de


secousse sismique

86
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe

3. Tempête

Mettre en œuvre l’alerte aux tempêtes ainsi que les plans d’évacuation et préparer des
moyens de transport pour les collaborateurs

Arrimer les équipements et les structures à l’air libre

Protéger les fenêtres (avec des volets ou du bois)

Vérifier régulièrement la charpente des toits

Préparer une couverture de toit et des bâches pour réduire les dommages consécutifs

Mettre en œuvre les dispositifs d’arrêt d’urgence des installations

Effectuer des exercices de simulation et d’évacuation en cas de tempête, d’ouragan et


de tornade

Installer des pompes pour éliminer l’eau et prévoir une alimentation électrique de
secours

Préparer le déménagement de certaines parties de l’installation à un autre endroit

Effectuer un back-up des enregistrements, des logiciels et des données importantes

Mettre en place des mesures d’assainissement (séchage par exemple) pour éviter les
dommages consécutifs dus à l’humidité (corrosion, moisissures)

Mettre à l’abri et protéger les véhicules automobiles

87
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Auteurs

Auteurs

Pr. Dr. Peter Höppe Uwe Kastl Dr. Horst Kirrmann Dr. Wolfgang Kron
Responsable du Groupe de Ingénieur Gestionnaire Risques et Ingénieur Gestionnaire Risques et Responsable Risques hydrologiques;
Recherche GéoRisques/Gestion Sinistres Sinistres Département des risques géophy-
de l’environnement – Corporate Secteur Opérationnel Claims Département Sinistres – Asie, siques et hydrologiques, Groupe de
Underwriting/Global Clients Management and Consulting – Australasie, Afrique Recherche GéoRisques/Gestion de
Corporate Underwriting/Global l’environnement – Corporate Under-
Clients writing/Global Clients

Dr. Alfons Maier Ernst Rauch Jürgen Ruß Barbara Sättler


Responsable Knowledge Chef de département Ingénieur Gestionnaire Risques et Souscriptrice junior
Management Risque tempêtes, météorologiques et Sinistres Special and Financial Risks –
Topic Network Property Claims climatiques, Groupe de Recherche Département Sinistres – Asie, Munich-American RiskPartners
Ingénieur Gestionnaire Risques et GéoRisques/Gestion de l’environne- Australasie, Afrique
Sinistres Senior, Département ment – Corporate Underwriting/
Sinistres Europe 1 Global Clients

Andreas Siebert Dr. Anselm Smolka Thomas J. Toth Klaus Wenselowski


Responsable Géoinformatique et Chef de département Vice-président Ingénieur Gestionnaire Risques et
Communication Séismes/Inondations, Groupe de Property Claims – American Re Sinistres Senior
Groupe de Recherches GéoRisques – Recherche GéoRisques – Secteur Opérationnel Claims
Corporate Underwriting/Global Corporate Underwriting/Global Management and Consulting –
Clients Clients Corporate Underwriting/Global
Clients

Peter Wißhak
Juriste Gestionnaire Sinistres
Secteur Opérationnel Claims
Management and Consulting –
Corporate Underwriting/Global
Clients

88
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