Vous êtes sur la page 1sur 4

La France sollicite Dassault

Systèmes et OVH pour retenter


l'aventure du cloud souverain Elle
s'attend à avoir « les premiers
résultats en décembre 2019 »
7 octobre 2019 à 20.04

Après les échecs de Cloudwatt et Numergy lancés à l'initiative de Nicolas


Sarkozy en 2012, le gouvernement est bien décidé à retenter lʼaventure
d'un cloud souverain.
A lʼoccasion de la conférence Criteo IA Labs qui se tenait à Paris ce 3
octobre, le ministre des Finances Bruno Lemaire a annoncé que la France
a engagé les sociétés Dassault Systemes et OVH pour élaborer des plans
visant à briser la domination des entreprises américaines en matière de
cloud computing et s'attend à avoir « les premiers résultats en décembre
2019 ».

« Sur la base de ces résultats, nous voulons construire un cloud digne de


confiance pour stocker les données les plus sensibles de nos
entreprises », a-t-il déclaré, ajoutant que le projet serait réalisé au niveau
franco-allemand dans un premier temps et éventuellement au niveau
européen ultérieurement.

Paris s'inquiète du fait qu'une loi américaine de 2018 intitulée CLOUD Act
(Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act, soit loi clarifiant lʼutilisation
légale des données à lʼétranger) permette aux autorités américaines de
disposer des outils juridiques adéquats pour obliger les entreprises sises
aux États-Unis de fournir les données stockées sur leurs serveurs, y
compris ceux situés à lʼétranger, en cas de mandat ou dʼassignation en
justice.

Les prestataires de service doivent communiquer les « contenus de


communications électroniques et tout enregistrement ou autre
information relatifs à un client ou abonné, qui sont en leur possession ou
dont ils ont la garde ou le contrôle, que ces communications,
enregistrements ou autres informations soient localisés à lʼintérieur ou à
lʼextérieur des États-Unis ». Ces autorités américaines peuvent obtenir
des données, notamment personnelles ou de contenu, sans que la
personne « ciblée » ou que le pays où sont stockées ces données nʼen
soit informé.

Le Cloud Act renforce les pouvoirs des agences de surveillance


américaines, en facilitant leur accès aux données stockées dans des
datacenters appartenant à des sociétés dʼorigine américaine, peu
importe que ce soit en France, en Europe ou aux États-Unis.

« C'est totalement inacceptable », a déclaré Le Maire, ajoutant qu'une


solution devait être trouvée de toute urgence entre Washington et l'Union
européenne.

Du côté de Dassault Systèmes, c'est 3DS Outscale qui est à la


manœuvre. « Nous sommes directement concernés et prêts pour
amorcer cette nouvelle phase », souligne David Chassan, chief
communications officer de la filiale de Dassault Systèmes. 3DS Outscale
fait partie du comité stratégique sur la souveraineté numérique du
groupement Exatrust, qui vise à fédérer les champions français du cloud.
Aux côtés d'OVH, entre autres, elle est aussi membre du Cispe qui
affiche la même vocation, mais au niveau européen. « Notre stratégie
consiste à proposer une offre de cloud industrielle, sécurisée et de
confiance », insiste David Chassan. Dans cette optique, 3DS Outscale a
créé, parallèlement à son cloud historique, un cloud taillé pour le secteur
public ciblant à la fois l'administration, les sociétés publiques et les
opérateurs d'importance vitale.

L'offre pour les institutions publiques

Du côté des institutions publiques (services de lʼÉtat, collectivités


locales, etc.), l'État désignera en décembre parmi trois candidats le
revendeur informatique chargé de fournir des services de cloud. Trois
groupes informatiques ont répondu à lʼappel dʼoffres de lʼÉtat, Capgemni,
SoftwareONE, et un regroupement dʼAtos et SCC, ont indiqué des
sources à l'AFP. Le revendeur qui sera choisi proposera aux
administrations et aux collectivités locales, via lʼUgap, la centrale dʼachat
publique, des offres de cloud à un prix négocié, opérées par une petite
dizaine dʼacteurs du cloud.

Les opérateurs américains - AWS, Google, Microsoft notamment - feront


partie des fournisseurs, comme les exploitants français OVH, Scaleway
ou Outscale. La liste définitive dépendra du revendeur sélectionné par
lʼÉtat, les trois candidats nʼayant pas exactement la même offre.

Le marché potentiel de ces services, qui ne concerneront que les


données non sensibles, représente «de 350 à 450 millions dʼeuros»,
selon une source industrielle. Pour les données les plus stratégiques,
lʼÉtat aura recours à un cloud interne, géré par ses propres services sur
ses propres machines.

Ce cloud interne doit être constitué courant 2020.

Pour des données un peu moins sensibles, mais quʼil faut protéger de
regards indésirables, lʼÉtat aura recours à un cloud «dédié», géré par un
ou plusieurs opérateurs sans doute exclusivement européens, avec un
strict cahier des charges.

Lʼobjectif est dʼouvrir ce ou ces clouds « dédiés » au premier trimestre


2021.

OutScale

Sources : Reuters, AFP

Et vous ?

Que pensez-vous de ces initiatives ?

Vous aimerez peut-être aussi