Münchener Rück
Munich Re Group
Après les inondations de 2002 : les costumes
du « Lac des cygnes » sont mis à sécher sur les
fauteuils de la salle de spectacle de l’Opéra
Semper.
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Préface
Préface
Les catastrophes naturelles occasionnent généralement des sinistres de masse et des gros sinistres, et la
gestion des dommages peut ici facilement évoluer en management de crise. En effet, lorsqu’ils veulent
régler les sinistres, les assureurs n’ont pas seulement à faire face à des milliers de dommages, ils sont
aussi directement confrontés à leurs effets : l’effondrement des infrastructures ou la défaillance des
réseaux de communication représentent des défis colossaux pour les professionnels de l’assurance.
Sans préparation adéquate et sans programmes de prévention ou plans d’action appropriés, les
assureurs peuvent facilement courir le risque d’être dépassés par les événements quand il leur faut
régler des milliers de dommages le plus rapidement possible. Actions non homogènes, retards et
trop-payés peuvent en être les conséquences, et les entreprises risquent non seulement d’avoir à
assumer des frais qui auraient pu être évités, mais aussi d’être confrontées à une perte de confiance
susceptible de nuire à leurs affaires.
Désireuse de proposer des pistes de solution à ces problèmes et de permettre une approche proac-
tive, l’équipe de gestion des connaissances de la Münchener Rück a réuni dans la présente brochure
un ensemble d’expériences en matière de gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles.
Les articles portent non seulement sur les tâches classiques de la gestion de sinistres, ils font aussi
état des enseignements et des connaissances acquises sur la base de sinistres récents ou rensei-
gnent sur les solutions envisageables et les tendances en matière de management des sinistres. Les
check-lists pour les assureurs et les assurés soulignent l’intention des auteurs de donner des indica-
tions transposables dans la pratique de l’assurance.
Alfons Maier
Knowledge Management – Topic Network Leader Property Claims
1
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Sommaire
Sommaire
Tâches et défis
4 La dynamique particulière des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Tempêtes et ouragans
14 2004 aux États-Unis : les ouragans Charley, Frances, Ivan et Jeanne
27 2003 en Corée et au Japon : le typhon Maemi
29 1999 en Europe : les tempêtes d’hiver Lothar et Martin
Séismes
32 1999 en Turquie : le séisme d’Izmit
34 1995 au Japon : le séisme de Kobe
Inondations
41 2002 en Europe : les inondations
Géocodage
48 La transparence est le préalable indispensable
Fraude
52 Les sinistres de masse peuvent inciter à la fraude
Résumé et perspectives
70 Modèles de sinistre récurrents – Approches innovantes
3
Tâches et défis
La dynamique particulière des sinistres
dus aux catastrophes naturelles
4
5
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Les cataclysmes ont des causes naturelles ou présumées atmosphérique génèrent les préjudices économiques les
naturelles, par exemple les séismes générés par des tra- plus importants et les plus gros dommages assurés. Environ
vaux souterrains dans les mines (écaillement). On pourrait les trois quarts des dommages assurés ont été causés par
aussi classer dans cette catégorie les événements météoro- des tempêtes, 6 % étaient imputables aux inondations et le
logiques, qui, intensifiés par le changement climatique même pourcentage était attribuable à d’autres catastrophes
d’origine anthropique, se transforment en catastrophes. météorologiques. Cette large part de dommages d’origine
Mais quelle doit être l’importance du sinistre pour que l’on météorologique revêt une importance particulière, car elle
puisse parler de catastrophe naturelle ? La Münchener Rück est influencée par l’homme à travers le changement clima-
considère un événement naturel comme étant un cata- tique anthropogène.
clysme, lorsque la vie d’êtres humains est en jeu ou que
surviennent des dommages matériels très importants. De La représentation graphique 2 montre le nombre des grandes
plus, elle distingue encore ici les « grandes catastrophes catastrophes naturelles par an, depuis 1950, qui varient entre
naturelles ». Conformément à la définition des Nations 0 (années 1952 et 1958 peu marquées par les cataclysmes) et
unies, on parle de grandes catastrophes naturelles lorsque 15 (année 1993). Alors que pour les événements géologiques,
les régions affectées sont incapables de faire face seules à on ne constate pas de tendance dans le temps, il est frappant
la situation. C’est le cas, en principe, si au moins l’un des de voir que les catastrophes climatiques ont augmenté en
critères suivants est rempli : flèche dans les années 1980 et 1990. On peut donc exclure
les distorsions pour ces grandes catastrophes, car, étant
– une aide nationale ou internationale est nécessaire donné l’amélioration globale des canaux d’information (par
– il y a plusieurs milliers de morts exemple, enregistrements plus détaillés au cours des derniè-
– il y a plusieurs centaines de milliers de sans-abri res décennies), cela aurait aussi un impact sur le nombre
– le préjudice économique est considérable des tremblements de terre. La tendance à la hausse des
– les dommages assurés sont substantiels (en fonction du catastrophes climatiques n’est pas en soi une preuve de
volume du marché) l’influence du changement climatique, mais elle en est un
indice éloquent. Cette évolution correspond exactement à
Le NatCatSERVICE® de la Münchener Rück, l’une des archi- la situation à laquelle on s’attendait du fait du changement
ves électroniques les plus vastes du monde en matière de climatique.
catastrophes naturelles, gère des statistiques sur les plus
grandes catastrophes naturelles des 2 dernières décennies
et sur l’ensemble des cataclysmes survenus depuis 1980.
6
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Grandes catastrophes naturelles 1950–2004
Inondation 25 % Inondation 7%
Tremblement de terre, tsunami Tremblement de terre, tsunami
et éruption volcanique 29 % et éruption volcanique 54 %
Tempête 40 % Tempête 38 %
Autres événements (vague de Autres événements (vague de
chaleur/sécheresse, incendie de forêts, chaleur/sécheresse, incendie de forêts,
intempérie hivernale/gel) 6% intempérie hivernale/gel) 1%
Inondation 27 % Inondation 6%
Tremblement de terre, tsunami Tremblement de terre, tsunami
et éruption volcanique 35 % et éruption volcanique 14 %
Tempête 31 % Tempête 74 %
Autres événements (vague de Autres événements (vague de
chaleur/sécheresse, incendie de forêts, chaleur/sécheresse, incendie de forêts,
intempérie hivernale/gel) 7% intempérie hivernale/gel) 6%
7
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Grandes catastrophes naturelles 1950–2004
nombre
14
12
10
0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
8
16
14
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Grandes catastrophes naturelles 1950–2004
Si l’augmentation du nombre des événements est frap- La gestion des sinistres se trouve devant de grands défis
pante, la croissance du préjudice économique et des dom- posés par les nouvelles dimensions de sinistres
mages assurés causés par les catastrophes naturelles est
encore plus impressionnante. Le graphique 3 montre net- Le secteur assurantiel doit donc se préparer à devoir faire
tement que les montants de sinistres n’augmentent pas face à une continuelle aggravation des charges d’indemni-
seulement de façon linéaire, mais aussi exponentielle, et sation découlant des catastrophes naturelles. La gestion
ce bien que les valeurs soient données après correction de des sinistres a aussi devant elle des défis colossaux lancés
l’inflation. par les nouvelles dimensions de sinistres. À l’avenir, au
plafonnement des engagements et à l’application d’une
Augmentation des dommages assurés et du préjudice prime adéquate devra venir s’ajouter une gestion efficace
économique générés par les cataclysmes des sinistres pour que ces risques restent assurables. La
succession des cyclones qui ont sévi aux États-Unis en
La croissance radicale des dommages est principalement 2004 – 4 événements majeurs en l’espace de 6 semaines –
due à l’accroissement de la population et à la forte aug- a fait ressortir clairement les limites et les déficits de la
mentation des valeurs et des densités d’assurance dans un gestion des sinistres.
grand nombre des pays concernés. On constate également
que, malgré le renforcement des règles de construction et Nous présentons dans les chapitres suivants les particula-
l’évolution technique, beaucoup de bâtiments et d’infra- rités de la gestion des sinistres dans le domaine des cata-
structures ne sont pas devenus plus stables, mais plus strophes naturelles. Nous faisons aussi état des enseigne-
vulnérables aux risques naturels. Le peuplement et l’indus- ments et des connaissances acquises sur la base de
trialisation de régions hautement exposées ainsi que catastrophes naturelles survenues au cours de ces derniè-
l’urbanisation à l’échelle mondiale favorisent aussi cette res années et présentons des approches envisageables
évolution. En même temps, les indices d’une influence pour l’avenir en matière de gestion des sinistres.
croissante du changement climatique sur la fréquence et
l’intensité des catastrophes naturelles se sont multipliés.
9
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Pour le monde de l’assurance, les dommages issus des sont souvent déclarés avec un certain retard. Ici encore, plu-
risques naturels présentent un intérêt bien particulier, et ceci sieurs raisons expliquent les choses : tout d’abord, sur les
pour différentes raisons. En premier lieu, nous sommes frap- lieux de la catastrophe, les mesures d’urgence ont priorité.
pés par la tragédie provoquée par les catastrophes, comme Ensuite, dans les régions touchées, l’infrastructure est sou-
dernièrement le tsunami qui s’est produit en décembre 2004. vent anéantie, de sorte que l’on ne peut pas, ou bien difficile-
En second lieu, il semblerait que, ces derniers temps, les ment, accéder aux lieux sinistrés. Parfois, après une cata-
dommages causés par les risques naturels prennent des strophe, les assurés ne trouvent plus leurs polices, ou
proportions de plus en plus importantes. C’est ce qu’ont celles-ci sont détruites, ce qui complique la déclaration de
montré, entre autres, les 4 cyclones qui ont balayé la Floride sinistre.
en l’espace de seulement 6 semaines en 2004.
Il y a alors problème pour les assureurs et les réassureurs :
Il est probable que les catastrophes naturelles ne cesseront plus les déclarations de sinistre arrivent tard et moins il
d’augmenter en fréquence et en intensité. y a de données empiriques, plus une première estimation
du préjudice est difficile. Dans quelques cas, on a donc
Tenir compte des dimensions nouvelles de sinistres pour recours à une analyse descendante. À partir de l’estima-
leur règlement tion du préjudice économique et du dommage assuré qui
s’étend à l’ensemble du marché, on détermine le nombre
La particularité de ce genre de catastrophes repose sur le d’assurés et les parts de marché éventuellement touchés
fait qu’elles développent une dynamique tout à fait diffé- par le sinistre.
rente de celle que l’on connaît des gros sinistres indivi-
duels. En outre, ces catastrophes demandent de toutes les Tout assuré a droit à ce que son préjudice soit traité conve-
entités concernées un comportement très souple et une nablement, même dans une situation exceptionnelle. Par
mobilisation élevée. contre, l’assureur se voit aussitôt confronté à des milliers
de déclarations de sinistre qui l’obligent à faire preuve de
Pourquoi ces sinistres sont-ils d’une nature complètement prouesses logistiques et organisationnelles. En principe,
différente de celle des sinistres individuels ? Il y a plusieurs tous les événements catastrophiques représentent une
raisons à cela : au contraire des sinistres individuels, les lourde épreuve physique et psychique, non seulement
événements naturels sont souvent prévisibles plusieurs pour le service Sinistres, mais encore pour l’ensemble de
jours à l’avance, comme cela a été le cas lors du typhon la compagnie d’assurance, comme cela a été le cas lors des
Maemi en 2003. De surcroît, leur étendue géographique est séismes à Kobe au Japon en 1995 ou, 4 ans plus tard, en
bien plus importante et ils engendrent des millions de Turquie.
sinistres individuels, ainsi que l’ont montré les tempêtes
de l’hiver 1999 en Europe.
10
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Gestion efficace des sinistres
Solutions pour arriver à une gestion efficace des sinistres Nous souhaitons que cette brochure vous aide à l’avenir à
gérer efficacement les dommages causés par les cata-
Étant donné que des accidents de ce genre ont toujours strophes naturelles. C’est un bon ouvrage de référence,
une immense répercussion sur le monde de l’assurance, contenant une quantité de faits issus de l’expérience, qui
les articles de la présente publication traiteront de la ges- vous permettra de juger si votre organisation est prête à
tion des sinistres après une catastrophe. Les questions clés intervenir et vous incitera peut-être à la structurer différem-
sont les suivantes : comment une compagnie d’assurances ment, à y apporter des modifications ou à la perfectionner.
peut-elle se préparer à de pareils cas, par exemple à des Car une chose est sûre : les prochaines catastrophes natu-
inondations du genre de celles qu’a connues l’Europe en relles, et les sinistres de masse qui en découlent, se produi-
2002 ? Ou bien comment réagir, aussi bien en interne que ront certainement.
vis-à-vis de l’extérieur, avant et pendant l’événement ? Et,
le plus important : par quels moyens puis-je satisfaire mes
clients le plus rapidement possible après l’événement ?
Et, finalement : que faut-il que je modifie pour être, la pro-
chaine fois, encore meilleur?
11
Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Résultats et enseignements à tirer des événements
12
13
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Tempêtes et ouragans
2004 aux États-Unis : les ouragans Charley, Frances, Ivan L’ouragan Charley
et Jeanne
Charley, le 3e ouragan de la saison 2004, a traversé la Flo-
En 2004, les cyclones tropicaux qui se sont formés dans ride les 13 et 14 août en direction ouest-est au nord de Fort
l’Atlantique et dans les Caraïbes ont marqué de nouveaux Myers. Au moment de son entrée sur les terres, Charley
records dans les annales météorologiques. Au cours de la avait atteint la catégorie 3 sur l’échelle Saffir-Simpson (qui
saison cyclonique, qui va de juin à septembre, l’État de la en compte 5), avec des vents soufflant en rafales de 270 à
Floride a été touché par 4 ouragans : Charley, Frances, Ivan 280 km/h. L’ouragan Andrew avait une vitesse de vent
et Jeanne. Jamais encore il n’y avait eu autant de cata- comparable, en 1992, en traversant le sud de la Floride.
strophes dues à des tempêtes, à tout le moins depuis 1850, Une fois au-dessus des terres, Charley a diminué d’inten-
date à partir de laquelle on a commencé à rassembler, pour sité et est passé dans la catégorie 2, tout en conservant sa
la première fois, des données sur les ouragans. Jusqu’ici, force cyclonique, avec des rafales de plus de 150 km/h,
le nombre maximum de sinistres causés par des cyclones avant de quitter la Floride près de Daytona Beach, sur la
en Floride avait été de 3 en 1886, 1896 et 1964. côte Atlantique. Ensuite, Charley a remonté la côte est des
États-Unis, soufflant encore à 120 km/h sur la Caroline du
Sud et du Nord et causant de légers dommages.
Gaston
Tallahassee
Jacksonville
Alex Panama City
New York
Washington
Lisa
Daytona Beach
Memphis Nicole
Otto Sanford
Clermont
Houston La Nouvelle-Orléans Orlando
Hermine Auburndale
Tampa
St. Petersburg Fort Meade
Matthew La Havane
Frances Danielle Bradenton Sebring
Charley Arcadia
Jeanne !(
Punta Gorda Palm Beach
Fort Myers
Bonnie
Karl Naples Fort Lauderdale
En 2004, au total 15 cyclones tropicaux ont pris Vitesse du vent sur Les 13 et 14 août, l’ouragan Charley a traversé
naissance dans l’océan Atlantique, 9 d’entre l’échelle Saffir-Simpson la Floride en direction du nord-est.
Vitesse en km/h
eux ont atteint une force d’ouragan avec des
vents soufflant à plus de 118 km/h. La charge Dépression Source Fig. 1, Fig. 2 :
tropicale (< 60)
principale d’indemnisation pour les assureurs Groupe de Recherche Géo Risques,
Tempête tropi-
a été causée par les 4 ouragans Charley, cale (60–117) Münchener Rück (2005)
Frances, Ivan et Jeanne. SS 1 (118–153)
SS 2 (154–177)
SS 3 (178–209)
SS 4 (210–249)
SS 5 (>
– 250)
14
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
L’ouragan Frances
New York
Memphis Washington
Houston
La Nouvelle-Orléans
La Havane
La trajectoire de Frances, ouragan qui a Vitesse du vent sur Image radar de l’ouragan Frances juste avant
traversé la Floride les 4 et 5 septembre 2004. l’échelle Saffir-Simpson son arrivée sur les côtes de la Floride.
Vitesse en km/h
Source : Groupe de Recherche Géo Risques, Dépression Source : US National Weather Service
tropicale (< 60)
Münchener Rück (2005)
Tempête tropi-
cale (60–117)
SS 1 (118–153)
SS 2 (154–177)
SS 3 (178–209)
SS 4 (210–249)
SS 5 (>
– 250)
15
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
New York
Washington D.C.
Nashville
Oklahoma City
Memphis
Dallas
Houston La Nouvelle-Orléans
!( La Havane
0 500 km
0 250 500
Kilometers
La trajectoire de l’ouragan Engagements par Vitesse du vent sur Image radar de l’ouragan Ivan avant son arrivée
Ivan qui a atteint les terres comté en milliards l’échelle Saffir-Simpson sur la Floride.
de $US Vitesse en km/h
le 16 septembre 2004, à la
<
–1 Dépression
frontière de l’Alabama et de Source : US National Weather Service
>1–2 tropicale (< 60)
la Floride.
>2–5 Tempête tropicale
(60–117)
Source : Groupe de >5–10
SS 1 (118–153)
Recherche Géo Risques, >10–30 SS 2 (154–177)
Münchener Rück (2005) >30–500 SS 3 (178–209)
SS 4 (210–249)
SS 5 (>
– 250)
16
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
Tout comme Frances 3 semaines auparavant, l’ouragan Les dommages assurés, qui s’élèvent à plus de 30 milliards
Jeanne a frappé la côte est de la Floride le 25 septembre de $US, constituent pour l’assurance, en valeurs origina-
2004, alors qu’il se trouvait dans la catégorie 3 avec des les, une nouvelle charge maximum découlant des cyclones
pointes de vent de 230 à 240 km/h. D’un diamètre atteignant tropicaux qui se sont produits au cours d’une même année
70 à 75 km, l’œil de cette tempête tropicale avait également dans l’Atlantique. La Floride a dû supporter la charge
une taille qui dépassait la moyenne. En conséquence, le ter- d’indemnisation la plus élevée (21 milliards de $US) aux
ritoire touché par les dégâts était très étendu. Jeanne a États-Unis. Toutefois, l’Alabama et d’autres États fédéraux
conservé la vitesse élevée de ses vents encore très loin dans ont contribué pour un montant considérable d’environ
l’intérieur du pays. Cinq heures après que l’ouragan a eu 5 milliards de $US au préjudice total. En sus, aux Caraïbes
traversé la côte, les rafales atteignaient encore 190 à 200 (îles Caïmans, Bahamas, Jamaïque, République domini-
km/h. Jeanne a été le 4e et dernier grand ouragan qui est caine, Grenade), les 4 ouragans ont détruit pour 2,5
venu frapper la Floride en l’espace de 6 semaines en 2004. milliards de $US de valeurs assurées. Un total de quelque
2 millions de sinistres individuels souligne encore à quel
point la succession d’ouragans a constitué un défi parti-
culier pour les inspecteurs-régleurs ; rien qu’en Floride,
1,6 million de sinistres ont été déclarés.
New York
Washington D.C.
Oklahoma City
Memphis
Dallas
Houston La Nouvelle-Orléans
La Havane
0 500 km
La trajectoire de Jeanne, ouragan qui a tra- Vitesse du vent sur Image radar de l’ouragan Jeanne avant son
versé la Floride les 26 et 27 septembre 2004. l’échelle Saffir-Simpson arrivée sur les terres dans le comté de Martin
Vitesse en km/h
(Floride).
Source : Groupe de Recherche Géo Risques, Dépression
tropicale (< 60)
Münchener Rück (2005) Source : US National Weather Service
Tempête tropicale
(60–117)
SS 1 (118–153)
SS 2 (154–177)
SS 3 (178–209)
SS 4 (210–249)
SS 5 (>
– 250)
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
Plateforme d’extraction
de pétrole
Trajectoire de l’ouragan
Ivan
Fig. 7 : Bilan des sinistres occasionnés par la succession d’ouragans qui se sont
produits aux États-Unis et dans les Caraïbes en 2004
18
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
Secteur énergie offshore : nouveau record en termes de Surcharge des services Sinistres des compagnies
dégâts d’assurances
Au vu de près de 2,5 à 3 milliards de $US de dommages Les plans d’urgence de presque tous les assureurs ne pré-
matériels assurés et d’interruptions d’exploitation infligés voyaient aucun cumul de catastrophes de cette ampleur.
au secteur énergie offshore, l’ouragan Ivan surpasse nette- On n’avait surtout pas prévu l’apparition de tant de sinistres
ment tous les gros sinistres connus dans ce segment individuels en l’espace de seulement 6 semaines – dont envi-
d’affaires. En comparaison : la perte totale de la plateforme ron 1,6 million en Floride. C’est ce qui, au début, a contribué
pétrolière « Piper Alpha » en 1988 a coûté à l’assurance 1,4 à un certain manque d’organisation dans l’instruction des
milliard de $US et, en 1992, après le passage de l’ouragan sinistres.
Andrew, les dommages maritimes assurés s’élevaient à
moins d’1 milliard de $US. Dans un premier temps, la plupart des compagnies d’assu-
rances avaient trop peu de gestionnaires et de collabora-
Un coup d’œil sur la carte de la répartition géographique teurs internes à leur disposition pour effectuer un règle-
des plateformes pétrolières offshore dans le golfe du ment correct des sinistres, puisque leur nombre était établi
Mexique (voir fig. 6) montre que le potentiel de dommages en fonction d’une seule mégacatastrophe qui surviendrait
causés par Ivan aurait été encore bien plus important si la dans un certain secteur. La somme des dommages causés
trajectoire de l'ouragan était passée un peu plus à l’ouest. par la succession de 4 ouragans a donc engendré une sur-
charge de travail à laquelle les assureurs ne pouvaient pra-
Gestion des sinistres tiquement plus faire face, compte tenu du personnel et de
l’équipement bureautique disponibles.
La partie qui suit décrit les problèmes spécifiques apparus
au niveau de la gestion des sinistres après le passage des Par conséquent, les compagnies d’assurances se sont
4 ouragans en Floride. Cependant, plusieurs catastrophes efforcées d’obtenir des gestionnaires supplémentaires,
naturelles peuvent se reproduire à n’importe quel moment mais parfois en vain. On a donc eu recours à des collabora-
sur un même territoire et dans un laps de temps relative- teurs venus d’autres services (par exemple du service de
ment court. C’est pourquoi il est recommandé de procéder production) ou rappelés de leurs congés. On est même allé
à un examen précis des problèmes spécifiques liés au jusqu’à faire revenir des gestionnaires qui étaient à la
cumul des catastrophes qui engendrent une immense retraite. Pour les services internes, beaucoup de compa-
quantité de sinistres individuels, afin d’en tirer des leçons. gnies ont chargé des centres d’appel externes de la saisie
Une bonne partie des thèmes abordés ont également une des dommages, ainsi que des employés qualifiés de socié-
grande importance pour la gestion des sinistres dus à des tés d’intérim pour l’étude des sinistres.
mégacatastrophes individuelles.
Des compagnies d’assurances qui utilisaient un système
de règlement des sinistres basé sur l’Internet ont fait tra-
vailler leurs spécialistes à la maison pour compenser la
pénurie de bureaux. Quelques assureurs ont ouvert des
bureaux de soutien hors de Floride, d’autres en ont installé
provisoirement dans le secteur touché par la catastrophe,
dans lesquels leurs collaborateurs ont pu procéder à l’en-
registrement des dommages et au versement d’acomptes
aux clients concernés. D’une manière générale, toutes les
compagnies ont travaillé sous forte pression – 7 jours sur
7 pendant les premiers mois qui ont suivi le passage des
ouragans.
19
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
Les assureurs ont mis en place des numéros de téléphone Pénurie d’experts externes en dommages matériels
gratuits pour les déclarations de sinistres. Pour faire face au
grand nombre de déclarations effectuées par téléphone, les Avec près de 0,5 million de sinistres individuels, l’ouragan
appels ont également été enregistrés, convertis en fichiers Charley avait déjà engendré une pénurie d’experts exter-
sonores, puis envoyés par courrier électronique au personnel nes en dommages matériels. Après le passage du second
en charge de la gestion des sinistres. Des employés de nom- ouragan, les sociétés d’assurances n’ont pu engager des
breuses sociétés ont même utilisé leur appareil portable privé experts, si elles le pouvaient, qu’à des coûts révisés à la
afin de téléphoner en dépit des lignes bloquées. Dans leur hausse. Certains assureurs ont même proposé de leur pro-
message d’attente, plusieurs compagnies d’assurances ont pre chef des honoraires plus élevés aux experts afin de les
fait passer une bande d’annonce qui, au lieu de la musique attacher à leur service. Cependant, une bonne rémunéra-
habituelle, répondait aux questions fréquemment posées par tion ne représentait pas une garantie : si, en raison de pro-
les assurés, par exemple concernant la limitation de l’impor- blèmes internes, les assureurs ne parvenaient pas à mettre
tance du sinistre ou l’étendue de la garantie. à la disposition des experts les documents nécessaires,
ceux-ci se laissaient parfois débaucher par des sociétés
En raison de la surcharge, d’autres appareils techniques, mieux organisées.
tels que photocopieurs et imprimantes, ont capitulé : des
centaines d’experts en sinistres devaient être pourvus en Comme il n’y avait pas assez d’experts sur place, les assu-
copies de polices originales et, chaque jour, les sociétés reurs en ont fait venir de très loin. Après le passage de
d’assurances établissaient des milliers de chèques. On Charley, le Department of Financial Services de Floride a
avait donc un besoin urgent d’appareils supplémentaires. délivré environ 7 000 licences, et, après Frances, 5 000. Si
Même le logiciel servant à la saisie des dommages, qui, en l’on y ajoute les 3 000 experts déjà enregistrés, près de
fait, devait venir à bout d’une telle charge, a dû être adapté 15 000 travaillaient donc en Floride. Cela a entraîné
immédiatement ou complété par d’autres applications. quelques problèmes : d’une part, les experts n’étaient bien
souvent pas familiarisés avec les données locales, d’autre
Cependant, ceux qui ont souffert le plus, ce sont les assu- part, les différentes langues et dialectes, mais encore les
reurs dont les bureaux et l’infrastructure avaient été comportements divers, ont créé de nouvelles difficultés.
endommagés par les ouragans. Les sociétés touchées,
équipées d’une alimentation électrique de secours, ont pu Mais ce n’était pas tout : étant donné que de vastes zones
au moins surmonter l’interruption du courant. Néanmoins, devaient être évacuées et que les infrastructures étaient
même les entreprises qui, peu avant le passage des oura- endommagées, rapidement, le carburant est devenu rare.
gans, avait acquis des affaires importantes dans la branche Le prix de l’essence a atteint 6 $US le gallon. En outre, les
Dommages ou des sociétés entières, ont été durement tou- ouragans avaient dégradé de nombreux hôtels et les
chées. Au moment des sinistres, l’organisation de leur ser- experts sinistres ont dû loger à une grande distance des
vice Dommages n’avait pas encore été consolidée et le zones touchées. C’est pourquoi les frais d’essence et de
matériel électronique et les logiciels n’étaient pas encore voyage des experts ont été considérables. Par-dessus le
pleinement utilisables. marché, nombreux sont ceux qui ont perdu beaucoup de
temps en attendant dans des queues parfois interminables
En outre, le Department of Financial Services de Floride, devant les stations-services. De ce fait, ils ne pouvaient
favorable aux consommateurs, a augmenté la pression sur inspecter qu’un nombre réduit de risques par jour et,
les assureurs et donc la charge de travail. Cette autorité a finalement, ils ont été moins sollicités par les coordina-
fixé aux sociétés des délais très courts pour régler les dom- teurs de catastrophes.
mages dus aux ouragans subis par les clients privés. Dans
un délai de 30 jours après la déclaration d’un sinistre, il Les possibilités de communication, parfois extrêmement
fallait que les assureurs procèdent au moins à l’estimation restreintes, ont en outre handicapé la coordination des
des dommages individuels, fassent une offre de règlement experts. Les réseaux téléphoniques étaient surchargés ou
sérieuse et effectuent, le cas échéant, le versement d’un ne fonctionnaient pas du tout pendant des semaines, les
acompte raisonnable. ouragans ayant détruit les antennes-relais de téléphonie
mobile et les lignes téléphoniques. Les experts qui avaient
conclu des contrats avec différentes sociétés de téléphonie
mobile étaient avantagés, puisque les fournisseurs de ser-
vices n’étaient pas tous touchés par les pannes dans toutes
les régions. Souvent, il n’y avait plus que les téléphones
par satellite ou les talkies-walkies ainsi que l’Internet qui
pouvaient aider, ce dernier s’avérant le meilleur moyen de
communication entre les assureurs et les experts.
20
Pendant l’évacuation, des milliers d’habitants de
Floride se sont trouvés bloqués pendant des
heures dans les embouteillages sur les auto-
routes.
Il y a également eu une pénurie de personnel, de nombreu-
ses sociétés ayant dû évacuer à plusieurs reprises les
experts qui inspectaient les dommages causés par l’oura-
gan Charley en Floride : tout d’abord, juste avant l’arrivée
de l’ouragan Frances, puis de nouveau avant Ivan et finale-
ment avant l’apparition de Jeanne. Ceci a considérable-
ment ralenti l’inspection des lieux, la mise en place de
mesures conservatoires et l’instruction des sinistres.
21
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
Présélection des dommages à inspecter par les assureurs L’intervention d’experts publics (« public adjusters ») a
entraîné une hausse des limites d’indemnisation
Le Department of Financial Services de Floride propose
aux compagnies d’assurances d’inspecter la région tou- Alors que les experts sinistres externes travaillent sur
chée par l’ouragan. Dans le cadre du projet « Partenaires ordre de l’assureur et sont rétribués par celui-ci, les
dans le risque », la zone est survolée par un hélicoptère experts publics agissent à la demande des assurés, en
juste après la pénétration de l’ouragan sur les terres, afin général des clients particuliers, pour leur propre compte et
d’établir la liste des dommages. À peine 48 heures plus indépendamment d’une compagnie d’assurances. Leurs
tard, tous les assureurs ont accès à une carte électronique honoraires, qui sont à la charge de l’assuré, sont calculés à
placée sur l’Internet, qui présente les secteurs ayant un partir du montant d’indemnisation versé par l’assureur.
profil de sinistre identique ou similaire. À partir des don- Pour ce qui est des dommages causés par les ouragans en
nées du risque, les assureurs peuvent alors procéder à une Floride, le Department of Financial Services a cependant
première évaluation de leurs préjudices. limité les honoraires des experts publics à un maximum de
10 % de l’indemnisation, et ceci jusqu’au 14 février 2005.
Afin de maîtriser, dans de telles circonstances, l’énorme
quantité de sinistres individuels, plusieurs assureurs ont Souvent, des experts à la retraite ou des anciens rédac-
effectué une présélection des dommages qui devaient être teurs sinistres travaillent comme experts publics. Le grand
expertisés par des spécialistes externes. Les petits dom- nombre de dommages causés par les ouragans a attiré
mages présumés ont fréquemment été réglés sans forma- vers la Floride des experts publics venant de toutes les
lité et sans déplacement, soit sur seule étude du dossier, régions des États-Unis et le Department of Financial Servi-
ce que l’on appelle « desk adjustment », soit par téléphone, ces a établi environ 400 licences d’urgence d’une validité
« telephone adjustment » Dans ces cas-là, ce n’est pas un d’un an. Malheureusement, parmi ces experts se trou-
expert externe qui a inspecté le sinistre, mais ce sont les vaient également de nombreux auxiliaires jeunes, inexpé-
employés du service intérieur qui ont interrogé les clients rimentés et peu qualifiés qui voulaient surtout gagner de
par téléphone et qui ont évalué le montant du préjudice. l’argent rapidement.
22
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
engagés par les compagnies d’assurances. En outre, les De nombreux assurés ont documenté leurs propres sinis-
indemnisations augmentent fréquemment du fait que l’in- tres et les sinistres avoisinants au moyen de photographies
tervention d’experts publics retarde le règlement d’un ou de films vidéo, de sorte que les dommages ont pu être
sinistre, par exemple en raison de longues négociations identifiés ultérieurement. Par contre, si l’expert sinistres ne
entre assuré et expert public d’un côté et assureurs et parvenait pas à différencier les sinistres, il ne pouvait fina-
inspecteurs-régleurs de l’autre. lement appliquer qu’une seule franchise. Finalement, plu-
sieurs assureurs de particuliers sont allés jusqu’à renoncer
Problèmes liés aux franchises et à la répartition des globalement à l’application de plusieurs franchises, puis-
dommages qu’on ne pouvait bien souvent plus faire de différence entre
les dommages. En outre, des clients ont souvent prétendu
Après la catastrophe causée par les tempêtes, de nom- que le premier ouragan avait tellement endommagé leur
breux clients privés ont constaté avec étonnement que leur maison que, pour cette seule raison, elle n’avait pu résister
assurance Multirisque des bâtiments prévoyait, en sus de aux ouragans ultérieurs. La pression exercée sur les assu-
la franchise forfaitaire, une franchise particulière, propor- reurs a également été renforcée par le directeur du Depart-
tionnellement plus élevée en cas de dommages dus à des ment of Financial Services, qui a qualifié d’« injuste »
ouragans et allant de 2 à 5 % de la somme assurée par évé- l’application de plusieurs franchises pour les bâtiments
nement. Les franchises prévues en cas d’ouragan avaient d’habitation privés qui avaient été endommagés par
été introduites en 1996, en réaction au cyclone Andrew qui plusieurs tempêtes.
avait ravagé la Floride 4 ans plus tôt.
Mais il est aussi arrivé que certains assurés essayent de
L’application d’une franchise proportionnelle avait déjà déclarer plusieurs fois un même et unique sinistre en pré-
plongé certains assurés, qui n’avaient été touchés que par tendant qu’il avait été causé par différents ouragans. Dans
un seul ouragan, dans des difficultés financières et la situa- ce genre de cas, de nombreux assureurs ont préféré faire
tion a donc été encore pire pour les quelque 29 000 assurés de nouveau appel à des experts en sinistres qui connais-
qui ont été frappés à 2 ou 3 reprises par les ouragans, par saient le risque et le dommage prétendu. D’autres assu-
exemple dans la région d’Orlando. Car, d’une façon géné- reurs, en revanche, ont envoyé, à la place d’un expert, un
rale, la franchise prévue pour les ouragans doit être appli- spécialiste des fraudes. Pour faire face à de pareils cas, il
quée pour chaque événement, c’est-à-dire, dans les cas s’est avéré très utile de procéder, immédiatement après la
susmentionnés, 2 ou 3 fois. survenance du sinistre, à une saisie rapide des déclara-
tions, d’établir une documentation photographique com-
En raison de la succession rapide des ouragans dans une plète – du voisinage également –, d’introduire des mentions
seule et même région en l’espace de quelques semaines, il précises dans les dossiers de sinistres et de recourir à un
était presque impossible, dans de nombreux cas, de distin- système permettant de dresser l’historique des sinistres.
guer les dommages les uns des autres lorsqu’un risque avait
été touché par plusieurs tempêtes. Des problèmes sont
apparus, notamment lorsqu’un premier dommage, qui
n’avait pas encore été enregistré, par exemple en raison de
l’absence d’experts ou de la surcharge des assureurs, a été
frappé par l’ouragan suivant.
Fig. 8 : Hausse des prix de matériaux de construction et des coûts de main-d’œuvre en Floride (exemples)
L’énorme hausse des prix des matériaux de *sq. ft. = square feet
construction et des coûts de main-d’œuvre en 1 sq. ft. = 0,09290 m2
Floride après les ouragans de 2004 a entraîné
pour les assureurs une charge d’indemnisation
nettement supérieure à celle qui avait été
envisagée à l’origine.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
– Lors de la constitution des provisions pour sinistres à Le renforcement des lois de construction en Floride après le
payer, l’énorme hausse des prix des matériaux de cons- passage de l’ouragan Andrew a porté ses fruits. Du côté des
truction et des coûts de main-d’œuvre (qui atteignait par- entreprises de construction notamment, il y a encore eu,
fois 100 % et plus) n’avait bien souvent pas été prise en juste avant les 4 ouragans, des tentatives visant à obtenir
compte. Ce sont principalement les couvreurs qui, en rai- un assouplissement de la réglementation, sous prétexte
son de la forte demande, ont nettement augmenté leurs que la dépense supplémentaire était inutile et trop élevée.
prix. De nombreux assurés ont donc réclamé des presta- Entre-temps, on n’évoque plus cette question, car les bâti-
tions supplémentaires, les sommes déjà versées ne suffi- ments qui ont été construits selon les nouvelles normes ont
sant plus à couvrir les frais de réparation. résisté aux tempêtes et subi, en général, tout au plus des
dommages bénins.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
C’est ce qui explique qu’en fin de compte les assureurs L’évolution continue des systèmes techniques de secours
n’ont eu que peu de possibilité de recours, par exemple offre de bonnes chances de moderniser et de perfectionner
contre les entrepreneurs en bâtiment ou les architectes. en permanence la gestion des sinistres. Comme exemples,
Les bâtiments plus anciens, qui ont été les plus touchés, ne nous pouvons citer le système GPS, le téléphone par satel-
tombaient pas sous le coup des normes renforcées. Par lite et l’Internet, qui ont rendu de précieux services pour la
contre, si des maisons neuves présentaient des dégâts, il gestion des sinistres dus aux ouragans. Pour de nombreux
fallait prouver qu’elles n’avaient pu résister aux vitesses de assureurs, il s’est révélé avantageux d’utiliser un système
vent prévues par les normes. Mais cela était quasiment homogène de données, car la double saisie d’informations
impossible, car on pouvait opposer aux assureurs que les recèle le danger d’erreurs supplémentaires et d’un temps
dommages étaient dus à des rafales de vent particulière- de réponse plus long.
ment fortes.
La rapide succession de 4 ouragans sur un même territoire
Les sociétés d’assurances entamaient également une tenta- a également posé des problèmes encore inconnus jusqu’a-
tive de recours chaque fois que des dommages avaient été lors pour attribuer correctement certains dommages aux
causés à des maisons voisines par des pans de bâtiment ou événements correspondants. Dans la gestion des sinistres,
des débris emportés par le vent. De nombreux dommages le facteur temps a acquis une importance supplémentaire.
de ce genre ont surtout été causés par les résidences mobi- Ainsi, seuls les assureurs qui avaient enregistré rapidement
les si populaires en Floride. Mais ici encore, il était généra- les dommages individuels que leurs experts avaient inspec-
lement impossible d’apporter des preuves, de sorte que la tés sans tarder, sont parvenus à faire la distinction entre les
possibilité de recours est restée purement théorique. différents sinistres affectant un même risque et à éviter
qu’un seul et même dommage ne soit indemnisé plusieurs
Enseignements à tirer de la saison des ouragans en 2004 fois.
pour la gestion des sinistres
Après une catastrophe naturelle, il ne faut pas sous-estimer
La succession d’ouragans en Floride a montré que les com- l’énorme pénurie de rédacteurs sinistres et d’experts, mais
pagnies d’assurances doivent également tenir compte de également le manque de matériaux de construction, de
ce genre de gros sinistres dans leurs plans d’urgence. On machines et la pénurie d’ouvriers, ainsi que la carence en
pourrait par exemple imaginer une double approche : une eau, en nourriture, en carburant et l’insuffisance de loge-
première étape du plan d’urgence pourrait être orientée ments intacts. Lorsqu’ils calculent les coûts escomptés, les
sur les conditions d’une catastrophe naturelle moyenne ; assureurs devraient tenir compte de ces facteurs, tant dans
une seconde étape pourrait prendre en considération l’ac- leur plan d’urgence concret que pour évaluer les extrêmes
cumulation de catastrophes naturelles sur une courte hausses de prix qui découlent d’une telle situation.
période ou la survenance de mégacatastrophes, encore
jamais vues. Du reste, il est recommandé de s’entraîner à Pour finir, le secteur assurantiel doit s’attendre, après de
la mise en pratique des plans d’urgence. grandes catastrophes naturelles, à être l’objet d’un surcroît
de pression provenant des milieux politiques et de l’État
Après le passage des ouragans, bien que la situation ait été qui, bien souvent, essaient d’intervenir pour représenter
nouvelle et extrêmement lourde pour les rédacteurs sinis- les intérêts des assurés.
tres – ne serait-ce qu’en Floride, il a fallu traiter 1,6 million
de dossiers individuels dans un temps record en travaillant
7 jours sur 7 –, il importait cependant d’être précis et
rigoureux. En effet, chaque erreur commise est maintes
fois reproduite et, par la suite, ne peut être retrouvée et
corrigée qu’à grand peine en raison de la quantité énorme
des déclarations enregistrées.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
En général, des sinistres tels que le typhon Maemi ne se Lors du passage de Maemi, le Japon s’en est tiré à bon
limitent pas à un seul pays. La situation géographique compte. Seul l’archipel des Ryukyu, dans la préfecture
particulière de Taïwan, de la Corée du Sud et du Japon d’Okinawa, a été violemment touché. Sur l’île de Miyako,
rend cette région de l’Asie extrêmement sensible aux entièrement développée du point de vue touristique, le
catastrophes ; en outre, ces 3 pays possèdent un haut réseau d’électricité, par exemple, n’était pratiquement plus
niveau de développement technique et présentent ainsi en état de fonctionner. Si Maemi avait suivi une trajectoire
des concentrations de valeur importantes au niveau de plus à l’est, de nombreuses régions du Japon auraient pro-
l’économie mondiale. bablement été fortement touchées.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
ces, on envisage maintenant un système d’assurance des Les dommages causés par Lothar ne pouvaient être évités,
risques naturels. En parallèle, on projette d’adapter le car les météorologues avaient sous-estimé la tempête :
niveau des taux à l’exposition et d’introduire une franchise soit on ne l’avait pas annoncée du tout, soit on l’avait
généralisée pour les risques naturels. annoncée, mais en pronostiquant des vitesses de vent trop
faibles. C’est pourquoi beaucoup de personnes ont été
L’évolution de la sinistralité dans le segment Transport a surprises aussi bien par la violence de l’ouragan que par
montré que les différents chantiers navals constituaient de l’ampleur des dommages.
fortes concentrations de valeurs et représentaient ainsi,
pendant la saison bien connue des typhons, un risque de 200 km plus au sud, la tempête Martin a traversé la France
cumul qu’il ne fallait pas sous-estimer. Ceci souligne le fait en soufflant en rafales de 150 à 190 km/h. Sa plus basse
que, dans ce segment aussi, le contrôle des cumuls est un pression étant de 964 hPa, elle n’atteignait pas tout à fait
élément essentiel et primordial de la gestion des risques. celle de l’ouragan Lothar.
Les exploitants de chantiers navals peuvent donc s’inspirer
de cette méthode de gestion afin de réduire le potentiel de Une semblable superposition de 2 tempêtes s’était pro-
dommages. duite en janvier et février 1990 avec le passage de Daria et
Herta. Les dommages assurés engendrés par ces ouragans
1999 en Europe : les tempêtes d’hiver Lothar et Martin s’étaient élevés alors à environ 8,5 milliards d’€. Cepen-
dant, les vents de Lothar et de Martin ayant soufflé à des
De nombreuses régions européennes ont été complètement vitesses nettement supérieures, les dommages causés ont
surprises par les tempêtes qui se sont produites en décem- atteint de nouveaux niveaux record, notamment en France
bre 1999. En France et en Allemagne principalement, ces et en Allemagne.
événements ont causé des dommages sans précédent. Du
26 au 28 décembre 1999, les tempêtes Lothar et Martin ont Dommages
ravagé l’Europe centrale. Elles s’étaient formées au-dessus
des eaux froides de l’Atlantique nord, avaient développé À elle seule, la tempête Lothar a causé des dommages éco-
leur force maximale au-dessus de l’Europe et fini par se nomiques de près de 11,5 milliards d’€, dont 50 % étaient
dissiper 2 ou 3 jours plus tard. Lothar a atteint sa plus assurés. Vu les quelque 2,4 millions de sinistres indivi-
basse pression (961 hPa) dans les alentours de Paris. Une duels, cela correspond à un montant moyen d’environ
montée de l’intensité des vents au-dessus des terres n’a- 2 500 € par sinistre. L’endroit dévasté le plus connu a été le
vait pas été annoncée. Dans l’intérieur du pays, l’ouragan parc d’attraction Disneyland Paris, qui, en raison des
Lothar a atteint des pointes de vent de 180 km/h et, sur les dégâts matériels, a dû fermer ses portes le lendemain de
sommets des Alpes, il a même soufflé en rafales de 250 Noël.
km/h. Le diamètre de l’ouragan mesurait presque 300 km.
Des millions de façades et de fenêtres ont été Dans presque tous les cas, des toits ont été
endommagées par les tempêtes d’hiver en 1999. endommagés et certains ont même en partie été
déclarés pertes totales.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Tempêtes et ouragans
C’est surtout en France que la tempête Martin a causé des sapeurs sont intervenus. Plus de 600 km de câbles de rem-
dégâts, mais elle a également sévi en Espagne, en Suisse et placement ont dû être acheminés d’autres pays par un
en Italie, causant la mort de 30 personnes. Le montant total pont aérien. En outre, de nombreuses entreprises ont rap-
des dommages économiques s’est élevé à 4 milliards d’€, pelé leurs employés en congés ou en retraite anticipée. On
celui des dommages assurés à 2,5 milliards d’€ pour 1 million a prié les collègues de revenir au bureau. Ce n’est qu’à la
de sinistres individuels. Pour la tempête Martin, le montant mi-janvier que la situation est redevenue normale et que
moyen du sinistre a également atteint environ 2 500 €. pratiquement tous les branchements fonctionnaient de
nouveau.
Au total, les tempêtes d’hiver ont coûté la vie à 140 person-
nes en 1999. Le montant des dommages économiques s’est Une grande entreprise française de télécommunication a
élevé à 15,5 milliards d’€, celui des dommages assurés à déclaré un sinistre de 150 millions d’€, le plus grand sinis-
8,4 milliards d’€ pour 3 millions de sinistres individuels. Par tre individuel assuré. De nombreux bâtiments avaient été
rapport à une seule tempête, les tempêtes d’hiver ont touchés et près de 500 000 pylônes abattus. À la fin de
engendré, en France, le plus grand montant de dommages l’année, plus d’1 million d’usagers n’avaient pas de ligne
assurés de toute l’histoire du pays. Sur les 96 départements, téléphonique en état de fonctionner. L’entreprise a effectué
69 ont été déclarés zones sinistrées. assez tard la déclaration de ce gros sinistre et, quelques
mois plus tard, a dû relever de presque 100 % sa première
Les bourrasques, les débris emportés par le vent et les ar- estimation. En sus de l’absence d’un système approprié de
bres abattus ont endommagé de nombreuses infrastructu- contrôle des dommages, c’est surtout une hausse de 300 %
res telles que routes et lignes de chemin de fer, mais éga- des prix des matériaux de réparation et des coûts de main-
lement lignes téléphoniques, lignes à haute tension et de d’œuvre qui a conduit à cette correction.
surface appartenant à des entreprises industrielles ou
étatiques. Les bâtiments publics ont également été touchés par les
tempêtes. Selon les estimations, près de 10 % des écoles
Pour le seul territoire français, environ 3 millions de sinis- ont été endommagées. À Paris et en banlieue, par exem-
tres individuels ont été enregistrés, la plupart concernant ple, certaines écoles étaient dévastées à 60 %. Sur la côte
des bâtiments d’habitation. À Paris, 60 % des toits ont été Atlantique, des ondes de tempête ont détruit des embarca-
endommagés et environ 6 000 des 175 000 arbres déracinés. tions mouillées dans les ports, des automobiles en station-
nement, des digues et des habitations situées à proximité.
Pour 95 % des risques, les dommages ont touché les toitures,
pour 35 % les murs extérieurs. On a déploré d’autres domma- Gestion du sinistre
ges principalement aux cheminées, aux antennes, aux fenê-
tres et à des millions d’arbres. Dans une analyse effectuée sur Comme les 2 tempêtes s’étaient produites dans les limites
place, Risk Management Solutions (RMS) a constaté que les de la clause de 72 heures, habituellement appliquée, une
bâtiments datant de la fin des années 1980 et du début des controverse est née au sujet du texte des polices et des
années 1990 présentaient plus de dommages que les édifices estimations du SMP. En définitive cependant, les tempêtes
plus anciens datant des années 1960 et 1970. ont été définies par le marché des assurances comme
2 événements indépendants. Une conséquence de ces plus
En outre, on a constaté que les hautes cheminées, qui de 3 millions de sinistres individuels survenus de manière
dominent habituellement les bâtiments anciens, avaient inattendue a été la pénurie d’experts. Vu la quantité de
causé, en s’écrasant, d’autres dommages aux toitures. De petits sinistres, certains assureurs ont effectué le règle-
surcroît, quand les toitures n’étaient pas bien entretenues, ment sans avoir recours à des experts.
des dégâts s’étaient également produits.
30
Des constructions légères, comme ce chapiteau à
Munich, ont été des proies faciles pour la tempête
Juste après le passage des tempêtes, certains assureurs
Lothar en décembre 1999.
Dommages étaient débordés par l’affluence des déclara-
tions de sinistre. Afin de créer des capacités, par exemple,
les dommages non couverts n’ont pas été saisis sur ordi-
nateur et des employés venus d’autres branches ont été
adjoints au service de règlement des sinistres de la bran-
che Dommages. Parfois, des badauds avides de sensation
ont considérablement gêné l’accès aux lieux sinistrés et
retardé les travaux de déblaiement. Ceci a perturbé, entre
autres, l’intervention du Service allemand d’assistance
technique ( « Technisches Hilfswerk » ) qui venait porter
secours avec 2 000 collaborateurs.
31
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Séismes
Les géologues estiment que la terre tremble environ 20 000 fois par
an. Tous les 2 à 3 jours survient un séisme d’une intensité atteignant
au moins 6 sur l’échelle de Richter et pouvant occasionner de lourds
dommages. Les enseignements tirés des tremblements de terre d’Iz-
mit, en Turquie, et de Kobe, au Japon, offrent des critères utiles pour
la gestion des sinistres découlant de catastrophes de cette ampleur.
1999 en Turquie : le séisme d’Izmit Dans l’ensemble, l’ampleur des dévastations a été à l’é-
chelle des dégâts auxquels on peut s’attendre face à un
1999 a été l’année des grandes catastrophes naturelles. séisme de cette intensité dans des régions proches du foyer
Rien qu’en Turquie, presque 18 000 personnes sont mortes sismique. À l’exception, toutefois, des nombreux effondre-
lors de violents séismes qui ont sévi aux mois d’août et de ments totaux qui étaient dus à la très mauvaise qualité de la
novembre. Le préjudice économique a été énorme et a pesé construction des bâtiments d’habitation en Turquie. Des
sur la croissance de l’économie turque durant plusieurs déplacements de sol et des tassements ont aussi été à l’ori-
années. gine de très gros dégâts. Les bâtiments effondrés – comme
tous les immeubles récents en Turquie – avaient été conçus
Événement et construits suivant des normes leur permettant en prin-
cipe de résister aux tremblements de terre. Elles correspon-
Le 17 août 1999 à 3 h 02 (heure locale) est survenu, à une dent en majeure partie au « Uniform Building Code » cali-
latitude Nord de 40,7° et une longitude Est de 30°, un séisme fornien. Le fait que des immeubles à plusieurs étages n’ont
de magnitude 7,4 sur l’échelle de Richter. Le foyer sismique pas résisté aux secousses sismiques et ont été détruits
était situé à quelque 17 km de profondeur et à environ 90 km vient de ce que le code de construction parasismique n’a
au sud-est d’Istanbul, dans le golfe d’Izmit. La secousse pas été strictement appliqué, faute aussi de surveillance
principale du 17 août a été suivie de centaines de répliques, durant les travaux.
dont la plus forte a ébranlé le sol le 13 septembre 1999
(magnitude 5,9), faisant encore au moins 10 victimes et plus Du point de vue assurantiel, les séismes entrent dans la
de 300 blessés. catégorie des cumuls, pour lesquels non seulement plu-
sieurs branches sont touchées, par exemple les branches
Ce séisme n’a pas frappé la région de façon totalement Dommages ou Risques techniques, mais aussi divers
inattendue. Cette zone est connue pour être une « lacune domaines de l’industrie. Les secousses destructrices qui
sismique », autrement dit une région à probabilité d’occur- ont frappé la Turquie ont surtout affecté l’industrie lourde
rence accrue. Un peu plus à l’ouest se trouve une autre et l’industrie pharmaceutique, le secteur automobile, la
lacune. fabrication du papier et des pneus, les industries de l’acier
et du ciment ainsi que l’industrie pétrochimique. L’incendie
Dommages de la raffinerie de Tupras a constitué le plus gros sinistre
individuel (150 millions de $US) et aussi le premier incen-
Cette série de secousses telluriques dévastatrices se die d’une raffinerie de pétrole consécutif à un tremblement
traduit en chiffres comme suit : de terre depuis 1992.
– Préjudice économique : 12 milliards de $US L’infrastructure, elle non plus, n’a pas été épargnée. En très
– Dommages assurés : 600 millions de $US peu de temps, le séisme a paralysé les systèmes de distribu-
– Morts : 17 200 tion d’eau et d’électricité et a dévasté docks, ouvrages por-
tuaires, ponts et routes. Cela a occasionné pour les assu-
reurs et les réassureurs des coûts substantiels en assurance
Dommages, notamment lorsqu’il existait des garanties Per-
tes d’exploitation.
32
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes
Route endommagée dans le port de Gölcük. Trois jours après le séisme, la raffinerie de Tupras,
près de Korfez, brûle encore.
Les sapeurs-pompiers luttent contre le feu qui Sinistre partiel chez un fabricant de pneus à
ravage les réservoirs de la raffinerie de Tupras. Izmit.
33
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes
La zone sinistrée a offert un spectacle de désolation après Le Japon est situé sur une des zones sismiques les plus
la première vague de secousses telluriques. Des problèmes actives du monde. Les petites secousses n’y sont presque
massifs de communication sont encore venus aggraver la plus prises en compte, et l’amélioration des techniques de
situation. la construction donne au public un sentiment de sécurité.
Pourtant, l’exemple de Kobe a montré que ce risque naturel
Rappelons-le, le séisme est survenu la nuit, peu après 3 h. est insidieux et, de ce fait, fort préoccupant : contrairement
Bien que les informations soient parvenues tôt le matin, il à d’autres risques naturels, celui-ci est pratiquement impré-
a été impossible de contacter les collaborateurs des entre- visible et une mise en garde est quasiment impossible.
prises d’assurance concernées durant 1 ou 2 jours. Cela
s’explique, entre autres, par le fait que le nombre de victi- Événement
mes était très élevé et que, dans la capitale aussi, beau-
coup de personnes étaient personnellement affectées par Le Japon a fait cette triste expérience le 17 janvier 1995,
la catastrophe ; par ailleurs, la défaillance du réseau d’ali- lorsqu’un terrible séisme est venu frapper la ville de Kobe et
mentation en courant électrique et le chaos généralisé de les préfectures voisines de Hyogo et d’Osaka. À 5 h 46, un
la circulation ont empêché que l’on puisse prendre contact séisme, qui a duré 20 secondes, a ravagé la ville. Ce court
avec les personnes compétentes. Ce n’est que 3 ou 4 jours espace de temps a suffi pour changer complètement la
plus tard que les premiers interlocuteurs ont de nouveau physionomie de la ville et transformer la vie de ses habitants.
été joignables. La zone touchée n’était généralement pas
accessible. Seuls les secours turcs ou internationaux L’épicentre du séisme était situé à une profondeur de 13
avaient le droit de se rendre sur les lieux. Les experts en km, environ à mi-chemin entre l’île de Awaji et la ville de
sinistres et les experts d’assurance n’ont pu examiner la Kobe, par 34,65° de longitude Nord et 135,18°de latitude
zone sinistrée qu’une semaine ou 15 jours plus tard. Est. Sa magnitude a atteint 7,2 sur l’échelle de Richter. Cela
correspond à la magnitude 7 sur l’échelle d’intensité japo-
naise à 7 degrés. Jamais auparavant, le Japon moderne
n’avait été la proie d’une force destructrice aussi intense.
Plaque eurasienne
Tokyo
Kobe
Awaji Plaque du
Pacifique
1944
Source : http://www.seismo.unr.edu
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes
La ville de Kobe compte environ 1,5 million d’habitants et On peut localiser exactement le système de faille en se
est située à quelque 200 km au nord de la fosse océanique basant sur les épicentres des répliques survenues durant
de Nankaï qui marque la frontière entre la plaque eura- les 2 premiers jours. La zone de rupture du séisme de Kobe
sienne et la plaque des Philippines. Les surfaces hachurées s’étend de la partie nord de l’île Awaji jusqu’à la baie
en rouge (figure 1) constituent des parties de la zone de d’Osaka et le long de Honshu jusqu’au sud de Kobe. Les
frontière entre les plaques qui se sont déjà rompues lors conséquences catastrophiques du séisme sont dus à ce
des séismes de 1944 et 1946. En outre, la Median Tectonic que la secousse principale s’est produite en plein sur la
Line (MTL), une faille horizontale comparable à celle de de faille ArimaTakatsuki.
San Andreas, en Californie, est localisée à 60 km au sud de
Kobe. Dommages
Étant donné l’éloignement relativement important de gran- Vu l’activité sismique relativement faible de la faille Arima-
des failles telles que la MTL, le non-spécialiste se demande Takatsuki – le dernier gros séisme survenu dans cette zone
comment un événement comme celui de Kobe a pu se pro- datait de 1596 –, personne ne s’attendait à un séisme de
duire. Les modèles de microfissuration nous donnent ici cette ampleur. Cela explique aussi les difficultés rencon-
une explication. Le schéma 2 fait apparaître les frontières trées au début pour maîtriser la catastrophe. Notamment
de fissuration pour la région Kobe-Osaka. Kobe est locali- les champs de compétence entre les autorités locales, le
sée directement au-dessus de la ligne tectonique Arima- gouvernement national et les organisations humanitaires
Takatsuki qui constitue la portion Nord-Ouest du microbloc internationales n’étaient pas clairement délimités. Bien
d’Osaka. Ce bloc est limité au sud par la MTL. On suppose que le « Large-Scale Countermeasure Act » du gouverne-
que le système de faille Arima-Takatsuki est à l’origine du ment réglemente depuis 1978 les mesures d’urgence en
grand tremblement de terre de Hanshin, comme on appelle cas de gros tremblement de terre, il n’en a tout d’abord pas
aussi au Japon le tremblement de terre de Kobe. Cela se été fait application. Motif : ces mesures destinées à sauve-
trouve confirmé par l’enregistrement des répliques repré- garder les vies et les valeurs matérielles n’entrent en jeu
sentées dans le schéma 3. que pour les gros séismes qui surviennent dans des
régions sismiques spécialement enregistrées comme
zones sismiques. Jusqu’alors, seules la ville de Tokyo et la
région de Tokai étaient considérées comme exposées,
Kobe n’était absolument pas prévue dans la liste.
0 20 km
ATL
Osaka Kobe
Kobe
RF
UF
Osaka Bay
Nojima F.
F
OB
Awaji
MTL
Le dernier gros séisme a eu lieu RF Rokko fault system On peut localiser exactement le Épicentres des répliques
dans cette région en 1596. Cela OBF Osaka Bay fault système de faille en se basant sur les
explique que le risque sismique y ait UF Uemachi fault épicentres des répliques survenues Source : wwweic.eri.u-tokyo.ac.jp/
été malheureusement sous-estimé. ATL Arima Takatsuki Tectonic durant les 2 premiers jours. Les db/jma/index.html
Line conséquences catastrophiques du
MTL Median Tectonic Line séisme sont dus au fait que la
Collines et montagnes
secousse principale s’est produite en
Sols alluviaux/plaine
plein sur la faille Arima-Takatsuki.
Épicentre du séisme
de 1995
35
Le port artificiel de Port Island quelques semaines
après le séisme. Les postes à quai étaient inutili-
sables et les rails des grues étaient détruits. Un an
plus tard, le port était reconstruit à près de 80 %.
36
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes
Kobe était jusqu’alors le sixième port à conteneurs du longueur de quelque 650 m. Dans cette zone, vu l’exiguïté,
monde, et il était à craindre que le séisme ait effacé ce plusieurs routes et voies de chemin de fer sont en surélé-
centre de transbordement de la carte mondiale des ports de vation. Le séisme ne les a pas épargnés : 320 ponts et plus
chargement. D’après les premières estimations du gouver- de 9 400 tronçons de voies ont été endommagés ou
nement, les frais de reconstruction se situaient autour de détruits. De plus, de nombreuses routes secondaires ont
1 400 milliards de ¥ (environ 12,8 milliards de $US). été bloquées par les décombres de maisons effondrées ou
suite à des affaissements consécutifs à des éboulements
Grâce à un planning de construction prévoyant et à de dans les zones de circulation du métro.
solides fondations de piliers, les constructions ont été large-
ment épargnées par le séisme, notamment dans la partie Tous les systèmes vitaux d’approvisionnement et d’éva-
centrale des îles artificielles. Cependant, les dégâts surve- cuation (électricité, eau, gaz, téléphone, eaux usées, etc.)
nus aux systèmes d’approvisionnement ont été considéra- étaient presque complètement paralysés, environ 1 million
bles. Des effondrements complets ou des dommages mas- de personnes ont été privées d’électricité. Toutefois, en
sifs aux structures porteuses d’immeubles d’habitation, l’espace de 24 heures, la moitié était de nouveau approvi-
à usage commercial ou de bâtiments industriels se sont sionnée par le réseau et, une semaine après, les autres
surtout produits dans une zone étroite parallèle à la faille foyers restés intacts étaient de nouveau alimentés.
active. De vastes incendies ont en outre entièrement détruit Et cela, grâce à l’étroite coopération des centrales de
des blocs d’habitation notamment dans des régions à forte production d’électricité, qui ont aidé à la reconstruction
densité de population. Les facteurs combinés – construction moyennant d’immenses efforts et des moyens techniques
à grande densité, rues étroites et nature des matériaux de exceptionnels.
construction utilisés – ont permis au feu de se propager
rapidement. De plus, les actions de secours immédiates et La distribution d’eau pour les quelque 3,4 millions d’habi-
ultérieures ont été entravées par la défaillance et l’effondre- tants de Kobe et des préfectures limitrophes a été
ment de l’infrastructure. La part des incendies dans le sinis- défaillante à 85 %. Cela a considérablement handicapé les
tre total a cependant représenté moins de 10 %. opérations d’extinction. D’innombrables ruptures de
conduites, difficiles à localiser, ont occasionné des goulots
En particulier dans le district de Hanshin, les voies princi- d’étranglement au niveau de l’approvisionnement de la
pales de circulation (rues, rails, métro) passent toutes dans population. Il a fallu environ 5 semaines pour arriver à
un étroit corridor de 3 km de large. Elles constituent le long réparer presque 90 % des dommages. Avant le séisme, la
de la baie d’Osaka l’axe principal de communication pour ville de Kobe avait déjà mis au point, pour un approvision-
les transports de marchandises et de personnes entre l’est nement de secours, un système appelé « two-supply pond
et l’ouest du pays. C’est aussi là que s’est produit l’effon- system ». L’alimentation se fait ici par l’intermédiaire de 2
drement spectaculaire de l’autoroute de Hanshin sur une retenues. En cas de tremblement de terre, une commande
Cet appontement dans le port à conteneurs de Les obstacles dangereux et volumineux comme
Kobe a été littéralement soulevé par les forces les décombres, les câbles électriques ou les
telluriques. conduites de gaz béantes ont gêné les actions de
secours. Par mesure de prévention, beaucoup de
canalisations d’alimentation de gaz sont munies
de soupapes de coupure, mais ces dernières ne
fonctionnent pas toujours.
37
38
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes
électronique permet de stopper l’écoulement d’une rete- dans le centre des villes. C’est la General Insurance Asso-
nue. La réserve en eau ainsi obtenue est censée suffire ciation of Japan (GIAJ) qui coordonne la gestion des sinist-
pour alimenter Kobe durant une semaine. Ce système a res pour le programme d’État. Cette société intègre tous les
fonctionné comme prévu de sorte qu’il y a tout d’abord eu assureurs et les experts en sinistres pour les catastrophes
suffisamment d’eau pour tout le monde. Mais la répartition causées par des tremblements de terre. Il est clairement
via le réseau de conduites n’a pas été possible, car diver- défini comment les sinistres doivent être traités et classés,
ses canalisations avaient éclaté. Cependant, l’intervention ce qui permet une gestion relativement rapide et simple.
de plus de 2 000 techniciens et d’environ 840 engins-citer-
nes a permis de résoudre le problème. Le séisme de Kobe a donné l’occasion de tester ce sys-
tème, qui a dû être adapté dans différentes phases, notam-
Sur le plan commercial, ce sont surtout les fabricants de ment sur le plan de l’indemnisation.
chaussures en plastique qui ont subi les plus gros dégâts.
Leurs installations ont été détruites à 90 % par le séisme et Dans le détail, le programme d’assurance d’État couvre 2 do-
les incendies qui lui ont succédé. Jusque-là cette branche maines : les bâtiments d’habitation et les biens mobiliers – il
de l’industrie couvrait environ un dixième du marché japo- est donc comparable à une assurance Multirisque Habitation
nais de la chaussure. Les fabricants de saké, boisson natio- normale. L’indemnisation se fait en 3 étapes, suivant qu’il s’a-
nale très appréciée des Japonais, ont aussi été durement git d’un sinistre total, d’un demi-sinistre ou d’un sinistre par-
frappés. Avant le séisme, les 50 fabricants de saké de Kobe tiel. Comme le fait apparaître le tableau suivant, le montant
produisaient environ un tiers du saké consommé au Japon. de l’indemnisation est fonction du taux d’endommagement.
39
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Séismes
Le modèle japonais montre que la coordination ciblée et la plus anciennes. En même temps, les dommages subis
façon de procéder pour le règlement des sinistres a des par les bâtiments plus vétustes ont été plus importants
retombées positives : les sinistres de masse sont réglés que prévus. Le séisme a généré des arrêts d’exploitation
rapidement et équitablement. considérables dans la branche commerciale et indus-
trielle. Le plus souvent, les pertes économiques ont été
La sécurité des bâtiments joue depuis toujours un rôle très supportées par les entreprises elles-mêmes, étant donné
important au Japon. C’est le premier pays à avoir introduit, qu’habituellement, sur le marché local, les interruptions
en avril 1919, à l’échelle nationale, un code de la construc- d’exploitation ne sont pas assurées. On peut en conclure
tion portant sur la planification de constructions parasis- que ce genre de garanties, en cas de supercatastrophes,
miques. Les paramètres en matière de conception se sont peuvent devenir problématiques pour les assureurs et
améliorés au cours des décennies, surtout sur la base de les réassureurs.
données nouvelles acquises après la survenance de gros
séismes. D’importantes modifications sont intervenues en Le tremblement de terre de Kobe a montré que des
1982. Malgré ces progrès, une grand nombre de structures mesures telles qu’une planification complète, une ges-
et de bâtiments existants comportent de gros déficits eu tion de la qualité et un contrôle technique des travaux
égard à la résistance aux secousses telluriques, et ce pour constituent des composants essentiels pour un manage-
les raisons suivantes : ment d’urgence efficace. C’est de cette façon que l’on
peut le mieux prendre en compte les expositions
– structure correspondant à des normes anciennes connues. Il devrait en être fait application dans toutes les
– non-respect des normes de sécurité en vigueur régions exposées aux tremblements de terre.
– négligence dans l’exécution des travaux
40
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Inondations
Événement
Dommages
41
Dresde, le 17 août 2002 : la prise de vue aérienne
permet de voir l’étendue des inondations. La
place située devant l’opéra Semper (au centre de
la photo) et la cour intérieure du Zwinger (en bas)
étaient totalement envahies par les eaux qui at-
teignaient une hauteur de 9,4 m.
L’Allemagne a été le pays le plus gravement touché par la
catastrophe. Environ les deux tiers des dommages dus aux
inondations sont survenus sur le sol allemand, dont envi-
ron les trois quarts en Saxe et à Dresde, sa capitale.
42
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Inondations
Fig. 2 : Bilan des inondations survenues en 2002 (en milliards d’€) : Les inondations du mois d’août
2002 ont constitué – en chiffres
absolus – la catastrophe due aux
Préjudice total Dommages assurés Pourcentage assuré inondations la plus coûteuse que
Allemagne 11,5 1,8 16 % l’Europe ait jamais connue. Les
dommages assurés se sont élevés
Autriche 3,1 0,4 13 % au total à 3,4 milliards d’€.
République
Source : Groupe de Recherche
tchèque 3,0 1,2 40 % Géo Risques, Münchener Rück
(2005)
43
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Inondations
occasionné d’autres dommages consécutifs aux inonda- Fig. 3 : Dommages liés aux inondations : le coût des
tions. La fermeture de ces immeubles a généré diverses sinistres est fonction du niveau d’eau
interruptions d’exploitation.
20
Sinistre
Les eaux souterraines, qui étaient remontées à la surface, (1 000 €)
ont en partie impacté massivement la statique des bâti-
ments, ce qui a augmenté le coût total du sinistre. Le flotte-
ment, les inclinaisons et les fissurations ont généré des
problèmes de stabilité statique ou des pertes de stabilité,
15
suivis dans certains cas de l’écroulement des construc- Préjudice total
tions. Pour réduire les dommages, on a en partie inondé
volontairement des caves afin d’équilibrer les charges de
pression sur le bâtiment et pour éviter aussi que les mas-
ses d’eau qui s’écoulaient détériorent la structure des
constructions. Toutefois, il a souvent été nécessaire d’ap- 10
pliquer des mesures supplémentaires pour préserver la
stabilité statique, ce qui a fait sensiblement augmenter les
coûts de sinistres. Biens
mobiliers
Les innombrables dommages aux constructions le mont-
rent clairement : il est impératif de prendre en compte 5 Biens immobiliers
l’éventualité d’une crue dans le planning de construction.
Un grand nombre de bâtiments étaient par exemple cons- Bâtiments et
truits directement au bord de rivières de moyenne monta- installations
extérieures A
gne, presque au même niveau que le cours d’eau ou dans Cave Rez-de-chaussée
des vallons. La situation a également été aggravée par les Hauteur d’eau en cm
facteurs suivants : construction ne prenant pas en compte
0 30 60 90 120 150 180 210 30 60 90 120
les risques, ne prévoyant pas de moyens d’étanchement
ou avec des cuvelages de cave non étanche, utilisation ne Source : Bayer. Landesamt für
Wasserwirtschaft 1989
tenant pas compte des risques, comme l’aménagement
coûteux d’une cave.
La courbe fait apparaître l’interdépendance de la
hauteur d’eau (en centimètres) et du coût de
La figure 3 fait apparaître l’interdépendance de la hauteur
sinistre (en pourcentage) par rapport à la valeur
d’eau (en centimètres) et du coût de sinistre (en pourcen- du bâtiment pour la cave et le rez-de-chaussée.
tage) par rapport à la valeur du bâtiment pour la cave et
le rez-de-chaussée. La ligne critique est indiquée en poin-
tillés, entre cave et rez-de-chaussée, les valeurs situées Certaines sociétés avaient déjà auparavant adapté leurs
dans la zone d’habitation au-dessus du sol étant habituel- systèmes informatiques afin de pouvoir effectuer le règle-
lement beaucoup plus élevées. On peut ici limiter au pré- ment des sinistres de masse et mettre au point des formu-
alable les dégâts en transportant les biens de valeur dans laires simplifiés destinés par exemple au règlement des
les étages supérieurs. dommages aux bâtiments. Leur objectif était, dans le cas
d’une accumulation de dommages, de permettre à leurs
Gestion du sinistre clients et à leurs collègues, sur place, un règlement de
sinistres rapide, homogène et de haut niveau. Ces sociétés
Avant que les fleuves ne débordent, plusieurs sociétés ont aussi été les premières à être en mesure d’apprécier
d’assurance ont essayé de développer et de coordonner correctement les sinistres.
les opérations de règlement de sinistres en mettant en
place des groupes de gestion des situations d’urgence. Il Le fait que certaines compagnies aient mis en place des
était prévu qu’une équipe centrale ait des pouvoirs éten- équipes spéciales pour le règlement des gros sinistres
dus pour mettre en place les premières mesures d’urgence s’est aussi avéré efficace. Ces équipes étaient composées
et réunir les flux d’informations. On a pu ici mettre aussi à d’experts en sinistres, d’ingénieurs et de juristes ayant
profit les expériences faites lors du changement de millé- pour tâche d’effectuer un règlement rapide et optimal des
naire et desquelles on avait beaucoup appris pour le main- sinistres importants. La gestion des dommages a égale-
tien de la conduite d’une exploitation et la gestion des ment été facilitée par le fait qu’au départ les sinistres ont
situations d’urgence. Les techniques d’approche proacti- été documentés à l’aide d’une caméra.
ves ont largement aidé à maîtriser les sinistres de masse et
les problèmes d’infrastructure.
44
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Inondations
Dommages consécutifs et limitation de l’importance du À l’occasion de cette crue du siècle, il a aussi fallu éclaircir
sinistre certains cas de fraude éventuelle. Le problème s’est notam-
ment posé toutes les fois qu’un assuré déclarait la perte de
En matière d’inondations, les sinistres dus à l’humidité ou à valeurs assurées élevées dans sa cave.
la corrosion jouent un rôle important. Pour atténuer les
dégâts, autrement dit éviter ou limiter la corrosion, il s’est Ainsi, en République tchèque, des mesures préventives
avéré très utile de faire appel à des entreprises de nettoyage internes de lutte contre la fraude fournissent des exemples
et d’assainissement des locaux. Les spécialistes ont rapide- positifs : certains paiements des inspecteurs-régleurs ont
ment nettoyé les bâtiments et effectué le sauvetage et le net- été effectués suivant un système prévoyant 2 signatures.
toyage des installations et appareils endommagés. Ces entre- En outre, on a veillé à ce que les personnes chargées de
prises spécialisées ont mobilisé jusqu’à 500 collaborateurs l’instruction du sinistre ne soient pas du pays.
répartis dans toute l’Europe pour venir à bout des sinistres.
Les contrôleurs ont aussi été méfiants lorsque les domma-
ges déclarés étaient survenus en dehors des zones répu-
tées sinistrées. Dans de tels cas, les sinistres ont fait l’objet
d’un traitement particulièrement minutieux permettant
d’exclure sans ambiguïté les présomptions de fraude.
45
Tendances et solutions possibles
De la check-list à la gestion des sinistres
46
47
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Géocodage
La transparence est le préalable indispensable Les données géocodées permettent d’effectuer des analy-
ses de portefeuilles, des modélisations et de définir des
Beaucoup de spécialistes de l’assurance ne savent pas scénarios. Elles constituent une base essentielle de prise
encore très exactement ce que recouvre la notion de géo- de décision pour la souscription et la gestion des risques,
codage ou de géoréférencement. Cette méthode est pour- car on peut, grâce à elles, identifier les cumuls chez les
tant depuis longtemps la base sur laquelle peuvent s’ap- assureurs et les réassureurs. Cela comprend également les
puyer les souscripteurs pour identifier les risques, les risques de cumuls dans les polices dites polices collectives
analyser et les rendre assurables. ou polices master qui sont courantes dans les grands
groupes ou dans les sociétés de construction d’immeu-
Le principe de base du géocodage est en fait assez simple ; bles. En effet, les adresses de référence indiquées dans les
il s’agit de faire la liaison entre les banques de données et données de portefeuilles sont souvent celles des bureaux
les cartes géographiques. Ce sont les données de porte- de la société de gestion, alors que les polices collectives
feuille et de sinistres des assureurs directs qui constituent couvrent plusieurs dizaines ou centaines de risques indivi-
le fondement de la souscription géographique. Le géoco- duels situés à des endroits divers. Les risques d’accumula-
dage, c’est-à-dire la localisation d’un risque dans l’espace,
associe à l’adresse de l’assuré ou au lieu du sinistre un
couple de coordonnées géographiques (longitude et lati- Fig. 1 : L’ouragan Lothar en décembre 1999
tude). Ces informations peuvent être ensuite utilisées pour
un traitement statistique ou pour des analyses de risque Champ
des vents
complexes, dès lors qu’elles sont combinées à d’autres en km/h
données, comme, par exemple, des données météorolo-
20
giques ou des sinistres historiques.
30
40
Identifier les potentiels de cumuls 50
60
70
Le géocodage peut être réalisé à plusieurs degrés de préci- 80
sion : on peut se baser sur des États entiers, des villes, des 90
100
secteurs de code postal ou des adresses précises. Dans de
110
nombreux cas, un géocodage approximatif, effectué au 120
niveau des États ou des Länder, est insuffisant. De même, 130
140
le système de classification des risques par zonage
150
CRESTA (www.cresta.org), fréquemment utilisé dans l’as-
surance Dommages, est souvent trop imprécis pour la ges-
tion des sinistres. Il n’est pas assez exact pour reconnaître
les sinistres ou les modèles de sinistres très localisés ou
concentrés sur un périmètre limité, ou pour effectuer un
contrôle fiable des localisations des risques à forte exposi-
tion ou à haute concentration de valeurs, par exemple les
installations industrielles ou les surfaces potentiellement
inondables. En combinant les données relatives En jaune : immeubles exposés à
aux champs des vents et les informa- des vents de plus de 80 km/h
tions des polices avec adresses géo- En bleu : immeubles exposés à des
codées, on peut identifier des modè- vents de moins de 80 km/h
les de sinistre et évaluer rapidement
les sinistres probables.
48
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Géocodage
tion sont donc parfois difficiles à identifier ou sont mal éva- Mettre en évidence les modèles de sinistre
lués. Grâce à des informations géographiques précises
indiquant les adresses exactes, il devient facile de recon- Les adresses de risque géocodées servent à élaborer des
naître les polices collectives et de les décomposer en modèles et des profils de sinistres possibles pour les por-
objets individuels. Il est même souvent possible de déter- tefeuilles et les périls naturels ; ils permettent d’autre part
miner le montant exact de l’engagement de chaque risque de calculer des scénarios. De même, ces données contri-
en particulier. Si ceci n’est pas le cas, on peut toujours arri- buent à éclaircir toutes les questions en rapport avec la
ver à calculer un engagement moyen par bien. survenance d’un sinistre.
Tous les fournisseurs de services de géocodage utilisent Exemple : dommages causés par les tempêtes
des données rassemblées à l’origine pour la navigation Pour déterminer l’exposition d’un portefeuille d’assurance
aérienne et la planification routière. Un grand nombre de au risque de tempête, on peut comparer le portefeuille
centres nationaux de relevés topographiques ont, en outre, avec les informations disponibles concernant les champs
commencé à collecter et à proposer des coordonnées des vents d’un événement. La figure 1 montre qu’après la
exactes au niveau de chaque construction. Les informa- tempête Lothar, en décembre 1999, il a été possible d’iden-
tions géocodées ont un degré de couverture particulière- tifier tous les bâtiments qui avaient été exposés à des
ment élevé dans les grands pays industrialisés, notam- vents supérieurs à 80 km/h (marqués en jaune) ; en mettant
ment aux États-Unis et en Europe. Des données de cette en relation les champs des vents (zones marquées en
précision existent déjà pour les marchés asiatiques. On rouge) et les bâtiments en portefeuille, c’est-à-dire des
peut également faire appel, via l’Internet, à des services centaines de milliers de risques individuels.
extérieurs qu’il est possible d’intégrer dans le paysage
informatique spécifique de l’entreprise. Accessoirement, Si les données des événements météorologiques actuels
ces informations peuvent servir à contrôler l’exactitude sont de bonne qualité, les combinaisons de données, de
des données de base des clients et être utilisées pour des plus en plus détaillées, peuvent même aider à évaluer
mesures ciblées de géomarketing – un avantage bien rapidement et de manière précise le montant de sinistres
entendu exclusivement réservé aux assureurs directs. attendu pour un portefeuille. Pour optimiser encore davan-
tage le règlement des sinistres et le travail des experts, on
peut faire ressortir les régions touchées par les plus gros
sinistres.
49
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Géocodage
Le géocodage apporte également une aide précieuse pour Reconnaître les sinistres via les satellites et se défendre
éclaircir les cas de fraudes locales à l’assurance. des fraudes
Exemple : dommages causés par les inondations Les images satellitaires étant de plus en plus précises et les
Le système allemand de zonage des inondations, des fortes satellites de plus en plus nombreux, les assurances sont
pluies et des refoulements d’eau, ZÜRS, fonctionne égale- donc aidés par le ciel, au sens propre du terme. Un assu-
ment à partir de données de géocodage des adresses. Il reur ayant reçu un avis de sinistre survenu à l’aéroport de
représente, pour le marché mondial, une base d’évaluation Munich en a fait l’expérience. La déclaration de sinistre
uniforme dont on ne pourrait plus se passer aujourd’hui faisait état d’avions endommagés par des rafales de neige
dans la branche assurance Dommages. Pour la première mélangée à des graviers. Des photos satellite, prises par
fois, les assureurs peuvent automatiquement combiner des hasard au moment du sinistre, ont prouvé que la cause
informations précises sur les risques liés aux inondations déclarée n’avait pas pu être à l’origine du sinistre.
avec les adresses exactes des risques des clients.
L’inconvénient des prises de vue par satellite est, actuelle-
Le géocodage améliore la gestion locale des sinistres ment encore, que les nuages font écran et rendent de nom-
breux systèmes aveugles. D’autre part, la durée de révolu-
Le détail d’une photo satellite, à la figure 2, montre les tion des satellites empêchent d’assurer une observation
suites de l’inondation d’août 2002 en Allemagne et met en constante.
évidence l’énorme potentiel d’analyse des données géo-
codées des adresses. Le géocodage, combiné avec des photos satellite très
récentes et traitées spécialement, est aussi utilisé pour des
Les données satellite montrent les limites de la zone inon- contrôles dans le domaine de l’agriculture. À partir de 2007,
dée, marquée en rayures rouges. Les risques isolés sont la société RapidEye (www.rapideye.de) exploitera un sys-
représentés avec des points rouges et les avis de sinistres tème assisté par satellite qui pourra offrir des services et
avec des triangles verts. Les lignes jaunes délimitent les des analyses aux assureurs agricoles. Ce système devrait
zones de code postal, montrant par cet exemple l’inexacti- permettre d’améliorer les prévisions en matière de rende-
tude de ce référencement géographique pour la gestion ments agricoles et d’évaluer non seulement plus précisé-
des sinistres, car il ne permet pas de délimiter exactement ment mais aussi plus vite les dommages causés aux récol-
les objets touchés ou ceux qui ne le sont pas, ce qui rend tes et les pertes dues à la grêle, aux tempêtes, à la
l'évaluation des potentiels de sinistres difficile. sécheresse et au gel.
50
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Géocodage
Une unité Palm avec récepteur Sources Topics geo – Rétrospective des ca-
GPS intégré (www.garmin.de). tastrophes naturelles survenues
L’appareil contient des données Schadenspiegel 1/2005 : Les infor- en 2004 (2005) : Les informations
cartographiques et des adresses mations géographiques permettent géocodées permettent d’améliorer
de clients pouvant être utilisées de résoudre des cas de sinistres la transparence des sinistres –
après de grandes catastrophes complexes. Münchener Rückver- Münchener Rückversicherungs-
naturelles. sicherungs-Gesellschaft (éd.). Gesellschaft (éd.).
51
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Fraude
52
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude
Le dommage simulé
53
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude
Un type de fraude classique est le dommage provoqué La troisième variante de fraude à l’assurance englobe les cas
volontairement. Dans ce genre de cas, l’assuré déclenche dans lesquels l’assuré a effectivement subi un dommage en
intentionnellement le dommage, comme par exemple dans raison d’un événement fortuit. Le dommage n’étant pourtant
le cas d’un incendie volontaire. Il subit donc effectivement pas couvert conformément au libellé de la police, le déroule-
un dommage qu’il a toutefois délibérément causé. ment du sinistre est exposé à l’assureur de telle façon que le
dommage puisse encore entrer dans la garantie.
En juillet 1984, un terrible orage de grêle de 20 minutes a Le propriétaire d’un magasin dans le Midwest des États-
causé des dommages matériels de plus de 1,5 milliard d’€ Unis a déclaré un sinistre à son assurance, affirmant que le
dans la région de Munich, les dommages assurés repré- toit de sa maison avait été fortement endommagé par un
sentant 750 millions d’€. De toute son histoire, l’industrie violent orage de grêle. De l’eau avait donc pénétré dans le
allemande des assurances n’avait jamais connu de sinistre bâtiment, abîmant les murs et le mobilier. D’après la police
d’une telle ampleur. Des grêlons gros comme des balles de d’assurance, les dommages au contenu dus à la pluie n’é-
tennis ont endommagé des bâtiments, cassé des fenêtres, taient couverts que si l’eau de pluie avait pénétré dans le
brisé des serres et abîmé au total 240 000 véhicules. Les bâtiment en raison d’un événement naturel, par exemple si
dommages aux véhicules assurés ont coûté environ 460 le vent ou la grêle avaient provoqué des dommages au toit
millions d’€, pour réparer les pare-brises éclatés et les car- ou aux murs extérieurs. L’expert sinistres s’est informé
rosseries parsemées de bosses. Un propriétaire de véhi- auprès des services météorologiques pour vérifier l’origine
cule particulièrement futé voulait profiter du règlement de du sinistre. Ceux-ci ont révélé qu’il y avait effectivement eu
sinistre rapide et sans formalité des assureurs après la un orage de grêle dans la région, mais justement pas à
tempête de grêle et a lui-même fait des bosses sur sa voi- l’endroit où se trouvait l’immeuble assuré. Le dommage au
ture espérant recevoir une indemnisation de son assu- toit qui avait permis à la pluie de pénétrer dans la maison
rance Tierce partielle. Sa tentative a néanmoins échoué car était en fait dû à l’état général de délabrement du bâtiment.
il avait fait les bosses en tapant au marteau de l’intérieur.
Comme dans le premier exemple, ce type de fraude à Contrairement aux 2 premiers types, cette forme de fraude
l’assurance se caractérise en général par des demandes à l’assurance est très fréquente. Dans l’ensemble, les
d’indemnisation élevées. Mais ici aussi, heureusement, indemnités réclamées sont cependant relativement peu
en comparaison avec les autres formes de fraude à l’assu- élevées.
rance, le nombre des cas est restreint.
La tempête de grêle qui s’est abattue sur Munich En cas de sinistre, les services météorologiques
en juillet 1984 a endommagé 240 000 véhicules, peuvent donner des indications exactes sur la
les dommages aux véhicules assurés se sont progression régionale d’une tempête ou d’un
montés à environ 460 millions d’€. Les vitres ont orage de grêle.
éclaté, les carrosseries étaient pleines de bosses
et les toits des cabriolets étaient en lambeaux.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude
Dommage exagéré à une toiture cela acceptable ou tout du moins encore tolérable. Dans la
conscience morale du grand public, le fait de gonfler les
El Niño est un phénomène au cours duquel la partie est du réclamations d’assurance est donc mis au même niveau
Pacifique tropical se réchauffe, influençant l’ensemble du que le fait d’acheter, en connaissance de cause, des biens à
système atmosphérique de l’océan Pacifique tropical. Le un receleur.
phénomène El Niño de 1997/1998 a été, au siècle dernier, le
plus redoutable dans son genre et a engendré des tempêtes Comment reconnaître les fraudes après des catastrophes
d’une violence extrême qui se sont abattues sur la Californie. naturelles ?
Pourtant, les dommages n’ont pas été causés seulement par
El Niño. Un couvreur de la région a décrit en détail à des En règle générale, après des catastrophes naturelles, les
enquêteurs « secrets » qui se faisaient passer pour des pro- rédacteurs sinistres des compagnies d’assurance tout
meneurs et observaient une maison endommagée cons- comme les experts indépendants ploient sous l’énorme
truite sur une plage, comment obtenir non seulement une masse des déclarations de sinistres individuels. L’imagina-
nouvelle toiture pour « leur » domicile, mais de surcroît un tion criminelle de certains assurés se trouve stimulée par
peu plus d’argent de l’assurance. Il avait l’intention de re- ces circonstances hors du commun. D’une part, la tentation
mettre à l’assurance un devis indiquant, en plus des travaux est grande de s’approprier beaucoup d’argent, de l’autre, le
de couverture, les réparations d’une installation de chauf- danger d’être pris semble minime. Les scénarios de fraude
fage solaire. En posant quelques débris d’une installation de se renouvellent sans cesse, ce qui rend aux assureurs la
ce type sur le toit de la maison, il voulait donner l’impression tâche encore plus difficile. De plus, la plupart des assureurs
que la tempête avait arraché non seulement le toit, mais éga- ne veulent pas importuner encore leurs clients, déjà victi-
lement les panneaux solaires. mes d’une catastrophe naturelle, en se montrant tatillons
ou à fortiori en les accusant à tort. Pour les assureurs, la
Les fraudes à l’assurance basées sur des demandes d’in- meilleure des publicités, après une catastrophe naturelle,
demnisation exagérées sont très fréquentes, mais les dom- est en effet un règlement des sinistres rapide et sans forma-
mages dans chaque cas individuel sont en général relative- lité. Il existe toutefois des indices typiques pouvant éveiller
ment peu élevés. Une enquête menée en 2000 par le US des soupçons de fraude et qu’il est utile de noter.
Insurance Research Council (conseil américain de recher-
che en assurance) a montré que 24 % des américains consi- Par exemple, une demande d’indemnisation relativement
déraient comme acceptable de gonfler un montant élevée pour laquelle il n’existe aucune preuve, même pas
réclamé pour, de cette façon, compenser les derniers ver- des restes ou tout du moins des photos ou des factures de
sements de prime. 35 % des personnes interrogées trou- l’objet assuré. Il peut également arriver que les objets soi-
vaient correct de grossir un dommage pour « rattraper » disant disparus ne correspondent pas à la situation finan-
la franchise. Selon le sondage réalisé pour l’ABI, déjà cière, à la profession ou au style de vie de l’assuré ou que,
mentionné plus haut, 47 % n’excluaient pas d’exagérer un tout simplement de par leur taille, ils ne puissent pas faire
dommage tandis que 40 % affirmaient qu’ils trouvaient partie du bâtiment occupé par l’assuré. Il se peut égale-
ment que l’assuré ne soit pas capable de décrire les objets
prétendument détruits, ne se souvienne plus quand et où il
les a achetés, ne retrouve plus ni le mode d’emploi ni la
carte de garantie ; il est alors justifié d’avoir des doutes. On
peut aussi présumer une tentative de fraude en cas d’ab-
sence de factures officielles ou lorsque les factures d’arti-
sans n’indiquent pas de façon plausible et correcte les
prestations fournies.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude
En ce qui concerne les assurés ayant des couvertures com- Conséquences de la fraude à l’assurance et bilan
merciales ou industrielles, des indices révélateurs peuvent
être un volume de stock particulièrement élevé juste le jour Les conséquences de la fraude à l’assurance sont considé-
du sinistre, la perte d’articles qui étaient visiblement depuis rables, pour chaque assuré en particulier, pour la commu-
longtemps en magasin, un déséquilibre net entre la récla- nauté des assurés et pour l’industrie des assurances dans
mation et l’actif de la société ou même une insolvabilité son ensemble.
menaçante.
Pour le demandeur, une fausse déclaration de sinistre peut
Les assureurs devraient en tous cas se montrer suspicieux entraîner en premier lieu des conséquences juridiques
si aucun autre dommage n’a été déclaré dans les alentours relevant du droit civil. Suivant le système juridique en
immédiats, s’il n’est pas possible de vérifier que les cir- vigueur et les circonstances du cas en question, celles-ci
constances prétendues dans la déclaration existaient réel- peuvent aller du refus de versement de l’indemnité à l’obli-
lement le jour et au lieu du sinistre ou si le déroulement et gation de restitution en passant par la résiliation ou la
la configuration du sinistre ne peuvent pas être expliqués contestation par voie d’annulation du contrat d’assurance
de façon plausible. La situation est également suspecte si ou même par la demande de dommages-intérêts de la part
le risque était déjà en mauvais état avant l’événement, si de l’assureur.
l’assuré n’a pas satisfait à certaines obligations de déclara-
tion avant la souscription du contrat ou si l’adresse indi- Viennent ensuite les éventuelles conséquences pénales.
quée sur les factures n’est pas celle du prétendu lieu du Certaines sociétés d’assurance hésitent pourtant à porter
sinistre. Un autre indicateur pour une éventuelle tentative plainte contre des demandeurs malhonnêtes auprès des
de fraude peut être le fait que l’assuré connaisse les condi- autorités répressives, soit parce qu’ils ne pensent en tirer
tions de la police dans les moindres détails, qu’il ait réglé aucun avantage soit parce qu’ils craignent une publicité
des arriérés de prime avant la survenance du sinistre ou négative (en l’occurrence de passer pour un assureur qui
qu’il ait demandé une modification contractuelle ayant un cherche par tous les moyens à se dérober à ses obligations
impact sur l’indemnisation ou encore que le sinistre se soit de paiement). Pourtant, dans de nombreux pays, comme
produit très peu de temps après le début de l’assurance. par exemple dans 20 des États fédéraux américains, les
assureurs ont une obligation légale de le faire. Depuis
Face à des cas de ce type, il est recommandé aux rédac- 1996, le nombre des arrestations pour fraude à l’assurance
teurs sinistres, malgré la masse de travail, d’analyser le aux États-Unis a augmenté de plus de 400 % et les condam-
dossier avec une attention toute particulière et de faire des nations ont plus que doublé dans le même temps. Dans un
recherches plus avancées. Dans certaines circonstances, il grand nombre de systèmes juridiques, de nouveaux types
est conseillé de faire appel à un spécialiste de la fraude et, de délits ont été définis permettant de punir plus sévère-
si les soupçons se confirment, d’informer les autorités ment les fraudes envers les assureurs ou de combler les
compétentes. lacunes existant au niveau pénal pour certaines infrac-
tions. En Allemagne, les sanctions punissant la fraude
consommée peuvent aller d’une simple amende à une
peine d’emprisonnement, de 5 à 10 ans au maximum, dans
Fig. 1 : Les 4 types de scénarios de fraude à l’assurance, qu’il s’agisse de tentative de fraude ou de fraude consommée
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Fraude
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Un plan d’action (PA) augmente la flexibilité en cas de gérer les opérations techniques liées aux cumuls et aux
sinistre, car il organise les processus d’instruction des gros sinistres, en particulier après une catastrophe natu-
sinistres. Son introduction et son suivi suivent une appro- relle.
che globale dans le cadre de laquelle interviennent tant
des facteurs internes que des éléments externes. Bien que Un système opérationnel de management des urgences
toutes les éventualités ne soient pas planifiables, le fait de est bien sûr toujours un facteur de coûts, mais c’est égale-
comprendre clairement les processus et les propres objec- ment un argument important en termes de service et de
tifs aide à réagir, même à l’imprévisible. sécurité qui finalement réduit les coûts. Des études
menées par l’université d’Oxford indiquent qu’une gestion
Un PA appliqué de façon conséquente permet, en cas de efficace des catastrophes peut même faire augmenter la
catastrophe, de concentrer le peu de ressources disponi- valeur de l’entreprise dans son ensemble.
bles sur les points essentiels. Il est alors possible, non seu-
lement d’augmenter l’efficacité de la gestion des sinistres, La longue expérience des sinistres de cumul montre que
mais également d’arriver à une réduction des coûts. La certains des assureurs concernés n’ont toujours pas de
mise en œuvre d’un plan d’urgence fait ressortir les points schéma défini selon lequel ils doivent traiter les sinistres
faibles de l’entreprise et apporte ainsi une valeur ajoutée majeurs.
non négligeable.
Il ressort en outre que certains modèles de sinistres appa-
Pour créer la structure d’un PA, on peut dans l’ensemble raissent régulièrement. Par exemple, l’accumulation de
faire appel aux outils de gestion de projet existants. Ce milliers de sinistres individuels, le manque d’information
sont en fait les données et les expériences de la gestion sur les sinistres dans les premiers jours ou semaines sui-
des sinistres qui viennent remplir la structure et lui donner vant l’événement, la mauvaise coordination du personnel
vie. S’il n’y a pas de données disponibles, on peut aussi s’occupant des sinistres ainsi qu’un nombre insuffisant
travailler à partir de modèles. d’inspecteurs-régleurs. Il est possible et nécessaire de met-
tre en œuvre des mesures organisationnelles proactives
Dans de nombreux pays, la loi exige que certaines entre- dont le but est d’alléger au maximum la tâche de tous les
prises possèdent des plans opérationnels d’urgence pour intervenants en cas de sinistre. Tous ces processus peu-
les accidents majeurs. Afin que les sociétés soient prêtes à vent être rassemblés dans un plan d’action ; lorsqu’une
faire face à des situations d’urgence, par exemple une fuite situation d’urgence se présente, ils forment la structure
de gaz toxique. Du point de vue de la technique de l’assu- portante d’une gestion efficace des sinistres.
rance, les assureurs ne sont pas obligés de créer des plans
d’urgence pour maîtriser les dommages dus aux cata- Le processus de développement d’un PA
strophes naturelles.
Normalement, c’est la Direction qui donne l’ordre d’élabo-
Étant donné la tendance actuelle à protéger de plus en plus rer un PA. L’expérience a montré qu’il était bon de désigner
les consommateurs et les investisseurs, les sociétés d’as- un membre de la Direction pour parrainer le projet afin que
surance voient également la nécessité d’une gestion effi- le PA se voit attribuer au sein de l’entreprise une valeur
cace de l’urgence. En d’autre termes, les assureurs veulent digne de son importance. La planification de l’urgence
et doivent, à leur tour, prouver qu’ils ont leurs affaires bien représentant un ensemble très complexe (voir fig. 1), il est
en mains. Ceci concerne essentiellement leur capacité de recommandé d’avoir recours à une approche profession-
nelle de gestion de projet pour structurer les processus.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
Le premier pas dans l’élaboration d’un PA est de former Outre les désastres induits par l’homme, les catastrophes
une équipe de planification. Celle-ci doit représenter toutes naturelles représentent le plus grand défi pour les assu-
les branches touchées, les services sinistres, souscription, reurs. Suivant les régions, les scénarios à prendre en
gestion clients, personnel et gestion des risques. Il est compte sont différents. Les risques de tempête, d’inonda-
important que les intervenants aient des connaissances tion et de séisme sont actuellement considérés comme les
fondées sur les points suivants : plus importants. Il existe également de nombreux autres
périls, en général limités dans l’espace ou de par le volume
– potentiels de sinistre et mécanismes des risques naturels de sinistres qu’ils engendrent, tels le volcanisme, la grêle
– processus de règlement de sinistres ou les avalanches.
– marchés et clients concernés
– interlocuteurs en cas de sinistre Les risques naturels peuvent être classifiés selon des critè-
– potentiels de risques pour les employés, les bâtiments et res multiples. Par exemple, la fréquence de récurrence,
l’informatique l’intensité, l’espace touché, la durée moyenne ou le temps
– propres possibilités d’intervention, par exemple en ce qui de pré-alerte d’un événement catastrophique, c’est-à-dire
concerne l’informatique le temps entre l’alerte et la survenance de l’événement.
Les employés devraient d’autre part être en mesure de La classification des risques naturels doit également tenir
transposer les informations disponibles dans des processus. compte des facteurs locaux. La figure 3 montre par exem-
ple des paramètres locaux influant sur certains scénarios.
La phase de conception d’un PA
Conséquences/
Quels peuvent être les effets de ces événements ?
effets
Que peut-on faire pour lutter contre les effets négatifs ? Mesures
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
Quels peuvent être les effets de ces événements ? tion, le temps de pré-alerte pour Tokyo va d’un à plusieurs
jours (voir fig. 3). Dans les 2 cas, ce laps de temps peut être
Les catastrophes naturelles entraînent en général des utilisé pour prendre des mesures préventives et pour pré-
dommages matériels et corporels pour les assurés. Les parer l’instruction des sinistres.
assureurs, qui peuvent être eux-mêmes touchés par l’évé-
nement, devraient donc aussi prendre en compte leur Dans tous les cas, il faudrait utiliser des paramètres com-
éventuel préjudice personnel dans la planification. En pre- parables pour tous les types de catastrophes afin de pou-
mier lieu, pourtant, les assureurs s’intéressent aux effets voir transposer d’un scénario à l’autre les mesures concer-
possibles sur l’organisation de leur travail : nant les processus de règlement de sinistres. Ces mesures
devraient par exemple être présentées sous forme de
– Dans quelle mesure les sinistres vont-ils toucher leur check-lists dans le PA.
propre société, dans toutes les branches assurées ?
– Est-il possible, avec les moyens disponibles, de calculer Un point important devant être pris en compte dans le PA
et d’évaluer un tel nombre de sinistres ? concerne le comportement du client en matière de déclara-
– Combien de temps va-t-il falloir pour l’ouverture des tion de sinistre. Dans certaines régions, il est courant que
sinistres ? les déclarations soient remises personnellement au repré-
sentant de la société d’assurance. Souvent, les habitants
Pour pouvoir répondre à ces questions, il est indispensable restent auprès de leurs biens pour se protéger contre les
que l’assureur connaisse parfaitement ses portefeuilles, pillages et n’ont donc pas la possibilité de faire une décla-
ses clients, ses marchés, etc. ration du sinistre. Si donc l’assureur n’envoie pas de
régleur sur place, les déclarations de sinistres lui parvien-
Les résultats de cette analyse servent de base au plan d’ur- dront vraisemblablement avec du retard, ce qui souvent
gence. Si les données rassemblées ne suffisent pas pour n’en facilite pas la compréhension. La conséquence directe
mettre au point un modèle sérieux d’intervention en cas de – voir fig. 2 – dans cet exemple serait ainsi un besoin accru
catastrophe, il est alors nécessaire de créer et d’appliquer de personnel des services extérieurs et de régleurs et non
des scénarios hypothétiques. On peut prendre comme pas un nombre insuffisant de rédacteurs sinistres. Cette
orientation des informations déjà existantes, provenant de conséquence devrait également s’inscrire dans le proces-
sinistres antérieurs, même si les causes de sinistres étaient sus du PA.
différentes. Par exemple, en cas de typhon ou d’inonda-
61
Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
Une fois que les différents scénarios individuels sont décrits, Évaluation des facteurs de risque individuels
il faut mettre au point des contre-mesures et établir une liste
de priorités pour les démarches suivantes. Il est important Le potentiel de sinistres est en règle générale relativement
de faire également une évaluation des conséquences possi- facile à exprimer en valeur monétaire. Le danger immédiat
bles pour sa propre société, sur une échelle allant de « négli- et l’efficacité des mesures de protection sont, par contre,
geable » à « menace existentielle ». La figure 4 présente un plus difficiles à évaluer. C’est pour cette raison qu’il est
schéma d’évaluation simple permettant de calculer le propre recommandé de se servir d’échelles d’évaluation utilisant
risque d’être touché par un dommage. des valeurs absolues (0 = peu important/très mauvais,
5 = très important/bon) et de réaliser l’évaluation au sein
d’une équipe composée de personnes provenant de divers
départements et occupant des fonctions variées. Les chiff-
res obtenus peuvent être repris dans une matrice prédéfinie
pour être ensuite évalués. La figure 5 montre un schéma de
ce type grâce auquel il est facile de constater si le risque se
trouve encore, ou non, dans un cadre acceptable.
+ potentiel de sinistres
Limite de tolérance
n
tio
pr re
ec
de esu
ot
Dimension
M
acceptable
Risque avec mesure
de protection
Potentiel de
Valeur maximale sinistres
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
Que peut-on faire pour lutter contre les effets (négatifs) Il ne suffit pas bien sûr de se contenter de donner une liste
d’une catastrophe ? de solutions possibles. Les mesures doivent être évaluées
en fonction de leur efficacité et des facteurs d’influence
Une fois que la définition des scénarios de sinistres et de présents. Et ceci sous-entend que les processus existants
leurs conséquences éventuelles est terminée, il faut spécifier et les objectifs de l’entreprise sont connus et intégrés dans
les contre-mesures. la planification.
Pour les processus complexes, il est conseillé de subdiviser Outre la rentabilité, les besoins en ressources et les effets
les actions prévues en : temporels, c’est le facteur humain qui joue un rôle essen-
tiel lors de catastrophes. Les paramètres indiqués à la
– mesures préventives figure 6 devraient donc être pris en considération pour la
– mesures à prendre pendant la catastrophe définition et l’évaluation des contre-mesures. Certains de
– reconstruction ou autres mesures consécutives ces paramètres peuvent, dans des cas individuels, se com-
pléter ou concourir. Il faut, le cas échéant, réévaluer les
divers aspects ou chercher des alternatives et des solu-
tions universellement applicables.
Mesures
Nombre des Effet monétaire immédiates
sinistres indivi-
duels attendus Acomptes
Facteurs
quantitatifs
Effet moral
Risque
existentiel
Urgence
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
Citons un exemple : le poids donné aux facteurs d’influence Les exemples de cas suivants, qui représentent des scéna-
dépend des valeurs « éléments temporels » et « dommages rios individuels, illustrent comment un plan d’urgence peut
propres/aux tiers ». Si ces composants se trouvent réunis se dérouler concrètement. La partie « Mesures » (secteur
dans un cas de sinistre, ce sont les intérêts du client qui, du bas dans le graphique ci-contre) comprend les mesures
pour des raisons d’orientation clients, auront priorité. Si un concrètes en cas de catastrophe et donc la part de planifi-
dommage subi par la société d’assurance représente un cation se trouvant, pour sa majeure partie, dans le manuel
danger pour la gestion des sinistres dans son ensemble, il d’urgence.
faut bien sûr tout d’abord régler le dommage de l’assureur.
Dans le cas d’une inondation, par exemple, une entreprise Exemple 1 : une inondation cause des dommages chez un
chargée du séchage s’occuperait en premier lieu des bâti- assureur. La figure 8 montre les diverses phases du PA,
ments et des installations de l’assureur. avec les éventuels problèmes internes de l’assureur.
La mise en application d’un PA Exemple 2 : les routes sont coupées à cause d’une inonda-
tion. La figure 9 montre les diverses phases du PA, prenant
Lorsque le PA est défini dans ses grandes lignes, on en en compte les éventuelles influences externes.
vient à la planification des détails qui sera suivi, par étapes,
de la mise en application. Celle-ci comprend différentes
phases indiquées à la figure 7.
Fig. 7 : Les différentes étapes de la mise en application du PA Le cadre du PA pour les mesures
nécessaires en cas de catastrophe
étant défini, il faut élaborer les
mesures individuelles et les
Planification détaillée de mesures de réduction ou de suppression des sinistres et créa-
mettre en place.
tion d’une cellule catastrophe et d’un groupe spécial catastrophe (Cat-Task-Force/CTF).
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
Fig. 8 : Les diverses étapes du déroulement d’un PA, avec les éventuels problèmes
internes de l’assureur.
Analyse des
Catastrophes avec temps Catastrophes sans risques
Risque
Tempête Inondation
Conséquences
Employés en Collaborateurs
Employés non touchés
vacances externes
Vérifier les
Régler l’accès Régler la
connaissances
aux systèmes coordination
linguistiques
Les cases marquées en orange montrent, tout au surcroît de travail, on peut faire appel aux emplo-
long du scénario, le surplus de travail administra- yés des départements sinistres d’autres branches
tif causé par le grand nombre de déclarations de ou d’autres secteurs géographiques. Il est néces-
sinistres à la suite d’une inondation et par consé- saire que les employés obtiennent les droits
quent le besoin accru de rédacteurs sinistres. d’accès nécessaires ainsi que les pouvoirs de
Une inondation est en général une catastrophe régler les sinistres. Il s’agit là d’une étape qui
avec un temps de pré-alerte ; il est donc possible peut être mise en œuvre de façon proactive, en
de prendre certaines mesures avant l’arrivée de amont.
l’événement. Pour être en mesure de maîtriser le
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
Analyse
Catastrophes avec temps Catastrophes sans temps des risques
Risque
Tempête Inondation
Interruption de la distribu-
Approvisionnement Comment
tion/du ramassage du
général interrompu l’événement
courrier
pourrait-il
toucher nos
clients ?
Impossible de faire Impossible d’envoyer les formulaires
une déclaration directe de déclaration de sinistres
Quelles sont
Mesures
Le scénario fait apparaître les effets rétroactifs tout enregistrer les sinistres sans perdre de
sur les processus d’affaires de l’assureur. Il se temps, un bureau provisoire est créé sur place
peut qu’à la suite d’une inondation, les routes dans lequel un expert sinistres est chargé de
vers la région touchée soit coupées et que le distribuer les formulaires, de recevoir les décla-
réseau téléphonique soit perturbé. Il est donc rations et d’organiser les visites d’inspection.
impossible de remettre une déclaration de L’expert peut par exemple transmettre une
sinistre par voie normale ou d’envoyer un déclaration groupée à l’assureur par téléphone
formulaire de déclaration. Pour pouvoir malgré satellite.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
– le type du sinistre,
– le nombre des sinistres individuels escomptés,
– la propagation géographique des sinistres individuels,
– l’infrastructure existante.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Plans d’action pour les assureurs
Communication
Perspectives
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Résumé et perspectives
Modèles de sinistres récurrents – Approches innovantes
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles
Résumé et perspectives
Nous avons eu à faire à une série d’événements naturels Gestion des sinistres : Quo vadis ?
importants dans le passé récent : les 4 ouragans aux États-
Unis en 2004, le typhon en Corée et au Japon en 2003, les Systèmes d’alerte précoce
inondations en Europe en 2002, les tempêtes d’hiver en
Europe en 1999 ainsi que les séismes en Turquie en 1999 et Il sera plus que jamais nécessaire de disposer de systèmes
au Japon en 1995. Toutes les catastrophes ont été soigneu- d’alerte précoce efficaces qui devront contribuer à l’établis-
sement analysées et des aspects intéressants ont été mis sement de prévisions précises sur les événements et à la
en lumière lors du règlement des sinistres, tout particuliè- mise en pratique d’une gestion proactive des sinistres. La
rement en ce qui concerne la situation d’urgence qui règne mise en œuvre des plans d’action peut ainsi avoir lieu
après la survenance d’une catastrophe et les défis aux- encore plus tôt. À cet égard, on peut, aujourd’hui déjà, citer
quels est confronté l’assureur. En nous appuyant sur des l’exemple des applications en matière de logistique de
exemples de sinistres, nous montrons clairement que l’information, grâce auxquelles les alertes aux intempéries
nombre de défis se posent, mais aussi qu’il existe des solu- lancées par les services d’information sont communiquées
tions pour optimiser la gestion des sinistres. Il faut s’occu- directement et à temps aux personnes touchées. Les infor-
per des clients avec encore plus de rapidité et de profes- mations météorologiques sont transmises aux personnes
sionnalisme. Car les sinistres font partie intégrante des sur le support qu’elles ont choisi (téléphone, téléfax, e-mail,
opérations d’assurance pour les assureurs directs et les téléphone portable, pager). Il est également possible de
réassureurs – et souvent, ce n’est que lorsqu’ils sont en consulter les alertes météo lorsque l’on change de lieu de
présence d’un sinistre que les clients et l’économie natio- résidence (pendant des voyages par exemple). Pour cela,
nale peuvent vraiment apprécier la qualité et la valeur les utilisateurs sont localisés via leur téléphone portable et
ajoutée offertes par les assureurs. reçoivent ensuite – si nécessaire – une alerte par SMS.
Aujourd’hui, la gestion professionnelle des sinistres dans À l’avenir, il sera accordé une importance beaucoup plus
le cadre du règlement des sinistres individuels est chez grande aux alertes précoces et, de ce fait, à l’intensification
tous les assureurs synonyme de « best practice ». Les dom- de la prévention des sinistres dans le domaine des risques
mages provoqués par des catastrophes naturelles dont il naturels.
est question ici montrent cependant que ce professionna-
lisme doit aussi être appliqué au management de milliers Géocodage
de sinistres de cumul et de gros sinistres. Pour la gestion
de sinistres d’urgence, il convient de se conformer au Le géocodage aide à identifier les modèles de sinistres et
principe suivant : à une catastrophe succède toujours une permet d’améliorer leur gestion au plan local. Nous avons
autre catastrophe ! Cela signifie qu’après la survenance montré en détail combien cette méthode est performante.
d’un événement il faut analyser ce qui a bien fonctionné, L’objectif poursuivi étant d’exploiter les possibilités offrant
ce qui a été négatif et comment on peut s’améliorer. Pour le plus grand potentiel de réduction des sinistres, une
permettre à nos clients d’effectuer une brève analyse, nous attention toute particulière sera accordée, dans le futur,
avons élaboré à leur intention, à titre de service, un catalo- aux systèmes de localisation par satellite.
gue de check-lists situé en annexe.
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Résumé et perspectives
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Annexe : check-lists pour une gestion
proactive des sinistres
Gestion professionnelle des sinistres pour
les assureurs et les assurés
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Conclure des accords-cadre avec des sociétés spécialisées dans la liquidation des
sinistres et dans le nettoyage et l’assainissement des locaux
Identifier et contrôler le risque de cumul des périls naturels que peut présenter
le portefeuille
Fournir aux clients des modèles NatCat et des outils appropriés (par ex. zones Cresta
et service MRcatPML) de façon à pouvoir évaluer l’exposition du portefeuille
Géocoder le portefeuille
Préparer des informations (cartes) indiquant les scénarios et les expositions auxquels
les zones touchées peuvent être confrontées
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Préparer une liste des numéros de téléphone et des adresses e-mail de tous les
gestionnaires de sinistres
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Créer sur place dans les zones sinistrées des bureaux mobiles chargés du règlement
des sinistres (ouverture des dossiers ou paiements)
Établir une liste des priorités pour le traitement des dossiers de sinistre et pour
les visites ; plusieurs mesures sont possibles :
– confier le règlement des gros sinistres et des sinistres pertes d’exploitation à des
inspecteurs-régleurs expérimentés
– fixer pour certains sinistres un règlement simplifié et sur seule étude du dossier
– documenter rapidement les sinistres afin de les distinguer des autres événements
et des événements précédents
– faire intervenir si possible le même inspecteur-régleur lorsqu’un assuré déclare
plusieurs événements dommageables
– faire appel, si besoin est, à des spécialistes de la fraude
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Conduite à adopter par l’assureur lorsqu’il a lui-même subi des dommages et qu’il n’y a
plus suffisamment de postes de travail ; plusieurs mesures sont possibles :
– installer les collaborateurs dans des bureaux mobiles
– créer des postes de travail à domicile connectés à l’Internet
– déplacer les personnels chargés du traitement des sinistres sur simple étude des
dossiers vers d’autres unités de l’entreprise qui n’ont pas été touchées
Traiter les questions relatives au règlement des sinistres ; plusieurs mesures sont
possibles :
– franchise applicable lorsque plusieurs événements naturels se chevauchent dans le
temps
– franchise applicable lorsque plusieurs risques couverts par une police sont frappés
par un sinistre
– plafonds d’indemnisation (question de l’indemnisation maximale ou de la franchise)
– dommages assurés en vertu d’arrêtés administratifs
– frais assurés (couverture des frais occasionnés par les mesures préventives ou
conservatoires suite à la catastrophe)
– pertes d’exploitation sans dommages matériels
– dommages indirects
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Identifier les défis ; établir une liste de priorités pour les activités
Distribuer le plan
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Mandater les inspecteurs-régleurs (leur mission est fonction, le cas échéant, du type
et du montant de sinistre, des pertes d’exploitation, de leurs connaissances linguis-
tiques)
Accords contractuels
Communication
Utiliser, le cas échéant, des systèmes GPS pour localiser le lieu d’assurance
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Donner aux inspecteurs-régleurs le pouvoir de régler les sinistres (compte tenu du type
et du montant)
Vérifier périodiquement s’ils connaissent les termes de la police ; contrôler si les ques-
tions importantes en matière de règlement (conditions de garantie et d’indemnisation)
ont été prises en compte
Vérifier que les règles de construction des bâtiments ont été respectées
Élaborer des mesures visant à détecter le double décompte des frais de déplacement
(en cas d’intervention d’un inspecteur dans la même zone)
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Vérifier quel type de sinistre doit être traité en priorité (dommages dus à l’humidité,
moisissures)
Conclure éventuellement des accords de coopération (en exclusivité) entre les sociétés
de nettoyage et d’assainissement et les assureurs et/ou les assurés
Vérifier la structure des droits et des coûts des prestations de nettoyage et d’assainis-
sement (montant des travaux, montants fixes, prix par unité)
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Identifier les zones touchées par les périls naturels et demander des informations à
l’assureur local
En cas d’exposition aux périls naturels, se renseigner auprès des autorités locales pour
savoir s’il existe des plans d’urgence et d’évacuation
Personnel
Bâtiments et équipements
Tenir compte des règles de sécurité en vigueur pour la construction et/ou la remise en
état de bâtiments et d’équipements. Consulter l’assureur, le réassureur, l’architecte ou
l’ingénieur du génie civil pour obtenir des conseils professionnels sur les mesures de
prévention des sinistres
Vérifier l’installation pour détecter les points faibles et son éventuelle vulnérabilité et
prendre des mesures pour réduire ces risques
Contrôler à intervalles réguliers les divers éléments des installations sur le plan de la
construction, de la technique et de l’organisation
Envisager de déplacer les documents et les équipements dans des endroits sûrs
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
Mesures spécifiques
1. Inondation
Vérifier si les zones où se trouvent les installations sont exposées aux risques
d’inondation, de refoulement et de pluies torrentielles
Déplacer les documents et les équipements et les mettre dans des endroits plus élevés
Réfléchir aux mesures de protection des installations contre les inondations ; plusieurs
mesures sont possibles :
– mettre en œuvre les dispositifs de coupure d’urgence des installations
– boucher les fenêtres, les portes ou autres ouvertures à l’aide de matériaux résistants à
l’eau (parpaings ou briques)
– installer des clapets anti-retour et anti-refoulement pour éviter le retour des eaux dans
les locaux techniques
– renforcer, le cas échéant, les murs afin qu’ils puissent mieux résister à la pression
hydraulique
– construire des murs étanches autour des équipements ou des zones de travail des
installations, particulièrement exposés aux inondations
– envisager la construction de murs de protection ou de digues à l’extérieur de
l’installation industrielle afin de retenir l’eau
– ancrer les cuves de stockage (des combustibles, des produits chimiques) pour
éviter qu’elles ne soient soulevées et emportées par l’eau ; remplir les cuves vides ;
rehausser les conduits de ventilation
– serrer les freins des grues et fixer les ponts mobiles
– protéger ou déplacer les biens entreposés à l’air libre
– installer, le cas échéant, des portes étanches
– prévoir, le cas échéant, des ouvertures dans les soubassements de façon à ne pas
gêner l’écoulement de l’eau (pour ne pas affecter la solidité du bâtiment)
– mettre en place des murs mobiles de protection contre les inondations
– installer éventuellement une pompe avec une alimentation de secours pour pomper
l’eau en permanence
– identifier les matériaux ou produits chimiques dangereux qui sont dans des entrepôts
inondables, les déplacer ou les stocker en hauteur
– stocker les documents importants et les objets de valeur en lieu sûr
– couper l’alimentation des installations électriques pour éviter les courts-circuits dus à
l’humidité
– protéger les fours, les chauffe-eau, les tableaux électriques et autres équipements, les
surélever ou les déplacer
– déplacer les contenus/les biens pouvant être inondés ; réduire les stocks exposés aux
inondations ; si possible, les mettre en hauteur, les déménager ou les mettre à l’abri
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
2. Tremblement de terre
Faire vérifier par un expert (ingénieur du génie civil) les défauts de structure
Mettre au point des mesures de renforcement et de protection et établir une liste des
priorités ; plusieurs mesures sont possibles :
– ajouter au cadre des entretoises métalliques ou des murs de renforcement
– renforcer les colonnes et murs de fondation des bâtiments
– remplacer les murs en briques qui ne sont pas renforcés avec du ciment
– descendre les gros objets lourds sur les rayons inférieurs des étagères ou les poser
sur le sol et les fixer s’ils présentent un danger pour les personnes
– fixer les étagères, les armoires de rangement, les meubles hauts, les appareils de
bureau, les ordinateurs, les imprimantes, les photocopieuses et autres appareils
inventoriés pour les empêcher de glisser ou de se renverser
– ancrer dans le sol les équipements stationnaires et les machines qui pèsent lourd
– mettre, si possible, les équipements plus grands sur des roulettes et les attacher aux
murs avec des sangles
– mettre, si nécessaire, des entretoises dans les plafonds suspendus
– poser, là où c’est nécessaire, du verre de sécurité
– protéger les conduites d’alimentation et les conduites industrielles principales
– protéger plus particulièrement les systèmes de secours (colonnes sèches)
– installer des embouts flexibles sur les conduites de façon à empêcher toute fuite de
gaz ou d’eau
– respecter les normes de construction locales et les règles d’utilisation des sols
Préparer des doubles des plans de construction pour pouvoir apprécier la solidité du
bâtiment après un séisme
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Annexe
3. Tempête
Mettre en œuvre l’alerte aux tempêtes ainsi que les plans d’évacuation et préparer des
moyens de transport pour les collaborateurs
Préparer une couverture de toit et des bâches pour réduire les dommages consécutifs
Installer des pompes pour éliminer l’eau et prévoir une alimentation électrique de
secours
Mettre en place des mesures d’assainissement (séchage par exemple) pour éviter les
dommages consécutifs dus à l’humidité (corrosion, moisissures)
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Münchener Rück, Gestion des sinistres dus aux catastrophes naturelles Auteurs
Auteurs
Pr. Dr. Peter Höppe Uwe Kastl Dr. Horst Kirrmann Dr. Wolfgang Kron
Responsable du Groupe de Ingénieur Gestionnaire Risques et Ingénieur Gestionnaire Risques et Responsable Risques hydrologiques;
Recherche GéoRisques/Gestion Sinistres Sinistres Département des risques géophy-
de l’environnement – Corporate Secteur Opérationnel Claims Département Sinistres – Asie, siques et hydrologiques, Groupe de
Underwriting/Global Clients Management and Consulting – Australasie, Afrique Recherche GéoRisques/Gestion de
Corporate Underwriting/Global l’environnement – Corporate Under-
Clients writing/Global Clients
Peter Wißhak
Juriste Gestionnaire Sinistres
Secteur Opérationnel Claims
Management and Consulting –
Corporate Underwriting/Global
Clients
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