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160 LA DÉMARCHED'UNE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES

En me basant sur ces explications « abstraites » des


primitives et modernes, j'ai eu l'idée de concevoir la hausse
taux de suicide en tant qu'effet d'une société anomique. En
termes, je pense que le suicide est un effet d'une société malade
anomique) où la conscience commune s'effrite. Cela veut donc
qu'il existe des causes sociales au suicide, qui s'ajoutent aux
psychologiques et individuelles. On devrait donc s'attendre à
que les taux de suicide des sociétés anomiques soient plus
que ceux des sociétés saines où la conscience collective esì'•e
suffisamment forte.
Enchanté par cette conjecture théorique générale, mais
nale et aguichante, je décide de passer à l'opération suivante décrii'erg.
dans le livreLa démarche d'une recherche en sciences
maines: la reformulation de ma question de départ.

3.2 RETOUR SUR LA QUESTION DE DÉPART


L'adoption, la modification ou la construction
Le cli0ix ou la cons- théorie implique un retour à la question de départ adoptée.:.i:
truction d'une théorie lors de l'étape précédente. La raison de ce retour est simpi{f
entraîne un retour à
une théorie est une façon d'interroger la réalité.Choisir
la question de départ
théorie,c'estdonc choisirune manière de questionner le réd•î;
car la théorieest une
réponse provisoire à Un chercheur structuraliste tentera de voir une réalitésfrüe%. r
cette question. turée ; il demandera à la réalité de lui dévoiler ses structuré.i:
Tandis qu'un chercheur fonctionnaliste scrutera le réel
espérant débusquer des fonctions. Un chercheur adoptaçte:.
une théorie structuraliste posera donc des questions de dépaf\.:;•

structuralistes ressemblant à : « Quelles structures


l'ensemble social Y expliquent le phénomène X ?» Tandi$lè

qu'un chercheur fonctionnaliste dira plutôt quelque chose du•;;.

genre : « Quelle fonction le phénomène X remplit-il danS{;

l'ensemble Y ? » En bref, la théorie choisie influence nécessai-.•'-

rement la question de départ de la recherche, car une théorié_,

est entre autres choses une façon d'interroger la réalité.


CHAPITRE
3 - LE TEMPS
DES

Étude sur le suicide. Acte 2, scène 5:


Retour sur la question de départ
de la pensée d'Émile
En construisant une théorie issue
va de soi que je suis amené à
Durkheim pour étudier le suicide, il
constrttction de ma
transformerma question de départ initiale. La
effet à préciser ma
théorie durkheimiennedu suicide m'incite en
décide de
question de départ, à en restreindre la portée. Ainsi, je
transformer ma question de départ initiale de la manière suivante :
de « Quelles sont les causes du suicide ? », je passe à « Quelles sont
les causes sociales du suicide ? » J'ai ajouté le mot « sociales » car,
en adoptant une théorie durkheimiennedu suicide, je mets cons-
cientment le focus sur les facteurs sociaux qui incitent au suicide.
Cela ne veut pas dire que je présume que le suicide s'explique
simplement par des causes sociales. Seulement, la théorie que j'ai
choisie est un filet, comme dirait Karl Popper, fait pour attraper les
causes sociales de mon objet d'étude (le suicide). Ce filet retiendra
les causes sociales du suicide, mais il laissera notamment passer les
causes psychologiqueset individuelles.

3.3 LA FORMULATION D'UNE HYPOTHÈSE


Le choix d'une théorie non seulement implique la
Lt choix ott la cons- reformulation de la question de départ, mais il détermine
. Intctiort
d'une théorie aussi l'élaboration d'une hypothèse. Avant de voir pourquoi
entraîneaussi la for- cela se passe ainsi, il convient d'abord de définir ce qu'est
nutationd'une hypo-
une hypothèse.

La théorie, la question de départ et l'hypothèse


Question de départ

Choix d'une théorie

Reformulation d'une question Choix d'une hypothèse pour


de départ répondre à la question de départ
i 62 LA DÉMARCHE D'UNE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES

3.3.1 Qu'est-ce qu'une hypothèse?


D'une manière générale,une hypothèse estune
Défiliition générale provisoire à la question de départ qui est issue de la théon.é
d'une hypothèse: une dans une démarche hypothético-déductive (ou de l'obsd
réponse provisoire ì ln
vation de la réalité dans une démarche inductive).
question de départ qui
réponse provisoire sera corroborée ou falsifiée lors de ü
découlede ln théorie
dans une délitarche prochaine étape de la démarche scientifique (les
hypothético-déduc- empiriques).
tive.

Définitions d'une hypothèse

Marie-Fabienne Fortin :
Enoncé formel qui prédit la ou les relations attendues entre:
deux ou plusieurs variables. C'est une réponse plausible au Problème
de recherche'".

Bruno Deshaies:
Au fond, l'hypothèse est un mode de raisonnement qui part d'unii?
a priori, d'une affirmation ou d'une proposition qu'il s'agira par
suite de confirmer ou d'infirmer. l...] L'hypothèse représente une
méthode de résolution de problèmes dont le point de départ s'inspirè:g4;•
du mode déductif de raisonnement124 .

Benoît Gauthier:
Propositionportant sur un rapport entre des conceptsparüaj4
liers ou un ensemble de concepts particuliers,dont on ne sait pai.q•
encore si elle est vraie ou fausse, mais au sujet de laquelle on croE:!
que les faits Pourront établir soit la vraisemblance ou la fausseté12S
. ïà

123. Fortin, M.-F., Le processus de la recherche: de la conception à la réalisation,OP•


cit.,p. 365.
124. Deshaies, B., Méthodologie de la recherche en sciences humaines, op. cit.,p. 210

et 211.
i
125.Gauthier, B. (sous la direction de), Recherchesociale. De la problématique
ln collectedes données, op. cit.,p. 519.
CHAPITRE 3 - LE TEMPS
DES CONJECTURES
163

Gordon Mace :
L'hypothèse peut être envisagée
que le chercheur formule comme une réponse
à sa question spécifique anticipée
Tremblay et Manheim de recherche.
et Rich la décrivent
déclaratif Précisant une comme un
relation anticipée et plausible énoncé
phénomènes observés ou imaginés126 . entre des

Madeleine Grawitz:
L'hypothèse est une Propositionde
réponse à la questionposée.
Elle tend à formuler une
relation entre des faits significatifs
127.

3.3.2 Les sortes d'hypothèses


Dans les livres d'introduction à la
méthodologie des
{ly d pl:tsielt1S sortes sciences humaines, on distingue souvent plusieurs sortes
Ihyptllèses : d'hypothèses de différentesmanières.

Maurice Angers 128distingue les hypothèses « univariée »,


Lb hypothèses lilli- « bivariée » et « multivariée ». Cette distinction se fonde sur le
mriées,bivnriées et nombre de variables contenues dans les hypothèses.

Définitions d'une variable


Dünitiond'une va-
rible.'c'est une com- Une variable est un élément d'une hypothèse à laquelle on peut
d'une hypo- attribuer diverses valeurs et qui, comme son nom l'indique,varie. Dans
IBC qui varie. l'hypothèse « L'intérêt envers le cours détermine la place choisie par
les étudiants dans une salle de cours)), ily a deux variables : l'intérêt

envers le cours qui peut être nul, faible,moyen ou élevé,et la place


choisie par des étudiants dans une salle de cours qui peut, elle aussi,
varier.

126. Mace, G., Guide d'élaboration d' liti projet de recherche,op. cit., p. 35.
127. Grawitz, M., Méthodes des sciences sociales,op. cit.,p. 443.
op. cit.,
128. Angers, M., Illitintion pratique à la méthodologiedes scienceshumaines,
p. 104-105.
164 LA DÉMARCHED'UNE RECHERCHE EN SCIENCESHUMAINES

Autres définitions :
M. Angers :
Caractéristique de personnes, d'objets ou de situations liée
concept et Pouvant prendre diverses voleurs129 .

Andrée Lamoureux:
Événements contenus dans l'objectif ou l'hypothèse de rech%e
che, qui marqueront des variations au cours de la collecte d'e'
données130.

Benoît Gauthier:
Chacun des concepts retenus au niveau des hypothèses "
subira ensuite une opération d'opérationnalisation131

Ainsi, si j'écris: «La criminalité augmente dans lé'


r
grandes villes nord-américaines j'ai une hypothèse univa.;
riée puisque qu'elle ne contient qu'une seule variable(li
criminalité). Si je formule l'hypothèse suivante: «L'appailZ
vrissement des individus accroît la criminalité dans lu.

grandes villesnord-américaines », je propose une hypothèsë_•

bivariée puisqu'elle comporte deux variables (l'appauvrisse;

ment des individus et la criminalité dans les grandes villes nort.

américaines). Comme on l'a vu au chapitre 1, ce genre d'hhl


pothèse impliquant une relation de causalité entre deüx:

variables est fréquemment produit en sciences humaines.


Finalement, si j'écris : « La pauvreté des individus et la con-

sommation de drogues dures rendent les individus violents»,

j'ai produit une hypothèse multivariée car elle comporte


plusieurs variables (le niveau de richesse, le niveau de COt1SOllt•

mation d'un type de drogue et le niveau de violence).

129. Ibid., p. 356.


D., Recherche et Illéthodologie en sciences humaines, op.
130. Lamoureux,
p. 396.
131.Gauthier, B. (sous la direction de), Recherchesociale.De la problématique
i

la collecte des données, op. cit.,p. 525.


CHAPITRE 3 - LE TEMPSbES CONJECTURA

une classification plus complète des hypothèses


Marie-FabienneFortin distingue 8 types d'hypothèses non exclu-
132.11y a des:
sives

l) hypothèses simples qui énoncent un lien d'association 'ou de


causalité entre deux variables;
2) hypothèses complexes (ou multivariées) qui Prédisent des liens de
causalité ou d'association entre trois variables ou plus;
3) hypothèses Birectionnellesqui spécifient (positif ou négatif, plus ou
moins) «la direction attendue de la relation entre les variables»
(exemple: (Il y a une corrélation positive entre l'utilisationde

stratégies adaptatives d'évitement et une augmentation de la détresse


émotionnellechez les femmes ayant un diagnosticrécent de cancer
du sein 133p) ;
4) hypothèses non directionnellesqui spécifient qu'une relation existe
entre des variables sans toutefois prédire la nature positive ou
négative de.la relation (exemple:«ll existe un lien entre l'étude des
sciences humaines et la compréhension du monde social et
humain ;
5) hypothèses d'associationcomportant des variables qui existent ou
coexistent dans le temps (exemple:«ll existe une corrélation entre
la dépressionet la perte d'un emploi»);
6) hypothèses de• causalité impliquant. des relations de causalité
(exemple : « La perte d'un emploi est une cause de la dépression ;
7) hypothèses statistiques qu'on utilise lors de tests statistiques. Il
s'agit d'hypothèsesnulles au sens où elles énoncentqu'il n'y a pas
de relation entre les variables (exemple : « Il a pas de différence
entre les scores d'anxiété du groupe qui bénéficiede l'intervention
de soutien et ceux du groupe qui n'en bénéficiepasi34»);
8) hypothèses de recherche qui sont le contraire des précédentes. Elles
annoncent une relation entre les variables.

132. Fortin, M.-F., Le processus de la recherclte: de la conception à la réalisation, op.


cit.,p. 103-105.
133. Ibid.,p. 104.
134. Ibid.,p. 105.
06 L.A DÉMARCHED'UNE RECHERCHEEN SCIENCESHUMAINES

3.3.3 Les conditions de validité d'une hypothèseà.


On pourrait multiplier les catégorisations d'hypothèse.z
Critèrs hyp- Cet exercice serait futile. En ce qui nous concerne, il suffit
tl±e reptablt.
comprendre et de retenir les conditions de validité SUivanté'
que remplissent la plupart des hypothèses en science
humaines :
i) Elle prüit tille N- i) Une hypothèse prédit généralement une relation
latin attred5 m- des variables ;
ribles ;
ii) Elle est une ré- ii) Elle est une réponse provisoire à la question de
pate provigireà la départ qui sera corroborée ou falsifiéelors des tests empiè
queticn de diprt ; riques ;

iil) Elle 5t simple ou iii)Leshypothèses de recherche les plus communes


sciences humaines sont des hypothèses simples ou complexé
lien de
(comprenant deux variables ou plus) de causalité (impliquait
un lien de causalité entre les variables) ;

iv) Elle contiatt d5 iv) Dans les hypothèses de recherche simples, on refrouve

m•rüb15 dépendante une variable dépendante et une variableindépendante;


et

Variables dépendante et indépendante


Une variable indépendante est la cause ; c'est elle qui fait varieri
la variable dépendante. La variable dépendante est l'effet ; comme sorite,
nom Pindique,elle varie selon l'action de la variable indépendanteì;.
Ainsi, dans l'hypothèse suivante: « La redistributionde la richess
favorise le plein emploi», la variable indépendante (la cause) est Ìg:-:
redistributionde la richesse,tandis que la variable dépendante (l'effe!k
est le plein emploi. De la même manière, dans l'hypothèse « Le typ
d'éducation sexuelle reçu détermine le niveau d'expression des-
émotions)),la variable indépendante (la cause) est le type d'éducatidl
sexuelle reçu tandis que la variable dépendante est le niveau--
d'expression des émotions..Pqr contre, dans Phypothèse« Le niveaü.i
d'expression des émotions des Parents détermine l'éducationsexuelle•
de leurs enfants)), l'éducation sexuelle des enfants devient
variable dépendante tandis que le niveau d'expression des émotiori_.
variabl
des Parents devient une variable indépendante. Bref, une
indépendante est un facteur explicatif alors qu'une variable dépeh%«
dante est toujours un facteur que l'on veut expliquer.
CHAPITRE 3 - LE TEMPSDES CONJECTURES 167

v) Selon la démarche hypothético-déductive et falsifica-


011 tionniste qui est la nôtre, l'hypothèse est déduite par le
t51 déduite
r) Elle
d'in!e Illéo• chercheur avant toute recherche empirique rigoureuse. À ce
dl' dérive
rie ; titre,l'hypothèse est déduite de la théorie choisie ou construite
par le chercheur, et elle sera ensuite soumise à des tests
empiriques afin de la corroborer ou de la falsifier.
L'hypothèse
est donc théorique au sens où elle découle nécessairement de
la théorie choisie, modifiée ou construite par le chercheur.
Rappelons qu'en adoptant une démarche inductive
l'hypothèse découle de l'observation des objets d'étude ;

vi)Finalement, les hypothèses de recherche sont des


« traductions empiriques des prémisses théoriques 135». Au-
pi) Elle doit pouvoir
étre solilllise â des frement dit,elles doivent pouvoir être corroborées ou réfutées
lests empiriques et à la suite de tests empiriques. Nous verrons un peu plus loin
ilre falsifiable. qu'on rend une hypothèse apte à être testée empiriquement
en opérationnalisant le cadre théorique qui la sous-tend.
Pour l'instant, il suffit de retenir que les variables et les

concepts contenus dans l'hypothèse doivent être accessibles à


nos expériences. Le chercheur doit toujours avoir cette con-
dition en tête lorsqu'ilformule son hypothèse de recherche.
Il doit ainsi éviter de recourir à des concepts et à des variables

qui sont inaccessibles à nos sens. L'hypothèse « La volonté de


Dieu détermine les choix des humains» est un exemple de
mauvaise hypothèse scientifique car l'une de ses variables —
la volonté de Dieu — n'est pas accessible à nos sens, à notre
expérience. Cette hypothèse ne peut donc être soumise à des
tests empiriques. En outre, l'hypothèse doit être formulée de
manière à ce qu'elle puisse être falsifiée par les tests empiri-
ques. Nous reviendrons sur ce point importan± en 3.4.1.

Retenons simplement pour l'instantqu'on doit éviter les


hypothèses du genre : « Le mercredi soit il pleut, soit il n
pleut pas», car aucun test empirique ne pourra jamais I
falsifier.

135. LasVergnas, I.,« Lâ théorie et la compréhension du social », dans Gauthiel


B. (sous la direction de), Recherche sociale. De la problélnatique à la collecti

des données, op. cit.,p. 121.


6 LA DÉMARCHED'UNE RECHERCHEEN SCIENCESHUMAtŒ

3.3.4 Comment formuler une hypothèse ?


En partant de ces connaissances de base sur .
hypothèses, revenons à notre étude sur le suicide et
comment on peut formuler une hypothèse pour
recherche.

Étude sur le suicide. Acte 2, scène 6:


La formulation d'une hypothèse
Je sais qu'une hypothèse répond provisoirement à la
Il faut élaborerson de départ et qu'elle dérive de la théorie choisie, modifiée
hypothèse selon une construite. Mon hypothèse doit donc répondre à la questionde
théorie choisic, ntodi-
départ : « Quelles sont les causes sociales du suicide ? », et elle doit
fiée oti construite.
le faire d'après la théorie durkheimienne de la cohésion sociale.
dit cette théorie ? Elle affirme qu'une société saine s'appuie sur
consensus social —des normes, des valeurs, une religion, ure
morale —disant aux individus ce qu'ils doivent faire et ce qu'ils
doivent pas faire. Au contraire, une société malade ou anomique'
voit son consensus social s'amollir ou se dissoudre et, ainsi,IE'
individus qui y vivent ont du mal à percevoir clairementle
normes sociales dominantes. De ces connaissances théoriques,
peux déduire que la faible emprise des normes sociales dominants
sur les individus dans une société anomique donne du mal à ce.
derniers à se définir eux-mêmes,à donner un sens à leur vie,i
savoir quoi faire de leur peau, à se définir des objectifs précis potii•
leur vie futur.e, à se positionner correctement dans la hiérarchie
sociale, à distinguer le bien et le mal, à établir des limites à leuri
désirs, etc. En somme, une société malade ou anomique produit un
faible degré d'intégration sociale des individus136 . Cette faye
intégration sociale suscite des crises chez plusieurs individus qui,
dans certaines circonstances, peuvent se traduire par des tentative
de suicide.

136.Pour aller rapidement, disons qu'une société dotée d'une co


commune saine et solide se traduit par une forte intégration sociale.Cela
veut dire qu'elle intègre bien les individus en leur imposant des
des normes, des valeurs et une morale. À l'inverse, une société dont la

conscience commune est en crise (elle s'effrite, elle est contestée...)


traduit par une faible intégration sociale. Cela signifie que les règles,
normes, les valeurs et la morale ont peu d'emprise sur chacun
individus.
CHAPITRE3 - LE TEMPSDES

Ainsi, en partant de la théorie de Durkheim, je peux émettre


l'hypothèse de recherche suivante : « Dans une société, le degré
d'intégration sociale détermine le taux de suicide ». À cet effet, plus
le
le degré d'intégration sociale sera élevé, moins taux de suicide
sera élevé; moins le degré d'intégration sociale sera élevé, plus le
taux de suicide sera élevé.
—« Cette hypothèse de recherche est acceptable, dit le professetlr
qui supervise ma recherche après l'avoir lue, car elle correspond aux
critères d'une hypothèse scientifique propre aux sciences humaines.
En effet:
• Elle dérive d'une théorie choisie, modifiée ou construite : la
théorie durkheimienne de la cohésion sociale ;
• Elle est une réponse provisoire (« Dans une société, le degré
d'intégration sociale détermine le taux de suicide ») à une question
de départ («Quelles sont les causes sociales du suicide ? ;
• Elle est une hypothèse simple (ou bivariée) de causalité car
elle comprend une relation de causalité entre deux variables (le
degré d'intégration sociale et le taux de suicide);
• Elle comporte une variable indépendante (le degré
d'intégration sociale) et une variable dépendante (le taux de suicide) ;
• Il est possible de la soumettre à des tests empiriques qui la
corroboreront ou la réfuteront si le cadre théorique est bien opéra-
tionnalisé. »
Fier de mes succès, je rentre chez moi et je me plonge dans la
lecture du livre'La démarche d'une recherche en sciences hu-
maines afin d'apprendre ce que je dois faire pour poursuivre mn
recherche.

3.4 L'OPÉRATIONNALISATION
DU CADRE THÉORIQUE
Au stade de l'opérationnalisation du cadre théorique, le
chercheur doit préparer ses conjectures pour la prochaine
étape de la démarche scientifique. Dans cette prochaine étape,
la théorie adoptée, modifiée ou construite et l'hypothèse de
recherche qui en découle seront soumises à des tests empi-
riques afin de les corroborer ou de les réfuter.Pour procéder

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