S A N T É AU T R AVA I L
MARC DESROCHES
DSC CENTRE HOSPITALIER
DE L'UNIVERSITÉ LAVAL
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2 92
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1992 1 U L ET-CYRILLE O.. 3' E T A G E . S T t - F O V . G1V 2KB TEL.. (418) 66 7-10 90 FAX: (118) 6 fl I - 5 6 3 5
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SANTÉ AU TRAVAIL
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MARC DESROCHES
Essai
présenté
pour l'obtention
du grade de maître ès science (M.Sc.)
AOÛT 1992
AVANT-PROPOS
À Lyne Poiré et Danie Poulin pour leur travail de traitement de texte et de révision.
Mon appréciation toute sincère aux membres des équipes de Santé au Travail, Santé
Environnementale et du Projet Nord du D.S.C. du C.H.U.L., qui m'ont accueilli, soutenu
et encouragé tout au long de mon projet.
III
AVANT-PROPOS i
TABLE DES MATIÈRES Il
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES IV
INTRODUCTION 1
1. Historique 2
2. Propriétés physico-chimiques 3
3. Sources d'exposition 4
3.1 professionnelles 4
3.2 domestiques 5
3.3 récréatives 6
4. Absorption, métabolisme et excrétion 6
SYNTHÈSE 24
TABLEAU SYNTHÈSE 25
BIBLIOGRAPHIE 26
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
L'utilisation du plomb est répandue et il est même possible qu'elle augmente encore. En
effet, la demande pour les accumulateurs, la fabrication de contenants pour déchets
nucléaires, le développement des marchés pour des petits véhicules à piles (chariots
élévateurs, équipement de soutien au sol dans les aéroports, tracteurs domestiques) et
l'utilisation du plomb dans l'asphalte, dans les stabilisants du PVC ainsi que dans les
composants de revêtements de toitures vont multiplier le nombre des sources
d'exposition.
Cet essai traite des effets de l'exposition chronique au plomb à des niveaux faibles ou
modérées.
1. HISTORIQUE
Le plomb est l'un des premiers produits utilisé par l'homme, qui s'est révélé
neurotoxiques; ses effets sur la santé sont connus depuis des siècles. Des colliers
de plomb ont été découverts en Asie datant de 6 500 avant J.-C. (Wedeen, 1984).
Les Romains étaient de très grands utilisateurs de plomb; leur production annuelle
est estimée à 80 000 tonnes. Parmi les différents emplois dans l'antiquité, notons :
1
Lévesque, B., Le plomb inorganique. DSC du Centre Hospitalier Régional de la Beauce,
Beauceville, 30p., 1986
2. PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES
Encore de nos jours, les multiples applications du plomb sont reliés à ses propriétés
physico-chimiques idéales, (Centre Régional de Toxicologie, 1977) soit:
1- son point de fusion très bas ( 327° C) qui le rend très utile pour ia soudure, la
joaillerie ainsi que pour l'association avec certains alliages;
3- sa densité élevée de 11,3 qui en fait une matière de choix dans la fabrication de
lests de toutes sortes ( quilles de bateaux, pesées de pêche et munitions pour
la chasse sportive); le plomb est également utilisé sur une grande échelle dans
la construction de parois ou de revêtements servant à protéger les gens contre
les rayonnements (salles de rayons-x, centrales nucléaires, etc.);
4- son élasticité qui le rend utile comme additif dans certains lubrifiants, ou associé
à d'autres métaux, pour réduire les problèmes de friction et de grippage.
3. SOURCES D'EXPOSITION
3.1 Professionnelle
4- fabrication de munitions;
12- recouvrement des câbles et des fils pour qu'ils demeurent flexibles et qu'ils
résistent à la corrosion;
15- exposition aux poussières et fumées de plomb dans les salles de tir
(moniteurs de tir et policiers);
3.2 Domestique
Absorption
Métabolisme
De 90 à 95% du plomb que l'on retrouve dans le sang est lié aux érythrocytes
et transporté par ces derniers dans l'ensemble du corps. Du sang, le plomb
diffuse dans les tissus mous et, principalement, dans les tissus osseux; si bien,
qu'à l'état d'équilibre, plus de 90% du plomb de l'organisme se retrouve au
niveau des os. Dans le tissu osseux compact, la demi-vie du plomb est de
l'ordre de plusieurs décennies alors que la demi-vie du plomb sanguin peut être
aussi courte que 2 à 3 semaines.
2
Lévesque, B„ Le plomb inorganique. DSC du Centre Hospitalier Régional de la Beauce,
Beaucevitle, 30p., 1986
Excrétion
Le plomb est principalement éliminé par la voie urinaire (80%). Une certaine
quantité peut cependant être éliminée par la bile, les sécrétions gastro-
intestinales, la sueur et les phanères. Comme ia concentration du plomb dans
la bile est environ dix fois supérieure à celle de l'urine, il est probable que le
plomb excrété par les voies biliaires soit en grande partie réabsorbé au niveau
intestinal pour être finalement excrété par la voie urinaire (Lauwerys, 1990).
Cette élimination urinaire varie considérablement selon le taux sanguin et la
mobilisation du plomb à partir des tissus.
CHAPITRE U LES PRINCIPAUX EFFETS DU PLOMB SUR LA SANTÉ
la globine.
Précurseurs de l'hème
I
AAL-Synthétase * Pb a c t i v e
( 1 , 9 3 fJum/L)
AAL-Déshydratase Pb i n h i b e
( 0 , 4 8 fAjm/U
Porphobilinogène
Protoporphyrine
/ Pb i n h i b e la
Fer
Ferrachélatase
Globine Pb i n h i b e
(2,41 ptm/L)
Hème
I
Hémoglobine
2. EFFETS SUR LE SYSTÈME NERVEUX
Les effets d'une exposition chronique au plomb, sur les systèmes nerveux centrai et
périphérique, ne se traduisent pas toujours par des atteintes franches et facilement
diagnosticables. De nombreux auteurs tels que : Arika et coll. (1987), Baker et coll.
(1984), Chen et coll. (1985), Grandjean et coll. (1978), Johnson et coll. (1980), Repko
et coll. (1975), ont mis en évidence des symptômes tels que; plaintes
gastrointestinales, fatigue, modification de l'humeur ainsi qu'une réduction des
performances psychologiques et motrices à des niveaux considérés inoffensifs il y a
pas très longtemps.
Baker, suite à ses études, conclut que les signes initiaux de la toxicité du
plomb chez l'adulte se manifestent au niveau du système nerveux central.
Ceci est attribuable à la capacité limitée de regénération du système
nerveux central et à la vulnérabilité particulière de ses cellules.
Chez les travailleurs dont la plombémie se situe entre 1,45 et 2,70 jum/L,
on peut déceler les atteintes suivantes :
Pocock et coll. (1984), Harlan et coll. (1985), Pirkle et coll. (1985), et Schwartz (1985
a, b; 1986 a, b) ont analysé les effets du plomb sur la tension artérielle à partir des
données du National Health and Nutrition Examination Survey (NHNES II) recueillies
dans la population américaine de 1976 à 1980 et des données du British Regional
Heart Study (BRHS) tirées de l'évaluation de l'état de santé des hommes âgés de 40
à 59 ans habitant 24 villes d'Angleterre. Ces études figurent parmi les plus
significatives.
Hartan et coll. NHNES II - Les hommes du groupe d'âge 21 -55 ans ayant une pression sanguine diastoli-
(1984) que élevée ont un niveau de plombémie significativement plus haut que les
Pirkle et coll. sujets masculins dont la tension est normale.
(1985)
Schwartz - Des résultats similaires ont été obtenue chez les femmes du même groupe
(1985 a,b) d'âge ayant une pression sanguine diastolique élevée.
(1986 a,b)
Harian et coll. NHNES II - Présence d'une association linéaire statistiquement significative entre les
(1984) concentrations de plomb sanguines et la pression sanguine (systolique et
diastolique) parmi les hommes et les femmes âgés de 12 à 74 ans.
Pirkle et coll. NHNES 11 - L'étude d'un sous-groupe du NHNES II a démontré une association significa-
(1984) tive entre la plombémie et la pression sanguine.
Par contre, des chercheurs ont démontré que l'exposition au plomb peut provoquer
certaines modifications fonctionnelles et morphologiques du rein. À un stade
précoce, ces changements se limitent aux tubules rénaux et sont plus prononcés au
niveau des cellules tubulaires proximales. L'exposition chronique au plomb entraîne
des changements graduels de la morphologie débutant avec l'apparition de fibrose
péritubulaires et périglomérulaire, particulièrement dans le cortex profond ou la zone
juxtamédullaire (Goyer, 1971a).
Peu de chercheurs se sont intéressés aux effets du plomb sur la fonction sexuelle et
reproductrice des femmes en dehors du cours de la grossesse. Les recherches
réalisées à ce jour ont démontré que la plombémie du cordon ombilical est la même
que celle de la mère; ceci confirme que le plomb traverse la barrière placentaire.
Hamilton et Hardy (1974), ainsi que Needleman et coll. (1984), rapportent que ce
phénomène augmente le risque de fausse-couche, de mortinatalité et d'anomalies
congénitales.
Rockway et coll., (1984), Kovar et coll., (1984), ainsi que Rabinowitz et coll., (1985),
ont établi une corrélation entre la plombémie de la mère et le niveau de plomb dans
le lait maternel. Cependant, ils n'ont pu démontrer que le lait maternel représentait
un danger plus grand que le lait commercial pour le nouveau-né puisque le taux de
plomb dans le lait maternel oscillait entre 0,08 et 0,10 Atm/L, ce qui est en deçà du
niveau obtenu dans certains laits commerciaux.
Watson et coll., (1978) ainsi que Morton et coll., (1982), ont démontré l'existence
d'une relation significative entre la plombémie des enfants et les poussières
plombifères transportées par l'un des parents du milieu de travail à la maison.
De nombreuses études ont démontré que les effets du plomb sur l'enfant s'observent
à des niveaux plus bas que chez l'adulte. Ces effets sont aussi plus sévères en
raison du phénomène de croissance chez l'enfant.
Toutes les provinces ont retenu la même limite de concentration de plomb dans
l'air de 0,15 jig/m 3 pour 8h/jour, 40h/semaine).
Le retrait préventif est basé, dans toutes les provinces qui ont adopté de tels
règlements, sur la plombémie comme indicateur biologique. Les limites varient
cependant de 500 à 800 mç/L ( 2 > 41 à 3,86 fim/L)
3
réalisée par Ada Vyskocil, Claude Viau et Jules Brodeur du Département de médecine du travail
et d'hygiène du milieu de l'Université de Montréal
1.3 Réintégration
La majorité des pays fixent la limite de la concentration du plomb dans l'air dans
les milieux de travail à 0,15 /xg/nn3 pour 8h/jour et 40h/semaine. L'OMS, les
États-Unis et l'Allemagne ont les limites les plus basses.
TABLEAU 2. RÉGLEMENTATIONS CANADIENNES - LIMITES
PROVINCES PLOMB DANS L'AIR NIVEAU DE NIVEAU DE LIMITE POUR LES FEMMES
(P9/m3) RETRAIT RÉINTÉGRATION ENCEINTES OU EN ÂGE DE
(PLOMBÉMIE) (PLOMBÉMIE) PROCRÉER
Le retrait préventif est basé dans tous les pays sur la plombémie. Les limites
varient de 500 à 700 h q / L (2,41 à 3,38 i i m / L ) . Aucun pays ne s'est encore
conformé aux recommandations de l'OMS de 1980 de 400 mg/L (1,93/im/L). Aux
États-Unis et à la CEE la décision de retirer une travailleuse peut être basée sur
le jugement médical, même à des niveaux de plombémie inférieurs à la normes.
2.3 Réintégration
PAYS ou PLOMB DANS L'AIR NIVEAU DE RETRAIT NIVEAU DE LIMITE POUR LES FEMMES
ORGANISATIONS <«9/ma) (PLOMBÉMIE) RÉINTÉGRATION ENCEINTES OU EN ÂGE DE
(PLOMBÉMIE) PROCRÉER
AUSTRALIE 700 Sur discrétion médicale Interdiction pour toutes les femmes
de travailler dans les milieux où l'on
retrouve la présence du plomb
Plombémie exprimée en /^g/L, ZPP en jug/g Hb, AAL-U en /^g/g créatinine et AAL-D en Ul/L
(O
27
SYNTHÈSE
Les connaissances actuelles sont à l'effet que des atteintes significatives à la santé sur
diverses fonctions métaboliques s'observent à des niveaux de plombémie se situant entre
0,48 et 2,90 jum/L. Il est à noter que ces niveaux se situent de façon générale en deçà
des normes régissant le retrait préventif des travailleurs.
En étant attentifs afin d'identifier les signes précurseurs et les atteintes précoces résultant
d'une exposition professionnelle faible ou modérée les practiciens pourront contribuer à
la prévention des cas d'intoxication. L'importance de corriger avec beaucoup plus de
vigueur les milieux de travail pour réduire ces dégâts.
29
TABLEAU SYNTHÈSE
Réduction de la sociabilité.
1,93 Activation de l'AAL-Synthétase.
BIBLIOGRAPHIE
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