Toxicologie
Claude Viau, Robert Tardif
Toxicologie
Claude Viau, Robert Tardif
1. Historique de la toxicologie
2. Définitions
3. Principes de base
3.1 Intoxication aiguë et intoxication chronique
3.2 Toxicité locale et toxicité systémique
3.3 Relation dose-effet et relation dose-réponse
3.4 Toxicocinétique
3.5 Toxicodynamie
4. Facteurs modifiant la toxicité
4.1 Métabolisme
4.2 Âge, sexe et habitudes de vie
4.3 Bagage génétique
4.4 Hypersusceptibilité
4.5 Interactions
5. Sources d'information et prédiction de la toxicité
chez l'humain
5.1 Enquêtes épidémiologiques
5.2 Essais chez les volontaires
5.3 Essais de toxicité chez l'animal
5.4 Extrapolations inter-espèces et doses fortes/doses faibles
5.5 Modèles toxicocinétiques/pharmacocinétiques
6. Bio-indicateurs
6.1 Surveillance biologique de l'exposition
6.2 Dépistage précoce des effets toxiques
6.3 Évaluation de la susceptibilité
120 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE
Figure 5.1 Exemples de relations dose-effe1 Figure 5.2 Exemples de relations dose-réponse
TOXICOLOGIE 123
polation, la dose qui correspond à une réponse tion et excrétion) qui gouvernent son chemine-
létale de 50 %, appelée «dose létale 50» que l'on ment dans les divers compartiments du corps
abrège en D L 5 0 . Plus la D L 5 0 est faible, plus le humain. Par conséquent, le métabolisme joue
produit est jugé toxique. On retient habituelle- un rôle clé dans la détermination de la concen-
ment la classification suivante (Viala, 1998): tration et de la toxicité des espèces toxiques aux
• Extrêmement toxique - D L 5 0 < 5 mg/kg endroits cibles.
La toxicocinétique peut être définie comme
• Très toxique - 5 mg/kg < D L 5 0 < 50 mg/kg l'étude des mouvements dynamiques des xéno-
• Toxique - 50 mg/kg < D L 5 0 < 500 mg/kg biotiques durant leur passage dans le corps
• Peu toxique - 0,5 g/kg < D L 5 0 < 5 g/kg humain. En d'autres mots, la toxicocinétique
renseigne sur la façon avec laquelle l'organisme
• Très peu toxique ou non toxique - D L 5 0 > 5
agit sur une substance par l'intermédiaire des
g/kg processus d'absorption, de distribution, de bio-
Pour les composés absorbés par voie respira- transformation et d'excrétion.
toire, on peut déterminer de la même façon la
«concentration létale 50» ou CL50. Selon le Passage transmembranaire
contexte, il peut parfois être utile de définir une Ces processus d'absorption, de distribution, de
D L 5 , une D L 7 5 , une CL90 et ainsi de suite. biotransformation et d'excrétion impliquent le
Supposons maintenant que les courbes A et passage de substances à travers des membranes
B de la figure 2 désignent les relations obtenues biologiques. Ce passage fait appel à divers méca-
pour deux substances différentes, en examinant nismes que nous décrirons sommairement. La
diffusion passive est le mécanisme par lequel les
cette fois le même effet. On dira alors que l'effi-
molécules lipophiles et neutres (non chargées)
cacité de A est plus grande que celle de B, car
traversent la membrane cellulaire. Le transfert se
elle entraîne une réaction plus grande pour une
fait en fonction du gradient de concentration,
même dose. Si on élève suffisamment les doses
c'est-à-dire du milieu le plus concentré vers le
de l'une et de l'autre, les deux peuvent cepen-
moins concentré et n'implique pas de dépense
dant causer une réponse de tous les individus ou d'énergie. Les principaux facteurs pouvant i n -
organismes concernés. fluencer la diffusion passive des molécules
sont: 1) leur caractère liposoluble, 2) leur degré
3.4 Toxicocinétique d'ionisation et 3) leur taille moléculaire. La diffu-
sion facilitée ressemble à la diffusion passive à
(Rozman et Klaassen, 1996; Bend et Sinal,
l'exception qu'elle implique la participation de
1998; Brodeur et Tardif, 1998a, b, c) transporteurs de nature protéique incrustés dans
L'intensité des effets toxiques exercés par des la membrane cellulaire et qui font en sorte que le
xénobiotiques est liée à la concentration de taux de transfert est plus rapide que dans la dif-
l'espèce toxique dans le tissu ou l'organe cible. fusion simple. Vu le nombre limité de trans-
Dans bien des cas, la durée au cours de laquelle porteurs, ce mécanisme est sujet à saturation et
ces effets se manifestent dépend de la période au phénomène de compétition entre les sub-
pendant laquelle l'espèce toxique est en contact stances. La filtration est le mécanisme utilisé par
avec ce tissu ou cet organe. des molécules petites, hydrosolubles et chargées
électriquement (ionisées). Le transfert se fait à
Par ailleurs, de nombreux exemples montrent travers des pores ou des canaux aqueux situés
que l'administration d'une dose identique de dans la membrane cellulaire; il est sous l'influence
deux substances ayant le même potentiel toxi- du gradient de pression osmotique et hydrosta-
que ne se traduit pas nécessairement par des tique. Le transport actif est un mécanisme
concentrations équivalentes de chacune d'elles requérant la participation de transporteurs spé-
au point d'action. Or, ce phénomène est sou- cialisés (protéines) et une dépense d'énergie; il
vent dû au métabolisme respectif des deux sub- permet un transfert contre un gradient de con-
stances qui peut être différent. centration. Il est donc saturable et assujetti au
C'est le métabolisme qui détermine le phénomène de compétition. L'endocytose
devenir d'une substance dans l'organisme, parce (phagocytose pour les solides, pinocytose pour les
qu'il est le résultat des processus d'absorption, liquides) est une forme spécialisée de transport
de distribution et d'élimination (biotransforma-
124 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE
limitée aux grosses molécules ou particules inso- fonction de leur forme, taille et diamètre, ces
lubles. Ce mécanisme implique un processus facteurs jouant un rôle prépondérant sur la
d'invagination de la membrane cellulaire et la localisation de leur dépôt dans l'appareil respira-
formation de vésicules. Plusieurs cellules partici- toire. Les grosses particules se déposent prin-
pant aux défenses de l'organisme (macrophages, cipalement dans la région du naso-pharynx d'où
leucocytes) l'utilisent. elles seront éventuellement éliminées par la
toux, l'éternuement ou le mouchage. Les parti-
Absorption
cules insolubles de taille moyenne (entre 1 et
La plupart des xénobiotiques exercent leur 5 µm) se déposent dans la région trachéo-
toxicité après avoir pénétré l'organisme. bronchique et peuvent être vidangées par l'ac-
L'absorption est le processus par lequel les xéno- tion de l'appareil muco-ciliaire. Celles qui sont
biotiques atteignent la circulation sanguine captées par le mucus peuvent être repoussées par
après avoir traversé des membranes ou barrières l'action des cils vibratiles vers le pharynx et dé-
biologiques. Les principales voies de pénétration gluties. Les petites particules (entre 0,1 et 1 µm)
des xénobiotiques présents dans l'environ- se retrouvent dans la région alvéolaire où elles
nement sont le poumon, la peau et le tractus pourront être phagocytées par des macrophages
gastro-intestinal. ou transportées dans le système lymphatique
Poumon pulmonaire après diffusion à travers la paroi
alvéolaire.
L'appareil respiratoire est la porte d'entrée privi-
légiée des xénobiotiques qui existent sous forme Peau
de gaz, de vapeurs ou de fines particules solides La peau est une barrière efficace, relativement
ou liquides. Trois facteurs contribuent à favoriser imperméable aux contaminants de l'environ-
l'absorption des substances par le poumon: l ' i m -
nement. Elle est formée de deux éléments prin-
portant volume d'air auquel un adulte est exposé
cipaux: l'épiderme et le derme. Le premier
quotidiennement (≈10 000 à 20 000 L), la très
comprend plusieurs couches de cellules dont
grande surface de la région alvéolaire (≈80 m 2 ) et
une couche externe, formée de cellules mortes
l'extrême minceur de la paroi alvéolaire (≈1 µm).
kératinisées, et la couche cornée ou stratum
La solubilité d'un xénobiotique détermine le
point d'absorption et la quantité absorbée dans corneum (≈10 µm) dont l'épaisseur varie consi-
l'appareil respiratoire. Certains contaminants dérablement d'une région anatomique à l'autre.
hydrosolubles (SO 2 , acétone) peuvent se dis- Certaines substances peuvent traverser l'épi-
soudre dans la phase aqueuse du mucus tapis- derme par diffusion passive. Le derme, plus
sant la muqueuse nasale - où ils pourront être facilement franchissable, est formé principale-
absorbés par diffusion passive - avant même ment de tissu conjonctif et de tissu adipeux; il
d'atteindre la région alvéolaire. D'autres, renferme des capillaires, des terminaisons
comme le formaldéhyde, réagissent avec des nerveuses, des glandes sébacées, des glandes
composants du mucus pour former des com- sudoripares et des follicules pileux. Les conta-
plexes. Les contaminants liposolubles (solvants) minants liposolubles (insecticides organophos-
traversent la paroi alvéolaire par diffusion pas- phorés, solvants) traversent bien la peau. Le pas-
sive et se dissolvent dans le sang. La ventilation sage est facilité par la vasodilatation cutanée, le
alvéolaire (fréquence respiratoire, volume de degré d'hydratation de la peau, la présence de
l'inspiration) joue un rôle important dans les lésions mécaniques ou l'irritation de l'épiderme.
quantités absorbées de substances très solubles
dans le sang (styrène, xylène). L'absorption pul- Tractus gastro-intestinal
monaire des substances peu solubles ( 1 , 1 , Le système digestif est une porte d'entrée
1-trichloroéthane, cyclohexane), tout en étant importante pour certains xénobiotiques. Deux
peu sensible aux modifications de la ventilation caractéristiques anatomiques contribuent à
alvéolaire, peut être significativement accrue à la favoriser le passage à ce niveau: une surface de
suite d'une augmentation de la perfusion san- contact très grande (≈200 fois la surface cor-
guine des poumons résultant d'une activité porelle) et la minceur de la muqueuse.
musculaire intense. L'absorption des particules L'absorption peut se faire tout le long du tractus
liquides ou solides, sous forme d'aérosols, est (estomac → intestin), principalement par diffu-
sion passive, et dépend surtout du degré d'ioni-
TOXICOLOGIE 125
sation des molécules, lequel est fonction du pKa d'où les substances peuvent cependant être
des substances et du pH du contenu des dif- libérées pour éventuellement exercer leur toxi-
férentes régions. Les molécules non ionisées cité. Ainsi, les graisses accumulent les substances
(neutres) ayant un caractère acide faible sont liposolubles comme les pesticides organochlorés
absorbées dans l'estomac ( p H : 1-3) alors que les ( D D T ) , les biphényles polychlorés (BPC), les
bases faibles sont plutôt absorbées par le petit dioxines, une foule de solvants organiques
intestin ( p H : 5-8). Cependant, le petit intestin, (toluène, benzène, styrène) et des anesthésiques
en raison de sa très grande surface, est une volatils (halothane). Les os emmagasinent le
région dans laquelle l'absorption d'acides faibles plomb, le fluor (fluorose osseuse), le strontium
est parfois importante. Certains xénobiotiques (cancers osseux). Certaines protéines présentes
font appel à des mécanismes spécialisés pour tra- dans le foie et le rein appelées métallothionéines
verser la muqueuse gastro-intestinale: transport possèdent une affinité particulière pour fixer
actif (plomb, manganèse), pinocytose (colo- certains métaux comme le cadmium et le zinc et
rants, endotoxines bactériennes). Après avoir constituent en quelque sorte une protection,
traversé la muqueuse gastro-intestinale, les bien que limitée, contre les effets toxiques de ces
xénobiotiques passent par le foie avant d'attein- métaux.
dre la grande circulation sanguine. Ce passage
peut donner lieu à un phénomène appelé effet de Biotransformation (métabolisme)
premier passage hépatique au cours duquel une Au cours de l'évolution, les organismes vivants
fraction plus ou moins grande du xénobio- ont perfectionné des outils visant à favoriser
tique est biotransformée en un métabolite l'élimination des xénobiotiques, ce qui cons-
(métabolisée). titue, en quelque sorte, un moyen de défense
contre l'action néfaste de certains d'entre eux.
Distribution Le processus de biotransformation est l'un de
Une fois absorbés, les xénobiotiques sont, par ces outils. La biotransformation désigne
l'ensemble des réactions qui résultent en des
l'entremise de la circulation sanguine, distribués
modifications, par l'intermédiaire d'enzymes, de
dans les divers tissus et organes, où ils exercent
la structure chimique d'un xénobiotique. Ces
leur toxicité, sont stockés ou sont éliminés.
réactions ont pour effet de rendre les xénobio-
Deux facteurs ont un impact important sur la
tiques, qui sont plutôt liposolubles au départ,
distribution des xénobiotiques dans l'orga-
plus polaires (ionisables), les rendant plus solu-
nisme: la perfusion sanguine des organes et bles dans l'eau et ainsi plus facilement excréta-
l'affinité des xénobiotiques pour les tissus et les bles dans l'urine. Le foie est le principal organe
protéines plasmatiques. impliqué dans la biotransformation des xéno-
Certains tissus sont très vascularisés (cerveau, biotiques, bien que la peau, le rein, la muqueuse
viscères) alors que d'autres le sont beaucoup intestinale et le poumon, pour ne nommer que
moins (peau, os). Une perfusion sanguine ceux-là, puissent également biotransformer
importante favorise l'arrivée rapide des xénobio- (métaboliser) certaines substances. En règle
tiques. L'affinité des xénobiotiques pour un tissu générale, les réactions de biotransformation ont
est influencée principalement par leurs carac- pour effet de diminuer, voire d'annuler com-
téristiques physico-chimiques et la composition plètement, la toxicité d'un xénobiotique
des tissus de l'organisme. Le transfert du sang (détoxication). Cependant, il existe de plus en
vers les tissus dépend de l'efficacité des mem- plus d'exemples montrant que la biotransforma-
branes biologiques à agir comme barrière. Les tion rend, au contraire, certaines substances plus
albumines, présentes en grande quantité dans le toxiques ou leur confère, dans certains cas, une
plasma, représentent un site de stockage qui toxicité nouvelle comparativement à celle qui
peut être important pour certains contaminants, est associée à la substance mère (bioactivation).
bien que ce phénomène soit davantage connu Deux classes de réactions enzymatiques peuvent
pour les médicaments. La liaison aux protéines intervenir pour transformer un produit en un
plasmatiques, bien que réversible, limite la dis- métabolite (produit de biotransformation): les
tribution des substances en dehors du compar- réactions de phase I et les réactions de phase II
timent vasculaire vers d'autres tissus. Certains
tissus agissent comme un réservoir de stockage
126 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE
partir de l'âge de 20 ans. Enfin, la modification découlant d'un régime hypercalorique favorise
de la composition des tissus influence également la rétention des substances lipophiles dans l'or-
la distribution des xénobiotiques dans l'orga- ganisme. À ce sujet, il faut ici envisager les con-
nisme. En effet, la personne âgée a une plus séquences possibles d'un régime amaigrissant
grande proportion de tissu adipeux et une entraînant une perte trop rapide de lipides sur la
moindre concentration d'albumine sérique. En remise en circulation de toxiques stockés dans
conséquence, le volume de distribution des sub- les graisses de l'organisme. Les biotransforma-
stances lipophiles est augmenté alors que d i m i - tions peuvent aussi être affectées par l'alimenta-
nue le nombre de sites de liaison des substances tion. Ainsi, une carence protéinique réduira l'ac-
susceptibles de se lier à des protéines telles que tivité des mono-oxygénases, tout comme un
l'albumine. excès de consommation d'hydrates de carbone.
Chez l'animal, on connaît de nombreux Enfin, on connaît les effets positifs de la con-
exemples de différences radicales entre les sexes sommation de crucifères, contenant des
dans les effets toxiques engendrés par l'exposi- flavones, isothiocyanates aromatiques et autres,
tion à certains xénobiotiques. Un des exemples sur la réduction expérimentale du cancer induit
spectaculaires dans ce domaine est la par des carcinogènes chimiques comme les
néphrotoxicité et la cancérogénicité des hydro- hydrocarbures aromatiques polycycliques.
carbures aliphatiques ramifiés comme le 2,2,4-
triméthylpentane, composés abondants, entre
4.3 Bagage génétique
autres, dans l'essence automobile. Les rats mâles
sont très sensibles à cet effet (pratiquement Grâce aux développements fulgurants des
absent chez le rat femelle) en raison de la dernières années dans le domaine de l'étude des
présence d'une protéine appelée α 2 u -globuline polymorphismes génétiques, on commence à
dont la production est sous la dépendance de la comprendre la nature de certaines susceptibilités
testostérone (Lock et coll., 1987). Chez l'hu- particulières à l'exposition aux toxiques
main, on reconnaît certaines différences liées au (Klaassen et Eaton, 1991; Eaton et coll., 1998).
sexe dans la capacité de biotransformation des Un des grands classiques de ce domaine est la
xénobiotiques et dans la susceptibilité à certains sensibilité à la primaquine, un antimalarien
polluants de l'air, notamment ceux qui sont liés pouvant causer une anémie hémolytique chez
à la fumée de cigarette (Tarcher et Calabrese, les personnes déficientes en glucose-6-phos-
1992). La période du cycle menstruel a aussi phate déshydrogénase. Dans cette déficience, les
une influence sur la capacité de biotransforma- globules rouges n'arrivent pas à maintenir la
tion. Il semble toutefois que, de façon générale, concentration de N A D P H requise pour
les différences entre hommes et femmes en défendre la cellule contre les oxydants. On sait
matière de susceptibilité aux toxiques ne soient aussi qu'une déficience en α1- antitrypsine, une
pas très importantes (Sipes et Gandolfi, 1991). enzyme protégeant notamment le poumon des
En ce qui concerne les habitudes de vie, seuls protéases libérées par les leucocytes, augmente le
les facteurs alimentaires seront ici brièvement risque de maladie pulmonaire chez les fumeurs.
considérés (Tarcher et Calabrese, 1992; Raiten, La fumée de cigarette a par ailleurs elle-même
1997). L'absorption des xénobiotiques ingérés un effet réducteur sur les réserves de cette
ou déglutis suite au processus de clairance enzyme. Dans ces deux exemples, les enzymes
bronchique peut être modifiée par le type d'ali- concernées ne sont pas directement impliquées
ments consommés. Ainsi, la présence de fibres dans la biotransformation des toxiques, mais
dans les aliments peut contribuer à réduire l'ab- sont au cœur du mécanisme de défense de l'or-
sorption de certains xénobiotiques par suite de ganisme contre les résultats de l'agression.
l'accélération du transit intestinal ou par Il existe aussi des exemples dans lesquels le
absorption des toxiques. Par contre, une alimen- polymorphisme enzymatique a une influence
tation riche en matières grasses peut favoriser directe sur la biotransformation des xénobio-
l'absorption de substances lipophiles. Une tiques. On connaît ainsi un phénotype «acétyla-
carence en fer et en calcium favorise l'absorption teur lent» que l'on rencontre chez environ 60 %
intestinale de cadmium. Du côté de la distribu- des Caucasiens et des Noirs, mais chez seule-
tion des toxiques dans l'organisme, l'obésité ment 10 à 20 % des Asiatiques. Certaines don-
130 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE
nées expérimentales animales et les résultats des particules organiques comme le pollen de
d'enquêtes épidémiologiques suggèrent très l'ambroisie ou de plus petites molécules capa-
fortement que les acétylateurs lents présentent bles de se lier de manière covalente à une macro-
un risque accru de cancer de la vessie, après l'ex- molécule comme une protéine. La macro-
position à des amines aromatiques (Sipes et molécule modifiée devient ainsi l'allergène et on
Gandolfi, 1991; Tarcher et Calabrese, 1992). qualifie d'«haptène» la substance de faible masse
Dans ce cas, il s'agit d'une diminution de la moléculaire qui, ainsi liée, cause le phénomène
capacité à éliminer les intermédiaires can- allergique. Outre les pollens et les moisissures
cérogènes (N-hydroxylamines) produits par une susceptibles de déclencher des phénomènes d'al-
première biotransformation de type oxydation. lergie chez les individus sensibles, les molécules
Finalement, environ 1 % de la population souffre impliquées dans de telles actions toxiques com-
aussi d'une déficience en méthémoglobine réduc- prennent les isocyanates, les sels de nickel et le
tase, ce qui la rend particulièrement sensible aux chrome.
effets des agents méthémoglobinémiants comme Le second type d'hypersusceptibilité con-
les nitrites et l'aniline. cerne l'idiosyncrasie illustrée de façon éloquente
Il va de soi que les progrès de la biologie par un syndrome dont on ne connaît ni l'origi-
moléculaire et la facilité de plus en plus grande ne ni les mécanismes exacts, désigné sous le
de déceler divers polymorphismes enzymatiques vocable de «sensibilité chimique multiple»
devraient contribuer à mettre en évidence un (SCM). Les personnes atteintes de ce syndrome
nombre croissant de ces exemples d'interactions souffrent d'isolement, de frustration et de mar-
gène-environnement. Par ailleurs, à mesure que ginalisation. Les hypothèses soulevées quant aux
les concentrations de très nombreux toxiques mécanismes impliqués dans la S C M incluent les
diminuent dans les milieux de travail et dans atteintes psychiques, les mécanismes i m m u -
l'environnement général, il est également possi- nologiques et les mécanismes toxicologiques
ble que la composante génétique explique une (Tarcher et Calabrese, 1992). En dépit de l ' i m -
proportion croissante du risque résiduel. Dans possibilité actuelle d'en découvrir les origines
ce domaine spécifique, toutefois, les considéra- étiologiques et les mécanismes biologiques,
tions éthiques doivent être omniprésentes chez nombre de cliniciens reconnaissent la souffrance
les chercheurs et chez les praticiens du domaine réelle des personnes qui en sont atteintes. On
de la santé. peut habituellement relever les caractéristiques
diagnostiques suivantes (Ducatman, 1998):
4.4 Hypersusceptibilité
- histoire documentée d'exposition passée à
Nous avons préféré hypersusceptibilité pour des substances chimiques;
décrire l'augmentation de l'effet et de la réponse - symptomatologie polysystémique;
toxique observée chez certains individus d'une
population, à hypersensibilité qui renvoie - symptomatologie pouvant être déclenchée ou
habituellement à des mécanismes i m m u - apaisée par des stimuli précis;
nologiques. L'hypersusceptibilité englobe ainsi - symptomatologie déclenchée par un ensem-
les phénomènes d'hypersensibilité. On peut ble de composés chimiques de structures
donc distinguer deux grands types d'hypersus- diverses et ayant des mécanismes d'action
ceptibilité découlant de l'exposition à des agents différents;
environnementaux. D'abord, il y a les réactions - symptomatologie déclenchée par des exposi-
allergiques (Lauwerys, 1999) dans lesquelles on tions réelles, quoique faibles;
distingue l'hypersensibilité immédiate (type I),
l'hypersensibilité cytolytique (type I I ) , l'hyper- - très faibles doses d'exposition responsables
sensibilité à complexes immuns (type I I I ) et du déclenchement des symptômes (souvent
l'hypersensibilité retardée (type I V ) . Le lecteur très nettement inférieures aux doses réputées
intéressé par ce sujet devrait consulter un toxiques chez la majorité des individus);
manuel d'immunologie. Les allergènes qui - absence de test fonctionnel connu des sys-
déclenchent ces réactions sont habituellement tèmes biologiques touchés pouvant expliquer
des substances de masse moléculaire élevée ou la symptomatologie.
TOXICOLOGIE 131
qui regarde la dose d'exposition. D'autres, qui reçoivent plusieurs doses d'un même xénobio-
s'apparentent en partie à certaines études tique, selon des conditions d'exposition et des
épidémiologiques, font appel à des travailleurs durées qui peuvent être très variables. Ces études
(milieu de travail) (Truchon et coll., 1999) ou, ont pour objectif de renseigner sur la nature des
encore, à des individus exposés dans leur milieu effets toxiques résultant de ces expositions et sur
de vie (résidence personnelle, lieu de loisir) la relation quantitative entre les niveaux d'expo-
(Lévesque et coll., 1994). Le choix de l'une ou sition et les effets mesurés (physiologiques,
l'autre de ces deux approches, qui s'avèrent sou- biochimiques, morphologiques). En principe,
vent complémentaires, dépend de l'information ces évaluations doivent être conduites chez les
recherchée et des objectifs poursuivis. Il peut espèces les plus sensibles et faire appel aux tech-
s'agir, par exemple, de caractériser le comporte- niques de mesures d'effets les plus performantes.
ment toxicocinétique d'un contaminant dans Ces évaluations permettent de récolter une foule
l'organisme, de développer et de valider un test de données, et ce, dans des circonstances d'expo-
basé sur l'utilisation d'un indicateur d'exposi- sition où les doses et les conditions d'expositions
tion, de valider un modèle toxicocinétique, de sont rigoureusement contrôlées.
mesurer des effets toxiques (neurocomporte- L'évaluation de la toxicité repose sur l'utilisa-
mentaux ou neuromoteurs) ou, encore, d'éva- tion de paramètres ou d'indicateurs de toxicité
luer le potentiel irritant d'un xénobiotique qui peuvent être plus ou moins spécifiques et
(Basketter et Reynolds, 1997). Ces études sont qui sont associés à des lésions organiques affec-
extrêmement utiles puisqu'elles fournissent des tant certains tissus et organes (peau, foie, rein,
données et des informations qui sont obtenues cerveau) ou systèmes particuliers (immunitaire,
directement auprès de sujets humains et donc reproducteur). Plusieurs facteurs sont suscepti-
particulièrement pertinentes pour l'évaluation bles d'affecter la toxicité d'un xénobiotique. Mis
des risques pour la santé humaine pouvant être à part la dose qui, évidemment, exerce un rôle
associés à l'exposition à un contaminant. En majeur, on peut citer, à titre d'exemples, la
revanche, le nombre de ces études est relative- nature du produit, le véhicule utilisé pour l'ad-
ment faible et l'information qui en découle, ministration, la voie d'administration, l'espèce
limitée. Conséquemment, l'essentiel de l'infor- animale testée, la diète et également la durée
mation toxicologique disponible aujourd'hui d'exposition plus ou moins longue. Il existe trois
provient, pour la plupart des substances, d'essais catégories d'essais de toxicité qui diffèrent en
de toxicité réalisées sur des animaux de labora- fonction de la durée d'exposition: les essais de
toire. toxicité aiguë, les essais de toxicité sub-
chronique et les essais de toxicité chronique.
5.3 Essais de toxicité chez l'animal
Essais de toxicité aiguë
(Ecobichon, 1997, 1998a, b, c) Ces tests visent à reconnaître les effets néfastes
Pendant longtemps, l'évaluation toxicologique (physiologique, biochimique, morphologique)
visait essentiellement à reconnaître et à décrire survenant après un délai déterminé, suivant
les effets néfastes pouvant découler d'exposi- l'administration de doses généralement élevées
tions aux xénobiotiques. Plus tard, la disponi- de xénobiotiques; ces tests permettent parfois de
bilité toujours grandissante de techniques et déceler les principaux organes cibles. Les voies
d'instrument de mesure a permis, par le biais d'administration peuvent être variées (cutanée,
d'études mécanistes, de mieux comprendre orale, inhalation). En règle générale, les effets
comment les xénobiotiques exercent leur action mesurés sont proportionnels aux doses admi-
toxique. Aujourd'hui, la dimension prédictive nistrées. En outre, ces épreuves sont en principe
de la toxicologie s'impose de plus en plus et vise conduites chez des animaux des deux sexes. Les
entre autres à établir l'innocuité des substances valeurs de D L 5 0 ou de CL50 représentent des
et à définir des niveaux d'exposition sécuritaires indicateurs de toxicité aiguë (voir section 3.3).
et acceptables pour la population. Les principales manifestations toxiques étudiées
Une part importante des connaissances sur la par ces tests sont la létalité, le pouvoir irritant, la
toxicité des xénobiotiques provient des études au sensibilisation et, parfois, des réactions photo-
cours desquelles des animaux d'espèces variées allergiques ou phototoxiques.
TOXICOLOGIE 133
contribuent à l'élimination de la substance de la dans certains cas, négligeable selon la voie d'en-
circulation sanguine (ou de l'organisme). trée de la substance (orale, cutanée, pul-
monaire). Ceci dépend de la facilité avec laquel-
Demi-vie d'élimination (t 1/2)
le une substance traverse les diverses membranes
Ce paramètre décrit le temps (minute, heure,
biologiques (poumons, peau, estomac, intestin)
jour, etc.) requis pour que la concentration san-
ou encore de la capacité de certains tissus
guine diminue de 50 % de sa valeur de départ
(poumon, peau, foie, intestin) à biotransformer
par l'effet des processus de distribution, de bio-
une substance avant qu'elle n'atteigne la circula-
transformation et d'excrétion. La valeur de la
tion systémique (effet de premier passage). La
demi-vie est directement liée à la valeur de «k»
biodisponibilité peut varier considérablement
selon l'équation suivante:
d'une substance à l'autre. Par exemple, on véri-
fie régulièrement la biodisponibilité d'une foule
de médicaments afin de s'assurer que la fraction
Les substances qui possèdent des valeurs de absorbée d'une forme pharmaceutique donnée
demi-vies faibles sont éliminées rapidement du demeure dans des limites qui assurent des
corps, pendant que celles dont les valeurs sont niveaux sanguins thérapeutiques.
élevées sont éliminées plus lentement et sont, Aire sous la courbe (AUC)
par conséquent, plus susceptibles de s'accumuler L'aire ou la surface sous la courbe des concen-
dans l'organisme. Les insecticides de la famille trations sanguines d'une substance reflète la
du D D T et certains métaux lourds (plomb, quantité de substance ayant atteint la circula-
cadmium, mercure) possèdent des demi-vies tion systémique. Sa valeur est directement in-
longues, alors que l'aspirine est un médicament fluencée par la biodisponibilité d'une substance
dont la demi-vie est courte. et par la vitesse d'élimination de celle-ci. La sur-
Clairance (CL) face sous la courbe est un bon indicateur de l'ex-
La clairance représente le volume virtuel de sang position interne, dans la mesure où ce paramètre
(millilitre, litre) qui est totalement épuré d'une tient compte à la fois de la concentration san-
substance au cours d'une période de temps don- guine et également du temps pendant lequel
née, habituellement une minute ou une heure une substance est présente dans le comparti-
(mL/min, L/h). La clairance est donc une ment sanguin.
mesure quantitative du taux d'élimination d'une Les paramètres toxicocinétiques que nous
substance. Toutes les voies d'élimination (bio- venons de décrire aident à mieux comprendre le
transformation, excrétion urinaire, biliaire, pul- comportement d'une substance, une fois celle-ci
monaire, etc.) contribuent à la valeur de la présente dans le corps. Ils renseignent notam-
clairance, chacune exerçant sa contribution pro- ment sur l'étendue de la distribution, les quan-
pre (clairance spécifique). Une valeur de tités disponibles pouvant exercer des effets ou
clairance élevée suggère que la substance est les quantités éventuellement éliminées, la con-
éliminée rapidement de l'organisme, alors tribution de différents organes à l'élimination et
qu'une valeur peu élevée suggère un taux le taux d'élimination. Ces informations peuvent
d'élimination plus lent. La clairance est calculée s'avérer utiles pour prédire l'intensité et la durée
en multipliant la constante d'élimination (k) par d'une contamination de l'organisme.
le volume de distribution (V D ):
Modèles à base physiologique
Contrairement aux modèles compartimentaux
qui sont des représentations mathématiques
Biodisponibilité (F) «abstraites» du corps humain, les modèles TCBP
La biodisponibilité représente le pourcentage permettent de décrire le devenir des substances
(ou la fraction «F») d'une dose administrée en faisant intervenir des considérations liées à
d'une substance qui atteint la circulation sys- l'anatomie, à la physiologie et à certains proces-
témique sous forme inchangée. La biodisponi- sus biochimiques du corps humain. Ces mo-
bilité est pratiquement de 100 % (F = 1) après dèles sont considérés comme plus réalistes,
administration intraveineuse. La biodisponibi- puisqu'ils tiennent compte des relations entre
lité peut cependant être plus faible (F < 1) et, divers déterminants de nature biologique ou
TOXICOLOGIE 137
mental Industrial Hygienists pour établir les d'un paramètre précoce d'évaluation de la
«Biological Exposure Indices». La valeur de toxicité causée par l'exposition à la substance
référence est déterminée par la concentration du étudiée. On trouve des exemples d'effets préco-
bio-indicateur qui correspond à une exposition ces possibles dans la détermination de l'activité
atmosphérique du contaminant égale à la valeur des cholinestérases sanguines ou encore de la
d'exposition limite dans l'atmosphère méthémoglobinémie infraclinique. Cette ap-
(«Threshold Limit Value»). C'est ce qu'illustre la proche présente l'avantage de se situer au cœur
figure 5.6a dans laquelle VRA (valeur de même des fondements toxicologiques touchant
référence atmosphérique) est la valeur limite les relations dose-effet et dose-réponse. On en
d'exposition établie pour la concentration atmo- trouve une illustration à la figure 5.6b. Cette
sphérique du toxique et VRB (valeur de fois, la VRB peut être établie comme étant la
référence biologique) est la valeur correspon- valeur du bio-indicateur observée lorsque la
dante du bio-indicateur. Cette approche a le mesure de l'effet commence tout juste à s'écarter
mérite de la simplicité, mais souffre de plusieurs de la valeur moyenne observée dans un groupe
inconvénients. D'abord, une mauvaise corréla- non exposé ou peu exposé (VRBl). On peut
tion peut découler de l'existence de voies d'ab- aussi choisir une valeur critique autre de la
sorption autres que la voie pulmonaire, de mesure de l'effet qui déterminera alors la valeur
même que de l'exposition à des sources du con- de référence VRB2. Il faut toutefois sélectionner
taminant extérieures au milieu de travail. De le paramètre de toxicité avec soin, puisqu'un
plus, les différences interindividuelles de la paramètre trop peu spécifique ou trop peu sen-
mesure du bio-indicateur à une dose d'exposi- sible pourrait mener à l'établissement d'une
tion externe donnée peuvent refléter des dif- valeur de référence inadéquate. Une discussion
férences dans le métabolisme du toxique, que ce plus complète sur la surveillance biologique de
soit au niveau de son absorption ou de sa ciné- l'exposition est proposée au chapitre 7.
tique subséquente dans l'organisme. Alors que
la conclusion tirée d'une mauvaise corrélation
6.2 Dépistage précoce
entre les mesures atmosphériques et la mesure
du bio-indicateur en ce cas peut être que le bio- des effets toxiques
indicateur est inadéquat, il se peut fort bien que Un test de dépistage précoce des effets se situe le
la conclusion correcte soit que la mesure envi- long du continuum exposition-maladie, en
ronnementale n'assure pas une protection amont des altérations fonctionnelles (figure
adéquate des sujets! 5.5). L'événement biologique mesuré appartient
La deuxième approche permettant d'établir donc à la cascade d'événements qui peut mener
la valeur de référence d'un bio-indicateur d'ex- le sujet surexposé à la maladie et constitue un
position repose sur la connaissance de la relation élément du mécanisme d'action du toxique.
entre la mesure du bio-indicateur et la mesure C'est ainsi par exemple qu'un des premiers
Figure 5.6a Détermination d'une valeur de référence Figure 5.6b Détermination d'une valeur de référence
biologique à partir de la relation dose interne-dose biologique à partir de la relation dose effet-dose
externe interne
140 E N V I R O N N E M E N T ET SANTÉ PUBLIQUE
1 90 90 8,3
Bibliographie
Raiten, D. J. «Nutrition, pharmacology, and toxicol- Tardif, R., S. Laparé, K. Krishnan et J. Brodeur. «A
ogy: A dialectic», dans E. J. Massaro Handbook descriptive and mechanistic study of the interac-
of Human Toxicology, C R C Press, Boca Raton, tion between toluene and xylene in humans»,
1997, p. 328-345. Internat Arch Occup Environ Health, 65, 1999,
Renwick, A. G. «Toxicokinetics - pharmacokinetics p. S135-S137.
in Toxicology», dans W. Hayes (rédacteur) Tardif, R., S. Laparé, G. L. Plaa et J. Brodeur. «Effect
Principles and Methods in Toxicology, Raven of simultaneous exposure to toluene and xylene
Press, New York, 1994, p. 101-147. on their respective biological exposure indices in
Rozman, K. et C. D. Klaassen. «Absorption, distribu- humans», Int Arch Occup Environ Health, 63,
tion, and excretion of toxicants», dans C. D. 1991, p. 279-284.
Klaassen (rédacteur) Casarett and Doull's Truchon, G., R. Tardif et J. Brodeur. «o-Cresol: a good
Toxicology. The Basis Science of Poisons, 5 e édi- indicator of exposure to low levels of toluene»,
tion, M c G r a w - H i l l , New York, 1996, p 50-87. Appl Occup Environ Hyg,14, 1999, p. 677-681.
Sipes, G. I. et A. J. Gandolfi. «Biotransformation of Viala, A. Elements de toxicologic Tec & Doc Lavoisier,
toxicants», dans M. O. Amdur, J. D o u l l et C. D. Paris, 1998, p. 1-521.
Klaassen Casarett and Doull's Toxicology, 4e édi- Wilson, K. «Volunteer studies using the health and
tion, Pergamon Press, New York, 1991, p. 88- safety laboratory exposure chambers», dans B.
126. Close, R. Combes, A. H u b b a r d et J.
Smith, D. «The limits of human studies», dans B. H o l l i n g w o r t h (rédacteur) Volunteers in Research
Close, R. Combes, A. H u b b a r d et J. and Testing, Taylor and Francis, Londres, 1997,
H o l l i n g w o r t h (rédacteur) Volunteers in Research p. 129-134.
and Testing, Taylor and Francis, Londres, 1997, Winder, C, C. L. Bai et N . H . Stacey. «Occupational
p. 125-1143. and Environmental Exposures», dans E. J.
Tarcher, A. B. et E. J. Calabrese. «Enhanced suscepti- Massaro, Handbook of Human Toxicology, C R C
bility to environmental chemicals», dans A. B. Press, Boca Raton 1997, p. 117-148.
Tarcher Principles and Practice of Environmental Z h i t k o v i c h , A. et M. Costa. «Biologic markers», dans
Medicine, Plenum Medical Book, New York, W. N. Rom Environmental and Occupational
1992, p. 189-213. Medicine, 3 e é d i t i o n , Lippincott-Raven,
Tardif, R. et J. Brodeur. «Pharmacokinetics/Toxico- Philadelphie, 1998, p. 177-185.
kinetics», dans P. Wexler (rédacteur) Encyclopedia
of Toxicology, v. 2, Academic Press, San Diego,
1998, p. 503-511.