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DROIT COMMERCIAL ET DES SOCIETES

Prof. BRAHIM LAHRAOUA 

2015 -2016

QU’EST-CE QUE LE DROIT COMMERCIAL?

Le droit commercial est une branche du droit privé qui réglemente les activités de
commerce, i.e. de production, de distribution et de services.

Autrement dit le droit commercial est l’ensemble des règles applicables au commerçant et
à son activité.

Il englobe à la fois le commerce au sens courant du terme, c'est-à-dire les activités


d'échange et de production.

Il régit également l'exercice de la profession de commerçant et définit le régime juridique


applicable aux actes de commerce.

Le droit commercial, qui est une branche du droit privé, est constitué de l’ensemble des
règles juridiques applicables aux transactions commerciales. Il offre le cadre juridique à
l’intérieur duquel se nouent, et évoluent, les rapports entre les professionnels du commerce

Les premiers destinataires de la matière sont les personnes qui accomplissent, en leur
nom et pour leur compte, des actes de commerce. Le droit commercial s’applique en ce sens
à une catégorie de personnes que sont les commerçants.

LE DROIT COMMERCIAL / LA FINALITE

Le droit commercial intervient avec comme objectif premier d’assurer un minimum


d’ordre, de sécurité et d’honnêteté entre les professionnels du commerce. Ce qui peut se
révéler d’une importance primordiale dans le monde des affaires.

L’allégement des procédures et l’assouplissement des contraintes formelles qui


entravaient la rapidité du commerce seraient néfastes pour le domaine s’ils ne sont pas
relayés par des rapports basés sur la confiance et l’honnêteté. Les rapports personnels sont
déterminants en la matière.
ACTIVITES COMMERCIALES VISEES PAR LE D.C :

A vrai dire, le droit commercial c’est le droit des commerçants et des actes de commerce.

*Le commerce visé par ce droit concerne :

- Les activités commerciales proprement dite ( ex : distribution, achats, reventes),

- Les activités de la production industrielle (ex : manufacture),

- Diverses activités de services (ex : banque, assurance)

Il s’agit d’un droit qui couvre un domaine très vaste. Ce n’est pas un droit figé mais il est
en perpétuelle mutation à mesure que les techniques du commerce évoluent.

Droit commercial: différents acteurs :


Le D.C a pour principaux acteurs des personnes physiques (les commerçants) mais aussi des
personnes morales, et tout particulièrement les sociétés qui sont également désignées sous
le vocable d'entreprises commerciales.

Evolution du droit commercial au Maroc :

-Le premier Code de commerce marocain (inspiré du Code Napoléon de 1807) remonte au
12 août 1913.

-Il a été remplacé en 1996 par un nouveau Code (Loi N° 15-95 promulguée par le dahir du
1er Août 1996) [Bulletin Officiel du Royaume du Maroc n° 4418 du Jeudi 3 Octobre 1996]

-Ce nouveau Code a rassemblé la plupart des lois éparpillées intéressant le commerce.

Le Nouveau Code de Commerce est réparti en 5 thèmes principaux :

1-Le commerçant ;

2-Le fonds de commerce ;

3-Les effets de commerce ;

4-Les contrats commerciaux ;


5-Les difficultés de l’entreprise.

Les sources du droit commercial :


Les sources du droit commercial sont spécifiques. Ce ne sont pas exactement
les mêmes que celles des autres branches du droit. On distingue les sources
formelles et les sources institutionnelles.

A- Les sources formelles

A.1 La loi

La Constitution :

- La Constitution marocaine dans son article 24 consacre le principe de «


liberté de circuler et de s’établir dans toutes les parties du royaume ».

- On en déduit la liberté du commerce et de l’industrie. Par ailleurs, l’article 71


de la Constitution dispose que « sont du domaine de la loi, le régime des
obligations civiles et commerciales ».

Divers textes de lois réglementant les activités commerciales :

- Le droit commercial trouve ses sources également dans la panoplie de


textes dont le Maroc s’est doté pour réglementer les activités
commerciales.
- On peut citer le Code de commerce de 1996, la Loi sur la société
anonyme, la Loi bancaire, la Loi relative à la bourse des valeurs, ainsi
que les différents décrets, règlements arrêtés et circulaires organisant ce
domaine.

A.2 Les conventions internationales


Les conventions internationales sont des accords conclus entre États qui
imposent des obligations entre les États impliqués.

En général, le développement international du commerce se heurte à la


diversité des droits nationaux d’où le recours à des conventions ou des accords
qui règlent ces problèmes de diversités et parfois même d’incompatibilité.

 Ce qu’il faut retenir c’est que c’est à cause de la mondialisation des


échanges que le droit commercial est le domaine où les tentatives
d’unification juridiques ont été les plus nombreuses (Principes
d’UNIDROIT, Loi type de la CNUDCI, etc…)

A.3 Les usages et coutumes

On les appelle les sources non-écrites. Ainsi, le droit commercial est un droit
de professionnels qui a mis en places ses propres règles de bonne conduite. Ces
usages et pratiques sont aussi appelées parfois pratiques extra-légales.

- Ces usages et coutumes tirent généralement leur origine des clauses qui
étaient régulièrement insérées dans des contrats et qui semblaient, par la
suite, suffisamment évidentes pour être considérées comme acquises même si
elles ne sont pas écrites. On ne les mettait donc plus par écrit. La pratique est
devenue usage de fait : elle joue le rôle d'une convention tacite. Les parties qui
n'ont rien précisé sont censées s'y être référées.

A.4 La jurisprudence commerciale.

Elle correspond aux décisions de justice rendues en interprétant et


complétant le droit commercial.

A.5 L’arbitrage.

- L’arbitrage est aujourd’hui reconnu dans le monde entier, comme le moyen


le plus efficace pour régler les litiges, notamment commerciaux. Il s'agit d'une
source de droit entre les parties.

- L'arbitrage est régi par les articles 306 à 327 du Code des Obligations et des
Contrats et permet d'éviter le recours aux instances juridictionnelles étatiques.
On distingue entre la clause compromissoire et le compromis.
 La clause compromissoire :

C'est la clause insérée dans le contrat par laquelle les parties décident de
soumettre à l'arbitrage les litiges qui peuvent naître de l'exécution de ce
contrat. Les parties peuvent désigner à l'avance les arbitres mais il faut que la
clause soit écrite à la main et spécialement approuvée par les parties.

 Le compromis :

C'est la convention par laquelle les parties à un litige déjà né soumettent


celui-ci à l'arbitrage d'un ou plusieurs arbitres. Il doit être écrit, détermine
l'objet du litige, désigne les arbitres et le délai qui leur est imparti pour rendre
leur sentence arbitrale.

En principe, les arbitres ne sont pas tenus d'appliquer les règles de droit ou
de procédure étatique. Ils statuent en tant qu'amiables compositeurs (sur la
base de l'équité).

Pour les sources institutionnelles, il s’agit des institutions


étatiques, professionnelles, internationales et judiciaires.
Thème 1 : Les commerçants

L’activité commerciale est l’œuvre des personnes physiques et des personnes


morales (dont les sociétés commerciales).

Historiquement, les personnes physiques comme les boutiquiers étaient les


principaux acteurs de l’activité commerciale. D’ailleurs, ils continuent à l’être
aujourd’hui malgré que l’économie actuelle soit dominée par des groupements
juridiques et des sociétés dans la mesure où les commerçants, personnes
physiques, sont numériquement plus nombreux.

1. Les commerçants personnes physiques

1.1 Définition :

L’article 6 du Code de commerce dispose que « la qualité de commerçant


s’acquiert par l’exercice habituel et professionnel des activités suivantes… ».

Ainsi, la qualité de commerçant est subordonnée à l’exercice d’une activité


commerciale à titre professionnel et personnel. C'est-à-dire au nom et pour le
compte du commerçant. Il ne suffit pas qu’une personne déclare qu’elle soit
commerçante ou qu’elle soit enregistrée au registre de commerce. L’inscription
au R.C ne constitue qu’une présomption de fait de la commercialité.

1.2 L’exercice professionnel d’une activité commerciale :

- La personne doit exercer des activités visées par l’article 6 du code de


commerce.

- L’activité doit être exercée à titre de profession habituelle de sorte que les
actes et les opérations soient répétés. De plus, la profession suppose une
entreprise organisée ou au moins l’existence d’un fonds de commerce et une
clientèle.
1.3 L’exercice personnel d’une activité commerciale

L’exercice personnel n’est pas une disposition d’ordre public prévue par la loi
mais il s’agit d’une condition ajoutée par la jurisprudence.

Il découle de ce principe que seul mérite la qualité de commerçant celui qui


court le risque du commerce et qui agit de façon indépendante, c'est-à-dire en
son nom et pour son propre compte.

Les salariés et les représentants de commerce ne sont pas considérés


comme des commerçants car ils ne sont pas indépendants du fait du lien de
subordination qui caractérise le contrat de travail qui les lie à leurs employeurs.
C’est le cas également pour les VRP (voyageurs, représentants, placiers) dont la
mission est de prospecter la clientèle pour le compte d’une entreprise.

Les agents commerciaux ne sont pas non plus des commerçants même s’ils
sont indépendants du fait du contrat de mandat qui est différent du contrat de
travail en ce sens qu’il préserve à l’agent sa totale indépendance.

Les gérants-salariés n’ont pas non plus la qualité de commerçant car ils
exploitent des magasins ou des établissements de vente pour le compte
d’autrui et ne sont pas indépendants.

Les mandataires sociaux tels que les administrateurs des sociétés anonymes
ou les membres de conseils d’administration sont eux aussi exclus du champ de
la commercialité avec certaines nuances concernant les associés-gérants dans
les sociétés en nom collectif ou dans les sociétés en commandite.

1.4 Les différentes catégories des commerçants, personnes physiques

1.4.1 Les commerçants de droit et les commerçants de fait:

- Les commerçants de droit:

Ce sont les commerçants qui exercent une activité commerciale en


respectant les règles légales relatives au commerce : exercice habituelle et
personnelle de l’activité, immatriculation au RC et tenue d’une comptabilité.
-Les commerçants de fait:

Ce sont les commerçants qui exercent à titre professionnel et personnel mais


en ignorant les lois du commerce. Il s’agit le plus souvent de petits artisans qui
omettent de s’inscrire au RC et qui ne tiennent pas de comptabilité.

L’inconvénient pour cette catégorie de commerçants, c’est que la loi leur


interdit de prétendre aux privilèges juridiques auxquels ont droit les
commerçants de droit comme par exemple le droit au renouvellement du bail
ou le bénéfice des mode de preuves offerts par le droit commercial.

1.4.2 Les commerçants avec ou sans fonds de commerce

Normalement un commerçant possède un FC. Il s’agit d’un bien qui a une


valeur économique importante que le commerçant peut céder, exploiter lui-
même ou par l’intermédiaire d’un salarié ou de le donner en location gérance.
Le FC peut être gagé pour l’obtention d’un crédit. Mais Il existe des
commerçants qui n’ont pas de FC comme les locataires-gérants qui exploitent
le FC d’une autre personne ou encore les marchands de légumes ou de fleurs
installés dans les grandes surfaces.

1.4.3 Distinction entre commerçant et artisan

L’artisan est un individu qui exploite une petite entreprise généralement de


transformation de biens en vue d’une fabrication ou d’une simple réparation
en recourant à peu d’ouvrier et en se servant d’un minimum de moyens
techniques.

L’entreprise artisanale ressemble à l’entreprise commerciale sur le plan


juridique puisqu’il s’agit d’une industrie fondée sur le principe d’achat pour
revendre dans un but lucratif. Mais les deux entités sont différentes sur le plan
économique car l’entreprise artisanale génère un chiffre d’affaires très
modeste en comparaison avec une exploitation commerciale. De plus, la
situation sociale de l’artisan demeure assez proche de celle de l’ouvrier qui vit
dans des conditions relativement précaires.

L’article 3 du dahir de 1963 organisant les chambres de l’artisanat fixe six


conditions pour qu’un artisan puisse être reconnu comme tel :

- Il doit être un travailler manuel,


- Il doit-être professionnellement qualifié. Ce professionnalisme peut s’acquérir
à travers trois modes différents : l’apprentissage préalable, l’exercice prolongé
ou l’adhésion à une coopérative artisanale,

- Il doit être indépendant, c'est-à-dire travaillant pour son propre compte,

- Il doit exercer une activité artisanale. Il peut le faire seul, avec l’aide de sa
famille ou par des tierces personnes ne dépassant pas le nombre de 10,

- Il doit utiliser uniquement des machines dont la force motrice est inférieure à
10 chevaux-vapeur,

- Il doit assurer personnellement la production et la commercialisation de ses


produits.

Avec l’avènement du Code de commerce en 1996, les artisans se sont fondus


dans la catégorie des commerçants. Ils doivent désormais se faire immatriculer
au registre de commerce, tenir une comptabilité et leurs adversaires peuvent
leur opposer les preuves du droit commercial.

2.2 Les personnes morales de droit public

Le dirigisme économique a conduit l’Etat et ses collectivités à intervenir dans


le commerce et l’industrie. Cette intervention s’est faite soit de manière directe
avec le système des régies, soit de manière indirecte avec la création d’offices
et d’établissements publics.

2.2.1 L’Etat

L’Etat exploite de moins en moins de régies suite à la politique de


privatisation et de l’existence d’offices ou d’établissements publics. Néanmoins,
des services publics à caractère industriel et commercial continuent d’exister
comme par exemple : l’Imprimerie officielle, le Théâtre Mohammed V ou
encore le Service des chèques postaux.

Toutefois, il est à signaler que l’on admet que l’Etat n’est pas commerçant
car les activités de production et d’échanges auxquelles il se livre ne sont
qu’accessoires par rapport à ses fonctions générales.
2.2.2 Les régions, les préfectures, provinces et communes

Il s’agit de collectivités locales qui constituent des émanations de l’Etat. Elles,


non plus n’ont pas la qualité commerciale pour les mêmes raisons
précédemment citées à l’occasion par exemple de la gestion des transports
publics, de la distribution de l’eau et de l’électricité ou encore s’agissant de
l’hygiène publique.

2.2.3 Les établissements publics

Ces établissements ont été créés par l’Etat en raison de l’ampleur de


certaines exploitations qui seront confiées à des personnes morales. Ces offices
et établissements publics sont soumis au droit administratif et n’ont pas la
qualité de commerçant.

2.2.4 Les sociétés d’Etat

Dans ce cadre, l’Etat recourt à des société anonymes pour exercer des
activités commerciales. Du moment que la SA est commerciale par sa forme
quelque soit son objet, ces sociétés d’Etat reçoivent la qualité de commerçant.

On peut citer comme exemple : Bank Al Magrib (BAM), Royal Air Maroc (RAM)
ou encore la Compagnie Marocaine de Navigation (COMANAV).

Toutes ces sociétés sont commerciales car elles accomplissent des actes de
commerce et sont justiciables devant les tribunaux de commerce.

3. L’acquisition de la qualité de commerçant :

Le commerçant peut être une personne physique ou une personne morale.

Les commerçants personnes physiques sont identifiées par leurs activités.


Les commerçants personnes morales, précisément les sociétés commerciales,
sont identifiées par leur forme.

Pour les commerçants personnes physiques, l’acquisition de la qualité du


commerçant est subordonnée à une double condition liée d’une part à
l’exercice du commerce et de l’autre part à la capacité commerciale.
3.1 L’exercice du commerce :

Selon le code de commerce, sont commerçants ceux qui exercent à titre


habituel ou professionnel une des activités énumérées par les articles 6 et 7 ou
pouvant être assimilées à celles-ci.

La qualité de commerçant s’acquiert donc par l’exercice d’actes de


commerce par nature à titre habituel ou professionnel.

Remarque : La jurisprudence ajoute que cette activité doit être exercée à


titre personnel (c'est-à-dire au nom et pour le compte de l’intéressé).

 Le caractère habituel : L’habitude deux éléments:

- L’élément matériel : l’habitude suppose une répétition et une durée.


L’habituel s’oppose donc à l’occasionnel.

- L’élément intentionnel : quand on achète pour revendre de manière


accidentelle et involontaire, l’habitude est absente.

 Le caractère professionnel :

La profession suppose une organisation et une compétence à même de


procurer à celui qui l’exerce des moyens pour subvenir aux besoins de
l’existence.

Le professionnel se distingue ainsi de l’amateur, qui n’est pas qualifié


techniquement, ou du bénévole, qui agit sans percevoir une contrepartie.

Le caractère professionnel implique l’exercice habituel d’actes afin d’en tirer


profit et l’intention de se consacrer à une activité de se considérer comme un
professionnel.

Par ailleurs, La profession habituelle n’a pas besoins d’être exclusive;


l’activité commerciale peut être exercée parallèlement avec une autre activité.

L’exercice à titre personnel :

Le commerce suppose une indépendance totale dans l’exercice de la


profession. Il suppose aussi un certain risque : le commerçant peut faire des
bénéfices mais il peut aussi subir des pertes ; d’où la règle : celui qui exerce des
activités commerciales, même s’il en fait sa profession habituelle, n’est pas
un commerçant tant qu’il le fait pour le compte d’autrui.

Certaines personnes, bien qu’elles agissent pour le compte d’autrui, sont


considérées des commerçants alors qu’elles ne remplissent pas la condition
d’indépendance corrélative au risque (ex : les commissionnaires …).

Les commissionnaires : à la différence des courtiers, ils interviennent dans la


formation du contrat pour le compte d’une partie que l’on nomme le
commettant. Le commissionnaire est différent du mandataire ordinaire en ce
qu’il traite en son propre nom sans révéler aux tiers l’identité du commettant.

3.2 La capacité commerciale :

L’exercice du commerce requiert, à raison des dangers qu’il comporte, une


capacité juridique spéciale.

La capacité commerciale est déterminée par les règles du code de la famille.


Par conséquent, les personnes se trouvant exclues des professions
commerciales sont les mineurs et les majeurs incapables.

Est considéré comme mineur quiconque n’ayant pas atteint l’âge de la majorité
: 18 ans.

Un mineur peut, cependant, se trouver en état de bénéficier de la capacité


commerciale soit par l’effet d’une autorisation spéciale (L’autorisation
d’expérience de la maturité) soit par celui d’une déclaration anticipée de
majorité ; l’une ou l’autre doivent être inscrites au registre de commerce
(article 13 du Code de Commerce).

- L’autorisation d’expérience de la maturité : L’article 226 code de la famille


dispose que le mineur doué de discernement "peut prendre possession d’une
partie de ses biens pour en assurer la gestion à titre d’essai".

Le mineur habilité ainsi à gérer une partie de ses biens, reste en principe
incapable ; mais pendant la période d’expérience, qui est généralement d'une
année renouvelable, il est considéré, à l'égard des biens qui lui sont remis et
qui sont mentionnés dans son autorisation, comme ayant pleine capacité. Il
peut même ester en justice à propos des actes de sa gestion.
- L’émancipation par déclaration de majorité : Cette émancipation est
réglementée par l’article 218 alinéas 3 et suivants du code de la famille qui
prévoit que le mineur qui a atteint l’âge de 16 ans, est admis à requérir son
émancipation du tribunal.

De même son représentant légal, s’il le juge apte à être émancipé, il peut en
faire la demande au tribunal.

Il résulte de l’émancipation que le mineur :

- prend possession de tous ses biens ;

- qu’il est entièrement affranchi de la tutelle,

- qu'il est relevé de son incapacité, ce qui revient à dire qu’il acquière la pleine
capacité pour la gestion et la disposition de son patrimoine ;

Quant aux droits extra patrimoniaux, notamment le droit au mariage, ils


restent soumis aux textes qui les régissent.

Par ailleurs, à l’âge de 20ans, un étranger est réputé majeur pour exercer le
commerce même si sa loi nationale prévoit un âge de majorité supérieur. A
moins de 20ans, s’il est réputé majeur par sa loi nationale, un étranger ne peut
exercer le commerce qu'après autorisation du président du tribunal (articles 15
et 16 du code de commerce).

Finalement, depuis le Nouveau Code de Commerce, la femme mariée peut


exercer le commerce sans autorisation de son mari (article 17 du code de
commerce).

4. Les restrictions à l’exercice du commerce


La liberté du commerce est un principe fondamental consacré par la
constitution (article 35 de la constitution 2011). Toutefois, cette liberté du
commerce est limitée par certaines restrictions.

Le non-respect de ces restrictions est puni, suivant les cas, par des sanctions
disciplinaires administratives et même, le cas échéant, pénales.
Cependant,…les opérations commerciales effectuées par le contrevenant sont
considérés valables et peuvent le soumettre aux règles du droit commercial.
Cette règle est maintenant consacrée expressément par l’article 11 du code de
commerce.

On distingue les restrictions qui concernent les personnes et d'autres qui


concernent les activités.

4.1 Les restrictions concernant les personnes :

 L’incapacité : (cf supra : la capacité commerciale)


Les actes accomplis par les incapables, mineur doué de discernement,
prodigue et du faible d’esprit, sont soumis aux dispositions suivantes :

- ils sont valables, s’ils lui sont pleinement profitables ;

- ils sont nuls, s’ils lui sont préjudiciables ;

- s’ils revêtent un caractère à la fois profitable et préjudiciable, leur validité est


subordonnée à l’approbation de son représentant légal, accordée en tenant
compte de l’intérêt prépondérant de l’interdit et dans les limites des
compétences conférées à chaque représentant légal. (article 225 du code de la
famille).

- Les actes du mineur âgé de moins de 12ans sont nuls et de nul effet.

 Les incompatibilités :
Le commerce est considéré comme incompatible avec l’exercice de certaines
activités notamment la fonction publique, la profession de notaire, d’huissier,
et l’appartenance à des professions libérales (avocat, architecte, experts
comptables).
La méconnaissance des incompatibilités expose le contrevenant à des
sanctions pénales et disciplinaires (radiation des barreaux). Mais les actes de
commerce restent valables et les contrevenants sont considérés comme des
commerçants de faits.

Le législateur estime, pour différentes raisons, que certaines professions


sont incompatibles avec l’exercice du commerce :

* Soit parce qu’il considère que l’exercice du commerce est contraire à la


dignité de la profession qu’ils exercent : exp. les médecins, les avocats, les
notaires, les adouls…

* Soit parce qu’il estime que ceux qui occupent certaines fonctions doivent
rester indépendants : c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas se compromettre par
les risques du commerce et ne pas se laisser distraire par la recherche du
profit ; ex. les fonctionnaires (Art. 15 dahir 24/2/1958 portant statut général de
la fonction publique).

 Ces personnes ne sont pas incapables ; s’elles font des actes de


commerce malgré leur statut elles pourront être passibles de sanctions
disciplinaires ou pénales, mais leurs actes seront valables.

 Les déchéances :
Il s’agit d’interdictions d’exercer le commerce prononcées par les tribunaux
à l’encontre de certaines personnes ayant fait preuve d’indignité sociale ou
de malhonnêteté dans les affaires (ex : escroquerie, émission de chèque sans
provision, abus de confiance, , infractions fiscales ou douanières, etc).

- La déchéance concerne donc les délinquants de droit commun, les


frauduleux fiscaux, les banqueroutiers…
- La déchéance expose le contrevenant à des sanctions pénales, mais elles
n’altèrent pas sa capacité juridique ; les actes de commerce qu’il fait
échappent donc à la nullité.
4.2 Les restrictions concernant l’activité :
 Les interdictions :
Certains activités sont interdites et ne peuvent pas être exercées par les
commerçants pour des raisons de protection de l’ordre public ou parce
qu’elles relèvent de prérogatives de la puissance publique ou des ou d’un
monopole de l’Etat. Il s’agit par exemple :

- Le commerce de la fausse monnaie (article 335 Code pénal), l’interdiction du


commerce des objets et images contraires aux mœurs (art. 59 dahir
15/11/1958 formant code de la presse), le commerce des stupéfiants….

- La recherche du pétrole et du gaz, l’exploitation et le commerce des


phosphates, le transport ferroviaire, etc.

 Les autorisations :
Dans certains cas, une autorisation administrative, sous forme d’agrément ou
de licence, est nécessaire avant l’ouverture du commerce ou l’exercice de
certaines activités commerciales, par exemple :

- la vente des boissons alcoolisées (qui est soumise, suivant le cas, à une
licence ou à une autorisation) ;

- les activités cinématographiques (notamment les clubs vidéo soumis à une


autorisation du C.C.M.),

- les agences de voyages (qui doivent être autorisées par le ministère du


tourisme),

- le transport public des personnes (soumis à des agréments du ministère du


transport), etc.

 Dans d’autres cas, l’existence de ces autorisations s’explique par des


exigences de la profession, par exemple l’ouverture d’une pharmacie
nécessite d’être titulaire d’un diplôme de pharmacien. Par ailleurs,
certaines activités ne peuvent être exercées que par des personnes
morales, par exemple les activités bancaires.
5. Les obligations du commerçant :
L’acquisition de la qualité de commerçant entraine des obligations spéciales
pour les commerçants dont essentiellement l’obligation de faire une publicité
statutaire au registre de commerce et l’obligation de tenir une comptabilité
descriptive de ses affaires.

5.1. La publicité statutaire au registre de commerce :


La publicité a pour objet de faire connaître aux tiers l’identité du
commerçant, et son domaine d’activité. Elle a lieu au registre de commerce par
voie d’immatriculation, d’inscriptions modificatives ou de radiations.

 Le registre de commerce :

Définition :

C’est un support de publicité destiné à faire connaître l’existence, les


caractéristiques et le devenir des établissements de commerce, en fournissant
tous renseignements par voie de copie ou d’extrait certifié des inscriptions qui
y sont portées.

Le registre du commerce est constitué par des registres locaux et un registre


central :

-Registre local : est tenu par le secrétariat-greffe du tribunal de commerce


compétant (le tribunal dans le ressort duquel se situe l’établissement principal
du commerçant ou le siège de la société). Le fonctionnement de ce registre est
surveillé par le président du tribunal ou par un juge désigné par lui.

-Registre central : est destiné à centraliser, pour l’ensemble du royaume, les


renseignements mentionnés dans les divers registres locaux, et à en assurer la
communication par voie de certificats. Ce registre est tenu par l’Office
Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC).

 Les personnes assujetties:

Toute personne physique et morale (sociétés commerciales, GIE), de droit


privé ou de droit public, marocaine ou étrangère exerçant une activité
commerciale sur le territoire marocain sont tenues de se faire immatriculer au
R.C. du tribunal où est situé leur siège (article 37 du Code de Commerce).

L’immatriculation est également obligatoire lors de l’ouverture d’une


succursale ou d’une agence d’entreprise marocaine ou étrangère.

 Les inscriptions au registre de commerce :


Ces inscriptions sont au nombre de trois :

a- Les immatriculations :
Il existe trois sortes d’immatriculations:

*L’immatriculation principale

Tout commerçant, pers. physique ou morale, doit se faire immatriculer au RC


dans les 3 mois de l’ouverture de l’établissement commercial ou de
l’acquisition du fonds de commerce pour les personnes physiques, de leur
constitution pour les personnes morales (Article 75 du Code de Commerce).

Mais… il ne peut y avoir qu’une seule immatriculation. Il s’agit de la première


immatriculation au R.C. qu’on appelle immatriculation principale.

Ainsi, un commerçant ne peut avoir qu’un seul numéro d’immatriculation à


titre principal car, l’immatriculation a un caractère personnel, c’est-à-dire
qu’elle est rattachée au commerçant, non à son activité commerciale ou à ses
établissements de commerce. S’il est établi qu’un commerçant possède des
immatriculations principales dans plusieurs registres locaux ou dans un même
registre local sous plusieurs numéros, il peut être sanctionné et le juge peut
procéder d’office aux radiations nécessaires (Article 39 du C. C).
*Les inscriptions complémentaires

En cas d’ouverture d’un nouvel établissement se trouvant dans le ressort du


tribunal où la personne assujettie a son immatriculation principale, il y a lieu
seulement à inscription complémentaire, il ne s’agit pas d’une immatriculation
mais uniquement d’une inscription modificative (article 40 du Code de
Commerce).

*Les immatriculations secondaires

Si le nouvel établissement se situe dans le ressort d’un autre tribunal que


celui de l’immatriculation principale, il y a lieu à demander une immatriculation
secondaire au tribunal du lieu de la succursale ou de l’agence ou de la création
de la nouvelle activité, avec indication de l’immatriculation principale. Dans ce
cas, une inscription modificative doit également être portée au R.C. de
l’immatriculation principale (article 40 du Code de Commerce).

b- Les inscriptions modificatives


Tout changement ou modification concernant les mentions qui figurent sur le
R.C. doit faire l’objet d’une demande d’inscription modificative dans le mois
suivant le changement (articles 50 du Code de Commerce).

c- Les radiations
- La radiation est le fait de rayer l’immatriculation du commerçant du R.C. par
exemple en cas de cessation totale de l’activité commerciale, en cas de décès
du commerçant, en cas de dissolution d’une société, etc.

- Les radiations sont faites à la demande des intéressés eux-mêmes, ou


opérées d'office par ordonnance du président du tribunal.

 Les effets de l’immatriculation :


Le nouveau C.C a posé pour la première fois la règle selon laquelle
l’immatriculation au registre de commerce constitue une présomption simple
de la qualité de commerçant.
Alors que le dahir du 1er sept 1926 avait poussé la jurisprudence à juger que
«la seule inscription au R.C. ne suffit pas pour donner à la personne inscrite la
qualité de commerçant ». L’immatriculation au R.C. ne constituait nullement
une présomption d’être commerçant.

Désormais, les personnes physiques immatriculées au registre du commerce


sont présumées, sauf preuve contraire, avoir la qualité de commerçant.

Pour les commerçant personnes morales, contrairement aux dispositions de


l’ancien code, l’immatriculation est une condition de fond pour l’acquisition de
la personnalité juridique.

Par ailleurs, toute personnes assujettie est tenues de mentionner sur ses
factures, lettres, bons de commande, tarifs, etc.. et tous ses papiers de
commerce destinés aux tiers le numéro et le lieu de son immatriculation et, s’il
y a lieu, celui de la déclaration sous laquelle l’agence ou la succursale a été
inscrite.

 Les sanctions sur défaut d’immatriculation :


D’une part, il se voit privé de tous les droits dont bénéficient les
commerçants, par exemples : il ne peut produire ses documents comptables en
justice pour faire preuve, comme il ne peut pas revendiquer le droit à la
propriété commerciale, etc.

D’autre part, il se trouve soumis à toutes les obligations des commerçants,


par exemple, quand c’est dans son intérêt, il ne peut invoquer le défaut
d’immatriculation pour se soustraire aux procédures de redressement ou de
liquidation judiciaires qui sont spéciales aux commerçants.

En outre, Les personnes assujetties à l’immatriculation ou leurs mandataires


encourent:

1- Une amende de 1.000dhs à 5.000dhs :

* s’ils ne remettent pas la déclaration d’immatriculation, d’inscription


complémentaire ou modificative ou de radiation, à l’expiration du délai d’un
mois à compter de la mise en demeure adressée par l’administration (article 62
C.C) ; s’ils sont immatriculés à titre principal dans plusieurs registres locaux ou
dans un même registre local sous plusieurs numéros (article 64 du C.C); s’ils ne
mentionnent pas sur les papiers commerciaux le numéro et le lieu
d’immatriculation de commerce (article 65 du C.C) ;

2- Une amende de 1.000dhs à 5.000dhs et une peine d’emprisonnement d’un


mois à un an :

* Si l’indication inexacte en vue de l’immatriculation ou de l’inscription au


registre du commerce est donnée de mauvaise foi (article 64 du C.C) ;

Si les indications fausses sont insérées dans les papiers de commerce de


mauvaise foi (article 66 du C.C).

Ces peines sont doublées en cas de récidive dans les 5 années qui suivent le
prononcé de la première condamnation (article 67 du C.C).

5.2 La tenue d’une comptabilité commerciale


La tenue d’une comptabilité régulière est une obligation majeure et
caractéristique du statut de commençant. La comptabilité commerciale est
régie par la loi 9-88 à quoi le code du commerce ajoute des précisions sur son
application.

a- Les exigences comptables :


La loi 9-88 sur les obligations comptables des commerçants énonce un certain
nombre de principes et de règles de la tenue d’une comptabilité tel que:

*L’obligation d’établir en monnaie nationale les documents comptables - qui


sont de deux sortes : les livres comptables (LJ, GL, LI) qui doivent être cotés et
paraphé sans frais (=la cote et du paraphe ne donne lieu à aucune taxation
fiscale) et les états de synthèse (BL, CPC, ETIC, ESG, TF) – et selon les formalités
et le modèles proposés par la loi ;

* L’obligation de tenir chronologiquement le LJ et le GL sans blanc ni rature ;

* L’obligation de faire un inventaire des éléments actifs et passif au moins


tous les 12 mois et d’en porter la transcription dans le LI;
* L’obligation de présenter les états de synthèse dans les trois mois qui
suivent la clôture de l’exercice ; Ces états de synthèse doivent donner une
image fidèle du patrimoine de l’entreprise, de sa situation financière et de ses
résultats.

* L’obligation de conserver les documents comptables ainsi que les pièces


justificatifs pendant dix ans ;

* ….

b- Portée de l’obligation comptable : la preuve comptable.

Sans reproduire les dispositions de la loi 9-88, le code de commerce impose


aux commerçants de se conformer à ces dispositions et précise la portée de
cette obligation.

Ainsi, le C.C précise qu’une comptabilité régulièrement tenue est admise par
le juge pour faire preuve entre commerçants à raison des faits de commerce, et
même en faveur de celui qui la tient (article 19 du C.C). En revanche, les tiers
peuvent faire valoir contre le commerçant le contenu de sa comptabilité même
irrégulièrement tenue (article 20 du C.C).

Néanmoins, une comptabilité régulièrement tenue ne peut servir de preuve


dans une action dirigée contre un non commerçant (article 4 du C.C).

 Une atténuation à cette règle est posée par l’article 21 du C.C «lorsque
les documents comptables correspondent à un double qui se trouve
entre les mains de la partie adverse, ils constituent pleine preuve
contre elle et en sa faveur ».

c- La production en justice de documents comptable :


Les documents comptables peuvent donc être invoqués en justice comme
preuve soit par le commerçant qui les tient, dans ce cas il les mettra de sa
propre volonté entre les mains de la justice, soit par les tiers, et la loi met à leur
disposition deux procédés : la communication et la représentation. Mais le juge
peut ordonner d’office l’un ou l’autre de ces procédés, c’est-à-dire sans que ce
soit requis par les parties.

- La communication (art. 24 du C.C) : c’est la production intégrale des


documents comptables. Elle ne peut être ordonnée qu’exceptionnellement
(dans les affaires de succession, de partage, de redressement ou de liquidation
judicaire).

- La représentation (article 24 du C.C) : qui consiste à extraire de la


comptabilité les seules écritures intéressant l’affaire soumise au juge.

Il reste à signaler que si le commerçant refuse, sur injonction du juge, de


produire sa comptabilité, ou s’il déclare ne pas avoir de comptabilité, le juge
peut déférer le serment à l’autre partie pour appuyer ses prétentions.

d- Sanction pour irrégularité :


L’irrégularité est constituée par plusieurs faits : tenir une comptabilité fictive
ou incomplète ; faire disparaitre des documents comptables de l’entreprise,
détourner ou dissimuler une partie de l’actif…

Les sanctions de ces irrégularités sont d’ordre fiscal et pénal:

-Les sanctions fiscales : Comme les documents comptables servent de base à


l’établissement des déclarations fiscales, ils peuvent faire l’objet de vérification
par les inspecteurs d’impôt. Aussi, lorsque ces documents ne respectent pas les
normes prescrites par la loi 9-88, l’article 23 de cette dernière laisse la faculté à
l’administration des impôts de les rejeter et d’établir une imposition forfaitaire.
Elle peut même appliquer, le cas échéant, des sanctions pécuniaires
(majorations, indemnités de retard, etc.)

- Les sanctions pénales : Face aux irrégularités comptables, les commerçants


peuvent être déclarés en état de redressement judiciaire, ou de déchéance
pendant 5ans.

Les dirigeants des sociétés commerciales encourent la banqueroute avec des


peines allant d’un à cinq ans et 10 000dhs à 100 000dhs d’amende, ces peines
sont doublées lorsque le banqueroutier est un dirigeant de société dont les
actions sont côtés à la bourse.

5.3 Les autres obligations du commerçant :


Dans le but d’assurer un meilleur contrôle fiscal, le code de commerce a
institué de nouvelles obligations à la charge des commerçants, il s’agit de :

- L’obligation d’ouvrir un compte dans un établissement bancaire, pour les


besoins de son commerce (art 18 du C.C).

- Et l’obligation de payer par chèque barré ou par virement bancaire, toute


opération entre commerçants pour faits de commerce d’une valeur supérieure
à 10000dhs.

Thème 2 : Les actes de commerce


Le terme «Acte de commerce» est fondamental dans la mesure où il permet
directement la constitution des règles de la commercialité. Il possède un
double objet c’est qu’il détermine la notion de «commerçant» et «l’activité
commerciale ».

L’acte de commerce peut être définit comme étant un acte juridique ou fait
juridique soumis aux règles du droit commercial en raison de sa nature, de sa
forme ou en raison de la qualité de commerçant de son auteur (Lexique des
termes juridiques, Dalloz, 2010).

 Remarque essentielle:

le code de commerce marocain de 1996 ne donne guère une définition de


l’acte de commerce, mais il utilise l’expression «activités commerciales» et il a
laissé la tâche à la jurisprudence et à la doctrine pour en déterminer le contenu
( la signification).
L'acte de commerce désigne dans le système juridique français une catégorie
d´actes juridiques soumis du fait de leur nature, de leur forme et/ou des
personnes qui les réalisent, aux dispositions du droit commercial.

Les articles 6, 7,8 et 9 du C.C marocain dressent une liste des actes réputés
commerciaux. L’étude de ces articles a permis d’établir une définition générale
de l’acte de commerce en distinguant entre les actes de commerce par nature,
les actes de commerce par la forme et les actes de commerce par accessoire.

1. Acte de commerce par Nature :


Ce sont les actes de commerce dont l’exercice habituel est professionnel, ce
qui confère la qualité de commerçant.

Autrement dit, ce sont … des actes dont la répétition transforme la


personne qui les accomplit en commerçant. L’article 6 du code de commerce
énumère ces actes dits de commerce par nature. L’article 7 complète la liste en
ajoutant les actes de commerce maritime, tels les affrètements, les assurances
et les achats et reventes de navires.

On distingue ainsi, les activités de distribution, les activités de production, et


les activités de service :

*Les activités de distribution : sont les activités d’achat pour revendre dans un
but spéculatif de biens meubles corporels ou incorporels (les créances, valeurs
mobilières, droit de propriété littéraire ou artistique, brevets d’invention,
marques et autres droits de propriété industrielle) et également des immeubles
en l’état ou après leur transformation.

*Les activités de production : sont les activités industrielles ou artisanales, la


recherche de l’exploitation des mines et carrières (gisement de charbon,
pétrole, carrière..) ; l’imprimerie et l’édition ; le bâtiment et les travaux publics :
ex : les entreprises de construction immobilière, construction de ponts etc.

 Certaines activités de production échappent à la commercialité. Ainsi, les


activités agricoles ne sont pas considérées comme étant commerciales,
car l’agriculteur tire sa production du sol et non de son industrie. Il ne
fait pas d’achat pour la revente. Toutefois, s’il achète des animaux pour
les revendre après les avoir engraissés (élevage industriel) ou transforme
des produits agricoles qu’ils livrent aux consommateurs (huile, farine,
beurre etc.), son activité est désormais considérée commerciale.

*Les activités de service : sont des activités où le commerçant offre à ses


clients l’usage temporaire de certaines choses, ou l’exécution à leur profit de
certains travaux. Ces activités de service peuvent être des activités de
transport; des activités de location de meubles; des spectacles publics; des
activités financières; ou des activités d’intermédiaires.

 Les activités dites libérales échappent au droit commercial. Selon les


définitions qu’en donnent les organisations professionnelles, elles
consistent en des services personnels de caractère principalement
intellectuel rémunérés par des honoraires. Ce sont celles qu’exercent par
exemple les médecins, les chirurgiens, les dentistes, les vétérinaires, les
avocats, les notaires, les huissiers, experts comptables, les architectes…

2-Acte de commerce par la Forme :


Il s’agit … d’actes qui n’ont aucune influence sur le statut de la personne qui
les accomplit. Ils sont toujours de nature commerciale en raison de leur forme
quelque soit la qualité de la personne qui les accomplit. Ces actes relèvent du
droit commercial.

C’est la forme qui prédomine et non pas la nature ou l’objet de l’acte. C’est
un acte juridique qui sera un acte de commerce, non pas en raison de sa nature
ou de son objet mais en raison de la forme qu’il revêt.

 L’accomplissement de ces actes suivant les formes édictées par la loi,


entraîne l’application du droit commercial, quelque soit la cause pour
laquelle ils ont été effectués.

Il y a deux types d’actes de commerce par la forme à savoir :

- La lettre de change, et le billet à ordre lorsqu'il résulte d’une transaction


commerciale (article 9 du code de Commerce) ;
- Les actes accomplis par les sociétés commerciales dans le cadre de leur
objet social (article 2 de la loi n° 5-96 sur la SNC, SCS, SCA, SARL /article 1
de la loi 17-95 sur la SA).
-La lettre de change :

Est un écrit par lequel une personne appelée « tireur» donne l’ordre à une
autre personne appelée  «tiré» de payer une somme à une date déterminée à
une tierce personne appelée le bénéficiaire ou porteur.

-Le billet à ordre :

Est un titre par lequel une personne appelée « souscripteur » s’engage à payer
à une date déterminée une somme d’argent à une personne appelée
bénéficiaire.

Le billet à ordre ne pose aucun problème dans le cadre des relations


commerciales, mais en absence d’une transaction, le billet à ordre garde son
caractère civil.

-Les Sté commerciales par la forme :

Les Sté de capitaux et de personnes, elles sont soumises aux même obligations
imposées aux commerçants personne physique tel que l’immatriculation au RC
et la tenue d’une compatibilité… (SA-SNC-SCS-SCA-SARL : Sté anonyme ; la Sté
en nom collectif ; la Sté en commandite simple ; la Sté en commandite par
action ; la Sté à responsabilité limitée).

3-Acte de commerce par accessoire : (acte par relation)


En plus des actes de commerce par nature et des actes de commerce par la
forme, il existe une troisième catégorie d’actes intitulée « actes de commerce
par accessoires ».

L’article 10 du code de commerce dispose que « sont également réputés


actes de commerce, les faits et actes accomplis par le commerçant à
l’occasion de son commerce, sauf preuve contraire ».

Les actes de commerce par accessoire … sont donc des actes de nature civile
et qui deviennent commerciaux parce qu’ils sont accomplis par un commerçant
dans le cadre de l’exercice de sa profession commerciale.
Cependant, Il n’est pas toujours évident de faire le lien entre l’activité
commerciale et l’activité contractuelle. Pour éviter toute difficulté, le code a
posé une présomption simple selon laquelle tous les actes effectués par un
commerçant sont commerciaux par accessoire sauf preuve contraire qui peut
être apporté par tout moyen. Ce sera à celui qui entend démontrer le caractère
civil d’un prêt, par exemple, d’établir qu’il n’a pas été souscrit pour les besoins
de son commerce.

A- Le régime général des actes de commerce :


Ce régime cherche à s’adapter aux besoins spécifiques des commerçants
notamment en termes de rapidité, de rigueur, d’efficacité et de sécurité.

* Quant à la preuve d’acte de commerce :

A la différence du droit civil, la preuve est libre en matière commerciale


(principe de liberté de la preuve).

Le rythme du droit commercial est plus rapide que le droit civil, il est
incompatible avec un système de preuve écrite, dans lequel les parties sont
supposées avoir le temps pour préconstituer la preuve de leur engagement. Il
en résulte, qu’entre commerçants, les actes de commerce peuvent se prouver
par tout moyen à moins qu’il ne soit autrement disposé par la loi. Des moyens
tels que la correspondance, les factures, témoignages …

Cependant, ce principe peut recevoir exception pour certains actes qui


supposent la rédaction d’un écrit avec mentions obligatoires ; Ex : Vente d’un
fonds de commerce, lettre de change, les contrats maritimes, les contrats de
bourse…

* Quant à l’exécution des actes de commerce :

Dans ce cadre, c’est le souci de sécurité qui prime dans la vie des affaires et
qui rend nécessaire la bonne exécution des obligations et le respect des
échéances. Ainsi, les codébiteurs d’une obligation commerciale sont tenus en
principe solidairement.
En matière civile, la solidarité ne se présume, elle doit être expressément
stipulé dans le contrat ou résulter de la loi. En matière commercial, on admet,
au contraire, que la solidarité se présume. Il ne s’agit bien entendu que d’une
présomption simple et les parties peuvent expressément stipuler dans un
contrat qu’ils ne s’engagent pas solidairement. Elle ne concerne que la
solidarité passive (des débiteurs) et non la solidarité active (des créanciers).

Par ailleurs, en matière commercial, l’acte de paiement est un acte


spécialement rigoureux (strict et ferme), ainsi:

- l’acte de paiement se trouve accéléré par l’impossibilité d’accorder un délai


de grâce spécifiquement en cas de souscription d’effets de commerce (lettre de
change, billet à ordre ou d’un chèque).

-le débiteur commerçant qui se trouverait dans une situation telle qu’il ne
pourrait pas faire face à son passif exigible avec son actif disponible devrait se
voir appliquer le régime du redressement ou de liquidation judiciaire.

* Quant au règlement des contentieux :

Les commerçants ont besoin que leurs litiges soient tranchés rapidement afin
d’éviter un blocage de leur activité. Des tribunaux de commerce ont été
institués afin de régler ces litiges (institués par la loi 53-95 de 1997).

 Les tribunaux de commerce

Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître :

1- Des actions relatives aux contrats commerciaux ;

2- Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités


commerciales ;

3- Des actions relatives aux effets de commerce ;

4- Des différends entre associés d’une société commerciale ;

5- Des différends relatifs aux fonds de commerce.

À côté de cette justice publique, il existe également une justice commerciale


d’origine privée, connue sous le nom d’arbitrage. Ce sont de simples
particuliers ou des organismes privés auxquels les parties confient le soin de
trancher leurs litiges.

 L’arbitrage est un mode alternatif de règlements des litiges commerciaux


par lequel les parties s’engagent à recourir à une instance arbitrale et
non à une justice étatique.

B- Le régime des actes mixtes:


Les actes de commerce mixte sont ceux qui présentent un caractère
commercial pour une partie et un caractère civil pour l’autre partie.

L’acte est mixte même s’il n’est commercial pour l’une des parties que par
accessoire.

Ex : un négociant (commerçant) qui achète de la viande à un fournisseur et la


revend à un consommateur.

D’ailleurs l’art 4 du CC dispose que « lorsque l’acte est commercial pour un


contractant et civil pour l’autre, les règles de droit commercial s’applique à la
partie pour qui l’acte est commercial, elles ne peuvent être opposées à la
partie pour qui l’acte est civile sauf disposition spéciale contraire».

Pour ces actes, le code de commerce consacre le principe de dualité. Selon


ce principe, les règles commerciales s’appliquent à celui pour qui l’acte est
commercial, les règles civiles à celui pour qui l’acte est civil.

Cette dualité s’applique en matière de preuve et en matière de la


compétence judiciaire.

Pour certains actes, la question de mixité ne se pose jamais. Il s’agit de la


lettre de change.

* Quant à la preuve des actes mixtes :

C’est la qualité du défendeur qui va déterminer le régime de la preuve.


Ainsi, la preuve est libre sur l’action contre un commerçant. Elle est,
cependant, soumise aux règles de droit civil sur l’action dirigé par un
commerçant contre un non commerçant.

* Quant aux contentieux des actes de commerce :

La compétence judiciaire suit, en principe la qualité du demandeur


(compétence ratione materiae). Ainsi, si l’acte est civil pour le demandeur, il
peut opter pour la compétence du tribunal de commerce, mais il jouit aussi
d’une option qui lui permet d’opter pour une juridiction civile. Si le demandeur
est commerçant, il ne peut assigner le non commerçant que devant une
juridiction civile, sauf si ce dernier renonce par convention à se prévaloir de
l’incompétence du tribunal de commerce.

Thème 3 : Le fonds de commerce

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