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Mise à jour juin 2012.

I-1 Q6
RR
Cette question a fait l’objet d’une actualisation complète.

LE DOSSIER MÉDICAL,
l’information du malade, le secret médical
Dr Caroline Rey-Salmon, Dr Cyril Boraud
Unité médico-judiciaire, hôpital Armand-Trousseau, 75012 Paris, France
caroline.rey@htd.aphp.fr

– la description et le déroulement des examens et soins envisa-


OBJECTIFS

CRÉER un dossier médical répondant


gés et de leurs alternatives ;
aux recommandations des bonnes pratiques
– leur objectif et les bénéfices escomptés ;
et SAVOIR TRANSMETTRE à un confrère – leurs conséquences et leurs inconvénients ;
une information adéquate. – leurs complications et leurs risques éventuels, y compris
exceptionnels ;
EXPLIQUER les droits à l’information – les précautions générales et particulières recommandées.
et au secret médical du patient. L’information porte sur tous les risques graves, c’est-à-dire ceux
DÉLIVRER aux patients une information susceptibles d’entraîner le décès ou l’invalidité, et connus, y
compris ceux dont la réalisation est exceptionnelle.
claire et compréhensible.
Modalités et qualités de l’information
PRÉCISER la notion de consentement
L’information orale est primordiale et doit être adaptée à chaque
éclairé et sa formalisation.
patient. Il faut y consacrer le temps nécessaire au cours d’entre-
tien(s) individuel(s). Elle peut nécessiter d’être délivrée de manière
progressive. Il est souhaitable de noter les informations majeures
out médecin s’engage à respecter la personne du patient données dans le dossier médical.

T et sa dignité. Ce respect implique une obligation d’infor-


mation et de consentement éclairé, un devoir d'assistance
et de continuité des soins formalisé par le dossier médical et le
L’information écrite permet de renforcer les connaissances du
patient afin qu’il puisse mieux participer aux prises de décision.
Orale ou écrite, l’information répond à des critères de qualité.
respect du secret médical. Elle est hiérarchisée et repose sur des données validées ; elle doit
être synthétique, claire et compréhensible pour le patient.
Information médicale Lorsque plusieurs professionnels interviennent, il y a un risque
d’inhomogénéité des informations. Cela souligne l’intérêt d’un
« Toute personne a le droit d’être informée sur son état de médecin référent chargé de faire une synthèse des données médi-
santé » (code de santé publique, art. L 1111-2). cales au patient, aux différentes étapes de sa prise en charge.
La relation médecin-patient comporte quatre phases essen-
tielles successives : le diagnostic, l’information, le consentement Dérogations et limites du devoir d’information
éclairé, et la réalisation de soins attentifs, consciencieux et Le médecin est dispensé de son devoir d’information préalable
conformes aux données actuelles de la science. L’information en cas :
est le préalable indispensable au consentement ou au refus de – d’urgence absolue ;
soins. Cette information doit être, selon la jurisprudence, « sim- – d’impossibilité d’informer le patient, lorsqu’il est inconscient ou
ple, approximative, intelligible et loyale ». Le Comité consultatif incapable de comprendre ;
national d’éthique précise que l’information doit être « répétée, et – de refus du patient d’être informé ;
celui qui la donne doit s'assurer qu'elle a été comprise ». – de la nécessité exceptionnelle estimée par le médecin de faire
jouer sa « clause de conscience ».
Contenu de l’information Le refus d’être informé doit être respecté sauf lorsqu’il expose
L’information porte sur des éléments généraux et spécifiques : des tiers à un risque de transmission. En cas de pronostic fatal, le
– l’état du patient et son évolution prévisible, ce qui nécessite code de déontologie recommande que les « proches » soient
des explications sur l’état pathologique, et son évolution habi- « prévenus et informés » sauf si le malade a préalablement interdit
tuelle avec et sans traitement ; cette révélation ou précisé les tiers à qui elle doit être faite.

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RR Q 6 I-1 LE DOSSIER MÉDICAL, L’ INFORMATION DU MALADE, LE SECRET MÉDICAL

Cas des mineurs et des majeurs sous tutelle Mineur et majeur sous tutelle
En dehors du cadre des soins confidentiels, les parents sont Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être
destinataires de l’information concernant leur enfant. Il est précisé systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté
que le mineur a le droit de recevoir lui-même une information et à participer à la décision.
adaptée à son degré de maturité.
Les droits des majeurs sous tutelle sont exercés par le tuteur. Dossier médical
Les intéressés ont le droit de recevoir eux-mêmes une informa-
tion adaptée à leurs facultés de discernement. Le dossier médical est le support de l’ensemble des informations
recueillies à l’occasion de la prise en charge du patient. Il permet
Exécution du devoir d’information le partage des informations entre les différents acteurs de soins.
La charge de la preuve de l’information incombe au médecin et
non au patient. La preuve peut résulter d’un ensemble de pré- Contenu
somptions et être rapportée par tout moyen. Les juges tiennent Un dossier médical est constitué pour chaque patient hospita-
compte des mentions dans le dossier médical (comptes rendus, lisé ou consultant dans un établissement de santé public ou
échanges de courriers…), du temps de réflexion laissé au patient, privé. Son contenu est précisé (CSP, art. R. 1112-2 à R. 1112-3).
du nombre d’entretiens avec le médecin… 1. Informations formalisées (consultations externes, accueil
aux urgences, admission, séjour hospitalier)
Consentement aux soins Ce sont :
– la fiche d’identification du patient comportant le cas échéant
Le devoir de respect de l’intégrité corporelle du patient a pour l’identité de la personne de confiance et celle de la personne à
corollaire l’obligation de rechercher son consentement préalable- prévenir ;
ment à la mise en œuvre des soins. – la lettre du médecin à l’origine de la consultation ou de l’admis-
sion ;
Caractères du consentement – les motifs d’hospitalisation ;
Il suppose une compréhension de la situation, des enjeux et de – la recherche d’antécédents et de facteurs de risque ;
la thérapeutique proposée et une autonomie dans la décision : – les conclusions de l’évaluation clinique initiale ;
– le consentement est libre : le patient peut refuser les soins et – le type de prise en charge prévue et les prescriptions effectuées
n’a pas à justifier les raisons de son refus ; à l’entrée ;
– le consentement est révocable à tout moment ; – la nature des soins dispensés et les prescriptions établies lors
– le consentement est éclairé : il fait suite à une information médi- de la consultation externe ou le passage aux urgences ;
cale complète ; – les informations relatives à la prise en charge en cours d’hospi-
– le consentement est exprès, c’est-à-dire explicite et spécifique talisation : état clinique, soins reçus, examens paracliniques,
pour chaque étape du traitement ou des investigations. notamment d’imagerie ;
– les informations sur la démarche médicale établie dans le res-
Actes soumis à un consentement écrit pect des règles du consentement aux soins ;
Ce sont : – les éléments d’information spécialisés lorsque la prise en
– l’interruption volontaire de grossesse ; charge l’exige : dossier anesthésique, compte rendu opéra-
– l’assistance médicale à la procréation ; toire, compte rendu d’accouchement, dossier transfusionnel,
– la recherche sur les embryons conçus in vitro ; fiche de traçabilité des médicaments dérivés du sang et éven-
– la stérilisation à visée contraceptive ; tuellement fiche d’incident transfusionnel et consentement
– la recherche biomédicale ; écrit du patient lors de situations particulières ;
– la recherche génétique ; – les éléments relatifs à la prescription médicale, à son exécution
– le prélèvement d’organes sur un majeur vivant en vue d’un don ; et aux examens complémentaires ;
– le prélèvement d’organes sur un mineur ou un majeur sous – le dossier de soins infirmiers ;
tutelle à des fins thérapeutiques ou scientifiques ; – les informations relatives aux soins dispensés par les autres
– le prélèvement de moelle osseuse sur un mineur. professionnels ;
– les correspondances échangées entre professionnels de santé.
Limites du consentement aux soins Chaque pièce du dossier est datée et comporte l’identité du
Si le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté (inconscient, patient (nom, prénom, date de naissance ou numéro d’identifica-
dément), aucune intervention ou investigation ne peut être faite, sauf tion) ainsi que l’identité du professionnel de santé. Les prescrip-
urgence ou impossibilité, sans que la personne de confiance dési- tions médicales sont horodatées et signées ; le nom du médecin
gnée par le patient, la famille ou un des proches n’ait été consultée. signataire doit être lisible. Les décisions thérapeutiques, et leurs

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Communication
Q RR 6
Le dossier médical, l’information du malade, le secret médical La communication du dossier médical constitue une obligation
POINTS FORTS À RETENIR pour les établissements de santé et un droit pour le patient. Son
principal objectif est de permettre au patient d’accéder aux infor-
Tout médecin doit à son patient une information simple, mations médicales le concernant et d’assurer la continuité des
intelligible, loyale et adaptée qui doit porter sur tous soins. La loi précise que seules sont communicables les informa-
les risques graves (susceptibles d’entraîner le décès tions formalisées du dossier médical. Le droit à l’accès aux infor-
ou l’invalidité) et connus. C’est au médecin d’apporter mations, qui survient le plus souvent a posteriori, ne saurait se
la preuve qu’il a correctement informé son patient. substituer au droit de la personne d’être informée sur son état de
santé que la loi a clairement affirmé.
Le consentement du patient aux soins est libre, éclairé, 1. Au patient lui-même
explicite et spécifique pour chaque étape du traitement « Les établissements de santé publics ou privés sont tenus de
ou des investigations, et révocable à tout moment. communiquer aux personnes recevant ou ayant reçu des soins,
sur leur demande, les informations médicales définies à l’article
Un dossier médical est constitué pour chaque patient L. 111-7 » (CSP, art. L. 1112-1).
hospitalisé ou consultant dans un établissement de santé. Le patient n’est pas tenu de justifier la raison de sa demande
Les éléments formalisés sont communiqués au patient, de communication, mais celle-ci ne peut être effectuée que par
à sa demande, directement ou à un médecin désigné par lui. écrit, au directeur de l’établissement ou au professionnel de
santé, en justifiant de son identité (photocopie recto-verso de sa
Instauré dans l’intérêt du patient, le secret médical
carte d’identité).
est général et absolu. Il n’est pas opposable au patient
Dans le cadre d’une demande faite à un hébergeur de données
et demeure après son décès. (organisme agréé pour recevoir en dépôt des informations de
santé à caractère personnel informatisées), celui-ci ne peut com-
muniquer les informations qu’avec l’accord du professionnel ou
de l’établissement de santé.
Seul un médecin est habilité à communiquer les informations
éventuelles modifications, méritent d’être argumentées afin de contenues dans le dossier médical.
retracer avec le plus de fidélité possible le parcours de soins du Les établissements de santé doivent proposer un accompa-
patient dans l’établissement de santé. gnement médical aux personnes lorsqu’elles demandent l’accès
2. Informations formalisées en fin du séjour aux informations les concernant, mais le refus de cet accompa-
Ce sont notamment : gnement ne fait pas obstacle à la communication.
– le compte rendu d’hospitalisation et la lettre rédigée à l’occa- Le médecin détenteur de l’information peut parfois recomman-
sion de la sortie ; der la présence d’une tierce personne (proche, médecin trai-
– les prescriptions de sortie et les doubles des ordonnances ; tant…) lors de l’accès à certaines informations pour des motifs
– les modalités de sortie (domicile, autres structures) ; tenant aux risques que leur connaissance sans accompagne-
– la fiche de liaison infirmière. ment pourrait faire courir au patient. Les informations sont com-
3. Informations non formalisées muniquées dès que le patient a exprimé son acceptation ou son
Elles peuvent figurer au dossier, mais ne sont pas communicables. refus de suivre cette recommandation.
Il s’agit d’informations recueillies auprès de tiers n’intervenant Le patient peut prendre connaissance des informations conte-
pas dans la prise en charge du patient ou concernant de tels tiers nues dans son dossier, soit par consultation directe sur place,
ainsi que certaines notes personnelles des professionnels de soit par l’envoi de copies des documents, à ses frais, sans que
santé ne contribuant pas à l’élaboration et au suivi du diagnostic ceux-ci puissent excéder le coût de la reproduction et, le cas
et du traitement ou à une action de prévention. échéant, de l’envoi des documents. Dans le cas particulier de la
présence d'une tierce personne lors de la consultation du dos-
Conservation sier, à la demande de la personne ou du médecin, il est indispen-
Le directeur de l’établissement de santé assure la garde et la sable d'informer le demandeur du fait que la tierce personne aura
confidentialité des informations de santé concernant le patient. connaissance d'informations strictement personnelles sur sa
La conservation appropriée du dossier médical n’est pas santé, et la tierce personne qu'elle est tenue pénalement de res-
contradictoire avec une épuration régulière, destinée à éliminer pecter la confidentialité des informations de santé de la personne
des documents redondants ou sans intérêt significatif (radiogra- qu'elle accompagne.
phies du thorax surabondantes, résultats d’examens bio lo- Le délai de communication est de 8 jours à compter de la
giques de routine…). réception de la demande et au plus tôt après qu’un délai de

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réflexion de 48 heures a été observé. Ce délai de communication Une fois ces conditions réunies, l’ayant droit a accès à l’en-
est porté à 2 mois lorsque les informations médicales datent de plus semble des informations formalisées. Le refus éventuel de com-
de 5 ans au moment où l’information médicale a été constituée. munication doit être motivé. Ce refus ne fait pas obstacle, le cas
2. Aux ayants droit échéant, à la délivrance d’un certificat médical, dès lors que
Le médecin s’assure : celui-ci ne comporte pas d’informations couvertes par le secret
– de l’absence d’opposition préalable du défunt ; médical.
– de l’identité du demandeur et de son statut d’ayant droit ; 3. Au patient hospitalisé sous contrainte
– de la justification de la demande d’accès afin de s’assurer Les patients hospitalisés en psychiatrie, y compris ceux ayant
qu’elle correspond à l’une des 3 situations prévues par le légis- été hospitalisés sans leur consentement, ont un accès direct
lateur : connaître les causes de la mort, défendre la mémoire du aux informations de santé recueillies dans le cadre de leur
défunt ou faire valoir leurs droits. hospitalisation.

Qu’est-ce qui peut tomber à l’examen ?


CAS CLINIQUE QUESTION N° 8
M. X, âgé de 66 ans, est transporté aux urgences par une ambulance Le fils du patient, affirmant
à la demande de sa famille pour crise convulsive. une mauvaise information
Ce patient a pour antécédent un cancer pulmonaire avec métastases osseuses de son père et des soins non
et cérébrales actuellement en échappement thérapeutique. conformes aux données acquises
À son arrivée, le patient est inconscient et cyanosé. Les ambulanciers vous de la science, entame une procédure
expliquent qu’il a présenté une nouvelle crise convulsive pendant le trajet judiciaire. Le dossier médical
est saisi à la demande du juge pénal
alors qu’il était conscient et orienté lors de sa prise en charge à domicile.
pour être remis à un expert
Lors de votre examen initial, le diagnostic d’état de mal épileptique est posé. missionné. À qui incombe la preuve
du contenu de l’information ?
QUESTION N° 1 QUESTION N° 5
Devant l’impossibilité de recueillir Si vous lui permettez l’accès, lui QUESTION N° 9
le consentement éclairé du patient, remettez-vous son dossier médical Pouvez-vous empêcher
quelle est votre attitude ? dans son intégralité ? cette saisie ?
QUESTION N° 2 QUESTION N° 6 QUESTION N° 10
Avec les mesures thérapeutiques Un médecin, proche de la famille Deux ans plus tard, vous êtes
adaptées, le patient reprend progres- et semblant connaître la pathologie assigné à comparaître, pouvez-vous
sivement conscience et demande des du patient, se présente à vous vous retrancher derrière le secret
informations sur son état de santé. et demande des informations médical ?
Quelles informations lui donnez-vous ? médicales. Quelle est votre attitude ?

QUESTION N° 3 QUESTION N° 7
Le patient, dans la crainte Malgré les soins et traitements
d’informations dissimulées, demande instaurés, le patient décède
l’accès à son dossier médical. Pouvez- quelques jours plus tard. Retrouvez toutes les réponses
vous vous y opposer ? Le défunt ayant contracté et les commentaires sur
une assurance-vie, son fils www.larevuedupraticien.fr
QUESTION N° 4 se présente à l’hôpital. Il souhaite onglet ECN
Si vous lui permettez l’accès, quels accéder au dossier médical. OK
conseils pouvez-vous donner ? Quelle doit être votre position ?

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À titre exceptionnel, en cas de risques d’une particulière gravité
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concernant sont réputées confiées par le malade à l'ensemble de
et dans le cadre des hospitalisations sans consentement, le l'équipe… » (CSP, art. L. 1110-4).
médecin détenteur de l’information peut subordonner l’accès Il est recommandé que le dossier médical porte la trace des
aux informations recueillies à la présence d’un médecin désigné informations et soins donnés par chaque intervenant au patient
par le demandeur. En cas de refus du demandeur, la commission pour favoriser la continuité des soins.
départementale des hospitalisations psychiatriques est saisie, et 8. Dans le cadre d’une expertise
son avis, rendu dans un délai maximal de 2 mois, s’impose au Le médecin expert désigné par un magistrat est un auxiliaire de
patient comme au détenteur de l’information. Si, dans l’intervalle, justice chargé d’étudier le dossier du patient et de répondre à
le patient a désigné un médecin intermédiaire, le médecin déten- des questions techniques dans le cadre d’une mission précise.
teur de l’information lui communique sans délai les informations Pour les affaires civiles et administratives, la communication du
et en fait part à la commission. dossier à l’expert est subordonnée à l’accord du patient. En
4. À l’incapable majeur matière pénale, le dossier est saisi en présence d’un représen-
Les patients sous sauvegarde de justice et ceux sous curatelle tant du conseil de l’Ordre des médecins et placé sous scellés,
bénéficient d’un accès direct à leur dossier médical. Seule la sans que l’accord du patient soit nécessaire.
tutelle institue un régime de représentation, et le droit d’accès est 9. Autres dispositions
alors exercé par le représentant légal. Les médecins de l’Inspection générale des affaires sociales, de
5. Au mineur santé publique et des organismes d’assurance maladie ont
Le mineur n’est pas directement titulaire d’un droit d’accès à son accès aux informations médicales lorsqu’elles sont nécessaires
dossier médical. Le droit d'accès est exercé par chacun des titu- à l’exercice de leur mission.
laires de l'autorité parentale. Le mineur ne peut pas s'opposer à La Commission nationale de l’informatique et des libertés
cette demande, mais il peut demander que l'accès ait lieu par (CNIL) et le conseil de l’Ordre des médecins ont clairement indi-
l'intermédiaire d'un médecin qui est désigné par ses parents. qué que le médecin-conseil d’une compagnie d’assurances
En cas de soins confidentiels dispensés à un mineur, le médecin ne pouvait pas être le médecin intermédiaire désigné par le
doit vérifier si le mineur souhaite également s’opposer à l’accès patient.
du(es) titulaire(s) de l’autorité parentale aux informations concernant
sa santé. L'opposition ou la limitation peut ne concerner que l'un Secret médical
des deux parents.
Le droit d’accès exercé par les titulaires de l’autorité parentale Le secret médical est un pilier de l’exercice médical (serment
s’achève avec la majorité du patient, et seul le patient devenu d’Hippocrate). Il constitue une obligation déontologique et légis-
majeur peut demander communication du dossier médical lative. En contrepartie de la confiance que le patient témoigne au
constitué quand il était encore mineur. médecin en lui donnant accès à sa vie privée et à son intimité, ce
6. Au médecin traitant dernier a l’obligation de se taire.
Le médecin qui a prescrit l’hospitalisation n’est pas forcément
le médecin traitant. C’est au patient d’indiquer le praticien qui Caractères
pourra recevoir les informations le concernant. Le secret est général et absolu. Il couvre tout ce que le médecin
« Les établissements de santé […] sont tenus d’informer par a pu avoir à connaître au cours de son exercice professionnel :
lettre le médecin désigné par le malade hospitalisé ou par sa éléments à caractère médical et d’ordre privé.
famille de la date et de l’heure de l’admission et du service Le secret n’est pas opposable au patient. Le médecin n’est
concerné. Ils l’invitent en même temps à prendre contact avec le que le dépositaire des informations relatives à son patient et des
service hospitalier, à fournir tous les renseignements utiles sur le confidences que celui-ci a pu lui faire. Le patient est seul à pouvoir
malade et à manifester éventuellement le désir d’être informé sur en disposer librement ; il ne peut délier le médecin du secret.
l’évolution de l’état de ce dernier. En cours d’hospitalisation, le Le secret demeure après le décès du patient.
chef de service communique au médecin désigné dans les Pour les soins délivrés à un mineur et hors le cadre des soins
conditions ci-dessus et qui en fait la demande écrite toutes les confidentiels, le secret bénéficie aux détenteurs de l’autorité
informations relatives à l’état du malade » (CSP, art. R. 1112-6). parentale et au mineur lui-même. De même, le secret n’est pas
7. Aux autres médecins opposable au représentant légal d’un incapable majeur.
« […] Deux ou plusieurs professionnels de santé peuvent, sauf
opposition de la personne dûment avertie, échanger des informations Dérogations
relatives à une même personne prise en charge, afin d'assurer la Le silence imposé au médecin peut présenter des inconvé-
continuité des soins ou de déterminer la meilleure prise en charge nients pour le patient (certificats permettant l’ouverture de droits,
sanitaire possible. Lorsque la personne est prise en charge par une protection des personnes vulnérables) ou pour la société (santé
équipe de soins dans un établissement de santé, les informations la publique, ordre public).

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RR Q 6 I-1 LE DOSSIER MÉDICAL, L’ INFORMATION DU MALADE, LE SECRET MÉDICAL

Dans les cas où la loi impose ou autorise la révélation d’infor- 2. Personne de confiance
mations, le médecin n’encourt pas de sanctions au titre de la vio- « Toute personne majeure peut désigner une personne de
lation du secret professionnel. confiance qui peut être un parent, un proche ou le médecin trai-
1. Dérogations obligatoires tant et qui sera consultée au cas où elle-même serait hors d’état
Ce sont : d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information nécessaire à
– la déclaration de naissance et celle de décès ; cette fin. Cette désignation est faite par écrit. Elle est révocable à
– la déclaration anonyme des maladies contagieuses (excepté tout moment. Si le malade le souhaite, la personne de confiance
celle de suspicion de maladie de Creutzfeldt-Jakob, qui est l’accompagne dans ses démarches et assiste aux entretiens
nominative) ; médicaux afin de l’aider dans ses décisions... » (CSP, art.
– le certificat de vaccinations obligatoires ; L.1111-6).
– la déclaration anonyme des maladies vénériennes ; 3. Autres professionnels participant aux soins du patient
– le certificat d’internement psychiatrique sous contrainte ; Le secret partagé est toléré dans le cadre d’une collaboration
– le signalement d’alcooliques présumés dangereux ; diagnostique ou thérapeutique concernant directement le patient.
– la mesure de protection juridique des incapables majeurs ; Il doit se limiter aux données médicales objectives nécessaires,
– les accidents du travail et les maladies professionnelles ; pertinentes et non excessives, chaque soignant restant tenu au
– les pensions civiles et militaires ; respect du secret professionnel.
– l’indemnisation des personnes contaminées par le VIH à 4. Médecins-conseils de la Sécurité sociale
l’occasion d’une transfusion ; Les médecins de la Sécurité sociale n’ont accès aux données
– la déclaration du dopage des sportifs ; de santé à caractère personnel que si elles sont strictement
– le certificat d’examen prénuptial ; nécessaires à l’exercice de leur mission, dans le respect du
– les certificats de santé de l’enfant (8 jours, 9 mois, 24 mois) ; secret médical.
– le certificat du médecin requis par l’autorité judiciaire et des Le patient peut s’opposer à la transmission des informations
médecins experts. au médecin-conseil, ce qui peut entraîner un refus de versement
2. Principales dérogations facultatives des prestations.
Ce sont : 5. Médecin du travail
– les mauvais traitements sur mineur de 15 ans ou sur personne Le médecin traitant ne peut communiquer des informations au
incapable de se protéger en raison de son âge ou de son état médecin du travail qu’avec l’accord de son patient et doit se limi-
physique ou psychique ; ter aux données médicales indispensables.
– les violences sexuelles présumées sur un adulte, avec l'accord 6. Médecin d’une compagnie d’assurances
de la victime ; Le médecin ne doit donner aucun renseignement à l’un de ses
– la dangerosité d’un patient détenteur d’une arme à feu ; confrères travaillant pour une compagnie d’assurances. En
– les mauvais traitements ou sévices infligés à une personne revanche, il peut délivrer un certificat médical au patient avec
privée de liberté, avec l’accord de la victime. la mention « remis en main propre » dont il fera l’usage qu’il
Le silence du médecin ne saurait justifier une attitude totale- souhaite.•
ment passive. Les dispositions de l’article 223-6 du code pénal
C. Rey-Salmon et C. Boraud déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.
réprimant la non-assistance à personne en péril sont applicables
au médecin.
3. Le médecin cité en justice
Cité comme témoin, le médecin est tenu de comparaître et de
POUR EN SAVOIR
prêter serment. Il reste lié par le secret médical, hormis les cas Mathian A. Information, éducation thérapeutique et observance.
où la loi l’autorise à faire des révélations (mauvais traitements Rev Prat 2011;61(9):1265.
<http://www.larevuedupraticien.fr/search/apachesolr_search/information%20du
sur mineur…). %20malade?pagination=20&expression=1&tvid=0&taud=0&tphoto=0&tpdf=&t
Cette possibilité de témoigner est discrétionnaire. qui=&tarc=0>
Peyrebrune C, Génot-Pok I. Le secret médical pour le mineur.
Secret partagé Rev Prat 2009;59(10):1345-49.
1. Proches du patient Chabot JM. Les informations sur la qualité des soins et les patients.
Bien souvent, le patient souhaite que le médecin informe sa Rev Prat 2008;58(5):547-8.
<http://www.larevuedupraticien.fr/search/apachesolr_search/information%20du
famille sur son état de santé pour que celle-ci lui apporte aide et %20malade?pagination=20&expression=1&tvid=0&taud=0&tphoto=0&tpdf=&t
soutien. Mais le patient peut s’opposer à ce qu’un ou plusieurs qui=&tarc=0>
membres de sa famille soient avertis de son état. Le médecin doit Manaouil C, Jardé O, Fontaine MP. Dossier médical. Rev Prat Med Gen
suivre l’avis de son patient, y compris en cas d’aggravation et de 2007;762:277-82.
décès (le conjoint est considéré comme un proche).

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RR FOCUS Q 14
La question « Protection sociale.
Consommation médicale… »
Médecin généraliste, médecin a fait l’objet d’une mise à jour sur
revue praticien
traitant, médecin de premier
Ce FOCUS attire votre attention
recours… au service du patient sur des points importants
et de la santé publique
Dr Jean-Paul Prieur1, Dr Claude Cherrier1, Pr Hubert Allemand2
1. CNAMTS, 75920 Paris Cedex 20, France
2. Santé publique, CHRU Besançon, CNAMTS, 75920 Paris Cedex 20, France
hubert.allemand@cnamts.fr
claude.cherrier-ext@cnamts.fr

a loi du 13 août 2004 relative à l’Assurance maladie a institué Parallèlement, dès 2004, un parcours de soins coordonné est
L le dispositif du médecin traitant, stipulant que : « Afin de favo-
riser la coordination des soins, tout assuré ou ayant droit âgé de
mis en place avec pour finalité d’améliorer l’accès aux soins et la
qualité des soins et de mieux utiliser les ressources. Le ticket
16 ans ou plus indique à son organisme gestionnaire de régime modérateur peut être majoré selon la modalité d’accès aux soins
de base d’Assurance maladie le nom du médecin traitant qu’il a ambulatoires choisie par le patient. Ce parcours prévoit, en effet,
choisi, avec l’accord de celui-ci. […]. Le médecin traitant choisi quatre types d’accès : accès coordonné, accès direct à certai-
peut être un généraliste ou un spécialiste. Il peut être un médecin nes spécialités (gynécologie, ophtalmologie, psychiatrie) sous
hospitalier… » (art. L. 162-5-3 du code de Sécurité sociale). Les condition, accès direct dérogatoire (urgence…) et accès libre
médecins d’une même spécialité exerçant au sein d’un même non coordonné (figure).
cabinet médical peuvent être conjointement désignés comme Dans ce dernier cas, le patient supporte un ticket modérateur
médecins traitants par le même patient. majoré (70 %).

ACCÈS
LIBRE TOUT MÉDECIN

Urgence, lieu de résidence, absence du médecin, etc.

}
PATIENT

Gynécologie
ACCÈS Pour certaines situations SOINS
DIRECT Ophtalmologie ITÉRATIFS
précisées par la convention
Psychiatrie

ALD
SPÉCIALISTES autres
affections
ACCÈS
ITÉRATIFS
ACCÈS
COORDONNÉ MÉDECIN TRAITANT HOSPITALIERS SANS
PASSER
PAR LE
MÉDECIN
TRAITANT
GÉNÉRALISTES

FIGURE Schéma du parcours de soins coordonnés. (art. L. 162-5-3, R. 322-1 et D. 162-1-6 du code de la Sécurité sociale). Convention nationale des médecins
généralistes et spécialistes du 3 février 2005 ; dispositions reconduites par le règlement arbitral du 3 mai 2010.

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Mai 2011

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Q RR 14
TABLEAU

Exemples d’objectifs du contrat d’amélioration des pratiques individuelles

Thème Indicateurs Objectif cible

Cancer du sein ❚ Nombre de patientes de 50 à 74 ans MT et participant au dépistage du cancer du sein/ 80 %


nombre de patientes de 50 à 74 ans MT

Diabète* ❚ Nombre de patients diabétiques MT ayant eu un fond d’œil par an/nombre de patients diabétiques MT 65 %

* Indicateur n° 2 pour cette affection. MT : ayant choisi le praticien comme médecin traitant.

Le pivot de l’accès coordonné est le médecin traitant que entre autres, sur la prescription, la participation à des actions de
chaque assuré ou bénéficiaire de plus de 16 ans a choisi et dépistage et de prévention, à des actions destinées à favoriser la
déclaré à l’Assurance maladie. Le médecin traitant assure les continuité et la coordination des soins ou à des actions d’amélio-
soins de premier recours et la permanence des soins, il oriente et ration des pratiques. Ce contrat propose des contreparties finan-
suit son patient dans le parcours de soins coordonné. Il met à cières liées à l’atteinte d’objectifs.
jour régulièrement un dossier de suivi, assure les soins préventifs Ainsi, la Caisse nationale d’Assurance maladie des travailleurs
et l’éducation thérapeutique. Les médecins spécialistes libéraux salariés a lancé en 2009 un contrat d’amélioration des pratiques
ou hospitaliers auxquels le médecin traitant adresse ses patients individuelles (CAPI) destiné aux médecins traitants. Ce pro-
assurent un retour d’information vers le médecin traitant. gramme a pour objectif de promouvoir des actions de prévention
Le médecin traitant a un rôle essentiel dans le suivi de ses et le suivi d’affections chroniques et de favoriser l’optimisation
patients atteints d’une affection de longue durée ouvrant droit à des prescriptions médicales. Respectueux de la liberté d’adhé-
exonération du ticket modérateur (ALD 30). Il établit, en concer- sion et de résiliation du médecin, ce programme revêt la forme
tation avec les différents spécialistes impliqués dans le traite- d’un contrat entre le médecin et la caisse primaire d’Assurance
ment, le protocole de soins où sont portés les éléments de dia- maladie de son lieu d’exercice.
gnostic, les traitements prescrits, les consultations spécialisées Par ce contrat, conclu pour 3 ans, le médecin s’engage à
ou les examens paracliniques indispensables à la prise en charge conforter son action de promotion de la prévention auprès de
du patient. Le médecin traitant perçoit de l’Assurance maladie, ses patients (vaccination contre la grippe, dépistage du cancer
au titre de ce suivi, un forfait annuel de 40 euros par patient. du sein, iatrogénie médicamenteuse), à améliorer la prise en
La loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative charge de ses patients atteints de maladies chroniques (hyper-
aux patients, à la santé et aux territoires a consacré la notion de tension artérielle, diabète) et à établir des prescriptions moins
médecine de premier recours et défini les missions du médecin onéreuses à efficacité et sécurité comparables. Pour chaque
généraliste comme acteur de ce premier recours (art. L. 4130-1 thème sont définis au préalable des indicateurs et un objectif
du code de la santé publique). Les missions de ce médecin cible.
reprennent très largement celles du médecin traitant. Ainsi, le L’Assurance maladie s’engage de son côté à fournir au méde-
médecin généraliste doit «… contribuer à l’offre de soins ambula- cin les données nécessaires au suivi de son contrat et à lui verser
toire, en assurant pour ses patients la prévention, le dépistage, le une contrepartie financière annuelle tenant compte de la pro-
diagnostic, le traitement et le suivi des maladies ainsi que l’édu- gression et de l’atteinte des objectifs du contrat.
cation pour la santé…». Il doit orienter ses patients dans le sys- Début 2011, 15 110 médecins généralistes ont signé un contrat
tème de soins, assurer la coordination des soins, promouvoir les d’amélioration des pratiques individuelles.
actions de prévention et de dépistage et s’assurer de la bonne La mise en place du dispositif du médecin traitant et de l’accès
observance des protocoles de soins pour ses patients porteurs coordonné garantit aux patients des soins de qualité et des tarifs
d’une ALD. La loi enjoint aussi au médecin de premier recours de opposables. L’attribution d’une liste de patients à chaque méde-
participer à la mission de service public de la permanence des cin traitant lui permet de compléter sa rémunération à l’acte avec
soins et lui demande de contribuer à la formation des étudiants une part forfaitaire (suivi des patients en affection de longue
en médecine. durée), voire avec une rémunération subordonnée à l’atteinte
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2008 a introduit d’objectifs sur sa patientèle (CAPI).•
la possibilité pour les organismes locaux d’Assurance maladie de
proposer aux médecins de souscrire un contrat comportant des
engagements individualisés. Ces engagements peuvent porter, J.P. Prieur, C. Cherrier et H. Allemand déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

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