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Oppositionnel
et
trotskistes
yougoslaves
1925-1945
Clavier Raymond
La qu estio n n a tio n a le
au cœur de la lu t t e f r a c t io n e lle .
Si en 1919 lors de son congrès de fondation le PCY croyait que la
question nationale avait été réglée par la fondation de la Yougoslavie, il sera
vite démenti par la répression et la politique " grand-serbe " de la dictature
de la dynastie K arad jo rd jev ic.
L'histoire des premières années du PCY sera marquée par la lutte
entre son aile gauche et son aile droite sur les solutions à apporter à la
question nationale et par les interventions du Komintem qui tendaient de
vaincre cet état de fractionnisme chronique. L’aile dite " droite ", - ainsi
dénommée par Zinoviev, le président de l'Internationale Communiste -
représentait, en réalité la " gauche " du parti dont les leaders furent dirigée
par Sima M arkovic et Z ivota M ilojkovic. Elle co n tin u ait à défendre la
perspective de la Fédération socialiste des B alkans expliquant que seule
l'union des peuples balkaniques associée étroitem ent liée à la révolution
sociale pouvait résoudre la question nationale. Elle s'o p p o sait au séparatism e
national. M arkovic écrivait en 1923 : " On ne p e u t p a s espérer renforcer la
solidarité de classe en encourageant des fo r c e s cen trifu g es nationalistes au
cœur du mouvement ouvrier "
" L'aile gauche " préconisait " l'exploitation de la q uestion nationale
dans les intérêts de la révolution ", et se servait du n ationalism e bourgeois
des peuples opprimés par l'hégém onism e serbe p o u r pro m o u v o ir la lutte des
" communistes et des travailleurs " d'où son attitu d e favorable aux
organisations nationalistes en M acédoine en C roatie, en Voïvodine et au
Monténégro.
Au printemps 1923, Z inoviev, qui avait " gagné " S ta lin e à ses
" nouvelles analyses ", encouragea les opposants de M a rk o v ic et les poussa
vers une politique de soutien plus appuyé aux m ouvem ents nationaux
séparatistes bourgeois (ORIM en M acédoine, Frankovci en C roatie et les
partisans du roi Nikola du M onténégro). 11 fallait, disait-il, se servir de
l'opportunité de la montée de rivalités nationales p o u r en co u rag er les luttes
contre la Yougoslavie de Versailles. L'aile dite " g auche " était dirigée par
Kaclerovic, Popovic, Jovanovic, N ovakovic, P ija d e et A n te C ilig a (qui
sera membre du Bureau politique du PC Y en 1925).
1er e s s a i de s t a l i n i s a t i o n du PCY.
4
2ème étape de la b o lc h e v is a tio n du PCY.
L'adoption de la théorie du socialisme dans un seul pays par la
direction du Parti bolchevik, puis en avril 1925 par l'exécutif de
l'Internationale, modifia les buts, les objectifs, les fondements et en dernière
analyse la nature de ces organisations. La révolution mondiale était renvoyée
aux calandres grecques, la théorie de la " Révolution permanente " était
combattue. Graduellement, tout contenu de classe allait être banni de tous les
programmes et de toutes les actions politiques qui étaient dès lors définis en
fonction des intérêts conjoncturels de la bureaucratie. L’objectif : La
politique de l'Internationale consistera à neutraliser la bourgeoisie mondiale
au lieu de la renverser.
L'exécutif du Komintem déclara la " bolchevisation " : " Seules la
théorie, la tactique et la politique données par Lenine et appliquées par ses
élèves, sont vraiment justes et toutes les autres méthodes et théories
développées mêmes par les meilleures révolutionnaires (comme Trotsky et
Rosa Luxembourg NDLR) sont fausses et ne sont que les survivances des
anciennes méthodes et théories de la gauche social-démocrate ". Le but du
Comité exécutif de l'Internationale Communiste était d'écraser toute forme
d'opposition, de réaliser l'unité idéologique, d'atteindre les " 100% de
léninisme ".
Le corollaire de cette nouvelle priorité - auquel furent associées
toutes les sections de l'Internationale - fût qu'il n'était plus question pour le
PCY d'avancer la perspective de la Fédération socialiste des Balkans. Cette
dernière avait exercée une puissante force attractive car elle proposait une
forme étatique extrêmement mobile et souple qui pouvait accorder les
différents groupes nationaux ou ethniques sur leurs besoins nationaux et
économiques. Elle avait drainé et éveillé les ouvriers, les paysans et les
intelligentsias révolutionnaires de tous les Balkans vers les deux mots
d'ordre qui avait fait triompher la Révolution d'Octobre: La dictature du
prolétariat associée au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En les dissociant l'un de l'autre, puis en proclamant la réalisation du
" socialisme dans un seul pays " (" le socialisme à pas de tortue "), la
bureaucratie stalinienne transforma le principe du droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes en un principe en soi qui se transformera par la suite
en dogme absolue. Emboîtant le pas de la II0 Internationale, elle l'utilisa
contre la révolution prolétarienne. L'empire austro-hongrois et l'empire
ottoman étant défaits et démembrés dans cette partie de l'Europe, le danger
impérialiste pour la bureaucratie stalinienne ne pouvait venir dans l'immédiat
que de leur " vainqueur " : La bourgeoisie aristocratique et despotique serbe.
Ainsi pensait Staline. En Yougoslavie la " bolchevisation " signifiait mettre
le PCY au diapason de la politique de la bureaucratie du Kremlin.
5
Le nationalisme devint le fond de commerce
de la politique du PCY
La f i n p o l i t i q u e de l ’a i l e d r o i t e :
Le p eu p le se rb e s e r a i t devenu " hégém onique n.
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l'autodétermination et à l'indépendance ont été brillamment défendus " par
les déclarations faites par Pavelic et de Trumbic devant l'Assemblée
nationale yougoslave.
La défaite de l'aile droite sur la question nationale, l'abandon de la ligne
de la Fédération Socialiste des Balkans permit au PCY stalinisé de s'ouvrir
encore plus à la collaboration avec les fascistes et les pro-nazis. (en 1926, déjà,
Mile Budak, le N° 2 du futur État oustachi, fut choisi à Zagreb comme avocat
du PCY).
Les t r o t s k is t e s y o u g o s la v e s d'URSS.
 la fin des années 20, le PCY envoyait ses m eilleu rs élém ents se
form era l’école du PCY de Moscou, à l’université co m m u n iste des m inorités
nationales occidentales. Il y avait là une centaines d'étu d ian ts, appartenant à
" l'aile gauche " ou indépendants.
Après les premiers chocs dus aux d ésillusions su r la paupérisation
extrêmes des masses ouvrières, après avoir assisté au x o u trag es et dénis de
justice auxquels étaient en butte les ouvriers dans les usines et après avoir
fait l'expérience de " l'esprit " égoïste de bas calcul d'une détermination bien
arrêtée de se tailler une bonne place sans tenir compte de son prochain -
arrivisme et cynique " spontanés " de la bureaucratie stalinienne s'installant
au pouvoir - les militants yougoslaves qui séjournaient en URSS avaient peu
à peu été gagnés aux idées de l’Opposition de gauche.
Au lendemain du 6 janvier 1929, la couardise et la traîtrise dont
avaient fait preuve les " mandataires " de l’Internationale Communiste
soulevèrent une tem pête d'indignation. L'Internationale Communiste
répondit en convoquant une assemblée générale de l'école du parti
yougoslave afin de normaliser la situation. Cette assemblée, à la suite de
discutions tum ultueuses, repoussa la résolution de l'Internationale
Communiste et adopta une contre-résolution par 90 voix contre 5 qui blâmait
la conduite des dirigeants du PCY. Le résultat de ce vote fïit la première
manifestation organisé des partisans yougoslaves de " l'Opposition de
gauche ”, du premier groupe " trotskiste " yougoslave.
Ce petit groupe déclara la guerre à la tactique de l'Internationale
Communiste qui obligeait le PCY et le mouvement ouvrier à servir les
mouvements nationalistes-bourgeois de libération des peuples opprimés tels
le mouvem ent oustachi ou l'ORIM, (Organisation Révolutionnaire de
l'intérieure de la Macédoine ou VRMO en sebo-croate) etc. La direction
comprenait quatre Yougoslaves, tous issus de " l'aile gauche ", Stanko
D ragic, M ustafa Dédie, Stepan Heberling, Ante Ciliga et deux militants
russes V ictor Z ankov et O reste Clibovsky.
Leurs destinés furent indubitablement liées. Le groupe yougoslave était
composé d'une vingtaine de membres, tous disparus lors des purges
staliniennes (excepté Ciliga). Ce fut le cas de Pelagea Denisov-Belusov, la
première femme de Tito qui fut arrêtée pendant l'hiver 1934-35 alors que Tito
était à Moscou comme deuxième représentant du parti yougoslave. (Tito n'a
jamais réhabilité sa mémoire, ni expliqué les circonstances de sa disparition).
En ce qui concerne les erreurs et les crim es d es sta lin ien s dans ce
domaine, une étude à part s'im poserait. Trois ch o ses to u te fo is p eu v e n t être
soulignées : I.) Les staliniens ont tra d u it la fo r m u le d e L e n in e : D roit des
minorités nationales à disposer d'elles-m êm es, ju s q u e e t y com pris la
séparation d'avec l'État, p a r : Séparez-vous de l'État. C o m m e s'il était
possible, pour ces minorités, de se séparer d e l'É ta t o p p resseu r sans passer
sous l'oppression d'un autre im périalism e. 2.) Ils ont b risé le lien q u i existe
entre le problème de la libération nationale et celu i de la lib éra tio n sociale
du prolétariat, c'est-à-dire celui de la révo lu tio n prolétarienne. 3.) Ils ont
mis dans le m êm e sac les m ouvem ents a u to n o m iste s et séparatistes
réactionnaires et les m ouvem ents ré v o lu tio n n a ires-d ém o cra tiq u es. Ce
faisant, ils sont tombés dans une accum ulation d 'a b erra tio n s en trahissant
les intérêts et les revendications des m inorités n a tio n a les et en fa v o risa n t le
je u des brigands impérialistes de l'un ou de l'autre camp. "
T ro ts k y e t la q u e s tio n u k r a in ie n n e .
En avril 1939 quelques m ois avant le Pacte g erm ano-soviétique et
l'invasion de la Russie blanche par l'A rm ée R ouge, T ro ts k y fit le point sur
la question nationale hissant le débat au niveau des p rincipes :
10
" La toute récente aggravation du problème ukrainien se trouve reliée
très intim ement à la dégénérescence de l'Union Soviétique et de
l'Internationale Communiste, aux succès du fascism e et à l'approche de la
prochaine guerre impérialiste.
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décembre 1936 l'indiquait dans un article intitulé " La tactique des bandits
trotskistes en Yaugasltnûe " : " Par leurs provocations, les trotskistes ont causé
l'interdiction de l'association culturelle étudiante de Ljubljana " Njiva " "
(" Le Pré " NDLR).
Il semble bien que S varc soit un compagnon de route (ou un membre) de
l'Opposition de gauche ou/et des trotskistes yougoslaves. S varc (R . S am ardjic),
après avoir été exclus du aurait été exécuté.
S u r c e r ta in s m ilita n ts
que V o n p o u r r a i t r a p p ro c h e r du tro ts k is m e .
Dans son livre " Confine orientale " M a rio P a c o r nous parle de
l'affaire Kekec. " En 1936, à Trieste, un certain K ekec arriva de Yougoslavie
comme " courrier extérieur du p a rti ", quelque tem ps après on su t qu'il était
" trotskiste ", on l'invita à faire un tour en barque, il disparut en mer. "
Guiseppe-Pinko Tomm asi-Tom asic, Slovène de Trieste fonda, en mai
1937, l'organisation communiste " autonome " Slovène sur la base du droit à la
séparation et pour " une Slovénie Soviétique dans une Fédération Balkanique "
en guerre ouverte avec le PC Slovène, et le PCY qui étaient dans une période
dite de " l'unité de la Yougoslavie ". Arrêté en juin par la police italienne et
fusillé, sa mémoire sera celle du martyre de la lutte com m uniste en Italie et en
Slovénie tout en éludant ses positions politiques. On peut lire dans le livre
" Attraverso Trieste. Un rivoiuzionario pacifista in una città di frontiera ", de
Rodolfo Ursini-Ursic, (premier maire en 1945, de la ville de Trieste libérée,
et communiste, dans le conflit de 1948 il fut dirigeant de la " troisième
tendance " : Ni Staline, ni Tito) que Tom asic est allé à M aribor dans l'été 1936
jusqu'en janvier 1937, car, la ville, qui l'intéressait le plus intellectuellem ent et
politiquement, était Maribor. Ici pensait-il, il pouvait obtenir le m aximum de
l'analyse politique et sociale de la société. O r à Maribor, de 1936 à l'automne
1937, il n'y avait pas d'organisation comm uniste du PC Slovène, mais
seulement le groupe de Svarc !
M arcon-Davila était le secrétaire du PCI de la Venezia-G iulia et de
Trieste de l'automne 1941 à l’été 1943. Il fut le prem ier à organiser le
rapprochement entre le PCI de Venezia-Guilia et le PC Slovène pour la lutte
armée contre les fascistes. À l'été 1943, les anciens dirigeant du PCI
retournèrent à Trieste et ils eurent une position très " nationale italienne
M arcon fut expulsé du parti, accusé d'être un agent de l'OVRA (police
politique secrète fasciste) et un agent trotskiste, il fut fusillé. Les livres
historiques staliniens tant Slovène qu'italien parlent toujours de lui (mais
seulement en passant) comme d'un " agent de l'OVRA ". Les livres
classiques sur l'histoire du comm unisme italien l’oublient. Seul le livre de
Ursini-Ursich parle de lui comme d’un " véritable com m uniste " etc. c'est
sous ces mêmes accusations que les trotskistes yougoslaves Z ivojin
Pavlovic (agent de la police secrète royale) sera exécuté en 1941 et Nikola
Popovic sera fusillé comme espion en 1945.
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Z iv o jin P a v lo v ic f a i t publiquem ent un pas
vers le tro ts k is m e .
Staline ne pouvait pas se permettre d'accepter que la " fraction Reiss "
des communistes de Yougoslavie puisse rejoindre la lutte des trotskistes
comme elle l'avait fait à Moscou.
Les arrestations de Dédie, Heberling, Dragic et Ciliga puis celles de
G orkic et Miletic, allait pousser Zivojin Pavlovic à faire le pas, semblable
à Ignace Reiss, et, à s'engager publiquement au près des trotskistes.
Zivojin Pavlovic, militant communiste depuis le début des années
vingt, avait été le directeur de publication de l’organe du Comité central du
PCY à Paris : Proleter. En 36, il était aussi gérant de la librairie du PCY
" Horizon ". Le PCY l'accusera d'avoir été, dans cette période, en contact
avec " l'Italien " Ciliga et le trotskiste yougoslave Mirko Kus-Nikolaiev. À
cette époque le journal des trotskistes russes " Biulleten ' oppositsii " était
édité à Paris par Léon Sedov.
En mai 1939, apparaît dans Proleter la première liste de 37
communistes yougoslaves d'URSS victimes de la purge stalinienne.
Pavlovic y reconnaîtra beaucoup de ses amis politiques et su aussitôt qu'ils
étaient irrémédiablement perdus. Il décida de passer à l’action. Et, tel Reiss
qui envoya une lettre d’adhésion à la IV0 Internationale, 11 publia un
pamphlet (94 pages), très proche des analyses de Léon Trotsky dénonçant la
terreur stalinienne : " Victime du Thermidor stalinien " (" Zrtve stalinskog
termidora "), qui a pour sous-titre " exemples et révélations sur l'activité et
l'organisation de la terreur stalinienne ", Belgrade 1940. Des extraits ont été
publiés dans la revue " Vidici " (Belgrade 1983) et dans le magazine " Medjaj "
(Uzice 1989), réédité au début des années 90, il a été préfacé par Slobodan
Gavrilovic.
Par ailleurs, Pavlovic défendait la mémoire de Milan Gorkic, il
affirmait que ce dernier, en tant que secrétaire du PCY. s'était opposé à la
" bolchévisation " ce qui lui avait coûté la tète.
Il est à noter que l'étiquette de trotskiste était accolée à tous ceux qui
entre autres faisaient preuve d'une quelconque forme de critique tant soit peu
libre. C'est d'autant plus vrai que la majorité des " trotskistes " dénoncés par
le PCY combattra chez les Partisans (comme Koca Popovic) et que
nombreux d'entre eux périrent. Par contre, les trotskistes furent souvent
accusés d’être des agents de la police royale ou des agents de l'impérialisme.
Dans le cas du groupe de Moscou (Dédie. Heberling, Dragic, Ciliga), il
s'agit bien d'un groupe de l'Opposition de gauche qui a évolué vers le
trotskisme. (Si seul Ciliga réussit à quitter l'URSS et à survivre au goulag,
celui-ci glissa vers le centrisme, puis après la deuxième guerre mondiale, il
devint antisémite, nationaliste et enfin pro-oustachi). Quant à Svarc et son
groupe, il semble bien qu'il s'agisse d'un groupe trotskiste, en effet, il
développait la politique de l'Opposition de gauche.
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Il est à noter que K usovac L a b u d qui travailla à Paris avec Z ivojin
Pavlovic à la librairie Horizon fut avec sa com pagne exclus du PCY en
raison de leurs " liaisons trotskistes Poursuivis par T ito , il fut arrêté en
1948. Condamnés tous deux à deux ans de prison, il en fit en fait six.
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au groupe de Zagreb du trotskiste de M irko Kus-Nikolajev. Richtmann
était-il en relation avec ce groupe trotskiste ?
Le 17 avril 1941, la Yougoslavie capitulait sans condition devant les
armées hitlériennes. Le 9 juillet, à Zagreb des otages furent pour la première
fois passés publiquement par les armes, parmi eux, il y avait Richtmann.
Mort sans illusion, la mémoire du plus " trotskiste " des surréalistes
yougoslaves, se verra occultée, déformée, passée dans l'oublie, il n'en restera
qu'une vague idée de rattachement au trotskisme.
On pourrait aussi penser cela pour Ristic et Krleza, car ils ont
défendu des positions très proches de celles de la IV0 Internationale (la lutte
contre le réalisme socialisme et surtout la prise de position contre les procès
de Moscou), mais ce ne fut pas le cas. En 1948, Krleza, Ristic, Bogdanov
et Popovic étaient des grandes " figures " politiques et culturelles de la
Nouvelle Yougoslavie, R ichtm ann quant à lui, pourrissait au fond d'un trou
quelconque dont tout le monde ignorait l'emplacement.
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Du pacte germano-soviétique au début
de la lutte armée
L a p h ase d e su p e r-p a trio tism e du P C Y fut b ru sq u em en t interrom pue
le 23 août 1939 p a r la sig n atu re du pacte g erm an o -so v iétiq u e. 11 vit dans la
v o lte-fa ce de S ta lin e " u n e co n trib u tio n d 'u n e im p o rta n ce én o rm e à la cause
de la p a ix " G râ ce au traité, écriv it-il dan s l'organe de la Jeunesse
C o m m u n iste , les p e u p le s d e Y ougoslavie fe r o n t l'éco n o m ie d 'u n nouveau
m assacre, un m a ssa c re d ans le q u e l ils ne g a g n e ra ie n t rien et com battraient
p o u r les in térêts étra n g ers " H itle r n e re p résen te a ucun d anger p o u r
l'in d é p e n d a n c e d e la Yougoslavie ".
L a p ro p a g a n d e , " p o u r la p a ix ", c o m b in é e d es Jeu n esses
c o m m u n iste s et des o u stach is p ro -n azis ag it co m m e un d étonateur à
K arlovac, une v ille situ ée en tre Z ag re b e t R ijek a, où la g arn iso n to u te entière
se m u tin a . C e tte p o litiq u e , qui a v a it ré u n it à n o u v e a u o u stach is et
co m m u n istes, rasse m b la et c o n stitu a un " étran g e " fro n t com m un, il
réu n issait non se u lem en t les co m m u n istes et les o u stach is précités, m ais
aussi les n a tio n a liste s serb es, si v io lem m en t attaq u és d ep u is 1923, ils étaient
eux aussi h o stile s à la g u erre et de ce fait ils p artic ip è re n t aux grèves et aux
m an ifestatio n s o rg an isées p ar le PCY.
M u s so lin i qui a v ait a n n ex ait l’A lb an ie à l'Italie, attaq u a la G rèce le
2 8 -1 0 -1 9 4 0 . H itle r v o u lait q u e la Y ougoslavie p e rm it à ses tro u p es de
tra v e rse r son territo ire et ad h éra au pacte trip a rtie (B erlin R om e Tokio). Le
26 m ars, le ré g e n t le P rince P a u l " se vit c o n tra in t " de sig n er le pacte
trip artite.
U n e fo is c o n n u e , la n o u v e lle d é c le n c h a à B e lg ra d e , des
m a n ifestatio n s sp o n tan ées hostiles au p acte. L a foule scan d ait " B o lje rat
n e g o p a k t " (" p lu tô t la g u e rre q u e le p a c te "). D ans la n u it du 26 au 27, un
co u p d ’É tat o rg an isé p a r des o fficiers n atio n alistes serb es ren v ersa le
g o u v e rn e m e n t. A u petit m atin, des m an ifestatio n s p atrio tiq u es d éferlèrent
d an s les ru es de la cap itale. Les co m m u n istes se jo ig n ire n t à ce m om ent-là
au m o u v em e n t. Et e ssay èren t de faire p asser leurs m ots d 'o rd re " P acte avec
la R u ssie ", " N o u s d éfen d ro n s n o tre p a tr ie ", " A llia n c e B elg ra d e-M o sco u ".
Le c o u p d 'E ta t a v ait m is H itle r en fureur, le d im an ch e 6 avril, sans
a u c u n e d éc la ra tio n de g u erre préalab le, B elg rad e fut b o m b ard ée à l'aube p ar
l'av iatio n a lle m a n d e (1 0 000 m orts), les tro u p es h itlérien n es accom pagnées
d e tro u p e s italien n es et h o n g ro ises e n v ah issaie n t le pays to u t e n tier la
c a p itu la tio n eu t lieu le 17 avril.
L a Y o u g o slav ie é tait d islo q u ée, m o rcelée en une dizaine de territoires
q ui fu re n t " in d é p e n d a n te s, an n ex ées, o ccu p ées " : Le 10 avril, l'oustachi
S la v k o K v a t e r n i k p ro c la m a it l'É ta t In d é p e n d a n t C ro a te , le 15, en
p ro v e n a n c e d 'Ita lie , P a v e lic a rriv a it av ec 2 5 0 o u stach is p o u r prendre le
p o u v o ir. L 'É ta t In d é p e n d a n t C ro a te était créé. D ès lors, les S erbes les Juifs et
les R o m s fiiren t so u m is à to u te s so rtes de d iscrim in atio n s. En L ika et les
régions de Croatie à majorité serbe (les Krajina), face aux massacres qui
commencèrent dès la fin avril (à Gudovac les oustachis fusillèrent 184
paysans serbes les 27-28 avril) la population serbe se réfugia dans les forets
et les montagnes dès les premiers progroms anti-serbes. Avec le peu d'armes
qu'ils avaient, les hommes prirent le maquis.
En Serbie, en Bosnie et au Monténégro, lors de la défaite plusieurs
détachements de l'armée yougoslave refusèrent de se rendre, ils " gagnèrent la
forêt " avec la volonté de continuer la lutte. Bientôt le nom du colonel Draza
IMihailovic (le De Gaulle serbe) commença a être connu de tout le pays.
Dans cette période tragique où la Yougoslavie fut occupée et
démembrée, le PCY n'éleva aucune protestation ni en parole ni en actes. Dès
que les premiers signes de résistance nationale se manifestèrent en Serbie, le
Comité du Parti (début juin) condamna, comme il savait si bien le faire, en
ces termes : " Les agents de Londres (différentes cliques capitalistes, les
Tchetniks, les policiers, quelques misérables officiers) se rassemblent déjà
pour empêcher les ouvriers et les paysans de fonder, quand sonnera l’heure,
le pouvoir des Soviets ouvriers et paysans s'appuyant sur la grande et
fraternelle Union Soviétique ...L e peuple doit dès maintenant s'efforcer de
résister hardiment à ces bandes qui s'organisent pour verser le sang, en les
isolant des villages et des villes et en leur refusant toute aide ".
Le 22 juin à l'aube, Hitler déclencha l'opération Barbarossa, la guerre
contre l'URSS.
Le 3 juillet Staline donna l'ordre aux partis communistes de l’Europe
occupée de frapper par tous les moyens possibles " les bandits fascistes ". Le
4 juillet le Politburo du PCY se réunit à Belgrade, il décida de lancer des
opérations de diversion et de guérilla et lança un appel général : " L'heure
fatidique a sonné. La lutte décisive contre l'ennemi irréductible de la classe
ouvrière a commencé ...N e permettez pas que le sang précieux de l'héroïque
peuple soviétique soit versé sans votre participation
Mihailovic et Tito :
de la résistance à la guerre civile
En Serbie, M ihailovic avait donc gagné, dans la nuit du 11 au 12 mai
le maquis, Tito ne le gagna que le 16 septembre. M ihailovic était favorable
à la lutte armée contre l'occupant allemand tant qu'il y avait des chances
militaires de succès. Tito pensait que si l'occupant s'en prendrait à la
population, le désir de vengeance ne ferait que croître, on ferait payer cher
aux Allemands leurs atrocités et ainsi se forgerait et se renforcerait le
mouvement de libération. Le cycle provocation, répression, m obilisation,
telle était sa tactique.
Les tchetniks étaient indisciplinés divisés en autant de m ouvem ents
qu'il y avait de com m andants. Les partisans étaient d iscip lin és et
n'obéissaient qu'au quartier général dirigé par Tito, et en dernière analyse à
Moscou.
Le 16 septembre, H itler ordonna à trois divisions allem andes de
lancer une grande offensive appuyée par l’aviation contre les résistants en
Serbie. H itler précisait les méthodes à employer : " Afin d'écraser dans l'œ u f
le moindre trouble, les mesures les plus impitoyables seront prises dès les
premiers signes d'insurrection. ... En représailles, p our la vie d'un soldat
allemand la règle générale sera d'infligée la peine capitale à un nom bre de
communistes allant de 50 à 100. La fa ço n même dont l'exécution se
déroulera devra produire sur les populations un effet terrifiant. "
Ces représailles atroces " prouvèrent " à M ihailovic que l'insurrection
générale n'était pas à l'ordre du jour, pour Tito, c'était le contraire, un appel
à une révolte encore plus générale.
Cependant, la Wehrmacht " reculait ", à Uzice abandonné, les
tchetniks entrèrent le 21 septembre, le 23, ils cédèrent la ville aux partisans
pour aller eux-mêmes se battre sur le front de Bosnie contre les O ustachis.
20
Les partisans organisèrent immédiatement le pouvoir, la jeunesse, les
ouvriers, l'économie, surtout la petite usine d'armement qui se remit à
produire munitions et fusils (dont la crosse était marquée de l'étoile rouge).
L'étoile rouge était partout. Elle ornait le calot des partisans, leur seul
signe distinctif, elle était dessinée sur les murs pour accompagner le slogan
com m uniste : " Mort au fascisme ! Liberté pour le peuple ! Elle figurait
sur la bande blanche horizontale du drapeau bleu blanc rouge yougoslave. Le
futur drapeau de la République Socialiste Fédérative de Yougoslavie flottait
au côté du drapeau serbe.
La République d'Uzice restera dans la mémoire collective comme
étant le prem ier territoire yougoslave libéré de l'envahisseur nazi et de la
dynastie serbe.
Le mois d'octobre vit les premiers affrontements entre tchetniks et
partisans qui durèrent jusqu'à la fin novembre lorsque la contre offensive de
l'armée allemande renforcée de trois nouvelles divisions fondaient sur les
campagnes serbes et Uzice. Devant cette intervention massive, appuyée par
des tanks et une cinquantaine de Stukas, de Domiers et de bombardiers, la
réaction de M ihailovic et Tito fut différente. Mihailovic donna l'ordre aux
tchetniks d'abandonner les villes et de disperser les unités dans les forêts et
les montagnes inaccessibles. Tito au contraire, malgré la faiblesse de ses
effectifs (moins de 2000 hommes à Uzice), essaya de faire front.
Les 342° et 113 divisions allemandes arrivèrent aux portes d'Uzice le
28 novembre. Les partisans ne pouvaient pas tenir, l’évacuation de la ville se
fit le lendemain, en toute hâte, mitraillés par l’aviation, les partisans fuyaient
par le sud tandis que les Allemands pénétraient par le Nord.
21
Pour a ffr o n te r les tch etn iks T ito "v ir e à gauche".
Tito arriva à la conclusion que le mouvement de libération nationale
- les partisans - avait tout à perdre dans une confrontation directe avec la
Wehrmacht. que l'ennemi principal était le mouvement tchetnik. Vu que les
Serbes - de Croatie, de Bosnie, de Serbie et du Monténégro - constituaient la
grande majorité de ceux qui se ralliaient aux partisans, pour les séparer des
Tchetniks et les vaincre, il n'avait pas d'autre alternative, pour le moment, que
d’accentuer les divergences. Il fallait se différencier et pour cela mettre en
lumière le " caractère de classe " et le " caractère yougoslave " de la guerre
de libération nationale.
Staline ne voulait pas entendre parler de révolution prolétarienne,
Tito avait donc une marge de manœuvre très étroite mais, la nécessité lui
imposait de proclamer le rôle dominant du " prolétariat " chez les partisans.
Le 21 décembre 1941 (jour anniversaire de Staline) Tito forma (à partir des
restes d'unités serbes et de deux bataillons monténégrins) la première brigade
prolétarienne forte de 1200 combattants notés pour leur bravoure et leur
dévouement au Parti. Son étendard le drapeau rouge à faucille et marteau.
La IV° Internationale
et la lutte des “patriotes yougoslaves”
contre armées d ’occupation
Fourth In te r n a tio n a l 1942.
John W right (Joseph Vanzler) trotskiste américain du S WP écrivit
dans Fourth International, d'août et de novembre 1942, des Notes
internationales sur la Yougoslavie fort bien documentées :
La résistance aux armées allemandes d'occupation en Europe a
incontestablement atteint sa forme la plus élevée jusqu'à présent en
Yougoslavie où elle est devenue mi-révolte mi-guerre..........
L'actuelle " armée des patriotes yougoslaves " est en réalité formée
de deux éléments principaux : 1) Les nationalistes serbes dirigés par
l'organisation ultra-chauvine des tchetniks luttant pour la libération
nationale, sans aucun changement dans la structure sociale d'avant-guerre
et vraisemblablement aussi fidèle qu'avant à la monarchie. 2) Des groupes
paysans, avec quelques représentants du prolétariat urbain relativement
réduit, luttant non seulement contre le nazisme mais aussi contre leur propre
exploitation........
Des heurts entre " communistes " et tchetniks ont été reconnus, à
plusieurs reprises, suivis de trêves. Ce conflit semble s'être récemment
aggravé. ......
Le caractère de classe réel des forces en présence est clair. Les bandes
" communistes " de partisans représentent les éléments pauvres des villages.
tandis que les tchetniks sont dans les villages quelque chose comme les koulaks.
Avec la destruction de l'Etat yougoslave, la lutte entre eux se développe chaque
fois que l'oppression allemande est, même légèrement, allégée par la résistance.
Comme on pouvait s'y attendre, Staline a permis, sinon suggéré, la répression
menée par Mihailovic contre les bandes de paysans pauvres. "
" Un rapport du 8 octobre reçu par le gouvernement américain à
travers des canaux officiels et communiqué à la presse, a donné de nouveaux
détails. Les partisans comprennent " des communistes tant de conviction
stalinienne que trotskiste " et le rapport ajoute : " Cependant ils n'agissent
pas apparemment sous les ordres de Moscou mais mènent leurs combats de
façon indépendante..........
On répand maintenant les pires calomnies sur les courageux
partisans qui ont osé lever le drapeau de la révolution sociale........
Les dirigeants du mouvement des partisans sont décrits comme " une
collection de criminels internationaux ". C'est la phrase que la réaction de
tous les pays utilise toujours pour désigner les révolutionnaires prolétariens.
En fait, la vigueur avec laquelle les agents impérialistes insultent ce
mouvement atteste son caractère authentiquement révolutionnaire......... "
25
A v r i l 1943, F o u rth In t e r n a t io n a l :
" La g u e rre c i v i l e en Y ougoslavie
La première étude publique des trotskistes sur la Yougoslavie date
d'avril 1943 où la revue " Fourth International " du Socialist Worker Party
des États-Unis publia un long article de Jo h n W rig h t : " La guerre civile en
Yougoslavie
Cette étude dressait le tableau fort juste sur la situation : a) Elle montrait
le rôle stratégique de l'espace yougoslave pour " tenir " les Balkans : " Hitler
a\<ait besoin de ce contrôle à la fo is pour des motifs offensifs et défensifs, comme
toute autre puissance ou coalition de puissances préparant une attaque contre
l'Union soviétique. " b) Elle dénonçait la politique du Kremlin " d'appui à
Mihailovic " qui le présentait " comme organisateur d'une résistance effective
aux envahisseurs fascistes
Mais quand W rig h t aborda la dimension du mouvement partisan "
tout commença à déraper. Les contre-vérités se mirent à devenir foison :
a) " A l'été de 1942, bien des éléments permettent d'assurer que
l'impulsion extérieure fut fou rn ie par l'Armée rouge et que le Kremlin est
activement intervenu pour organiser, fournir en matériel et prendre le
contrôle du mouvement des partisans en Yougoslavie ". Les partisans
demandaient en vain aux Russes des parachutages d'armes. En fait ce sera
C h u rch ill qui donnera à la RAF l'ordre de satisfaire à cette demande.
b) " Les staliniens, en URSS comme à l'extérieur, ont cherché à
cacher le fa it essentiel que le mouvement de guérilla, bien qu'agissant dans
le cadre de la " lutte de libération nationale ", a tendu à prendre un caractère
de classe dès q u ’il est devenu un mouvement de masse. " Certes Moscou a
cherché de cacher aux Alliés le caractère de classe du mouvement partisan,
mais Staline avait dés le début été beaucoup plus loin. Il ne voulait pas
entendre parler ni de révolution prolétarienne ni même d’emploi de terme qui
pourrait m ontrer un caractère de classe, la lutte devait se faire
essentiellement sur le terrain de la libération nationale contre l'occupant. À
la fin 41 quand T ito avait utilisé le stratagème de l'anniversaire de S taline
pour lui " offrir " la création de la première brigade prolétarienne, en réponse
ce dernier avait piqué une colère : " Pourquoi avez-vous créé une brigade
spéciale prolétarienne ? À l'heure actuelle, le devoir essentiel et immédiat est
de fusionner tous les courants antinazis, d'écraser les envahisseurs et
d'achever la libération nationale ".
c) " Sous les partisans, les anciennes autorités ont été remplacées par
des comités locaux élus selon une procédure démocratique inédite dans les
Balkans. C'est sur la base de ces comités qu'un premier gouvernement central
fu t installé en août 1941 à Uzice " ... et " l'AVNOJ ". Les comités locaux ou
comité populaire, n'avait de démocratique que l'étiquette. Tous les dirigeants
étaient membres du PCY ou des organisations qu'il " contrôlait ". C’était bien le
cas de l'AVNOJ, le " Conseil antifasciste de libération national ", si son
président (dans les faits " honorifique ”) le D r R ib a r n'était pas lui-même
m em bre du PCY, son fils Ivo-Lola R ib a était le dirigeant des Jeunesses
C om m unistes Yougoslave.
En ce qui concerne les comités élus à Uzice en 1941, voilà ce qu'écrivait
en 1976 É m ile G u ik o v a ty - " qui a fait partie de la Résistance au sein du
m ouvem ent trotskiste " - dans son livre " T ito ", pages 193-194 : " Deux jo u rs
après l'entrevue de Struganik (entre T ito et M ihailovic, NDLR), le 21 septembre
tchetniks et partisans fa isa ien t leur entrée à Uzice. Enfait, cefurent les tchetniks
qui libérèrent la ville et ses 14 000 habitants. L e gros des unités communistes
avec Tito arriva que le surlendemain. De toute façon, la prise d'Uzice ne pouvait
pas passer p o u r un exploit militaire. " Et G u ik o v aty nous expliquait pourquoi
les tchetniks ont quitté U zice et com m ent T ito, R ankovic et leurs camarades se
m irent " au travail ", com m ent ils " commençaient leur apprentissage de la
terreur et du contrôle politique D jilas (et bien d’autres) a confirmé tous ces
faits dans ses " M ém oires " et dans " Une guerre dans la guerre
d) " S ta lin e, bien q u 'il reconnaisse encore de ju r e le gouvernem ent en
exil, so u tien t dans les fa its le g ouvernem ent R ib a r C'est faux, S ta lin e ne
voulait surtout p as fâch er les A lliés, à M oscou, le 9-10-44, n'avaient ils
partagé la Y ougoslavie en " fifty -fifty
A v r i l 1943, F o u rth I n t e r n a t i o n a l s u i t e :
D é jà en 4 3 le s t r o t s k is t e s s u p p u ta ie n t
a u s t a lin is m e une d o u b le n a tu r e .
Sur la s ig n ific a t io n de c e t a r t i c l e
de Fourth In te r n a tio n a l, a v r i l 1943.
Le stalinisme serait donc, pour Wright et le SWP, la plus part du
temps contre-révolutionnaire, mais lorsque le capitalisme menaçait
directement son existence même, il n'aurait d'autre solution pour survivre
que de devenir révolutionnaire. Il aurait donc une double nature : Contre-
révolutionnaire et révolutionnaire et à la fois, mais avec, en dernière analyse
une prédominance pour sa nature révolutionnaire.
Et fait, Wright (le SWP et, en dernière analyse, une bonne partie de la
IV0 Internationale) capitulait devant le stalinisme, et pour justifier cette
capitulation il fallait présenter le stalinisme comme étant révolutionnaire d'où sa
double nature si particulière. Mais avant d'en arriver là, pour attribuer des vertus
révolutionnaires au Kremlin, au PCY et aux partisans yougoslaves et pour, il dut
" travestir " la réalité d'où l'énoncé des contre-vérités citées ci-dessus.
De plus, cette étude de W right se basait essentiellement sur des
articles qu'il qualifiait de " témoignage de première main ". Ils avaient été
publiés dans le quotidien stalinien de Grande-Bretagne " Daily Worker " et
dans la presse stalinienne de Moscou " Ogoneke, Slobodna Rech Il n'avait
fait aucune analyse critique sur les informations publiées dans ces articles ce
qui avait de quoi de laisser perplexe tout révolutionnaire tant soit peu
sérieux.
Pourtant, " La Vérité ", supplément au numéro 50 du 23-8-43, organe
du Parti Ouvrier Internationaliste (IV° Internationale) dénonçait le " Daily
B’orker " comme un organe stalinien qui " sacrifie les intérêts des ouvriers
à la collaboration avec la bourgeoisie " qui remplace le programme de lutte
de classe, le programme de la Révolution mondiale par le programme de la
contre-révolution, de la collaboration de classe.
Le SWP américain n'avait pas la même vision de ce torchon stalinien.
Apparemment les trotskistes français n'avaient pas capitulé. Détrompez-vous,
déjà, le numéro spécial d'octobre 1942 de " La Vérité " avait publié pour
" comprendre mieux ce que signifie l'importance de la lutte des partisans, leur
héroïsme, des extraits " d'un article du " Mois Suisse " qui parlait des partisans
et de la " république soviétique " d'Uzice en termes élogieux. Nous voyons que
nous n'avons pas à faire ici à une méprise quelconque, une erreur en quelque
sorte, mais à une volonté de nous présenter sur un jour extrêmement favorable
l'appareil stalinien titiste quitte à utiliser des faux. Pourtant il y a un océan de
sang entre les Staline, Tito et ses semblables la (" fraction Butenko ") et les
révolutionnaires (trotskistes compris). Tout comme Staline, Tito assassinait
les opposants et les trotskistes.
La "fraction Reiss " (ou les communistes conséquents qui défendent
l’Octobre rouge) ayant été exterminée ou était en passe de l'être, il ne restait
au sein de la bureaucratie que la " fraction Boutenko ", fraction fascisante
qui ne pouvait avoir qu'un rôle contre révolutionnaire. Mais la IV°
Internationale, à l'époque, était pleine d'illusions qu'on ne pouvait pas
imputer au manque d'information due aux conditions de guerre. Rien ne peut
absoudre cette fébrilité qui est caractéristique d'un centrisme opportuniste,
qui la poussera à produire des inepties criminelles, premiers pas vers
l'inféodation politique au stalinisme.
Cette première étude " trotskiste " sur le titisme, publié dans un
organe de la 1V° Internationale, fera force de "jurisprudence ". Elle glorifiait
en fait la lutte des Partisans à partir de faux, d'amalgames et le pire c'est qu'en
éludant les crim es staliniens elle assassine une deuxième fois les
oppositionnels et en particulier les trotskistes yougoslaves. C'est en cela un
acte de félonie et de parjure politique qui pèsera lourd dans la politique de la
1V° Internationale en Yougoslavie.
Comm ent peut-on comprendre ces trotskistes qui faisaient des éloges
au stalinism e et un crim inel silence sur l'assassinat des " leurs ",
particulièrem ent en Yougoslavie (la " république soviétique " d'Uzice avait
torturé puis assassiné Pavlovic) ?
Seuls l'opportunisme associé au centrisme dus à l'immaturité et la
faiblesse congénitale des organisations qui se réclamaient de la IV°
Internationale peuvent permettre de comprendre un tel comportement criminel.
Là est l'origine de la double nature (stalinienne et révolutionnaire) du
PCY. Cette prétendue double nature fera basculer, en 48-50, les trotskistes
européens dans un soutient aveugle à la bureaucratie titiste alors les
trotskistes am éricains du SW P (L enz etc.) auront une analyse plus critique.
29
Tito leur avait, dès janvier 1942, promis l'amnistie : " À tous les
oustachis honnêtes qui entrerons dans les unités de partisans, il sera
pardonné d'avoir appartenu au mouvement oustachi ". Il s'efforçait surtout
de rallier les musulmans bosniaques très nombreux dans les rangs oustachis
et pratiquement inexistant chez les partisans.
Le colonel musulman Sulejm an Filipovic, qui avait servi dans
l'armée de Pavelic, passa avec son unité, du côté des partisans dès 1943. Il
avait était l'instigateur des grands massacres de civiles serbes en Bosnie
orientale en 41. lïdevint " ministre " du gouvernement de l'AVNOJ, et, après
la libération, ministre du gouvernement fédéral malgré qu'il soit la liste des
criminels de guerre dressée par les occidentaux. Puis il y eut M uham ed
Sudzuka " grand zupan " de l'État oustachi, devint membre du présidium de
l'AVNOJ. ... l'oustachi Im brahim S ato r devint aussitôt membre du Conseil
anti-fasciste de Bosnie-Herzégovine .... l'oustachi Ibrakovic qui avait, le 16
juillet 1941, fait fusiller plusieurs centaines d’otages serbes devint après sa
reconversion commandant d'une brigade de partisans. Idem pour H uska
Miljokovic, etc.
À cette liste il faut rajouter tous les " bons catholiques " croates
oustachis tel M arko Mesic, l'oncle du dernier président de la 2° Yougoslavie
Stipe Mesic. Commandant dans l'armée royale yougoslave, il s'était rendu
sans combattre avec tout son régiment aux nazis en avril 41. commandant
des légions oustachis (le 369° régiment) qui combattaient les Russes à
Stalingrad. Emprisonné jusqu'en 1943 avec le reste de ses légionnaires, tous
" rééduqués ", il fut nommé à la tête de la brigade yougoslave de l'armée
rouge. Le 2-10-44, il rencontrera à Crajova Tito, qui après l'avoir sermonné
le nomma commandant de l’armée nationale de libération où il conduisit la
jeunesse serbe à l'abattoir sur le front du Srem.
La 2 ° sessio n de VAVNOJ.
Staline avait le 15 mai dissous le Komintem, chaque P.C. pouvait
affirmer désormais son caractère " national ". Tito ne s'en priva pas. Il jugea
le moment décisif de convoquer l'AVNOJ, cette assemblée imaginée pour
créer l'illusion d'un " front national " pour constituer sous son égide (celle du
PCY) un gouvernement populaire en bonne et dû forme.
La première étape décisive de la révolution yougoslave fut franchie le
29 et 30 novembre 1943, à la réunion de la deuxième session de l'AVNOJ
à Jajce.
En cette circonstance fut constitué un gouvernement provisoire qui
exerça son autorité sur tous les territoires occupés par les partisans, formant
bientôt la majeure partie de la Yougoslavie. La constitution de ce
gouvernement, qui voulait une république s'appuyant sur les comités
populaires de libération nationale constitués à partir de 1941, signifia que la
dualité de pouvoir, qui avait existé en Yougoslavie au début de l'insurrection
des partisans, commença être surmontée.
L'AVNOJ rejeta l'autorité du roi Pierre et celle du gouvernement
yougoslave en exil. Il ne leur serait pas permis de rentrer en Yougoslavie. Il ne
peut plus être question, à partir de ce moment, de l'existence d'un appareil
d'État bourgeois centralisé en Yougoslavie. Seuls subsistaient des débris de
pouvoir bourgeois, de même que les mesures successives d’expropriation et de
confiscation ne laissaient subsister que des débris de la propriété bourgeoise.
Le PCY ayant en fait conquis le pouvoir dans les territoires libérés,
mais ce gouvernem ent restait bourgeois, il proclamait l'inviolabilité de la
propriété privée et promettait d'encourager " l'initiative privée de l'industrie,
du commerce et de l'agriculture ".
Alors que l'AVNOJ prenait ces décisions, au moment même où
s'ouvrait la conférence de Téhéran (Churchill, Roosvelt et Staline) Tito
comm uniqua en détail à Moscou par radio les décisions qui venaient d'être
prises. S taline était furieux : " C'est un coup de poignard dans le dos de
l'Union soviétique, qui frappe aussi les décisions de Téhéran ". Staline
craignait le tort que ces décisions pouvaient faire à ses propres négociations
avec les Alliés. Mais ces derniers étaient décidés à aider Tito et à reconnaître
son m ouvem ent et d'abandonner à son sort Mihailovic et ses tchetniks. Ils
pensaient que cette attitude les aiderait à persuader Tito de collaborer avec
eux et avec le gouvernement royaliste modifié, constituait sur une base plus
large, même sans roi, le principal pour eux était la sauvegarde de la propriété
privée des moyens de production.
La v is io n t i t i s t e du d r o it des peuples
dans une féd ératio n yougoslave.
La 2° session de l'AVNOJ traça les grandes lignes en ce qui concerne
la question nationale : La nouvelle Yougoslavie serait basée sur le principe
fédéral. Tous les peuples y seront libres et égaux, tandis que toutes les autres
groupes ethniques se verraient garantir tous les droits des minorités. Il ne fut
expressément mentionné que six unités fédérées (La Serbie, la Croatie, la
Slovénie, la Macédoine, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine) et huit
peuples ceux de " de Serbie, de Voïvodine, du Sandjak, de Croatie, de
Slovénie, de Macédoine, du Monténégro et de Bosnie-Herzégovine ". Le
Kosovo-Metohjia n'était pas mentionné ni en tant qu’entité, ni en tant que
peuple car considéré comme une question internationale devant être réglée
entre la Yougoslavie et la futur Albanie.
Tout au long de la guerre le PCY avait mis en avant le droit à
l'autodétermination pour les minorités. Et comme la nouvelle Yougoslavie
était conçue sur le principe fédéral accordé aux seules nationalités slaves
majoritaires aucun conseil antifasciste de libération nationale ne fut créer
pour les régions où les minorités nationales formaient l'élément prédominent
de la population.
A ucune forme d'autonomie ne sera accordée aux minorités
nationales. Le PCY compensa le " distingo " entre ce qu’il dit sur les droit
31
des minorités et ce qu'il fait par la création d'unités de partisans spécifiques
à chaque minorité. Ces unités étaient conçues comme moyen d'intégration
" yougoslave " des minorités.
Ces unités de partisans yougoslaves, excepté les brigades des Serbes
des Krajina croates telles celles de Lika, Banija et Kordun ..., ne participèrent
pas activement aux combats, leur fonction était exclusivement politique. Il y
avait le bataillon italien Pino Budcin, l'unité albanaise Zejnel A jdini et la
brigade albanaise Emin Ourak, la brigade bulgare H risto Botev, la brigade
tchécoslovaque Jan Ziska, l'unité hongroise Petofi S andor, l'unité allemande
German Hernest Thâlmann, l'unité roumaine ... etc. S'il n'y avait pas assez
de nationaux pour former l'unité de partisans d'une minorité nationale, on la
compléter les effectifs avec des Serbes ou des Croates.
Entre les mains de Tito, le droit à l'autodétermination, vidée de son
contenu révolutionnaire et même de tout contenu, se transforma en une farce
grotesque qui se retournait contre l'intérêt et les droits des minorités elles-mêmes.
Sur T u t i l i s a t io n de la q u e s tio n n a t io n a le
au K o so vo -M eto h ija en 1 9 4 4 -4 5
Tout au long de la guerre, la politique du PCY en ce qui concerne la
question nationale fut dictée en fonction des besoins du moment. Si
officiellement, la question nationale était présentée comme étant un levier
pour promouvoir la lutte de libération nationale ramenée essentiellem ent à sa
spécificité contre l'occupant, tactiquement, chaque région étant présentée par
le PCY comme étant un cas particulier en soi, cette question était à chaque
fois posée différemment. Il y avait autant de mesures spécifiques et de cas
unique qu'il y avait d'entités ou de spécificités nationales.
Au Kosovo-Metohija comme partout ailleurs la ligne du parti était
définie non en fonction des aspirations nationales et des besoins des masses,
mais en fonction de ce qui puisse permettre au PCY d'asseoir son hégémonie.
Le Srem fut la bataille la plus importante et la plus sanglante la seule
" grande " bataille que les partisans livrèrent aux armées nazies, ce fut une
véritable boucherie, lorsque l'armée populaire atteindra en vainqueur Zagreb,
elle aura perdu 36 000 hommes. Au cours de la bataille qui dura plusieurs
mois, le PCY voulait envoyer des renforts de partisans albanais en
provenance de M acédoine et du Kosovo-Metohija.
En M acédoine et au Kosovo-Metohija 40 000 soldats albanais,
" travaillés " par les " irrédentistes " se soulevèrent contre la conscription
obligatoire décrétée par Belgrade, ils ne voulaient pas aller mourir sur le
front du Srem, ils voulaient pas rejoindre la Yougoslavie, ils voulaient leur
libération nationale. À Pristina, ils assassinèrent Miladin Popovic, le
dirigeant du PCY honni, qui avait contribué à la création du PCA et à la
révolution à Tirana. L'insurrection ne fut matée qu'en mars 1945 et un
gouvernem ent m ilitaire gouverna la province.
Lorsque l'avenir du Kosovo-Metohija sera discuté à huis-clos par la
direction yougoslave, l'option de l'autonomie immédiate et complète fut
exclue, puis la partition de la région entre le Monténégro, la Serbie et la
Macédoine fut écarté au profit d'une autonomie limité à l'intérieure de la Serbie
tout en laissant une minorité albanaise en Macédoine. 11 y avait 331 000
Albanais au Kosovo-Metohija et 130 000 Albanais en Macédoine. (505 000,
pour l'ensemble de la Yougoslavie).
T r ie s te .
À la suite des accords de Yalta (11-2-45) - la partition du monde entre
Roosevelt, Churchill et Staline - les gouvernements britannique et soviétique
firent pression sur le roi Pierre afin qu'il accepte la régence. Le 7 mars 1945,
le gouvernement Subasic-Tito fut proclamé, ce gouvernement qui n'avait de
royal que le nom, était dépourvu de roi. Tito, en était le chef incontesté,
Subasic prenait le portefeuille des Affaires étrangères mais se trouvait
pratiquement éliminé : Sur 28 ministres, 25 étaient communistes ou
compagnons de route du parti.
Tandis que l'Armée Nationale de Libération piétinait dans la boue, que la
jeunesse serbe subissait son Golgotha et que les oustachis et les tchetniks
tentaient de s'échapper et de gagner les territoires autrichiens ou italiens, les alliés
occidentaux s'employaient à expulser les partisans de Vénétie Julienne et
particulièrement de Trieste. Vigilant, Tito s'aperçut de la manœuvre, il y
précipita la 4° armée, et le 2 mai celle-ci libéra Trieste. Les Néo-zélandais de la
8° armée britannique y arrivèrent le 8 mai. Chacun resta sur ces positions.
Quarante jours durant, les membres du PCY accaparant
l’administration civile, firent sentir aux habitants de la cité adriatique le poids
de leur police l'OZNA et de leur justice. Pour passer à la contre offensive le
maréchal A lexander, le chef des Alliés publia le 19 mai un communiqué
dans lequel il comparait Tito à Hitler et Mussolini et lui demandait s'il
comptait satisfaire par la force ses revendications territoriales. Pour
augmenter la pression des centaines d'avions des forces alliées harcelaient
par des simulacres de " piquet ", par des grondements assourdissants les
troupes yougoslaves.
Staline tergiversait, puis il fit discrètement savoir à Tito qu'il n'avait
pas les moyens de faire une nouvelle guerre pour Trieste. Le 11 juin, les
partisans reculèrent leurs troupes au deçà de la ville de la Zone A en Zone B.
Tito donna libre cours à son ressentiment dans un discours prononcé à
Ljubljana : " Nous ne voulons pas servir de petite monnaie dans le
marchandage international ".
Le 2 9 novembre 1945 :
La République P o p u laire Démocratique de Y ougoslavie.
Le 29 novembre 1945, le nouveau parlement, appelé le " Troisième
AVNOJ " abolit officiellement la monarchie et proclama le nouvel État : La
République Populaire Démocratique de Yougoslavie (FNRJ). Le systèm e
fédéral se voulait une copie fidèle du " modèle " soviétique. Inspiré de la
constitution soviétique de 1936, il se composait de six républiques (Serbie,
Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Macédoine), et de
deux régions autonomes (Voïvodine et Kosmet - contraction de Kosovo-
Metohija - Metohija est un terme serbe qui signifie métairie, l'em ployer pour
désigner une terre, que l'on voulait albanaise, était impropre, d'où sa
disparition).
L'autonomie de la Dalmatie qui avait pourtant une identité historique
et géographique affirmées tant sous l'Autriche-Hongrie que sous la 1°
Yougoslavie (Banovine Primorska), ne fut pas accordée. Les Serbes de
Croatie, plus nombreux que les Albanais du Kosovo et qui vivaient dans des
districts bien définis n’ont même pas eut le droit à l'autonomie. Les
monténégrins du Monténégro (258 000), deux fois moins nom breux que les
Serbes de Croatie (633 000) et moins nombreux que les Albanais du Kosovo
(331 000), ont eu droit à avoir leur république. Pour les Allem and de
Yougoslavie qui en catimini avaient " disparus ", évoquer la question
nationale ne relevait que d'une " vue d'esprit ".
La bureaucratie yougoslave avait " résolu " la question nationale à sa
manière c'est à dire bureaucratiquement.
Dans la lutte contre le fascisme et l'exploitation capitaliste, les ouvriers
et les paysans avaient réalisé l'unité des peuples composant la Yougoslavie. Ils
luttaient pour une union libre des républiques libres dans les Balkans,
débarrassée de l'oppression et de l'exploitation. La bureaucratie stali-nienne,
38
chevauchant cette aspiration, a transformé la fédération yougoslave en carcan
des peuples et source d'oppres-sion nationale et sociale. Elle avait repris à son
compte le vieux slogan de l'empire autrichien pour les Balkans " divide ut
imperes " (divise et règne) en cherchant à dresser les uns contre les autres les
peu-ples et en s'attaquant en réalité à tous les peuples.
39