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Des termes comme « de nouvelles forces », A titre de référence, la plupart des grandes
« les légions », « des gens », « le grand front » batailles médiévales impliquaient entre dix
ou « toute la force d’hommes » sont autant de mille et quarante mille combattants : environ
manières d’éviter de chiffrer, même de façon 15 000 pour Hastings, 20 000 pour Azincourt
assez vague, les forces en présence. Pourquoi et deux fois plus pour Crécy (avec des pertes
cette réticence à la quantification ? extrêmement variables).
D’abord, sans aucun doute, pour une question Ces chiffres n’ont toutefois aucun lien avec la
de vraisemblance : ce n’est pas au cœur d’une dimension de ces batailles dans l’imaginaire
bataille, dans le feu de l’action, qu’il convient collectif : ainsi, la bataille d’Azincourt n’est
de dénombrer l’ennemi ou de chiffrer les pas perçue comme « deux fois moins épique »
pertes ; une telle comptabilité risquerait tout que celle de Crécy, laquelle n’est pas non plus
simplement de « rompre le charme » installé considérée comme « trois fois plus épique » ou
par le conteur Tolkien. « impressionnante » que celle d’Hastings.
Une autre raison possible est que la plupart En restant délibérément flou sur le nombre de
des armées de la Terre du Milieu, combattants impliqués dans ses batailles,
conformément à sa démographie générale, se Tolkien dissuade habilement son lecteur de se
chiffrent sans doute plus en milliers de livrer à des comparaisons ou à des « comptes
combattants qu’en centaines de milliers : si d’historien » qui risqueraient de nuire à son
l’on insiste trop sur ces nombres, le lecteur immersion dans la réalité imaginaire de la
moderne, habitué aux chiffres monstrueux Terre du Milieu.
des guerres modernes (plus de 300 000 morts
Moral et Héroïsme
Là encore, les procédés employés par Tolkien
dans sa narration romanesque peuvent
constituer un modèle pour les Conteurs
désireux de mettre en scène des batailles à Toujours dans cette même perspective
grand spectacle. héroïque, la narration des batailles chez
Tolkien accorde beaucoup d’importance au
Cela ne signifie pas que le Conteur doit moral des troupes et à des émotions comme la
refuser de répondre à des questions comme peur, le désespoir (ou, tout au contraire,
« De combien d’hommes disposons-nous ? » l’exaltation guerrière), comme on peut le voir
mais qu’il est préférable d’éviter de recourir à dans ces extraits du Retour du Roi :
une comptabilité trop précise ou trop
insistante, tout spécialement au cours de la « Mais il ne resta bientôt plus beaucoup
bataille, du style « Vous avez perdu 250 d'hommes qui eussent le cœur de se dresser
hommes dans le dernier assaut ! ». pour défier les armées du Mordor. Car le
Seigneur de la Tour Sombre disposait d'une
De même, les effectifs ennemis peuvent tout à autre arme encore, plus rapide que la faim : la
fait être évoqués, de préférence avant la peur et le désespoir. »
bataille, mais afin de donner un ordre de
grandeur général et non une quantification « Alors toute l'armée de Rohan éclata en
précise. Dans le contexte d’un scénario de jeu chants, les hommes chantaient tout en
de rôle, des phrases comme « On parle de massacrant, car la joie de la bataille était en
trois ou quatre milliers d’hommes, dont plus eux, et le son de leur chant, qui était beau et
de la moitié à cheval… » ou « Il est impossible terrible, parvint jusqu'à la Cité. »
de les dénombrer, mais ils sont assurément
plusieurs milliers ! » sont largement aussi Dans cette vision épique de la guerre, la
évocatrices (et sonnent beaucoup mieux) que vaillance des héros a un impact direct sur le
des phrases comme : « Ils sont 3800, dont moral des combattants, comme l’illustrent ces
2100 cavaliers. » ou « L’armée des Haradrim extraits des Deux Tours et du Retour du Roi :
compte 750 hommes et 14 oliphants. »
« Les hommes de Rohan commençaient à être
Quant aux pertes, il est à la fois plus facile et fatigués. Ils avaient épuisé leurs flèches et tous
plus efficace sur le plan dramatique de les leurs javelots, les épées étaient ébréchées et
gérer avec un certain flou artistique durant la leurs boucliers fendus. Par trois fois, Aragorn
bataille, comme le fait Tolkien lui-même (ne et Eomer les rallièrent, et par trois fois Anduril
serait-ce que pour restituer l’incertitude des flamboya en une charge désespérée qui
personnages plongés dans la bataille). repoussait l'ennemi du mur. »
Une fois le combat terminé, il sera toujours « Entendant la grande voix du Nain qui
temps de compter les morts – décompte qui dominait tout le tumulte, Gamelin le Vieux
n’en sera alors que plus parlant. regarda du haut du Fort le Cor. «Les Orques
sont dans le Gouffre ! cria-t-il. Helm! Helm !
En avant Helmingas ! » hurla-t-il, bondissant
dans l'escalier qui descendait du Rocher, suivi
de nombreux hommes de l'Ouestfolde. Leur
attaque fut aussi féroce que soudaine, et les
Orques lâchèrent pied. »
Dans les batailles de la Terre du Milieu, les
héros ne sont pas seulement ceux qui se
battent mieux que les autres. Ils sont aussi des
meneurs d’hommes naturels, des champions
dont les actions et la force d’âme peuvent
inspirer ceux qui combattent à leurs côtés, tel
qu’on peut le voir dans ce passage du Retour
du Roi mettant en scène Theoden :
« Il parut de nouveau grand et fier, et, debout
sur ses étriers, il cria d'une voix forte, si claire
qu'aucun de ceux qui étaient là n'en avait
jamais entendu de pareille chez un mortel :
Debout, debout, Cavaliers de Théoden!
Des événements terribles s'annoncent: feux et
massacres!
La lance sera secouée, le bouclier volera en
éclats,
Une journée de l’épée, une journée rouge,
avant que le soleil ne se lève!
Au galop maintenant, au galop! A Gondor!
Là-dessus, il saisit un grand cor des mains de
Guthalf, son porte-étendard, et il lança une
telle sonnerie que le cor se rompit. Et aussitôt
tous les cors de l'armée furent élevés à
l'unisson et la sonnerie des cors de Rohan en
cette heure fut comme une tempête sur la
plaine et le tonnerre dans les montagnes. »
Dans les récits de Tolkien, la fougue et la
vaillance d’un seul héros (Aragorn, Eomer,
Faramir, Theoden…) se propage souvent vers
ses compagnons d’armes, comme par exemple
dans cet extrait du Retour du Roi, décrivant le
choc entre cavaliers Rohirrim et Haradrim : Là encore, l’approche utilisée par Tolkien le
romancier peut être directement transposée
Théoden (…) ne voulut pas attendre son par le Conteur d’un scénario de La Terre des
attaque: sur un cri à Nivacrin, il chargea à Héros. En termes de règles de jeu, cela signifie
fond pour le recevoir. Grand fut le choc de également qu’une bataille n’est pas qu’une
leur rencontre. Mais la furie blanche des
affaire de Vigueur et de talent Guerrier, mais
Hommes du Nord était la plus ardente, et leur
peut également faire intervenir les qualités
chevalerie était plus habile avec ses longues héroïques d’un personnage (le Courage, bien
lances, et implacable. Ils étaient moins sûr, mais aussi la Volonté ou la Loyauté) ainsi
nombreux, mais ils fendirent les rangs des
que des traits a priori sans lien direct avec les
Suderons comme un coup de foudre dans la
combats, comme par exemple la Présence, qui
forêt. En plein milieu de la mêlée se trouvait le peut refléter l’aura presque surnaturelle qui
fils de Théoden, Thengel, et sa lance fut brisée semble nimber certains héros du Seigneur des
comme il jetait leur chef à terre. Son épée
jaillit, il piqua sur l'étendard et fendit hampe Anneaux lors des batailles – cette « gloire »
(au sens premier du terme) que la tradition
et porteur, et le serpent noir s'effondra. Alors, celtique nomme « la lumière du héros » et
tout ce qui restait de la cavalerie ennemie dont le seul spectacle peut suffire à faire fuir
tourna bride et s'enfuit au loin. l’ennemi. Tel est notamment le cas du roi
Theoden monté sur son cheval Nivacrin lors
A l’inverse, l’aura de puissance qui entoure les
de la bataille des Champs du Pelennor :
serviteurs les plus puissants de l’Ennemi
(comme le Roi-Sorcier d’Angmar ou même
Gothmog, le lieutenant de Minas Morgul), ou
Il paraissait emporté par la folie, ou la fureur
tout simplement leur pouvoir d’intimidation,
de bataille de ses pères courait comme un
peut peser de façon décisive sur la combativité
nouveau feu dans ses veines, et il était porté
par Nivacrin comme un dieu de jadis, voire
des troupes qu’ils commandent, comme le
rappelle Faramir dans Le Retour du Roi :
même comme Oromë le Grand à la bataille de
Valar, quand le monde était jeune. Son
« Mais c'est le Capitaine Noir qui nous défait. bouclier d'or, découvert, brillait telle une
Peu d'hommes veulent tenir et affronter la image du Soleil (…)
seule rumeur de sa venue. Ses propres gens
tremblent devant lui, et ils se tueraient sur son Le chapitre III examine de plus près cette aura
ordre. » du héros et son traitement en termes de jeu.
Plans de Bataille
- Ce ne fut là qu'un essai, dit Faramir.
Conformément à son approche résolument Aujourd'hui, nous pouvons faire payer à
héroïque du récit de bataille, Tolkien choisit l'Ennemi dix fois nos pertes à ce passage et
également de ne pas s’attarder outre-mesure pourtant regretter l'échange. Car il peut plus
sur les questions tactiques ou stratégiques. facilement se permettre de perdre une armée
que nous une compagnie. Et la retraite de
Certes, celles-ci ne sont pas absentes du récit, ceux que nous enverrons en campagne au
mais elles sont le plus souvent évoquées en loin sera périlleuse s'il remporte le passage en
amont de la bataille proprement dite, par force.
exemple lors de dialogues entre les héros et
des personnages-non-joueurs importants, à la - Et Cair Andros ? dit le Prince. II faut tenir
manière de cet extrait du Retour du Roi : cela aussi, si Osgiliath est défendue.
N'oublions pas le danger sur notre gauche. Les
Le Conseil avait été convoqué de bonne heure Rohirrim peuvent arriver comme ils peuvent
le matin. Là, tous les capitaines avaient jugé ne pas le faire. Mais Faramir nous a parlé de
qu'en raison de la menace dans le Sud, leur grandes forces qui s'avançaient toujours vers
force était trop réduite pour porter aucun la Porte boire. Il peut en sortir plus d'une
coup de guerre de leur côté, à moins d'une armée, qui se dirigeront sur plus d'un passage.
arrivée fortuite des Cavaliers de Rohan.
Jusque là, on devait garnir les, murs et En termes de règles, de telles considérations
attendre. relèvent du talent de Stratège – un talent qui,
comme dans les romans de Tolkien, peut être
- Cependant, dit Denethor, nous ne devrions d’une importance déterminante, mais dont
pas abandonner à la légère les défenses l’utilisation a plus de pertinence dans une
extérieures que les Rammas ont édifiées avec salle de conseil ou un camp militaire qu’une
tant de, peine. Et l'Ennemi doit payer fois la bataille engagée. Comme dans toutes
chèrement le passage du Fleuve. Ce passage, il les situations où des choix difficiles doivent
ne peut l'accomplir en force suffisante pour être faits (ou de graves erreurs de jugement
attaquer la Cite, ni au nord de Cair Andros à évitées), la Sagesse pourra également entrer
cause des marais, ni au sud vers Lebennin à en ligne de compte.
cause de la largeur du Fleuve, qui nécessite de
nombreuses embarcations. C'est à Osgiliath Pour plus de détails sur l’utilisation du talent
qu'il fera porter son poids, comme auparavant de Stratège en scénario, voir le chapitre III.
quand Boromir lui a interdit le passage.
Tolkien, le Roman et l’Epopée
Sur le plan littéraire, les récits de bataille chez
Tolkien présentent un mélange soigneusement
équilibré de roman et d’épopée.
La narration du Seigneur des Anneaux est
caractéristique du genre romanesque : l’auteur
accorde beaucoup d’attention au rythme du
récit, qu’il cherche à rendre le plus dynamique
possible, tout en offrant au lecteur des images
suffisamment frappantes ou évocatrices pour
Les Mots de la Guerre créer chez une impression de réalité visuelle,
le plongeant au cœur de l’action. Tous ces
éléments peuvent sembler aller de soi aux
Le roi et ses compagnons poursuivirent leur lecteurs d’aujourd’hui, mais il est important de
course. Capitaines et champions tombaient ou comprendre que Tolkien fut finalement un des
fuyaient devant eux. Ni Orque ni homme ne leur premiers auteurs à adapter ces procédés
résistaient. Les ennemis présentaient le dos aux romanesques hérités du XIXème siècle à un
épées et aux lances des Cavaliers, et leur face à la fond véritablement épique.
vallée. Ils poussaient des cris et des gémissements,
car la peur et un grand étonnement les avaient Dans les textes épiques anciens, les chansons
envahis avec le lever du jour. de geste ou les romans de chevalerie, l’action
peut être fort répétitive et ne se soucie guère
Les Deux Tours de créer une quelconque « illusion de réel »
chez le lecteur, tout simplement parce que de
telles considérations étaient étrangères à l’art
Enfin, le récit de bataille tolkienien utilise un littéraire tel qu’on le concevait à ces époques.
lexique particulier, dont l’utilisation en cours Dans cette modalité épique traditionnelle, il
de jeu pourra ajouter à vos descriptions un s’agit avant tout d’impressionner le lecteur ou
certain vernis « d’authenticité ». l’auditeur, ce qui passe obligatoirement par le
recours à une certaine démesure, à grands
Ainsi, le mot Capitaine est souvent utilisé pour renforts d’hyperboles et autres amplifications.
désigner celui qui commande une armée ou Dans de tels récits, l’idée essentielle est celle de
une compagnie - non pas comme un grade la merveille, au sens premier du terme (c'est-
militaire précis, mais comme un terme usuel, à-dire le prodige, l’extraordinaire) : les héros
au même titre que guerrier, sage ou seigneur. font merveille sur le champ de bataille, le
Le Roi-Sorcier d’Angmar se voit ainsi attribuer spectacle de la bataille est merveilleux, même
le titre de « Capitaine du désespoir ». les blessés le sont merveilleusement et, on l’a
compris, le lecteur ne peut être qu’émerveillé
De même, Tolkien évite de parler d’unités ou devant tant de merveilles.
de régiments, préférant utiliser des termes On retrouve ces notions typiquement épiques
comme compagnie, au parfum plus médiéval. d’exploits héroïques et de dépassement de soi
Des mots comme ost, légions ou hordes ont chez Tolkien, mais toujours soigneusement
également leur place dans ce lexique. encadrées par une narration romanesque plus
en phase avec les attentes d’un lecteur du
Dans le même ordre d’idée, les combattants XXème siècle. En fait, Tolkien applique à ces
d’une compagnie peuvent aussi se compter en récits ce fameux concept de suspension of
nombre de lances ou d’épées. disbelief qui lui était si cher : réussir à faire
accepter au lecteur comme authentiques des
événements impossibles dans la réalité.
Nous avons donc vu qu’il existait une
approche particulière des batailles chez Ce qui vaut pour la magie, les elfes ou les
Tolkien : la bataille du Gouffre de Helm, celle dragons vaut également pour les « merveilles »
des Champs du Pelennor ou même celle des guerrières et, là encore, Tolkien remplit
Cinq Armées sont racontées selon une même pleinement son objectif, puisque le fait
logique, utilisant le même répertoire de d’inscrire les exploits d’un Aragorn ou d’un
procédés narratifs et d’artifices littéraires. Theoden dans un cadre dont le lecteur accepte
la réalité rend ces exploits à la fois plus
crédibles et plus spectaculaires.
C’est cette approche que le chapitre suivant se
propose de « traduire » en termes de jeu.
II : Le Sort des Batailles
Cette prédétermination de l’issue des batailles Dans un monde comme la Terre du Milieu, la
est, en outre, en totale cohérence avec la victoire sur un tel ennemi peut suffire à
manière dont le système de jeu de La Terre des provoquer la retraite ou même la débandade
Héros gère la notion de destinée. Les points de de l’armée adverse, surtout si l’on tient
Destinée d’un héros ne peuvent influer que compte du type d’autorité exercé par les
sur son propre destin – ce qui inclut sa survie, capitaines de l’Ennemi sur leurs troupes – une
l’accomplissement d’exploits et tous les autres autorité fondée en grande partie sur la peur et
usages du capital de Destinée détaillés dans pouvant donc s’effondrer dès lors que la
les règles de La Terre des Héros. source de cette peur disparaît ou face à la
manifestation d’un pouvoir supérieur.
En d’autres termes, un joueur ne peut pas
faire appel à la Destinée de son héros pour Dans de très nombreux scénarios de jeu de
influencer des événements situés hors de son rôle, la « réussite » de l’aventure dépend en
champ d’action : de tels événements, s’ils ne grande partie (voire totalement) de l’issue
sont pas déjà déterminés par l’Histoire de la d’un affrontement décisif contre un ennemi
Terre du Milieu (c’est-à-dire par les écrits de majeur, affrontement qui constitue à la fois le
Tolkien), dépendent donc entièrement du paroxysme et le tournant décisif du scénario :
« destin du monde » (c'est-à-dire, en pratique, il n’y a aucune raison de ne pas appliquer
du Conteur)… et ce destin du monde inclut cette même logique à une bataille, à partir du
également le sort des batailles, sauf dans le cas moment où son issue se situe effectivement
précis où l’issue d’une bataille se situe dans le dans le champ d’action des héros.
champ d’action des héros – de la même façon
que l’issue de batailles comme celles du Selon le principe éminemment tolkienien de
Gouffre de Helm ou des Champs du Pelennor l’inspiration héroïque, le combat de nos héros
se situaient à l’intérieur du champ d’action de contre le chef ennemi devient alors en
héros comme Aragorn, Theoden ou Eomer. quelque sorte l’image en réduction de la
L’Approche Scénaristique
bataille qui fait rage tout autour d’eux : s’ils se
battent avec bravoure et vainquent leur
ennemi, alors ceux qui combattent à leurs
côtés se seront eux aussi battus avec la même Traiter une bataille comme un scénario à part
bravoure ; à l’inverse, s’ils sont vaincus ou entière évite donc de nombreux écueils et
contraints à la retraite, il en ira de même de rend également au Conteur ses prérogatives
leurs compagnons d’armes. de narrateur et de metteur en scène.
Ce principe de répercussion vaut d’ailleurs Cette approche permet en outre de faire en
pour n’importe quel type de batailles mais sorte que chaque bataille soit vécue par les
aura un impact véritablement décisif dans personnages (et par les joueurs) comme une
une bataille dont l’issue est entre les mains des expérience unique, avec ses événements
héros : dans ce cas, leurs faits d’armes ne se majeurs, ses temps forts et ses choix difficiles
répercutent pas seulement aux membres de (comme dans n’importe quel scénario de jeu
leur compagnie ou à ceux qui combattent de rôle digne de ce nom !) et comme non une
directement à leurs côtés, mais se propage à simple occasion d’utiliser le même système de
tout le champ de bataille, influant sur le sort résolution automatisé.
de la bataille dans son entier. Là encore, tout
est une affaire d’échelle et de champ d’action. Certes, cette approche implique une certaine
dose de préparation et de construction de la
Qu’elle soit liée aux actions des héros ou fixée part du conteur… mais pas plus que pour
d’avance par l’Histoire ou le Conteur, une n’importe quel autre type de scénario.
victoire (ou une défaite) devra le plus souvent
être découler d’un ou plusieurs événements A partir du moment où une bataille aura été
décisifs, comme c’est presque toujours le cas pensée et organisée comme une aventure, elle
chez Tolkien. pourra être vécue comme telle par les
joueurs… et par leurs personnages.
De tels événements décisifs, susceptibles de
faire basculer le sort d’une bataille, peuvent Comme n’importe quel autre type d’aventure,
inclure la mort d’un roi ou de quelque autre un scénario de bataille se construit autour de
personnage emblématique, provoquant la cinq grands éléments essentiels : un ennemi,
panique et la débandade dans les rangs des un cadre, des objectifs, une trame, des héros.
combattants, la capture d’une place forte ou
encore l’arrivée de renforts inespérés, menés Examinons à présent ces cinq éléments sous
par un PNJ emblématique. l’angle spécifique d’un scénario de bataille.
Face à l’Ennemi
l’aventure (voir La Trame, ci-dessous). En
d’autres termes, les adversaires désignés que
les héros affronteront au cours d’une bataille
Les adversaires que les héros ont à combattre ont exactement la même fonction et doivent
au cours d’une bataille peuvent être rangés être traités de la même façon que les
dans deux grandes catégories : les figurants et adversaires qu’ils ont à combattre au cours
les adversaires désignés. d’une aventure classique : ces adversaires
devront donc faire irruption dans le scénario
Les figurants constituent la masse indistincte à un moment choisi (qu’il soit fixé d’avance
du « gros de la troupe » de l’armée adverse : ou provoqué par les actions des personnages)
les hordes d’Orques, d’Hommes de l’Est ou de et non parce qu’un jet de dé a donné tel ou tel
Suderons combattant sous la bannière de résultat sur une table aléatoire.
Sauron lors de la Guerre de l’Anneau tombent
dans cette catégorie. En termes de jeu, ces De manière générale, le Conteur devra veiller
adversaires sont en tous points conformes au à faire « exister » les ennemis rencontrés sur
concept de figurant tel qu’il est décrit dans le un champ de bataille par quelques détails
Livre du Conteur (p 45). évocateurs susceptibles de frapper l’esprit des
joueurs (ou de faire réagir leurs personnages),
Les adversaires désignés représentent des comme dans cet extrait du Retour du Roi :
ennemis particulièrement dangereux ou
importants sur le plan dramatique, comme Au Sud, au-delà de la route, se trouvait la force
par exemple un chef ou un champion ennemi, principale des Haradrim, et leurs cavaliers
ou toute créature pouvant constituer à elle étaient assemblés là autour de l'étendard de leur
seule une menace pour les héros, comme par chef. Observant, il vit dans la lumière croissante
exemple un Troll ou un Olog-haï. la bannière du roi, et celle-ci était bien en avant
de la bataille, entourée de peu d'hommes. Il fut
Plus qu’une question de puissance, la alors empli d'un courroux sanguinaire, il cria
d'une voix forte et, déployant son étendard,
distinction entre ces deux types d’adversaires serpent noir sur fond écarlate, il s'élança contre
est avant tout d’ordre dramatique : si les le cheval blanc sur fond vert avec une grande
figurants peuvent tout à fait donner du fil à masse d'hommes, et quand les Suderons
retordre aux héros, leur fonction est avant dégainèrent leurs cimeterres, ce fut comme un
tout de refléter « l’effet de masse » des batailles étincellement d'étoiles.
en termes de jeu, seuls les affrontements
contre des adversaires désignés auront besoin Nous ne savons pratiquement rien sur ses
d’être résolus en détail, en utilisant les règles Haradrim et la suite du roman ne nous en
de combat données dans le Livre du Joueur. apprendra guère plus à leur sujet… mais par
la simple évocation de leur bannière au
Le rôle des figurants et des ennemis désignés serpent, Tolkien nous livre d’eux une image
ainsi que la façon de gérer les combats dans frappante et évocatrice.
une bataille épique sont traités plus en détail
dans le dernier chapitre de ce supplément. Dans le dernier scénario de ma chronique, La
Geste de Dale, consacré à la grande bataille
Les combats contre des adversaires désignés du même nom, les hordes d’Hommes de l’Est
font partie des « moments forts » de la bataille auxquelles les personnages durent faire face
en tant que scénario… et comme pour comptaient dans leurs rangs quelques bandes
n’importe quel scénario, le Conteur devra d’adversaires facilement identifiables, comme
déterminer à l’avance le nombre de ces par exemple les Kilghirs, farouches tueurs
combats et leur place dans la trame de
mercenaires redoutés par les Hommes de l’Est
eux-mêmes et que les héros avaient eu
l’occasion de combattre lors d’une précédente
aventure, ou les Ougatirs, ancien clan
d’Hommes du Nord « passés à l’Est » et rendus
tristement célèbre par leurs pillages et leur
négoce d’esclaves : dans les deux cas,
l’irruption de ces ennemis sur le champ de
bataille provoqua des émotions particulières
chez les personnages-joueurs – crainte et
haine envers les Kilghirs, courroux sans pitié
envers les Ougatyrs, ces immondes traîtres à
la mémoire de leurs ancêtres du Nord.
Le Champ de Bataille
Toute aventure se déroule dans un lieu (ou
dans une série de lieux) qui constitue son
décor et qui, dans de nombreux cas, influe de
façon déterminante sur l'atmosphère du
scénario, ainsi que sur les possibilités d'actions Combattants Variags de Khand
offertes aux personnages : un scénario n'aura
évidemment pas la même ambiance et ne fera Le Conteur doit simplement avoir une idée
pas intervenir les mêmes opportunités, risques claire de ce que sont ces fameuses positions et
ou contraintes suivant qu'elle a pour décor de leur possible fonction dans l’aventure-
principal une forêt, des cavernes, une place bataille : un lieu de repli, une position
forte en ruines ou les salles d'un palais. ennemie à capturer, un point de passage
devant être défendu à tout prix etc.
Il en va de même pour les batailles. Comme
une aventure, une bataille peut se dérouler La même approche peut être utilisée pour les
soit dans un lieu unique, un champ de bataille citadelles et autres places fortes : là encore,
ou une forteresse, soit dans une série de lieux une simple distribution des lieux importants
reliés entre eux par le fil narratif de l'action. en fonction des points cardinaux peut tout à
fait remplacer un plan détaillé.
Le décor d'une bataille devra donc être traité
avec la même attention que le décor d'une L’importance stratégique de ces positions n’a
aventure : sans forcément faire l’objet d’une pas à se traduire en termes de règles, sous la
cartographie précise, sa topographie générale forme d’ajustements à tel ou tel jets de dés :
devra être prise en compte par le Conteur afin dans le contexte d’une bataille jouée comme
d’être présente à l’esprit des joueurs. un scénario, il est à la fois plus simple et tout
aussi parlant d’exprimer cette importance
Ce n’est pas un hasard si tant de batailles sont sous la forme d’un objectif ou d’un enjeu
nommées d’après le lieu où elles se sont spécifique. Là encore, la tâche du Conteur se
déroulées, comme le Gouffre de Helm, les trouvera grandement facilité s’il raisonne de
Champs du Pelennor : ce lieu représente plus façon scénaristique plutôt que tactique.
qu’un simple espace géographique ; il est
aussi (et même surtout) l’espace narratif dans Enfin, le lieu d’une bataille peut aussi inclure
lequel s’inscrit l’affrontement. des éléments emblématiques ou évocateurs,
renforçant l’atmosphère de l’aventure : les
Un champ de bataille n’est pas forcément une traces de quelque ancienne bataille, un lien
vaste plaine uniforme : il peut aussi présenter avec un illustre roi ou héros du temps jadis
différentes positions stratégiques pouvant ou, tout simplement, un toponyme poétique
jouer un rôle significatif dans les événements comme les affectionnait Tolkien… tout ceci
du scénario. Là encore, une carte n’est pas peut contribuer à inscrire la bataille dans
indispensable : une simple liste organisée l’Histoire de la Terre du Milieu, ainsi qu’à
selon les quatre points cardinaux (nord, sud, restituer en jeu l’ambiance crépusculaire des
est, ouest) peut largement suffire. batailles du Seigneur des Anneaux
Objectifs et Enjeux
Directement ou implicitement, tout scénario
de jeu de rôle propose à ses protagonistes une
« mission », que celle-ci leur soit confiée par
une autorité supérieure, imposée par les
circonstances ou dictée par leurs propres
motivations. Les scénarios de bataille ne font
pas exception à cette règle : ils constituent
même un des cas où la notion de mission peut
revêtir son sens le plus classique.
Trame et Evénements
A partir du moment où l’on se focalise sur le
champ d’action des héros, il devient beaucoup
plus facile d’élaborer une trame d’événements
analogue à celle de n’importe quel scénario.
Traits et Valeurs
Plus précisément, ce chapitre se compose de
cinq grandes sections :
Traits et Valeurs : Cette section examine de Comme n’importe quel autre type d’aventure,
plus près les différents scores susceptibles un scénario de bataille repose en partie sur les
d’être mis à contribution lors d’une bataille. traits des héros – leurs ressources, leurs
talents, leurs qualités héroïques et, bien sûr,
Le Fracas des Armes : Cette section s’intéresse leur capital de Destinée. Examinons de plus
à l’utilisation des règles de combat de La Terre près les traits les plus susceptibles de jouer un
des Héros dans un scénario de bataille. rôle important au cours d’un tel scénario.
Capitaines et Champions
Champions : Cette section se Ressources
penche sur les avantages et les responsabilités
du rôle de Capitaine, ainsi que sur les effets de
Un scénario de bataille comprenant plusieurs
la Présence dans le cadre d’une bataille.
scènes de combat, la Vigueur et la Vivacité des
héros y seront souvent mises à contribution.
L’Art de la Guerre : Cette section examine
différentes façons de faire intervenir tactique
La Vigueur d’un héros détermine en effet le
et stratégie au cours d’un scénario de bataille. nombre de blessures graves qu’il peut subir
(Livre du Joueur p 30), tandis que la Vivacité
Sièges
Sièges et Fortifications : Cette section propose influe directement sur l’initiative (Livre du
quelques règles simples sur les places fortes et
Joueur p 22) et peut aussi être utilisée pour
les machines de guerre.
esquiver (Livre du Joueur p 24).
Talents
Le talent le plus susceptible d’être sollicité au
cours d’une bataille est évidemment celui de
Guerrier, mais un scénario de ce type peut
également faire intervenir d’autres talents,
comme ceux Archer, Stratège, Cavalier ou
Pisteur (missions d’éclaireurs, incursions
furtives derrière les lignes ennemies, retraites
ou traques en terrain difficile etc).
Qualités Héroïques
Un scénario de bataille offre de nombreuses
occasions de mettre à l’épreuve les qualités
d’un héros : son Courage, bien sûr, mais aussi
sa Volonté, sa Loyauté et même sa Sagesse.
Il existe bien sûr une limite au nombre Dans un combat classique, un héros attaqué
d’assauts qu’une telle scène peut contenir, les par deux ou trois adversaires à la fois sera
héros n’ayant évidemment pas à affronter attaqué par chacun d’entre eux à chaque
l’ensemble de l’armée ennemie. Lorsqu’il assaut. (voir le Livre du Joueur, p 25).
décide de faire affronter aux héros une vague
d’ennemis, le Conteur devra déterminer sa Il n’en va pas de même dans une bataille où
taille en multipliant le rapport de forces en les combattants forment une masse et
faveur de l’ennemi (1 pour un ennemi de combattent le plus souvent en rangs ou par
nombre à peu près équivalent, 2 pour un vagues – comme l’indiquent des termes tels
ennemi environ deux fois supérieur en que bataille rangée ou combat de masse.
nombre, 3 pour un ennemi environ trois fois
Et les Autres ?
Ce changement d’échelle peut également
s’appliquer aux héros eux-mêmes. Dans
cette perspective, leurs tests de combat
peuvent aussi refléter (ou rejaillir sur) la
performance des divers PNJ qui
combattent à leurs côtés : si les héros se
battent comme des lions et massacrent
l’ennemi à tour de bras, alors leurs
compagnons d’armes feront de même.
A l’inverse, si un combat se solde par de
nombreuses blessures pour les héros, le
Conteur pourra décider qu’il a aussi causé
de lourdes pertes autour d’eux.
En plus de simplifier grandement la tâche
du Conteur, cette approche a également le
mérite de refléter l’idée typiquement
tolkienienne selon laquelle la valeur au
combat d’un héros se répercute sur ceux
qui combattent à ses côtés : il n’est plus
alors un simple combattant noyé dans la
masse, mais un personnage véritablement
emblématique, à la fois porteur et garant
de la vaillance collective.
Combat Héroïque
Quelle que soit la supériorité numérique en
faveur des forces ennemies, un héros se Ce cas de figure se présente lorsqu’un ou
battant au cœur de la bataille ne fera plusieurs héros sont confrontés à un ou
normalement face, en termes de jeu, qu’à un plusieurs adversaires désignés.
seul adversaire par assaut - mais une très
forte supériorité numérique en faveur de Ces adversaires désignés sont toujours des
l’ennemi se traduira en revanche par un plus combattants redoutables : chefs, champions et
grand nombre d’assauts (voir ci-dessus). autres ennemis d’exception (comme les Trolls
ou les Olog-haï combattant dans les armées
Le Conteur pourra néanmoins utiliser la règle de Sauron) entrent tous dans cette catégorie.
des combats inégaux (Livre du Joueur, p 25)
en confrontant chaque héros à deux, voire En pratique, un Combat Héroïque est résolu
trois figurants lors de chaque assaut s’il estime exactement comme un combat classique,
que les rangs des héros ne sont pas seulement selon les règles détaillées dans le Livre du
confrontés mais véritablement submergés par Joueur (y compris en ce qui concerne l’échelle
les hordes ennemies : a priori, une telle scène de temps), sans appliquer les ajustements
ne peut avoir lieu qu’après une évolution spéciaux détaillés dans la section précédente.
spectaculaire (et désastreuse) du cours de la
bataille – et présage généralement une terrible De tels combats doivent rester relativement
défaite pour l’armée des héros. rares ; une bataille peut fort bien ne présenter
qu’une seule opportunité de combat héroïque,
Un combat contre des hordes de figurants mais toute bataille épique digne de ce nom
peut donc être fort périlleux, même pour des devrait en présenter au moins une.
héros… mais un seul héros particulièrement
redoutable au combat peut également faire la En termes scénaristiques, ces combats font
différence : en éliminant plus de figurants que partie des moments critiques d’une bataille ;
ses compagnons, il écourtera la durée de la dans les batailles dont le cours n’est pas
scène, leur évitant ainsi de nouveaux assauts prédestiné, un tel combat pourra même avoir
et d’éventuelles blessures. une influence cruciale sur l’issue du conflit.
A priori, un héros souhaitant engager un Compte tenu de la dimension héroïque du jeu,
combat héroïque contre un adversaire désigné il pourrait être tentant de considérer une
devra souvent se frayer un chemin dans les bataille dans son entier comme un unique
rangs ennemis, auquel cas le combat pourra « méga-combat », au cours duquel les héros
être précédé de quelques assauts au cœur de sont constamment sous tension et conservent
la bataille (voir ci-dessus), ou mettre son donc toute leur Vivacité en dépit de leurs
Courage à l’épreuve, de nombreux ennemis blessures. Cette approche, cependant, irait à
majeurs ayant le pouvoir d’inspirer la Peur. l’encontre d’un traitement scénaristique des
batailles : les pertes de Vivacité dues aux
En pratique, la seule difficulté que pose la blessures se manifesteront donc dès la fin de
différence d’échelle temporelle entre combat la scène, selon les règles habituelles.
héroïque et combat au cœur de la bataille est
l’éventuelle nécessité de synchroniser ces Toutefois, comme l’indique déjà le Livre du
deux types de scènes – lorsque, par exemple, Conteur (p 21) et comme le précisent les
un des héros affronte un adversaire désigné règles de Combats en Rangs Serrés de cette
en combat singulier alors que les autres héros section, le rôle de la Vivacité dans une bataille
se battent non loin, au cœur de la bataille. rangée est plus limité que dans un combat
classique : la pénalité de Vivacité due aux
Dans ce genre de cas, on pourra gérer les blessures s’en trouve donc relativisés, à partir
deux scènes de façon simultanée, en jouant du moment où le blessé évite les combats
un assaut de combat au cœur de la bataille singuliers contre des adversaires désignés et
tous les trois assauts de combat héroïque. les actions d’éclat faisant appel à la Vivacité.
Le Temps Fatigue
Le rythme d’un scénario de bataille sera Dans les batailles historiques, la fatigue des
souvent plus tumultueux, plus frénétique que combattants joua souvent un rôle crucial. Ce
celui d’une aventure classique. facteur, moins présent dans une vision épique
de la guerre, y a toutefois sa place, comme le
Dans une bataille, les héros seront souvent montre cet extrait des Deux Tours :
obligés d’enchaîner plusieurs scènes de
combats à la suite, sans avoir la possibilité de « Les hommes de Rohan commençaient à être
reprendre leurs forces (ou leurs esprits) entre fatigués. Ils avaient épuisé leurs flèches et tous
ces différentes scènes d’affrontements, dont la leurs javelots, les épées étaient ébréchées et
succession constitue souvent le fil narratif leurs boucliers fendus. »
principal d’un scénario de bataille.
Blessures
Selon les règles données dans le Livre du
Joueur (p 30), chaque blessure grave reçue
par un héros lui fait perdre 1 pt de Vigueur.
Si, en dépit de ses qualités (Loyauté comprise), Comme tous les événements susceptibles de
le Capitaine ne parvient pas à surmonter survenir lors d’un scénario, une telle épreuve
l’épreuve, cet échec se répercutera sur ses doit s’inscrire dans la trame de l’histoire et
hommes : eux aussi cèderont à la peur, au constituer un moment fort de l’aventure : il
désarroi ou à la confusion, avec toutes les peut, par exemple, être la conséquence directe
conséquences que cela suppose – soit, dans la de la mort d’un PNJ allié de premier plan.
plupart des cas, de lourdes pertes. Le héros
perdra alors son statut de Capitaine, sauf s’il Une grande armée peut également posséder
parvient à rallier ses troupes (voir ci-dessous). un Capitaine Général, commandant les autres
Capitaines. En termes de jeu, un héros avec ce
Conformément à l’approche narrative des rôle ne subit pas de pénalité de -1 à sa
batailles, les pertes subies par les troupes d’un Présence lorsqu’il tente de rallier des hommes
héros Capitaine devront être déterminées par qui ne sont pas directement sous ses ordres.
le Conteur, en fonction du cours de la bataille,
mais aussi de la réussite (ou de l’échec) de
telles épreuves de commandement.
La Gloire du Héros
Certains héros sont si impressionnants que
leur seule présence sur le champ de bataille
suffit à effrayer l’adversaire et peut également
inspirer ceux qui combattent à leurs côtés.
Débats et Décisions
Sur le plan narratif, cette phase stratégique
Sièges et Fortifications
préalable pourra prendre la forme d’un
Conformément à l’approche narrative du jeu
conseil, comme dans l’extrait du Retour du
et de ce supplément, les règles qui suivent ne
Roi reproduit dans le premier chapitre de ce
constituent absolument pas une simulation
supplément (p 8), au cours duquel les divers
détaillée de la guerre de siège mais ont pour
problèmes stratégiques seront évoqués et
principal objectif de permettre au Conteur
débattus : la nature de ces problèmes variera
d’intégrer fortifications et machines de siège à
évidemment en fonction du terrain et des
la mise en scène d’une bataille épique.
circonstances de l’affrontement.
Si, au contraire, c’est l’armée des héros qui Cet affaiblissement de la Défense de la place
tente d’assaillir la place forte, son ajustement forte ne sera évidemment pas instantané et
de Défense agira comme une pénalité sur le représente les effets de bombardements ou
talent de leurs Stratèges. d’assauts prolongés que le Conteur devra
intégrer dans le déroulement de son scénario,
Une fois la bataille commencée, l’ajustement comme tout autre élément narratif susceptible
de Défense de la place forte agira comme un d’influer sur les conditions des combats. Dans
bonus sur les tests de combat des adversaires la plupart des cas, la place forte commencera
(les défenseurs) pour les combats se déroulant la bataille avec une Défense intacte et pourra
au cœur de la bataille. voir celle-ci baisser, voire disparaître, au fil
des combats – là encore, à un rythme fixé par
En outre, des héros qui montent à l’assaut le Conteur lors de la conception du scénario.
d’une place forte ne peuvent pas faire le choix
de rester sur la défensive ni combattre en
rangs serrés : leur Vivacité leur sera donc La route se poursuit sans fin
d’une importance cruciale. Olivier Legrand (Août 2008)