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Cas clinique

J Pharm Clin 2016 ; 35 (3) : 164-8

Trois cas de botulisme alimentaire


en France
Three cases of foodborne botulism in France
Laura Caparros, Stéphanie Bourget, Hassan Hida
Service pharmacie, CH de Valence, Valence, France
<laura.caparros13@gmail.com>

Résumé. Le botulisme est une maladie à déclaration obligatoire. C’est une affection grave mais qui reste exception-
nelle en France. Une antitoxine botulique est disponible auprès de l’EPRUS, après accord d’une ATU délivrée par
l’ANSM. L’administration doit être la plus précoce possible après apparition des symptômes. Matériel et méthode :
Ce travail relate la prise en charge d’une TIAC (toxi-infection alimentaire collective) de botulisme à Clostridium
baratii de type F, identifié dans les selles de 3 patients ayant pris un repas dans un lieu identique en août 2015.
Résultats : Un patient A de 36 ans, un patient B de 49 ans et un patient C de 17 ans présentent douleurs abdomi-
nales, vomissements, troubles de la déglutition, de l’élocution, dyspnée, xérostomie et asthénie à J1. L’évolution
rapide en tétraparésie et l’EMG caractéristique permettent de poser le diagnostic de botulisme et l’administration
d’antitoxine à J5 pour A et B. Le patient C, diagnostiqué à J11 ne permet pas l’administration d’antitoxine. Un
traitement par amifampridine est instauré chez les 3 patients jusqu’à disparition des symptômes (20 à 27 jours de
traitement). La durée d’hospitalisation est de 14, 26 et 37 jours, et la durée de ventilation mécanique de 8, 12 et
25 jours respectivement pour les patients A, B et C. Discussion/conclusion : L’administration d’antitoxine chez les
deux patients (A et B) dont le diagnostic s’est fait plus rapidement que pour le patient C permettent un rétablisse-
ment, une reprise de ventilation, et une sortie d’hospitalisation plus rapides. Ces résultats sont compatibles avec les
données de la littérature concernant l’utilisation de l’antitoxine botulique. Une fois le diagnostic posé et l’analyse
clinique du réanimateur complétée par la recherche bibliographique du pharmacien hospitalier, la constitution
rapide du dossier d’ATU ainsi que l’organisation optimisée de l’approvisionnement en antitoxine sont des éléments
déterminants dans le délai de prise en charge de cette pathologie.

Mots clés : botulisme, antitoxine botulique, toxi-infection alimentaire collective (TIAC), Clostridium botulinum
type F

Abstract. Botulism is a disease that must be reported to Health Authorities. These cases are serious, but exceptional
in France. A botulinum antitoxin is available from the EPRUS after approval of ATU (temporary authorization for
use) issued by ANSM. The administration should be earlier as possible after symptoms. Materiel and method: This
work describes the management of TIAC (collective foodborne infection) by Clostridium baratii of type F botulism,
identified in the stools of 3 patients having a meal in the same place in August 2015. Results: A 36 years-old patient
“A”, a 49 years-old patient “B” and a 17 years-old patient “C” have abdominal pain, vomiting, difficulty swallowing
and speaking, dyspnea, asthenia and xerostomia at day 1. Rapid alteration in tetraparesis and characteristic EMG
allows the diagnosis of botulism and administration of antitoxin to day 5 for A and B. Patient C, diagnosed at day
11 does not allow the antitoxin administration. Amifampridine treatment is initiated for 3 patients until symptoms’
end (20-27 days of treatment). The hospital stay is 14, 26 and 37 days, and mechanical ventilation during 8, 12
and 25 days respectively for patients A, B and C. Discussion/conclusion: The administration of antitoxin in both
patients (A and B) whose diagnosis was made quickly than patient C have allowed a faster recovery and retrieval
ventilation, with a potential reduction in the length of the hospital stay. Results are consistent with published data
on the use of botulinum antitoxin. After diagnosis, clinical and bibliographical analysis, pharmaceutical validation
and rapid supplying of antitoxin by the Hospital Pharmacist are key elements in the management of this disease.

Key words: botulism, botulinum antitoxin, food poisoning, Clostridium botulinum type F
Tirés à part : L. Caparros

Pour citer cet article : Caparros L, Bourget S, Hida H. Trois cas de botulisme alimentaire en France. J Pharm Clin 2016 ; 35(3) : 164-8
164 doi:10.1684/jpc.2016.0335
Trois cas de botulisme alimentaire en France

L e botulisme est une intoxication par une neu-


rotoxine bactérienne produite par Clostridium
botulinum, bacilles à Gram positif présents dans
l’environnement. Certaines souches atypiques apparte-
traiter l’intoxication par botulisme que l’on retrouve dans
une revue de la littérature [9], tout comme les échanges
plasmatiques, l’utilisation de guanidine ou de sérum hep-
tavalent (non disponibles en France). Ces alternatives ne
nant à d’autres espèces de Clostridium, sont également font toutefois pas partie des recommandations de nos
neurotoxinogènes. À quelques exceptions près, chaque sociétés savantes. L’amifampridine est un médicament
souche produit un seul type de toxine botulique. Les « orphelin », utilisé pour le traitement symptomatique
toxines botuliques se divisent en 7 types (A à G) selon du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton (SMLE)
leurs propriétés immunologiques, chacune étant neutrali- chez l’adulte [10]. Le SMLE est une maladie dans laquelle
sée par un sérum spécifique [1]. Le botulisme humain est les patients souffrent de faiblesse musculaire. Dans cette
généralement associé aux toxinotypes A, B et E en France. pathologie, des anticorps empêchent les nerfs de libérer
Cette neuro-intoxication est une maladie à déclaration suffisamment d’acétylcholine pour transmettre des impul-
obligatoire ; les cas suspectés ou diagnostiqués doivent sions électriques aux muscles. L’amifampridine bloque les
donc être signalés à l’Agence régionale de santé (ARS) canaux potassiques et empêche les particules de potas-
sans délai. Ainsi, une investigation de l’ARS est menée sium chargées de quitter les cellules nerveuses. Ceci
afin de permettre l’identification de l’origine de la conta- prolonge la période de dépolarisation, les nerfs ont ainsi
mination (alimentaire le plus souvent) et de prévenir la plus de temps pour libérer de l’acétylcholine et stimuler
contamination d’autres cas. la contraction des muscles.
La toxine botulique agit par blocage de la libération L’antibiothérapie n’est pas efficace sur la toxine botu-
d’acétylcholine au niveau de la synapse neuromusculaire lique, et n’est donc pas utilisée chez l’adulte. Elle est en
et entraîne une paralysie progressive. Une paralysie res- revanche nécessaire dans le cas du botulisme infantile,
piratoire est souvent observée, elle peut être brutale et pour détruire la bactérie logée dans le tractus digestif du
nécessite généralement une assistance ventilatoire méca- nourrisson [3].
nique.
Le botulisme est une affection grave mais cette conta- Matériel et méthode
mination reste exceptionnelle en France. En 2012, on
observe la contamination de 10 patients, constitués à par- Ce travail relate la prise en charge d’une TIAC
tir de 8 foyers infectieux, soit une incidence de 0,16 par (toxi-infection alimentaire collective) de botulisme à Clos-
million d’habitants selon les données épidémiologiques tridium baratii de type F, identifié par le Centre national
de l’InVS (Institut de veille sanitaire) [2]. La plupart des cas de référence des bactéries anaérobies et du botulisme à
recensés sont d’origine alimentaire et dus aux toxines de Paris dans les selles de 3 patients ayant pris un repas dans
type A et B. Sans qu’il existe de lignes directrices de prise un lieu identique le 21 août 2015.
en charge de cette pathologie, des recommandations des Les données de l’étude ont été collectées dans le dos-
sociétés savantes évoquent un traitement principalement sier patient informatisé (DPI) et le dossier médical papier
symptomatique, avec dans les cas les plus sévères (sans des trois patients. L’approbation du réanimateur pour la
que ces critères soient clairement établis), un recours pos- publication de ces données cliniques a été obtenue. Les
sible à l’immunothérapie si le diagnostic est précoce [3-5]. résultats bibliographiques ont été identifiés dans la lit-
Une antitoxine botulique à base de protéines équines térature (PubMed, moteurs de recherche), à l’aide des
[6] est disponible auprès de l’EPRUS (Établissement de principaux mots clés « botulism » ; « antitoxine botu-
préparation et de réponse aux urgences sanitaires). Cet lique » ; « toxi-infection alimentaire ». Les sites spécialisés
immunosérum est livré dans la journée, après obtention des sociétés savantes (notamment SPILF, SFAR, Institut
d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) nomina- Pasteur, OMS) ont été également consultés.
tive délivrée par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du
médicament). Les antitoxines administrées par voie intra-
veineuse ont pour effet de neutraliser la toxine botulique
Résultats
présente dans le sang circulant ; elles sont par contre inef- Un patient A de 36 ans consulte aux urgences à J1
ficaces contre les toxines liées de façon irréversible aux pour un tableau digestif simple. Un retour aux urgences
tissus nerveux ou celles internalisées dans les neurones s’impose à J3 suite à l’apparition secondaire de nou-
[7]. Les antitoxines botuliques doivent donc être adminis- veaux symptômes évoquant au départ une myasthénie
trées le plus précocement possible après l’apparition des à forme oculo-bulbaire. Le patient nécessite une intuba-
symptômes. Leur efficacité est optimale dans les 3 jours tion orotrachéale et un transfert en réanimation sur le
et elle n’est pas démontrée au-delà de 7 jours [8]. Centre hospitalier de Valence (CHV) à J4 avec apparition
L’amifampridine (ou 3,4 diaminopyridine) fait égale- rapide d’une tétraparésie. L’EMG (électromyogramme)
ment partie des potentielles thérapeutiques utilisées pour réalisé à J4 révèle un bloc présynaptique de la jonction

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L. Caparros, et al.

Tableau 1. Description des cas cliniques, chronologie et évolution.

Patient A Patient B Patient C


(homme de 36 ans) (homme de 49 ans) (homme de 17 ans)

Symptomatologie Tableau digestif Tableau digestif Asthénie avec fatigabilité musculaire


Signes neurologiques, flou visuel, Diplopie, asthénie, troubles inhabituelle s’aggravant en détresse
xérostomie, troubles de la déglutition, de la déglutition, dysarthrie, respiratoire, difficultés d’élocution et
difficultés d’élocution paralysie laryngée, spasmes et xérostomie de déglutition, vision floue, xérostomie

Évolution Tétraparésie Dégradation respiratoire, Tétraparésie


symptomatologie neurologique

Diagnostic J4 (EMG caractéristique) J5 (EMG caractéristique) J11 (EMG caractéristique)

Prélèvement selles/sérique J4 J4 J11

Antitoxine J5 à 18 h soit environ 96 h après repas J5 à 18 h soit environ 96 h après repas /

Amifampridine J6-J26 (20 jours) J6-J29 (23 jours) J12-J39 (27 jours)

Complications Pneumopathie d’inhalation Pneumopathie d’inhalation Pneumopathie d’inhalation


avec antibiothérapie avec antibiothérapie avec antibiothérapie, ulcères de cornée
et œdème laryngé après extubation

Ventilation mécanique J4-J12 (8 jours) J3-J15 (12 jours) J2-J27 (25 jours)

Soins intensifs/réanimation J4-J15 (11 jours) J3-J19 (16 jours) J2-J28 (26 jours)

Hospitalisation J4-J18 (14 jours) J3-J29 (26 jours) J2-J39 (37 jours)

neuromusculaire, caractéristique du botulisme. Le phar- Un patient B de 49 ans présente également à J1


macien hospitalier est sollicité à J5 par le réanimateur des vomissements importants nécessitant un passage aux
concernant l’opportunité d’un approvisionnement en anti- urgences avec diagnostic de gastrite. Les symptômes évo-
toxines botuliques de type A, B et E, compte tenu du luent avec retour aux urgences à J3, puis transfert au
délai par rapport à l’intoxication. Après recherche biblio- CHV, en service de réanimation/soins continus avec intu-
graphique par le pharmacien et prise de renseignements bation devant sa dégradation sur le plan respiratoire.
auprès de l’EPRUS, celui-ci constitue le dossier d’ATU Devant le tableau digestif évoluant en symptomatologie
en collaboration avec le réanimateur. L’accord de l’ANSM neurologique pouvant évoquer un botulisme, des prélè-
est alors obtenu rapidement et l’antitoxine est livrée par vements sériques et de selles sont réalisés. Comme pour le
l’EPRUS moins de 6 heures après obtention de l’accord patient A, en parallèle et avant transmission des résultats,
d’ATU. Le patient reçoit à J5, environ 96 heures après l’antitoxine est livrée dans la journée après obtention de
l’intoxication : 500 mL d’antitoxines botuliques (1 mL l’accord d’ATU. Comme pour le patient A, l’administration
contient 750 UI d’antitoxines A, 500 UI d’antitoxine B d’antitoxine et d’amifampridine est réalisée à J5 et à par-
et 50 UI d’antitoxine E) puis 250 mL, 6 heures après la tir de J6 respectivement, selon les mêmes modalités. La
première injection. Après revue de la littérature et orga- récupération motrice progressive permet une extubation
nisation de l’approvisionnement par le pharmacien, un du patient puis transfert en neurologie. L’évolution est
traitement par amifampridine (3,4 diaminopyridine) est favorable avec récupération progressive et disparition des
ensuite instauré à partir de J6. symptômes, permettant l’arrêt de l’amifampridine et le
L’amifampridine est instaurée à faible dose (5 mg trois retour à domicile à J29 (tableau 1).
fois par jour), augmentée progressivement (jusqu’à 20 mg Un patient C de 17 ans présente à J1 une symptomato-
trois fois par jour) selon le résumé des caractéristiques logie neurologique motivant une hospitalisation en soins
produit (RCP) du Firdapse®, puis diminuée de façon pro- continus. Le patient est intubé à J2 devant l’apparition
gressive jusqu’à l’arrêt du traitement afin de permettre une d’une tétraparésie. Suite à l’aggravation des symptômes,
meilleure tolérance et éviter tout effet rebond. le patient est transféré à J4 dans une unité pédiatrique
Pour le patient A, une amélioration neurologique de réanimation d’un Centre hospitalier universitaire de
commence dès J7. Devant l’amélioration de la sympto- la région. Dans un premier temps, après réalisation
matologie (vision, déglutition, reprise de la marche) et le d’un EMG, l’hypothèse de syndrome de Guillain-Barré
souhait du patient, sa sortie est autorisée à J18 (tableau 1). motive l’administration d’immunoglobulines polyvalentes

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Trois cas de botulisme alimentaire en France

en intraveineux à J6 et J7. À J11, le CHU est informé de sifs, de la durée de ventilation mécanique, de la durée de
la suspicion de 2 cas de botulisme en provenance de la nutrition artificielle (entérale ou parentérale). L’utilisation
même commune ; des prélèvements sanguins sont réali- de cette thérapeutique est associée à une diminution du
sés, ainsi qu’un prélèvement de selles. Un second EMG est coût de prise en charge hospitalière par patient [14].
alors réalisé, retrouvant également un tracé caractéristique Deux cas de botulisme de type E ont été traités
de botulisme. Devant le diagnostic tardif et le début d’une avec succès par la sérothérapie au CHU de Strasbourg ;
récupération clinique, la sérothérapie par antitoxines n’est l’administration précoce de l’immunosérum (moins de
pas indiquée. Un traitement par amifampridine est néan- 24 heures après l’admission des patients) a pu conduire
moins instauré à partir de J12 à son arrivée au CHV. La au rétablissement rapide des patients [15].
récupération est lente, avec restauration d’une force mus- Cette immunothérapie reste néanmoins coûteuse et
culaire à partir de J18 puis transfert en neurologie à J28 son efficacité est parfois discutée. Aucune étude compa-
(tableau 1). Une sortie en centre de soins de suite et rative ne démontre la supériorité de la sérothérapie par
réadaptation (SSR) est organisée pour un réentraînement rapport à un traitement symptomatique seul [4], qui reste
à l’effort progressif. la thérapeutique principale recommandée.
Ces trois cas ont été déclarés dès suspicion de dia- Ainsi, sans pouvoir affirmer de son efficacité certaine,
gnostic auprès des autorités de santé. les cas rapportés étayent l’hypothèse d’une contribu-
Les examens sériques (test de neutralisation par sérum tion majeure de l’antitoxine botulique dans un contexte
antibotulique) des patients n’ont pas permis d’identifier le d’infection grave à Clostridium.
type de toxine impliquée. Seuls les prélèvements de selles D’autre part, le toxinotype du Clostridium est connu
ont permis d’identifier la présence de Clostridium baratii tardivement et l’administration de l’immunosérum doit se
de type F. faire sans délai, sans attendre ces résultats biologiques.
Dans les cas rapportés ici, seule la toxine F a été retrouvée
Discussion et conclusion (dans les selles), alors que l’antitoxine utilisée neutralise
spécifiquement les toxines de type A, B et E. Néanmoins,
Les TIAC à botulisme de type F sont exceptionnelles la constitution proche de ces chaînes protéiques, les
en France et de gravité importante d’après les don- échanges de séquences entre différentes souches bacté-
nées de la littérature [11, 12]. Nos trois cas cliniques riennes et la possible production de différents toxinotypes
confirment l’efficacité du traitement par l’antitoxine botu- par Clostridium [7, 16], ainsi que l’amélioration clinique
lique, lorsque des délais d’administration courts sont de nos patients, suggèrent que le sérum trivalent n’est
respectés. En effet, l’administration d’antitoxines chez les pas dénué d’intérêt, même en présence prouvée seule-
deux patients (A et B), dont le diagnostic s’est fait assez ment de toxine F. Un cas similaire à toxinotype F a été
rapidement, a permis un rétablissement, une reprise de décrit [17]. Par ailleurs, aucune réaction allergique ou effet
ventilation, et une sortie d’hospitalisation plus rapides indésirable (réaction cutanée et chute tensionnelle) n’est
comparativement au patient C qui n’a pas pu bénéficier de observé après l’administration de l’antitoxine chez les 2
cette thérapeutique. Cette même stratégie thérapeutique patients A et B.
a été mise en place dans la prise en charge d’une TIAC à L’administration concomitante d’amifampridine a par-
toxine A en Corse [13]. ticipé au rétablissement des patients. En effet, une
La nécessité d’un délai court d’administration de augmentation progressive des doses est indiquée devant
l’antitoxine (idéalement 24 heures, intérêt optimal dans les l’efficacité dose-dépendante retrouvée chez les patients
3 jours, non démontré au-delà de 7 [8]) n’a pas été remis [18]. Une meilleure réponse clinique et biologique au trai-
en question par l’approvisionnement optimisé par une tement par diaminopyridine est associée à une extubation
bonne collaboration réanimateur-pharmacien et EPRUS, plus précoce des patients [18]. Cependant, les publications
mais plutôt par la difficulté de diagnostic. En l’absence restent contradictoires quant à l’efficacité de ce traite-
de symptômes d’emblée caractéristiques ou de présen- ment sur l’intoxication au botulisme, avec des cas de
tation groupée de plusieurs cas, le diagnostic en moins botulisme de type B [19] résolutifs sous amifampridine et
de 24 heures est souvent compromis et le recours aux d’autres cas de botulisme, de type A [13, 20] et C [21], non
antitoxines en moins de 24 heures est alors exclu. améliorés par cette thérapeutique. En l’absence de recom-
On retrouve des observations similaires pour des mandations claires par nos sociétés savantes, le traitement
patients atteints de botulisme infantile traités par des s’avère souvent empirique.
immunoglobulines botuliques intraveineuses humaines L’analyse pharmaceutique, la revue de littérature et
aux États-Unis (non traités par les antitoxines équines l’organisation d’un approvisionnement rapide en anti-
à cause des risques de réactions allergiques). Pour toxines par le pharmacien hospitalier dès la suspicion du
ces patients, il est décrit : réduction de la durée diagnostic de botulisme restent des éléments clés dans la
d’hospitalisation, de la durée de séjour en soins inten- stratégie thérapeutique. La rapidité d’obtention de l’ATU

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et la livraison en urgence de l’antitoxine ont permis une 9. Chalk CH, Benstead TJ, Keezer M. Medical treatment for botulism
administration aux patients moins de 24 heures après le (review). The Cochrane Library 2014 ; 2.
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