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All content following this page was uploaded by Georgiana I. Badea on 10 November 2015.
Georgiana LUNGU-BADEA
Mirela POP
Rezumat
1. Introduction
Dans notre activité d’enseignantes, nous avons remarqué que les étudiants débutants
dans la pratique de la traduction générale, ne connaissant pas suffisamment la langue
étrangère, faisaient, au moment de la réexpression du texte à traduire en langue d’arrivée,
des erreurs qu’ils traitaient pour des fautes de traduction, mais qui trahissaient en fait leurs
lacunes en langue seconde. La pratique de l’enseignement de la traduction nous a permis
de constater la fréquence des fautes de traduction commises par les étudiants, à commencer
par les apprentis, ce qui nous a déterminées à tenter d’interpréter les sources des erreurs en
vue de leur correction.
Notre étude est née donc de la nécessité d’opérer une distinction, au niveau théorique et
pratique, entre deux types de fautes telles qu’elles ont été signalées par les spécialistes de
la traduction (Delisle, 1993, Newmark et Dancette, 1998) : erreurs issues soit d’une
mauvaise compréhension du TD1 (fautes de traduction ou fautes de sens), soit de la
méconnaissance des techniques de rédaction de la LA (fautes de langue).
Chargé de cours, maître assistant à l’Université “Politehnica” de Timisoara, Département de Langues
Modernes
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Nous présentons des cas concrets d’erreurs fréquentes en classe de traduction générale,
extraites des copies des étudiants de la I ère et de la II e année.
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Selon les théoriciens de la traduction (BELL, 2000 : 59), la notion de « compétence »
en traduction rend compte des connaissances et des habiletés que le traducteur doit
posséder dans quatre domaines : compétence grammaticale appelée également linguistique
(la connaissance des règles du code, y compris les règles de formation des mots,
phonétiques, les normes orthographiques, morphologiques et syntaxiques, d’organisation
de la phrase), sociolinguistique appelée aussi extralinguistique (la capacité de produire et
de comprendre les énoncés dans leur contexte, en fonction du statut des participants à la
situation d’énonciation, du but de l’interaction, etc.), discursive (la capacité de combiner le
sens et la forme afin de rédiger des textes unitaires, c’est-à-dire respecter la cohésion et la
cohérence) et stratégique (la maîtrise des stratégies de communication).
Pour d’autres spécialistes (Delisle, 1980, Lederer, 1994, Dancette, 1998), les
compétences requises à un traducteur professionnel sont: des compétences linguistiques
dans les deux langues (avec la composante „compétence de réexpression” en LA), des
compétences extra-linguistiques ou culturelles et des compétences logiques (la capacité
d’émettre des raisonnements analogiques). À ces trois compétences, on ajoute la
compétence de compréhension ou de lecture du TD (cf. DELISLE, 1980 et DANCETTE,
1998), indispensable à la compréhension d’un texte à traduire.
Nous pouvons dons conclure que l’acquisition de la compétence de traduction n’est pas
immédiate, compte tenu du fait que le processus de formation professionnelle est complexe
et peut durer pendant toute l’activité d’un traducteur, ce qui fait que les niveaux de
compétences des traducteurs varient en fonction de leurs expériences et habiletés
personnelles.
3. Types de fautes
Du point de vue de l’évaluation des apprentissages, la faute est définie comme
« l’erreur de forme ou de fond commise par inadvertance ou ignorance des connaissances »
linguistiques censées être acquises par tout usager d’une langue. (DELISLE, 1993 : 30). À
ce niveau, l’évaluation est liée à l’acquisition de la compétence communicative en langue
seconde.
Du point de vue de la pédagogie de la traduction, le terme faute renvoie à deux types
d’erreurs : fautes de traduction ou fautes de sens et fautes de langue. Dans ce cas,
l’évaluation des apprentissages repose sur l’acquisition de la compétence de traduction
(voir supra).
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3.1. Fautes de traduction
On considère faute de traduction toute erreur figurant dans le TA découlant d’une
interprétation erronée d’un segment du TD et aboutissant le plus souvent à un faux sens, à
un contresens ou à un non sens » (DELISLE, 1993 : 31). A ces notions « classiques », les
professionnels du domaine ajoutent les catégories suivantes : faux-amis, interférence,
omission, ajout, ainsi que les fautes de traduction issues d’une maîtrise insuffisante des
techniques de traduction.
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LR : În anii 90, francezii mănâncă tot ceea ce este bun pentru sănătatea lor şi nu mai binevoiesc
să înlocuiască plăcerea pentru zahărul adevărat.
LF: ... s’il a raison, certains récents best-seller ne seront pas réimprimés. (FM)
LR: ... anunţă că unele cărţi de succes nu vor fi rescrise.
LF: Tout le monde(…) veut la même chose : des derniers étages ou des étages élevés, bien exposés.
Or, les bâtiments n’ont pas que des cinquièmes ou sixièmes étages. (FM)
LR: Toată lumea doreşte etajele de la parter sau ultimele etaje. Dar clădirile nu au decât cinci-
şase etaje.
LF: Le Venezuela c’est un peu le bordeaux du cacao. (FM)
LR: Venezuela este o lume a cacao.
LF: La guerre d’Algérie, côté française, n’a pas laissé de grande œuvre…(FM)
LR: Războiul Ø nu a adus cu sine o operă literară...
LF: ... évocation d’une enfance pied-noir … (FM)
LR: ... prezentarea unei copilării în picioare negre ...
LF: ... on ne peut rien savoir du Christ historique: les évangiles (...) ont été composés loin de
milieu juif de Palestine, dans les grandes cités cosmopolites de l’Empire romain, par des
idéologues plus ou moins platoniciens. (FM)
LR: ... nu ştim nimic despre istoria lui Isus Hristos. Evangheliştii au fost compuşi în afara
mediului/cercului evreu din Palestina şi s-au constituit de către ideologi mai mult sau mai puţin
platonicieni.
3.1.5. L’interférence est désignée comme une déviation d’un mot ou d’une expression
par rapport à la norme, suite au contact entre deux langues. Le phénomène d’interférence
est fréquent dans le cas des langues apparentées, telles que le roumain, le français et
l’italien, mais il se manifeste également dans les conditions d’acquisition par un usager de
deux ou plusieurs langues étrangères (par exemple, la situation d’un roumain qui
apprendrait en même temps le français et l’anglais) : language (engl.) :: langage (fr.),
Bucharest (engl.) :: Bucarest (fr.), sense (engl.) :: sens (fr.) etc.).
LF : … une procession de courtisans … descendaient la rampe d’accès à la fosse.(NH 2)
LR : … o procesiune de curtizani ... coborau rampa de acces în groapa ...
LF : Le son de la lyre évoquait le mugissement des bovidés … (NH 2)
LR : Sunetul lirei evoca mugetul bovidelor …
3.1.6. L’omission comme type de faute de traduction équivaut à une absence d’un effet
de sens ou stylistique du TD. Ce type d’erreur ne doit pas être confondue avec l’omission
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stratégique, volontaire d’un élément du TD que le traducteur compensera dans un endroit
du TA autre que celui d’origine. Il faut également noter que l’omission peut être à l’origine
de fautes de sens (v. supra).
LF: En effet, lorsqu’une entreprise cherche entre 1000 et 5000 mètres carrés de bureaux,
facilement modulables, elle aura du mal à trouver . (FM)
LR : De fapt Ø o întreprindere caută suprafeţe între 1000 şi 1500 metri pătraţi Ø Ø Ø ...
LF : Jérôme, lance-t-il à son assistant, un moustachu buriné … (FM)
LR : Jérôme, îi spune asistentului său Ø Ø ...
LF: ... à dix minutes des fastes cannois (…) on peut y savourer … (FM)
LR: ... la zece minute de aici Ø putem savura ...
LF: L’objectif d’Eurofrance, le groupe à l’origine du projet de golf, était de … (FM)
LR: Obiectivul Eurofrance Ø era ...
3.1.7. L’ajout est l’erreur par laquelle on introduit dans le TA des éléments
d’information ou stylistiques non justifiés, absents du TD. (cf. DELISLE, 1993 : 20).
LF : La dame, « la domina », se tient au centre du jeu. Elle est l’épouse du seigneur, à qui on l’a
généralement unie fort jeune …(NH1)
LR: Doamna, în limba latină „domina”, este ţinta jocului. Ea este soţia seniorului cu care a fost
obligată să se căsătorească de la o vârstă foarte fragedă ...
3.2.1. Le barbarisme peut être défini comme faute de traduction qui consiste à
reproduire, sous l’influence du TD, la structure grammaticale des mots étrangers.
LF : L’amour serait-il né au 12e siècle, comme l’écrivit le médiéviste Charles Seignobos ? (NH 1)
LR : Să se fi născut iubirea în secolul al XII-lea, aşa cum scria medievalistul Charles Seignobos ?
LF : Les 32000 travailleurs de cette forteresse …qui fonctionnait très irrégulièrement…(L)
LR : Cei 32000 de angajaţi ai aceste fortăreţe ... care funcţiona foarte iregular ...
LF : Bouleversé par une multitude de nouveaux courants …(NH 1)
LR : Bulversată de o multitudine de curente …
LF : Un papyrologue bouscule les idées modernes sur… (FM)
LR : Un profesor bulversează/busculează ideile moderne despre ...
LF: Les financiers hésitent. (FM)
LR: Finanţiştii ezită.
LF : … l’étude des textes anciens écrits sur le « papier » de l’Antiquité … (FM)
LR : ... studiul de papirus ale Antichităţii ...
3.2.2. Les impropriétés comme fautes de langue sont dues à un emploi inapproprié des
structures de la LA (par exemple, l’emploi inadéquat du régime prépositionnel).
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LF : … le géant d’Atlanta, qui vient d’investir … dans la sponsorisation des Jeux Olympiques
d’été. (E)
LR : ... gigantul din Atlanta care tocmai a investit ... în sponsorizarea Jocurilor Olimpice din vară.
LF : Amateurs, à vos cannettes! (E)
LR : Amatori de cola, daţi buzna pe răcoritoare!
3.2.3. Le solécisme est une faute de langue découlant d’un emploi inadéquat des
structures syntaxiques de la LA (charnières, structures corrélatives etc.).
LF: L’objectif d’Eurofrance, le groupe à l’origine du projet de golf, était de laisser faire les
Français quant à l’adaptation du progrès immobilier. (FM)
LR: Obiectivul Eurofrance era adaptarea progresului imobiliar cu progresul de golf.
3.2.6. Les fautes de grammaire désignent les erreurs qui ne sont pas conformes aux
normes grammaticales de la LA (par exemple, les désaccords).
LF : Blue Project est bien l’une des opérations de communication … les plus osées … (E)
LR : Blue Project este, pe bună dreptate, unul din cele mai îndrăzneţe operaţiuni ...
LF : L’amour serait-il né au 12e siècle … ? … la société féodale lui ménagea en tout cas une place
privilégiée, l’érigeant au rang de …(NH 1)
LR: Să se fi născut iubirea în secolul al XII-lea ... ? ... societatea feudală i-a rezervat în orice caz
un loc privilegiat, ridicându-l la rangul ...
LF : Le principe du film (…) est une vieille rengaine qui a alimenté des dizaines des films. (FM)
LR : Este un subiect care hrănesc o mulţime de filme.
LF : … l’étude des textes anciens écrits sur le « papier » de l’Antiquité … (FM)
LR : ... studiul de papirus ale Antichităţii ...
LF : Nos instituts enseignent le français. (FM)
LR : Instituturile noastre care predau franceza.
4. Conclusion
S’inscrivant dans le domaine de la pédagogie de la traduction, l’étude souligne
l’importance de l’évaluation des traductions à des fins d’apprentissage reposant sur deux
volets : l’un qui intègre la démarche d’enseignement planifiée par l’enseignant et l’autre, la
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démarche d’apprentissage suivie par l’apprenti-traducteur. Dans cette vision, notre
recherche se veut un outil de révision et de clarification des divers types de fautes qui
peuvent paraître dans une démarche d’enseignement / d’apprentissage centrée sur la
transmission / l’acquisition d’une compétence de traduction.
Notes
1. Nous utilisons les notations consacrées par l’usage dans le domaine de la théorie de la traduction : TD / LD
(texte / langue de départ), TA / LA (texte / langue d’arrivée), TAT (texte à traduire), LF (langue française),
LR (langue roumaine).
2. Les spécialistes (LAROSE, 1989 : 217) distinguent deux groupes d’études menées sur l’évaluation des
traductions dans les années ‘70: les études conçues à des fins pratiques, didactiques ou professionnelles (par
exemple, les critères d’évaluation proposés par Darbelnet, 1977, Horguelin, 1978, les grilles Sical I, 1977 et
Sical II, 1978, Gouadec, 1974) et les études à caractère théorique (les études expérimentales de Nida, 1969,
Caroll, 1966, Miller Beebe Center, 1958 et les études textologiques centrées sur la structure textuelle
entreprises par Kuepper, 1977, House, 1977, de Beaugrande, 1978, Holmes, 1978 Pour une documentation
plus détaillée sur le sujet, nous renvoyons le lecteur au livre de Robert Larose (1989) (cf. 9 et 10, pp. 199-
291).
3. Les exemples-source sont extraits des publications suivantes dont nous notons également le sigle :
L’Express 11 /7/96 (E), Le Figaro Magazine, Cahier n0 3, 14 avril 1995, n0 15755 (FM), Notre Histoire,
novembre 1994 (NH 1), Notre Histoire, décembre 1995 (NH 2), Libération, 12 janvier 1997 (L), Libération
Cinéma, 28 mars 2000 (LC).
Bibliographie
1. BOLTON, S., Évaluation de la compétence communicative en langue étrangère,
Paris, Hâtier Didier, 1991.
2. DANCETTE, J., Parcours de la traduction, Lille, Presses Universitaires de Lille,
1998.
3. DELISLE, J., La traduction raisonnée, Ottawa, Presses Universitaires d’Ottawa,
1993.
4. LAROSE, R., Théories contemporaines de la Traduction, Québec, Presses de
l’Université du Québec, 1989.
5. LUNGU-BADEA, G., « Traduction à vue. Caractéristiques et évaluation »,
Timişoara, Centrul de multiplicare, Buletinul Ştiinţific al Universităţii
« Politehnica » din Timişoara, tom 42(56), 1997, p. 35-38.
6. LUSSIER, D., Évaluer les apprentissages, Paris, Hachette, 1992.
7. POP, M., Initiation à la traduction. Cahier de séminaire pour la Ière année,
Tipografia Universităţii „Politehnica” din Timişoara, 1999.
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