RR
CERTIFICATS MÉDICAUX
DÉCÈS ET LÉGISLATION
PRÉLÈVEMENT D’ORGANES
ET LÉGISLATION
Pr Irène François-Purssell1, 2, Dr Alain Tenaillon3, Pr Marie-France Mamzer-Bruneel1, 4,
Dr Walter Vorhauer5, 6, Pr Christian Hervé1, 5, Dr Jacques Lucas7, Dr Philippe Charlier8
1. Laboratoire d’éthique médicale et de médecine légale, Paris-Descartes, Sorbonne-Paris-Cité, France
2. Médecine légale, CHU Dijon, France
3. Conseil d’orientation de l’Agence de la biomédecine, France
4. UF Éthique clinique, Necker-Enfants malades, AP-HP, Paris, France
5. Mission éthique de l’Hôpital européen Georges-Pompidou, HUPO, AP-HP, Paris, France
6. Anatomopathologiste, Secrétaire général du Conseil national de l’Ordre des médecins, France
7. Cardiologue, vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins, France
8. Laboratoire d’anthropologie médicale et médico-légale, UFR des sciences de la santé (UVSQ), hôpital Raymond-Poincaré, AP-HP, Garches, France
christian.herve@parisdescartes.fr
Définition
objectifs Le certificat médical est l’attestation écrite des constatations
PRÉCISER les règles générales d’établissement cliniques et paracliniques, positives ou négatives, concernant
des certificats médicaux et leurs conséquences l’état de santé d’un individu qui a bénéficié d’un examen médi-
médico-légales, y compris les certificats de coups cal. Le certificat médical est rédigé par un médecin et permet au
et blessures et notions d’ITT. patient de faire valoir des droits liés à son état de santé.
DÉCRIRE l’examen d’un cadavre.
CONNAÎTRE les différents types d’autopsie. Principes fondamentaux
PRÉCISER les principes de la législation
La rédaction d’un certificat est un acte médical réalisé après
concernant le décès et l’inhumation.
un examen clinique de la personne concernée, et qui engage les
PRÉCISER les principes de la législation
responsabilités civile, pénale et ordinale du médecin.
concernant les prélèvements d’organes.
Le demandeur du certificat médical peut être le sujet lui-même,
le titulaire de l’autorité parentale pour un mineur, le tuteur pour
un majeur sous tutelle, ou une autorité judiciaire : réquisition éta-
Certificats médicaux
blie par un officier de police judiciaire sur ordre du procureur de
Les textes de référence sont : la République, le procureur de la République, ou une commis-
––l’art. R 4127-76 du Code de la santé publique (CSP) ; sion rogatoire émanant d’un juge d’instruction.
––les art. 226-13 du Code pénal, art. 1110-4 et R 4127-4 du Code Un certificat médical doit être justifié par un motif médical. Il
de la santé publique, en cas de violation du secret médical ; n’est obligatoire que si un texte législatif ou réglementaire l’exige,
––l’art. R 2147-28 du Code de santé publique, en cas de rédac- et seuls les médecins titulaires du diplôme de docteur en méde-
tion de faux certificats ou de certificats de complaisance ; cine et inscrits à l’Ordre des médecins sont en droit de le rédiger
––l’art. 441-7 du Code pénal, pour l’établissement de faux certi- et le signer. La licence de remplacement autorise néanmoins la
ficats. signature de certificats médicaux.
Principes généraux de rédaction Il est important d’informer le patient sur les conséquences
des certificats médicaux possibles de ce certificat et sur le fait qu’en l’utilisant, il rend
publique une partie de sa situation médicale, avec des consé-
Un certificat est classiquement rédigé sur une ordonnance ou quences qui ne sont pas toujours celles espérées.
un papier à en-tête, attestant de l’identité et de la qualité du ré-
dacteur. Un médecin ne peut faire état que de ce qu’il a person- Cas particuliers
nellement constaté. Certains certificats obligatoires doivent être rédigés sur des
Le texte doit être lisible, écrit en français ou traduit. formulaires préimprimés.
Les mots doivent être précis, de même que le temps des 1. Certificats médicaux et législation sociale
verbes et la ponctuation dont le mauvais usage peut inverser la L’arrêt de travail : une maladie ne rompt pas le contrat de travail
signification d’une phrase… Les termes doivent être strictement mais en suspend l’exécution. Le malade doit, dans les plus brefs
descriptifs, notamment dans les situations conflictuelles (di- délais, aviser l’employeur de la durée probable de son absence et
vorce, garde d’enfants, contestation de testament…) et les cer- la justifier par un certificat médical (de même pour la prolongation).
tificats non exigibles peuvent être refusés (constat de malpro- L’aptitude : seul le médecin du travail est habilité à se prononcer
preté d’un enfant qui vient de chez l’autre parent, constat de sur l’aptitude d’une personne à occuper un poste donné, mais
virginité…). le médecin traitant peut rédiger une « note circonstanciée », dé-
Un certificat médical doit comporter (v. encadré) : crivant l’état de santé du patient qui, remise au patient (informé
––l’identité complète du patient, connu ou pas (« qui dit être… » ) ; de son contenu), peut être transmise par son intermédiaire au
––les faits rapportés et les doléances exprimées, clairement dis- médecin du travail.
tingués des constatations effectuées. (« Le patient dit que… ». Les accidents du travail (v. item 180). Le certificat médical initial
« Il se plaint de… ») ; doit être rempli de manière très consciencieuse (lisibilité, des-
––les faits constatés. (« Je constate que… [décrire les constata- cription précise des lésions). Tous les arrêts de travail en lien
tions cliniques] » ; avec l’accident seront rédigés sur ce même formulaire.
––les traitements (soins, médicaments) nécessaires ; Les maladies professionnelles (art. L 461-1 du code de la Sécurité
––les examens complémentaires, et l’arrêt de travail éventuel, en sociale ; v. item 180). Le médecin traitant doit fournir le certificat
restant très prudent sur le pronostic ; au patient, et à lui seul, qui décidera de déclarer ou non sa ma-
––la date du jour de sa rédaction et celles des constatations (si ladie professionnelle : celle-ci peut entraîner la perte de l’emploi.
différentes). Pour les certificats dits de coups et blessures (y 2. Certificats médicaux et d’état civil
compris agressions sexuelles), il est souhaitable de préciser La déclaration de naissance précise, dans ses articles 55 à 57,
l’heure des constatations. Il est interdit de postdater ou d’anti- que « Les déclarations de naissance seront faites dans les trois
dater un certificat médical ; jours suivant l’accouchement à l’officier de l’état civil du lieu » et
––la signature et le cachet du praticien. Cette signature peut être que « La naissance sera déclarée par le père ou, à défaut du
accompagnée de celle du patient, ce qui atteste de la remise père, par les docteurs en médecine... ».
en main propre ; Certificats de décès (v. infra)
––la formule « Remis en main propre pour faire valoir ses droits » 3. Certificats de santé
doit être apposée et rappelle la finalité du certificat. Les modalités de rédaction d’autres certificats de santé spéci-
fiques sont détaillés dans d’autres items, comme les certificats
de suivi de la grossesse (v. items 22-23), les certificats d’interrup-
tion de grossesse (v. item 36), les certificats de santé de l’enfance
Certificat médical (v. item 44), les certificats de vaccination (v. item 143), les certifi-
cats en rapport avec la santé mentale (v. item 11), et les certificats
Il doit, quelle qu’en soit la destination :
en rapport avec la protection des biens (v. item 8).
7 mentionner la date de la rédaction du certificat et celle de
Deux situations non traitées ailleurs doivent être connues.
l’examen clinique du patient ;
Les certificats de contre-indication ou de non-contre-indication à la pra-
7 identifier le demandeur, le patient et le médecin signataire ;
7 ne comporter que des informations constatées tique sportive : le médecin doit s’informer des contre-indications
par le médecin signataire qui concernent exclusivement le au sport concerné, et du niveau de pratique envisagé. Le patient
demandeur, sans jamais mentionner de tiers, doit également être informé des risques que la pratique de cer-
de quelque manière que ce soit ; tains sports lui fait courir.
7 être signé par le médecin (cachet obligatoire) ; Pour l’enfant scolarisé, le caractère total ou partiel de la
7 comporter la formule « Remis en main propre pour faire valoir contre-indication est indiqué sur le certificat établi par le méde-
ses droits ». cin traitant avec possibilité d’indications utiles pour l’adaptation
de la pratique sportive. La durée de validité doit être mentionnée.
La durée de l’ITT est utilisée par le parquet pour la qualification 1. Volet administratif
de l’infraction (tableau 1). Elle a donc une importance judiciaire. Établi en trois exemplaires et signé par le médecin qui a
C’est pourquoi le médecin doit rester aussi objectif que possible constaté le décès, il mentionne les nom, prénoms, date de nais-
dans sa détermination, et s’en tenir aux constatations médicales. sance, sexe, adresse du domicile, commune de décès du dé-
Le médecin décrit les blessures et détermine l’ITT, le magistrat funt.
apprécie les circonstances aggravantes et qualifie l’infraction, en La date et l’heure du décès doivent être notées, le cas échéant
tenant compte des circonstances des coups et blessures (vo- de manière approximative. Il ne s’agit pas nécessairement de la
lontaires ou non volontaires). date du constat.
Le certificat est remis en main propre à la victime lorsque c’est Cet acte a comme conséquences de définir :
elle qui le demande (ou à son tuteur légal) et à l’autorité judiciaire ––le début du délai de transport du corps sans mise en bière ;
lorsque il y a eu réquisition. 48 heures à compter du décès ;
En cas de mort ou de graves séquelles, le délit peut être qualifié ––le début du délai pour procéder aux funérailles ; au moins 1 jour
de crime. L’auteur est alors passible de la cour d’assises. et au plus 6 jours après le décès ;
––le début de la succession pour les ayants droit.
Législation concernant le décès et l’inhumation Le volet administratif comporte par ailleurs des rubriques pour
lesquelles le médecin doit cocher des cases « oui » ou « non »,
Les textes de référence sont : précisant certaines circonstances (tableau 2).
––la loi du 19 décembre 2008 ; 2. Volet médical
––les décrets du 3 août 2010 et du 28 janvier 2011 ; Ce volet est destiné à l’Institut national de la santé et de la re-
––le code général des collectivités. cherche médicale (Inserm, CépiDc) à des fins épidémiologiques.
Il est anonyme et confidentiel et fait état des causes de décès :
Certificat de décès ––la partie I est destinée à décrire la cause immédiate de la mort
Le médecin a l’obligation de constater et certifier le décès (maladie terminale, traumatisme ou complication). Le certificat
après avoir vérifié que la mort est « réelle et constante ». doit mentionner si le décès est dû à un accident, un suicide,
La certification du décès est obligatoirement rédigée et signée un homicide ou si l’intention n’a pas pu être déterminée ;
par un médecin après avoir vérifié que la mort est « réelle et ––la partie II permet de décrire les éventuels états morbides, fac-
constante ». teurs ou états physiologiques ayant contribué au décès, sans
Le certificat médical de décès se fait sur un imprimé dédié, ou être directement à l’origine de la cause immédiate du décès.
par voie électronique (art. R2213-1-2 du code général des col- Des informations complémentaires sont indiquées le cas
lectivités territoriales ; http://sic.certdc.inserm.fr) depuis le décret échéant : grossesse, accident... En cas d’autopsie, il faut indi-
du 27 juillet 2006 et l’arrêté du 24 novembre 2006. Il comporte quer si les causes du décès mentionnées ont pris en compte
deux volets : l’un administratif, l’autre médical. les résultats.
TABLEAU 1
––lividités ; coloration cutanée rouge rosé, souvent violacée, au Autopsie scientifique, médicale ou hospitalière
niveau des zones déclives du cadavre. Les lividités respectent
les zones de pression, qui restent à leur couleur initiale. Elles Le demandeur est la famille ou le médecin.
se produisent dans les 3 premières heures après le décès, L’objectif est d’obtenir un diagnostic sur les causes du décès
s’installent en 12 heures et se fixent en 48 heures. Elles (CSP art. 1211-2) ; elle est pratiquée en dehors du cadre de
donnent une idée de la position du corps après la mort ; mesures d’enquête ou d’instruction diligentées lors d’une pro-
––déshydratation ; yeux excavés, cornée opacifiée, tache noire cédure judiciaire.
sclérotique, plaque cutanée parcheminée, le cas échéant fon- L’effecteur est un anatomopathologiste.
tanelle hypotonique ; L’autopsie n’est possible que si l’intéressé ne s’y est pas op-
––rigidité cadavérique liée à la contraction des muscles du corps posé de son vivant, en s’inscrivant sur le Registre national des
après la mort ; elle commence après 3 heures au niveau des refus. Pour les majeurs sous tutelle et les mineurs, le consente-
muscles de la face (mandibule et nuque) et diffuse vers le bas ment doit être donné par les représentants légaux. Elle est éga-
du corps, pour atteindre en 6 à 12 heures les membres supé- lement possible en cas de nécessité impérieuse pour la santé
rieurs (en flexion) puis inférieurs (en flexion). Au-delà de 48 heures, publique et en l’absence d’autres procédés permettant d’obtenir
la rigidité disparaît de la tête vers les pieds ; une certitude diagnostique sur les causes de la mort ; un arrêté
––refroidissement progressif du corps, jusqu’à équilibre thermique du ministre chargé de la Santé précise les pathologies et les si-
avec le milieu extérieur (mesurer la température du lieu) ; stable tuations justifiant la réalisation des autopsies médicales dans
dans les premières heures du décès, la température baisse ces conditions.
d’environ 1 °C par heure pour atteindre la température am-
biante ; de nombreux facteurs (habillement, ventilation, humi- Prélèvement d’organes et législation
dité) peuvent perturber ce refroidissement ;
––décomposition du corps à partir de 48 heures, liée à la lyse Un organe se définit comme « toute partie du corps qui remplit
cellulaire, au développement et à la fermentation de la flore une fonction ». S’il est habituel de voir derrière ce mot des organes
intestinale qui transforment le corps ; apparition d’une tache solides (foie, rein, cœur..), la moelle osseuse est aussi considérée
verte abdominale, gonflement des tissus, circulation posthume, comme un organe.
phlyctènes et décollements cutanés, avec dégagement d’odeur Le terme de prélèvement d’organes englobe souvent à la fois
et afflux d’insectes nécrophages. Les destructions tissulaires le geste technique qui consiste à séparer tout ou partie d’un
et la dessiccation vont progressivement ne laisser subsister organe de son corps d’origine et son conditionnement jusqu’à
que le squelette en 12 à 18 mois. son utilisation définitive (greffe, recherche…). Le prélèvement est
à distinguer du « don d’organes » qui consiste pour une per-
Levée de corps sonne à accepter que, de son vivant, un organe, ou après son
La levée de corps est l’examen externe d’un cadavre effectué décès, un ou plusieurs organes soi(en)t prélevé(s) pour le béné-
sur le lieu de sa découverte dans le cadre d’une réquisition judi- fice d’une tierce personne. Ces deux notions sont régies par des
ciaire. Il implique que le praticien soit compétent en médecine textes réglementaires qui diffèrent mais se complètent.
légale. Le médecin doit examiner totalement et minutieusement
la totalité du corps. Il procède à la description des signes de la Grands principes
mort, à la recherche de lésions anciennes ou récentes, de lésion Ils ont été définis par les lois de bioéthique de 1994 et ont été
traumatique de défense et/ou de violence, de tout élément sus- confirmés et adaptés lors de leurs révisions en 2004 et 2011.
ceptible d’établir les causes de la mort. Il peut être amené à Le principe de la dignité de la personne, inscrit dans la Constitution,
proposer des examens complémentaires (toxicologie, imagerie a été traduit dans le Code civil, et garantit le respect du corps
médicale) ou à recommander une autopsie, qui est alors une humain et donc son inviolabilité (art. 16-1). Il est donc interdit,
autopsie médicolégale. sous peine de sanctions, d’intervenir sur le corps d’un sujet vi-
vant en l’absence de visée thérapeutique pour lui-même. Cette
Autopsie judiciaire ou médicolégale interdiction concerne aussi le corps d’une personne décédée.
Le demandeur est le parquet ou le juge d’instruction. La loi prévoit cependant certaines exceptions, parfaitement dé-
L’objectif est de déterminer si la mort trouve sa cause dans finies.
une infraction. Le principe d’indisponibilité du corps humain et de non-patrimonialité
L’effecteur est un médecin légiste formé à l’autopsie médico- interdit de commercialiser le corps humain, ses éléments et ses
légale. produits. Inclus dans la loi française depuis 1976, il a été repris
S’agissant d’un acte dit d’ordre public, le consentement des sur le plan international dans la convention d’Oviedo.
proches n’est pas requis. Leur information est souhaitable, mais Le principe de gratuité, en cas d’utilisation de tout ou partie du
non obligatoire et pas toujours possible dans les délais impartis. corps humain, découle du principe précédent, ainsi que toute
CERTIFICATS MÉDICAUX
DÉCÈS ET LÉGISLATION
Prélèvements d’organes et législation
Dr Laurent Fanton, Dr Géraldine Maujean, Pr Daniel Malicier
Département de médecine légale, pavillon N, hôpital Édouard-Herriot, 69437 Lyon Cedex 03, France
laurent.fanton@chu-lyon.fr
geraldine.maujean@chu-lyon.fr
daniel.malicier@chu-lyon.fr
OBJECTIFS
médecin doit toujours examiner personnellement le patient. Lors dance à un appareillage ou à une assistance humaine) lors par
de la rédaction du certificat, il doit respecter des règles de rédac- exemple de l’alimentation, du sommeil, de la toilette, de l’habil-
tion communes à tous les certificats (tableau 2). Enfin, le médecin lage, des courses, du déplacement, voire du jeu (pour un enfant).
doit toujours garder un double du certificat, dans l’hypothèse La détermination de l’incapacité totale de travail est très impor-
d’une perte ou d’une contestation ultérieure par le patient. tante, parce qu’elle peut déterminer la juridiction compétente
Il existe des règles de rédaction particulières aux certificats non (tableau 3) et donc la gravité des peines encourues par l’auteur
obligatoires : le médecin doit toujours s’assurer de l’objet du cer- des faits. L’incapacité totale de travail ne doit pas être confondue
tificat et de l’utilisation que va en faire le patient. Il peut refuser de avec l’arrêt de travail, notion médico-sociale retenue par les
rédiger un certificat s’il va à l’encontre de la déontologie (par organismes sociaux, ni avec celle de déficit fonctionnel tempo-
exemple, document sans objet médical ou pouvant le mettre raire, notion civile entrant dans les chefs de préjudices indemni-
dans une situation embarrassante vis-à-vis du secret médical) ou sables au titre de la réparation du dommage corporel.
de l’intérêt du patient. Ce refus ne peut pas engager sa respon-
sabilité contrairement à celui de rédiger un certificat obligatoire. Réquisitions
La réquisition est un acte judiciaire transformant temporaire-
Certificat de coups et blessures ment le médecin en auxiliaire de justice pour une mission d’ordre
Le certificat de coups et blessures est un certificat obligatoire, technique et le libérant du secret médical pour tout ce qui la
qu’il soit rédigé à la demande de la victime ou sur réquisition. Son concerne. Elle est formalisée par un document écrit remis au
premier objectif est d’établir un état descriptif précis et objectif médecin et est rémunérée par la justice. Le médecin a l’obligation
des lésions présentées par la victime. Cette description peut d’y répondre sous peine de voir sa responsabilité engagée. Il ne
s’accompagner de schémas ou de photographies réalisés avec peut déroger à cette obligation qu’en cas de maladie, d’obliga-
le consentement de la victime. Les résultats des examens com- tion de donner des soins urgents au même moment, d’incompé-
plémentaires effectués et des avis spécialisés doivent également tence technique, de lien avec la personne à examiner ou lorsqu’il
être mentionnés dans le certificat. Le second objectif du certificat est son médecin traitant (sauf lorsque la réquisition porte sur un
de coups et blessures est de déterminer la durée de l’incapacité acte uniquement technique).
totale de travail (ITT) : la période durant laquelle le traumatisme 1. Certificat de compatibilité ou d’incompatibilité à la garde à vue
physique et/ou psychique va perturber de manière notable les Cet examen peut être réalisé à la demande d’un officier de
activités quotidiennes et usuelles de la victime (perte des capaci- police judiciaire ou du procureur de la République, de la per-
tés habituelles de déplacement, de communication, de manipu- sonne, de sa famille ou de manière obligatoire dans certaines cir-
lation des objets, altération des fonctions supérieures, dépen- constances. Son objectif est de vérifier la compatibilité de l’état
de santé de la personne examinée avec son maintien en garde à
vue dans les locaux de la police ou de la gendarmerie. À l’issue
de l’examen, le médecin remet à l’autorité requérante :
TABLEAU 2
– la remise à l’autorité requérante dans le cadre d’une réquisition ; . pour faire annuler un testament lorsque le sujet était atteint de
– la remise au conjoint d’un certificat d’arrêt maladie, d’accident démence lors de sa rédaction ;
du travail ou de maladie professionnelle ; . pour faire valoir leur droit en rédigeant un certificat de mort naturelle
– la remise au représentant légal d’un mineur ou d’un majeur ou de mort violente sans jamais mentionner la cause du décès,
incapable ; voire un certificat mentionnant que la cause du décès ne fait pas
– la remise au mineur, s’il est apte à comprendre les informations partie des clauses d’exclusion de tel ou tel contrat d’assurance.
contenues ou s’il ne souhaite pas qu’elles soient dévoilées à
son représentant légal ; Conséquences médico-légales
– la remise aux ayants droit : Le non-respect des règles de rédaction et de remise des certifi-
. en cas de décès d’un pensionné militaire, d’un sujet atteint d’une cats médicaux est susceptible d’engager la responsabilité du
maladie professionnelle ou d’une victime d’un accident du travail médecin à différents niveaux :
si le décès est en rapport avec les lésions ayant motivé la pension ; – responsabilité pénale : violation du secret professionnel, faux
. pour faire annuler une rente viagère lorsque la personne est certificat, escroquerie ou complicité d’escroquerie, refus de
décédée dans les 20 jours ayant suivi la signature du contrat ; répondre à une réquisition ;
– responsabilité civile en cas de préjudice lié à un tiers ;
– responsabilité disciplinaire : violation du secret professionnel,
faux certificat, certificat de complaisance, immixtion dans les
affaires familiales, refus de répondre à une réquisition ;
– code de la santé publique et code de la Sécurité sociale :
fraude et abus de cotation, fausse attestation en vue de l’attri-
bution d’avantages indus.
Décès et legislation
Le diagnostic de la mort est un acte médical qui aboutit à la
rédaction du certificat de décès. Les conséquences de ce certifi-
cat sont importantes à la fois sur le plan judiciaire et pour la réali-
A
sation des opérations funéraires.
Diagnostic de la mort
Le préalable à la rédaction du certificat de décès est de s’assu-
rer que la mort est réelle et constante (tableau 4, fig. 1). Le médecin
doit aussi rechercher les éléments lui permettant de remplir
toutes ses rubriques. Il s’agit en particulier de la présence de pro-
thèses fonctionnant au moyen d’une pile (stimulateur cardiaque
par exemple). Celles-ci doivent en effet toujours être enlevées par
B C
un médecin ou par un thanatopracteur agréé en raison du risque
d’explosion en cas d’incinération.
Certificat de décès
1. Description
Le certificat de décès est un imprimé bleu (fig. 2), dont le recto est
constitué de 2 volets. Le volet supérieur est administratif et nomi-
natif. Il est destiné à la mairie de la chambre funéraire, à la chambre
funéraire et à la mairie du lieu du décès. Outre l’identité de la per-
sonne, il comporte notamment la commune, la date et l’heure du
décès (si elles peuvent être précisées) et plusieurs rubriques per-
mettant d’autoriser ou non certaines opérations funéraires. Le
volet inférieur est anonyme et comporte des informations médi-
D cales confidentielles. Il est destiné au CepiDC Inserm chargé des
FIGURE 1 Signes positifs de la mort. A ➜ lividités. B ➜ tache verte statistiques de santé publique. Sur le verso du certificat de décès
abdominale. C ➜ circulation posthume. D ➜ phlyctènes. figurent les modalités de remplissage du volet supérieur (fig. 2).
Depuis 2006, le certificat de décès existe également sous – en cas de mort violente (homicide volontaire ou involontaire,
forme électronique. Le volet administratif doit être imprimé et suicide, accident), de mort suspecte (mort pour laquelle il n’est
signé par le médecin qui l’adresse aux mêmes destinataires que pas possible d’exclure l’intervention d’un tiers) mais également
le support papier. Le volet médical est télétransmis en temps réel de mort subite ou inexpliquée, de mort susceptible de poser un
après cryptage à l’Inserm. Les principaux avantages de ce certifi- problème de responsabilité médicale et chaque fois que le
cat électronique sont une diminution des délais de production médecin n’est pas certain du caractère naturel du décès : la
des statistiques de mortalité permettant une mise en place plus case obstacle médicolégal à l’inhumation doit être cochée, ce
rapide de mesures d’alerte et de protection de la population, une qui a pour conséquence l’obligation pour le médecin de se
amélioration de la qualité de ces statistiques et le renforcement mettre en rapport avec le procureur de la République ou avec
de la confidentialité. les services de police ou de gendarmerie, la suspension de
2. Règles de rédaction toutes les opérations funéraires, la réquisition possible d’un
La case de la rubrique obstacle médico-légal à l’inhumation est médecin pour procéder à une levée de corps médico-légale
remplie en fonction de la forme médico-légale de la mort : (examen externe du corps en lieu et place de sa découverte), et
– en cas de mort naturelle, c’est-à-dire de mort attendue corres- la réalisation possible à la demande du procureur de la Répu-
pondant à l’évolution naturelle d’une pathologie connue : la blique, d’un juge d’instruction ou parfois d’un officier de police
case obstacle médico-légal à l’inhumation ne doit pas être judiciaire d’un examen du corps ou d’une autopsie médico-
cochée ; légale auxquels l’entourage ne peut pas s’opposer.
TABLEAU 4
Diagnostic de la mort
Diagnostic positif
Diagnostics différentiels
TABLEAU 5
réalisée que si le certificat de décès ne mentionne pas d’obstacle à tout prélèvement du corps humain
médico-légal à l’inhumation ou d’obligation de mise en bière et à son utilisation à des fins thérapeutiques
immédiate.
1. Soins de conservation ❚ Antécédents du donneur
La réalisation de soins de conservation nécessite l’expression ❚ Dépistage obligatoire de maladies transmissibles
écrite des dernières volontés du défunt ou d’une personne ayant
➙ Infection par les virus de l’immunodéficience humaine VIH1 et VIH2
qualité pour pourvoir aux funérailles, une autorisation délivrée par
➙ Infection à virus HTLV-1
l’officier de l’état civil de la commune du lieu du décès ou de celle
où sont pratiqués ces soins et une déclaration indiquant le mode ➙ Infection par le virus de l’hépatite B
opératoire. ➙ Infection par le virus de l’hépatite C
2. Moulage (prise de l’empreinte et moulage ➙ Syphilis
pour un visage, une main...) ➙ Infection par le cytomégalovirus
Le moulage d’un cadavre ne peut être réalisé avant un délai de ➙ Infection par le virus Epstein-Barr
24 heures depuis la déclaration de décès en mairie. Lorsqu’il est
➙ Infection par l’agent responsable de la toxoplasmose
nécessaire de le pratiquer avant l’expiration de ce délai, la
demande doit être accompagnée d’un certificat médical attes-
tant que des signes de décomposition le rendent nécessaire
avant le délai prescrit.
3. Transport des corps santé publique. Afin de mieux prendre en compte la souffrance
Le transport sans mise en bière du corps d’une personne des familles, la loi concernant la déclaration des enfants sans vie
décédée vers son domicile, la résidence d’un membre de sa distingue désormais deux situations :
famille ou une chambre funéraire nécessite la demande d’une – les enfants nés vivants et viables décédés avant que la nais-
personne ayant qualité pour pourvoir aux funérailles après la sance ait été déclarée à l’état civil : l’officier de l’état civil établit
reconnaissance du corps, l’accord du directeur de l’établisse- un acte de naissance et un acte de décès sur production d’un
ment de soin et du médecin du service ou du médecin ayant certificat médical mentionnant que l’enfant est né vivant et viable
constaté le décès (lorsque le décès n’est pas survenu dans un et précisant les jours et heures de sa naissance et de son
établissement de santé) et la déclaration à l’officier d’état civil du décès. L’enfant a une personnalité juridique, avec les consé-
lieu de dépôt du corps. Il doit avoir lieu dans un délai maximal quences en découlant, et il est inscrit sur le livret de famille ;
de 48 heures à compter du décès. – les enfants nés vivants mais non viables décédés et les enfants
4. Inhumation mort-nés : l’officier d’état civil peut établir à la demande des
En cas de mort naturelle, le permis d’inhumer est délivré par parents ou de l’un d’eux et sur production d’un certificat d’ac-
l’officier de l’état civil. L’inhumation a lieu 24 heures au moins et couchement d’un enfant mort-né ou d’un enfant né vivant non
6 jours au plus après le constat du décès. En cas d’obstacle viable un acte d’enfant sans vie. L’enfant n’a pas de personna-
médico-légal, il est délivré par l’autorité judiciaire, et l’inhumation lité juridique, mais il peut être inscrit sur les registres de décès
a lieu dans les 6 jours. et sur le livret de famille.
5. Crémation Des obsèques civiles ou religieuses sont possibles dans les
En cas de mort naturelle, l’autorisation de crémation est déli- deux cas de figure.
vrée par l’officier de l’état civil après contrôle des dernières volon-
tés écrites de la personne et dans un délai identique à celui de Prélèvements d’organes et législation
l’inhumation.
En cas d’obstacle médico-légal à l’inhumation, elle est délivrée Les prélèvements d’organes font partie des activités régies par
par l’autorité judiciaire. les lois relatives à la bioéthique. Celles-ci définissent à la fois leur
organisation et leurs principes généraux : la gratuité des dons,
Cas des enfants décédés avant toute declaration l’anonymat entre le donneur et le receveur, le consentement libre
à l’état civil ou mort-nés et éclairé du donneur, la sécurité sanitaire (tableau 5), la notion de
Les recommandations de l’OMS concernant la limite basse consentement présumé chez le donneur décédé.
pour l’établissement d’un acte de naissance pour des enfants La dernière révision des lois relatives à la bioéthique a eu, en
nés vivants correspondent au terme de 22 semaines d’aménor- matière de prélèvements d’organes, comme la précédente, pour
rhée ou à un poids de 500 g à l’exclusion de tout autre critère. objectif de répondre à la pénurie de greffons en élargissant le
Ces recommandations restent en vigueur pour les statistiques de champ des donneurs vivants et en améliorant l’information de la
Personne cliniquement décédée, ventilée artificiellement et conservant une activité hémodynamique (mort encéphalique)
❚ 3 critères précédents avec vérification de l’absence ❚ Établi par deux médecins ❚ Organes : cœur poumons, reins foie,
de respiration spontanée (épreuve d’hypercapnie) pancréas, intestins (mucoviscidose)
+ ❚ Tissu : cornée (sans énucléation),
❚ 2 électroencéphalogrammes nuls et aréactifs réalisés peau (épiderme), os, vaisseaux
à 4 heures d’intervalle (amplification maximale, 30 min) (artères, veines), valves cardiaques
avec consignation immédiate du résultat ❚ Sans limite d’âge
ou
❚ une angiographie objectivant l’arrêt de la circulation cérébrale
Une condition :
❚ irréversibilité de l’arrêt cardiaque : absence d’efficacité cardiaque
électrique et hémodynamique après au moins 30 minutes
de réanimation cardiopulmonaire ET constatation d’un tracé
électrocardiographique d’asystolie (tracé plat) pendant 5 minutes
après l’arrêt de la RCP
❚ durée estimée de l’arrêt cardiaque non réanimé < 30 minutes
et temps entre début de l’arrêt cardiaque + traitement
+ période d’observation de 5 minutes + transfert avec reprise
des manœuvres et mise en place des moyens de préservation
des organes < 120 min
Prélèvement chez le sujet décédé s’efforcer de recueillir auprès des proches l’opposition au don
Le prélèvement chez un sujet décédé est soumis à 3 conditions : d’organe éventuellement exprimée par le défunt de son vivant et
le constat de la mort, la finalité du prélèvement, et le consentement les informer de la finalité des prélèvements.
du donneur. Chez le sujet mineur ou incapable majeur, le médecin doit recueil-
Quelle que soit la finalité du prélèvement, la loi précise que les lir le consentement écrit de chacun des titulaires de l’autorité
médecins doivent s’assurer de la meilleure restauration possible parentale ou du tuteur. En cas d’impossibilité de consulter l’un
du corps. des titulaires de l’autorité parentale, le consentement écrit de
1. Constat de la mort et la finalité du prélèvement (tableau 6) l’autre est suffisant.
Le constat de la mort aboutit selon la situation à la rédaction
d’un constat de décès établi par un ou deux médecins n’appar- Organisation
tenant pas à l’équipe de prélèvement. L’organisation des activités de prélèvement d’organes et de tis-
Le prélèvement d’organe peut être réalisé uniquement à des sus a été confiée à l’Agence de la biomédecine, dont les missions
fins thérapeutiques ou scientifiques (recherche des causes de la sont notamment d’autoriser et contrôler les établissements et les
mort, recherches biomédicales) après information de l’Agence équipes de transplantation, gérer la liste nationale des malades en
de la biomédecine. attente de greffe, gérer le registre national des refus sur lequel l’ins-
2. Consentement du donneur cription est possible à partir de l’âge de 13 ans, évaluer les activités,
Chez le sujet majeur : le prélèvement est possible uniquement si la organiser les comités d’experts autorisant le prélèvement sur
personne n’a pas fait connaître de son vivant son refus en s’ins- donneur vivant, participer à l’information en vue du don.•
crivant sur le Registre national des refus de don d’organes. En
L. Fanton, G. Maujean et D. Malicier déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.
l’absence de connaissance sur cette volonté, le médecin doit
POUR EN SAVOIR
Code de déontologie médicale. Art. 4, 28, 50, 51, 76. Intervention du médecin auprès des personnes Circulaire DGCL/DACS/DHOS/DGS/DGS
Code pénal. Art. 222-11, 222-12, 222-13, 222-19, en garde à vue. Conférence de consensus no 2009-182 du 19 juin 2009 relative
222-20, 441-8 et 313-2, 642-1. Anaes Collégiale des médecins légistes à l’enregistrement à l’état civil des enfants
Code de la santé publique. Code de la Sécurité hospitaliers et hospitalo-universitaires. décédés avant la déclaration de naissance
sociale. Art. L.377-5 et L.471-4. Société de médecine légale et de criminologie de et de ceux pouvant donner lieu à un acte d’enfant
France. 2 et 3 décembre 2004. Paris. Ministère des
Code de la route. Art. L.231-1 à 4 et L.234-1 à 15. Solidarités, de la Santé et de la Famille. Textes et sans vie, à la délivrance du livret de famille,
Code de procédure pénale. Art. 60, 74, 706-23, 706-29. recommandations. à la prise en charge des corps des enfants
Code civil. Art. 63 et 81. décédés, des enfants sans vie et des fœtus.
Haute Autorité de santé. Certificat médical initial
http://www.cepidc.vesinet.inserm.fr/inserm/html/page concernant une personne victime de violences. Loi n° 2011-184 du 7 juillet 2011 relative à la
s/certification_electronique_fr.htm Recommandation de bonnes pratiques. Oct. 2011. bioéthique.
e d’article (I)
revue www.larevue
dupraticien.f
ECN : Insuffisance
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cardiaque
revue www.larevue
dupraticien.f
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» de l’adulte
DE L’ENFANT
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me 59 - N° 2 (0149-
me 59 - N° 3 (0297-
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DUO ou TRIO
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20 janvier 2009
20 février 2009
20 mars 2009 -
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20 février 2009
20 mars 2009
DU SUJET ÂGÉ
DE L
ACCIDENTO LOGIE
ABDOMINAL E