19/03/07
- un point chaud crée un volcan donc une surcharge de la lithosphère qui s’enfonce : il
y a subsidence. Ensuite, l’érosion rabote progressivement le volcan, la lithosphère remonte,
c’est l’isostasie.
MODELES D’INTERPRETATION.
Il y a deux types de modèles pour rendre compte de ces phénomènes : Pratt et Airy.
Modèle de Pratt.
Par principe, il n’y a pas de racine. Par contre, verticalement, les hauteurs s’ajustent
en fonction des densités pour équilibrer les masses des colonnes.
Modèle de Airy.
Pour qu’il y ait équilibre, les colonnes de la croûte s’enfoncent plus ou moins dans le
manteau lithosphérique. Il y a équilibre vertical en fonction des masses liées aux hauteurs et
aux densités et il y a racine
Schéma donnant les ordres de grandeurs des différentes épaisseurs de croûte au-
dessus du manteau lithosphérique.
Exemple : Si la croûte continentale a une épaisseur de 30km pour une densité de 2,7 quelle
est l’épaisseur x de la racine d’une montagne de 3000m si la densité du manteau
lithosphérique est de 3,2.
0.5*x = 2,7*3
x = 16.2 km.
L’altitude moyenne des Alpes est de l’ordre de 2500 m, l’épaisseur de la racine est
5,4 fois cette altitude soit de l’ordre de 13,5km.
Pour une profondeur de l’océan de 4000m, on trouve une épaisseur du plancher
océanique de 12,4km si sa densité est identique à celle du continent.
Alpes.
Le clivage concerne toute la lithosphère : la croûte continentale et le manteau
asthénosphérique. Que le manteau qui est plus dense soit impliqué dans le clivage explique
d’une part pourquoi l’altitude des Alpes est moindre de celle de l’Himalaya et d’autre part
l’anomalie gravimétrique mesurée.
Pyrénées (ou Atlas). Dans le rifting continental (pas d’ophiolites), une des deux
lèvres s’enfonce sous l’autre. Il y a une certaine similitude avec le schéma des Alpes et les
altitudes sont comparables.
Coté Pacifique, on est en présence d’une subduction d’un vieux plancher océanique
lourd qui s’enfonce et est à l’origine d’un volcanisme qui est à l’origine de la chaîne
occidentale, il y a d’ailleurs très peu de failles inverses dans ces zones.
Des études portant sur que le volume des débris d’érosion montrent que la seule
érosion n’est pas capable d’expliquer la disparition des montagnes. D’autre part, les vitesses
d’érosion que l’on peut mesurer sont telles que des centaines de millions d’années sont
nécessaires pour retrouver la pénéplaine (il faut éroder la montagne et sa racine soit environ
30km de croûte continentale) alors que quelques dizaines de millions d’années suffisent.
Un autre phénomène agit. Il a été mis en évidence par différents géologues qui ont
constaté des failles normales dans les massifs montagneux que l’on ne parvenait pas à
expliquer. Certaines sont très importantes, peu inclinées et elles mettent en contact des
roches jeunes avec des roches métamorphisées qui impliquent de grands déplacements
comme dans le « Basin and Range » aux USA.
- Le premier est actif dès que la montagne commence dés la subduction, la croûte continentale
ou les sédiments accumulés sur le plancher océanique s’enfoncent difficilement et se séparent
du manteau. Ces écailles, plus légères, remontent à la surface comme des ludions et forme des
reliefs importants en faisant apparaître des failles normales dans un contexte compressif. Ce
phénomène qui fait remonter des roches très métamorphisées comme à Dora Maira est appelé
exhumation, les vitesses de remontée peuvent être importantes et atteindre plusieurs cm par
an. Ce phénomène s’arrête dés que la subduction implique l’intérieur du continent, peut être
suite au blocage de la subduction qui en résulte.
Le second phénomène est plus tardif et intervient quand la chaîne de montagne est
formée et la racine importante, il est d’autant plus marqué que la chaîne de montagnes est
importante. La croûte fortement épaissie est soumise à la gravité qui est importante du fait
de la taille de la montagne, force qui est équilibrée par la poussée d’Archimède. Les couches
inférieures de la croûte s’échauffent fortement car elles sont profondément enfoncées et la
montagne qui les couvre gêne leur refroidissement. Elles deviennent plus plastiques et
comme elles sont soumises à une forte compression verticale, elles s’étirent latérale en une
sorte de fluage. Cet étirement vers l’extérieur qui entraîne une distension de la croûte peut
concerner des surfaces très importantes et il s ‘avère être le moyen le plus efficace et le plus
rapide pour ramener la croûte à une moindre épaisseur : on parle d’extension tardi
orogénique.
Alpes: Il y a eu plusieurs phases. La région de Belledonne, des Ecrins sont encore
dans la phase de réajustement isostatique alors que d’autres s’effondrent comme le Queyras
et la vallée de la Durance. Les séismes du Briançonnais et du Queyras sont manifestement
distensifs, ceux de Belledonne sont d’origine compressive.
La distension prend place à l’oligocène entre deux phases de plissement, dans cette
phase les produits de l’érosion donnent les molasses du miocène. Dans un premier temps,
on est en présence d’une subduction océanique. Dans un deuxième temps, les sédiments
accumulés s’enfoncent, ils sont entraînés en profondeur par la subduction et se transforment
en schistes lustrés. Lorsque la subduction se bloque, une partie des schistes lustrés
remontent (exhumation) et provoquent en surface des nappes de charriage. Certaines
roches métamorphisées viennent de grande profondeur 80 100km et réapparaissent dans
les massifs du Mont Rose, du Grand Paradis ou de Dora Maira. Lors de cette remontée,
apparition de failles normales. Après les phases de compression, phase d’extension tardi
orogénique.
MODELES.
2 – modèle de rifting asymétrique Vernicke. Cet étirement présente un front raide d’un coté
et des blocs basculés de l’autre. Ce modèle tient compte de l’héritage tectonique du passé
de la zone. Ce schéma est celui de l’orogenèse alpine qui a pris place sur l’ancienne chaîne
hercynienne en remobilisant les failles normales et les chevauchements. Du fait des angles,
il n’est pas possible de remobiliser en inverse une faille normale mais il est possible de
remobiliser en faille normale une ancienne faille inverse.
Un exemple marquant d’application de ce modèle est la théorie de Wegener selon
laquelle les contours des continents s’emboîtent ce qui est une des preuves de l’existence de la
tectonique des plaques. Ceci est encore plus vrai quand on prend le contour des continents à la
cote –2000m ce qui correspond au talus continental. Mais ceci ne marche quand on ferme la
mer Rouge et le golfe d’Aden : le territoire des Afars et le Yémen viennent en superposition:
c’est la preuve que l’ouverture de ce rift s’est faite selon le modèle de Vernicke et non selon
un rifting symétrique.
Gérard Vidal
ENS Lyon
Florence Kalfoun
ENS-Lyon / DGESCO
Florence Kalfoun
22 - 07 - 2004
Résumé
Question
Réponse
o Distinction subsidence initiale (ou tectonique) et subsidence thermique
o Origines de l'amincissement initial
o De l'amincissement à la subsidence initiale
o La subsidence initiale et maintien de l'équilibre isostatique à la suite d'un
amincissement lithosphérique
Applications numériques
Cas 1 : amincissement de la croûte seule, calcul de la
subsidence induite
Cas 2 : amincissement de la lithosphère seule, cas des dorsales
Cas 3 : amincissement simultané du manteau lithosphérique et
de la croûte
o Déformations associées et autres modèles
o Le modèle de Mc Kenzie, un modèle d'extension uniforme de la lithosphère
o Bibliographie et sites utiles
Question
« Pourriez-vous m'aider à comprendre les causes de la subsidence initiale lors du rifting
continental ? »
Réponse
Distinction subsidence initiale (ou tectonique) et subsidence thermique
Voir plus loin, pour en savoir plus sur les hypothèses du modèle de McKenzie.
Origines de l'amincissement initial
Poser la question des causes de cette extension est très délicat. Est-ce que la déformation de la
lithosphère (à cause du champ de contrainte régional ou local) induit la remontée de
l'asthénosphère ou est-ce que l'apparition d'une anomalie thermo-mécanique (due à des causes
internes, panache...) induit un bombement puis la déformation de la lithosphère et la
fracturation de la croûte ? Même si, théoriquement, il est possible d'analyser en surface les
flux de sédimentation pour savoir si le bombement thermique précède ou suit la fracturation
de la croûte, la réponse n'est pas toujours évidente.
Voir l'exemple d'une étude sur le terrain : le cas du rift de Limagne (Excursion d'une journée
en Limagne ou Découvrir et comprendre le rift de la Limagne). Quoiqu'il en soit l'extension
de la lithosphère et en particulier la fracturation de la croûte est l'expression des contraintes
présentes dans la lithosphère.
La subsidence initiale est donc directement liée au maintien de l'équilibre isostatique à la suite
d'un amincissement lithosphérique.
Dans un cas plus réel, il faut prendre en compte le remplissage du bassin par l'eau et/ou les
sédiments. Prenons le cas d'un remplissage total du bassin par l'eau.
Applications numériques
Ce premier cas (figure 3) est très simplifié car on ne considère qu'un modèle à deux couches
de densité différentes (croûte continentale ρ = 2,7 g/cm3 et manteau ρ = 3,3 g/cm3) en
négligeant donc la différence entre lithosphère et asthénosphère. C'est le genre de calcul
réalisé par Airy dès le milieu du 19ème siècle. C'est une bonne approximation de premier ordre
puisque la différence de densité entre la croûte et le manteau (0,6) est en gros dix fois
supérieure à la différence de densité entre le manteau asthénosphérique et le manteau
lithosphérique (0,05). La couche inférieure est le manteau ρinf = 3,3 g/cm3, la couche
supérieure est la croûte continentale ρsup = 2,7 g/cm3.
Dans le cas d'un amincissement de h0 - hsup = 1 km, on trouve une remontée du manteau hinf =
818 m et une subsidence ha = 181 m.
Ce deuxième cas (figure 4) est aussi une approximation, puisqu'il ne fait varier que l'épaisseur
du manteau lithosphérique ( ρ = 3,3 g/cm3) reposant sur un manteau asthénosphérique (ρ =
3,25 g/cm3) et néglige la présence de croûte ou suppose qu'elle ne varie pas d'épaisseur. Cela
ne représente que le cas d'une dorsale, où il y a effectivement variation d'épaisseur de la
lithosphère sans variation d'épaisseur de le croûte (épaisseur très faible, toujours de 6 à 8 km).
La couche inférieure est le manteau asthénosphérique ρinf = 3,25 g/cm3. La couche supérieure
est le manteau lithosphérique ρsup = 3,3 g/cm3.
Dans le cas d'un amincissement de 1 km de ce manteau lithosphérique soit h0 - hsup = 1 km.
On trouve une remontée du manteau hinf = 1,0154 km, on a donc un bombement d'environ
15,4 m par rapport à la situation avant amincissement.
Sous une dorsale, on a 0 km de manteau lithosphérique alors que sous une plaine abyssale, il
est de 100 km. Une dorsale est donc 1.500 m plus haute qu'une plaine abyssale (sans compter
l'effet de la dilatation due à la fusion partielle).
Le troisième cas (figure 5) représente mieux la réalité continentale, avec une lithosphère
composée de 30 km de croûte ( ρ = 2,7 g/cm3) et de 70 km de manteau lithosphérique ( ρ =
3,3 g/cm3), ce qui fait une lithosphère de densité moyenne de 3,12 g/cm3 ((30 x 2,7 + 70 x
3,3) / 100 = 3,12) surmontant une asthénosphère ( ρ = 3,25 g/cm3).
La couche inférieure est le manteau asthénosphérique ρinf = 3,25 g/cm3. La couche supérieure
est l'ensemble croûte + manteau lithosphérique ρinf = 3,12 g/cm3.
d'un effet crustal : -2.538,5 m (voir le cas 1 en prenant ρ = 3,25 g/cm3 pour le manteau
sous-jacent avec un amincissement de 15 km de la croûte ( ρ = 2,7 g/cm3) provoquant
une subsidence de 2.538,5 m) ;
d'un effet manteau lithosphérique : +539 m (voir le cas 2 : un amincissement de 35 km
de manteau lithosphérique ( ρ = 3,3 g/cm3) sur un manteau ( ρ = 3,25 g/cm3)
provoquant une remontée de 539 m).
Pour un état de contrainte et une profondeur donnés, le matériel ne se déforme pas ou le fait
de manière élastique (réversible) tant que l'on reste à l'intérieur de la zone limitée par les
droites de Byerlee et les courbes de ductilité (zone de résistance = zones rouges ou vertes) :
cas des points A ou B. Dans la situation décrite par le point C, la croûte s'est déformée de
façon cassante. Dans la situation du point D, la déformation de la croûte est ductile.
D'autre part, on remarque que les roches sont plus résistantes en compression qu'en extension.
Un profil de température (le géotherme). C'est important pour tracer les courbes
correspondant au comportement ductile (pour traduire le paramètre température des
lois de fluage en terme de pression).
une fois tous ces paramètres choisis, on trace les différentes courbes correspondant
aux lois de fluage et à la loi de Byerlee pour les différents matériaux constituant la
lithosphère. On ne conserve que les portions de courbe qui correspondent à des
contraintes déviatoriques les plus faibles en valeur absolue. La nature "choisit"
toujours le comportement le plus facile, c'est-à-dire nécessitant le moins d'énergie. En
surface, la pression étant faible, le comportement cassant est facile et la température
étant faible, le comportement ductile est difficile ; la nature "choisit" donc le
comportement cassant.
Pour en savoir plus, voir le dossier CNRS sur les principes de la modélisation.
Comme il l'a été signalé au début, le modèle de McKenzie est un modèle simple basé sur un
étirement symétrique et homogène dans la lithosphère. Certains modèles proches de celui de
McKenzie font intervenir des déformations cassantes dans la croûte supérieure (avec
apparition de failles et blocs basculés), la croûte inférieure s'étirant, elle, de manière ductile,
tout comme le manteau lithosphérique. D'autres modèles, dérivés de ce premier placent des
fractures dans la partie supérieure du manteau lithosphèrique, ce qui est le plus fidèle au profil
rhéologique de la figure 6.
Mais il faut savoir qu'il existe également d'autres séries de modèles comme ceux de Wernicke
ou de Lister qui font intervenir des failles de détachement (faille à pendage faible) traversant
soit la lithosphère dans sa totalité, soit uniquement la croûte continentale supérieure. Ces
modèles peuvent expliquer une asymétrie du rift et un décalage des zones d'amincissement
maximal de la croûte et du manteau.(voir la figure 8 où le manteau asthénosphérique ne
remonte pas à l'aplomb de la zone d'amincissement maximal de la croûte).
Figure 7. Modèle de Lister (1989) avec une faille de détachement affectant la croûte
supérieure
La croûte inférieure et le manteau se déforment de manière ductile. L'amincissement de la
croûte est asymétrique alors que celui du manteau est symétrique.
Après étirement, la lithosphère est plus chaude qu'avant étirement. Elle va ensuite
progressivement se refroidir jusqu'à ce que le gradient géothermique retrouve sa valeur
initiale (figure 11).
Dossier site CNRS sur l'extension (exemple d'expériences, observations de terrain, travail du
géoloque expérimentateur...).