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Table des matières

Introduction générale :............................................................................................................... 3


I.Introduction :............................................................................................................................ 4
II.Les technologies actuelles de stockage et leur état de maturité : ......................................... 4
1.Mode de stockage mécanique : .......................................................................................... 5
i.Station de transfert d’énergie par pompage (STEP) : ....................................................... 5
ii.Stockage par air comprimé classique (CAES, Compressed Air Energy Storage) : ............ 8
2.Mode de stockage électrochimique : ................................................................................ 10
i.Les batteries : .................................................................................................................. 10
ii.Les supercondensateurs :............................................................................................... 12
3.Mode de stockage thermique : ......................................................................................... 12
4.Mode de stockage chimique : l’hydrogène ....................................................................... 14
III.Les verrous technologiques ou les besoins en R&D :........................................................... 15
STEP .................................................................................................................................... 15
CAES .................................................................................................................................... 15
Procédés électrochimiques ................................................................................................ 16
Stockage de chaleur............................................................................................................ 16
Stockage d’hydrogène ........................................................................................................ 16
IV.Un marché de moyen-long terme :...................................................................................... 17
V.Conclusion : ........................................................................................................................... 18

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Table des figures
Figure 1:les différentes technologies de stockage en fonction de leur puissance et du temps
de décharge (autonomie) ........................................................................................................... 5
Figure 2:Schéma de fonctionnement d’une STEP ...................................................................... 6
Figure 3: REVIN A LES ARDENNES-FRANCE ................................................................................ 7
Figure 4:EL-HIERRO A CANARIES-ESPAGNE................................................................................ 7
Figure 5:Grand 'Maison A ISÉRE-FRANCE ................................................................................... 7
Figure 6:Huntorf,Allemagne et McIntosh,Albama ..................................................................... 9
Figure 7:les power Wall de TESLA ............................................................................................ 11
Figure 8:les power pack de TESLA ............................................................................................ 11
Figure 9:Neubrandenburger Stadtwerke, Allemagne .............................................................. 13
Figure 10:exemple des BTES .................................................................................................... 13
Figure 11:La plateforme MYRTE ,Corse .................................................................................... 15
Figure 12:Synthèse des principales caractéristiques des technologies de stockage massif
d’énergie................................................................................................................................... 16

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Introduction générale :

La transition écologique et énergétique apparaît pour tous comme nécessaire pour satisfaire
les besoins d’une population mondiale croissante en respectant les contraintes
environnementales. Cette évolution sera fondée sur un mix énergétique durable et dans ce
cadre, l’utilisation des énergies renouvelables devrait s’intensifier dans les prochaines
décennies pour répondre à l’augmentation de la demande d’énergie électrique mondiale.
Ainsi, l’AIE (Agence internationale de l’énergie) prévoit que 40 % de l’électricité proviendra
des énergies renouvelables avant 2050. Parmi ces énergies renouvelables, certaines ont une
production irrégulière et intermittente, et le stockage d’énergie est une des solutions pour
accroître leur déploiement au sein d’un réseau électrique efficace et intelligent.

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I. Introduction :
Le stockage de l’énergie concerne principalement le stockage de l’électricité et celui de la
chaleur. Le stockage de l’électricité vise à répondre à quatre problématiques principales :
La récupération de la production d’énergie excédentaire par rapport à la demande du
moment, la fourniture d’énergie pour compenser l’insuffisance due au caractère intermittent
de l’offre, la fourniture d’énergie pour alimenter un pic de demande occasionnel et la
fourniture d’énergie en cas de défaillance du système électrique ou de mauvaise qualité du
réseau local.
Le stockage de la chaleur est avant tout destiné au chauffage et à la climatisation des
bâtiments, de la maison individuelle au quartier ou au village.
À ce jour, le stockage direct de l’énergie électrique n’étant pas possible, l’électricité est
convertie en énergie potentielle qui est stockée puis récupérée et retransformée pour être
utilisable. En revanche, la chaleur peut être stockée directement via un matériau spécifique
ou transformé, en énergie chimique par exemple.
La nature du stockage est multiple et fonction du temps de décharge, de la puissance et de la
durée requises. Le stockage peut être à usage fixe ou centralisé, on parle alors de stockage
stationnaire, mais il peut être aussi mobile, il est alors qualifié d’embarquer (moyens de
transport, appareils électroniques, etc.). On différencie aussi le stockage en fonction de sa
capacité (quantité de charge électrique disponible) : le stockage est dit de faible capacité
lorsque celle-ci est de l’ordre du kWh et de forte capacité si elle est supérieure à 10 MWh.
Dans ce cas, on parle de stockage massif de l’énergie.

II. Les technologies actuelles de stockage et leur état de maturité :


Les technologies de stockage massif de l’énergie se déclinent selon quatre catégories :
Energie mécanique : Cette catégorie regroupe les voies les plus connues de stockage à
grande échelle, les STEP et les CAES. Elle inclut aussi les volants d’inertie, les
accumulateurs hydrauliques, et plus généralement tout type de stockage d’énergie
potentielle ou cinétique.
Energie électrochimique : Les batteries. C’est la voie la plus connue du grand public,
les batteries ayant de nombreuses applications quotidiennes (véhicules, téléphones
portables…). Cette catégorie comprend aussi les batteries à circulation (dont batteries
redox), basées sur le même principe mais dont les solutions actives sont contenues
dans des réservoirs séparés, permettant ainsi de gérer la capacité énergétique
indépendamment de la puissance de la batterie. Les technologies de batteries sont
multiples et possèdent des caractéristiques très variables.

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Energie électrostatique/magnétique : Certains systèmes permettent de stocker
l’énergie directement sous forme électrique : les condensateurs, qui permettent
d’accumuler des électrons. Les SMES, eux, la convertissent en énergie magnétique.
Energie thermique : De nombreuses solutions de stockage de froid (glace, liquides
cryogéniques) et de chaud (sels fondus, accumulateurs de vapeur, graviers ou billes à
changement de phase…) existent et permettent de stocker l’énergie sous forme
thermique (chaleur latente, chaleur sensible) avant de la restituer, le plus souvent
directement sous forme de chaleur ou de froid, mais aussi parfois sous forme
électrique.
Energie chimique : Il s’agit d’utiliser l’électricité pour constituer un composant
chimique, une molécule, qui a ensuite la capacité, en brûlant ou via une pile à
combustible par exemple, de restituer de l’énergie. L’hydrogène et le méthanol en sont
deux exemples.

Figure 1:les différentes technologies de stockage en fonction de leur puissance et du temps de décharge (autonomie)

La figure 1 montre que les technologies permettant la gestion de fortes puissances sur des
périodes longues concernent principalement les STEP, les CAES et la chaleur. Le stockage
massif de l’énergie est majoritairement du stockage stationnaire mais quelques batteries
mobiles peuvent aussi stocker des quantités d’énergie de l’ordre de quelques dizaines de
MWh. Ces batteries sont utilisées comme réserve d’énergie à la différence des batteries UPS
(Uninterrutible Power Systems) qui livrent une brève impulsion en régime continu (pour
mettre en route un générateur de secours par exemple).
1. Mode de stockage mécanique :
i. Station de transfert d’énergie par pompage (STEP) :
Ce système de stockage repose sur le principe de l’énergie gravitaire. Il représente près de 99 % des
capacités de stockage massif d’énergie installées dans le monde avec près de 400 STEP pour une
capacité totale d’environ 125 GW.
Ce système, lié à l’énergie hydraulique, fonctionne sur le principe de deux retenues d’eau à des
hauteurs différentes et est souvent couplé avec un barrage. Lorsque l’électricité est produite en excès,
l’eau du bassin inférieur est pompée via une conduite forcée vers le bassin supérieur, qui devient un
réceptacle d’énergie potentielle. Lorsque le besoin se fait ressentir, une partie du réservoir supérieur,
est vidée et par gravité, l’eau passe dans une turbine qui produit l’électricité.

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C’est un système
réversible qui
associe pompe et
turbine (fig. 2).

Figure 2:Schéma de fonctionnement d’une STEP

Dans le monde, il existe plus d’une soixantaine de STEP en activité ou en construction d’une
capacité supérieure à 1 000 MW. Celles-ci sont principalement situées en Chine, au Japon et
aux États-Unis. Citons notamment la STEP de Bath County en Virginie (États-Unis) qui dispose
d’une capacité supérieure à 3 000 MW, soit l’équivalent de la puissance moyenne de trois
réacteurs nucléaires.

En France, il existe actuellement 7 principales STEP en activité offrant une capacité d’appoint
significative au réseau électrique national (par ordre de puissance de turbine) :

Barrage de Grand ‘Maison, Isère, 1 800 MW,


Centrale de Montézic, Aveyron, 910 MW,
Centrale de Revin, Ardennes, 800 MW,
Barrage de Bissorte, Savoie 748 MW,
Le Cheylas, Isère, 480 MW,
Centrale de La Coche, Savoie, 310 MW,
Lac Noir, Haut-Rhin, 50 MW

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Toutes ces installations ont été mises en service au cours des années 1970/1980 et sont
exploitées par EDF.

Figure 3:EL-HIERRO A CANARIES-ESPAGNE Figure 4: REVIN A LES ARDENNES-FRANCE

Figure 5:Grand 'Maison A ISÉRE-FRANCE

➢ Passé et présent

L’usage du stockage hydraulique par pompage apparait à la fin des années 1890 en Italie et en
Suisse. La première centrale de pompage en France est construite sur le lac Noir dans les
Vosges en 1933. Les premières turbines hydroélectriques réversibles sont également
commercialisées au cours des années 1930. Le développement à grande échelle des STEP en
France a toutefois lieu dans les années 1970 dans le contexte du premier choc pétrolier et du
développement du parc nucléaire, alors que le différentiel de coûts entre heures creuses et
heures de pointe s’accroît.

➢ Futur

Dans son rapport sur l’hydroélectricité à l’horizon 2050, l’AIE suggère deux innovations pour
faire progresser les technologies des STEP :

• L’utilisation de machines hydroélectriques à vitesse variable permettant un meilleur


contrôle des volumes d’eau pompés ou turbinés. Une telle usine de 1000 MW a
démarré en 2012 en Chine avec des ensembles à vitesse variable d’Alstom ;

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• Le développement de STEP marines, connectées à des unités de production offshore
comme les éoliennes offshore ou énergies marines (entre 2020 et 2050). L’AIE identifie
la Normandie et la Bretagne comme des sites propices à ce type de développement. Il
existe également des possibilités sur les côtes méditerranéennes.

Les développements les plus probables sont des STEP utilisant une retenue existante comme
réservoir bas. Le réservoir haut de relativement petite taille a un impact environnemental
faible et facilement acceptable.

Ce sont les tarifs d’achat et de vente d’électricité qui ont le plus d’impact sur le développement
des STEP. La Belgique et la Suisse développent par exemple des STEP en vue d’exporter de
l’électricité vers la France.

ii. Stockage par air comprimé classique (CAES, Compressed Air Energy Storage) :

Le principe du CAES repose sur l’élasticité de l’air : l’air est d’abord comprimé via un système
de compresseurs, à très haute pression (100 à 300 bar) pour être stocké dans un réservoir
(cavités souterraines par exemple). Pour récupérer cette énergie potentielle, l’air est détendu
dans une turbine qui entraîne un alternateur. Comme l’air se réchauffe pendant sa
compression, la chaleur à la sortie du compresseur peut être récupérée via des échangeurs et
stockée afin d’être utilisée pour réchauffer la turbine. Deux types de stockage à air comprimé
sont à considérer : le CAES et le stockage par air comprimé adiabatique avancé (AA-CAES).

➢ Caractéristiques classiques d’une installation CAES

Puissance : 10 à 300 MW hors démonstrateurs ;


Production annuelle : de 10 MWh à 10 GWh ;
Temps de réponse (temps nécessaire pour faire passer le système d’un état de
stockage sans décharge à une décharge à pleine puissance) : quelques minutes ;
Efficacité : ~50 % pour les systèmes conventionnels, ~70 % pour les adiabatiques
et ~95% pour les isothermes (pour le système détendeur / compresseur) ;
Durée de vie : potentiellement supérieure à 30 ans ;
Coûts d’investissement (CAPEX) : 400 à 1 200 €/kW

➢ Zone d'utilisation

Il existe actuellement dans le monde une dizaine de CAES, en production ou en construction.


Citons :

Huntorf en Allemagne : 290 MW en 1979, utilisant une mine de sel, 3h de stockage ;


McIntosh aux États-Unis (Alabama) : 110 MW en 1991, utilisant une mine de sel, 26h
de stockage ;
Hokkaido au Japon : 2 MW en 2001, utilisant une mine de charbon, 4h de stockage ;

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Le projet de sustainx aux États-Unis (New Hampshire) : 1 MW en 2011 en surface, 4h
de stockage ;
Le projet d’Hydrostor au Canada : 1 MW prévus en 2013 en sous-marin, 4h de
stockage ;
Le projet de General Compression aux États-Unis (Texas) : 2 MW prévus en 2014,
utilisant une mine de sel, 16h de stockage ;
Le projet ADELE en Allemagne : 90 MW prévus en 2018, utilisant une mine de sel, 4h
de stockage ;
Le projet de PG&E aux États-Unis (Californie) : 300 MW prévus en 2021, utilisant une
mine de sel, 10h de stockage ;
Le projet à Norton aux États-Unis (Ohio) : 2 700 MW, utilisant une mine de calcaire,
16h de stockage.

Figure 6:Huntorf,Allemagne et McIntosh,Albama

➢ Passé et présent

Le CAES est un système de stockage relativement ancien : la première installation a été


construite en Allemagne en 1979. Néanmoins, le développement des CAES a été limité au
cours des décennies suivantes. Le rendement d’environ 50% des CAES conventionnels alors
utilisés ne permettait pas d’obtenir un niveau de rentabilité satisfaisant.

Les avancées technologiques et en particulier le développement des CAES adiabatiques ont


relancé l’intérêt pour ce mode de stockage. L’efficacité des CAES adiabatiques, autour de 70%,
permet en effet de rivaliser avec d’autres systèmes de stockage, comme les STEP.

➢ Futur

Le passage au stade industriel des CAES isothermes renforcera très probablement d’avantage
l’intérêt pour ce mode de stockage, dans un contexte de forte appétence pour les systèmes
de stockage d’énergie. Avec une efficacité d’environ 95% (pour le système
détendeur/compresseur), les CAES isothermes ont des rendements proches des systèmes de

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stockage les plus performants (par exemple les batteries lithium-ion ou les
supercondensateurs).

Un intérêt particulier est porté sur les CAES adiabatique en raison de leur meilleur rendement
augurant une meilleure rentabilité économique. De nombreux projets sont actuellement à
l’étude ou en cours de construction dans ce sens. Le début des phases d’opération de ces
systèmes occasionnera une réévaluation globale tant technique qu’économique des CAES en
général.

2. Mode de stockage électrochimique :

i. Les batteries :

Ce mode de stockage, dont le principe repose sur la conversion de l’énergie chimique en


énergie électrique, concerne principalement les batteries (raccourci pour "batterie
d’accumulateurs" en série), piles et accumulateurs.

Les batteries utilisées comme réserve massive d’énergie peuvent délivrer une puissance
pendant quelques heures ou sur plusieurs jours et résister à un certain nombre de cycles de
charge/décharge. Leur utilisation se situe plutôt à l’échelle d’un bâtiment ou d’une petite
collectivité où elles permettent d’optimiser la gestion de sources d’énergie renouvelables,
solaire ou éolienne (ou autre), notamment pour le lissage de la charge journalière en
stationnaire. Quelques batteries au plomb peuvent répondre à ce besoin, de même que des
batteries au sodium ou lithium-ion, mais ce sont surtout les batteries à flux qui font l’objet
d’études pour le stockage massif à ce jour.

En effet, la notion de durée de vie liée au nombre de cycles de charge/décharge entre en ligne
de compte pour l’utilisation des batteries en stationnaire : les batteries à flux peuvent
revendiquer plus de 10 000 cycles, contre quelques centaines pour les batteries au plomb,
voire quelques milliers pour les nouvelles batteries sodium (NaS et Zebra). Les systèmes de
stockage électrochimique sont généralement composés d’un ensemble de batteries qui
cumule la puissance de chaque unité ; leur attractivité repose sur leur flexibilité et leur
réactivité.
Selon le communiqué de Tesla, « le déploiement des Powerwall et Powerpack a connu une
croissance de 81 % au second trimestre pour atteindre un record de capacité de stockage de
415 MWh (mégawattheures) ».

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Les Powerwall – des batteries de stockage domestique pouvant emmagasiner jusqu’à 14 kWh
d‘électricité – sont maintenant installées sur plus de 50.000 sites. Elles permettent de
remédier à l’intermittence des énergies renouvelables, d’acheter l’électricité prioritairement
aux heures creuses et de disposer d’une alimentation de réserve en cas de panne du réseau.

Figure 7:les power Wall de TESLA

Les Powerpack sont les versions de stockage industriel d’une capacité de 210 kWh. Ils peuvent
être assemblés pour constituer des batteries géantes utilisées par exemple pour stabiliser les
réseaux énergétiques. Fin 2017, Elon Musk, le boss de Tesla avait fait sensation en tenant son
engagement de construire en moins de 100 jours la plus grande batterie au monde, capable
d’alimenter 30.000 familles en électricité. L’assemblage de ces batteries est réalisé dans
l’usine de Fremont, en Californie, alors que la fabrication des cellules est assurée dans la
Gigafactory 1 au Nevada par le partenaire de Tesla, Panasonic.

Figure 8:les power pack de TESLA

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ii. Les supercondensateurs :
En parallèle aux batteries, les supercondensateurs sont une autre façon de stocker l’énergie
électrique. Cette technologie, à mi-chemin entre la batterie et le condensateur, permet une
application urbaine.
Les supercondensateurs possèdent une grande densité de puissance mais une faible densité
énergétique, ce qui va les rendre efficaces pour gérer les petites fluctuations dans la
production d’électricité. C’est surtout dans le domaine du transport que se trouvent les
applications de ces composants ; des constructeurs comme Alstom en France équipent des
trams et des bus pour stocker l’énergie au freinage dans des villes comme Mannheim,
Heidelberg (Allemagne), Paris, Lyon, Genève, Hong-Kong, etc… Au Royaume-Uni, et plus
précisément au Pays de Galles (université de Glamorgan), un bus hybride est équipé de
supercondensateurs. Cependant, cette solution ne répond qu’à une petite partie des enjeux
sur le stockage d’énergie car ces supercondensateurs ne peuvent pas stocker de l’énergie sur
une longue durée.
Enfin, les coûts de production de ces unités sont élevés et ne facilitent pas leur diffusion. Pour
remédier à ces défauts, le graphène semble être un matériau intéressant

3. Mode de stockage thermique :

Le stockage de chaleur concerne principalement le chauffage (ou la climatisation) des


bâtiments, qui représente près de 50 % de la consommation énergétique en Europe.

Les sources de chaleur proviennent en premier lieu du solaire pour lequel le stockage
permettrait de réduire les effets de son intermittence et du décalage entre les périodes les
plus productives (le jour/l’été) par rapport aux périodes de plus grandes demandes (le
soir/l’hiver).

Il est également possible de stocker la chaleur produite par certaines industries en corollaire
de leur activité principale (centrales à gaz ou d’incinération par exemple).

Tout matériau possède la capacité de libérer ou de stocker de la chaleur via un transfert


thermique ; ce transfert peut être par chaleur sensible, c’est-à-dire par changement de la
température du matériau — la chaleur est alors emmagasinée dans le matériau —, ou par
chaleur latente, c’est-à-dire par changement de phase du matériau, généralement
changement solide/liquide d’un matériau pour lequel la variation volumique est faible.

Le stockage de la chaleur peut aussi se faire par voie thermochimique (ou sorption) via des
procédés mettant en œuvre des réactions chimiques réversibles qui permettent de séparer
un produit sous l’effet d’une source de chaleur. Les deux (ou plus) composants sont alors
stockés séparément sans perte thermique et la chaleur est restituée lorsqu’ils sont remis en
présence en réformant le produit initial.

➢ Chaleur sensible

Le stockage sensible de grande capacité concerne surtout le stockage saisonnier en réservoirs,


que ce soit en réservoirs souterrains dans des aquifères naturels (nommés ATES pour Aquifer
Thermal Energy Storage), dans des roches ou en souterrain (appelés UTES ou BTES pour

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Underground ou Borehole Thermal Energy Storage) ou encore dans des cuves en surface ou
plus ou moins enterrées.

L’inertie thermique est un des facteurs clés des matériaux de stockage étudiés tels que des
sables, des bétons ou des céramiques. La capacité des matériaux à supporter de très hautes
températures constitue un autre facteur déterminant.

Quelques ATES existent déjà, comme celui de Neubrandenburger Stadtwerke en Allemagne,


mis en service en 2004 et mettant en œuvre un stockage de 4 MW de puissance, à une
température entre 60 et 80 °C dans un aquifère à une profondeur de 1 200-1 300 m, en
relation avec une centrale à gaz et à vapeur.

Figure 9:Neubrandenburger Stadtwerke, Allemagne


Plusieurs projets structurants sont en cours ; le programme ECES (Energy Conservation
through Energy Storage) de l’AIE est probablement le plus actif (15 projets en cours), mais des
actions sont également lancées en Europe (programmes de l’EERA, European Energy Research
Alliance) et en France (projets ANR-Ancre, suite au projet Geostocal).

Les exemples d’UTES ou de BTES sont assez nombreux notamment en Norvège ou au Canada,
comme par exemple le Drake Landing Solar Community (DLSC) dans l’Alberta qui alimente en
hiver un quartier de plus de 50 maisons grâce à de la chaleur solaire stockée en été (fig. 5).

Figure 10:exemple des BTES

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Une autre voie en cours d’étude est le stockage de chaleur lié aux centrales solaires
thermodynamiques, qui consistent à concentrer le rayonnement solaire sur un récepteur
permettant de chauffer à haute température un fluide caloporteur qui, directement ou après
stockage, va activer un générateur d’électricité via une turbine. Le type de fluide caloporteur
est généralement un sel fondu, mais des projets sont en cours pour identifier d’autres fluides
comme par exemple des verres fondus (projet Halotechnics, programme HEATS, USA).
➢ Chaleur latente
Les matériaux à changement de phase (MCP) qui présentent des opportunités intéressantes
pour le stockage de chaleur latente sont de plusieurs types : métaux, matériaux organiques
(acides gras et paraffines) ou inorganiques (sels hydratés). Ces matériaux sont souvent utilisés
dans les matériaux de construction pour tempérer les bâtiments.
Il n’existe pas à ce jour d’installations de stockage de grande capacité basées sur ce principe
mais de nombreux projets sont en cours, en particulier aux USA, comme par exemple le projet
Metallic Composites Phase-Change Materials for High-Temperature Thermal Energy Storage
conduit au MIT sur les nanomatériaux fondus.
➢ Mode de stockage thermochimique :
Par rapport aux deux voies précédentes, les procédés mis en œuvre ici sont plus complexes :
séparation des produits au stockage, mise en contact des réactants à la restitution, possibilité
de changements de phase lors du cyclage.
Les réactions de sorption semblent les plus adaptées à la climatisation des bâtiments et des
applications existent ; la société suédoise ClimateWell, par exemple, propose un système
commercial de climatisation/ stockage par absorption à trois phases utilisant une solution
saturée de LiCl en contact avec du LiCl solide.
Plusieurs pilotes ont été réalisés comme le système allemand à partir
d’hydratation/déshydratation de zéolite ou de gel de silice.
En France, le projet ANR Prossis vise à étudier un procédé de stockage intersaisonnier utilisant
les propriétés d’hydratation/déshydratation de LiBr, jusqu’à la cristallisation.
4. Mode de stockage chimique : l’hydrogène
Au-delà de ses applications comme carburant, l’hydrogène, vecteur énergétique, pourrait
constituer une source de chaleur et d’électricité pour les bâtiments ou les lieux difficilement
reliés au réseau. En cas de surproduction, l’électricité excédentaire servirait à produire de
l’hydrogène qui pourrait être stocké et reconverti en électricité au moment du besoin.
À l’heure actuelle, plusieurs projets portent sur des systèmes de stockage d’hydrogène de
grande capacité (réservoirs de stockage tampon ou réservoirs souterrains) entre sources
d’énergies intermittentes et réseaux électriques. Ainsi, la plateforme MYRTE récemment
installée en Corse illustre ce principe : elle est constituée d’une centrale photovoltaïque d’une
puissance installée de 560 kW reliée à un électrolyseur qui convertit l’électricité en hydrogène
pendant les heures creuses ; cette énergie est ensuite restituée via une pile à combustible qui
reconvertit l’hydrogène et l’oxygène en électricité pendant les heures de forte consommation.

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Des recherches sont également en cours sur le stockage par sorption dans des solides où
l’hydrogène est produit par décomposition d’hydrures. Un consortium européen vient d’être
lancé sur ce sujet (projet INGRID, dont McPhy Energy est le leader) pour la construction et
l’exploitation d’une installation de stockage d’énergie de 40 MWh raccordée au réseau
électrique dans la région des Pouilles en Italie, où l’hydrogène est stocké sous forme d’un
alliage d’hydrure de magnésium (MgH2) solide.
L’hydrogène produit pourrait également être injecté dans le réseau gazier (technologie Power
to Gas) bénéficiant ainsi de l’infrastructure gazière existante. Des études sont en cours sur la
possibilité d’injecter plus de 10 % d’hydrogène dans les réseaux gaziers.

Figure 11:La plateforme MYRTE ,Corse

III. Les verrous technologiques ou les besoins en R&D :


De façon générale, les technologies actuelles ont toutes besoin d’améliorations significatives
pour développer un marché à un taux de rentabilité compétitif.
Les principaux sujets de recherche portent sur les procédés de fabrication et de mise en
œuvre, les matériaux (contenant et contenu), le rendement global, l’autodécharge et les
pertes, la durée de vie et le vieillissement, la sécurité, la localisation et le lien avec le réseau
(approche système).
STEP
Si on peut considérer les STEP en région montagneuse à un niveau mature, des recherches
sont toujours nécessaires pour optimiser les pompes-turbines (diminuer les pertes, vitesse
variable) et les infrastructures. L’utilisation de cette technologie en bord de mer doit encore
faire l’objet de recherches, pour limiter la corrosion par l’eau salée entre autres. En outre, des
études sont aussi à conduire pour identifier les meilleurs sites potentiels, et évaluer les besoins
en génie civil et les impacts sur l’environnement.
CAES
Des recherches sont en cours pour améliorer le fonctionnement du système de compression
sous haute pression et haute température. Concernant le réservoir de stockage de la chaleur,

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la nature et les caractéristiques du container comme du milieu caloporteur sont critiques,
notamment pour limiter les pertes. La tenue mécanique et la conductivité des matériaux pour
les échangeurs sont aussi à améliorer. La turbine de détente, quant à elle, doit bien adapter
la contrainte de variation de pression, par exemple à la haute température. Des progrès sont
également attendus sur l’étanchéité et la stabilité des cavités des systèmes AA-CAES. Les
possibilités de stockage autres qu’en souterrain restent aussi à explorer.
Procédés électrochimiques
Dans ce domaine, les progrès sont principalement attendus au niveau des matériaux et des
composés chimiques utilisés notamment en liaison avec la thermique. De nouveaux procédés
de fabrication et de mise en œuvre sont également étudiés, ainsi que des avancées sur la
gestion de la batterie elle-même (gestion des réserves d’électrolytes entre autres) pour
augmenter la durée de vie, l’autonomie et le recyclage du système. Les problématiques
environnementales et de sécurité sont également à prendre en compte car les batteries
contiennent des solvants polluants ou des terres rares (le lithium), et le sodium fondu à 300
°C ou les batteries Li-ion peuvent se révéler dangereuses.
Stockage de chaleur
Les principaux axes de recherche portent sur les matériaux, dont il convient de diversifier
l’offre, d’augmenter la durée de vie et d’améliorer les propriétés thermophysiques (haute
température, rendement). La diminution du volume d’encombrement et la réduction des
pertes entre stockeurs et échangeurs constituent deux autres voies d’évolution.

Stockage d’hydrogène
Dans ce domaine, les attentes portent d’abord sur la production propre d’hydrogène.
Concernant le stockage, les recherches concernent l’élaboration de nouveaux concepts et de
nouveaux matériaux avec le maximum de sécurité et à un coût acceptable ; citons deux
exemples de projets ANR en cours que sont le stockage de l’hydrogène dans les solides à
pression ambiante et le stockage sous haute pression (350-700 bar).

Figure 12:Synthèse des principales caractéristiques des technologies de stockage massif d’énergie

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IV. Un marché de moyen-long terme :
De nombreux paramètres vont définir la croissance des besoins en solutions de stockage
massif de l’énergie dont en particulier :
Le poids des énergies intermittentes dans la production d’électricité et leur intégration
dans les réseaux électriques ;
La concurrence des solutions alternatives ;
Les évolutions technico-économiques des solutions proposées ;
Le cadre réglementaire.
La part des énergies intermittentes dans la production est un élément déterminant dans
l’émergence ou la consolidation d’un marché pour le stockage massif d’énergie. Plus cette part
sera élevée, plus les besoins seront prégnants.
L’utilisation d’énergie électrique va augmenter fortement dans les prochaines années. Tirée
par une demande d’énergie primaire qui pourrait croître de plus de 60 % entre 2000 et 2035,
la production d’électricité supplémentaire issue des énergies intermittentes (éolien et
photovoltaïque) pourrait, au niveau mondial, atteindre 3 000 TWh en 2035 et représenter
ainsi près de 37 % de la croissance sur la période 2015-2035.
En France, la consommation d’électricité a augmenté de plus de 10 % sur les dix dernières
années et ce sont surtout les besoins en pointe de consommation qui se sont accélérés ; ils
pourraient atteindre 108 000 MW en 2020.
En 2012, la puissance de stockage d’énergie installée dans le monde s’élève à 134 GW (+ 7 GW
par rapport à 2010), à comparer à une consommation mondiale de l’ordre de 20 000 TWh. Si
de nombreuses technologies de stockage sont installées (STEP, CAES, batteries, etc.), la
technologie des STEP, à la fois plus mature et plus compétitive, couvre 99 % des capacités de
stockage actuelles. L’évolution attendue au niveau mondial du marché du stockage semble
s’orienter plus particulièrement vers les solutions CAES et batteries. Les capacités installées
supplémentaires seraient réalisées essentiellement dans cinq pays : la Chine, le Brésil, l’Inde,
les États-Unis et l’Allemagne, pays où la législation ou la volonté politique sont favorables au
stockage.
Les pays les plus actifs aujourd’hui sur le marché du stockage de l’énergie, toutes technologies
de stockage confondues, sont principalement les États-Unis, la Chine, le Japon et en Europe,
l’Allemagne et l’Espagne. L’Europe représente d’ailleurs près du tiers de ce marché installé,
suivie par les États-Unis.
En matière de puissances installées, le Japon est aujourd’hui le pays le plus avancé
(notamment dans le domaine des batteries), suivi par les États-Unis et la Chine ; il passerait
en troisième position dans dix ans et la Chine deviendrait leader. Le Brésil et l’Inde devraient
progressivement s’imposer dans ce classement et prendre les 5e ou 6e places au niveau des
installations.
Aujourd’hui, le marché du stockage de l’énergie est estimé à environ 1,5 milliard d’euros (€).
Compte tenu des besoins en capacités de stockage envisagés, l’AIE et le Pike Research

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estiment que les investissements nécessaires pour la prochaine décennie pourraient
représenter entre 70 G€ et 100 G€, dont 30 % seraient localisés en Chine et 15 % aux États-
Unis. Il convient cependant de rester prudent car l’évolution du marché et les investissements
induits dans ce domaine dépendent fortement des contextes économique et politique tant à
l’échelle mondiale qu’à l’échelle de chaque pays. À titre d’exemple, le rapport Kema de janvier
2012 commandité par the Copper Development Association Inc. (CDA) estime que le marché
américain du stockage de l’énergie pourrait augmenter de 400 % en cinq ans si l’incitation
fiscale est mise en place (the US Storage Act S 1845 de 2011 — crédit d’impôt de 20 %) ; dans
le cas contraire, la croissance pourrait n’être que de 50 %.
Des alternatives au stockage massif d’énergie sont envisageables ou complémentaires.
L’Ademe a ainsi estimé que, dans l’hypothèse de l’installation en France d’ici à 2020 de 20 GW
d’éolien et 5 GW de solaire, certaines autres options permettaient d’intégrer ces énergies au
réseau, parmi lesquelles :
L’amélioration des modèles de prévision de la production issue de ces sources
intermittentes
Une installation optimale tenant compte du potentiel de foisonnement ;
Une interconnexion renforcée des réseaux au niveau européen ;
Une gestion plus dynamique des réseaux et de la demande par le biais des smart grids.

V. Conclusion :
Pour l’électricité, il existe un ensemble de technologies permettant de répondre à différents
besoins : stockage massif, stabilité du réseau électrique, systèmes nomades, véhicules hy-
brides ou électriques, etc. Deux grands moyens de stockage dominent aujourd’hui le marché
du stockage de l’électricité :
• pour les très grandes quantités d’électricité que l’on doit stocker au niveau national,
les STEP sont le moyen de stockage le plus efficace et le moins cher. Dans l’avenir, on
peut envisager la construction de STEP artificielles sur terre ou en mer pour gérer les
énergies intermittentes ;
• pour des quantités d’électricité plus faibles comme celles requises par les véhicules et
dispositifs électroniques nomades, les technologies Li-ion dominent le marché mais
pour d’autres applications moins pointues, les autres technologies de batteries,
comme les batteries au plomb ont encore un bel avenir.
Dans le futur, on peut espérer le déploiement d’autres technologies de stockage massif
comme le stockage adiabatique d’air comprimé ou le stockage thermodynamique. Pour les
systèmes nomades et la mobilité, les batteries resteront encore longtemps irremplaçables.
Dans ce domaine, on peut espérer l’apparition de nouvelles technologies, notamment pour
les véhicules électriques ou hybrides rechargeables, comme les batteries Li-air qui permet-
traient, pour un véhicule de tourisme, d’avoir plus de 500 km d’autonomie contre 100 à
150 km aujourd’hui.

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Les technologies de stockage comme les supercondensateurs, les bobines supraconductrices
ou les volants d’inertie ont aussi toute leur place pour fournir rapidement de la puissance et
de l’électricité de bonne qualité. Les supercondensateurs ont un intérêt en appui des batteries
pour les véhicules électriques ou hybrides et les deux autres technologies comme soutien aux
aléas du réseau électrique.
On sait facilement stocker la chaleur pour de courtes périodes (cumulus, par exemple). Le
stockage intersaisonnier de la chaleur est par contre plus complexe à mettre en œuvre et de-
mande de grandes quantités de matériaux de stockage, l’eau étant celui qui est de loin le plus
commode, notamment pour son faible impact sur l’environnement. De gros progrès sont en-
core à faire dans ce domaine pour augmenter la densité énergétique de stockage et en dimi-
nuer le coût.

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