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© Dunod, 2017
ISBN : 978-2-10-076286-6
Sommaire
Remerciements
Préface
Introduction
Conclusion
Bibliographie
Glossaire
Index
Remerciements
N ous tenons à remercier chaleureusement toutes les personnes et tous les acteurs qui
ont participé à la réalisation de ce livre. Nous avons été sensibles à la confiance et à
l’intérêt manifesté par les professionnels en revenue management qui ont accepté
d’apporter leur propre contribution à l’ouvrage.
Nous remercions plus particulièrement Jad Aboukhater (Intercontinental-Carlton),
Matthieu Bonneau (Régional), Guy Dano (Dano consultant), Christine de Verdière
(groupe Dynamic Hotels Management), Renaud Dion et Vivien de Flaujac (Adagio),
Stéphane Gautier (Ercama), Colin Girault-Matz (iDTGV), Emmanuel Guyot
(TF1 Publicité), Christophe Imbert (Milanamos), Audrey Lambert (ACCORHotel),
Christelle Lecoustay (Parc Astérix), Laetitia Mérian (Transavia), Pascal Niffoi (n & c),
Valérie Nobis (Mediatransport), Aurélie Richagneux (iDTGV), Emmanuel Scuto (We
Yield), Frédéric Specklin.
Tous nos remerciements à Agnès Roquefort (ACCORHotel) qui a accepté de préfacer
notre livre.
Merci à Bernard Hoyaux, Renaud Dion, et tous les membres du Revenue Management
Club France pour les nombreux échanges au cours de ces dernières années.
Un grand merci également à Christian Pinson, conseiller éditorial, pour ses précieux
conseils formulés tout au long de la rédaction de cet ouvrage, et à Chloé Schiltz (Dunod)
pour leur disponibilité, leur confiance et leur patience.
Enfin, nous remercions nos familles pour leur patience et leur soutien indéfectible.
Préface
Data et technologie :
l’heure de la démocratisation
La démocratisation de la donnée et de la technologie est également un élément
déterminant dans la transformation que nous vivons. Elle permet non seulement le
perfectionnement des techniques mais aussi l’adoption de solutions par le plus grand
nombre.
Les data ont toujours été « Big » quand on parle de revenue management. Chaque jour,
les systèmes de revenue management et leurs algorithmes traitent des milliers de
données de transactions pour prédire la demande et générer des recommandations de
gestion de l’inventaire et du prix.
L’Open Data, l’alliance astucieuse entre fournisseurs de données et fournisseurs de
systèmes permet d’affiner la précision des modèles. De plus en plus d’algorithmes de
forecasts intègrent des données extérieures telles la météo, les événements, le trafic
aérien, les prix de la concurrence, permettant ainsi d’améliorer nettement la qualité et la
précision du forecast, et donc de l’optimisation.
D’autres vont encore plus loin en changeant le prisme d’optimisation des systèmes.
Encore aujourd’hui très centrés sur l’optimisation à la transaction, les systèmes intègrent
de plus en plus la contribution des clients, et espérons le bientôt la Customer Lifetime
Value ou Valeur Long terme du client. Si ces innovateurs parvenaient à leur fin, alors le
revenue management ferait un grand pas : celui de sortir de l’optimisation court terme
pour aller vers l’intégration d’un modèle plus long terme, centré sur le client.
Avec cet or noir qu’est la donnée, fleurissent également dans notre secteur les data
scienstists. Mathématiciens, statisticiens, ce sont des talents de plus en plus recherchés
par des start-ups innovantes mais aussi par les grandes entreprises de service pour
transformer cette matière brute en valeur. Nouveaux modèles de pricing, d’anticipation
des séjours des clients… le champ des possibles est immense et tout juste à ses
prémices.
Les échanges entre professionnels de l’industrie intègrent de plus en plus des
professeurs, des chercheurs, des étudiants, des data scientists en entreprise qui parlent
nouveaux algorithmes en toute décontraction. La conférence REMAPS (Revenue
Management & Pricing in Services) organisée à l’Essca, en collaboration avec
l’Université d’Angers (Granem) par Élisabeth Poutier et Patrick Legoherel en 2016 est
une parfaite illustration de cette dynamique d’innovation.
Agnès Roquefort
Senior Vice President Global RM Pricing & Advanced Analytics
Groupe AccorHotels
Introduction
L’émergence
du yield management
Executive summary
►► Une nouvelle approche de la gestion commerciale des entreprises de
service est née dans les années 1980. Nous rappelons dans ce chapitre les
origines du yield management.
►► Nous présentons une définition du yield management, devenue
aujourd’hui le revenue management, et en expliquons les principes.
►► Les techniques de yield management se développent, et touchent
aujourd’hui des secteurs d’application divers.
►► Nous évoquons en fin de chapitre les concepts de total revenue
management et de revenue integrity, représentatifs des évolutions du
revenue management vers une approche plus globalisée de la gestion
commerciale (pricing, relation client, distribution, etc.) des activités de
service.
Principes
Le yield management repose sur un principe de forte variation tarifaire adaptée au
contexte de marché (intensité de la demande, type de demande, pratique des concurrents,
etc.). Il contribue à la protection de la clientèle à haute contribution, tout en offrant des
accès à des niveaux tarifaires plus avantageux à des périodes creuses ou pour des
réservations validées longtemps avant la date de réservation (early booking). Il
suppose une segmentation approfondie des clientèles, intégrant à la fois la valeur
attribuée par le client à la prestation de service (target-valuing), ainsi que la
« sensibilité prix » et la « sensibilité à la qualité » des consommateurs.
Un niveau de sélection plus avancé, lié aux pratiques de yield, consiste à ne plus
servir tous ses clients, mais en priorité les clients à forte contribution qui acceptent les
prix les plus élevés. C’est la fin du « premier arrivé, premier servi ». Dorénavant, les
clients sont sélectionnés en fonction de leur profil et de leur contribution potentielle ; et
il faut toujours garder une « porte ouverte » pour les meilleurs clients. Dans ce contexte,
et pour permettre une véritable réaction des consommateurs aux prix, les tarifs des
prestations de service sont fixés en tenant compte de l’analyse de la demande.
Par ailleurs, le yield management, outil d’aide à la décision, concourt à une réduction
partielle du risque inhérent à toute décision commerciale en se fondant sur une
accumulation de données (passées, présentes et futures). Notons que le rôle du yield
manager ou des personnels de vente (compétence commerciale) reste prépondérant en
complément du support réel procuré par les outils informatisés d’aide à la prise de
décision.
Définition
Le yield management est une forme sophistiquée de gestion de l’offre et de la demande
par l’action simultanée sur les tarifs et sur la capacité disponible. C’est un processus
d’allocation du meilleur service au meilleur client, au meilleur prix et au meilleur
moment (Smith, Leimkhuler et Darrow, 1992). Cette approche de la gestion dynamique
des prix permet une meilleure gestion de la capacité pour maximiser la recette globale.
Daudel et Vialle (1989) définissent le yield management comme « un ensemble de
techniques au service d’un principe : la gestion des capacités en vue de la maximisation
des revenus d’une entreprise de services ».
Exemple
La dilution dans le secteur de l’aérien
La dilution est le phénomène par lequel des clients utilisent, de leur propre initiative, des
tarifs inférieurs à ceux qui correspondent à leur profil. À titre d’exemple, Air France a
mis en place un nouveau tarif spécifique d’accès à la classe Affaires pour sa clientèle
non professionnelle intéressée par un accès à sa qualité de service moyennant un
surcoût acceptable par rapport à celui de la classe économique. Lors de l’élaboration de
cette nouvelle offre, toute la difficulté était de poser des conditions spécifiques, de
manière que les professionnels, clients habituels de la classe Affaires, n’accèdent pas, en
nombre, à ces tarifs avantageux. Une étude statistique approfondie de la clientèle
Affaires traditionnelle a déterminé que les professionnels ne sont que 6 % à rester plus
de 7 jours sur place et à effectuer leur réservation 42 jours à l’avance. Ces deux
conditions subordonnent donc l’accès au tarif spécifique de la classe Affaires.
La création de ce tarif spécifique a entraîné une dilution de 6 % mais, en revanche, a
permis de toucher 85 % de la clientèle Loisirs. Les recettes additionnelles générées par
ce tarif représentent plusieurs dizaines de millions d’euros.
Bruno Matheu, directeur général délégué, Air France, in « Rapport
d’information no 1161 », Hervé Mariton, Commission des Finances,
Assemblée nationale, octobre 2008.
La dilution est un risque géré et maîtrisé lors de l’analyse des décisions
commerciales. Ainsi, lors d’une demande de réservation, ou de vente le jour de la
réalisation de la prestation (exemple : un walk in – client qui se présente au dernier
moment sans aucune réservation – en hôtellerie), si une unité de vente reste disponible,
elle peut être vendue. Mais s’il a été décidé de la vendre à un client bénéficiant d’un
tarif promotionnel ou négocié et qu’un autre client se présente immédiatement après,
acceptant un tarif plus élevé, on constate alors qu’un revenu supplémentaire aurait pu
être généré avec la même unité de vente (dilution du revenu). La contrainte commerciale
se résume donc à vendre le plus d’unités de ventes possible, et toujours au meilleur tarif
pour éviter la dilution du revenu.
Avis d’expert
PASCAL NIFFOI (N & C),
expert en revenue management
LE REVENUE INTEGRITY
Le revenue integrity est une branche à part entière du revenue management. Une branche peu
connue et peu représentée dans l’industrie. Comme son nom l’indique, le revenue integrity a
pour mission de s’assurer de l’intégrité du revenu, c’est-à-dire de la cohérence de la chaîne
commerciale dans son intégralité, depuis la définition du prix jusqu’à l’encaissement des
factures, en passant par le chargement des prix dans les systèmes de réservation, la bonne
application des conditions tarifaires, le respect des recommandations de vente décidées par le
yield.
Autrement dit, le revenue integrity s’assure que le revenu réellement encaissé est bien conforme
au revenu théoriquement encaissable, et que le produit vendu à un instant t, a été vendu, facturé,
encaissé au bon prix et avec les bonnes conditions tarifaires. Les gains attendus sont élevés :
de 1 % à 3 % du chiffre d’affaires.
LE CŒUR DU REVENUE INTEGRITY
Cette activité a été particulièrement développée dans le secteur aérien car les règles tarifaires
sont complexes et peuvent être aisément détournées. Les pertes cumulées devenaient critiques
pour les compagnies aériennes. Une gestion de la fraude par contrôle aléatoire à l’aéroport
s’avérait inefficace et la vérification manuelle des listes de passagers devenait prohibitive,
interdisant le traitement de la fraude en temps réel et laissant les agents d’enregistrement
démunis.
Le secteur aérien a donc été précurseur en la matière. Il y a, par exemple, le cas bien connu à Air
France des « croiseurs-jeteurs » : le département pricing a segmenté ses grilles tarifaires entre
trafic « loisir » et trafic « affaires » par un procédé simple qui consiste à considérer qu’un client
loisir passe la nuit du samedi au dimanche sur son lieu de séjour (la fameuse règle du Sunday
Rule). Si la nuit du samedi au dimanche est comprise entre l’aller et le retour, la Compagnie
considère que le client est « loisir », elle peut donc lui proposer un tarif attractif. À l’inverse, un
homme d’affaires aura plutôt tendance à voyager dans la semaine, à des prix beaucoup plus élevés
car c’est l’entreprise bien souvent qui prend en charge les frais de déplacement. Le tarif
« affaires » est régulièrement 6 à 7 fois plus cher que le tarif « loisir », parfois plus.
Le procédé consiste donc pour un client « affaires » à acheter deux allers-retours « loisir » à bas
prix et à cheval sur 3 semaines. Puis, à jeter le premier et le dernier coupon. Cela lui permet de
faire l’aller-retour dans la semaine pour un tarif moins cher qu’un billet « affaires » (voir figure
1.1).
Abandon des coupons A1 et R2, le passager peut faire son aller-retour sur la semaine 2
Les croiseurs-jeteurs sont maintenant bien identifiés et les contrevenants redressés. Il existe
d’autres types de fraude dans les compagnies aériennes, comme les simples jeteurs qui, depuis
Paris, achètent un Bordeaux-Paris-Boston parfois moins cher qu’un Paris-Boston pour dynamiser
le trafic local, et jettent ensuite le coupon Bordeaux-Paris.
La cellule de revenue integrity d’Air France a mis en place une batterie d’outils pour traquer ces
procédés, avec des contrôles aux bornes d’enregistrement pour s’assurer que « les coupons sont
utilisés dans l’ordre séquentiel » comme le prévoient les conditions de vente. Les
contrevenants sont alors renvoyés au comptoir de vente, avec l’obligation d’acheter un nouveau
billet, souvent au plein tarif car en dernière minute…
D’autres entreprises ont suivi le mouvement, plus ou moins timidement, avec plus ou moins de
succès. Disneyland Resort Paris a lancé une cellule ICAR en 2006 (Inventory Control And
Regulation) pour traquer toutes les ventes en anomalie. Pierre & Vacances a monté une première
structure de revenue integrity en 2008. Club Med a fait une première tentative la même année,
abandonnée depuis.
Les problématiques hôtelières ne sont pas forcément de même nature que dans l’aérien. Mais le
revenue integrity n’en est pas pour autant démuni : les tarifs « Séniors » sont-ils utilisés
réellement par des seniors ? Les annulations ou modifications de séjour sont-elles facturées
selon les règles en vigueur ? Les remises manuelles appliquées sur certaines réservations sont-
elles contrôlées ? Les tarifs en système sont-ils correctement paramétrés ?, etc.
La liste des anomalies est longue et le périmètre du revenue integrity couvre un champ immense
d’investigation.
Il ne s’agit pas de tomber dans une mécanique exclusivement répressive, en durcissant les règles
et en punissant, en interne, les mauvais éléments. Il s’agit de se doter d’une batterie d’indicateurs,
qu’il convient de partager avec l’ensemble des acteurs concernés, et de voir où sont les plus
importants leviers d’amélioration. Il ne s’agit pas de durcir les conditions de vente, il s’agit de les
faire appliquer, quitte à les assouplir s’il le faut. Par exemple, si le versement d’un acompte non
remboursable de 25 % sur une réservation prise un an à l’avance n’est pas réaliste, mieux vaut
assouplir la règle plutôt que de la violer en permanence.
Ainsi, Pierre & Vacances a assoupli les règles de modification et d’annulation sur les groupes
loisir car elles étaient inapplicables, et hors marché. Les nouvelles règles, assouplies, sont
comprises et acceptées par tous. Il devient alors plus facile d’être ferme sur leur bonne
application. En un an, les frais de modification et d’annulation ont augmenté de 60 %.
Les failles dans le dispositif commercial doivent être identifiées pour être corrigées. On peut les
classer en quatre catégories :
• Les problèmes d’ordre technique (un package difficile à paramétrer et qui ne sera pas vendu au
bon prix, un tarif qui ne remonte pas sur Internet, etc.).
• Les problèmes de procédure (des consignes de vente mal répercutées aux distributeurs, des
conditions tarifaires mal transmises par ceux qui les paramètrent en système, etc.).
• Les problèmes de communication (Offre hôtelière du type 7 jours au prix de 6. Le distributeur
peut prendre le dispositif à son avantage en exigeant que ce soit la nuit la plus chère qui soit
offerte. Si le point n’est pas précisé dans la communication de l’offre, le distributeur est couvert
juridiquement pour interpréter l’offre comme il le souhaite).
• Les problèmes de comportement (faire bénéficier manuellement de remises tarifaires en
dehors de tout contrôle, non-respect des consignes de vente, etc.).
Voici quelques exemples concrets où le revenue integrity peut être amené à -intervenir : code
produit associé à un mauvais tarif, préconisation yield mal configurées, application rétroactive
d’offres spéciales, règle du « no name change » non respectée, code offre last minute utilisé
pour des réservations précoces, ventes en statut « ferme » sans règlement, utilisation abusive du
statut « option », conditions d’exonération de frais de dossier confuses, réservations de tour-
opérateur sur dates stoppées à la vente, non suivi des recommandations de durées de séjour
décidées par le yield, remises « enfants » sans enfant dans la réservation, doublon de
réservations, no-show non facturés, confusion dans les règles de cumulabilité des offres
spéciales, gestion des gratuités sur les dates contraintes, mauvaise saisie de réservation, non
encaissement de pénalités, etc.
Un exemple du contrôle de l’application rétroactive d’offres spéciales : en suivant les ventes
réalisées sur ses ODM (offres de dernières minutes), le revenue integrity de Pierre & Vacances
s’est aperçu d’une faille dans le système de réservation : tout dossier, quelle que soit sa date de
création, pouvait se voir attribuer rétroactivement les bénéfices d’une offre spéciale en cours de
validité. Lorsqu’un dossier de réservation était réactivé pour ajouter une prestation annexe, pour
prolonger la durée de séjour ou même simplement pour préciser l’âge des enfants, l’offre en
cours s’appliquait automatiquement même si le dossier n’était pas éligible à l’offre. Partant de ce
constat, toutes les offres ont été passées au crible. Pas moins de 500 k€ de remise avaient été
accordés au titre des offres spéciales, bien après la date de création du dossier, sans que les
clients n’aient demandé quoi que ce soit. Un développement informatique a permis de verrouiller
l’attribution des offres spéciales, en ajoutant dans les critères d’application la date de création du
dossier et en excluant les dates de modification. 500 k€ de chiffre d’affaires, et même de marge
pure dans ce cas précis, ont ainsi été sauvés par le revenue integrity pour les saisons suivantes.
LES VERTUS DU REVENUE INTEGRITY
La mise en place d’un revenue integrity, au-delà du chiffre d’affaires directement récupéré, est
vertueuse car elle permet de niveler les bonnes pratiques par le haut : tel commercial arrive à
obtenir de ses clients le versement de tous les arrhes ; tel autre n’y parvient pas. Un reporting
peut être établi pour donner au directeur commercial des éléments d’appréciation chiffrés afin de
caler des objectifs sur la moyenne haute, et de capitaliser sur les bonnes pratiques. Et le procédé
peut être étendu à tous les types d’objectifs, en particulier ceux qui concernent l’encaissement
des pénalités ou les gestes commerciaux, plus ou moins utilisés et plus ou moins normés dans
les entreprises.
En étroite collaboration avec l’administration des ventes, le revenue integrity peut également
contribuer à identifier les mauvais payeurs, et intégrer ces éléments dans les négociations
commerciales ultérieures. C’est le cas par exemple sur la détermination des allotements pour des
tours-opérateurs ou des plans de transport dans l’aérien. La difficulté à obtenir des acomptes, à
gérer des frais d’annulation ou à facturer des no-show est alors un élément d’appréciation à
prendre en compte dans la finalisation d’une négociation. Cela pourrait s’appliquer à d’autres
industries où le revenue integrity n’est pas encore représenté, par exemple dans les medias avec
des négociations permanentes sur des plans de campagnes publicitaires ou la location de voitures
avec des contrats firmes annuels. Le revenue integrity permet alors de désamorcer de véritables
bombes à retardement, en nettoyant les process en amont de la chaîne commerciale, afin de
diminuer les éventuels cas de litige en aval.
L’activité de revenue integrity dépasse donc largement le cadre du revenue management. Si le
rattachement hiérarchique devrait se faire idéalement et même naturellement au revenue
management, c’est tout un chacun qui peut se placer dans une démarche revenue integrity et en
être un acteur. Pour chaque nouvelle initiative, on peut alors se poser la question : mon projet
est-il opérationnellement faisable ? Quels sont les interlocuteurs à mettre dans le groupe de
projet ? Quel impact de cette nouvelle initiative sur les systèmes d’information ? Sur les process
actuels ? Par quel processus commercial doit-on vendre ce nouveau produit ? Si, en s’inscrivant
dans une démarche de revenue integrity, les collaborateurs contribuent à fluidifier les process, à
les standardiser, à les documenter, s’ils s’assurent que de bout en bout, depuis la définition claire
du concept jusqu’à son implémentation, son paramétrage, sa facturation, la chaîne est cohérente
et robuste, alors c’est l’entreprise tout entière qui en bénéficiera.
Les processus, sous l’impulsion du revenue integrity, seront améliorés. Les demandes
d’évolutions d’outils rationnalisées, les comportements changés. C’est pour cela que le revenue
integrity est avant tout une démarche d’entreprise. Pour être efficace, il doit être compris et
partagé par l’ensemble des services connexes au revenue management : équipes commerciales,
distribution, exploitation, administration des ventes, direction générale.
L’optimisation du revenu d’un produit, dans l’optique d’une approche globale (total
revenue management), passe toujours par l’application de techniques de revenue
management ; mais elle doit aussi intégrer l’ensemble des sources contribuant à générer
du revenu supplémentaire. Différentes pratiques répondent à cet objectif :
• Analyser l’ensemble des dépenses des consommateurs sur un site pour identifier la
contribution réelle des clients et mieux les sélectionner : l’optimisation réelle du
revenu doit tenir compte de la valeur du client et de l’ensemble des ventes générées
par ce client. Par exemple, optimiser le prix de vente du green-fee (prix d’accès à un
parcours de golf) constitue la première étape de l’optimisation du revenu d’un golf.
Mais cette approche est incomplète si le responsable commercial ou revenue
manager ne tient pas compte des dépenses additionnelles du client (location de
voiturette et de matériel, jetons de practice, dépenses au bar et au restaurant, etc.). Le
golfeur prêt à payer le green-fee le plus élevé, n’est pas nécessairement celui qui
permet de générer le meilleur chiffre d’affaires pour l’entreprise. Nous retrouvons le
même lien entre les dépenses de restauration potentielles d’un client et son achat
d’une chambre d’hôtel ou de son billet d’entrée dans un parc de loisirs.
• Inciter le client à s’engager dans de nouvelles dépenses :
– pour des prestations complémentaires, accompagnant le service principal ;
– pour des aspects de la prestation principale qui étaient auparavant inclus dans la
prestation globale (exemple : le parking de l’hôtel, le bagage supplémentaire dans un
avion, etc.). Par exemple, sur de nombreuses compagnies aériennes, le passager ne
peut plus enregistrer gratuitement qu’un seul bagage en soute. Au-delà, il faut
s’acquitter d’un supplément par valise. Ainsi, les passagers qui ne payaient que les
dépassements de poids, doivent aujourd’hui payer pour le volume. Les compagnies
« traditionnelles » tendent, de plus en plus, vers des solutions de revenue
management hybrides, les rapprochant pour la gestion d’une partie de leur clientèle
des compagnies low-cost.
Avis d’expert
CHRISTOPHE IMBERT, Solutions Partner
« Afin de répondre à la menace que constituent les compagnies low-cost, les compagnies
aériennes traditionnelles ont dû mettre en place des solutions de revenue management hybride
permettant d’éviter une érosion tarifaire sur le segment des tarifs à faible contribution tout en
préservant le trafic affaires et O & D. La tendance actuelle pour les compagnies aériennes est
donc d’évoluer sur un modèle hybride où coexistent un produit purement low-cost avec tous les
services additionnels en option, et un produit premium où tous les services sont inclus. Ce
modèle a fondé le succès de JetBlue aux États-Unis et est maintenant suivi par de nombreuses
compagnies aériennes européennes comme EasyJet, Vueling, Aer Lingus ou Norwegian. »
Les composants
du revenue
management
Executive summary
►► Les techniques de revenue management reposent sur des éléments
fondamentaux de l’approche marketing : l’analyse des clientèles, la
segmentation, la politique de tarification. Nous proposons un rappel des
notions fondamentales, et soulignons une évolution dans le secteur des
services : le pricing dynamique, et ses conséquences pour le
consommateur. Puis, nous présentons les éléments d’analyse et composants
liés au revenue management : les indicateurs de performance, les leviers
d’optimisation, le contingentement et la surréservation.
►► Le cadre juridique accompagnant l’application du revenue
management est évoqué en fin de chapitre.
■ Analyse de la valeur
Les théories économiques contribuent à une meilleure compréhension des réactions des
consommateurs face à des niveaux de prix (plus ou moins forte sensibilité au prix – loi
économique – ou à la qualité – loi psychologique).
L’analyse du prix doit être replacée dans un contexte plus large qui intègre le prix non
seulement comme un sacrifice économique consenti par le consommateur, mais
également comme l’un des paramètres de l’analyse de la valeur.
La définition qu’un client donne à la valeur peut être personnelle et subjective
(Zeithmal, 1988). La valeur peut être définie de la façon suivante : la valeur correspond
à ce que l’on obtient pour ce que l’on donne. Lovelock et al. (2004) utilisent le terme de
valeur nette : c’est la somme de tous les bénéfices perçus moins la somme de tous les
coûts du produit. Plus la différence positive entre les deux est grande, plus la valeur
nette est importante. Les avantages correspondent entre autres à la qualité du service,
l’accessibilité, l’image, les services secondaires/complémentaires,
l’environnement/l’ambiance du lieu de service… Les coûts perçus seront
principalement représentés par le prix payé, mais également, par le risque, l’attente, la
difficulté à obtenir le service… Plus la différence positive sera grande, plus le
consommateur sera prêt à acheter, plus le prix accepté sera élevé. Il faut donc lors de la
définition d’un prix de vente réfléchir globalement et intégrer le prix de vente dans un
ensemble coût-avantage, c’est-à-dire dans une réflexion portant sur la valeur perçue de
la prestation de service (importance de la prestation principale, mais également de
toutes les dimensions secondaires du service).
Ajoutons enfin, que la perception du prix par le consommateur est, non seulement, le
fruit de son analyse de la valeur, mais également d’autres variables exogènes tels que
l’intensité de la concurrence, les actions de communication ou les pratiques des
distributeurs.
■ Segmenter le marché
La segmentation du marché se fonde sur l’ensemble des éléments reflétant les attentes
des consommateurs à l’égard des produits, ainsi que sur des variables traduisant leurs
comportements de consommation.
Par exemple, une nouvelle classe a été créée dans le secteur de l’aérien. L’apparition
de ce nouveau produit illustrait la nécessité d’adaptation des produits au marché. Une
classe correspond à un premier niveau de segmentation, chacune étant elle-même
destinée à différents sous-segments. La configuration classique est : première-affaires-
économie.
Au début des années 2010, une nouvelle classe intermédiaire Économie Premium (ou
Economy Plus) a été proposée aux voyageurs. Il s’agissait d’un « événement »
exceptionnel, mais rendu nécessaire par l’évolution des attentes des clientèles. En effet,
une tendance pérenne d’une partie de la clientèle « haute contribution » n’exprimant plus
un besoin impératif de voyager en Première, est venue se coupler à un phénomène
conjoncturel de crise économique (synonyme de restriction des frais de déplacement
pour la clientèle affaires). La nouvelle classe Premium Économie répond donc aux
attentes de clients (principalement affaires) contraints de descendre en tarifs et en
gamme, et de clients de classes « éco » (principalement loisirs) souhaitant « goûter » à
un peu plus de confort sans subir les tarifs élevés de la Première.
La nouvelle classe Économie Premium répondait à la double attente produit/prix
d’une partie de la clientèle ; elle contribuait dans le même temps au maintien à des
niveaux de prix « acceptables » de certains clients de la classe Première qui risquaient
de descendre en Éco, et à la montée en gamme (et en contribution) de clients Éco vers
l’Économie Premium.
Cet exemple illustre la nécessité d’adaptation de la segmentation (et des offres
produits et tarifaires) à l’évolution des attentes des clientèles.
Autre élément révélateur de ces évolutions : les entreprises de services intègrent de
plus en plus les comportements de réservation dans les approches de segmentation.
De façon plus traditionnelle, les segmentations reposent souvent sur des critères
significatifs (représentatifs des différences entre les groupes de clientèle) utilisés par la
majorité des entreprises d’un secteur. Par exemple en hôtellerie, un groupe hôtelier
considère les niveaux de segmentation suivant :
• Origine de la clientèle : trois profils apparaissent à ce niveau : transients (clientèle
de passage qui reste pour une courte période dans l’hôtel, et qui correspond à la
clientèle individuelle hors contrat), groupe (ensemble de la clientèle groupe affaires
et loisirs), contracted (tous les clients bénéficiant de tarifs négociés).
• Macro segmentation : poursuite de la segmentation du premier niveau (origine).
Exemples : segment public direct, segment public indirect (Online Travel Agent –
OTA), corporate (tarifs contractés avec les entreprises), FIT (Fully Independent
Travellers – tarifs contractés avec des agences de voyage pour la clientèle
individuelle), groupes affaires, groupes loisirs, etc.
• Revenue Management levels : des tarifs sont associés aux macro-segments en fonction
de leurs différents niveaux de contribution (Exemple : tarifs flexibles, semi-flexibles,
non flexibles, promotions, etc.).
• Rate code : au niveau de segmentation le plus fin, un tarif est proposé au client en
fonction de l’offre qui lui convient (concrètement, lorsque le client fait son choix de
lieu, date, type de chambre… et valide sa réservation, il paye un prix qui correspond
à un des rate code pour l’hôtel).
Autres critères de segmentation traditionnels en hôtellerie ou dans d’autres secteurs :
– la sensibilité au prix ;
– la nationalité ou pays d’origine ;
– les canaux de distribution utilisés pour réserver ;
– la raison du séjour (affaires, loisirs, etc.) ;
– la booking window ou délais d’anticipation de la réservation (early booking versus
last minute).
La tarification différenciée
La demande n’est pas homogène et recèle des segments de clientèle ayant des
sensibilités au prix et des attentes différentes à l’égard des prestations offertes. Il faut
donc regrouper les clients en segments homogènes au regard de leur sensibilité au prix
et de leurs attentes.
La tarification différenciée doit reposer sur quelques règles.
• La sensibilité au prix : les segments de clientèle doivent refléter les différents
niveaux de sensibilité au prix.
• L’étanchéité entre segments : chaque client est associé à un segment, à un type de tarif
et à une prestation donnée. Parfois, lorsque le client trouve une solution pour accéder
à un tarif plus avantageux, il tente de s’échapper de son segment. Par exemple : un
homme d’affaires tente d’accéder à un tarif d’avion réduit réservé à la clientèle
loisirs. Le transporteur imposera alors de passer la nuit du samedi sur place et de
réserver plusieurs semaines à l’avance. Les contraintes imposées devraient alors
dans le cas présent dissuader l’homme d’affaires de solliciter le tarif loisirs
avantageux puisqu’il préfère en général rentrer le vendredi chez lui et qu’il est
contraint de réserver tardivement son billet compte tenu des impératifs liés à son
activité professionnelle. Les barrières ou contraintes aident à maintenir les segments
tels que définis lors de la mise en place de la grille tarifaire.
• La flexibilité : pour une plus grande réactivité, il est impératif de conserver une
certaine flexibilité des tarifs (variations à la hausse ou à la baisse), mais également
des conditions de réservation associées à ces tarifs. L’entreprise conserve alors une
capacité de réaction face à des événements imprévus, des modifications du marché ou
des attaques des concurrents.
• La dégressivité : chaque tarif proposé ne doit pas être trop éloigné ni du tarif
immédiatement inférieur, ni de celui immédiatement supérieur. L’objectif est de
permettre un passage du client vers un tarif supérieur à un moindre surcoût lorsque le
tarif auquel il pouvait prétendre est fermé. Il faut tout faire pour respecter la mise en
œuvre du principe suivant : un client prêt à payer un tarif ou à payer un peu plus, ne
doit jamais payer moins.
Cas d’entreprise
Comment fonctionnent les prix chez iDTGV ?
Entre deux dates, le prix d’un billet iDTGV Nice-Paris peut varier de 19 € à 169 €.
Comment expliquer une telle variation du prix pour un même voyage ?
La raison est simple : le prix n’est pas déterminé par le coût du service (coût
d’affrètement de la rame TGV rapporté au nombre de voyageurs), mais il est fixé
en fonction de l’offre et de la demande.
■ La demande
Elle varie en fonction de la saison, des jours de semaine, et du nombre de jours
avant le départ. Selon ces différents facteurs, les clients seront plus ou moins
sensibles au prix. Par exemple, le samedi 21 janvier 2013, départ de vacances
scolaires de Noël, les billets Paris-Nice se vendent à 169 €, la période de Noël
propice au déplacement contribue à atteindre le palier de prix le plus élevé.
■ La concurrence
Pour un voyage entre Paris et Nice le 16 janvier acheté 36 jours avant, le billet ne
coûte que 45 € chez Easyjet, taxes comprises. iDTGV n’a pas d’autre choix que
de se positionner quelques euros en dessous, par exemple à 36 €. Le
positionnement prix par rapport à la concurrence est d’autant plus crucial
qu’iDTGV n’est distribué que par Internet. Quoi de plus facile que de comparer
les prix entre différents transporteurs sur le Web ? Le lancement de plusieurs sites
comparateurs de prix entre différents moyens de transport (avion, train, voiture)
tels que voyages-sncf.com, Liligo, Kelkoo en est la parfaite illustration.
La concurrence joue un rôle important lorsque la demande est faible. En revanche,
lors des jours de forte affluence, la demande est supérieure à l’offre (les TGV sont
bien souvent complets), et il arrive alors qu’iDTGV soit plus cher qu’Easyjet, ce
qui ne l’empêche pas de vendre.
Toute la science du yield/revenue management consiste alors à choisir, pour
chaque train, un prix qui permet de maximiser le chiffre d’affaires du train, c’est-à-
dire le prix moyen multiplié par le nombre de places vendues. Si le prix est trop
bas, le train sera complet longtemps avant le départ, et on perd l’opportunité de
vendre des billets de dernière minute, au prix fort (phénomène de dilution des
revenus). Si le prix est trop élevé, le train risque de partir à moitié vide.
L’analyste (ou yield manager) surveille donc à la fois :
– Le niveau de remplissage du train, et l’évolution de ce remplissage depuis
l’ouverture des réservations entre 3 et 6 mois qui précèdent le départ du train.
– Le prix de la concurrence, sur tous les moyens de transport proposés sur les
dates ouvertes.
En synthèse, le prix d’un voyage iDTGV à un instant donné est le produit de
l’offre et de la demande à cet instant.
Le contingentement
L’entreprise définit des contingents qui correspondent à un certain nombre d’unités de
ventes. Elle affecte chaque contingent à l’un des niveaux de prix préalablement définis.
Nous rappellerons que les prix de vente sont considérés comme une donnée d’entrée
fixe dans les modèles d’optimisation du revenu. Ils ont été définis sur la base d’une
analyse marketing des attentes des consommateurs. Ils ne changent donc pas en
permanence, contrairement à ce que croient les consommateurs. Seuls sont modifiés de
façon permanente les contingents d’unités de vente associés à chaque tarif, conduisant à
l’ouverture ou à la fermeture d’un tarif.
Le contingentement contribue à lutter contre la dilution du revenu. C’est un arbitrage
entre les unités non vendues ou les unités vendues à un tarif trop bas. Le principe
consiste à toujours protéger les tarifs les plus élevés et donc à relever progressivement
la limite tarifaire basse (appelée bid price) en deçà de laquelle l’entreprise ne vend
plus ses chambres ou ses places d’avion. Par le contrôle des prévisions et de la montée
en charge des réservations, le revenue manager décide de relever encore le bid price
jusqu’à garder ouverts uniquement quelques tarifs élevés, ou au contraire, rouvrir des
tarifs plus bas pour stimuler la demande si l’activité réelle constatée n’est pas conforme
aux prévisions.
Le bid price (ou prix plancher) est l’espérance de revenu de la dernière unité
disponible utilisée comme prix minimum pour l’accès à une classe tarifaire. Une
réservation sera acceptée, ou non, en comparant le revenu qu’elle génère (le prix payé
par le client) avec le bid price, ce dernier devant rester inférieur.
La définition du nombre d’unités de vente affecté à chaque niveau de tarif se base
principalement sur l’analyse des historiques de vente. L’étude du calendrier des
événements et des caractéristiques spécifiques du marché à un moment donné contribue
à l’ajustement des contingents. Des méthodes plus sophistiquées d’allocation des unités
de vente se fondent sur des modèles d’allocation et des algorithmes (Belobaba, 1987,
1989 ; Belobaba et Weatherford, 1996 ; Guilloux, 2000). Elles conduisent à différentes
approches des méthodes d’allocation (analyse statique, classes tarifaires indépendantes
ou imbriquées, analyse dynamique…).
La surréservation
Les hôtels, les compagnies aériennes ou les sociétés de location de voitures acceptent
régulièrement plus de clients qu’ils n’ont en réalité de produits à vendre ! Cette pratique
de vente, appelée surbooking ou surréservation, consiste à anticiper des annulations
tardives (parfois quelques heures seulement avant la réalisation de la prestation) ou la
non-venue de clients qui avaient pourtant réservé (appelés no-show en hôtellerie –
expression reprise dans d’autres secteurs).
Comment lutter contre ces pratiques « indélicates » de la part des consommateurs ?
La solution consiste à prévoir le nombre d’annulation et de no-show, et de placer en
surréservation autant de ventes supplémentaires. Un calcul réussi d’un bon taux de
surréservation devra compenser en volume tout ou partie des annulations tardives et des
no-show. Nous observerons ici une différence dans la prise de risque des revenue
managers. Si cinq chambres peuvent être invendues à une date donnée dans un hôtel,
placer deux ou trois clients en surréservation est une pratique normale et peu risquée.
En revanche, placer quatre ou cinq (voire six) clients en surréservation devient plus
risqué, car la probabilité que l’un des clients se présente tout de même s’accroît à
chaque client supplémentaire placé en surréservation.
Si nous plaçons les cinq annulations et no-show probables en surréservation, et que
finalement quatre clients seulement se désistent, nous serons alors confrontés à la
présence d’un client qui a dûment réservé sa chambre et que nous ne pouvons pas
accepter. Cette situation, appelée refus impliquera un « délogement » (expression
utilisée en hôtellerie) du client, dont nous sommes responsables et que nous devons
« reloger » dans un autre hôtel, si possible à proximité, et impérativement dans les
mêmes conditions de tarif et de confort.
Le refus a un coût : un coût direct (lié aux frais du relogement, si la chambre d’hôtel
est plus chère – la différence n’est, bien sûr, pas payée par le client – ou s’il faut
prendre en charge des frais de taxi ou de restaurant…) et un coût indirect lié à
l’insatisfaction du client perturbé dans son accès à une prestation de service qu’il avait
pourtant pris soin de réserver. La corrélation entre pratique de yield et
satisfaction/insatisfaction des consommateurs a été étudiée (Kimes 1999, 2002, Wirtz et
al. 2003). Ces recherches montrent que refuser un client provoque un écart entre la
qualité qu’il attend et la qualité voulue par l’entreprise. Le sentiment de frustration du
client doit être pris en considération. Ceci explique que certaines entreprises ajoutent, à
la prise en charge des frais directs, des compensations commerciales destinées à
atténuer le mécontentement du client. Notons que les opérateurs prennent la précaution
d’éviter dans la mesure du possible d’avoir à gérer des refus avec leurs meilleurs
clients « haute contribution » et/ou clients fidèles.
La définition du taux acceptable de surréservation repose donc à la fois sur une
analyse des volumes de vente (les surréservations doivent compenser les annulations et
les no-show) et sur une analyse du bénéfice marginal procuré par la surréservation. En
effet, la surréservation, arbitrage entre unités non vendues et refus, ne présente un intérêt
que dans la mesure où elle contribue à la maximisation du revenu ; il ne faut donc placer
une unité de vente en surréservation que si le revenu supplémentaire dégagé par cette
vente reste supérieur au coût généré par une probable situation de refus.
Le niveau de surréservation se fonde en grande partie sur les données historiques
(no-show et annulations tardives en N – 1 ou tendance sur une plus longue période), les
caractéristiques des clientèles (forte variation des niveaux de no-show en fonction des
segments), des caractéristiques du marché. Par ailleurs, outre le niveau de
surréservation idéal théorique défini en amont, il faut également ajuster la
surréservation au fur et à mesure de la montée en charge des réservations, globalement
sur l’hôtel ou par catégorie de produits. En effet, il est courant de faire de la
surréservation pour des chambres « standards », mais moins sur des produits de
catégorie supérieure. Ainsi, lorsque vous devez reloger un client en hôtellerie, ou lui
trouver un autre siège dans un avion, vous avez alors la possibilité de simplement le
surclasser (upgrade) au sein de votre avion ou hôtel si vous n’êtes pas encore complet
dans la catégorie supérieure. Une autre solution pour reloger un client, en réduisant le
coût de cette opération, consiste, pour un groupe hôtelier possédant plusieurs hôtels (de
la même marque ou de marques différentes) à pratiquer le renvoi inter-hôtel (RIH) qui
présente de nombreux avantages : l’identification de disponibilité (via le CRS –
système de réservation centralisé du groupe) et l’acception d’un client d’un autre hôtel
sont facilitées au sein d’un même groupe ; le client restera dans un hôtel de la marque ou
du groupe (d’autant plus important s’il s’agit d’un client fidèle) ; des Tarifs Inter Hotels
(négociés dans le cadre de la politique des RIH) sont appliqués, et sont plus avantageux
que lors du renvoi du client vers un hôtel concurrent.
Par ailleurs, pour l’ajustement du niveau de surréservation peu de temps avant la
réalisation de la prestation, il faut anticiper un possible retour dans l’inventaire d’unités
de ventes. Par exemple, des clients peuvent annuler tardivement des réservations auprès
d’OTAs, et l’hôtel peut voir revenir dans l’inventaire disponible un certain nombre de
chambres. De la même façon, lorsque les groupes tourisme font parvenir leurs rooming
listes, une relâche de chambre reste possible (parfois sur des volumes importants).
Une surréservation peut aussi être involontaire de la part de l’hôtel, lorsque qu’un
canal de distribution est fermé trop tard. En effet, les OTA ont entre 24 h et 48 h pour
saisir leurs réservations. Si un hôtel attend d’être presque complet pour fermer ses
canaux de distribution, il peut se voir contraint d’accepter en surréservation celle
proposées avec un léger décalage par des OTAs. Il est important de bien contrôler la
fermeture des OTAs en amont, et également de s’assurer que l’OTA a bien stoppé les
ventes de votre hôtel.
Outre les pratiques de surréservation, d’autres approches contribuent à la lutte contre
les unités « vides » lors de la réalisation de la prestation. Une méthode, simple en
apparence, consiste à imposer des contraintes aux clients. De nombreux prestataires
sont réticents à imposer ces contraintes à leurs clientèles, notamment vis-à-vis de la
clientèle affaires qui exige un maximum de souplesse dans l’accès à la prestation.
Cependant, ces dernières années, la concurrence accrue, les difficultés économiques et
les excès de la clientèle en matière d’annulation et de no-show, ont conduit certaines
entreprises à revoir leur position. Des pénalités de non-présentation apparaissent
aujourd’hui, telles que la sanction financière, ou l’impossibilité de report de la
prestation (exemple : refus de reporter le titre de transport si le passager arrive après
fermeture de l’embarquement pour son vol, ou si son train vient de partir). Par exemple,
iDTGV ne pratique pas la surréservation, mais applique des contraintes sur les billets
(non remboursables et échangeables avant impression moyennant 10 €) qui limitent les
no-show et compense le manque à gagner des no-shows éventuels. Cependant, de
nombreuses entreprises n’appliquent que partiellement, ou pas du tout, les pénalités
financières. Certaines chambres pourtant garanties par les coordonnées bancaires d’un
client, ne sont parfois jamais facturées (par l’OTA ou l’hôtel lui-même). Autre
exemple : lorsque des pénalités sont imposées lors d’un départ anticipé, il est très
délicat pour le personnel de réception de demander au client lors de son check out, une
somme supplémentaire, parfois importante, pour un service qu’il ne va pas consommer
(c’est-à-dire, par exemple, 30 ou 40 % du prix des nuitées qu’il ne passera finalement
pas dans votre hôtel).
Une autre méthode consiste à identifier les doubles réservations (dans la limite de
réservations multiples d’un consommateur au sein d’un même groupe) ou les
réservations non fiables (Exemple : des clients étrangers réservant une chambre pour
faire leur demande de visa, mais sans intention de séjourner dans votre hôtel). Garantir
la fiabilité des réservations permet de limiter le besoin de surréservation.
La distribution
Dans un contexte de variation tarifaire de plus en plus forte et de recherche par les
entreprises d’une attractivité renforcée du prix sur les consommateurs, la distribution
joue un rôle non négligeable. Elle est considérée par de nombreux acteurs de l’industrie
touristique comme un levier d’efficacité économique étroitement lié aux politiques
tarifaires et à l’accroissement du revenu. Vendre chaque jour au prix optimal l’ensemble
de la capacité fixe et des prestations attenantes est la clé de la rentabilité pour les
structures touristiques.
L’entreprise poursuit donc un double objectif lorsqu’elle étudie les possibilités de
distribution de ses prestations de service :
• optimiser les ventes et accroître le revenu par le choix de réseaux adaptés aux
clientèles et efficients d’un point de vue commercial,
• contrôler (réduire) les coûts liés à la distribution.
Comment choisir ses réseaux de distribution en vue d’une optimisation de ses efforts
commerciaux ?
Plusieurs critères interviennent dans la sélection des réseaux. Notons qu’un même
distributeur pourra choisir de distribuer les mêmes prestations touristiques
simultanément par différents réseaux (distribution multicanal). Le coût et le niveau de
contrôle sont des critères qui participent pleinement au choix du ou des réseaux
(Frochot et Legohérel, 2014).
Le niveau de maîtrise du réseau devient un problème lorsque certains distributeurs ne
sont plus sous le contrôle du producteur. La diversité et la complexité des réseaux
accentuent ce phénomène, et plus particulièrement depuis le développement d’Internet.
Par ailleurs, lorsque le producteur travaille avec un distributeur puissant, il peut être
conduit à consentir des sacrifices, notamment en termes de prix de vente ou de niveau de
commission (en échange à la fois de la capacité à toucher certaines clientèles et des
volumes de vente). Le pouvoir et le contrôle de la phase de vente passent alors entre les
mains du distributeur.
La distribution digitale est aujourd’hui le premier canal (e-distribution et m-
distribution). Cette tendance se renforcera au cours des prochaines années. Qui sont les
principaux acteurs et quel est leur rôle dans la distribution ?
• Les moteurs de recherche (Exemples : Google, Yahoo) : c’est la « porte d’entrée » du
client vers le processus d’achat en ligne. Premier interlocuteur, il oriente le client (en
fonction, notamment, des mots clés choisis par le client). Les entreprises, à ce stade,
tentent d’améliorer leur référencement, naturel ou grâce à des outils de
promotion/identification renforcés, tels que les Adwords ou bannières publicitaires
proposées par les moteurs de recherche. Par ailleurs, ces acteurs (plus
spécifiquement Google) qui possèdent déjà le rôle de premier interlocuteur du client,
s’orientent vers des fonctions de distributeur/vendeur (rôle traditionnel des OTA – ci-
dessous, et des entreprises de service à travers leurs propres sites).
• Les OTAs (Online Travel Agent) (Exemple : Booking, Expedia, etc.) : ces plateformes,
très nombreuses, proposent un service complet au consommateur : de l’information
sur les produits jusqu’à la validation de la réservation/vente, en passant par
différents services complémentaires tels que les avis des consommateurs. En termes
de problématique de pricing et de revenue management, le point « négatif » est le
niveau de commission parfois élevé imposé par les OTA (en moyenne entre 15 et
30 %). Par ailleurs, les OTA les plus puissants (principalement Booking et Expedia
sur le marché français) sont en position de force et imposent leurs conditions
(notamment les niveaux de commission et l’application de règles de parité tarifaire –
voir ci-après). Ils agissent également sur le niveau de référencement de leurs clients.
Chaque prestataire de service doit donc, avant de contracter avec un OTA, faire une
analyse à la fois de l’avantage lié à une meilleure visibilité et une croissance des
ventes, mais aussi des contraintes évoquées ci-dessus (et autres contraintes, telles
que la difficulté parfois rencontrée de fermeture de canaux de distribution et les
surbooking qui peuvent en résulter, etc.). Ajoutons, que certains OTAs offrent des
services spécifiques tels que des offres secrètes ou opaques (Exemple : Last Minute)
décrivant la prestation et son prix, sans donner le nom de l’hôtel ou du tour
opérateur ou les recherches par niveau de prix (Exemple : Priceline).
• Les metasearch : des comparateurs tels que Kayak ou Trivago ont des fonctions
proches des moteurs de recherche et orientent le consommateur, sur la base d’une
comparaison entre les offres de service le plus souvent basée sur le prix. D’autres
acteurs orientent le consommateur sur la base d’avis proposés par les
consommateurs. Tripadvisor est l’acteur le plus important dans ce domaine.
Ajoutons que les prestataires de services tentent de préserver ou renforcer leurs
ventes en directe (digitaliée ou en contact directe), pour à la fois réduire le coût de la
distribution, et mieux la contrôler. Le choix des canaux de distribution est donc une
préoccupation forte des entreprises de service. Pour poursuivre la réflexion, nous
proposons ci-après le témoignage de Stéphane Gautier, Directeur d’hôtel, et ancien
PDG de Best Western France.
Ces dispositions légales sont, dans la pratique, difficiles à appliquer. Elles ne sont en
réalité, pas ou peu respectées, du fait principalement de la non prise en considération
par un texte ancien des méthodes et techniques actuelles. Le coiffeur qui propose une
dizaine de tarifs peut respecter l’obligation d’affichage de l’ensemble des tarifs sur un
support présenté à la vue de tous sur le lieu de réalisation de la prestation (« endroit où
la clientèle est habituellement reçue »). En revanche, comment afficher les quelques
dizaines de tarifs gérés par un petit groupe hôtelier. Et que dire des centaines ou milliers
de tarifs gérés par de grandes entreprises (ou quelques millions pour les compagnies
aériennes). L’obligation d’affichage sur un document unique, support papier ou
électronique, de l’ensemble des prestations et tarifs d’une entreprise n’est plus réaliste
au regard des pratiques de discrimination tarifaires variables actuelles. Une information
tarifaire répondant à une demande précise est toujours disponible pour le client.
Concernant l’information permanente et générale, différentes pratiques sont observées ;
par exemple : affichage d’un tarif maximum (exemple : un tarif rack affiché à la
réception d’un hôtel pour ses principales prestations), d’une fourchette de prix (solution
adoptée par certains tour-opérateurs qui renvoient de la fourchette de prix vers un
cahier de prix statique ou vers les personnels de vente, si le pricing dynamique est
adopté) ou de prix minimum (« à partir de… »).
• La vente à perte : procédé qui consiste, pour un distributeur, à revendre un produit en
l’état à un prix inférieur à son prix d’achat effectif.
• Les ententes : elles correspondent à des accords passés entre plusieurs entreprises
(producteurs ou distributeurs) et visant à restreindre ou à fausser le libre jeu de la
concurrence. Cette pratique est interdite par les ordonnances de 1986, et par le droit
européen. La Commission européenne prononce des sanctions financières de plus en
plus fortes. Les principales affaires et condamnations concernent le secteur industriel
(pour la majorité en relation B-to-B), mais des entreprises opérant à destination du
consommateur final (B-to-C), et pour certaines dans les services, ont aussi fait l’objet
d’avertissements et/ou de condamnations (télécommunication, hôtellerie…).
• La communication : plusieurs textes peuvent ici être évoqués selon le contexte de
communication mettant en avant des informations tarifaires. Ainsi, par exemple, la
comparaison de vos prix avec ceux d’un concurrent est autorisée, mais il est
souhaitable de respecter les recommandations liées à la publicité comparative
(Directive européenne d’octobre 1997, transposée en droit français par l’Ordonnance
d’août 2001). Toute information doit également correspondre à une réalité, au risque
en cas d’information erronée, d’être accusé de publicité mensongère.
Surréservation
Dans le secteur de l’aérien, le cadre juridique développé par la Communauté
européenne impose une certaine transparence des pratiques ainsi que des compensations
minimales destinées à protéger les voyageurs et à limiter les excès en matière de
surréservation. La surréservation est considérée comme une rupture unilatérale des
engagements qui porte atteinte à la sécurité des relations contractuelles entre le
transporteur aérien et son client. Le transporteur aérien a une obligation de résultat, ce
qui implique que le contrat de transport doit être exécuté selon les conditions de prix et
de confort figurant sur le billet et les passagers doivent être acheminés à destination à la
date et à l’heure prévues. Chaque passager peut faire valoir ses droits sur la base du
droit commun en vigueur dans la législation de son pays, ou des réglementations
communautaires établissant un système supplétif de compensation minimale (en
constante évolution dans le sens d’une meilleure protection des consommateurs). Un
passager peut décider de céder son siège volontairement moyennant compensation
financière (ou en nature, de type billets d’avions gratuits) ; attention : il ne peut plus
alors exercer un éventuel recours contre la compagnie pour une demande de dommages
et intérêts, puisqu’il n’a plus alors officiellement le statut de passager refusé à
l’embarquement. Dans le cas contraire, le passager qui apporte la preuve d’un préjudice
subi (exemples : rendez-vous d’affaires retardé ou manqué, vacances annulées ou
séjours touristiques plus courts, etc.) peut mettre en cause la responsabilité du
transporteur pour demander réparation du dommage.
Depuis décembre 2009, les passagers ferroviaires disposent à leur tour de nouveaux
droits. Les compagnies ferroviaires ont, entre autres, une responsabilité en matière de
retards, de correspondances manquées et d’annulations.
Outres les textes spécifiques au transport aérien, la surréservation de façon générale
entre dans le cadre d’une rupture des engagements de l’entreprise lorsqu’elle ne peut
assurer la prestation. Par exemple, il n’y a plus de place dans un hôtel où un client a
pourtant bien réservé sa chambre. L’hôtelier est tenu de reloger le client dans les mêmes
conditions de prix et de confort prévues dans l’engagement initial (le client doit être
relogé dans une catégorie identique ou supérieure, sans payer le différentiel de tarif de
la chambre). Tous frais liés au délogement (par exemple, le taxi pour se rendre à l’autre
hôtel) seront à la charge de l’hôtelier. Des gestes commerciaux peuvent être proposés au
client (mais sans aucune obligation) pour atténuer son insatisfaction (par exemple, si
vous déloger un client fidèle, il est possible de lui offrir le diner, ou une gratuité sur une
prochaine nuitée).
L’essentiel
►► Le revenue management est constitué en amont, d’éléments liés au
domaine du marketing, tels que l’analyse des clientèles et de la valeur, la
segmentation, le pricing et la distribution. Le pricing dynamique constitue
une avancée des techniques marketing, tendant vers les pratiques de
revenue management.
►► L’analyse de la performance des entreprises de service repose sur
l’utilisation d’indicateurs. Le taux d’occupation et le prix moyen étaient, et
restent, des indicateurs « traditionnels ». Ils sont aujourd’hui complétés par
d’autres indicateurs jugés plus pertinents tel que le revenu par unité
disponible (RevPar).
►► La pratique du revenue management fait appel à des leviers
d’optimisation tels que le contingentement, la surréservation, la gestion des
itinéraires, la gestion des groupes et la synergie entre la politique tarifaire et
la distribution.
►► Le cadre juridique englobe des éléments afférant au prix et au
principe de variation tarifaire. Il n’existe pas de réglementation spécifique
encadrant le revenue management ; mais, un cadre juridique spécifique,
proposé par l’Union Européenne, traite des pratiques de surréservation
(surbooking), et des textes français évoque les variations tarifaires et le yield
management, ou des points plus spécifiques tels que la parité tarifaire.
Notes
1. RevPATH (Revenue Per Average Treatment-Hour) : multiplication du TO des salles de soins par le revenu
moyen des traitements, ou division du revenu sur une période donnée (matin/après-midi, jour, mois) par le nombre
d’heures disponibles pour les traitements.
Chapitre 3
La fonction
revenue manager
Executive summary
►► Dans les entreprises de services intégrant les techniques du
revenue/yield management, apparaît une nouvelle fonction appelée
généralement revenue manager. Ce chapitre 3 présente, au fil des sections,
les diverses composantes qui permettront de mieux comprendre le sens et le
contenu de la fonction revenue manager.
►► Nous définirons sa place dans l’organisation générale de
l’entreprise, ses interactions avec les autres fonctions, ses missions et
compétences dans les divers secteurs ayant adopté et développé le
revenue/yield management.
Exemple
Dans le secteur des transports, nous allons nous intéresser à un acteur récent du
transport ferroviaire iDTGV. Créée en 2004, iDTGV est une filiale de droit privé
appartenant au groupe SNCF. La filiale a été créée pour deux raisons principales :
concurrencer les compagnies aériennes low-cost, et anticiper l’ouverture du trafic
passager à la concurrence effective d’un point de vue légal depuis janvier 2010. En
effet, depuis quelques années, les compagnies aériennes low-cost, comme EasyJet,
Ryanair gagnent des parts de marchés au ferroviaire, notamment sur les trajets longs
que commercialise la SNCF sur le marché intérieur. Ces compagnies proposent des
tarifs de plus en plus bas, avec peu de services, réduisant ainsi leurs coûts de
production. L’objectif de la filiale iDTGV est de proposer une expérience de voyage
différente sur les trajets à longue distance, via des services innovants et des prix
attractifs. La clientèle est essentiellement typée « Loisir », ce qui signifie que la
sensibilité au prix est très prononcée, d’où l’importance de l’équipe yield au sein
d’iDTGV. L’équipe est composée de cinq personnes : un responsable et quatre
analystes, qui gèrent un chiffre d’affaires annuel d’environ 250 M€. Il est également à
noter que le service yield est rattaché à la direction commerciale & financière. Son rôle
est de tirer le meilleur de la demande, en la stimulant dans les périodes creuses, et en
optimisant le chiffre d’affaires sur les périodes de pointe à travers l’amplitude de la
gamme tarifaire.
Autre exemple intéressant, dans le secteur du transport aérien : la compagnie aérienne
indépendante Transavia France détenue à 60 % par Air France-KLM et à 40 % par
Transavia Pays-Bas. Ces deux entreprises ont décidé de lancer en 2007 la filiale
française de Transavia avec l’ambition pour Transavia Pays-Bas de s’étendre et pour
Air France de compléter son offre sur les destinations loisirs fortement concurrencées
par les compagnies low-costs. C’est le choix de la filiale sous le nom Transavia qui a été
retenu afin de profiter de l’image de marque de Transavia Pays-Bas et du savoir-faire
déjà développé de la compagnie néerlandaise. Transavia France est une compagnie
moyen-courrier, dite low-cost, spécialisée dans les destinations loisirs. L’objectif d’une
compagnie low-cost est de minimiser ses coûts et de maximiser ses revenus.
Exemple
Citons l’entreprise relevant du secteur des médias, TF1 Publicité, filiale à 100 % du
groupe TF1, qui est la structure en charge de la gestion des espaces publicitaires du
groupe. Ses écrans publicitaires bénéficient logiquement du succès de ces programmes
et permettent de toucher une très large part de la population française. Dans ce
contexte, l’exercice de l’activité de TF1 Publicité a besoin de recourir à des méthodes
rationnelles de calcul des prix de ses espaces publicitaires, et plusieurs éléments ont
imposé à la régie d’approcher son activité de vente d’espace par les techniques du
revenue management. Ainsi l’importance du volume du chiffre d’affaires nécessite une
gestion fine de l’offre et une sélection justifiée des demandes les plus contributrices en
terme de revenu en respectant la loi qui impose une obligation de non-discrimination
envers les annonceurs.
Le marché de la vente d’espaces publicitaires est de plus un marché très segmenté : les
différents services que commercialise la régie doivent correspondre au mieux avec la
multiplicité des besoins de la part des différents annonceurs (d’où l’opportunité
d’identifier des comportements d’achat et d’établir des prévisions). D’autre part, l’offre
proposée est contrainte : à la fois par la loi, qui plafonne la durée d’espace publicitaire
commercialisable (216 minutes par jour, 12 minutes par heure d’horloge et 6 minutes
par écran pour les chaînes privées), mais aussi par le marché (dont la concurrence
contraint les possibilités d’évolution tarifaire). Les contraintes que nous venons
d’énumérer, ajoutées au fait qu’un écran publicitaire est une offre périssable dans le
temps (qui si elle n’est pas vendue constitue une perte pour l’entreprise) sont autant de
facteurs qui ont motivé la création au sein de TF1 Publicité d’une équipe dédiée
à l’optimisation du revenu (voir figure 3.4).
Chez TF1 Publicité, le revenue management a été initié en 1997 afin de mieux répondre
aux attentes des annonceurs tout en maximisant le chiffre d’affaires. La direction
revenue management est rattachée à la direction générale adjointe marketing et revenue.
Ainsi positionnée entre les directions commerciales et planning, le revenue manager
va pouvoir apporter les analyses et les recommandations auprès de la direction générale
afin de piloter le revenu de la manière la plus efficace.
Exemple
Afin d’illustrer les interactions organisationnelles, prenons l’exemple d’iDTGV. Le
service de yield management est régulièrement sollicité sur de nombreux sujets. En
premier lieu, l’interaction se fait avec le pôle Plan de transport, qui gère les annulations
de trains en cas de grève ou de travaux, et qui planifie les circulations à long terme.
L’équipe Marketing, de son côté, a régulièrement besoin de savoir quelles sont les
destinations à mettre en avant, et quels sont les quotas de petits prix sur lesquels il est
possible de communiquer. L’équipe Finance-Contrôle de gestion est demandeuse en
chaque début de mois de reporting relatif aux ventes réalisées, selon diverses
ventilations, afin de comparer avec leurs propres chiffres. L’équipe restauration
réceptionne de la part du service yield management des extractions liées au remplissage
des trains, afin de mieux calibrer l’avitaillement, de même que le service Production, qui
doit pouvoir ainsi anticiper le personnel présent dans chacun des trains, et remonter
toutes les informations nécessaires au « personnel roulant ». Le lien avec l’équipe
Service Informatique est également important, en particulier lors de projets qui
nécessitent une modification de paramétrage dans l’inventaire, comme dans le cadre de
la création de nouveaux paliers de prix, par exemple.
■ Analyser la performance
Le revenue manager base son analyse sur les indicateurs de performance de l’hôtel et
ceux de la zone étudiée. Les axes d’analyse sont les suivants : la performance de l’hôtel
par rapport à sa catégorie, la référence par rapport à la concurrence locale et enfin par
rapport à la présence locale du groupe s’il y a.
L’analyse par hôtel intègre les paramètres que sont :
• taux d’occupation/prix moyen (TO/PM) par périodes types comprenant les semaines
événementielles, ordinaires ou vacances ;
• évolution des indicateurs clés : TO, PM et RevPar ;
• mix clientèle par rapport à la semaine type ;
• poids des jours contraints par rapport aux semaines types ;
• évolution du taux d’occupation et du prix moyen sur l’année ;
• bilan des objectifs annuels.
L’analyse est également conduite sur la place/zone géographique étudiée en intégrant
les paramètres que sont :
• le RevPar par zone géographique ;
• la cohérence tarifaire ;
• les performances en termes de renvoi inter-hôtels en fonction des jours contraints ;
• le poids des jours contraints par rapport aux jours complets (hôtel complet).
Cette analyse permet au revenue manager d’identifier les points faibles ou
d’amélioration centrés sur l’optimisation du mix les jours contraints, sur le remplissage
de certains jours lundis et jeudis avec la recherche d’une clientèle complémentaire,
l’optimisation de certains segments comme le groupe loisirs etc. Les opportunités
d’action concrètes doivent être identifiées et décidées pour chaque hôtel. Il s’agit de :
• optimiser le mix les jours contraints (notion de mix idéal) pour les hôtels ;
• optimiser le remplissage des lundis et jeudis événementiels (durée de séjour) pour les
hôtels concernés du centre touristique et ville et périphérie ;
• rechercher une clientèle complémentaire les lundis et jeudis ordinaires (groupes
affaires, tarifs négociés, ouverture tarifs opportunistes ;
• concentrer les efforts sur les groupes loisirs.
Cas d’entreprise
iDTGV : la fonction Yield manager et Pricing
Depuis sa création le service Yield management et Pricing d’iDTGV propose une
politique tarifaire des plus simples et des plus lisibles afin que le client en
comprenne facilement les rouages. Nous allons en exposer les axes majeurs.
■ iDTGV Max
Début 2015, iDTGV a lancé une offre en rupture, iDTGV Max, qui fonctionne sur
la base d’un abonnement mensuel de 64,99 € par mois, donnant aux abonnés un
accès illimité à tous les trains du plan de transport iDTGV. Cette offre a été
plébiscitée le jour de sa mise en vente puisque les dix mille abonnements ont été
vendus en vingt-quatre heures. Chaque train iDTGV comporte un espace
iDTGV Max (composé de vingt à quarante places), entièrement dédié aux
abonnés, qui sont appelés des « MaxTrotters », et qui constituent une
communauté à part entière !
Enfin, il faut préciser que les leviers en revenue management que sont la durée de
séjour ou la surréservation, habituellement utilisés dans l’hôtellerie, ne sont pas pris
en compte dans la démarche d’optimisation du yield iDTGV. Les prix sont en effet
identiques, qu’un client décide de ne réserver qu’un aller, ou qu’il préfère réserver
au même moment son aller et son retour. Contrairement à la SNCF, iDTGV ne
pratique pas le cabotage : le client peut acheter un « Paris-Avignon » ou un « Paris-
Marseille », mais il ne peut pas acheter un « Avignon-Marseille ».
Dans le secteur de l’hôtellerie, le groupe Accor utilise pour la première fois les
principes du revenue management en 1992, aux États-Unis, pour la chaîne Sofitel. Grâce
à son large portefeuille de marques, AccorHotels est présent sur tous les continents et
sur tous les niveaux de gammes d’hôtels, allant du F1 (hôtel économique proposant le
minimum à un prix défiant toute concurrence) aux hôtels Sofitel, « le luxe à la
française ». En 2016, AccorHotels1 a annoncé le rachat de trois nouvelles marques
d’hôtels : Raffles, Fairmont et Swissôtel. Avec ce rachat, AccorHotels, un des leaders
mondiaux de l’hôtellerie économique et de moyenne gamme, se hisse au cinquième rang
mondial de l’hôtellerie haut et très haut de gamme.
Cas d’entreprise
AccorHotels : des organisations variées adaptées aux marchés
et aux modes de gestion des hôtels.
« One size does not fit all ! »
■ Revenue manager dans les hôtels ou en « Cluster » ?
Dans le secteur de l’hôtellerie, les revenue managers sont principalement basés
dans les hôtels alors que dans les secteurs du transport aérien, ferroviaire ou
encore dans les régies publicitaires, ils sont réunis dans des organisations
centralisées au niveau des sièges.
Le modèle centralisé appelé également « Cluster RM » n’est-il pas l’avenir des
organisations RM dans le secteur hôtelier ?
Les expériences menées sur les deux dernières années dans le Groupe
AccorHotels montrent qu’il n’y pas de réponse unique.
Un « Cluster RM » vise efficacité et performance. Un cluster a l’énorme avantage
de réunir des experts entre eux, qui travaillent exclusivement sur l’optimisation du
chiffre d’affaires, qui peuvent échanger sur leurs pratiques et qui sont plus faciles à
recruter, former et coacher au quotidien. Ce type d’organisation est
particulièrement adapté en cas de mutualisation des ressources pour couvrir un
réseau important d’hôtels. Ce modèle se développe de plus en plus en Europe du
Nord et Centrale : UK, Allemagne, Pologne… Son succès est très lié à la maturité
du pays et des équipes en termes de revenue management. Ce modèle
d’organisation implique un support total du top management opérationnel et une
proximité quotidienne avec l’hôtel même si cela se fait par téléphone et non in situ.
Dans le cas contraire, l’organisation en « Cluster » peut être vécue comme une
perte de responsabilité par les hôtels sur leur chiffre d’affaires.
Avoir les revenue managers dans les hôtels répond à d’autres enjeux. Cela
contribue à diffuser la culture RM et Data au plus proche des hôtels, auprès du
General Manager et des chefs de service. Cette option est tout simplement parfois
la réponse aux exigences des propriétaires qui veulent leurs revenue managers
présents dans leurs hôtels.
■ Revenue managers seulement pour les gros hôtels ou accessibles aux plus
petits hôtels ?
Sur ce sujet encore, les choses évoluent à la vitesse grand V. Le revenue manager
était surtout associé aux plus gros hôtels du réseau, principalement aux hôtels en
filiales et managés. Désormais, tous les hôtels peuvent avoir accès à l’expertise
d’un revenue manager que ce soit un gros ou un petit hôtel, qu’il soit filiale ou
franchisé.
AccorHotels a créé il y a deux ans un nouveau profil de revenue manager : les
revenue analysts, qui optimisent le revenu d’hôtels économiques, et dont le levier
d’action principal est le prix. Ils peuvent gérer jusqu’à 20 hôtels en même temps,
grâce à des solutions plus simples et plus intuitives, qui facilitent leurs prises de
décisions.
Les propriétaires franchisés eux-mêmes sont de plus en plus intéressés par le levier
du revenue management. Grâce à ces nouveaux profils souvent mutualisés, et à des
offres de services adaptées à de plus petits hôtels (ex. l’offre RM On Demand de
AccorHotels), le revenue management devient accessible au plus grand nombre,
d’un point de vue économique et qualité des ressources.
Cas d’entreprise
L’hôtel InterContinental Carlton :
la fonction directeur du revenue management
Depuis quelques années, il existe un service revenue management au Carlton, dont
la mission est de maximiser le revenu total généré par l’hébergement et la
restauration.
Le directeur du revenue management du Carlton assume un éventail de missions et
de responsabilités très large. Il occupe un poste clé au sein de l’hôtel, travaille en
collaboration avec Regional Director Revenue Management, Luxury & Boutique
hotels – Europe basé au siège de IHG (InterContinental Hotels Group) à Denham.
Ainsi, il reporte directement au directeur général de l’hôtel. Il gère à la fois les
prévisions, le pricing et l’allocation des capacités. Notons qu’il est également
manager de l’équipe des réservations qui comprend quatre personnes plus une
personne qui l’assiste particulièrement dans les tâches de revenue management.
En coopération avec tous les départements générateurs de profit, le directeur du
revenue management donne les directives et les conseils permettant de sélectionner
les opportunités de revenu optimales pour l’hôtel. Il compare les résultats et la
performance avec les objectifs, et modifie la stratégie en cours si nécessaire. Il
surveille l’environnement concurrentiel de l’hôtel Carlton, et met en place des
tactiques pour maximiser la part de marché. Il participe aux décisions stratégiques
de l’hôtel au niveau de la détermination des budgets
Ainsi, il travaille en étroite collaboration avec le directeur général, le directeur des
opérations, le directeur financier et la directrice marketing et vente. Il est impliqué
en particulier dans l’établissement des budgets, un exercice difficile car il suppose
de prévoir l’activité en nombre de nuitées et prix moyen, par segment et par jour
(prévision microéconomique) pour une période d’un an, et ce, à moyen-long terme
avec une visibilité à plusieurs mois. Il s’agit d’un travail de prévision à long terme
prenant en compte une variété de paramètres très importante. Il faut donc à la fois
avoir un souci du détail très fin et une vision globale de la situation future. Au
Carlton, on commence à établir les budgets dès le mois de juin ou juillet jusqu’au
mois de septembre voire davantage. En effet, une fois le budget établi par le
Directeur du revenue management, il doit être validé par le siège qui en général
demande des modifications et justifications. On se base donc, comme pour les
prévisions à plus court terme, sur les historiques, les événements exogènes
attendus tels que les manifestations du Palais des Festivals, les groupes confirmés
et en négociation etc.
La vision globale est ici particulièrement importante puisque chaque changement de
prévision du nombre de chambres pour une date entraîne une modification du
revenue.
Source : Jad Aboukhater, directeur du revenue management à l’InterContinental
Carlton Cannes.
FICHE PRATIQUE
Savoir-faire
• Élaboration et pilotage du Master Plan Annuel et des scénarios d’optimisation
• RM (activation synchronisée des leviers d’optimisation des inventaires)
• Pricing (pilotage des grilles tarifaires et des offres spéciales)
• Maitrise des systèmes (Réservation – Distribution – Revenue Management) et
outils (Excel – Databases)
• Développement d’outils Excel
Savoir-être
• Goût de la performance
• Esprit d’initiative et capacité à se projeter dans le futur
• Honnêteté intellectuelle-éthique
• Aptitude à la conceptualisation et la synthèse
• Esprit d’équipe
• Capacité à faire partager ses convictions (sens de l’écoute et de la
persuasion)
“ Témoignage
Pour de nombreux professionnels, le revenue manager idéal serait une sorte de sportif
de haut niveau s’apparentant au décathlonien… Il devrait savoir tout faire
parfaitement, tant au niveau quotidien que tactique ou stratégique. Cette vision ne
résiste pas à l’épreuve des faits. Le rêve d’un revenue manager « idéal », personnage
unique sachant tout faire de façon réellement performante au niveau d’une « unité
d’optimisation » (hôtel par exemple) ne se rencontre pas dans la réalité. La recherche
de cohérence et d’efficacité amène à s’organiser de façon très différente et à rechercher
des « profils revenue managers » adaptés à la situation.
Les raisons peuvent être multiples :
• Le « revenue mix » de l’hôtel
Vu sous l’angle de l’optimisation, le chiffre d’affaires d’un hôtel provient de trois
grandes sources : l’attraction (clientèle individuelle en réservation directe ou indirecte),
la négociation (groupes) et le contracting (équipages, allotements, contrats
distribution, référencements).
• La synergie de place
Pour développer leur synergie de place, les grands groupes hôteliers « synergie de
place » organisent le plus souvent leur activité RM en « cluster d’optimisation » au
sein duquel, outre une responsabilité et une coordination géographique, les revenue
managers développent une expertise particulière sur un marché, un segment, un canal
de distribution.
• La maîtrise des coûts liés au revenue management
En revenue management « Big & Rich is beautiful », « Poor & Small is pitiful ». Plus
les hôtels sont « riches » (Prix Moyen Chambre élevé et grande ou moyenne capacité),
plus ils pourront recruter un « RM expert » ou mieux… une équipe RM !
Plus l’hôtel est petit avec un tarif moyen par jour (ADR bas), plus le revenue
management est vital et difficile.
C’est ce qui amène le plus souvent les petits hôtels à ne pas avoir de revenue manager
(« faire avec les moyens du bord ») ; à bénéficier des services d’un « revenue manager
multi-hôtels » dans le cas des groupes hôteliers intégrés ; à recourir à l’assistance de
cabinets revenue management externes qui gèrent l’optimisation (prévisions et
recommandations) pour le compte de l’hôtelier.
Dans chaque situation, pour chaque contexte, il faudra donc imaginer et rechercher un
« profil optimal » de revenue manager (vs idéal).
Avec les évolutions des technologies de base de données, le revenue manager serait-
il à terme un data scientist ?
“ Témoignage
Le data scientist est un profil crucial pour développer le big data. Il est mathématicien-
statisticien et sait développer des algorithmes, rompu à la modélisation stochastique et
l’apprentissage automatique consistant à mettre en place un ou plusieurs algorithmes
pour obtenir une analyse prédictive à partir de données. Il est également programmeur
et maitrise les technologies de bases de données non structurées (NoSQL, Hadoop,
Map Reduce, etc.), les outils de statistiques tels que le logiciel R et connaît la
virtualisation dans le cloud pour analyser en un temps record des milliards de
données. Il est surtout curieux, aime communiquer et sait construire des visualisations
infographiques permettant la prise rapide de décision.
Christophe Imbert, président et co-fondateur de Milanamos,
startup spécialisée dans l’optimisation de réseaux de transports multimodaux.
L’essentiel
►► Le revenue manager, rattaché à la direction générale, est une
fonction prééminente dans les entreprises ayant adopté le revenue
management.
►► Fonction transversale, elle tisse des liens privilégiés avec les autres
fonctions de l’entreprise. Créer un climat de confiance avec les autres
équipes est un facteur primordial pour l’atteinte des objectifs.
►► Ses missions s’articulent autour de l’expertise, de
l’accompagnement, l’analyse et la prise de décision. Dans le cadre de la
stratégie de l’entreprise, elle est partie prenante. Son périmètre d’action
fortement lié aux spécificités des secteurs, est étendu à l’ensemble des
fonctions de l’entreprise engagées dans le développement du chiffre
d’affaires.
►► Elle mobilise des compétences et requiert des qualités spécifiques
qui la rendent distinctive.
Notes
1. Site officiel du Groupe Accor
Chapitre 4
La démarche
du revenue manager
Executive summary
►► Afin de maximiser son chiffre d’affaires, une entreprise est souvent
confrontée à deux options en termes d’orientation tarifaire : atteindre un
objectif volume et ainsi proposer de nombreuses places à bas prix afin
d’augmenter sa part de marché sur son secteur ; atteindre un objectif de
chiffre d’affaires et ainsi maintenir son produit ou service à prix élevé, quitte
à ne pas écouler l’intégralité de sa production, dans le but de s’assurer un
prix moyen de vente (PMV) par client le plus élevé possible.
►► Aucune de ces deux alternatives ne semble être supérieure à
l’autre. Chacune d’elles est susceptible, suivant le contexte, de contribuer à
la maximisation du chiffre d’affaires. L’objectif du revenue management est
de permettre un arbitrage permanent entre ces deux solutions. Il revient au
revenue manager d’instaurer une politique de prix précise et de réexaminer
constamment l’activité des réservations afin de pouvoir prendre des mesures
correctives concernant la gestion des stocks si cela s’avère nécessaire.
►► Mais quelle démarche doit-il adopter ? Nous allons exposer les
diverses étapes de cette démarche : l’analyse de l’historique, la prévision de
la demande, l’optimisation du revenu et le contrôle des performances.
Figure 4.1 – Système intégré de Revenue Management
Cas d’entreprise
Exemple de courbe de montée en charge sur le samedi
du weekend du 14 juillet 2016 pour un hôtel
Mercure Majestic La Baule
L’étude d’une courbe de montée en charge permet de comprendre le
comportement de réservation de la clientèle. En étudiant les courbes de montées en
charge de dates comparables, il est possible d’établir des tendances et prévisions.
L’hôtel Mercure Majestic a une capacité de 83 chambres.
Nous prenons ici l’exemple d’un weekend prolongé loisir de très haute contrainte à
la Baule. Sur ce weekend, en termes d’impact calendaire, nous notons qu’en 2016
le 14 juillet férié est positionné sur un jeudi alors qu’en 2015 (N – 1) le jour férié
tombe sur un mardi. Aussi en 2016, ce weekend prolongé est le troisième weekend
du mois contre le deuxième en 2015 soit plus avancé dans la saison touristique.
Quatre mois avant la date nous observons 37 % de portefeuille alors que nous en
comptions 22 % en N – 1 (+ 15 points de taux d’occupation d’avance à date
équivalente). Cet écart se maintient à M – 2 (+ 12 pts), avec 48 % de taux
d’occupation en portefeuille en N contre 36 % en N – 1, puis à M – 1 (+ 17 pts),
avec 67 % en N contre 50 % en N – 1.
L’avance observée jusqu’ici ira jusqu’à disparaitre entre M – 1 et J – 7 en passant
une semaine avant la date à 83 % de chambres en portefeuille en N contre 87 % en
N – 1 soit un léger retard de 5 pts de TO. Malgré cela l’hôtel réussira son complet
en prenant le reste de son inventaire soit 17 % en une semaine. Des comportements
de réservation de moins en moins précoce ainsi que l’incertitude météorologique
peuvent expliquer la contrainte légèrement plus tardive en N. Malgré cela le
comportement reste globalement très similaire avec une montée en charge anticipée
qui commence 4 mois avant l’arrivée et croit régulièrement. Nous remarquons aussi
une quasi exclusivité de tarifs non annulables et non remboursables caractéristiques
de la clientèle loisirs qui recherche le tarif le plus bas et reste certaine d’honorer sa
réservation.
Chez Mediatransports, chaque semaine possède une saisonnalité qui lui est propre
et paramétrée en fonction de l’état de son chiffre d’affaires, des événements
calendaires (vacances, jours fériés, etc.) ou des perspectives de marché.
La semaine 32 ici étudiée est au milieu de l’été ; cela correspond à une période de
ralentissement du marché pour l’affichage (notamment pour Metrobus). Cette
semaine a été paramétrée comme étant « faible », tout comme la semaine 33 qui lui
succède. La semaine 31 a quant à elle était jugée « très faible ». Nous pouvons
d’ailleurs remarquer que cette dernière accuse un léger retard en comparaison avec
les semaines 32 et 33 qui ont une tendance assez équivalente.
La semaine 32 de 2015 avait été paramétrée comme « moyenne » l’année dernière
du fait d’un niveau de CA final plus élevé. Il sera donc compliqué de comparer la
semaine 32 de 2016 avec son équivalente de 2015.
La courbe de prévision se construit grâce :
– Aux situations équivalentes du passé : produits similaires vendus, même type de
semaine, etc.
– À l’état des stocks (niveau du CA en cours), au reste à vendre et au potentiel
vendable.
De cette manière, la montée en charge nous permet de savoir si une semaine prend
du retard en analysant la pression du marché (semaines 31, 33) ainsi que sa
prévision en fonction de l’historique et sa correspondance avec N – 1.
Nous joignons ensuite cette analyse à celle du taux d’occupation afin d’en tirer des
résultats précis quant aux axes d’amélioration. Faut-il agir sur le prix pour
privilégier le remplissage ? Faut-il vendre plus/moins cher pour optimiser le CA ?
■ Analyse de la semaine 32
La semaine 32 avait commencé au-dessus de la prévision espérée, jusqu’à la
semaine – 14. On constate ensuite un ralentissement du résultat qui cause un retard
conséquent jusqu’à la semaine – 5. En date d’analyse, en semaine – 4, elle est
repassée au-dessus de la prévision ; cette hausse est en grande partie l’effet des
actions du Yield sur le prix de vente des produits de la semaine.
Nous avons communiqué ce retard aux équipes commerciales dès son écartement
de la prévision et les recommandations proposées ont été adaptées sur Mereo afin
d’être moins sévères (taux de remise plus bas). »
Ainsi, la courbe de montée en charge actuelle des réservations est comparée aux
tendances passées sur le même type de journée. Ce type d’analyse permet au revenue
manager de cerner le comportement de la clientèle résultant de la nature des décisions
prises par exemple les prix sont-ils trop élevés ? Certaines classes tarifaires sont-elles
fermées trop tôt ?
L’intérêt de cette analyse est d’éviter de reproduire les erreurs du passé s’il y en a eu
et a pour objectif de rattraper le retard éventuel en mettant en place une politique
tarifaire adaptée.
La prévision de la demande
La prévision est au cœur de la démarche du revenue manager et à la base de tout
système efficace de revenue management. Elle permet de fonder les décisions sur ce que
l’on sait, et non sur ce que l’on suppose. L’essentiel est d’adopter une démarche adaptée
à la taille de l’entreprise. Après avoir rassemblé, trié, filtré et analysé les données les
plus pertinentes sur le comportement des consommateurs et le marché, l’application de
techniques mathématiques avancées de prévision via un progiciel va permettre de mieux
anticiper l’activité future de l’entreprise.
La prévision vise à anticiper la demande, les annulations et no-shows.
La demande
Basées sur des méthodes de calcul, les prévisions de la demande par
hôtel/place/segment permettent au revenue manager d’avoir une meilleure visibilité sur
les ventes futures.
Cas d’entreprise
Hôtel Carlton : la fonction Directeur du revenue management
et les prévisions
En matière de prévisions, plusieurs prévisions sont faites par le Directeur du
Revenue Management à des intervalles et pour des horizons différents.
La première est celle, annuelle, des budgets.
Ensuite, une fois par mois est établi le « Rolling forecast » qui est la prévision
officielle du mois pour le restant de l’année et validée par IHG.
Une troisième prévision appelée « weekly forecast » est faite chaque semaine pour
le mois en cours. Elle consiste en une adaptation de la dernière prévision en
fonction de l’activité réelle de l’hôtel et est utilisée pour justifier les résultats auprès
des actionnaires. Elle est présentée lors d’un revenue meeting au Directeur Général
et au Directeur Financier. La même chose est faite par le directeur de la restauration
pour son activité. Ce forecast est envoyé au siège qui le valide et exige des
justifications pour les éventuels écarts avec le « last forecast ».
Enfin, sur une base quotidienne, le « current Forecast » non-officiel, permet au
Directeur du Revenue Management de s’approcher au plus près de la réalité pour
les jours à venir en fonction du nombre de réservations, de la montée en charge
des réservations, des annulations attendues etc. Il est nécessaire de rentrer toutes
les prévisions par jour et par segment dans la base de donnée globale SBRP
(Strategic Business & Revenue Plan).
L’élaboration du budget est une étape essentielle pour initier une nouvelle année
fiscale. Elle repose sur l’analyse des données historiques de l’année passée, base de
référence. Toutefois, certaines dates/périodes doivent être extraites des valeurs de
référence pour ne pas fausser les prévisions. Ce sont par exemple des journées
d’événements particuliers comme le lancement d’une nouvelle attraction ou
l’anniversaire des dix ans de Disneyland Resort Paris, d’intempéries climatiques ayant
un impact sur le taux d’occupation (parc d’attraction) et le revenu des hôtels, etc. Le
revenue manager doit comparer les dates à venir avec les données conservées pour en
déduire les impacts calendaires. Par exemple, le décalage observé des périodes de
vacances d’une zone/d’un pays considéré peuvent avoir un impact positif ou négatif sur
les volumes de la semaine analysée.
En parvenant à prévoir la demande de chaque segment de marché, le revenue manager
sera capable de déduire si une classe tarifaire basse doit être fermée à la vente parce
que la demande sera supérieure à la capacité de l’hôtel/du parc… ou si elle doit rester
ouverte parce qu’au contraire elle permettra d’attirer des clients dans l’hypothèse où la
demande est faible
Pour les entreprises ayant adopté le revenue management, la prévision journalière
s’impose ; la maille mensuelle n’est pas suffisante. Recourir à l’analyse de séries
temporelles représente un intérêt tout particulier car elles permettent de décrire une
série de données, de donner un éclairage sur les mécanismes sous-jacents et de prédire
le devenir de la série. Le terme « séries temporelles » désigne à la fois les séries
réelles chronologiques et une suite théorique de variables aléatoires indicées par le
temps. Sur une base journalière, le revenue manager prend en compte la mise à jour des
réservations, annulations… par segment.
S’agissant des méthodes de prévisions, deux grandes familles de méthodes
s’opposent : celles fondées sur le passé, dites endogènes, qui reposent essentiellement
sur les variables internes à l’entreprise et celles dites exogènes, combinant les variables
internes et externes. Ces dernières peuvent correspondre à une infinité de variables
comme le prix des services, le budget de communication, l’évolution des tendances de
consommation, les évènements.
Deux méthodes quantitatives endogènes coexistent l’une appelée lissage exponentiel
simple, l’autre dénommée Holt-Winters, un lissage exponentiel plus élaborée. Ces
méthodes ont pour objet de découvrir dans l’historique de données une forme composée
d’une tendance, d’une saisonnalité, et d’un aléa (causes externes).
La recherche de l’optimisation
L’optimisation est le fait de contrôler et de maîtriser les réservations et les prix pour
différents types de clients. Ce contrôle implique donc d’accepter ou de refuser des
demandes de réservations pour maximiser les profits de l’entreprise. Il s’agit d’allouer
les capacités et optimiser via les divers leviers du revenue management.
FICHE PRATIQUE
L’optimisation
Afin d’augmenter le revenu, le revenu manager dispose d’un certain nombre de leviers
lui permettant de générer du profit. Les leviers sont des éléments qui font partie
intégrante de la stratégie définie par le revenue manager permettant d’augmenter la
marge brute de l’hôtel/avion, train… Quels sont ces leviers qui font partie intégrante de
sa démarche ?
Les principaux leviers adoptés par le revenue managers sont :
• la gestion de la surréservation ;
• la gestion des tarifs ;
• la gestion de la durée de séjour ;
• la gestion des groupes ;
• la gestion des contrats.
■ La gestion de la surréservation
La surréservation est une pratique qui consiste à mettre en vente une capacité supérieure
à la capacité effectivement disponible, pour anticiper les effets des annulations et des
« no-shows » (non-présentation d’un client ayant réservé). En effet, réserver une
chambre, une place sur un vol, c’est en fait planifier un déplacement. Celui-ci peut être
supprimé ou modifié pour de multiples raisons. Dans le meilleur des cas, il s’ensuivra
une annulation qui entraînera une modification des prévisions de montée en charge.
Mais il existe d’autres situations qui ont un impact plus négatif sur les prévisions. Il
arrive que certains passagers ne se présentent pas lors de l’embarquement et n’annulent
pas leur réservation (volontairement ou involontairement) : ce sont des no-show. Cela
constitue une perte de recette pour l’entreprise. Cette perte s’assimile au coût
d’opportunité du siège no-show et de plus, soustrait du contingent de sièges offert à la
réservation. Inversement, un passager peut se présenter à l’embarquement sans avoir de
réservation : c’est un go-show.
Le revenue manager doit prendre en compte ce genre de comportements dans sa
démarche afin de gérer l’incertitude et le caractère stochastique de la demande. Ainsi,
la surréservation limite le risque de se retrouver avec des chambres/places vides et
participe de fait à la maximisation du revenu. Elle permet également à un plus grand
nombre de clients de réserver la prestation qui constitue leur premier choix.
On remarque clairement que l’entreprise, lors de la montée en charge, autorise
beaucoup plus de réservations que la capacité effectivement disponible, mais que les
annulations et no-shows survenant quelques jours avant la date, ramènent le nombre
final de réservation au niveau optimal.
La surréservation reste une des parties les plus délicates de la démarche du revenue
manager et pose encore des problèmes éthiques pour de nombreux clients.
Ainsi, afin d’anticiper ces phénomènes qui engendrent un manque à gagner certain, les
entreprises de services, à l’aide de prévisions des annulations et des no-show, ajustent
donc la quantité d’unités disponibles.
Toutefois, les prévisions ne sont pas toujours aussi fiables que dans l’exemple ci-
dessus, ce qui engendre un coût conséquent. L’entreprise est donc soumise à deux
risques à pondérer pour déterminer le taux optimal de surréservation : ne pas vendre
toutes les unités disponibles si on accepte trop peu de réservations (risque de gâchis) ou
devoir refuser le service proposé (risque de refus). En effet, en cas de refus, le
délogement du client concerné peut engendrer un coût important. Il est alors intéressant
de comparer les coûts dus à la surréservation et les bénéfices engendrés. Ceci permet
d’établir un optimum théorique et ainsi de déterminer le taux de surréservation optimal.
Les coûts engendrés par la surréservation sont de deux types :
• Le premier correspond à la perte engendrée par les sièges restant inoccupés : c’est le
coût de gâchis.
• Le second est le coût de refus et est caractérisé par deux coûts différents : celui
correspondant au coût financier de la compensation versée au client, intégrant par
exemple le relogement, le trajet en taxi, une indemnité, etc. Autre risque lié à l’image
de marque de l’entreprise, coût par ailleurs très difficile à chiffrer, qui constitue
véritablement un coût caché.
Dans le secteur de l’hôtellerie, le revenue manager dispose d’un autre levier : le
renvoi inter-hôtels. Il s’agit de minimiser les situations où l’on refuse un client alors
qu’un autre hôtel du groupe de la zone géographique a des chambres de libre. On parle
de renvoi, ou transfert, quand on déplace un client au moment de sa réservation et avec
son accord. Une deuxième étape d’optimisation consiste à renvoyer ce client sur l’hôtel
qui en tirera la marge la plus élevée. Il ne s’agit pas forcément de l’hôtel au tarif le plus
élevé, mais celui pour lequel les coûts d’une chambre inoccupée sont les plus
importants.
La gestion des contrats, c’est aussi parvenir à inclure aux contrats des clauses qui
permettent le plus de marge de manœuvre au niveau du logement, des tarifs possibles en
fonction de la période d’activité, du nombre maximal de chambres réservables à une
même date.
Ces leviers sont d’excellents moyens d’augmenter le revenu d’un produit en
optimisant les ressources. Afin de les exploiter au mieux, les utilisent les outils
informatiques permettant de traiter les très nombreux paramètres et fournissant ainsi une
précieuse aide à la décision.
La démarche du revenue manager suit bien quatre étapes respectives : l’analyse de
l’historique, la prévision de la demande, optimisation du revenu et le contrôle des
performances. Cependant, le comportement de la demande en termes de réservation
d’espace publicitaire présente certaines caractéristiques similaires au comportement de
la clientèle du secteur hôtelier ou aérien en terme de saisonnalité (périodes creuses ou
fortes dues à l’effet calendrier), mais l’acte de réservation d’espace en lui-même
s’organise selon une chronologie différente de ces secteurs. Analysons la démarche
adoptée par le revenue manager de la régie TF1 Publicité.
Cas d’entreprise
TF1 Publicité : la démarche spécifique du revenue manager
La régie TF1 Publicité doit gérer la totalité des demandes de réservation arrivant en
même temps. Afin d’y répondre, la direction du revenue management à
TF1 Publicité a organisé son activité en deux missions distinctes : une activité de
tarification dont la mission est de valoriser l’espace vendu, ainsi qu’une activité de
gestion du stock de la durée mise en vente.
■ La tarification sectorielle
La seconde méthode de différenciation du tarif segmente, elle, la clientèle de la
régie selon la cible du produit sur laquelle souhaite communiquer l’annonceur ainsi
que selon le secteur d’activité auquel appartient ce produit (selon la nomenclature
éditée par la régie). Ce système s’applique à tous les écrans mis à la vente sans
distinction particulière et permet d’élargir le nombre de cibles d’achat des écrans
de TF1 auprès des annonceurs.
Pour chaque période et chaque écran sont créés deux tarifs en fonction de la cible
d’achat du produit : le tarif 1 pour les produits des secteurs de la grande
consommation (l’alimentation, les boissons, les appareils ménagers, etc.) ainsi que
les jeux et jouets, et le tarif 2 pour les produits des autres secteurs.
La mise en place
d’un système
de revenue
management (RMS)
Executive Summary
►► Afin de mener à bien sa mission, le revenue manager doit se doter
d’un système de revenue management performant d’aide à la décision. La
problématique commune à toutes les entreprises faisant appel aux
techniques du revenue management est de contrôler une demande aléatoire
qu’il faut adapter à une offre fixe et périssable par un système de tarification
différenciée. L’enjeu est de déterminer le nombre d’unités (une chambre
d’hôtel, un siège d’avion, une place de train ou même de concert) à vendre
à plein tarif et à tarif réduit.
►► Ainsi, des techniques sophistiquées de prévision de la demande et
d’optimisation des unités disponibles permettent de maximiser le revenu
global de l’entreprise, tout en tenant compte de contraintes de capacité et de
demande. Un système de revenue management est donc véritablement un
facteur-clé de succès pour l’entreprise de service. On estime en effet qu’il
permet en moyenne une augmentation des résultats de 3 à 7 %.
►► Un revenue management system, dit RMS, doit être un outil
automatisé ou non, facilement exploitable permettant de calculer des
prévisions fiables et si possible proposant des préconisations automatisées
ou non aux utilisateurs.
►► Nous allons exposer la finalité du RMS, les étapes nécessaires à la
mise en place d’un RMS, les solutions informatiques disponibles pour les
entreprises.
Finalité du revenue management system (RMS)
La finalité du RMS est d’assurer le développement du chiffre d’affaires et
l’optimisation de la marge sur l’entreprise.
Architecture du RMS
La démarche qu’implique la construction d’un RMS enchaîne un certain nombre
d’opérations. Une entreprise décidée à intégrer le revenue management, doit
s’interroger sur la pertinence des éléments constitutifs du revenue management système
RMS.
Figure 5.1
Cette application web offre de nombreux avantages, selon les propos des
utilisateurs :
“ Témoignage
« Au niveau commercial, l’application PEC Calendar Intelligence est un outil précieux
qui permet de suivre l’activité des concurrents et des agences générant du volume sur
ma ville et les villes concurrentes de ma zone de chalandise. »
Jan Frederick Vanhamel, directeur commercial Estrel Hotel Berlin
FICHE PRATIQUE
Cet outil permet d’analyser le chiffre d’affaires engendré par la location des salles,
d’optimiser la capacité des salles de séminaire, faire une analyse du taux de
réservation, du prix moyen et du suivi du pricing proposé par le revenue manager de
l’hôtel.
Créer une base de données client permet également de faire des analyses en fonction
des typologies de clientèle et pouvoir prospecter plus finement de nouvelles sociétés.
Cet outil journalier ou mensuel doit fournir :
• Un fichier rassemblant un historique de réservation.
• Un fichier permettant au moyen de graphiques de voir la progression de l’activité par
rapport à la définition des scénarios au préalable.
De façon annuelle, l’outil doit fournir : Un fichier récapitulatif des réservations de
l’année, du chiffre d’affaires des salles de séminaires.
Le prix des salles de séminaire n’est pas fixé à l’avance comme le prix des chambres.
Il existe donc une marge de manœuvre plus importante et un pricing plus intéressant à
faire en s’appuyant sur la demande et l’historique des réservations. Bien souvent, cet
outil est destiné au service réservation de l’hôtel, et permet ainsi une meilleure analyse
de la part du revenue manager sur cette activité en plein développement au sein des
hôtels.
Sabre ✓ ✓ ✓ ✓
PROS ✓ ✓ ✓
Lufthansa ✓ ✓ ✓
Systems
Navitaire ✓ ✓
(Amadeus)
RMS ✓
(Mercator)
Amadeus ✓ ✓ ✓
Cas d’entreprise
iDTGV : le système RMS dénommé Cayzn du service yield
management
Le yield manager et pricing d’iDTGV dispose de nombreux outils afin d’avoir une
vision globale des ventes au jour le jour et de pouvoir analyser les données
passées. L’objectif poursuivi est de disposer d’outils permettant :
– d’accompagner la croissance en cours de l’offre iDTGV ;
– de mieux gérer la charge de travail des analystes en leur donnant plus de temps à
consacrer aux trains critiques à fort enjeu commercial ;
– de continuer à mener une stratégie commerciale visant à privilégier la vente d’OD
longues.
Le système de revenue management iDTGV, dénommé Cayzn est une application
web, ergonomique et fluide, qui centralise l’exhaustivité des informations
nécessaires à la prise de décision. Cette application a été développée par la start-up
Wiremind.
Voici quelques particularités de Cayzn :
– L’application est intégralement en temps réel : les données sont rafraîchies tout
au long de la journée, de sorte à ce que l’analyste ait toujours sous les yeux les
données les plus récentes ;
– Par un jeu de couleurs qui représentent les sphères de prix, l’analyste dispose
d’éléments visuels dans toute l’application, y compris dans les courbes de
montées en charge, qui lui donnent une idée de la sensibilité-prix du client ;
– L’analyste dispose également d’un module de traque tarifaire qui va lui donner un
aperçu graphique et intuitif de son positionnement vis-à-vis de ses concurrents.
On retrouve par ailleurs dans Cayzn les informations habituelles d’un système de
revenue management (trafic, CA, PM, taux d’occupation, objectif, etc.), restituées
dans différentes vues : vue à la journée, vue au train, vue par classe de confort, vue
par tronçon, courbes de montées en charge, vue mix, etc.
Un système de recommandation a récemment été mis en place sous forme de
« pricemap » qui préconise à l’analyste un prix via un système de zones tarifaires
directement renseignés sur la courbe de montée en charge.
Chaque analyste se connecte sur l’application en renseignant les entités dont il a la
charge (exemple : « Nice » ou « Montpellier ») et peut ainsi optimiser les trains de
son portefeuille. L’analyste est responsable d’un portefeuille de trains qu’il
optimise au quotidien via l’application Cayzn. Le matin, un passage en revue
conséquent est effectué sur les dates à venir, et également sur les dates plus
lointaines. En cours de journée, l’analyste garde un œil sur les ventes, en particulier
sur le court terme, afin de réajuster le tir en cas de ventes très importantes ou trop
faibles.
Le reste de la journée est partagé entre différentes tâches : évolution et maintien des
outils VBA, lien avec les autres services iDTGV, réalisation d’études business ou
de reportings.
L’objectif numéro un de l’analyste reste avant tout l’atteinte des objectifs de chiffre
d’affaires.
Deux fois par an, l’équipe yield entre dans un cycle qui correspond à une
ouverture des ventes. En effet, iDTGV ouvre à la vente des blocs de 6 mois de
circulation en une seule fois. Pour chaque analyste, cela induit un travail sur
plusieurs items :
– catégorisation des trains ayant circulé selon leur comportement ;
– évaluation du potentiel des trains à venir sur la nouvelle période de circulation ;
– définition des autorisations pour chaque train en fonction de sa capacité et de
son potentiel ;
– envoi des autorisations dans l’inventaire.
En dehors de cette application, les analystes ont construit différents outils
directement connectés à la base de données yield, qui leur permettent de produire
des reportings plus « macro », afin de suivre le business au jour le jour, ou pour
alimenter en chiffres les autres services au sein d’iDTGV.
iDTGV bénéficie également d’un dashboard en temps réel qui indique les ventes
de la journée, ainsi que d’une application entièrement dédiée à la traque tarifaire.
L’application de yield Cayzn et ses composantes sont reliées à une base de
données yield, gérée par Wiremind, qui est directement reliée à Navitaire, le
système d’inventaire et de réservation utilisé par iDTGV.
La base de données de yield pioche dans différentes tables de l’inventaire, à
fréquence variable selon les besoins. Les ventes sont rafraîchies en temps réels,
tandis que, par exemple, les données relatives à un changement de gamme tarifaire
(ce qui intervient très rarement) sont uniquement quotidiennes.
L’architecture est entièrement scalable (système de taches synchrones distribuées),
résiliente (file d’attente avec failover) et sécurisée (surveillance continu via un
système de logs exhaustifs & d’alertes). Elle est bâtie sur des technologies à la
pointe et qui ont fait leur preuve dans les environnements temps-réel les plus
exigeants (Google, Twitter etc.). La complexité est totalement transparente pour
l’utilisateur sur le modèle de ce qui se fait en BtoB (ex : Google ou Facebook) où
l’utilisateur est au centre des choix de développement de l’application.
Cette solution exige un suivi permanent afin de s’assurer que les informations sont
pertinentes et identiques.
L’essentiel
►► Afin de faire face à une demande bien souvent fluctuante et mener
des arbitrages, la fonction revenue manager doit se doter d’outils d’aide à la
décision, le revenue management system (RMS), plus ou moins sophistiqués
lui permettant de mener à bien sa mission stratégique et développer le
chiffre d’affaires de l’entreprise. Le RMS a pour finalité d’analyser
le comportement de la clientèle et l’évolution du marché.
►► La démarche qu’implique la mise en place d’un RMS nécessite un
certain nombre d’opérations itératives : la nature, l’informatisation et la
gestion des données.
►► Les entreprises ayant adopté et adapté le revenue management à
leur secteur d’activité, ambitionnent de disposer de RMS performants. Elles
font des choix parmi les offres de solutions RMS globales disponibles sur le
marché et certaines développent des outils en complément. Sous l’impulsion
du digital, le revenue management va devoir évoluer.
Chapitre 6
Application
du revenue
management
dans divers secteurs
Executive summary
►► Ce chapitre présente quelques exemples d’intégration de l’approche
revenue management dans divers secteurs : les parcs de loisirs (Parc
Astérix) et l’aérien (HOP), la location de voiture (Corail Martinique –
Europcar), les hôtels (Hôtels Baladins) et les Aparthotels.
►► Ces exemples montrent les possibilités d’application du revenue
management dans divers secteurs, à différents niveaux d’intégration et de
développement, et répondant à des problématiques sectorielles variées.
■ Conclusion
Le revenue management dans un parc de loisirs a une vision d’ensemble de la société et
pourrait être assimilé à une tour de contrôle. En constante veille des évolutions du
marché, de la clientèle, du contexte économique, des concurrents, il ajuste l’offre
tarifaire et les produits mis en vente afin de toucher un maximum de clients à l’année,
tout en maximisant le revenu selon les opportunités et la demande. Le Parc Astérix, très
bien implanté en Île-de-France et dans la région Hauts-de-France depuis 1989 va
prochainement connaître une grande vague d’expansion. L’augmentation de la capacité
hôtelière, les nouvelles attractions et nouveaux spectacles vont permettre au parc de
passer d’un rayonnement régional à une dimension nationale. Une évolution de la
commercialisation et de la distribution seront nécessaires afin d’assurer le remplissage
des hôtels et du centre de convention pour maximiser l’ensemble des sources de revenu
du parc. L’anticipation devra s’accentuer afin d’assurer le lancement de nouveaux
produits à de nouvelles cibles plus en amont afin de toucher une clientèle au processus
d’achat plus long via les séjours. Plus que jamais le revenue management devra avoir le
recul nécessaire pour une approche complète du pricing et de la distribution tout en
ayant la finesse du détail afin de gagner un maximum de visiteurs sur les canaux de vente
les plus rentables.
■ La qualité de gestion
La gestion s’analyse pour chacun des segments de marché
(Affaires/Loisirs/VFR/typologiques, etc.) ainsi que sur les progressivités au sein d’une
même gamme (taux de pénétration des premiers niveaux).
Les outils d’analyse de la performance fournissent des rapports industriels sur le spill
et le spoilage, avec des grains de détail suffisamment fins pour que l’analyste puisse
prendre toute action corrective nécessaire. Notamment, l’indication chiffrée du
« manque à gagner » permet à l’analyste de savoir si les classes étaient trop ouvertes
(refus de passagers au dernier moment) ou trop fermées (sièges partis vides avec perte
de recette), ceci tant au niveau vol/date que dans les récurrences au fil des mois.
Des outils spécifiques d’analyse et de suivi de la suroffre et des débarqués sont
présents. Des objectifs de taux maximum de débarqués ramenés au nombre global de
passagers transportés sont ainsi définis sur l’ensemble des lignes, tandis qu’en
contrepoint, des objectifs de remplissage minimal sur les vols complets sont définis
précisément. La suroffre est modulée précisément au numéro de vol par jour de
semaine : on ne suroffre pas de la même façon le dernier vol du soir (frais d’hôtel, taxi,
prise en charge…, et impact commercial désastreux, etc.) et un vol qui a un vol adjacent
une demi-heure après, sur lequel les débarqués seront aisément reroutés sans impact
commercial négatif fort.
■ L’aide à la décision et les interventions des analystes
Concernant l’exploitation au quotidien d’un système de revenue management outre la
nécessité de le compléter par toute cette galaxie d’outils « satellites », un écueil serait
de laisser croire aux analystes que l’outil est pertinent a priori. Bien au contraire, ce
n’est qu’une proposition (comme toute aide à la décision), et l’analyste doit en
permanence avoir un œil critique sur ses propositions. Particulièrement sur le périmètre
de HOP (réactivité programme élevée, historiques fragmentés, concurrence très
mobile), l’analyste doit constamment paramétrer le système de revenue management
pour moduler la gestion : changement d’un concurrent, augmentation/diminution de
l’offre, modification de la typologie de clientèle, connexions modifiées (et donc flux de
clientèles remplacés par d’autres, à la typologie et à la précocité d’engagement
différentes), stratégie RM revue (recherche de volume ou de revenu unitaire) sans parler
des effets calendaires d’une année sur l’autre. Tout cela doit être remanié, ou tout au
moins lissé, dans les historiques, pour que les propositions du RMS conservent un sens,
dans un univers systémique aux multiples variables qui évoluent sans cesse. C’est toute
la difficulté de l’exercice : RMS (comme tout logiciel de statistique !) sait faire des
prévisions dans un monde raisonnablement stable, et la réalité est on ne peut plus
instable et mouvante. C’est l’analyste qui doit donc « conduire » RMS, et non se laisser
conduire par lui.
Projets futurs
Le revenue management reste en échange permanent avec les directeurs d’hôtels et leur
apporte des recommandations. De leur côté, les directeurs apportent leur point de vue
« terrain » et leur connaissance fine de l’historique de leur hôtel. Ce système permet
ainsi d’enrichir les connaissances de part et d’autre.
Les réflexions à venir portent notamment sur la technologie avec les développements
liés au CRS, la mise en place d’un outil de veille concurrentielle automatisé et
performant, un outil d’e-réputation et de gestion des photos afin d’améliorer les
contenus sur l’ensemble de nos canaux de distribution.
D’un point de vue plus général, DHM se concentre désormais sur l’entrée de
nouveaux hôtels franchisés.
Le groupe bénéficie d’une stratégie marketing et communication en plein
renouvellement, avec le lancement de son nouveau site en avril 2016 et une visibilité
accrue sur les réseaux sociaux.
Il s’engage également sur une nouvelle phase de rénovation de ses hôtels filiales qui
devrait lui permettre de reconquérir des parts de marché et ainsi contribuer au
dynamisme du groupe.
Avec les hypothèses de coûts variables et de tarifs pratiqués prises dans le tableau
ci-dessus, à chiffre d’affaires comparable, le long séjour génèrera environ 8 % de
marge brute supplémentaire.
Cette structure de charge et de contribution font donc de la durée de séjour le levier
le plus important pour le revenue manager Appart’hôtel. Cela impose une adaptation
des outils RM de l’hôtellerie classique. En effet, en plus de la segmentation classique
(Business, Leisure, Transient, Groups etc.), une prise en compte de la durée de séjour
s’impose. Cette adaptation peut prendre différentes formes selon les groupes, du simple
ajout d’un segment « Long Séjour » qui permet de sortir des arbitrages habituels cette
clientèle hautement contributive, à l’adaptation complète de systèmes de revenue
management qui au lieu de préconiser des restrictions par segments, le fera par durée de
séjour.
Ces adaptations ont pour objectif d’aider le revenue manager à prévoir la demande
long séjour (nouvelles réservations et prolongations in-house) et donc à la protéger en
gardant l’inventaire disponible pour cette clientèle, par le biais de consignes de ventes
(fermeture des durées de séjour les plus courtes) ou de surréservation, quelques dates
déjà contraintes ne devant en effet pas empêcher la prise d’une réservation de plusieurs
mois.
Le revenue manager doit enfin toujours jongler avec les différentes typologies de
logements présents dans une résidence, la demande étant très différente entre un studio
et un appartement 2 pièces ou plus ; l’un générant une demande principalement Affaire,
l’autre étant particulièrement adapté aux familles, donc à une clientèle plus Loisir. La
présence de ces deux types de logements induit une saisonnalité inversée de la demande,
sur la clientèle court séjour (Weekend/Semaine) comme sur la clientèle moyen séjour
(vacances scolaires). Une étude de déplacement doit par exemple souvent être effectuée
non pas sur la base d’une prévision de la demande sur l’établissement, mais uniquement
sur la catégorie de logement concernée.
Le marché de l’« aparthotel » fait face depuis plusieurs années à l’émergence de
nouveaux acteurs dits « lifestyle » qui proposent de nouvelles façons de voyager, au
premier rang desquels les plateformes de mise en relation entre particulier, mais
également la nouvelle génération d’auberges de jeunesse. D’autres mutations du secteur
de l’hôtellerie s’amplifient actuellement, notamment en termes de distribution auprès de
la clientèle affaires, clientèle particulièrement chère aux aparthotels, et désormais cible
des ambitions des géants de la distribution digitale.
L’essentiel
►► Ce dernier chapitre propose des exemples d’application du revenue
management dans divers secteurs, et pour différents types d’entreprises.
►► Le revenue management se développe sous des formes simplifiées,
en complément des fonctions traditionnelles (marketing, distribution,
prévision, analyse, etc.) ou de façon plus poussée et sophistiquée, à l’image
du développement observé au sein de grandes entreprises.
Notes
1. Inventaire : logiciel qui « habille » les vols avec des classes de réservation, et qui permet d’allouer un quota de
places à chacune d’elles. Pour optimiser ensuite cette allocation, un outil d’optimisation RM est nécessaire,
l’inventaire n’étant que le squelette permettant d’habiller les vols, mais n’effectuant aucune prévision de demande ni
optimisation du stock de places.
2. http://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/stats-
tourisme/memento/2015/2015-12-memento-tourisme-chap4-frequentation.pdf
Conclusion
D epuis son émergence dans les années 1970, dans le secteur de l’aérien, le revenue
management a connu de profondes évolutions. Dans un contexte d’instabilité des
marchés, cette approche managériale doit demeurer innovante préservant ses principes
fondateurs d’optimisation du revenu, par une gestion conjointe et dynamique de la
capacité fixe et d’une tarification différenciée de l’entreprise.
Devenue aujourd’hui une fonction stratégique, le yield/revenue manager est bien souvent
rattaché à la direction générale du fait de son expertise dans l’optimisation du revenu,
l’apport d’analyses discriminantes et la formulation de recommandations stratégiques et
opérationnelles majeures s’inscrivant dans la stratégique globale de l’entreprise.
Fonction transversale, elle mobilise les acteurs de l’entreprise en s’appuyant sur un
processus de sensibilisation et de formation aux systèmes, outils et pratiques de
yield/revenue management dans une optique de management de la relation client
associé au digital. Cette fonction va évoluer vers le collaboratif-participatif, constituant
les prochains leviers de croissance de l’industrie du voyage.
L’ouvrage a présenté un panorama d’ensemble des entreprises ayant adopté et adapté les
principes fondateurs du revenue management aux spécificités de leur secteur. Les
nombreuses illustrations permettent au lecteur de découvrir, comprendre le revenue
management implanté aujourd’hui dans les entreprises de transport aérien (passager et
cargo), maritime (ferry et croisière) et ferroviaire (passager et marchandise), de
l’hôtellerie (chambres, services banquets et séminaires des grands hôtels), des agences
médias (gestion d’espaces publicitaires), des centres de loisirs.
Présent dans de nombreux et différents secteurs, le revenue management poursuit son
développement à la fois par une approche plus dynamique et globalisée (total revenue
management) et une adaptation innovante à de nouveaux secteurs (culture, logistique).
Nourri de la double expérience pédagogique et professionnelle des experts dans le
domaine, cet ouvrage de réflexion, de témoignages, d’idées novatrices s’adresse aux
professionnels, mais également aux universitaires et aux étudiants intéressés par cette
approche managériale d’optimisation de la rentabilité de l’entreprise.
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and synthesis of evidence », Journal of Marketing, 52, juillet 1988, pp. 2-21.
Glossaire
BAR – Best Available Rate : « prix affiché » par de nombreux opérateurs, notamment
du secteur hôtelier. Il représente le meilleur prix pour le client à une date donnée. Ainsi,
sur le site Internet d’un hôtel, il est proposé au client de rechercher le Best Available
Rate (BAR) pour la date de son séjour. Le BAR est défini en tenant compte de
l’élasticité calculé par niveau de tarif et en fonction des dates de réservation.
Bid price : espérance de revenu de la dernière unité disponible utilisée comme prix
minimum pour l’accès à une classe tarifaire. Il se traduit sur le plan opérationnel par un
prix plancher en deçà duquel on ne peut pas vendre.
Booking Window : délais d’anticipation de la réservation par un client.
Channel manager : outil permettant la connection et la centralisation des contacts entre
un hôtel et ses distributeurs en ligne (OTAs). Il permet via des interfaces avec les
extranets des OTAs, de renseigner des tarifs et disponibilités par date sur un ensemble
de partenaires en une seule manipulation.
Classe tarifaire (ou Revenue management levels) : groupements de tarifs auxquels
une même stratégie est appliquée (contingentement, disponibilité, règles
d’ouverture/fermeture…).
Compset – Competitive Set : programme de veille concurrentielle qui permet
de mesurer la performance d’une entreprise sur son marché.
Corporate : clientèle affaires négociée.
Coût de déplacement (Displacement cost) : manque à gagner devant être évaluer entre
le revenu généré par l’acceptation d’un groupe, et la perte liée à la clientèle
individuelle ne pouvant alors pas séjourner dans l’hôtel.
CRS – Central Reservation System : système informatique qui centralise toutes
les réservations, directes ou indirectes de tous les canaux de distribution pour une prise
en charge par le PMS. Il permet le couplage avec des sites de vente et la gestion des
stocks de chambre.
Dashboard : tableau de bord qui présente de manière condensée, jour par jour et par
segment, les indicateurs clés d’analyse (portefeuille actuel, prévisions, N – 1, pick up,
événements futurs, stratégie d’ouverture/fermeture des RMLs…)
Déchet – Spill : part de clientèle qui n’a pas pu obtenir l’accès au service du fait de la
saturation de la capacité.
Demande contrainte ou jours contraints : dates correspondant à un taux d’occupation
supérieur ou égal à 95 %.
Demande décontrainte : demande exprimée sans contrainte de capacité, reflétant le
potentiel de la demande totale.
Denial : demande de réservation refusée.
Dilution du revenu : perte de chiffre d’affaires et de profit.
Early booking : vente finalisée longtemps avant la date de réalisation de la prestation,
associée à des tarifs avantageux, mais également à des conditions restrictives pour le
consommateur.
FIT (Fully Independent Travellers) : tarifs contractés avec des agences de voyage
pour la clientèle individuelle (loisirs et affaires) ou réservations individuelles sans
intermédiaire.
Forecast : prévisions.
Gâchis – Spoilage : manque à gagner engendré par une sous-utilisation de la capacité.
GDS – Global Distribution System : plate-forme électroniques de gestion
des réservations qui permettent aux agences de voyages de connaître l’état du stock des
différents fournisseurs de produits touristiques (compagnies aériennes, chaînes d’hôtels,
tour-opérateurs, sociétés de location de voiture…) et de réserver à distance.
Go-show ou walk-in : client qui se présente au moment de la réalisation de la
prestation de service (en soirée à l’hôtel, au moment du départ de l’avion…) sans avoir
réservé.
Interface : dispositif (matériel et logiciel) autorisant les échanges d’informations entre
deux systèmes.
Inventaire : ensemble des unités disponibles d’un service sur un site d’exploitation
donné (exemple : le nombre de chambre total d’un hôtel).
Jours contraints : taux d’occupation supérieur à 95 %.
Lead time : durée séparant la date de réservation de la date d’arrivée du client.
Loading/loader : termes utilisés pour définir les chargements ou la mise à jour des
tarifs sur différents canaux de distribution, et principalement sur des sites Internet.
LRA – Last Room Availibility : condition de vente permettant à un client de réserver
une chambre avec son tarif négocié tant qu’il reste de la disponibilité dans
l’établissement (jusqu’à la « dernière chambre disponible »), et quels que soient les
prix publics affichés.
Montée en charge : évolution du nombre de réservations dans le temps pour une date
donnée. Elle se traduit par une représentation graphique (ou tableau de données)
de l’évolution des réservations, de l’ouverture des ventes jusqu’à la réalisation de la
prestation.
No-show : client ayant réservé sa prestation (chambre d’hôtel, billet d’avion…) et qui
ne se présente pas lors de la réalisation de la prestation de service (à l’hôtel, au départ
de l’avion…).
On book/On the book : état des réservations finalisées et de l’occupation des hôtels.
OTA (Online Travel Agent) : Agence de voyages en ligne (Exemples : booking.com,
expedia.com)
Parité tarifaire : elle consiste à pratiquer des tarifs identiques sur différents canaux de
distribution.
Pick-up : différence entre le nombre de réservations moins le nombre de relâches sur
une période donnée.
PM – Prix moyen (ou ADR – Average Daily Rate) : tarif moyen de toutes les chambres
vendues dans un hôtel.
PMS – Property Management System : logiciel de gestion interne d’un hôtel. Il permet
la gestion en temps réel des réservations d’un hôtel.
Pricing dynamique : politique de tarification très flexible autorisant un ajustement
permanent des tarifs (prix et CGV – conditions générales de vente) en réponse à la
demande et aux caractéristiques du marché.
Rate code : tarif associé à un code et à une catégorie de client et/ou de produit.
Rate management : positionnement de la grille tarifaire dont la différenciation par
période, par segment de clientèle et par catégories de produit (types de chambre, de
prestation de location de voiture…) participe à l’optimisation et permet de mieux
communiquer avec le marché.
Rate Shopper : outil de traque tarifaire (collecte des données tarifaires publiques sur
les sites web des concurrents).
Revenue Integrity : cette démarche vise à réduire les fuites de revenu (aussi appelée
revenue leakage) au sein d’une organisation. L’objectif du revenue integrity consiste à
mettre en place un ensemble cohérent d’actions, d’analyses et de mesures correctives
pour réduire les écarts entre le revenu réellement encaissé et le revenu théoriquement
encaissable
Revpar – Revenue Per Available Room : Indice de performance par unité de ressource
(exemple : une chambre en hôtellerie) sur la totalité de la ressource considérée. Cet
indicateur révèle la performance dans le temps de la politique tarifaire mise en
parallèle avec le taux de remplissage. Il s’obtient en divisant le chiffre d’affaires
réalisé au cours d’une période donnée par le nombre d’unités de vente disponibles (au
cours de cette même période) ou en multipliant le taux d’occupation par le prix moyen
(sur une période de référence à déterminer).
RIH – Renvoi Inter-Hôtel : délogement d’un client, lors d’une situation de
surréservation, vers un hôtel du même groupe (même marque, ou autre marque) situé sur
la même place (zone géographique)
RML – Revenue Management Level : classe tarifaire correspondant à un regroupement
de tarifs par type de clientèle visée et par niveau de contribution
RMS – Revenue management system : système informatisé de yield/revenue
management.
Surréservation (Surbooking, Overbooking) : capacité virtuelle de l’hôtel qui doit être
ajoutée à la capacité physique de chaque inventaire afin de compenser les no-show et
les annulations.
Total revenue management : recherche de la maximisation du revenu par la
combinaison de ventes croisées de différentes prestations de service au sein d’un même
centre de profit.
Transients : clientèle de passage qui reste pour une courte période dans l’hôtel, et qui
correspond à la clientèle individuelle hors contrat.
Updater : outil permettant de loader/charger des tarifs sur une seule interface.
Upgrade : attribution à un client d’une prestation de niveau supérieur à celle qu’il a
réservée, sans supplément de prix.
VDM – Vente de Dernière Minute : vente finalisée peu de temps avant la date de
réalisation de la prestation.
Wash : élimination des no-show, annulation, départ anticipés, réservation doublons…
Glossaire du marketing digital
A
Acteur stratégique 1
Aléa 1
Allocation de capacité 1
Analyse de la valeur 1
Annulation(s) 1, 2, 3
tardives 1
Average Rate Index 1
Axes stratégiques 1
B
Bases de données relationnelles 1
Bateaux de croisière 1
Best Available Rate (BAR) 1
Bid price 1, 2
C
Calendrier
des événements 1
Capacité 1, 2
fixe 1, 2, 3
Capture des informations 1
Classe(s) 1
de réservation 1
indépendantes 1
tarifaires 1
Clientèle
à haute contribution 1
directe 1
indirecte 1
Coefficients 1
Cohérence de la chaîne commerciale 1
Commission(s) 1
Communication 1
Concurrence 1, 2, 3
Conditions de vente 1
Contingentement 1, 2
Contingent(s) 1, 2
Contribution 1, 2
Couple espace-temps 1
Courbe de montée en charge 1
Coût de déplacement 1
Coût(s) 1
de gâchis 1
de refus 1
fixes 1, 2
variables 1, 2
D
Délogement 1
Demande 1
Demande fluctuante 1, 2
Dépenses additionnelles 1
Dilution
du revenu 1, 2
tarifaire 1
Distribution 1
électronique 1
Données
commerciales 1
historiques 1
E
E-distribution 1
Early booking 1
Effet calendrier 1
Endogènes 1
Entente tarifaire 1
Environnement concurrentiel 1
Étanchéité entre segments 1
Exogènes 1
F
Ferry 1
Flexibilité
des tarifs 1
Fonction
revenue manager 1
transversale 1
Forecast 1
Frais d’annulation 1
G
Gamme tarifaire 1
GDS (Global Distribution System) 1
Gestion
des capacités 1
des groupes 1
Golf 1, 2
Goppar 1
Go-show 1, 2
Grille(s) tarifaire(s) 1
Groupes 1
H
Historique(s) 1
de vente 1
Hôtellerie 1
I
Imbrication des classes 1
Indicateurs 1, 2
de performance 1, 2
Intangibilité 1
Inventaire(s) 1, 2, 3
J
Jour(s)
ordinaires 1
salons 1
supplémentaires 1
type 1
vacances 1
L
Last available room 1
Levier(s)
d’amélioration 1
d’optimisation 1, 2, 3
LF (load factors) 1
Location de voiture 1
Loi Macron 1
M
M-distribution 1
Market Penetration Index 1
Maximisation
des revenus 1, 2, 3
Mix idéal 1, 2
Modèles
d’allocation 1
EMSR 1
Montée en charge 1
des réservations 1
N
No-show(s) 1, 2, 3, 4, 5, 6
O
ODM (offres de dernières minutes) 1
Offres secrètes ou opaques 1
Opacité des tarifs 1
Optimisation du revenu 1, 2
global 1
Origine-destination 1
P
Parcs de loisirs 1
Pénalités 1
de non-présentation 1
Perception du prix 1
Performance
commerciale 1
Périmètre d’actions 1
Pic d’activité 1
Pick-up 1
PMS (Property Management System) 1
Positionnement 1, 2, 3
Préconisations 1
Prévision journalière 1
Pricing 1, 2
dynamique 1
Prix 1, 2
affiché 1, 2
d’acceptabilité 1
d’appel 1
moyen 1, 2, 3
optimal 1
rack 1
Procédure(s) 1
commerciales 1
Process 1
Produit
multiple 1
périssable 1
Q
Quota 1
R
Rack Efficiency 1
Réaction des consommateurs 1
Refus 1
de vente 1
Régie 1
Renvoi inter-hôtel 1
Réservation(s) 1
multiples 1
Restauration 1, 2
RevCar (revenue per available car) 1
Revenue
integrity 1, 2
management (RMS) 1
par unité disponible 1
RevPAR Generation Index 1
RevPAR (Revenue Per Available Room) 1, 2, 3
Risque de gâchis 1
RM level(s) 1, 2
RMS 1
RPKT (Recette au Passager Kilomètre Transporté) 1
RSKO (Recette au Siège Kilomètre Offert) 1
S
Saisonnalité 1
Segmentation 1
Segments 1
Sensibilité au prix 1, 2, 3, 4
Solution
informatique 1
mixte 1
Spa(s) 1, 2
Stratégie
« low price » 1
marketing 1
Surbooking 1
Surréservation 1, 2
Système(s)
d’information 1
informatisés 1
T
Tarification différenciée 1, 2
Tarifs
affichés 1
négociés 1
Taux d’occupation 1, 2, 3, 4
Tendance 1
Total revenue management 1, 2, 3
TotalRevpar 1
Tours-opérateurs 1, 2
Transport
aérien 1
Traque tarifaire 1
V
Valeur(s) 1
de référence 1
du client 1, 2, 3
Variation(s) tarifaire(s) 1, 2
W
Walk in 1
Wholesalers 1
Y
yield management 1
Yield meeting 1
Table of Contents
Page de titre 2
Page de Copyright 3
Sommaire 4
Remerciements 5
Préface 6
Introduction 11
Chapitre 1 ■ L’émergence du yield management 13
Chapitre 2 ■ Les composants du revenue management 28
Chapitre 3 ■ La fonction revenue manager 55
Chapitre 4 ■ La démarche du revenue manager 75
Chapitre 5 ■ La mise en place d’un système de revenue
101
management (RMS)
Chapitre 6 ■ Application du revenue management dans divers
116
secteurs
Conclusion 138
Bibliographie 139
Glossaire 141
Glossaire du marketing digital 145
Index 152