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La sculpture au XVIIIe siècle 

La statue équestre de Louis XV par Bouchardon

Edme Bouchardon né à Chaumont en Bassigny, le 29 mai 1968 et mort à Paris le 27


juillet 1762 est un sculpteur et dessinateur français. Grâce à sa réputation qui le précède ainsi
que son talent , Bouchardon fut choisi par la ville de Paris en 1748, lorsqu'il fut décidé
d’élever une statue équestre au centre de la place spécialement aménagée par l'architecte J.A
Gabriel.
Lorsqu'il fut choisi par la ville de Paris en 1748, pour l’exécution de la statue équestre de louis
XV, Edme Bouchardon était déjà un sculpteur accompli. Élève de Guillaume Coustou puis,
pensionnaire à l’académie de France à Rome entre 1723 et 1732, il s'y fait remarquer par des
copies et des restaurations d'après l'antique et reçoit des commandes pour les papes. De
retour à Paris, il est le rival de J.B Lemoyne auprès du roi. Il se fera ainsi remarquer
également par de nombreuses œuvres toutes plus célèbres les unes que les autres comme par
exemple la Fontaine de la rue de Grenelle à Paris, la statue de l'amour et le monument que
nous allons étudier tout au long de ce devoir, la statue équestre de Louis XV .
La statue équestre de Louis XV fut entreprise entre le 17 juillet 1748, date de la commande
et le 23 octobre 1749, signature du marché. Bouchardon exécuta alors un premier projet,
donnant les lignes définitives du monument conforme aux termes du marché.
Cette dernière œuvre, disparue au cours de la révolution est de ce fait, moins connue que les
deux premières mais occupe malgré tout une place importante parmi les statues royales et
plus particulièrement celles érigées en l'honneur de louis XV. En effet, la statue équestre de
Louis XV est l'une des premières statues élevées à Paris après celle de louis XIV de Girardon.
Malgré tout , un débat persiste quant a ses influences. En effet, pour Bouchardon sa
conception suit la tradition française, s'inspirant du Marc Aurèle antique de Rome, noble et
calme et rejetant la forme « berninesque » du cavalier sur un cheval cabré. Pour l'élévation
de cette statue, il prône donc un retour au naturel, à l'antique pour rompre avec les influences
Rococo du siècle et revenir à l'expression naturelle, classique et noble des expressions. Pour de
nombreux sculpteurs cette thèse est favorable et représente tout a fait les ambitions de
Bouchardon. Pour d'autres, ce retour à la beauté antique et naturelle demeure plus ou moins
contestable.
Il convient ainsi de voir comment Bouchardon, à travers la statue équestre, contribue a un
retour a la « beauté naturelle antique », afin de lutter contre le style rococo, symptôme à
l’époque du relâchement des mœurs ?  
Nous verrons ainsi dans un premier temps, la volonté de Bouchardon, a travers la statue
équestre, de revenir a un idéal antique et sa façon d'y parvenir en respectant les proportions,
la vraisemblance, les formes et contrer la ferveur du rococo qui commence a être vu comme
vulgaire.
Cependant, nous verrons dans un second temps que les projets initiaux prévus par
Bouchardon connurent quelques modifications et qu'il devra faire face a de nombreuses
critiques quant aux influences pour réaliser la statue et quant aux résultats qui seraient selon
lui inspirés de la statue équestre de Marc Aurèle et de son retour a l'antique.

I. la statue équestre de Louis XV : Un retour à la beauté naturelle antique, des dessins a
la sculpture :
En 1730, en réaction au style rocaille, symptôme d'une royauté française déliquescente, les
artistes vont organiser la résistance. En effet, malgré des réalisations prestigieuses, l'univers
du rococo à soudain été assimilé a une sorte de décadence par ses courbes plus que gracieuses,
ou encore ses singeries et ses sentiments qui étaient pour certains, la raison du relâchement
des mœurs. Ainsi, comme le dit Marc Fumaroli « il a fallu a tout prix allumer un contre feu à
cette image excessive et envahissante d'une royauté en vacance ». C'est ainsi qu'a Paris
l'offensive se dessine dès le début des années 1730 autour de personnalités comme le comte de
Caylus, l'antiquaire Mariette et bien sur Bouchardon qui va concrétiser réellement ce
mouvement.
En effet, sculpteur parmi les plus illustres sous le règne de Louis XV, Bouchardon est
considéré par ses contemporains comme l'artiste qui a « amené le goût simple et noble de
l'antique. ». En effet, à travers la statue équestre de louis XV, Bouchardon va s’écarter du
style rocaille pour se faire l’interprète du mouvement culturel qui préconisait le retour a un
idéal classique. On voit ainsi que cette sculpture va privilégier les attitudes simples et
élégantes, non dénuées d'une certaine solennité malgré tout. De plus, on peut observer que
Bouchardon à travers cette statue refuse le mouvement, la sensualité et l'emphase du baroque.
En effet, edme Bouchardon a abandonné son premier projet d'inspiration Berninesque, pour
recourir à la conception antique de la statue équestre, noble et calme de Marc Aurèle. Cette
volonté de retour a un idéal classique est donc omniprésente à travers la statue équestre de
Louis XV réalisé par Bouchardon et qui est analysable sous plusieurs angles d'approche :
La statue équestre de Louis XV est une statue de bronze, présentant un émargement à trois
degrés et qui fait quinze pieds de haut dont seulement douze pour le roi. Pour pousser
l'analyse, nous sommes face a une statue équestre en bronze composée d'un cheval marchant
dans une position noble, monté par le roi Louis XV.
A travers cette statue, la figure du roi affiche plus une attitude pacificatrice que conquérante,
est couronnée de laurier, possède une coiffe à la moderne, et est vêtu tel un romain. Certains
ont notamment reproché à Edme Bouchardon l'inconvenance de vêtir un roi français avec le
« paludamentum antique » mais ce choix résulte d'une volonté de rompre avec le style rococo
et de prôner son retour à l’idéal antique.
Edme Bouchardon va également, entreprendre la réalisation d'un piédestal qui fut finaliser
par d'autres sculpteurs et notamment Pigalle afin de servir de base à l’élévation de la statue
équestre. Ce piédestal est orné de deux bas relief représentant d'une part, le roi faisant
présent de la paix en Europe et ensuite le roi dans un char de triomphe couronné par la
victoire. De plus, il dispose aux quatre angles du piédestal en marbre blanc, des figures dite
cariatides qui devaient être en bronze mais qui n'ayant pas été achevées par Bouchardon suite
a sa mort, seront réalisées par Pigalle en plâtre doré. A travers ces cariatides, on constate une
conception moins traditionnelles que la statue équestre inspiré directement de celle de Marc
Aurèle. Malgré tout, leur réalisation est remarquable notamment par le modelé de la chair
accentué par les effets d'ombre et de lumière rendus par les hachures légères ou très denses
sans nuire pour autant à la vérité du mouvement qui est pour chacune différent. Ces quatre
figures représentaient quatre vertues: force, paix, prudence et la justice. Ces cariatides
semblent notamment supporter le socle de la statue équestre de louis XV .

Pour parvenir a la réalisation de cette œuvre, très ancrée dans la primauté de la raison,
un idéal de parfaite adéquation entre la forme et le fond, une volonté d'harmonie et de
simplicité, Bouchardon procéda a une série de dessins préparatoires destinés a retranscrire de
la manière la plus précise possible les diverses parties du monument. A travers les différents
dessins, que ce soit la tête de cheval, la mise en scène du cavalier ou encore la retranscription
du cheval quant a sa réalisation, Edme Bouchardon ne recherche ni l'anecdote, ou le
pittoresque. Bien au contraire, tous les dessins de Bouchardon témoignent d'une volonté
d'observation savante de la nature. Cette étude était nouvelle pour les sculpteurs et il s'y livra
avec passion.
Ainsi, les dessins de tête de cheval, témoignent d'une volonté de transposer une beauté et
d'une élégance des formes, les études d'écorchées montrent l’analyse des muscles, des
proportions. Mais aussi, l’étude du cavalier de trois quarts ou encore du cavalier nu pour
lequel Bouchardon fut conseillé par de nombreux écuyers, montre sa volonté de retranscrire
la réalité tout en matérialisant une beauté naturelle par l’étude des gestes, de la position du
cavalier ou encore ses proportions. Il y a également un dessin présentant l'ensemble de la
statue équestre (cavalier + cheval) qui montre ainsi la précision et la rigueur de Bouchardon
quant a la réalisation la plus vraisemblable de cette statue a la réalité.

II. La statue équestre de louis XV réalisé par Bouchardon, une œuvre complexe :

La statue équestre de Louis XV est une statue remarquable qui se démarque par sa beauté et
l'élégance de ses formes. Mais ses origines et son existence demeure cependant assez contestées
car pour certains elle est une descendante de la statue de Marc Aurèle, alors que pour
d'autres, notamment Falconet, elle n'a rien avoir avec la statue équestre de Marc Aurèle qui
est pour lui mal étudiée et mal proportionnée tout le contraire de l’œuvre de Bouchardon. En
effet, Falconet montre a travers son ouvrage « observation de la statue équestre de Marc
Aurèle» son opposition quant a une quelconque ressemblance avec la statue équestre de
Bouchardon. Pour lui, lorsqu'on souhaite réaliser une statue équestre on doit être guidé par le
beau naturel ou comme le dit Falconet « le beau du naturel ». En effet, selon Falconet, c'est le
naturel qui est le guide unique dans ces sortes d'ouvrages. C'est ainsi qu'il va légitimer son
action et ses critiques formulées dans son ouvrage ou il oppose systématiquement les
proportions du cheval de Marc Aurèle avec celle d'un cheval naturel. Selon Falconet, la
beauté idéale n'avait rien d'imaginaire, elle se base sur une réalité de la nature.
Toutes ces idées, on les retrouve dans son « observations de la statue équestre de Marc
Aurèle » ou il conteste d'une part toute ressemblance avec la statue de Bouchardon qui pour
lui respecte « le beau du naturel » et d'autre part formule ses critiques quant à l'idée que la
statue de Marc Aurèle soit bien proportionnée et réelle.
• « Si Bouchardon eu fait sincèrement cet éloge, vous ne verriez pas son cheval aussi
différent que celui dont nous parlons » / « Quelque vénération qu'ait pu avoir ce savant artiste
pour le cheval de Marc Aurèle, s'il n’eut pas étudié les plus beaux chevaux, le sien ne pourrait
être que médiocre » Ici, Falconet remet en cause les dires de Bouchardon comme quoi pour
réaliser sa statue équestre, il se serait inspiré de celle de Marc Aurèle. En effet, Falconet
admirant le travail de Bouchardon, il ne pense pas que que ce dernier ait pu s'inspirer de la
statue de marc Aurèle étant donné que « de quelque coté ou de quelle distance on la voie, est
désagréable, disproportionnée et point du tout aux belles têtes de chevaux naturels ».
On voit ainsi avec sa statue équestre de Pierre le Grand qui se situe a St Saint-Pétersbourg,
qu'il cherche une nouvelle fois a saisir la réalité de l'instant précis où le cheval fougueux se
cabre. Malgré tout, le cheval , ici est arrêté brusquement, ce qui est tout a fait inhabituel dans
une statue équestre.

Pour d'autres, notamment Diderot, toutes les caractéristiques que voulait exploiter Edme
Bouchardon, se retrouvent a travers de grandes personnalités de l'histoire comme Michel
Ange En effet, Diderot dans « Correspondance littéraire » du 15 août 1762 reconnaît non
seulement que les dessins de Bouchardon étaient très recherchés, qu'ils avaient la force de
Michel Ange pour « le grand goût de l'antique qui ravit tant ceux qui sont sensibles à la vraie
beauté » mais également, que malgré les critiques, elle reste la plus belle statue de France et
admire la manière de réaliser l’œuvre. En effet, on retrouve l'influence de ces artistes dans les
traits de dessins de Bouchardon quant a la stature du cheval, sa position, les habits du roi, la
position des pieds du cheval montrant la maîtrise des fondeurs antiques, ou encore les objets
symboliques tels que la couronne de laurier . Certes, comme le montre Falconet certains
éléments diffèrent entre la statue équestre de Marc Aurèle et celle de Louis XV mais elle tire
malgré tout ses origines et sa volonté de retour a un idéal classique de cette statue même si elle
differe quant a sa réalisation.

Au final, on constate que la statue équestre de Louis XV de Bouchardon fut une œuvre
complexe. En effet, Bouchardon et ses collaborateurs font de cette statue le témoin d'un retour
a une beauté dite naturelle et réelle qui s'inspire pour cela des œuvres de l'antique dont les
origines varient selon les courants idéologiques.
Cependant, malgré sa réalisation parfaite, elle suscita de nombreuses critiques de la part du
peuple qui, à l’époque de l'inauguration de la statue, avait à la tête du pouvoir un roi qui est
devenu très impopulaire et ils chantent tous alors « Ah ! La belle statue, ah ! Le beau
piédestal  ! . Les vertus sont a pied et le vice à cheval. »
Ceci, conduisit a sa destruction lors de la révolution mais elle n'en demeure pas moins célèbre
et elle fera l'objet de nombreuses reproduction en taille réduite par de nombreux sculpteurs et
notamment par son successeur Pigalle

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