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Au lecteur hésitant

La parabole la plus explicite en se qui concerne les non-dits sur


les trotskistes yougoslaves contemporains à T rotsky, pourrait se
résumer à la " l'histoire " du couple Broz-Pelagea.
Début août 1928, T ito fut arrêté par la police royaliste
yougoslave et condamné à 5 ans de travaux forcés. Sa femme Pelagea,
russe et membre du parti communiste, quitta la Yougoslavie pour
regagner l'URSS. A peine arrivée à Moscou, elle adhéra au groupe
yougoslave de l'opposition de gauche. Le groupe fut démantelé par le
GPU fin 29 début 30. Les principaux dirigeants Dédie D ragic
H eberling et Ciliga furent déportés en Sibérie. Pelagea passa pour un
temps au travers des mailles du filet. Libéré en 1934 T ito gagna
Moscou en tant que second représentant du PCY au près du
Komintem. 11 était logé avec sa femme à l'ex-Hôtel Lux, C'est là
qu'une nuit, elle fut arrêtée par le GPU pour activités trotskistes, et "
expédiée " au goulag. Présent, son mari n'osa pas bouger le petit doigt.
Jamais il ne s'enquit du sort de sa première épouse, jam ais il fit
allusion à son arrestation et à ses activités " trotskistes ". Expulsé
d'URSS, Ciliga contacta, au printemps 1936, Léon T rotsky à qui il fît
part de ses témoignages avant de les publier sous le titre Au pays du
grand mensonge. Puis on oublia l'histoire de ce groupe.
Quant à l’histoire du groupe des trotskistes de Yougoslavie,
dont le représentant le plus " connu " fut Nikola Popovic, elle fut
tellement occultée et " gommée " que personne ne s’en souvient.
Études et recherches yougoslaves
décembre 2001

Oppositionnel
et
trotskistes
yougoslaves
1925-1945

Clavier Raymond

Résumé du Volume 2, Tome I de


Marxisme, marxistes et Yougoslavie
Questions nationales en Yougoslavie
La F éd é ra tio n b a lk a n iq u e .
Dés la première guerre balkanique, il devenait évident due la
bourgeoisie autrichienne (tout comme celle des autres empires centraux)
était incapable d'unifier les différents peuples d'Autriche-Hongrie sur une
base démocratique. La question nationale dans les Balkans ne pouvait
trouver une solution que sur la base de l'autodétermination des peuples
ouvrant la voie à une fédération balkanique.
La question de la " Fédération balkanique " a depuis le début du
marxisme été une pierre angulaire de la politique des révolutionnaires dans
les Balkans. Entre avant-garde et centrisme ce fut et c’est une délimitation
politique constante.
Svetozar M arkovic (1846-75) en avait été l'instigateur. Le Manifeste
des socialistes de Turquie et des Balkans (1912) faisait sienne cette
perspective : " En dehors de cette Fédération des peuples de l'Europe
orientale, il n'y a pas d'unité nationale possible et durable pour eux. Il n'y
aura pas de progrès économique et social rapide, car leur développement
sera continuellement menacé par des retours perpétuels de la réaction
intérieure et la domination étrangère. "
En 1920, les marxistes (Zinoviev, Rakovsky et Trotsky), faisaient
avancer la question en apportant un complément majeur : " Seule la victoire
de la dictature prolétarienne pourra unifier dans une même République
fédérative socialiste balkanique (ou balkano-danubienne) toutes les masses
populaires balkaniques, seule cette victoire pourra affranchir tant de
l'exploitation de leur bourgeoisie capitaliste et terrienne, de la bourgeoisie
étrangère et de l ’esclavage colonial, que des querelles nationales. "
Les communistes " orthodoxe " ne pourront plus dissocier droit des
peuples et révolution sociale. Telle est le sens de la fédération balkanique.

La qu estio n n a tio n a le
au cœur de la lu t t e f r a c t io n e lle .
Si en 1919 lors de son congrès de fondation le PCY croyait que la
question nationale avait été réglée par la fondation de la Yougoslavie, il sera
vite démenti par la répression et la politique " grand-serbe " de la dictature
de la dynastie K arad jo rd jev ic.
L'histoire des premières années du PCY sera marquée par la lutte
entre son aile gauche et son aile droite sur les solutions à apporter à la
question nationale et par les interventions du Komintem qui tendaient de
vaincre cet état de fractionnisme chronique. L’aile dite " droite ", - ainsi
dénommée par Zinoviev, le président de l'Internationale Communiste -
représentait, en réalité la " gauche " du parti dont les leaders furent dirigée
par Sima M arkovic et Z ivota M ilojkovic. Elle co n tin u ait à défendre la
perspective de la Fédération socialiste des B alkans expliquant que seule
l'union des peuples balkaniques associée étroitem ent liée à la révolution
sociale pouvait résoudre la question nationale. Elle s'o p p o sait au séparatism e
national. M arkovic écrivait en 1923 : " On ne p e u t p a s espérer renforcer la
solidarité de classe en encourageant des fo r c e s cen trifu g es nationalistes au
cœur du mouvement ouvrier "
" L'aile gauche " préconisait " l'exploitation de la q uestion nationale
dans les intérêts de la révolution ", et se servait du n ationalism e bourgeois
des peuples opprimés par l'hégém onism e serbe p o u r pro m o u v o ir la lutte des
" communistes et des travailleurs " d'où son attitu d e favorable aux
organisations nationalistes en M acédoine en C roatie, en Voïvodine et au
Monténégro.
Au printemps 1923, Z inoviev, qui avait " gagné " S ta lin e à ses
" nouvelles analyses ", encouragea les opposants de M a rk o v ic et les poussa
vers une politique de soutien plus appuyé aux m ouvem ents nationaux
séparatistes bourgeois (ORIM en M acédoine, Frankovci en C roatie et les
partisans du roi Nikola du M onténégro). 11 fallait, disait-il, se servir de
l'opportunité de la montée de rivalités nationales p o u r en co u rag er les luttes
contre la Yougoslavie de Versailles. L'aile dite " g auche " était dirigée par
Kaclerovic, Popovic, Jovanovic, N ovakovic, P ija d e et A n te C ilig a (qui
sera membre du Bureau politique du PC Y en 1925).

1er e s s a i de s t a l i n i s a t i o n du PCY.

Le rapport sur la Yougoslavie du 5° congrès du K om intem (1924),


premier congrès de l'International " stalinisé ", insistait su r le fait que l'appui
universel au séparatisme était un principe de base du bolchevism e développé
par Lenine. (Ce qui est faux politiquem ent et h istoriquem ent - N D L R )
En conséquence de quoi " il est du devoir du prolétariat révolutionnaire
de Yougoslavie d'aider de toutes ses forces les peuples opprim és dans leur lutte
contre l'hégémonie serbe pour le droit à l'autodéterm ination ju sq u 'à la
formation d'États indépendants. " La lutte pour l'ém ancipation " ouvrière "
était programmée par étapes d'abord nationale puis fédérale et subordonné à
l'émancipation des peuples et des masse. Sous prétexte/obligation de lutter
contre l'hégémonisme de la bourgeoisie serbe, le PCY devait pour " garantir "
à leur autodétermination des peuples et des masses exploités se mettre à la
disposition de la lutte des bourgeoisies croates, Slovène m acédonienne et
autres, en se mettant au service (à aider in conditionnellem ent) leur
mouvement de libération nationales.
La première application de cette politique fut (1924), l'accord imposé
au PCY au PC bulgare et au PC grec avec l'organisation nationaliste l’ORlM
qui entraîna la confusion la plus totale dans les rangs com m unistes. Ainsi les
comm unistes bulgares s’opposèrent aux co m m u n istes grecs et aux
communistes yougoslaves.

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2ème étape de la b o lc h e v is a tio n du PCY.
L'adoption de la théorie du socialisme dans un seul pays par la
direction du Parti bolchevik, puis en avril 1925 par l'exécutif de
l'Internationale, modifia les buts, les objectifs, les fondements et en dernière
analyse la nature de ces organisations. La révolution mondiale était renvoyée
aux calandres grecques, la théorie de la " Révolution permanente " était
combattue. Graduellement, tout contenu de classe allait être banni de tous les
programmes et de toutes les actions politiques qui étaient dès lors définis en
fonction des intérêts conjoncturels de la bureaucratie. L’objectif : La
politique de l'Internationale consistera à neutraliser la bourgeoisie mondiale
au lieu de la renverser.
L'exécutif du Komintem déclara la " bolchevisation " : " Seules la
théorie, la tactique et la politique données par Lenine et appliquées par ses
élèves, sont vraiment justes et toutes les autres méthodes et théories
développées mêmes par les meilleures révolutionnaires (comme Trotsky et
Rosa Luxembourg NDLR) sont fausses et ne sont que les survivances des
anciennes méthodes et théories de la gauche social-démocrate ". Le but du
Comité exécutif de l'Internationale Communiste était d'écraser toute forme
d'opposition, de réaliser l'unité idéologique, d'atteindre les " 100% de
léninisme ".
Le corollaire de cette nouvelle priorité - auquel furent associées
toutes les sections de l'Internationale - fût qu'il n'était plus question pour le
PCY d'avancer la perspective de la Fédération socialiste des Balkans. Cette
dernière avait exercée une puissante force attractive car elle proposait une
forme étatique extrêmement mobile et souple qui pouvait accorder les
différents groupes nationaux ou ethniques sur leurs besoins nationaux et
économiques. Elle avait drainé et éveillé les ouvriers, les paysans et les
intelligentsias révolutionnaires de tous les Balkans vers les deux mots
d'ordre qui avait fait triompher la Révolution d'Octobre: La dictature du
prolétariat associée au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En les dissociant l'un de l'autre, puis en proclamant la réalisation du
" socialisme dans un seul pays " (" le socialisme à pas de tortue "), la
bureaucratie stalinienne transforma le principe du droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes en un principe en soi qui se transformera par la suite
en dogme absolue. Emboîtant le pas de la II0 Internationale, elle l'utilisa
contre la révolution prolétarienne. L'empire austro-hongrois et l'empire
ottoman étant défaits et démembrés dans cette partie de l'Europe, le danger
impérialiste pour la bureaucratie stalinienne ne pouvait venir dans l'immédiat
que de leur " vainqueur " : La bourgeoisie aristocratique et despotique serbe.
Ainsi pensait Staline. En Yougoslavie la " bolchevisation " signifiait mettre
le PCY au diapason de la politique de la bureaucratie du Kremlin.

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Le nationalisme devint le fond de commerce
de la politique du PCY
La f i n p o l i t i q u e de l ’a i l e d r o i t e :
Le p eu p le se rb e s e r a i t devenu " hégém onique n.

Les polémiques sur la question nationale perdura ju sq u 'à la fin des


années 20, elles furent caractérisées par une pression g randissante du
Komintem (Zinoviev) sur la fraction de " droite " du PCY.
Ce sera lors du 3° Congrès du PCY (V ienne, ju in 26) que le PCY fut
définitivement " bolchévisé " Désigné com m e rap p o rteu r su r la question
nationale M arkovic dû admettre ses " erreurs itinérantes " et capitula en
s'alignant sur la politique de S talin e :
" La Yougoslavie n'est que le produit de la gu erre im périaliste
(Yougoslavie de Versailles) où il apparaît que le p e u p le d o m inant est le
peuple serbe qui oppresse tous les autres p eu p les de Yougoslavie ". A ussi le
3° Congrès a-t-il reconnu à chaque p eu p le " le d ro it illim ité à
l'autodétermination allant ju sq u 'à soutenir, toute sécessio n de l'a ctu el É tat ",
et " tous mouvements irrédentistes et séparatistes " (" fr o n t révolutionnaire
des nations opprimées " oblige).
Dès lors l'hégémonisme grand serbe n'est plus caractérisé par la
dynastie ou la bourgeoisie serbe mais par l'ensem ble du peuple serbe, classe
ouvrière comprise. Le nationalism e anti-serbe devint le fond de com m erce
du PCY.
11 soutient en particulier ceux visant au rattachem ent de la Voïvodine à
la Hongrie et idem pour ceux du Kosovo-M etohija à l'A lbanie. En M acédoine
les communistes seront obligés de coopérer avec l'O R IM , l'organisation
nationaliste de Vlahov, et, en Croatie avec le parti radical de R ad ie .

Abandon de la lig n e de la F é d é r a tio n S o c i a l i s t e


des B alkans e t o u v e rtu re du PCY a u x n a t i o n a l i s t e s .

Ce fut à partir de cette date que le d ro it des p eu p les à


l'autodéterm ination fut défin itiv em en t d é so lid a risé de la révolution
prolétarienne, ce fut là l’échec définitif de " l'aile droite " c'est à dire de la
perspective politique de la Fédération socialiste des B alkans associée à la
solidarité et l'indépendance de classe du prolétariat. L 'O pposition fidèle au
programme marxiste fut défaite sans combattre.
Un an plus tard, le PCY " travaillait " de plus en plus " étroitem ent "
avec les mouvements nationalistes au point que P av elic, le futur dictateur
pro-nazi de l'État Croate Indépendant en 1941, jo u issa it d'une bonne
réputation dans le milieu " com m uniste ". La Fédération B alkanique, le
journal de la Fédération com m uniste des B alkans, inform ait ses lecteurs dans
son num éro du 1-11-1927 que " les d ésirs d u p e u p le croate à

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l'autodétermination et à l'indépendance ont été brillamment défendus " par
les déclarations faites par Pavelic et de Trumbic devant l'Assemblée
nationale yougoslave.
La défaite de l'aile droite sur la question nationale, l'abandon de la ligne
de la Fédération Socialiste des Balkans permit au PCY stalinisé de s'ouvrir
encore plus à la collaboration avec les fascistes et les pro-nazis. (en 1926, déjà,
Mile Budak, le N° 2 du futur État oustachi, fut choisi à Zagreb comme avocat
du PCY).

La p o lit iq u e de la " tro isièm e p é rio d e "


en Yougoslavie.
L'ouverture de la période politique dite de la " troisième période
d'erreur de l'Internationale Communiste " coïncida en Yougoslavie avec
l'établissement par le roi Alexandre d'un régime dictatorial, avec la " déroute "
des mandataires de Moscou et l'appel à " la lutte révolutionnaire armée ".
Selon l'estimation du PCY (c'est à dire du Kremlin), en raison de
convergence d'intérêts et d'opinions communs avec les mouvements
" séparatistes " (c'est à dire irrédentistes, ou encore, nationalistes d'extrême-
droites) le PCY vit en l’ORIM, le Comité Kosovo, les oustachis etc.
(qualifiés de " démocrates " parce que radicalement opposés à la dictature de
Belgrade), des alliés possibles. Ils luttaient, tous ensembles : a) contre la
dictature fasciste du roi Alexandre, b) pour des États souverains, (c'est à dire
contre la prison des peuples qu'était la Yougoslavie de Versailles), c) parce
tous, dans leur lutte, tendaient à recourir à la force armée.
En ce qui concerne le mouvement irrédentiste croate, Pavelic qui
s'était réfugié au près de Mussolini, négocia à plus d'une occasion avec des
dirigeants du PCY en exil.
Un des résultats de ces pourparlers fut que la Fédération des
Communistes Balkaniques informa les communistes yougoslaves de " ne pas
tirer sur les croates oustachis ". En 1932, lors de l'insurrection des Oustachis en
Lika, ces derniers attaquèrent le poste de police de Bucane aux cris de : " Vive
la Croatie indépendante !, Vive le Communisme! ". " Proleter " confirmait cette
politique : " Le Parti Communiste salue le mouvement oustachi des paysans de
Lika et de Dalmatie et se met entièrement à ses côtés. " Le leader oustachi Ante
Pavelic n'était pas tellement critiqué dans la presse communiste pour ces idées
fascistes et racistes, mais parce que son alliance avec Mussolini risquait d'en
faire un traître à la cause croate.
On pouvait lire dans la presse communiste qui publiait la liste des
victimes de la dictature du roi A lexandre les noms des dirigeants
communistes tel Rankovic et celui d'Ante Pavelic le dirigeant oustachi. Elle
faisait aussi la chronique des procès et publiait les sentences encourues par
les militants oustachis.
La coopération entre les communistes et les oustachis se noua dans
trois directions : La politique étrangère, l'agitation dans les universités et
l’agitation dans les pénitenciers. Il y eut un acco rd en tre oustachis et
communistes en vue de co n ju g u er leurs e ffo rts p o u r d é m a n te le r la
Yougoslavie. Il fut conclu dans la prison de S rem ska M itrovica, entre
l'oustachi Mile Budak et M ose P ija d e pour le PCY.
Des liens de solidarité entre oustachis et co m m u n istes se nouaient en
prison, au point que le dirigeant du Parti c o m m u n iste cro ate A n d rija
Hebrang. fuyant la répression nazie, put se cach er à Z ag reb , en 1941 au
début de l'occupation allemande, dans l'appartem ent d 'am is o ustachis qu'il
avait connus au bagne de Sremska M itrovica.

Oppositionnels et trotskistes Yougoslaves


V o ia V u jo v ic 1 e r y o u g o s la v e
membre de l 'O p p o s i t i o n d e g au ch e.

Voja Vujovic participa à la fondation de l’Intern atio n ale C om m uniste


de la Jeunesse. Secrétaire général de cette d ernière, il sera la cheville
ouvrière de la lutte contre l'occupation im périaliste de la Ruhr. Parti à
Moscou, il est élu lors du V° C ongrès (1924) au C o m ité E x éc u tif de
l’Internationale Communiste.
Proche de Zinoviev, il se rangea aux côtés de l'O pposition. Il
combattit contre les actions déclenchées par S ta lin e co n tre la vielle garde
bolchevique et lutta pour la réforme du parti.
En mai 1927 Vujovic s'associa à 82 vieux bolcheviks qui tentèrent de
mobiliser le parti contre sa direction qui venait de co nduire la révolution
chinoise à une défaite sanglante. Ils lancèrent l'A ppel d it " des 83 " po u r ouvrir
une véritable discussion et préparer ainsi le X V° C ongrès du parti (russe).
Il fut le seul membre du C om ité E xécutive de l'Internationale
Communiste à se déclarer solidaire de T ro tsk y .
Exclu de l'I.C., il est arrêté et em prisonné en 1928. En 1929, il fît son
autocritique et il fut réintégré au sein du Parti russe. M ais ap rès l'assassinat
de Kirov, le premier décembre 1934, il fut de nouveau arrêté et interné à
l'isolateur de Souzdal. Ce fut là qu'il disparaîtra.
Sa femme quant à elle fut aussi arrêtée et internée à la prison de
Verkhné-Ouralsk. Leur fils aussi fut déporté.

Les t r o t s k is t e s y o u g o s la v e s d'URSS.

 la fin des années 20, le PCY envoyait ses m eilleu rs élém ents se
form era l’école du PCY de Moscou, à l’université co m m u n iste des m inorités
nationales occidentales. Il y avait là une centaines d'étu d ian ts, appartenant à
" l'aile gauche " ou indépendants.
Après les premiers chocs dus aux d ésillusions su r la paupérisation
extrêmes des masses ouvrières, après avoir assisté au x o u trag es et dénis de
justice auxquels étaient en butte les ouvriers dans les usines et après avoir
fait l'expérience de " l'esprit " égoïste de bas calcul d'une détermination bien
arrêtée de se tailler une bonne place sans tenir compte de son prochain -
arrivisme et cynique " spontanés " de la bureaucratie stalinienne s'installant
au pouvoir - les militants yougoslaves qui séjournaient en URSS avaient peu
à peu été gagnés aux idées de l’Opposition de gauche.
Au lendemain du 6 janvier 1929, la couardise et la traîtrise dont
avaient fait preuve les " mandataires " de l’Internationale Communiste
soulevèrent une tem pête d'indignation. L'Internationale Communiste
répondit en convoquant une assemblée générale de l'école du parti
yougoslave afin de normaliser la situation. Cette assemblée, à la suite de
discutions tum ultueuses, repoussa la résolution de l'Internationale
Communiste et adopta une contre-résolution par 90 voix contre 5 qui blâmait
la conduite des dirigeants du PCY. Le résultat de ce vote fïit la première
manifestation organisé des partisans yougoslaves de " l'Opposition de
gauche ”, du premier groupe " trotskiste " yougoslave.
Ce petit groupe déclara la guerre à la tactique de l'Internationale
Communiste qui obligeait le PCY et le mouvement ouvrier à servir les
mouvements nationalistes-bourgeois de libération des peuples opprimés tels
le mouvem ent oustachi ou l'ORIM, (Organisation Révolutionnaire de
l'intérieure de la Macédoine ou VRMO en sebo-croate) etc. La direction
comprenait quatre Yougoslaves, tous issus de " l'aile gauche ", Stanko
D ragic, M ustafa Dédie, Stepan Heberling, Ante Ciliga et deux militants
russes V ictor Z ankov et O reste Clibovsky.
Leurs destinés furent indubitablement liées. Le groupe yougoslave était
composé d'une vingtaine de membres, tous disparus lors des purges
staliniennes (excepté Ciliga). Ce fut le cas de Pelagea Denisov-Belusov, la
première femme de Tito qui fut arrêtée pendant l'hiver 1934-35 alors que Tito
était à Moscou comme deuxième représentant du parti yougoslave. (Tito n'a
jamais réhabilité sa mémoire, ni expliqué les circonstances de sa disparition).

Encore sur le droit des peuples


à l ’autodétermination
P ie t r o Tresso " Marxisme e t question n a tio n a le
Pietro Tresso (Blasco, 1893-1944), dirigeant du Parti communiste
italien rejoignit l'Opposition de gauche en 1930. En 1935, il fit le " point "
sur la position des révolutionnaires face à l'oppression des nationalités dans
une société impérialisme.
" Le problème des minorités nationales ... ne peut être résolu que par
la destruction de la société actuelle et l'instauration du pouvoir prolétarien.
Le prolétariat, précisément parce qu'il tend à résoudre chaque problème en
partant du fa it de l'existence des classes, rejette toute oppression nationale
cl est la seule classe qui, c o n c rè te m e n t, a g it p o u r la lib é ra tio n des nations et
des m inorités nationales d e l'e sc la v a g e d a n s le q u e l elles se trouvent
actuellem ent, à sa vo ir l'a sse rv isse m e n t à l'im p é ria lis m e e t aux États qui en
sont l'instrum ent.

Il y a deux p o ssib ilité s p o u r q u e le s m in o rité s n a tio n a les fa isa n t


actuellem ent p a rtie de l'É ta t italien, o b tie n n e n t le u r lib é ra tio n nationale. La
prem ière serait une n o uvelle g u e rre im p é ria liste d a n s la q u e lle l'É tat italien
serait vaincu p a r l'É ta t y o u g o sla v e o u allem a n d . Toutefois cette possibilité
constituerait une terrible défa ite p o u r to u t le p ro lé ta ria t e t p o u r les masses
laborieuses et créerait, sans aucun doute, u n e situ a tio n contraire, c'est-à-dire
qu'au lieu de m inorités nationales à l'in té rie u r d e l'É ta t italien, nous aurions
des m inorités nationales italiennes à l'in té rie u r d es É ta ts vainqueurs. Cette
solution est celle que visent les im p éria listes é tra n g e rs e t les m ouvem ents
nationalistes petits-bourgeois existants, a u m o in s p o ten tiellem en t, au sein
des m inorités nationales slovène, croate e t allem a n d e. E n outre, cette
" solution " laisserait intacte l'o p p ressio n d e c la sse co n tre ces mêmes
m inorités nationales "lib érées ". L 'a u tre solu tio n , la seule, la vraie solution,
est la victoire du prolétariat italien s u r sa p ro p re b ourgeoisie. C ette solution
apporterait du m êm e coup et la lib éra tio n de c la sse a u x m a sse s populaires
des m inorités n a tio n a les e t a u ss i la s a tis fa c tio n d e to u te s leurs
revendications nationales. C 'est la seu le so lu tio n q u e n o u s d evons indiquer
aux minorités nationales assujetties à l'É ta t italien. C ’est a u ssi la seule
solution à laquelle nous devons travailler.

En ce qui concerne les erreurs et les crim es d es sta lin ien s dans ce
domaine, une étude à part s'im poserait. Trois ch o ses to u te fo is p eu v e n t être
soulignées : I.) Les staliniens ont tra d u it la fo r m u le d e L e n in e : D roit des
minorités nationales à disposer d'elles-m êm es, ju s q u e e t y com pris la
séparation d'avec l'État, p a r : Séparez-vous de l'État. C o m m e s'il était
possible, pour ces minorités, de se séparer d e l'É ta t o p p resseu r sans passer
sous l'oppression d'un autre im périalism e. 2.) Ils ont b risé le lien q u i existe
entre le problème de la libération nationale et celu i de la lib éra tio n sociale
du prolétariat, c'est-à-dire celui de la révo lu tio n prolétarienne. 3.) Ils ont
mis dans le m êm e sac les m ouvem ents a u to n o m iste s et séparatistes
réactionnaires et les m ouvem ents ré v o lu tio n n a ires-d ém o cra tiq u es. Ce
faisant, ils sont tombés dans une accum ulation d 'a b erra tio n s en trahissant
les intérêts et les revendications des m inorités n a tio n a les et en fa v o risa n t le
je u des brigands impérialistes de l'un ou de l'autre camp. "

T ro ts k y e t la q u e s tio n u k r a in ie n n e .
En avril 1939 quelques m ois avant le Pacte g erm ano-soviétique et
l'invasion de la Russie blanche par l'A rm ée R ouge, T ro ts k y fit le point sur
la question nationale hissant le débat au niveau des p rincipes :

10
" La toute récente aggravation du problème ukrainien se trouve reliée
très intim ement à la dégénérescence de l'Union Soviétique et de
l'Internationale Communiste, aux succès du fascism e et à l'approche de la
prochaine guerre impérialiste.

Après la conquête du pouvoir, une lutte sérieuse eut lieu au sein du


Parti à propos de la solution des nombreux problèmes nationaux, hérités de
la vielle Russie tsariste. En qualité de Commissaire du peuple aux
nationalités, Staline représenta invariablement la tendance la p lu s
centraliste et la plus bureaucratique. Ceci ressortit spécialement à propos de
la question géorgienne et de la question ukrainienne. La correspondance,
qui traite de ces sujets, n'a pas été publiée jusqu'à présent. Nous espérons en
publier une partie - la toute petite partie qui se trouve à notre disposition.
Chaque ligne des lettres et des propositions de Lenine traduit avec instance
combien il est urgent de faire droit dans toute la mesure du possible à ces
nationalités autrefois opprimées. Dans les propositions et dans les
déclarations de Sta lin e au contraire, la tendance du centralisme
bureaucratique se révèle invariablement. À seule fin d'assurer des " besoins
administratifs ", lisez les intérêts de la bureaucratie, les revendications les
plus légitimes des nationalités opprimées furent déclarées une manifestation
de nationalisme petit-bourgeois. Tous ces symptômes purent s'observer dès
1922-1923. Depuis cette époque, ils se sont développés monstrueusement et
ont conduit à l'étranglement complet de toute espèce de développement
national indépendant des peuples d'URSS.

Le programm e de l'indépendance de l'Ukraine à l'époque de


l'impérialisme est directement et indissolublement lié au programme de la
révolution prolétarienne. Il serait criminel d'entretenir quelque illusion que
se soit en cette matière.

L'émancipation véritable du peuple ukrainien, inconcevable en


Occident, doit mener finalement à la constitution des Etats-Unis soviétiques
d'Europe. Une Ukraine indépendante pourrait rejoindre et certainement
rejoindrait cette fédération en tant que partenaire égal. La révolution
prolétarienne en Europe, à son tour, ne laisserait pas une pierre de la
révoltante structure du bonapartisme stalinien.

Seul le prolétariat ukrainien est à même, non seulement de résoudre


cette tâche - qui est révolutionnaire par son essence même - mais aussi de
prendre une initiative pour la résoudre. Le prolétariat seul peut rallier
autour de lui les masses paysannes. "
Et Trotsky conclut par un appel qu'il mit en exergue : " Indépendance
totale du parti prolétarien en tant q u ’avant-garde des travailleurs 1 "
Les opposants à Staline
Vujovic, M arkovic, N o vakovic, C i l ig a , M i l e t i c
e t le s a u tre s .
Les Yougoslaves d'URSS, oppositionnels de gauche qui évoluèrent
vers le trotskisme ne furent pas les seuls yougoslaves opposants à Staline.
Voici une partie de la liste d'oppositionnels exclus-exécutés en URSS publiée
dans Proleter et dans la presse stalinienne : " P. B rice, A. C ar, M. Conic,
V. Copie, Dj. Cvijic, S. Cvijic, J. Daneli, M. Dédie, S. D ragic, F. Filippovic,
M. Gorkic, I. Grzetic, Heberling, R. H ercigonja, V. H o rv a j, K .H orvatin,
J. Horvatin, N. Kotur, F. Kragic, J. IM alisic-M artinovic, P. M arkovic,
S. Markovic, A. Mavrak, A. Mihajlovic, P. M iletic, S. M iljus, Z . Miljus,
K. Novakovic, J. Saina, G. Sam ardjic, A. S erem et, Sisojev, S. Stefanovic,
E. Tome, G. Vujovic, R. Vujovic, V. Vujovic
Les frères Vujovic furent indiscutablement m em bres de l'Opposition
de gauche, ils furent de véritables bolcheviks, tout comm e D édie, D ragic et
Heberling les dirigeants du groupe " trotskiste " des Yougoslaves d'URSS.
Sima Markovic, qui fut un dirigeant de " l'aile droite " du PCY, et,
qui défendait la Fédération socialiste des Balkans associée à la révolution
prolétarienne, fait aussi, indubitablement, partie de ce qu'on peut appeler la
fraction Reiss (sa capitulation devant le stalinisme, ne change rien tout
comme la capitulation de tous ces militants de l'Opposition de gauche
trotskiste au autre), fraction qui s'amenuisera jusqu'à disparaître.
Novakovic, " ainsi que son groupe ", fut exclu du PCY en 1932 alors
qu'il se trouvait à Moscou. Il fut accusé de trotskisme. Dirigeant de " l'aile
gauche ", il fut un " "mentor" nationaliste " de la question nationale tout
comme son camarade Ciliga. La collaboration de " l'aile gauche " avec les
mouvements nationalistes, en particulier avec le mouvement Frankovci puis
avec les oustachis, avaient laissé de profondes traces. Après 1936, Ciliga
abandonna progressivement toute référence au m ouvem ent marxiste et
prolétarien, puis il rejoint, par la petite porte, l'État Indépendant Croate (NDH)
allant en 1943, jusqu'à appeler à l'intégration de l'Istrie dans l'État oustachi,
" pour la restauration et le renforcement des positions politiques et culturelles
oustachies en Istrie " et sa dérive vers le fascisme ne le quitta pas jusqu'à sa
mort en 1992. Ciliga, malgré son passé " trotskiste " (il fut l'un des dirigeants
du groupe trotskiste des Yougoslaves d'URSS), appartient incontestablement à
ceux qui comme Boutenko évoluèrent jusqu’au " fascisme achevé ".
Petko Miletic fut une figure légendaire du mouvement ouvrier
yougoslave. Ouvrier menuisier, il avait combattu avec les communistes de
Hongrie au cours de la révolution de 1919. Il avait rejoint le PCY dès sa première
heure, recherché par la police yougoslave, il s'était joint à une petite bande de
communistes qui faisaient la guérilla dans les forêts du Monténégro. Capturé il
s'évada et parvint à gagner Moscou en 1926 où durant quatre ans on le forma à
" l’école du PCY " du Komintem. En 1930 il regagna la Yougoslavie en tant que
membre du Comité central du PCY. Arrêté en 1932, il fut emprisonné à Sremska
Mitrovica où il prit un ascendant certain sur la majorité des détenus
communistes. Lorsque ces derniers sortirent de prison, ils contribuèrent
beaucoup à augmenter l'autorité et le prestige de Miletic. La fraction Miletic
devint majoritaire au sein du Parti au Monténégro et au Kosovo-Metohija. Lors
de la confrontation Tito-Gorkic, Miletic pris position pour ce dernier. Début 38,
Tito et Kardelj lui collèrent l'étiquette de " trotskiste ". Ils eurent gain de cause,
Miletic fiit exclu du Comité central et du Parti. À sa sortie de prison, en 1939, il
fit savoir qu'il n'acceptait pas ce verdict, il rejoignit Moscou pour réclamer
justice. Il disparut dans la tourmente de la répression stalinienne. Malgré sa
fidélité au parti de Lenine, sa " naïveté " l'empêcha d'évoluer (tel Reiss) vers le
" véritable bolchevisme ", militant communiste " caractériel " mais honnête, il
devenait dangereux car il s'opposait à la bureaucratie.

S varc : oppositionneJ de gauche ou t r o ts k is t e ?


Dans un rapport sur le parti signé Walter, Tito écrit à Moscou, début
septembre 38 : " L ’organisation des trotskistes : Nous savons que les
Trotskistes à Belgrade leur comité régional et leur comité de ville, et qu’ils
ont à Maribor (importante ville industrielle de Slovénie, NDLR) un comité
local dirigé par Svarc ".
R aym ond Svarc (R. Samardjic) (prononcer schwarz, noir en
allemand) (1913-1945), ouvrier ferblantier, condamné à la prison de 1931 à
1934 pour appartenance au PCY est exclu pour " activité antiparti ". Il
continua une activité oppositionnelle après sa sortie de prison en août 1934,
avec Albin Breznik et un groupe d'anciens communistes dont bon nombre
d'ouvriers.
Maribor semble être le seul endroit où il existait un groupe trotskiste
composé d'ouvriers autant que de jeunes lycéens et étudiants et de vieux
membres du parti. Tito évoquait déjà Maribor, dans un article d'octobre 1937
de Proleter : " Svarc est un ancien membre du parti qui est devenu un traître
par la suite. Comme l'organisation du parti à Maribor a été longtemps privée
de direction car la police l'a détruite dès 1936, les trotskistes 5)’sont beaucoup
renforcés. Ils entretiennent des liens avec ceux de Zagreb, mais je n'ai pu
établir qui, à Zagreb, a le contact avec eux. Ils ont réussi à contrôler certaines
organisations culturelles comme, par exemple " Vzajemnost " (" entraide "
NDLR). Ils ont leurs partisans parmi les intellectuels, mais aussi parmi les
ouvriers qui sont tombés sous leur influence. "
" Svarc critiquait surtout la politique stalinienne, tant en URSS qu'en
Espagne " (Tito). Ceci est une indication typique de la politique des
trotskistes yougoslaves dont une de leur activité fut la diffusion des tracts
contre la politique stalinienne en Espagne et en URSS.
Tito ne dit pas que Svarc est également actif auprès des étudiants de
Ljubljana, d'anciens exclus du parti et d’anciens détenus. Pourtant, Proleter de

13
décembre 1936 l'indiquait dans un article intitulé " La tactique des bandits
trotskistes en Yaugasltnûe " : " Par leurs provocations, les trotskistes ont causé
l'interdiction de l'association culturelle étudiante de Ljubljana " Njiva " "
(" Le Pré " NDLR).
Il semble bien que S varc soit un compagnon de route (ou un membre) de
l'Opposition de gauche ou/et des trotskistes yougoslaves. S varc (R . S am ardjic),
après avoir été exclus du aurait été exécuté.

S u r c e r ta in s m ilita n ts
que V o n p o u r r a i t r a p p ro c h e r du tro ts k is m e .

Dans son livre " Confine orientale " M a rio P a c o r nous parle de
l'affaire Kekec. " En 1936, à Trieste, un certain K ekec arriva de Yougoslavie
comme " courrier extérieur du p a rti ", quelque tem ps après on su t qu'il était
" trotskiste ", on l'invita à faire un tour en barque, il disparut en mer. "
Guiseppe-Pinko Tomm asi-Tom asic, Slovène de Trieste fonda, en mai
1937, l'organisation communiste " autonome " Slovène sur la base du droit à la
séparation et pour " une Slovénie Soviétique dans une Fédération Balkanique "
en guerre ouverte avec le PC Slovène, et le PCY qui étaient dans une période
dite de " l'unité de la Yougoslavie ". Arrêté en juin par la police italienne et
fusillé, sa mémoire sera celle du martyre de la lutte com m uniste en Italie et en
Slovénie tout en éludant ses positions politiques. On peut lire dans le livre
" Attraverso Trieste. Un rivoiuzionario pacifista in una città di frontiera ", de
Rodolfo Ursini-Ursic, (premier maire en 1945, de la ville de Trieste libérée,
et communiste, dans le conflit de 1948 il fut dirigeant de la " troisième
tendance " : Ni Staline, ni Tito) que Tom asic est allé à M aribor dans l'été 1936
jusqu'en janvier 1937, car, la ville, qui l'intéressait le plus intellectuellem ent et
politiquement, était Maribor. Ici pensait-il, il pouvait obtenir le m aximum de
l'analyse politique et sociale de la société. O r à Maribor, de 1936 à l'automne
1937, il n'y avait pas d'organisation comm uniste du PC Slovène, mais
seulement le groupe de Svarc !
M arcon-Davila était le secrétaire du PCI de la Venezia-G iulia et de
Trieste de l'automne 1941 à l’été 1943. Il fut le prem ier à organiser le
rapprochement entre le PCI de Venezia-Guilia et le PC Slovène pour la lutte
armée contre les fascistes. À l'été 1943, les anciens dirigeant du PCI
retournèrent à Trieste et ils eurent une position très " nationale italienne
M arcon fut expulsé du parti, accusé d'être un agent de l'OVRA (police
politique secrète fasciste) et un agent trotskiste, il fut fusillé. Les livres
historiques staliniens tant Slovène qu'italien parlent toujours de lui (mais
seulement en passant) comme d'un " agent de l'OVRA ". Les livres
classiques sur l'histoire du comm unisme italien l’oublient. Seul le livre de
Ursini-Ursich parle de lui comme d’un " véritable com m uniste " etc. c'est
sous ces mêmes accusations que les trotskistes yougoslaves Z ivojin
Pavlovic (agent de la police secrète royale) sera exécuté en 1941 et Nikola
Popovic sera fusillé comme espion en 1945.

14
Z iv o jin P a v lo v ic f a i t publiquem ent un pas
vers le tro ts k is m e .
Staline ne pouvait pas se permettre d'accepter que la " fraction Reiss "
des communistes de Yougoslavie puisse rejoindre la lutte des trotskistes
comme elle l'avait fait à Moscou.
Les arrestations de Dédie, Heberling, Dragic et Ciliga puis celles de
G orkic et Miletic, allait pousser Zivojin Pavlovic à faire le pas, semblable
à Ignace Reiss, et, à s'engager publiquement au près des trotskistes.
Zivojin Pavlovic, militant communiste depuis le début des années
vingt, avait été le directeur de publication de l’organe du Comité central du
PCY à Paris : Proleter. En 36, il était aussi gérant de la librairie du PCY
" Horizon ". Le PCY l'accusera d'avoir été, dans cette période, en contact
avec " l'Italien " Ciliga et le trotskiste yougoslave Mirko Kus-Nikolaiev. À
cette époque le journal des trotskistes russes " Biulleten ' oppositsii " était
édité à Paris par Léon Sedov.
En mai 1939, apparaît dans Proleter la première liste de 37
communistes yougoslaves d'URSS victimes de la purge stalinienne.
Pavlovic y reconnaîtra beaucoup de ses amis politiques et su aussitôt qu'ils
étaient irrémédiablement perdus. Il décida de passer à l’action. Et, tel Reiss
qui envoya une lettre d’adhésion à la IV0 Internationale, 11 publia un
pamphlet (94 pages), très proche des analyses de Léon Trotsky dénonçant la
terreur stalinienne : " Victime du Thermidor stalinien " (" Zrtve stalinskog
termidora "), qui a pour sous-titre " exemples et révélations sur l'activité et
l'organisation de la terreur stalinienne ", Belgrade 1940. Des extraits ont été
publiés dans la revue " Vidici " (Belgrade 1983) et dans le magazine " Medjaj "
(Uzice 1989), réédité au début des années 90, il a été préfacé par Slobodan
Gavrilovic.
Par ailleurs, Pavlovic défendait la mémoire de Milan Gorkic, il
affirmait que ce dernier, en tant que secrétaire du PCY. s'était opposé à la
" bolchévisation " ce qui lui avait coûté la tète.
Il est à noter que l'étiquette de trotskiste était accolée à tous ceux qui
entre autres faisaient preuve d'une quelconque forme de critique tant soit peu
libre. C'est d'autant plus vrai que la majorité des " trotskistes " dénoncés par
le PCY combattra chez les Partisans (comme Koca Popovic) et que
nombreux d'entre eux périrent. Par contre, les trotskistes furent souvent
accusés d’être des agents de la police royale ou des agents de l'impérialisme.
Dans le cas du groupe de Moscou (Dédie. Heberling, Dragic, Ciliga), il
s'agit bien d'un groupe de l'Opposition de gauche qui a évolué vers le
trotskisme. (Si seul Ciliga réussit à quitter l'URSS et à survivre au goulag,
celui-ci glissa vers le centrisme, puis après la deuxième guerre mondiale, il
devint antisémite, nationaliste et enfin pro-oustachi). Quant à Svarc et son
groupe, il semble bien qu'il s'agisse d'un groupe trotskiste, en effet, il
développait la politique de l'Opposition de gauche.

15
Il est à noter que K usovac L a b u d qui travailla à Paris avec Z ivojin
Pavlovic à la librairie Horizon fut avec sa com pagne exclus du PCY en
raison de leurs " liaisons trotskistes Poursuivis par T ito , il fut arrêté en
1948. Condamnés tous deux à deux ans de prison, il en fit en fait six.

R ichtm ann K r le z a e t Tes s u r r é a l i s t e s .

Ce fut à partir de 1937 que le stalinism e yougoslave rassem bla les


forces de son intelligentsia autour du concept du réalism e socialiste contre les
théorie de Krleza sur " la tendance en art " et le surréalism e (" Le surréalism e
n'est pas un progrès, c'est une fo r m e d'art profondém ent, dangereusement
décadente ...Le surréalisme tue la création artistique ... " D jilas " Inutiles
concessions au surréalisme " mai 1937).
La lutte contre les surréalistes s'organisa su r deux fronts : C ontre les
néo-positivistes P odhorski et R ic h tm a n n qui furent traité par les staliniens
d'hitléro-trotskistes, et, contre la revue P ecat qui en fut le m entor,.
En février 1939 sortit le prem ier num éro de P eca t, outre IMiroslav
K rleza y participèrent R ich tm an n , M a rk o R istic, V aso B o g d an o v , O s k a r
Davico, P etar Segedin .... Ils sont dès m ars 1939 taxés de " collaborateurs
trotskistes de Krleza ", " de révisionnistes, de traîtres, d'en n em is du peuple
et d'ennemis de la culture ", On accusa K rle z a ” d'a vo ir f a i t le silen ce su r la
tragédie des petites nations et de leurs poètes, su r Trotsky, su r les procès et
les crimes des trotskistes ", c'est à dire que p ren an t position pour la
Fédération socialiste des Balkans, K rle z a ne pren d rait pas positions pour la
Croatie, la Slovénie et la M acédoine opprim ées, ni p o u r le front populaire
contre le fascisme.
La lutte contre Pecat devint synonym e de lutte contre le trotskisme.
R ichtm ann, Ristic, Bogdanov " les contre-révolutionnaires traîtres au P C Y "
étaient accusés d'avoir " une logique contre-révolutionnaire em pruntée à celle
du trotskisme et qui collabore à la 'Q uatrièm e internationale' ".
K rleza qui était dissocié du groupe par le PCY prit cependant
position contre les procès de M oscou (" D ijalekticki antibarbarus ").
P odhorski et R ich tm an n jou issaien t d'un grand crédit auprès des
étudiants de Zagreb ou le conflit R ic h tm a n n -lig n e du PCY devint très vite
un aspect important de la lutte des révolutionnaires à l'U niversité de Zagreb.
Tito en personne dut intervenir : ” Si le m ou v em en t de la jeunesse
progressiste est dans un état si lam entable à l'U niversité de Z agreb, c'est en
raison du grand succès rem porté ces dernières années p ar un petit groupe
d’activistes qui, agissant prétendum ent en son nom , ont transgressé la ligne
du Parti et même agi ouvertem ent contre elle. Ils ont saboté tout le travail
constructif en milieu étudiant, ils ont organisé la résistance contre la ligne
générale du Parti. Avec l'aide de ces élém ents douteux et m alsains, on a
commencé à organiser à l'U niversité des conférences qui ont été confiées à
des révisionnistes tels que R ic h tm a n n , etc. " (P ro leter, 3-4, 1940). Quand
T ito parle de " un petit groupe d'activistes ", de " on ", il doit faire allusion

16
au groupe de Zagreb du trotskiste de M irko Kus-Nikolajev. Richtmann
était-il en relation avec ce groupe trotskiste ?
Le 17 avril 1941, la Yougoslavie capitulait sans condition devant les
armées hitlériennes. Le 9 juillet, à Zagreb des otages furent pour la première
fois passés publiquement par les armes, parmi eux, il y avait Richtmann.
Mort sans illusion, la mémoire du plus " trotskiste " des surréalistes
yougoslaves, se verra occultée, déformée, passée dans l'oublie, il n'en restera
qu'une vague idée de rattachement au trotskisme.
On pourrait aussi penser cela pour Ristic et Krleza, car ils ont
défendu des positions très proches de celles de la IV0 Internationale (la lutte
contre le réalisme socialisme et surtout la prise de position contre les procès
de Moscou), mais ce ne fut pas le cas. En 1948, Krleza, Ristic, Bogdanov
et Popovic étaient des grandes " figures " politiques et culturelles de la
Nouvelle Yougoslavie, R ichtm ann quant à lui, pourrissait au fond d'un trou
quelconque dont tout le monde ignorait l'emplacement.

Les Yougoslaves membres de la IV ° In te rn a tio n a le .


Les trotskistes yougoslaves, qui militaient sous le drapeau de la IV°
Internationale, publiaient et distribuaient des tracts contre la politique
stalinienne en Espagne, en URSS et en Yougoslavie. Ils éditaient un bulletin :
" Derniers Événements ". Ce travail prenait de plus en plus d'ampleur au fur
et à mesure que la ligne de Front uni/Front populaire (le front unique
oustachis-PCY) développée sur ordre du Komintem rencontrait des difficultés
grandissantes.
Le groupe des trotskistes yougoslaves s'est constitué autour de Nikola
Popovic (1898-1945) qui fut l'un des premiers secrétaires des JC en France de
1919 à 1923 (en 1921, Vujovic était Secrétaire générale de l'Internationale
Communiste de la Jeunesse). Opposant de gauche sans lien, il prend contact
avec le Secrétariat International de la IV° Internationale en 1937. En plus de lui
le noyau des trotskistes yougoslaves affiliés au S.l. se composait de : K. Krstic
de Genève, B ojidar de Villejuif, Milana Jankevic de Belgrade et le Dr Mirko
Kus-Nikolajev de Zagreb qui avait formé un petit groupe (détails donnés à
Trotsky par Klement H arvard). Kus-Nikolajev qui, apparemment, aurait
rencontré eu quelques contacts avec Ciliga aurait eu au moins un contact
épistolaire avec Léon Sedov lettre du 2 décembre 1937.
Djilas dit de Popovic qu’il était " le seul vrai trotskiste ". Ce dernier
avait recruté à Belgrade l'étudiant monténégrin Slobodan Marculic qui avait
constitué autour de lui un groupe d'étudiants très actifs au point qu'à partir de
l'été 1937 existait, à Belgrade, un komitet d'action communiste créé par les
trotskistes, assez puissant pour que ces derniers puissent disputer la direction
de l'université aux étudiants du PCY.
Dans le groupe trotskiste le pseudonyme de Popovic était Milos
Popadic. K us-N ikolajev s'occupait de l'édition, il traduit et fit éditer " La
Révolution trahie ".

17
Du pacte germano-soviétique au début
de la lutte armée
L a p h ase d e su p e r-p a trio tism e du P C Y fut b ru sq u em en t interrom pue
le 23 août 1939 p a r la sig n atu re du pacte g erm an o -so v iétiq u e. 11 vit dans la
v o lte-fa ce de S ta lin e " u n e co n trib u tio n d 'u n e im p o rta n ce én o rm e à la cause
de la p a ix " G râ ce au traité, écriv it-il dan s l'organe de la Jeunesse
C o m m u n iste , les p e u p le s d e Y ougoslavie fe r o n t l'éco n o m ie d 'u n nouveau
m assacre, un m a ssa c re d ans le q u e l ils ne g a g n e ra ie n t rien et com battraient
p o u r les in térêts étra n g ers " H itle r n e re p résen te a ucun d anger p o u r
l'in d é p e n d a n c e d e la Yougoslavie ".
L a p ro p a g a n d e , " p o u r la p a ix ", c o m b in é e d es Jeu n esses
c o m m u n iste s et des o u stach is p ro -n azis ag it co m m e un d étonateur à
K arlovac, une v ille situ ée en tre Z ag re b e t R ijek a, où la g arn iso n to u te entière
se m u tin a . C e tte p o litiq u e , qui a v a it ré u n it à n o u v e a u o u stach is et
co m m u n istes, rasse m b la et c o n stitu a un " étran g e " fro n t com m un, il
réu n issait non se u lem en t les co m m u n istes et les o u stach is précités, m ais
aussi les n a tio n a liste s serb es, si v io lem m en t attaq u és d ep u is 1923, ils étaient
eux aussi h o stile s à la g u erre et de ce fait ils p artic ip è re n t aux grèves et aux
m an ifestatio n s o rg an isées p ar le PCY.
M u s so lin i qui a v ait a n n ex ait l’A lb an ie à l'Italie, attaq u a la G rèce le
2 8 -1 0 -1 9 4 0 . H itle r v o u lait q u e la Y ougoslavie p e rm it à ses tro u p es de
tra v e rse r son territo ire et ad h éra au pacte trip a rtie (B erlin R om e Tokio). Le
26 m ars, le ré g e n t le P rince P a u l " se vit c o n tra in t " de sig n er le pacte
trip artite.
U n e fo is c o n n u e , la n o u v e lle d é c le n c h a à B e lg ra d e , des
m a n ifestatio n s sp o n tan ées hostiles au p acte. L a foule scan d ait " B o lje rat
n e g o p a k t " (" p lu tô t la g u e rre q u e le p a c te "). D ans la n u it du 26 au 27, un
co u p d ’É tat o rg an isé p a r des o fficiers n atio n alistes serb es ren v ersa le
g o u v e rn e m e n t. A u petit m atin, des m an ifestatio n s p atrio tiq u es d éferlèrent
d an s les ru es de la cap itale. Les co m m u n istes se jo ig n ire n t à ce m om ent-là
au m o u v em e n t. Et e ssay èren t de faire p asser leurs m ots d 'o rd re " P acte avec
la R u ssie ", " N o u s d éfen d ro n s n o tre p a tr ie ", " A llia n c e B elg ra d e-M o sco u ".
Le c o u p d 'E ta t a v ait m is H itle r en fureur, le d im an ch e 6 avril, sans
a u c u n e d éc la ra tio n de g u erre préalab le, B elg rad e fut b o m b ard ée à l'aube p ar
l'av iatio n a lle m a n d e (1 0 000 m orts), les tro u p es h itlérien n es accom pagnées
d e tro u p e s italien n es et h o n g ro ises e n v ah issaie n t le pays to u t e n tier la
c a p itu la tio n eu t lieu le 17 avril.
L a Y o u g o slav ie é tait d islo q u ée, m o rcelée en une dizaine de territoires
q ui fu re n t " in d é p e n d a n te s, an n ex ées, o ccu p ées " : Le 10 avril, l'oustachi
S la v k o K v a t e r n i k p ro c la m a it l'É ta t In d é p e n d a n t C ro a te , le 15, en
p ro v e n a n c e d 'Ita lie , P a v e lic a rriv a it av ec 2 5 0 o u stach is p o u r prendre le
p o u v o ir. L 'É ta t In d é p e n d a n t C ro a te était créé. D ès lors, les S erbes les Juifs et
les R o m s fiiren t so u m is à to u te s so rtes de d iscrim in atio n s. En L ika et les
régions de Croatie à majorité serbe (les Krajina), face aux massacres qui
commencèrent dès la fin avril (à Gudovac les oustachis fusillèrent 184
paysans serbes les 27-28 avril) la population serbe se réfugia dans les forets
et les montagnes dès les premiers progroms anti-serbes. Avec le peu d'armes
qu'ils avaient, les hommes prirent le maquis.
En Serbie, en Bosnie et au Monténégro, lors de la défaite plusieurs
détachements de l'armée yougoslave refusèrent de se rendre, ils " gagnèrent la
forêt " avec la volonté de continuer la lutte. Bientôt le nom du colonel Draza
IMihailovic (le De Gaulle serbe) commença a être connu de tout le pays.
Dans cette période tragique où la Yougoslavie fut occupée et
démembrée, le PCY n'éleva aucune protestation ni en parole ni en actes. Dès
que les premiers signes de résistance nationale se manifestèrent en Serbie, le
Comité du Parti (début juin) condamna, comme il savait si bien le faire, en
ces termes : " Les agents de Londres (différentes cliques capitalistes, les
Tchetniks, les policiers, quelques misérables officiers) se rassemblent déjà
pour empêcher les ouvriers et les paysans de fonder, quand sonnera l’heure,
le pouvoir des Soviets ouvriers et paysans s'appuyant sur la grande et
fraternelle Union Soviétique ...L e peuple doit dès maintenant s'efforcer de
résister hardiment à ces bandes qui s'organisent pour verser le sang, en les
isolant des villages et des villes et en leur refusant toute aide ".
Le 22 juin à l'aube, Hitler déclencha l'opération Barbarossa, la guerre
contre l'URSS.
Le 3 juillet Staline donna l'ordre aux partis communistes de l’Europe
occupée de frapper par tous les moyens possibles " les bandits fascistes ". Le
4 juillet le Politburo du PCY se réunit à Belgrade, il décida de lancer des
opérations de diversion et de guérilla et lança un appel général : " L'heure
fatidique a sonné. La lutte décisive contre l'ennemi irréductible de la classe
ouvrière a commencé ...N e permettez pas que le sang précieux de l'héroïque
peuple soviétique soit versé sans votre participation

1ère phase d ’assassinat des trotskistes


La bolchevisation du PCY commencée en 1925 fut marquée par la
" capitulation " de Markovic en 1928 puis par l'annihilation de " l'aile droite "
suivit de celle de " l'aile gauche ", elle s'achevait enfin en 1939-40 par la
disparition de toutes fractions (celle de Miletic fut l’une des dernières) et la mise
au pas de " l'intelligentsia progressiste ". Elle ouvrit la voie de l'extermination
des trotskistes. Le PCY stabilisé était devenu complètement stalinisé. Tito avait
atteint l'objectif des " 100 % de léninisme " si chère à Staline.
Un moyen sûr de différencier les trotskistes en Yougoslavie des
militants " oppositionnels " auxquels l’appareil stalinien accolait l'étiquette
trotskiste, c'est qu'en général les trotskistes et les membres de " la fraction
Reiss " qui rejoignaient le combat de la 1V° Internationale, furent assassinés,
alors que les autres rejoignirent les rangs des Partisans .
Dès que la seconde guerre mondiale eut éclaté, dès que les structures
de l'Etat furent plongées dans le chaos, avant même le début de l'insurrection
en Yougoslavie contre l'année d'occupation nazie (été 1941), le PC Y " ouvrit
la chasse aux trotskistes " et exterm ina " tout ce qu'il put
Slobodan M arculic, dirigeant trotskiste des étudiants de Belgrade,
fut, le premier à être abattu au printem ps 1941, - avant le 22 juin,
déclenchement de l'attaque allemande contre l'URSS.
Au début de l'insurrection - juillet septembre 1941 -, B oris K ra jg h e r,
l'un des responsables de la toute nouvelle police politique des Partisans
Slovènes (VOS) fait exécuter des ouvriers à Trbovlje et dans sa région sous
l'accusation de trotskisme. Il doit s'agir là du groupe de Svarc.
Des crimes semblables se produiront en Serbie et au M onténégro à
l’instigation de Djilas et Rankovic, et, avec la com plicité de D e d ije r et
Stam bolic.

Mihailovic et Tito :
de la résistance à la guerre civile
En Serbie, M ihailovic avait donc gagné, dans la nuit du 11 au 12 mai
le maquis, Tito ne le gagna que le 16 septembre. M ihailovic était favorable
à la lutte armée contre l'occupant allemand tant qu'il y avait des chances
militaires de succès. Tito pensait que si l'occupant s'en prendrait à la
population, le désir de vengeance ne ferait que croître, on ferait payer cher
aux Allemands leurs atrocités et ainsi se forgerait et se renforcerait le
mouvement de libération. Le cycle provocation, répression, m obilisation,
telle était sa tactique.
Les tchetniks étaient indisciplinés divisés en autant de m ouvem ents
qu'il y avait de com m andants. Les partisans étaient d iscip lin és et
n'obéissaient qu'au quartier général dirigé par Tito, et en dernière analyse à
Moscou.
Le 16 septembre, H itler ordonna à trois divisions allem andes de
lancer une grande offensive appuyée par l’aviation contre les résistants en
Serbie. H itler précisait les méthodes à employer : " Afin d'écraser dans l'œ u f
le moindre trouble, les mesures les plus impitoyables seront prises dès les
premiers signes d'insurrection. ... En représailles, p our la vie d'un soldat
allemand la règle générale sera d'infligée la peine capitale à un nom bre de
communistes allant de 50 à 100. La fa ço n même dont l'exécution se
déroulera devra produire sur les populations un effet terrifiant. "
Ces représailles atroces " prouvèrent " à M ihailovic que l'insurrection
générale n'était pas à l'ordre du jour, pour Tito, c'était le contraire, un appel
à une révolte encore plus générale.
Cependant, la Wehrmacht " reculait ", à Uzice abandonné, les
tchetniks entrèrent le 21 septembre, le 23, ils cédèrent la ville aux partisans
pour aller eux-mêmes se battre sur le front de Bosnie contre les O ustachis.

20
Les partisans organisèrent immédiatement le pouvoir, la jeunesse, les
ouvriers, l'économie, surtout la petite usine d'armement qui se remit à
produire munitions et fusils (dont la crosse était marquée de l'étoile rouge).
L'étoile rouge était partout. Elle ornait le calot des partisans, leur seul
signe distinctif, elle était dessinée sur les murs pour accompagner le slogan
com m uniste : " Mort au fascisme ! Liberté pour le peuple ! Elle figurait
sur la bande blanche horizontale du drapeau bleu blanc rouge yougoslave. Le
futur drapeau de la République Socialiste Fédérative de Yougoslavie flottait
au côté du drapeau serbe.
La République d'Uzice restera dans la mémoire collective comme
étant le prem ier territoire yougoslave libéré de l'envahisseur nazi et de la
dynastie serbe.
Le mois d'octobre vit les premiers affrontements entre tchetniks et
partisans qui durèrent jusqu'à la fin novembre lorsque la contre offensive de
l'armée allemande renforcée de trois nouvelles divisions fondaient sur les
campagnes serbes et Uzice. Devant cette intervention massive, appuyée par
des tanks et une cinquantaine de Stukas, de Domiers et de bombardiers, la
réaction de M ihailovic et Tito fut différente. Mihailovic donna l'ordre aux
tchetniks d'abandonner les villes et de disperser les unités dans les forêts et
les montagnes inaccessibles. Tito au contraire, malgré la faiblesse de ses
effectifs (moins de 2000 hommes à Uzice), essaya de faire front.
Les 342° et 113 divisions allemandes arrivèrent aux portes d'Uzice le
28 novembre. Les partisans ne pouvaient pas tenir, l’évacuation de la ville se
fit le lendemain, en toute hâte, mitraillés par l’aviation, les partisans fuyaient
par le sud tandis que les Allemands pénétraient par le Nord.

Tito assassine Pavlovic et vire à gauche


pour affronter les tcheniks
U zic e :
1er phase b is d 'a s s a s s in a ts de t r o ts k is t e s .
Depuis le début de la guerre Zivojin Pavlovic (dont le pseudonyme
était " V lado ") avait échappé aux mailles des filets de la GPU " yougoslave ",
à l'extermination organisée par le PCY envers les trotskistes. 11 s'était réfugié
dans son village natal aux environs d'Uzice. Toujours recherché, il fut arrêté,
en novembre 1941 (pendant l'existence brève de la " République d'Uzice "), sur
l'ordre de Tito, Rankovic confia l'enquête à Djilas (le 21-11). Ce dernier
" espérait découvrir quelque chose d'intéressant sur les émigrés de Paris ".
Avant même de l'interroger, Djilas le déclara " agent provocateur de la police
secrète royale ". Pavlovic fut " sauvagement " torturé par Stam bolic et
Dedijer. 11 fut exécuté d'une balle dans la tête par un paysan/partisan dans la
nuit du 29 au 30 novembre alors que les derniers partisans s'enfuyaient à
l'arrivée des troupes nazies.

21
Pour a ffr o n te r les tch etn iks T ito "v ir e à gauche".
Tito arriva à la conclusion que le mouvement de libération nationale
- les partisans - avait tout à perdre dans une confrontation directe avec la
Wehrmacht. que l'ennemi principal était le mouvement tchetnik. Vu que les
Serbes - de Croatie, de Bosnie, de Serbie et du Monténégro - constituaient la
grande majorité de ceux qui se ralliaient aux partisans, pour les séparer des
Tchetniks et les vaincre, il n'avait pas d'autre alternative, pour le moment, que
d’accentuer les divergences. Il fallait se différencier et pour cela mettre en
lumière le " caractère de classe " et le " caractère yougoslave " de la guerre
de libération nationale.
Staline ne voulait pas entendre parler de révolution prolétarienne,
Tito avait donc une marge de manœuvre très étroite mais, la nécessité lui
imposait de proclamer le rôle dominant du " prolétariat " chez les partisans.
Le 21 décembre 1941 (jour anniversaire de Staline) Tito forma (à partir des
restes d'unités serbes et de deux bataillons monténégrins) la première brigade
prolétarienne forte de 1200 combattants notés pour leur bravoure et leur
dévouement au Parti. Son étendard le drapeau rouge à faucille et marteau.

La IV° Internationale
et la lutte des “patriotes yougoslaves”
contre armées d ’occupation
Fourth In te r n a tio n a l 1942.
John W right (Joseph Vanzler) trotskiste américain du S WP écrivit
dans Fourth International, d'août et de novembre 1942, des Notes
internationales sur la Yougoslavie fort bien documentées :
La résistance aux armées allemandes d'occupation en Europe a
incontestablement atteint sa forme la plus élevée jusqu'à présent en
Yougoslavie où elle est devenue mi-révolte mi-guerre..........
L'actuelle " armée des patriotes yougoslaves " est en réalité formée
de deux éléments principaux : 1) Les nationalistes serbes dirigés par
l'organisation ultra-chauvine des tchetniks luttant pour la libération
nationale, sans aucun changement dans la structure sociale d'avant-guerre
et vraisemblablement aussi fidèle qu'avant à la monarchie. 2) Des groupes
paysans, avec quelques représentants du prolétariat urbain relativement
réduit, luttant non seulement contre le nazisme mais aussi contre leur propre
exploitation........
Des heurts entre " communistes " et tchetniks ont été reconnus, à
plusieurs reprises, suivis de trêves. Ce conflit semble s'être récemment
aggravé. ......
Le caractère de classe réel des forces en présence est clair. Les bandes
" communistes " de partisans représentent les éléments pauvres des villages.
tandis que les tchetniks sont dans les villages quelque chose comme les koulaks.
Avec la destruction de l'Etat yougoslave, la lutte entre eux se développe chaque
fois que l'oppression allemande est, même légèrement, allégée par la résistance.
Comme on pouvait s'y attendre, Staline a permis, sinon suggéré, la répression
menée par Mihailovic contre les bandes de paysans pauvres. "
" Un rapport du 8 octobre reçu par le gouvernement américain à
travers des canaux officiels et communiqué à la presse, a donné de nouveaux
détails. Les partisans comprennent " des communistes tant de conviction
stalinienne que trotskiste " et le rapport ajoute : " Cependant ils n'agissent
pas apparemment sous les ordres de Moscou mais mènent leurs combats de
façon indépendante..........
On répand maintenant les pires calomnies sur les courageux
partisans qui ont osé lever le drapeau de la révolution sociale........
Les dirigeants du mouvement des partisans sont décrits comme " une
collection de criminels internationaux ". C'est la phrase que la réaction de
tous les pays utilise toujours pour désigner les révolutionnaires prolétariens.
En fait, la vigueur avec laquelle les agents impérialistes insultent ce
mouvement atteste son caractère authentiquement révolutionnaire......... "

Q uatrièm e In te r n a tio n a le novembre 42.


" En Serbie, dans les rangs des tchetniks, les révolutionnaires
inscrivent sur leur drapeau, non la lutte pour la plus grande Yougoslavie,
mais la lutte pour une libre fédération balkanique. "
Ecrire flili «dit que " les révolutionnaires seraient dans les rangs
tchetniks " est une contrevérité flagrante. Cette manière de se jeter, sans
retenue, sur toute information, particulièrement sur la première qui accrédite
tant soit peu vos analyses, sans en vérifier l’exactitude, est typique de
l’opportunisme qui caractérise de la IV° Internationale depuis sa fondation.
Souvent emportés par leurs désirs les dirigeants de la IV° Internationale
prirent, prennent et prendront leurs souhaits pour la réalité.
On apprend ici que le Secrétariat européen de la 1V° Internationale
supputait au stalinisme des objectifs révolutionnaires qui ne sont pas les
siens. Là est l’origine de la double nature (stalinienne et révolutionnaire) du
PCY. Cette prétendue double nature fera basculer, en 48-50, les trotskistes
européens dans un soutient aveugle à la bureaucratie titiste.
La "fraction Reiss " (ou les communistes conséquents qui défendent
l’Octobre rouge) ayant été exterminée ou était en passe de l’être, il ne restait
au sein de la bureaucratie que la "fraction Boutenko ", fraction fascisante
qui ne pouvait avoir qu’un rôle contre révolutionnaire. Mais la IV0
Internationale, à l’époque, était pleine d’illusions qu’on ne pouvait pas
imputer au manque d’information due aux conditions de guerre. Rien ne peut
absoudre cette fébrilité qui est caractéristique d’un centrisme opportuniste,
qui la poussera à produire des inepties criminelles, premiers pas vers
l’inféodation politique au stalinisme.
Des p re m iè re s o ffe n s iv e s des p a r tis a n s à Ta
p ro c la m a tio n de l'AVNOJ T ito " c o n s tr u it ” Tes
fo n d a tio n s du p o u v o ir du s ta lin is m e y o u g o slave.
La première offensive des partisans s'était déroulée en Serbie
occidentale son point culminant avait été la République d'Uzice, elle fut
stoppée par une contre offensive de la Wehrmacht. Les partisans ne
trouvèrent leur salut que dans la fuite.
Les affrontements politiques et militaires entre tchetniks et partisans
qui avaient commencé en Serbie, s'étendirent à la Bosnie et au Monténégro.
Tito prenait de plus en plus conscience qu'une lutte à mort allait l'opposé à
M ihailovic et ses troupes, car s’il ne prenait pas le dessus, Staline l'acculait
à reconnaître les tchetniks comme étant le courant dirigeant.
Janvier 1942, les Alliés reconnurent Mihailovic comme ministre de
la Guerre du gouvernement yougoslave en exil. Le PCY riposta :
a) En lançant de nouvelles offensives. La deuxième offensive eut lieu
au printemps 42, en Bosnie orientale et au Monténégro, avec la II0 brigade
prolétarienne comme principale troupe de choc. Son but était de nettoyer ces
régions des troupes " traîtres " tchetniks. Ce fut un échec. La troisième
offensive en juin se déroula en direction de la Bosnie occidentale, il y avait
à ce moment là aucune garnison allemande. De nouveau le gros des troupes
des partisans se lança sur les tchetniks. Pacifiée la région leur permit en
quelques mois de répit et de travail politique intense de gagner une grande
partie de la population. Arrivés 3000 en juin 42, les partisans seront 25 000
en janvier 43 quand commencera la 4° offensive. Le succès était complet.
b) En convoquant à Bihac, les 26-27 novembre 1942 une conférence
de " délégués " de toutes les régions de Yougoslavie pour élire le " Conseil
antifasciste de libération nationale " (AVNOJ) (encore un moyen " de classe
" de se délimiter des tchetniks : " Conseil " est la traduction littérale du mot
russe soviet).
Staline s’opposa à ce que l'AVNOJ soit présenté comme un véritable
parlement clandestin : " Qu'il ne soit pas question, pour l'instant, de
l'abolition de la monarchie. ... La question du régime ne sera à l'ordre du
jour que lorsque la coalition germano-italienne aura été écrasée et le pays
libéré Tito " biaisa " il fit élire un Comité exécutif qui ne serait pas
vraiment un gouvernement, mais qui trancherait " toutes " les questions
d'État et qui s'occuperait de tous les territoires libérés au travers de Comités
populaires (c'est à dire sous contrôle de PCY).

L 'o p é ra tio n Weiss e t l'o p é r a tio n Schwarz


ou la 4 ° e t 5 ° o ffe n s iv e s .
À de rares exceptions près (Srem en 45), ce ne sont pas les partisans
qui lançaient des offensives contre l’armée hitlérienne mais l'inverse.
Durant les six premiers mois de 1943 la Wehrmacht lança deux
offensives consécutives destinées à anéantir le gros de l'armée des partisans.
La prem ière baptisée opération Weiss (blanche) est connue sous le
nom de la 4° offensive des partisans. Le premier but de cette opération était
d'encercler les positions des partisans dans la région de Bihac, où Tito avait
son QG, elle devait dans une seconde phase, pénétrer dans les territoires
contrôlés en Bosnie par les partisans et anéantir le gros de leur armée.
Les forces de l'Axe alignaient 5 divisions allemandes, 3 italiennes, 10000
oustachis et 20 000 tchetniks qui avaient été amenés par les Italiens sur les bords
de la Neretva et de la Rama pour couper toute retraite aux partisans. L'offensive
commença à la mi-janvier en Bosnie occidentale et prit fin à la mi-mars.
Q uelques années plus tard, Tito (qui avait été à bonne école avec
S taline), réécrit l'histoire en affirmant que " la quatrième offensive ", fut
décidée par le PCY afin de détruire " par une marche forcée, en direction du
Monténégro, les bandes tchetniks, et ainsi les liquider politiquement et
m ilitairem ent ". En réalité elle ne fut qu'une grande retraite des partisans vers
l'Est (en direction du Monténégro) pour se soustraire à la puissance
destructrice de la Wehrmacht.
Le 7 mars, les partisans acculés franchirent la Neretva et affrontèrent
les tchetniks de D jurisic et O strojic. Ils les battirent à plat de couture. Ce fut
leur prem ier succès significatif contre les tchetniks.
La 4° offensive avait pris fin, L'état-major des partisans se trouvait au
Monténégro à Zabljak, - une région montagneuse, sauvage coupée de gorges
étroites, profondes de plusieurs centaines de mètres - avec comme ambition :
" Annihiler les tchetniks ". Il ne restait plus que 18 000 partisans. Tito se
croyait en sécurité, protégé par la " trêve de Zagreb " - en mars, Djilas,
Popovic au nom de des partisans, avaient entrepris des négociations avec
l'Abwehr les services de renseignements de l'armée allemande - mais Hitler
avait donné dès le 30 mars l’ordre de passer à l'étape suivante, l'opération
Schwarz (noire) - la 5° offensive - allait commencer le 15 mai et durer jusqu'au
20 juin.
Les A llem ands avaient rassemblé des forces encore plus
considérables que lors de l'opération Weiss (Sept divisions allemandes des
divisions italiennes, des unités oustachis un régiment bulgare. Ils
considéraient que cette offensive était décisive et était sous leur entier
contrôle). Ils avaient formé un cercle de 30 ou 50 kilomètres de diamètre qui
se resserrait de jours en jours, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre.
L'armée des partisans était à deux doigts d'être anéantie, Tito décida
de la scinder en deux groupes pour avoir plus de chance d'atteindre le
Sandjak. Leur retraite catastrophique se transforma en une fuite éperdue, en
cauchemar sanglant : Dans l'enfer des gorges de la Stujeska où Sava
Kovacevic et des centaines d'autres trouvèrent la morts. Les partisans après
des difficultés énormes arrivèrent à Kakanj en Bosnie orientale. Ils étaient de
nouveau relativement en sécurité, mais ils avaient perdu près de la moitié de
leurs effectifs.

25
A v r i l 1943, F o u rth In t e r n a t io n a l :
" La g u e rre c i v i l e en Y ougoslavie
La première étude publique des trotskistes sur la Yougoslavie date
d'avril 1943 où la revue " Fourth International " du Socialist Worker Party
des États-Unis publia un long article de Jo h n W rig h t : " La guerre civile en
Yougoslavie
Cette étude dressait le tableau fort juste sur la situation : a) Elle montrait
le rôle stratégique de l'espace yougoslave pour " tenir " les Balkans : " Hitler
a\<ait besoin de ce contrôle à la fo is pour des motifs offensifs et défensifs, comme
toute autre puissance ou coalition de puissances préparant une attaque contre
l'Union soviétique. " b) Elle dénonçait la politique du Kremlin " d'appui à
Mihailovic " qui le présentait " comme organisateur d'une résistance effective
aux envahisseurs fascistes
Mais quand W rig h t aborda la dimension du mouvement partisan "
tout commença à déraper. Les contre-vérités se mirent à devenir foison :
a) " A l'été de 1942, bien des éléments permettent d'assurer que
l'impulsion extérieure fut fou rn ie par l'Armée rouge et que le Kremlin est
activement intervenu pour organiser, fournir en matériel et prendre le
contrôle du mouvement des partisans en Yougoslavie ". Les partisans
demandaient en vain aux Russes des parachutages d'armes. En fait ce sera
C h u rch ill qui donnera à la RAF l'ordre de satisfaire à cette demande.
b) " Les staliniens, en URSS comme à l'extérieur, ont cherché à
cacher le fa it essentiel que le mouvement de guérilla, bien qu'agissant dans
le cadre de la " lutte de libération nationale ", a tendu à prendre un caractère
de classe dès q u ’il est devenu un mouvement de masse. " Certes Moscou a
cherché de cacher aux Alliés le caractère de classe du mouvement partisan,
mais Staline avait dés le début été beaucoup plus loin. Il ne voulait pas
entendre parler ni de révolution prolétarienne ni même d’emploi de terme qui
pourrait m ontrer un caractère de classe, la lutte devait se faire
essentiellement sur le terrain de la libération nationale contre l'occupant. À
la fin 41 quand T ito avait utilisé le stratagème de l'anniversaire de S taline
pour lui " offrir " la création de la première brigade prolétarienne, en réponse
ce dernier avait piqué une colère : " Pourquoi avez-vous créé une brigade
spéciale prolétarienne ? À l'heure actuelle, le devoir essentiel et immédiat est
de fusionner tous les courants antinazis, d'écraser les envahisseurs et
d'achever la libération nationale ".
c) " Sous les partisans, les anciennes autorités ont été remplacées par
des comités locaux élus selon une procédure démocratique inédite dans les
Balkans. C'est sur la base de ces comités qu'un premier gouvernement central
fu t installé en août 1941 à Uzice " ... et " l'AVNOJ ". Les comités locaux ou
comité populaire, n'avait de démocratique que l'étiquette. Tous les dirigeants
étaient membres du PCY ou des organisations qu'il " contrôlait ". C’était bien le
cas de l'AVNOJ, le " Conseil antifasciste de libération national ", si son
président (dans les faits " honorifique ”) le D r R ib a r n'était pas lui-même
m em bre du PCY, son fils Ivo-Lola R ib a était le dirigeant des Jeunesses
C om m unistes Yougoslave.
En ce qui concerne les comités élus à Uzice en 1941, voilà ce qu'écrivait
en 1976 É m ile G u ik o v a ty - " qui a fait partie de la Résistance au sein du
m ouvem ent trotskiste " - dans son livre " T ito ", pages 193-194 : " Deux jo u rs
après l'entrevue de Struganik (entre T ito et M ihailovic, NDLR), le 21 septembre
tchetniks et partisans fa isa ien t leur entrée à Uzice. Enfait, cefurent les tchetniks
qui libérèrent la ville et ses 14 000 habitants. L e gros des unités communistes
avec Tito arriva que le surlendemain. De toute façon, la prise d'Uzice ne pouvait
pas passer p o u r un exploit militaire. " Et G u ik o v aty nous expliquait pourquoi
les tchetniks ont quitté U zice et com m ent T ito, R ankovic et leurs camarades se
m irent " au travail ", com m ent ils " commençaient leur apprentissage de la
terreur et du contrôle politique D jilas (et bien d’autres) a confirmé tous ces
faits dans ses " M ém oires " et dans " Une guerre dans la guerre
d) " S ta lin e, bien q u 'il reconnaisse encore de ju r e le gouvernem ent en
exil, so u tien t dans les fa its le g ouvernem ent R ib a r C'est faux, S ta lin e ne
voulait surtout p as fâch er les A lliés, à M oscou, le 9-10-44, n'avaient ils
partagé la Y ougoslavie en " fifty -fifty

A v r i l 1943, F o u rth I n t e r n a t i o n a l s u i t e :
D é jà en 4 3 le s t r o t s k is t e s s u p p u ta ie n t
a u s t a lin is m e une d o u b le n a tu r e .

A près l'énoncé ces contre-vérités, W rig h t allait faire un nouveau pas


en avant dans la voie de " réform er la pensée m arxiste Dans le paragraphe
" P ourquoi le K rem lin soutient-il les partisans ? " il devint plus explicite :
" U ne claire com préhension de la nature de classe de l'U nion
so v ié tiq u e et du rô le p a ra sita ire de la b ureaucratie sta lin ien n e est
indispensable p o u r correctem ent analyser cette situation apparem m ent sans
précédent. La p o sitio n contradictoire du K rem lin dans la société soviétique
le co n tra in t aujourd'hui, dans des circonstances données - com m e hier en
P ologne, dans les Pays B altes et en B essarabie - à patronner et soutenir des
m esures révolutio n n a ires telles que la citation d'un nouveau p o u vo ir d'E tat
en Yougoslavie, la confiscation de stocks de produits alim entaires et de bois,
l'occupation des terres des propriétaires fo n c ie rs et le déplacem ent des
éq u ip em en ts à l'arrière, liés à la confiscation des usines et des banques. ...
Les conditions, dans la p ério d e présen te d'alliance de S ta lin e avec
les im périalism es " dém ocratiques ", diffèrent de celles qui p révalaient lors
du p a c te H itler-S ta lin e . M ais les m êm es fo rc e s fo n d a m en ta les produites p a r
l'o p p o sitio n irréconciliable entre l'économ ie soviétique et l'im périalism e
m ondial con d u isen t la caste bureaucratique à adopter des m esures qui sont
révo lu tio n n a ires dans leurs conséquences objectives. La burea u cra tie
sta lin ien n e d é p e n d p o u r sa propre existence du m aintien de l'État ouvrier
créé p a r la R évolu tio n d'O ctobre. P oussée p a r le désespoir et com m e ultim e
moyen, la bureaucratie s'est montrée capable, en agissant pour sa propre
défense, de stimuler des développements révolutionnaires. "

Sur la s ig n ific a t io n de c e t a r t i c l e
de Fourth In te r n a tio n a l, a v r i l 1943.
Le stalinisme serait donc, pour Wright et le SWP, la plus part du
temps contre-révolutionnaire, mais lorsque le capitalisme menaçait
directement son existence même, il n'aurait d'autre solution pour survivre
que de devenir révolutionnaire. Il aurait donc une double nature : Contre-
révolutionnaire et révolutionnaire et à la fois, mais avec, en dernière analyse
une prédominance pour sa nature révolutionnaire.
Et fait, Wright (le SWP et, en dernière analyse, une bonne partie de la
IV0 Internationale) capitulait devant le stalinisme, et pour justifier cette
capitulation il fallait présenter le stalinisme comme étant révolutionnaire d'où sa
double nature si particulière. Mais avant d'en arriver là, pour attribuer des vertus
révolutionnaires au Kremlin, au PCY et aux partisans yougoslaves et pour, il dut
" travestir " la réalité d'où l'énoncé des contre-vérités citées ci-dessus.
De plus, cette étude de W right se basait essentiellement sur des
articles qu'il qualifiait de " témoignage de première main ". Ils avaient été
publiés dans le quotidien stalinien de Grande-Bretagne " Daily Worker " et
dans la presse stalinienne de Moscou " Ogoneke, Slobodna Rech Il n'avait
fait aucune analyse critique sur les informations publiées dans ces articles ce
qui avait de quoi de laisser perplexe tout révolutionnaire tant soit peu
sérieux.
Pourtant, " La Vérité ", supplément au numéro 50 du 23-8-43, organe
du Parti Ouvrier Internationaliste (IV° Internationale) dénonçait le " Daily
B’orker " comme un organe stalinien qui " sacrifie les intérêts des ouvriers
à la collaboration avec la bourgeoisie " qui remplace le programme de lutte
de classe, le programme de la Révolution mondiale par le programme de la
contre-révolution, de la collaboration de classe.
Le SWP américain n'avait pas la même vision de ce torchon stalinien.
Apparemment les trotskistes français n'avaient pas capitulé. Détrompez-vous,
déjà, le numéro spécial d'octobre 1942 de " La Vérité " avait publié pour
" comprendre mieux ce que signifie l'importance de la lutte des partisans, leur
héroïsme, des extraits " d'un article du " Mois Suisse " qui parlait des partisans
et de la " république soviétique " d'Uzice en termes élogieux. Nous voyons que
nous n'avons pas à faire ici à une méprise quelconque, une erreur en quelque
sorte, mais à une volonté de nous présenter sur un jour extrêmement favorable
l'appareil stalinien titiste quitte à utiliser des faux. Pourtant il y a un océan de
sang entre les Staline, Tito et ses semblables la (" fraction Butenko ") et les
révolutionnaires (trotskistes compris). Tout comme Staline, Tito assassinait
les opposants et les trotskistes.
La "fraction Reiss " (ou les communistes conséquents qui défendent
l’Octobre rouge) ayant été exterminée ou était en passe de l'être, il ne restait
au sein de la bureaucratie que la " fraction Boutenko ", fraction fascisante
qui ne pouvait avoir qu'un rôle contre révolutionnaire. Mais la IV°
Internationale, à l'époque, était pleine d'illusions qu'on ne pouvait pas
imputer au manque d'information due aux conditions de guerre. Rien ne peut
absoudre cette fébrilité qui est caractéristique d'un centrisme opportuniste,
qui la poussera à produire des inepties criminelles, premiers pas vers
l'inféodation politique au stalinisme.
Cette première étude " trotskiste " sur le titisme, publié dans un
organe de la 1V° Internationale, fera force de "jurisprudence ". Elle glorifiait
en fait la lutte des Partisans à partir de faux, d'amalgames et le pire c'est qu'en
éludant les crim es staliniens elle assassine une deuxième fois les
oppositionnels et en particulier les trotskistes yougoslaves. C'est en cela un
acte de félonie et de parjure politique qui pèsera lourd dans la politique de la
1V° Internationale en Yougoslavie.
Comm ent peut-on comprendre ces trotskistes qui faisaient des éloges
au stalinism e et un crim inel silence sur l'assassinat des " leurs ",
particulièrem ent en Yougoslavie (la " république soviétique " d'Uzice avait
torturé puis assassiné Pavlovic) ?
Seuls l'opportunisme associé au centrisme dus à l'immaturité et la
faiblesse congénitale des organisations qui se réclamaient de la IV°
Internationale peuvent permettre de comprendre un tel comportement criminel.
Là est l'origine de la double nature (stalinienne et révolutionnaire) du
PCY. Cette prétendue double nature fera basculer, en 48-50, les trotskistes
européens dans un soutient aveugle à la bureaucratie titiste alors les
trotskistes am éricains du SW P (L enz etc.) auront une analyse plus critique.

Le nouveau pouvoir : l ’AVNOJ


La s t r a t é g ie u n i t a ir e yougoslave t i t i s t e
ou la re c o n v e rs io n des o u s ta c h is en p a rtis a n s .
En définitive l'armée allemande n'était pas arrivée à ses fins, cela se
transform era en échec lorsque le 8 septembre l'Italie capitulait sans
condition. Les Partisans contrôlait de vastes territoires en Bosnie-
Herzégovine, au M onténégro, en Dalmatie et dans les Krajina croates.
N um ériquem ent ils étaient aussi nombreux que les forces de l'Axe. Pour Tito
qui avait adopté une stratégie unitaire yougoslave, le problème N° 1 restait
la com position m ono-nationale des ses troupes. En effet les trois-quarts de
ses troupes étaient com posés de Serbes ou de Monténégrins. Il lui fallait faire
venir dans ses rangs plus de non-nerbes.
Jusqu'en septembre 43 ses appels aux " collaborateurs " croates et
musulmans furent sans grand effet. Mais, la capitulation italienne laissait
prévoir celle du IIP Reich, et voyant la victoire changer de camp, un nombre de
plus en plus important de combattants oustachis rejoignirent les rangs titistes.

29
Tito leur avait, dès janvier 1942, promis l'amnistie : " À tous les
oustachis honnêtes qui entrerons dans les unités de partisans, il sera
pardonné d'avoir appartenu au mouvement oustachi ". Il s'efforçait surtout
de rallier les musulmans bosniaques très nombreux dans les rangs oustachis
et pratiquement inexistant chez les partisans.
Le colonel musulman Sulejm an Filipovic, qui avait servi dans
l'armée de Pavelic, passa avec son unité, du côté des partisans dès 1943. Il
avait était l'instigateur des grands massacres de civiles serbes en Bosnie
orientale en 41. lïdevint " ministre " du gouvernement de l'AVNOJ, et, après
la libération, ministre du gouvernement fédéral malgré qu'il soit la liste des
criminels de guerre dressée par les occidentaux. Puis il y eut M uham ed
Sudzuka " grand zupan " de l'État oustachi, devint membre du présidium de
l'AVNOJ. ... l'oustachi Im brahim S ato r devint aussitôt membre du Conseil
anti-fasciste de Bosnie-Herzégovine .... l'oustachi Ibrakovic qui avait, le 16
juillet 1941, fait fusiller plusieurs centaines d’otages serbes devint après sa
reconversion commandant d'une brigade de partisans. Idem pour H uska
Miljokovic, etc.
À cette liste il faut rajouter tous les " bons catholiques " croates
oustachis tel M arko Mesic, l'oncle du dernier président de la 2° Yougoslavie
Stipe Mesic. Commandant dans l'armée royale yougoslave, il s'était rendu
sans combattre avec tout son régiment aux nazis en avril 41. commandant
des légions oustachis (le 369° régiment) qui combattaient les Russes à
Stalingrad. Emprisonné jusqu'en 1943 avec le reste de ses légionnaires, tous
" rééduqués ", il fut nommé à la tête de la brigade yougoslave de l'armée
rouge. Le 2-10-44, il rencontrera à Crajova Tito, qui après l'avoir sermonné
le nomma commandant de l’armée nationale de libération où il conduisit la
jeunesse serbe à l'abattoir sur le front du Srem.

La 2 ° sessio n de VAVNOJ.
Staline avait le 15 mai dissous le Komintem, chaque P.C. pouvait
affirmer désormais son caractère " national ". Tito ne s'en priva pas. Il jugea
le moment décisif de convoquer l'AVNOJ, cette assemblée imaginée pour
créer l'illusion d'un " front national " pour constituer sous son égide (celle du
PCY) un gouvernement populaire en bonne et dû forme.
La première étape décisive de la révolution yougoslave fut franchie le
29 et 30 novembre 1943, à la réunion de la deuxième session de l'AVNOJ
à Jajce.
En cette circonstance fut constitué un gouvernement provisoire qui
exerça son autorité sur tous les territoires occupés par les partisans, formant
bientôt la majeure partie de la Yougoslavie. La constitution de ce
gouvernement, qui voulait une république s'appuyant sur les comités
populaires de libération nationale constitués à partir de 1941, signifia que la
dualité de pouvoir, qui avait existé en Yougoslavie au début de l'insurrection
des partisans, commença être surmontée.
L'AVNOJ rejeta l'autorité du roi Pierre et celle du gouvernement
yougoslave en exil. Il ne leur serait pas permis de rentrer en Yougoslavie. Il ne
peut plus être question, à partir de ce moment, de l'existence d'un appareil
d'État bourgeois centralisé en Yougoslavie. Seuls subsistaient des débris de
pouvoir bourgeois, de même que les mesures successives d’expropriation et de
confiscation ne laissaient subsister que des débris de la propriété bourgeoise.
Le PCY ayant en fait conquis le pouvoir dans les territoires libérés,
mais ce gouvernem ent restait bourgeois, il proclamait l'inviolabilité de la
propriété privée et promettait d'encourager " l'initiative privée de l'industrie,
du commerce et de l'agriculture ".
Alors que l'AVNOJ prenait ces décisions, au moment même où
s'ouvrait la conférence de Téhéran (Churchill, Roosvelt et Staline) Tito
comm uniqua en détail à Moscou par radio les décisions qui venaient d'être
prises. S taline était furieux : " C'est un coup de poignard dans le dos de
l'Union soviétique, qui frappe aussi les décisions de Téhéran ". Staline
craignait le tort que ces décisions pouvaient faire à ses propres négociations
avec les Alliés. Mais ces derniers étaient décidés à aider Tito et à reconnaître
son m ouvem ent et d'abandonner à son sort Mihailovic et ses tchetniks. Ils
pensaient que cette attitude les aiderait à persuader Tito de collaborer avec
eux et avec le gouvernement royaliste modifié, constituait sur une base plus
large, même sans roi, le principal pour eux était la sauvegarde de la propriété
privée des moyens de production.

La v is io n t i t i s t e du d r o it des peuples
dans une féd ératio n yougoslave.
La 2° session de l'AVNOJ traça les grandes lignes en ce qui concerne
la question nationale : La nouvelle Yougoslavie serait basée sur le principe
fédéral. Tous les peuples y seront libres et égaux, tandis que toutes les autres
groupes ethniques se verraient garantir tous les droits des minorités. Il ne fut
expressément mentionné que six unités fédérées (La Serbie, la Croatie, la
Slovénie, la Macédoine, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine) et huit
peuples ceux de " de Serbie, de Voïvodine, du Sandjak, de Croatie, de
Slovénie, de Macédoine, du Monténégro et de Bosnie-Herzégovine ". Le
Kosovo-Metohjia n'était pas mentionné ni en tant qu’entité, ni en tant que
peuple car considéré comme une question internationale devant être réglée
entre la Yougoslavie et la futur Albanie.
Tout au long de la guerre le PCY avait mis en avant le droit à
l'autodétermination pour les minorités. Et comme la nouvelle Yougoslavie
était conçue sur le principe fédéral accordé aux seules nationalités slaves
majoritaires aucun conseil antifasciste de libération nationale ne fut créer
pour les régions où les minorités nationales formaient l'élément prédominent
de la population.
A ucune forme d'autonomie ne sera accordée aux minorités
nationales. Le PCY compensa le " distingo " entre ce qu’il dit sur les droit

31
des minorités et ce qu'il fait par la création d'unités de partisans spécifiques
à chaque minorité. Ces unités étaient conçues comme moyen d'intégration
" yougoslave " des minorités.
Ces unités de partisans yougoslaves, excepté les brigades des Serbes
des Krajina croates telles celles de Lika, Banija et Kordun ..., ne participèrent
pas activement aux combats, leur fonction était exclusivement politique. Il y
avait le bataillon italien Pino Budcin, l'unité albanaise Zejnel A jdini et la
brigade albanaise Emin Ourak, la brigade bulgare H risto Botev, la brigade
tchécoslovaque Jan Ziska, l'unité hongroise Petofi S andor, l'unité allemande
German Hernest Thâlmann, l'unité roumaine ... etc. S'il n'y avait pas assez
de nationaux pour former l'unité de partisans d'une minorité nationale, on la
compléter les effectifs avec des Serbes ou des Croates.
Entre les mains de Tito, le droit à l'autodétermination, vidée de son
contenu révolutionnaire et même de tout contenu, se transforma en une farce
grotesque qui se retournait contre l'intérêt et les droits des minorités elles-mêmes.

Le nouveau pouvoir : la République


Populaire Démocratique de Yougoslavie
1944-45 : La b u re a u c ra tie t i t i s t e s ' i n s t a l l a .
Après avoir été reconnu internationalement, comme étant le leader de
la nouvelle Yougoslavie, tant par les Alliés et le roi P ie rre que par les
Soviétiques, Tito battit les tchetniks en Serbie, et les partisans avec l'aide de
l'Armée Rouge libéraient Belgrade.
À peine Belgrade fut-elle libérée, que la ville assistait avec stupeur
à la montée accélérée d'une nouvelle couche dirigeante. Les entreprises
nationalisées - usines, ateliers, magasins - servaient de trem plins à la
carrière de bureaucrates/communistes, anciens ou nouveaux. D jilas a
décrit l'espèce de fureur qui s'empara des dirigeants du PC Y pour m ettre la
main sur les villas de Dedinje, le quartier élégant de la capitale, et se
rapprocher du Palais Blanc, la luxueuse résidence du régent P a u l où
s'installait Tito. Des magasins spéciaux étaient ouverts à l'intention des
nouveaux dirigeants qui pouvaient s’y fournir en produits interdits au reste
de la population.
Djilas narra aussi comment " nos fonctionnaires " pillèrent le
mobilier des foyers des Allemands de Yougoslavie - les Volksdeutscher -
comment " des domestiques allemandes - excellentes m aîtresses de maison
selon les femmes des fonctionnaires - fu ren t em ployées sans rém unération ",
et Djilas de justifier cette politique raciste et stalinienne. " N ous adoptâmes
cette position, sans seulement discuter, comme une chose que les atrocités
allemandes avaient rendue compréhensible et ju stifiée ". etc. etc.
C'était le début de privilèges qui grandiront avec les années.
19 4 4 -4 5 : 2 ° phase d'assassinats des ' tro ts k is te s \

À peine Belgrade fut-elle libérée que le PCY se mit aussitôt à


" nettoyer ", à " épurer Rankovic était chargé de passer au crible les
" défaitistes ", les espions, les " collabos ", les agents provocateurs, les agents
de l'impérialisme, les fascistes, les hitlériens, les trotskistes et autres
pestiférés suspectés d’hostilités ou de froideur au " communisme
La police secrète l'OZNA (Comité pour la protection du peuple) se
mit m éthodiquem ent à leurs trousses. Les tribunaux populaires
fonctionnaient selon une procédure décrite comme " simple, courte et rapide,
sans délai d'aucune sorte Un procès pouvait durer quinze minutes ou
moins. La terreur s'installait, étendant toujours davantage ses filets,
effectuant des arrestations et des exécutions.
La chasse aux tchetniks, aux trotskistes etc. était ouverte.
Les trotskistes yougoslaves qui avaient échappé aux assassinats des
années 40-41, n'avaient pas fait le " Front unique ouvrier " avec les militants
du PCY en rejoignant l'armée des partisans, et pour cause, c'était pour eux
une question de vie ou de mort. Ils avaient milité quand ils le pouvaient dans
les villes et les centres industriels.
Vers la fin de la guerre, en 1945, capturé par les staliniens, accusé
d'être un espion, Nikola Popovic - le seul vrai trotskiste yougoslave, dixit
Djilas - est fusillé par les partisans sans autre forme de procès.
À la fin de la guerre, la femme de l'oppositionnel de gauche Zivojin
Pavlovic et son fils, arrivés en France, demandèrent de l'aide à la 1V°
Internationale, ils n'obtinrent qu'une fin de non-recevoir. Comment aurait-il pu
en être autrement ? La 1V° Internationale ne faisait-elle pas l'éloge de la lutte
de Libération nationale des Partisans et par là de leurs dirigeants ? Dans les
années 48-50 n'allèrent-ils pas jusqu'à déclarer les dirigeants du PCY comme
étant une " direction de rechange ", " qui construit par elle-même certains
fragm ents du trotskisme " ? Et Djilas, l'assassin de Zivojin Pavlovic,
n'incamait-il pas aux yeux des " trotskistes " la "fraction Reiss " renaissante ?

1945 la question nationale à l’épreuve


du pouvoir du PCY
Le PCY e t la q u e stio n n a tio n a le des Allemands
e t des Hongrois de Yougoslavie.
La Voïvodine territoire situé au nord du Danube avait été libérée en
même temps que Belgrade. Cette libération souleva certains problèmes
concernant les minorités allemande et hongroise de cette région. En fait le
politburo pensait qu'il n'avait à régler que la question de la minorité hongroise,
car le sort des Volksdeutscher était joué. Il y avait dans cette région 333 000
Allemands et 376 000 Hongrois, en gros, pour l'ensemble de la Yougoslavie
chacune de ces nationalités avoisinait cinq cent mille personnes. Une bonne
partie des Allemands de Yougoslavie se repliait avec l'armée allemande, alors
que les Hongrois restaient sur place, l'Armée rouge occupait déjà la Hongrie.
(Tous les chiffres cités dans ces paragraphes proviennent du recensement de
1931. certes le sujet traité se situe en 1944-45, mais à cette date, il n'y avait que
ceux-là, le prochain recensement aura lieu en 1948).
Sous prétexte que les Allemands de Yougoslavie soulevaient de telles
rancœurs au sein de l'Armée de Libération Nationale et de la population, le
CC du PCY adopta, comme les Russes, les Polonais et les Tchèques,
l'expulsion de " nos " autochtones allemands " sans seulement discuter,
comme une chose que les atrocités allem andes avaient rendue
compréhensive et justifiée ". (Djilas).
Le nouveau pouvoir condamna, à titre préventif, " la minorité
allemande " pour " non-preuve de loyauté ". En 1944 le gouvernem ent
yougoslave priva les Allemands de leurs droits de citoyens yougoslaves. À
la fin de la guerre, ceux qui étaient restés en Yougoslavie furent internés
dans des camps de concentration ou déportés en Union Soviétique.
" Le problème des Hongrois fu t évoqué et résolu lors d'une réunion
dans la villa de Tito. Pour être plus précis, disons que la direction du parti
de Voïvodine était d'avis - s'alignant indéniablement sur l'humeur de la
population serbe - que les Hongrois devait être eux aussi expulsés de
Yougoslavie...... Au Comité central, nous étions hostiles à l'expulsion des
Hongrois, principalement parce que nous savions que le gouvernem ent
soviétique se serait opposé à cette mesure ". (Djilas).
En avril 1945 la réunion de la Convention Antifasciste de Serbie
déclara officiellement la Voïvodine en tant que Région Autonome de Serbie.

Sur T u t i l i s a t io n de la q u e s tio n n a t io n a le
au K o so vo -M eto h ija en 1 9 4 4 -4 5
Tout au long de la guerre, la politique du PCY en ce qui concerne la
question nationale fut dictée en fonction des besoins du moment. Si
officiellement, la question nationale était présentée comme étant un levier
pour promouvoir la lutte de libération nationale ramenée essentiellem ent à sa
spécificité contre l'occupant, tactiquement, chaque région étant présentée par
le PCY comme étant un cas particulier en soi, cette question était à chaque
fois posée différemment. Il y avait autant de mesures spécifiques et de cas
unique qu'il y avait d'entités ou de spécificités nationales.
Au Kosovo-Metohija comme partout ailleurs la ligne du parti était
définie non en fonction des aspirations nationales et des besoins des masses,
mais en fonction de ce qui puisse permettre au PCY d'asseoir son hégémonie.
Le Srem fut la bataille la plus importante et la plus sanglante la seule
" grande " bataille que les partisans livrèrent aux armées nazies, ce fut une
véritable boucherie, lorsque l'armée populaire atteindra en vainqueur Zagreb,
elle aura perdu 36 000 hommes. Au cours de la bataille qui dura plusieurs
mois, le PCY voulait envoyer des renforts de partisans albanais en
provenance de M acédoine et du Kosovo-Metohija.
En M acédoine et au Kosovo-Metohija 40 000 soldats albanais,
" travaillés " par les " irrédentistes " se soulevèrent contre la conscription
obligatoire décrétée par Belgrade, ils ne voulaient pas aller mourir sur le
front du Srem, ils voulaient pas rejoindre la Yougoslavie, ils voulaient leur
libération nationale. À Pristina, ils assassinèrent Miladin Popovic, le
dirigeant du PCY honni, qui avait contribué à la création du PCA et à la
révolution à Tirana. L'insurrection ne fut matée qu'en mars 1945 et un
gouvernem ent m ilitaire gouverna la province.
Lorsque l'avenir du Kosovo-Metohija sera discuté à huis-clos par la
direction yougoslave, l'option de l'autonomie immédiate et complète fut
exclue, puis la partition de la région entre le Monténégro, la Serbie et la
Macédoine fut écarté au profit d'une autonomie limité à l'intérieure de la Serbie
tout en laissant une minorité albanaise en Macédoine. 11 y avait 331 000
Albanais au Kosovo-Metohija et 130 000 Albanais en Macédoine. (505 000,
pour l'ensemble de la Yougoslavie).

Les S laves musulmans e t l 'é g a lit é


des d r o its nationaux.
Les Slaves musulmans posèrent un problème spécial au PCY, ils étaient
715 000 en Bosnie-Herzégovine, 908 000 dans l'ensemble de la Yougoslavie.
La création de la République Populaire Démocratique de
Yougoslavie, où " toutes les nationalités sont égales en droits " ne faisait pas
état des M usulm ans comme un peuple officiellement reconnu. Mais la
création de la République de Bosnie-Herzégovine où les Musulmans
représentaient com m e les Serbes et les Croates, grosso modo le tiers de la
population pouvait être interprété comme jouissant, de facto, de la même
reconnaissance.
Ce ne fut pas le cas, car les élections de la fin 1945 aux postes officiels
de la Communauté musulmane, furent remportés par des anti-communists. Le
PCY changea " d'approche politique " : Des procès condamnèrent des
musulmans intégristes, puis après avoir fonctionnarisé les imams, le stalinisme
yougoslave pensa " contrôler " le peuple musulman de Yougoslavie.
Dans une déclaration du Vakufski Sabor, le parlement de la
Communauté musulmane apportait son soutien à la République Populaire
Démocratique de Yougoslavie qui en retour lui apporta son soutient financier.

Les Serbes de C ro a tie e t les autres.


Les Serbes de Croatie formaient une population de 633 000 âmes,
concentrés essentiellem ent dans les Krajina tels les districts de Lika, Banija
et Kordun. La deuxièm e session de l'AVNOJ avait refusé d'accorder une
autonom ie territoriale aux Serbes de Croatie sous prétexte que les
républiques ne forment que des divisions administratives. En fait c'était une
concession au nationalisme croate.
Cependant pour " désamorcer " la question nationale, le PCY donna
au peuple serbe de Croatie les mêmes droits fondateurs à " égalité totale "
que le peuple croate. (" Déclaration des droits constitutionnels du peuple de
la Croatie démocratique " du 8 mai 1944, déclaration confirmée ensuite par
la Constitution de la République Socialiste Populaire de Croatie).
Les Serbes qui avaient quitté la Croatie pour cause de persécution par
le régime oustachi furent autorisés à retourner chez eux après être passé entre
les mains du ministère des transports où on leur " expliquer " l'obligation
qu'ils avaient d'annihiler tous sentiments hostiles envers la population croate.
Fraternité et unité (et pourquoi pas fair-play) telle était le principal mot
d'ordre du PCY.
Les Italiens étaient forts nombreux sur la côte dalmate, dans les îles
de l'Adriatique, à Zara (Zadar), Fiume (Rijeka), et en Istrie. En 1942-43, le
P.C. Croate et le P.C. Slovène avaient proposé, une autonomie à la minorité
italienne des régions Juliennes dans la Yougoslavie d'après guerre, mais Tito
mit vite son veto. Il n'avait plus de place pour les Italiens de Yougoslavie, Ils
étaient coupables être de la même nationalité d'une des armées d'occupation.
En 1945 la plus grande part de la population italienne de l'Istrie immigra face
à l'avancée de l'armée des partisans. Malgré cela, il restait 80 000 Italiens de
Yougoslavie en Dalmatie en 1948, 36 000 en 1953.
Les Tchèques et les Slovaques de Yougoslavie étaient au nombre de
129 000, les Roumains de Yougoslavie 138 000 et les Turcs de Yougoslavie
133 000 eux aussi pouvait se prévaloir de former une nationalité
conséquente et d'avoir des droits nationaux, tout comme les Tsiganes, les
Valaques, les Bulgares ... etc.

T r ie s te .
À la suite des accords de Yalta (11-2-45) - la partition du monde entre
Roosevelt, Churchill et Staline - les gouvernements britannique et soviétique
firent pression sur le roi Pierre afin qu'il accepte la régence. Le 7 mars 1945,
le gouvernement Subasic-Tito fut proclamé, ce gouvernement qui n'avait de
royal que le nom, était dépourvu de roi. Tito, en était le chef incontesté,
Subasic prenait le portefeuille des Affaires étrangères mais se trouvait
pratiquement éliminé : Sur 28 ministres, 25 étaient communistes ou
compagnons de route du parti.
Tandis que l'Armée Nationale de Libération piétinait dans la boue, que la
jeunesse serbe subissait son Golgotha et que les oustachis et les tchetniks
tentaient de s'échapper et de gagner les territoires autrichiens ou italiens, les alliés
occidentaux s'employaient à expulser les partisans de Vénétie Julienne et
particulièrement de Trieste. Vigilant, Tito s'aperçut de la manœuvre, il y
précipita la 4° armée, et le 2 mai celle-ci libéra Trieste. Les Néo-zélandais de la
8° armée britannique y arrivèrent le 8 mai. Chacun resta sur ces positions.
Quarante jours durant, les membres du PCY accaparant
l’administration civile, firent sentir aux habitants de la cité adriatique le poids
de leur police l'OZNA et de leur justice. Pour passer à la contre offensive le
maréchal A lexander, le chef des Alliés publia le 19 mai un communiqué
dans lequel il comparait Tito à Hitler et Mussolini et lui demandait s'il
comptait satisfaire par la force ses revendications territoriales. Pour
augmenter la pression des centaines d'avions des forces alliées harcelaient
par des simulacres de " piquet ", par des grondements assourdissants les
troupes yougoslaves.
Staline tergiversait, puis il fit discrètement savoir à Tito qu'il n'avait
pas les moyens de faire une nouvelle guerre pour Trieste. Le 11 juin, les
partisans reculèrent leurs troupes au deçà de la ville de la Zone A en Zone B.
Tito donna libre cours à son ressentiment dans un discours prononcé à
Ljubljana : " Nous ne voulons pas servir de petite monnaie dans le
marchandage international ".

Les exécutions se p o u rsu iviren t sans discontinuer.


Zagreb tombait le 8 mai. Le 9 mai les alliés fêtèrent la capitulation
inconditionnelle de l'Allemagne nazie. Les autorités yougoslaves
célébrèrent la victoire le 15 mai, date à laquelle les troupes allemandes
déposèrent les armes. Des tchetniks, des oustachis , des domobrani
(gendarmes NDLR) et des territoriaux (gardes blancs Slovènes ... etc.)
déposèrent eux aussi leurs armes. Ceux qui s'étaient réfugiés en Autriche
chez les Britanniques, furent renvoyés en Yougoslavie, livrés aux
partisans. La grande majorité furent exécutés, certains sont morts dans les
forêts Slovènes - Bleiburg -, d'autres durant la " marche de la mort " -
moyens d'extermination empruntés aux Turcs du temps de l'empire
ottoman - qui les conduisit de Slovénie en Macédoine, mais aussi dans le
camp de concentration de Jasenovac qui, pendant quelques temps après la
libération demeura un camp de la mort - jusqu’au printemps 1946. Ainsi
disparus la presque totalité des Russes bancs de Yougoslavie (ils étaient
36.333 au recensement de 1931) qui craignant l’avancée des forces russes
(soviétiques) avait fui jusqu'en Autriche.
D'après Djilas " le sort des forces de Draza Mihailovic fu t plus atroce
encore ". Après la libération de Belgrade, elles s'étaient réfugiées en Bosnie
septentrionale sur le Mont Vucjak où elles passèrent l'hiver 44-45. Après la
capitulation allemande, les partisans aidé de l'OZNA s'employèrent à
annihiler les troupes de Mihailovic qui avait décidé de rejoindre la Serbie.
Les combats furent acharnés, la dizaine de milliers de tchetniks se battirent
avec un acharnement incroyable, mais encerclés dans l'ossuaire partisan de
Sutjeska il furent annihilés. " On ne fit pas de prisonnier. Il y eut environ sept
mille tués, près de quatre cents parvinrent à s'échapper dont Draza avec un
petit groupe mais ils furent rattrapés un peu plus tard. Notre aviation pilonna
les tchetniks pendant des journées entières. " (Djilas). Le 13 mars 1946,
M ihailovic tomba dans un traquenard et fut capturé. Condamné à mort, il fut
exécuté quelques mois plus tard.
Sans discontinuité, l'OZNA avait continué et continuait à se livrer à
des exécutions, elle était devenue une machine à tuer qui devait coûte que
coûte " protéger le peuple ". " Une atmosphère de vengeance régnait ". Fin
1945. dans une réunion du Comité Central Tito ulcéré s'écria : " A ssez de
toutes ces condamnations à mort et de ces exécutions ! La condam nation à
mort ne fa it plus aucun effet ! Personne n ’a plus peur de la m ort ! " (D jilas).
Djilas évaluait les pertes yougoslaves ainsi : " On sait de fa ç o n sûre
que 305 000 partisans périrent, ... que selon les statistiques officielles la
Yougoslavie perdit entre 1 700 000 et 1 800 000 habitants. Ce chiffre
comprend les personnes mortes dans les camps de concentration, les
victimes des massacres et des bombardements, ainsi que celles qui trouvèrent
la mort en luttant contre les communistes et celles que les com munistes
exécutèrent. "

Le 2 9 novembre 1945 :
La République P o p u laire Démocratique de Y ougoslavie.
Le 29 novembre 1945, le nouveau parlement, appelé le " Troisième
AVNOJ " abolit officiellement la monarchie et proclama le nouvel État : La
République Populaire Démocratique de Yougoslavie (FNRJ). Le systèm e
fédéral se voulait une copie fidèle du " modèle " soviétique. Inspiré de la
constitution soviétique de 1936, il se composait de six républiques (Serbie,
Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Macédoine), et de
deux régions autonomes (Voïvodine et Kosmet - contraction de Kosovo-
Metohija - Metohija est un terme serbe qui signifie métairie, l'em ployer pour
désigner une terre, que l'on voulait albanaise, était impropre, d'où sa
disparition).
L'autonomie de la Dalmatie qui avait pourtant une identité historique
et géographique affirmées tant sous l'Autriche-Hongrie que sous la 1°
Yougoslavie (Banovine Primorska), ne fut pas accordée. Les Serbes de
Croatie, plus nombreux que les Albanais du Kosovo et qui vivaient dans des
districts bien définis n’ont même pas eut le droit à l'autonomie. Les
monténégrins du Monténégro (258 000), deux fois moins nom breux que les
Serbes de Croatie (633 000) et moins nombreux que les Albanais du Kosovo
(331 000), ont eu droit à avoir leur république. Pour les Allem and de
Yougoslavie qui en catimini avaient " disparus ", évoquer la question
nationale ne relevait que d'une " vue d'esprit ".
La bureaucratie yougoslave avait " résolu " la question nationale à sa
manière c'est à dire bureaucratiquement.
Dans la lutte contre le fascisme et l'exploitation capitaliste, les ouvriers
et les paysans avaient réalisé l'unité des peuples composant la Yougoslavie. Ils
luttaient pour une union libre des républiques libres dans les Balkans,
débarrassée de l'oppression et de l'exploitation. La bureaucratie stali-nienne,

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chevauchant cette aspiration, a transformé la fédération yougoslave en carcan
des peuples et source d'oppres-sion nationale et sociale. Elle avait repris à son
compte le vieux slogan de l'empire autrichien pour les Balkans " divide ut
imperes " (divise et règne) en cherchant à dresser les uns contre les autres les
peu-ples et en s'attaquant en réalité à tous les peuples.

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