cultiver le plaisir de
la découverte dans
notre grand cahier
Rentrée culturelle
Véronique Hivon forcée
Cahier E
à l’abandon Page A 3
◆ www.ledevoir.com ◆
L’insécurité pèse lourd sur les junkies nous », assurent-elles. Ces jeunes réalisatrices,
dont les billets d’avion et les chambres d’hôtel
étaient défrayés avec un coup de pouce d’asso-
ciations, dénoncent un manque de respect à l’en-
La promesse de lieux sécurisés tarde à se concrétiser à Montréal droit des cinéastes, laissés à ce point dans le noir
par le festival qui avait sélectionné leurs films.
Elles auraient aimé se regrouper pour orga-
Voilà quinze ans que le combat dure. Les utilisateurs de drogues par injection espèrent encore niser une marche de protestation devant le ci-
voir ouvrir à Montréal des ser vices d’injection super visés, qui pourraient sauver des vies et Notre dossier › néma Impérial, mais comment joindre leurs
semblables ? Au cours des années précé-
freiner les épidémies de VIH et d’hépatite C. À l’approche de la Journée internationale de sen- La consommation n’a ni âge, dentes, l’hôtel Hyatt servait de quartier géné-
sibilisation aux surdoses (31 août), état des lieux d’un épineux dossier. ni sexe, ni statut social. Cinq ral. Cette année, les créateurs n’ont guère
portraits pour faire tomber d’endroit où se réunir.
SOPHIE MANGADO nicule estivale ou de la fatigue de Raphaël, on les clichés. Pages A 5 Serena Dykman devait accompagner en pre-
ne sait trop laquelle des deux torpeurs engour- mière mondiale, dans la compétition documen-
L IEUX DE POUVOIR
DAVE NOËL
Livres › Imaginer le pire. Cathe- MARCO BÉLAIR-CIRINO
rine Mavrikakis revient avec
F
évrier 1966, le manoir du Bois-de-
Oscar De Profundis, un roman Coulonge, la résidence officielle du
apocalyptique. Page F 1 lieutenant-gouverneur du Québec,
est la proie des flammes. Le lieute-
nant-gouverneur Paul Comtois fait
Avis légaux.................. C 6
des pieds et des mains pour sauver les re-
Carrières ..................... C 4
liques sacrées conser vées dans la chapelle. Il
Décès............................ C 7
échoue à s’extirper de l’énorme brasier. La
Mots croisés............... B 6
Petites annonces ...... C 7
monarchie québécoise vacille.
MARCO BÉLAIR-CIRINO LE DEVOIR
Sudoku......................... B 6
VOIR PA GE A 8 : POUVOIR Vue sur les écuries, que les visiteurs confondent souvent avec le manoir, rasé par un incendie, en 1966.
A 2 L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6
ACTUALITÉS
Ottawa annonce des Le Tribunal donne raison à la FIQ
effectifs et de l’argent Un jugement pourrait sonner le glas du recours aux agences privées
pour les missions de paix dans les établissements de santé du Québec
AMÉLIE autant « illégaux ». La loi per- Autre argument évoqué: le ré-
O ttawa — Le gouvernement
libéral a avisé les Nations
assignés à des missions de
paix à la fin du mois de juillet.
DAOUST-BOISVER T met aux établissements pu-
blics de santé de sous-traiter
seau de la santé doit être consi-
déré comme le véritable em-
unies que le Canada était prêt à
fournir des troupes et de l’ar-
gent pour les missions de main-
Les nouvelles troupes permet-
tront au Canada de revenir à
un nombre de Casques bleus
L es établissements de santé
sont les « véritables em-
ployeurs » des infirmières et
des soins de santé. Mais, pour
le juge Michaud, les ser vices
que les agences privées s’en-
ployeur pour que la loi sur les
ser vices essentiels s’applique
efficacement, ajoute le juge.
tien de la paix dans le monde. semblable à celui dont il dis- autres personnels de la santé gagent à livrer « consistent L’établissement de santé en
Jusqu’à 600 soldats cana- posait dans les années 1990 et envoyés par des agences pri- uniquement en fourniture de cause dans ce jugement « ne
diens, dont des ingénieurs et au début des années 2000. vées de placement dans des main-d’œuvre et non en soins peut se soustraire à ses obliga-
des professionnels de la santé, M. Sajjan a déclaré que l’an- établissements publics de de santé ». tions en prétendant que les em-
se joindront à des opérations nonce de vendredi indiquait que santé, tranche un jugement Comme le « véritable em- ployés provenant d’agences ne
de paix, accompagnés par de le Canada était prêt à s’engager rendu jeudi par le Tribunal ployeur », c’est l’établissement sont pas les siens » en vertu de
l’équipement comme des héli- de nouveau dans une grande va- administratif du travail. de santé, c’est « ultimement » la Loi sur les conditions de tra-
coptères et des avions, ont an- riété d’opérations de paix multi- Les employés des agences avec lui, et non pas l’agence, vail dans le secteur public,
noncé les ministres de la Dé- latérales. Il a cependant prévenu doivent par conséquent bé- que leur personnel doit négo- conclut le juge.
fense et des Af faires étran- que les choses avaient considé- néficier des conditions pré- cier ses conditions de travail.
gères, Harjit Sajjan et Sté- rablement changé au cours des vues dans les conventions Des conséquences
phane Dion, vendredi. 20 dernières années. collectives publiques. La loi 10 évoquée concrètes ?
« Il est temps pour le Canada Le gouvernement de Justin Ce jugement pourrait son- Le juge évoque même la Régine Laurent souhaite que
de choisir l’engagement plutôt T r udeau consacrera égale- ner le glas du recours aux loi 10, la grande réforme admi- le ministère de la Santé et des
que l’isolement, a déclaré ment 450 millions sur trois ans agences privées dans les éta- nistrative du réseau menée par Services sociaux interpelle ra-
M. Dion lors d’une conférence à des projets faisant la promo- blissements de santé du Qué- le ministre de la Santé et des pidement ses établissements
de presse à Saguenay, où le cau- tion de la paix et de la sécurité bec, selon Régine Laurent, la Services sociaux, Gaétan Bar- pour appliquer le jugement.
cus libéral national était réuni à travers le monde, y compris présidente de la Fédération in- rette, pour expliquer sa déci- « J’espère que le ministre va
pour une retraite de deux jours. ceux prévoyant l’envoi de poli- terprofessionnelle de la santé sion. « Le législateur a exprimé envoyer des directives claires »,
Il est temps d’agir avec conviction ciers et d’experts civils. (FIQ), qui était requérante clairement son intention d’amé- affirme-t-elle en entrevue.
et de manière responsable comme À la fin du mois de juillet, dans ce dossier. liorer l’ef ficacité et l’ef ficience Le cabinet du ministre de la
un vrai artisan de la paix.» 75 policiers et neuf experts mi- « Les agences relouent le du système en réduisant le Santé et des Services sociaux,
Les effectifs militaires addi- litaires du Canada participaient personnel du réseau pour plus nombre d’intervenants dans le Gaétan Barrette, a dit « pren-
tionnels constituent une aug- à des missions, selon l’ONU. cher, observe Mme Laurent. En réseau », écrit André Michaud. dre acte » du jugement et s’est
mentation majeure par rap- imposant les mêmes conditions JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le réseau compte aujourd’hui refusé à tout commentaire.
port aux 19 soldats canadiens La Presse canadienne de travail que dans le réseau, Régine Laurent, la présidente de moins d’établissements, et par Selon la FIQ, il est de plus en
leur marge de profit disparaît. » la Fédération interprofessionnelle conséquent, moins d’accrédita- plus difficile d’apprécier l’am-
Mme Laurent savourait la vic- de la santé, qui était requérante tions syndicales. « Une telle vo- pleur du phénomène du re-
Harper met fin à sa 18 ans. Puis, l’ancien premier
ministre dresse la liste de ce
toire, vendredi. « Je suis vrai-
ment, vraiment contente. Enfin,
dans ce dossier. lonté d’alléger l’organisation des
services ne peut être compatible
cours aux agences privées dans
le réseau de la santé. Le MSSS
carrière politique qu’il considère comme étant
ses réussites. « Nous avons uni
un juge nous donne raison ! »
L’af faire a débuté en 2009.
déterminer l’identité du véri-
table employeur […] ne peut
avec la reconnaissance de di-
verses agences de placement
divulgue de moins en moins
d’informations et la transpa-
Ottawa — L’ancien premier mi- tous les conservateurs sous une La FIQ avait déposé une re- être plus par faite que dans la comme étant les véritables em- rence n’est pas au rendez-vous,
nistre Stephen Harper a démis- seule bannière. Nous avons quête pour faire reconnaître situation actuelle », écrit-il dans ployeurs, ajoute-t-il, car cela au- estime Régine Laurent.
sionné de son poste de député baissé les taxes et les impôts que les professionnels en soins le jugement. En effet, l’établis- rait pour effet d’augmenter dras- Dans des documents de
à la Chambre des communes. […]. Nous avons placé les infirmiers et cardiorespira- sement de santé « fait appel à tiquement le nombre d’interve- gestion, le MSSS affirme que
Un communiqué annonçant droits des victimes avant ceux toires employés par l’hôpital une agence qui présente une nants et d’alourdir le fonctionne- le recours à la main-d’œuvre
cette décision a été publié ven- des criminels », écrit-il. Peu de Maisonneuve-Rosemont par personne pour exercer les tâches ment du réseau de la santé ». indépendante infirmière a di-
dredi matin, dix mois après la temps après sa défaite électo- l’intermédiaire d’une agence requises au même titre, de la Si le personnel des agences minué de 51 % en 2014-2015
défaite du Parti conservateur rale, M. Harper s’est joint à devaient être considérés comme même façon, dans les mêmes demandait aussi une accrédi- par rapport à 2009-2010. Des
(PC) aux élections fédérales. une firme de consultations, des syndiqués. conditions, sous la même super- tation syndicale auprès de leur progrès auraient aussi été en-
Dans ce communiqué, M. Har- s’alliant à deux de ses anciens Le juge André Michaud vision, et avec le même équipe- employeur privé, « cela consti- registrés en ce qui concerne
per s’adresse d’abord aux élec- conseillers, Ray Novak et Je- s’est rendu aux arguments ment que les autres membres de tuerait un véritable caphar- les infirmières auxiliaires et
teurs de sa circonscription de remy Hunt. On s’attend égale- du syndicat. l’équipe, sans que le patient y naüm, ce qui est complètement à les préposés aux bénéficiaires,
Calgary Heritage, les remer- ment à ce qu’il siège aux « L’intégration dans l’entre- voie la moindre différence. » l’opposé des intentions de simpli- affirme le MSSS.
ciant pour leur « appui » et leur conseils d’administration. prise, qui constitue un facteur Les contrats conclus avec fication, d’efficacité et d’efficience
« confiance » pendant presque La Presse canadienne essentiel à considérer en vue de les agences ne sont pas pour voulues par le législateur ». Le Devoir
L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6 A 3
HÔPITAL
ACTUALITES
L’urgence de Gatineau,
une des pires
du monde occidental
SARAH R. CHAMPAGNE Un problème dont les ad-
ministrateurs du nouveau
Le Devoir
MARIE-MICHÈLE SIOUI
E n réaction à l’annonce de la
députée Véronique Hivon,
contrainte vendredi d’aban-
donner la course à la direc-
tion du Parti québécois (PQ)
« Ce n’est pas un choix. C’est une
fatalité. C’est une bad luck. C’est très
dur. L’émotion dominante est la colère.
l’impact que pourrait avoir le
dépar t de Véronique Hivon
sur leurs propres campagnes,
Mar tine Ouellet a quant à
elle reconnu qu’il serait pos-
sible qu’elle récolte davan-
tage d’appuis, maintenant
en raison de problèmes de qu’elle est la seule femme
Elle est fâchée de la situation,
»
santé, les candidats à la chef- dans la course. « Je pense que
ARRÊT DES PROCÉDURES ferie se sont tous engagés à c’est un avantage d’être une
faire vivre les idées de celle qui est hors de son contrôle. femme, parce qu’on a besoin
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A 4 L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6 A 5
INJECTION SUPERVISEE
«
Au cliché tenace du junkie de fond de ruelle s’oppose une réalité hétérogène. La consommation n’a pas d’âge, pas de sexe, pas de milieu professionnel ni social.
« Il suffit de passer une heure ici pour voir qu’on fait fausse route en appliquant ce stéréotype à l’ensemble des gens qui fréquentent notre organisme », soutient
Quand Sandhia Vadlamudy, directrice de Cactus. Si les ser vices d’injection super visée (SIS) desser viront probablement des consommateurs au profil varié, la Direction
tu arrêtes, régionale de la santé publique (DRSP) estime néanmoins qu’ils rejoindront d’abord les plus vulnérables. On estime à 4000 le nombre d’utilisateurs de drogue
ALICE
(prénom d’emprunt)
comme elle se rend jusque
dans le centre-ville pour se
procurer du matériel d’injec-
d’hui… je ne sais pas. Je n’ai
pas envie de voir d’autres per-
sonnes s’injecter ou de savoir
il faudra voir
tion plutôt qu’à la pharmacie que je suis observée. C’est un
doigts. Ce n’est
pas le sevrage
«P endant des années, j’ai
géré ma vie pour con -
sommer, concentrée sur le be-
du coin. « Ici, ça se parle vite,
je n’ai pas envie qu’on sache. »
L’héroïne à 15 ans, la rue, le
geste pudique, l’injection. »
Quand elle achète de l’hé-
roïne, Alice attend d’être ren-
soin de trouver de quoi payer travail du sexe : tout ça est loin trée chez elle pour consom-
qui est difficile. ma prochaine dose. Quand tu désormais. Mais Alice reste mer. « Mais si je suis malade,
arrêtes, tu te demandes ce que physiquement dépendante, ai- alors ce sera le SIS plutôt que
C’est apprendre tu vas faire de tes dix doigts. Ce dée par une prescription de des toilettes. »
TEXTES DE SOPHIE MANGADO n’est pas le sevrage qui est diffi- méthadone. Il lui ar rive de À ceux qui s’insurgent
à penser
»
cile. C’est apprendre à penser consommer encore, rarement. contre le financement des
PHOTOS DE VALÉRIAN MAZATAUD autrement. » Consommation contrôlée, SIS, elle rétorque que ça ne
autrement. Alice vit dans une petite rue donc ? « Non, parce que si je coûte pas plus cher que les
STUDIO HANS LUCAS résidentielle tranquille, pay- pouvais contrôler, je n’en pren- ser vices de santé octroyés
Alice sage urbain typique de la ban- drais pas du tout, de l’héroïne. » aux personnes qui auraient
lieue nord de Montréal. Elle Sur les SIS, elle porte un re- évité ces soins si elles avaient
travaille de la maison, mais gard ambivalent. « Quand eu accès à un SIS. Avant
D
ans les organismes communau- siques au sein des organismes communau- préfère taire son activité pour j’étais dans la rue, j’y serais al- d’ajouter : « Et moi aussi, j’en
taires, on reste fébrile. Les ser- taires concernés, à les faire valider par Santé préserver son anonymat. Tout lée, c’est cer tain. Aujour - paye, des taxes. »
vices d’injection super visée Canada (un des der niers critères de la de-
(SIS) verront-ils enfin le jour ? mande d’exemption auxquels il faut se confor-
« On veut y croire, mais on est in- mer) et finalement à engager le personnel.
quiets », confie Sylvie Boivin, di- ments d’occasion au cœur de cette jour née où elle vient
rectrice de L’Anonyme, qui gérera le premier « Essaie de ne pas mourir » REBECCA Montréal. « J’ai eu une belle nous rencontrer après le tra-
SIS mobile en Amérique du Nord. « Il reste en- «On va enfin avoir un outil qui aurait dû être à (prénom d’emprunt) vie. » Depuis quatre ans, elle vail. Pas le temps de faire un
core bien des étapes hors de notre contrôle, ajoute notre disposition depuis longtemps pour éviter des inter vient auprès de per- aller-retour chez elle, mais elle
le directeur adjoint Julien Montreuil. Après tant
d’années, il y a un certain lâcher-prise, ça arri-
vera quand ça arrivera. »
morts et être présents à un moment crucial du cy-
cle de consommation », estime Sandhia Vadla-
mudy, directrice de Cactus (premier site
Idelquait
y a 16 ans, Rebecca cla-
la porte de son bureau
comptables après 25 ans,
sonnes toxicomanes. C’est le
milieu qu’elle a choisi.
Aujourd’hui, Rebecca contrôle
doit consommer.
« J’ai utilisé les toilettes d’un
lieu public, un ami m’attendait
Depuis 2011, la Direction régionale de la santé d’échange de seringues en Amérique du Nord, à étrangère à ce milieu dans le- sa consommation, aidée par une à l’extérieur. Bien sûr, s’il y
publique (DRSP) se prépare à déposer une de- son ouverture en 1986 ; l’organisme a distribué quel elle ne se reconnaissait prescription de méthadone. avait eu un SIS, c’est là que je
mande d’exemption le plus incontestable possi- l’an dernier plus de 600 000 seringues du million plus. À 56 ans, elle en compte C’est habituellement chez elle serais allée. J’arrive à m’organi-
ble. Acheminée à Santé Canada au printemps dispensé sur l’ensemble de l’île de Montréal). 35 de consommation d’héroïne. qu’elle consomme, une ou deux ser, à prévoir le moment où je
2015, celle-ci exige de répondre à 26 critères. « On est là avant l’injection, après, mais pas pen- Elle a maintenu l’illusion tout fois par jour. Jamais seule. vais devoir consommer. Mais
« On sent un soutien des trois dant. Or des messages de pré- au long de sa carrière, dit-elle. Elle connaît trop bien les beaucoup d’usagers dans la rue
ordres de gouvernement, et la vention pourraient être passés C’est la curiosité qui l’a pous- risques associés à un «hit» isolé. se retrouvent en état de manque
collaboration avec le Service de à ce moment-là. Les SIS nous sée à essayer la drogue. «Au dé- «Si tu fais un arrêt cardiaque ou et c’est là qu’ils sont les plus vul-
police de la Ville de Montréal offrent un éventail de possibili- but, c’était seulement les fins de respiratoire, personne n’est là nérables. Ils peuvent acheter
[dont l’appui fait partie des cri- tés pour améliorer la vie des semaine. Et puis… on devient pour te faire revenir, il suffit de n’importe quoi, auprès du pre-
tères] est bien enclenchée. Tout utilisateurs et favoriser leur vite accro.» À trois ou quatre re- quelques minutes pour mourir. mier vendeur venu, sans savoir
ça favorise l’idée que les SIS empowerment.» prises, elle a tenté de décrocher, On croit souvent à tort que, der- vraiment ce qu’ils vont s’injec-
vont pouvoir se concrétiser Tel est le principe de réduc- avant d’y revenir. « Ces périodes rière une surdose mortelle, il y ter. L’accès à un SIS est non seu-
dans un avenir assez proche », tion des méfaits. « Le lien ont toujours été très difficiles.» avait l’intention de se suicider.» lement vital, il va aussi permet-
espère la D re Carole Moris- qu’on développe avec les gens Pendant quelques années, Mais il lui arrive de devoir tre aux utilisateurs d’adopter
sette, porteuse du dossier des qui fréquentent nos orga- elle tient une boutique de vête- consommer ailleurs. Comme des pratiques plus sécuritaires. »
SIS à la DRSP. Elle se garde nismes est la base pour qu’ils
de préciser le moment auquel commencent à envisager de
le dossier pourrait aboutir, prendre soin d’eux. On les ac-
tant les étapes à franchir demeurent nom-
breuses. « Pas avant des mois, c’est cer tain.
cueille comme ils sont. » Une suite logique, donc,
pour les acteurs du milieu. Sylvie Boivin JULIETTE quelqu’un avec moi quand je
dois consommer. » Juliette opte
peu la roulette russe quand tu
t’injectes de la drogue. »
abonde : « On distribue du matériel stérile, on sug- (prénom d’emprunt)
Quand on sera à quelques semaines d’une ouver- alors pour des toilettes, une Pour Juliette, la drogue est
ture assurée, à ce moment-là on pourra affirmer gère les pratiques d’injection les plus sécuritaires ruelle. « En cas de surdose, on une stratégie d’adaptation. «Une
que ça va se faire.»
Le piège de la consommation
« Je me fais demander tous les jours depuis trop
longtemps si les SIS vont enfin ouvrir. Je n’en re-
viens pas qu’on soit encore dans l’attente. » Moxy
(prénom d’emprunt) travaille dans un orga-
possible, puis on a l’impression de dire “va faire ça
dans la ruelle et essaie de ne pas mourir” ! Les SIS
vont nous permettre d’être plus proches des pra-
tiques de consommation, qui changent très rapide-
ment, et d’adapter nos interventions. »
Juliette (prénom d’emprunt) souhaite que les
lieux soient à l’image des consommateurs.
« L’image que
les gens ont
de nous, cette
«P ar fois, ça me pose pro-
blème avec des vendeurs
qui ne me connaissent pas : ils
croient que je suis un agent dou-
ble.» Juliette, la jeune vingtaine,
loin du cliché de la junkie, ter-
minait ses études en ar ts vi-
me trouvera. » À raison de plu-
sieurs injections par jour, envi-
ron quatre jours par semaine,
Juliette consomme de l’héroïne
et des médicaments opioïdes.
« Je continuerai à consommer
chez moi. Mais pour les fois où
consommation soutenue ou abu-
sive est une réaction au système
dans lequel on vit ou à ce qu’on a
vécu.» Il y a deux ans, elle rece-
vait un diagnostic de dépres-
sion. « La drogue m’a aidée à
chasser les pensées suicidaires. »
nisme distribuant du matériel d’injection sté- « J’espère que nous, utilisatrices et utilisateurs, suels il y a huit mois et s’initie il m’arrive de consommer de- Elle évoque plus qu’elle ne ra-
rile. Après une douzaine d’années d’errance, aurons notre mot à dire. Nous sommes trop sou- idée qu’on serait aujourd’hui à l’art du tatouage. hors, j’irai plutôt dans un SIS. conte, tenant à une certaine pu-
elle est par venue à reprendre le dessus et vent considérés comme incapables d’avoir du ju- « L’image que les gens ont de Quand tu es en manque, tu deur d’où perce subtilement
maintient une consommation occasionnelle. gement parce que soi-disant uniquement esclaves juste esclaves nous, cette idée qu’on serait juste dois t’injecter ta dose immédia- une sensibilité abyssale.
« La consommation, on la choisit peut-être au de notre consommation. C’est paternaliste et in- esclaves de la drogue… C’est pa- tement, sinon tu tombes ma- Lucide, Juliette sait la fragi-
tout début, mais on perd très vite le contrôle. fantilisant. » Pour Juliette, l’héroïne est un de la drogue… ternaliste et infantilisant.» lade. Tu cherches alors le lieu lité de sa béquille et s’inter-
Quand j’ai consommé la première fois, je ne sa- moyen de composer avec ses blessures. Dans « J’ai la chance d’avoir un le plus proche. roge sur sa consommation.
C’est paternaliste
»
vais pas que je deviendrais accro. » la balance, elle pèse avec lucidité les bénéfices chez-moi et des amis compréhen- « Aujourd’hui, c’est la ruelle Elle fréquente plusieurs res-
Pour celle qui dit avoir compris que l’absti- qu’elle en retire par rapport aux risques asso- sifs par rapport à ma consom- et tous les risques qui viennent sources of frant des ser vices
nence n’était pas pour elle et qui a su trouver un ciés, loin de les minimiser. et infantilisant. mation. Ça me donne accès à avec. On ne sait pas toujours ce aux utilisateurs de drogue par
équilibre, « la drogue ne disparaîtra pas. J’aime- Pour les représentants des quelque 300 un environnement sécuritaire, qu’on achète, avec quoi la injection afin d’être accompa-
rais ça que, demain, ça n’existe plus, mais ça membres de l’Association québécoise pour la Juliette mais il n’y a pas tout le temps drogue est coupée… C’est un gnée dans sa réflexion.
n’arrivera pas. Alors, mieux vaut donner aux uti- promotion de la santé des personnes utilisa-
lisateurs l’envie de prendre soin d’eux-mêmes. » trices de drogues (AQPSUD), les SIS sont à la
La Santé publique attend toujours l’approba- fois l’ajout d’un outil essentiel aux ser vices
tion des budgets par le ministère de la Santé et existants « et une certaine ouverture sur le tabou
des Services sociaux (MSSS). Aux communica- de l’injection ». Sans être pour autant la pana- consommer tout de suite, de ne simple regard suf fit à te faire
tions, on s’abstient de mettre un chiffre sur les cée. « Il y a des personnes qui n’utiliseront pas les JÉRÔME pas pouvoir attendre d’être ren- baisser les yeux, tu sens le poids
montants discutés. « Les chiffres qui ont circulé SIS, pour toutes sortes de raisons, et il ne fau- tré chez moi. S’il y avait un du jugement. »
jusqu’à présent sont à prendre avec précaution,
a-t-on précisé par courriel au Devoir. Le mon-
tant de 5 millions de dollars [s’applique] unique-
drait pas qu’elles soient davantage ciblées par les
policiers si elles consomment dans la rue. »
Préoccupation partagée par l’ensemble des ac-
«L a consommation contrô-
lée, pour moi, ça ne s’est
pas fait du jour au lendemain.
SIS, c’est là que j’irais. »
En attendant, Jérôme trouve
refuge dans une ruelle, les toi-
Alors, quand il entend des
utilisateurs de drogue par in-
jection (UDI) se qualifier eux-
ment à la première année d’exploitation des SIS teurs à qui Le Devoir s’est adressé et pour qui J’ai connu la rue et tout ce qui lettes d’un édifice public ou d’un mêmes de junkies, il réagit
et inclut les montants récurrents par année et la réticence de certains utilisateurs de drogue à va avec. Quand tu n’as rien, la café. «J’ai la chance de paraître parce qu’il en va de sa dignité
non récurrents pour le démarrage et l’aménage- injection à fréquenter les SIS n’enlève rien à la drogue devient un pansement relativement bien, on ne me pose et de celle de ses pairs.
ment des lieux. » pertinence de ces derniers. social. » Jérôme balaye du re- pas trop de questions. Et je fais Les SIS, Jérôme cr oit
Carole Morissette rapporte que, « selon une « Ça ne sauvera peut-être pas tout le monde, gard sa cour fleurie. surtout bien attention de ne lais- qu’ils pour raient aider les
étude sur le rapport coûts-bénéfices menée par la mais moi j’irai, conclut Raphaël, utilisateur oc- Aujourd’hui, il occupe un ser aucune trace. Ça m’agace de UDI à mieux consommer.
Santé publique, l’implantation des SIS devient casionnel qui voudrait éviter les dangers de la emploi au sein d’une r es- voir traîner du matériel d’injec- « Il y a beaucoup à faire au-
rentable dès la quatrième année de fonctionne- rue. Avec une infirmière sur place, j’aurai moins source communautaire, a un tion usagé. Si nous, consomma- tour du rituel de l’injection
ment » puisque la prévention des infections et peur de mourir à chaque injection. » réseau social, partage un ap- teurs, voulons voir changer les pour lutter contre les infec-
des surdoses engendre une diminution des par tement. « C’est ce qui mentalités, c’est aussi à nous de tions. Ne serait-ce que l’accès
coûts associés aux soins de santé. Une fois le Collaboration spéciale me sauve la vie. » Il consom - faire un geste. On ne peut pas de- à une eau et un environne-
budget approuvé, il restera à bâtir les lieux phy- Le Devoir me occasionnellement, deux mander aux gens de nous accep- ment stériles. Quand tu es tout
ou trois fois par mois, « pour ter sans faire un effort.» seul, caché, personne ne peut
le plaisir ». Le sentiment de rejet, l’im- te donner de conseils pour mo-
« Quand j’achète ma dope, pression d’être considéré difier ton rituel. Il faut donner
« On va enfin avoir
un outil qui aurait dû
être à notre disposition
Les SIS au Québec
et au Canada : chronologie
Les SIS à Montréal : ce qui est prévu
Trois sites fixes et un site mobile gérés par des organismes communautaires déjà bien connus
des utilisateurs de drogue par injection. Selon la situation géographique et les statistiques de fré-
quentation, la Santé publique anticipe entre 30 et 100 injections par jour d’un lieu à l’autre. « J’ai vécu
généralement au centre-ville, il
peut m’arriver d’avoir envie de
comme un déchet, Jérôme
connaît trop bien. « Parfois, un
les moyens au monde de ne
pas se maganer. »
»
2008 Inscription des SIS au programme na- L’organisme Point de repère espère voir Québec emboîter le pas à Montréal. La capitale ac- cule d’une « vie bien nor- choses. un moment, on est si
et être présents tional de Santé publique du Québec. cuse un retard « d’un à deux ans », estime son directeur, Mario Gagnon. « C’est un dossier émi- male de première de classe « Huit ans plus douzaine bas que l’échelle sem-
2011 La Cour suprême déboute le gouver- nemment politique et nous avons dû fournir un gros effort de sensibilisation. Notre stratégie a été trop à perdre au collège privé » à une con - tard, je comprends ble bien trop haute. Je
à un moment crucial que tout ce que j’ai d’années
»
nement dans sa bataille contre Insite. de laisser Insite ouvrir et faire ses preuves. » L’organisme estime à environ 900 le nombre de per- sommation de cocaïne par marchais en regar-
Janvier 2016 Le Dr Peter Centre (Vancouver) sonnes qui pourraient recourir à un SIS. Moxy injection pour laquelle elle vécu n’a pas été vain. dant par terre, j’avais
du cycle de consommation obtient une exemption de Santé Canada. De- lâche tout. Je m’en sers pour de cocaïne honte.
puis 2002, sa clinique offrait informellement « Je voulais expérimenter faire du bien autour et d’héroïne, « On n’a jamais en-
un lieu sécuritaire à ceux de ses patients qui Là où le bât ne blesse pas tout ce à quoi je n’avais pas de moi. » Moxy est vie de s’injecter de la
Sandhia Vadlamudy, directrice du site
d’échange de seringues Cactus
avaient besoin de s’injecter de la drogue.
Juillet 2016 Le conseil municipal de Toronto
vote pour l’ouver ture de trois SIS dans la
Ville reine, projet avalisé par le Conseil de la
santé de Toronto.
Depuis l’ouverture du premier SIS en 1986 à Berne (Suisse), on en compte 92 répartis en Eu-
rope, en Australie et au Canada. À la suite de la synthèse d’une quarantaine d’études sur l’éva-
luation des SIS, l’Institut national de santé publique du Québec rapporte que ces services —
outre la prévention des infections au VIH et au VHC et la réduction des surdoses — réduisent
4000
C’est le nombre estimé
eu accès. »
Après une douzaine d’an-
nées de cocaïne et d’héroïne,
c’est sa santé qui l’arrête.
La drogue prenait toute la
aujourd’hui inter ve- c’est sa santé drogue devant des gens,
nante auprès d’utilisa-
teurs de drogue par qui l’arrête
injection.
de donner cette image,
mais il m’est arrivé de
le faire. J’avais besoin
Il lui arrive de consommer de mon injection et je me fou-
les impacts négatifs sur l’ordre public, n’accroissent pas le nombre de délits inhérents à la d’utilisateurs de drogue place. « La réduction des mé- encore, deux ou trois fois par tais du reste. Ce n’était pas un
consommation de drogues ni ne favorisent le passage à l’injection. par injection à Montréal faits m’a sauvé la vie. Sans mois. « J’ai vécu l’extrême et choix. S’il y avait eu un SIS, j’y
ça, je serais encore en train je n’ai pas envie d’y retour- serais allée. »
A 4 L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6 A 5
INJECTION SUPERVISEE
«
Au cliché tenace du junkie de fond de ruelle s’oppose une réalité hétérogène. La consommation n’a pas d’âge, pas de sexe, pas de milieu professionnel ni social.
« Il suffit de passer une heure ici pour voir qu’on fait fausse route en appliquant ce stéréotype à l’ensemble des gens qui fréquentent notre organisme », soutient
Quand Sandhia Vadlamudy, directrice de Cactus. Si les ser vices d’injection super visée (SIS) desser viront probablement des consommateurs au profil varié, la Direction
tu arrêtes, régionale de la santé publique (DRSP) estime néanmoins qu’ils rejoindront d’abord les plus vulnérables. On estime à 4000 le nombre d’utilisateurs de drogue
ALICE
(prénom d’emprunt)
comme elle se rend jusque
dans le centre-ville pour se
procurer du matériel d’injec-
d’hui… je ne sais pas. Je n’ai
pas envie de voir d’autres per-
sonnes s’injecter ou de savoir
il faudra voir
tion plutôt qu’à la pharmacie que je suis observée. C’est un
doigts. Ce n’est
pas le sevrage
«P endant des années, j’ai
géré ma vie pour con -
sommer, concentrée sur le be-
du coin. « Ici, ça se parle vite,
je n’ai pas envie qu’on sache. »
L’héroïne à 15 ans, la rue, le
geste pudique, l’injection. »
Quand elle achète de l’hé-
roïne, Alice attend d’être ren-
soin de trouver de quoi payer travail du sexe : tout ça est loin trée chez elle pour consom-
qui est difficile. ma prochaine dose. Quand tu désormais. Mais Alice reste mer. « Mais si je suis malade,
arrêtes, tu te demandes ce que physiquement dépendante, ai- alors ce sera le SIS plutôt que
C’est apprendre tu vas faire de tes dix doigts. Ce dée par une prescription de des toilettes. »
TEXTES DE SOPHIE MANGADO n’est pas le sevrage qui est diffi- méthadone. Il lui ar rive de À ceux qui s’insurgent
à penser
»
cile. C’est apprendre à penser consommer encore, rarement. contre le financement des
PHOTOS DE VALÉRIAN MAZATAUD autrement. » Consommation contrôlée, SIS, elle rétorque que ça ne
autrement. Alice vit dans une petite rue donc ? « Non, parce que si je coûte pas plus cher que les
STUDIO HANS LUCAS résidentielle tranquille, pay- pouvais contrôler, je n’en pren- ser vices de santé octroyés
Alice sage urbain typique de la ban- drais pas du tout, de l’héroïne. » aux personnes qui auraient
lieue nord de Montréal. Elle Sur les SIS, elle porte un re- évité ces soins si elles avaient
travaille de la maison, mais gard ambivalent. « Quand eu accès à un SIS. Avant
D
ans les organismes communau- siques au sein des organismes communau- préfère taire son activité pour j’étais dans la rue, j’y serais al- d’ajouter : « Et moi aussi, j’en
taires, on reste fébrile. Les ser- taires concernés, à les faire valider par Santé préserver son anonymat. Tout lée, c’est cer tain. Aujour - paye, des taxes. »
vices d’injection super visée Canada (un des der niers critères de la de-
(SIS) verront-ils enfin le jour ? mande d’exemption auxquels il faut se confor-
« On veut y croire, mais on est in- mer) et finalement à engager le personnel.
quiets », confie Sylvie Boivin, di- ments d’occasion au cœur de cette jour née où elle vient
rectrice de L’Anonyme, qui gérera le premier « Essaie de ne pas mourir » REBECCA Montréal. « J’ai eu une belle nous rencontrer après le tra-
SIS mobile en Amérique du Nord. « Il reste en- «On va enfin avoir un outil qui aurait dû être à (prénom d’emprunt) vie. » Depuis quatre ans, elle vail. Pas le temps de faire un
core bien des étapes hors de notre contrôle, ajoute notre disposition depuis longtemps pour éviter des inter vient auprès de per- aller-retour chez elle, mais elle
le directeur adjoint Julien Montreuil. Après tant
d’années, il y a un certain lâcher-prise, ça arri-
vera quand ça arrivera. »
morts et être présents à un moment crucial du cy-
cle de consommation », estime Sandhia Vadla-
mudy, directrice de Cactus (premier site
Idelquait
y a 16 ans, Rebecca cla-
la porte de son bureau
comptables après 25 ans,
sonnes toxicomanes. C’est le
milieu qu’elle a choisi.
Aujourd’hui, Rebecca contrôle
doit consommer.
« J’ai utilisé les toilettes d’un
lieu public, un ami m’attendait
Depuis 2011, la Direction régionale de la santé d’échange de seringues en Amérique du Nord, à étrangère à ce milieu dans le- sa consommation, aidée par une à l’extérieur. Bien sûr, s’il y
publique (DRSP) se prépare à déposer une de- son ouverture en 1986 ; l’organisme a distribué quel elle ne se reconnaissait prescription de méthadone. avait eu un SIS, c’est là que je
mande d’exemption le plus incontestable possi- l’an dernier plus de 600 000 seringues du million plus. À 56 ans, elle en compte C’est habituellement chez elle serais allée. J’arrive à m’organi-
ble. Acheminée à Santé Canada au printemps dispensé sur l’ensemble de l’île de Montréal). 35 de consommation d’héroïne. qu’elle consomme, une ou deux ser, à prévoir le moment où je
2015, celle-ci exige de répondre à 26 critères. « On est là avant l’injection, après, mais pas pen- Elle a maintenu l’illusion tout fois par jour. Jamais seule. vais devoir consommer. Mais
« On sent un soutien des trois dant. Or des messages de pré- au long de sa carrière, dit-elle. Elle connaît trop bien les beaucoup d’usagers dans la rue
ordres de gouvernement, et la vention pourraient être passés C’est la curiosité qui l’a pous- risques associés à un «hit» isolé. se retrouvent en état de manque
collaboration avec le Service de à ce moment-là. Les SIS nous sée à essayer la drogue. «Au dé- «Si tu fais un arrêt cardiaque ou et c’est là qu’ils sont les plus vul-
police de la Ville de Montréal offrent un éventail de possibili- but, c’était seulement les fins de respiratoire, personne n’est là nérables. Ils peuvent acheter
[dont l’appui fait partie des cri- tés pour améliorer la vie des semaine. Et puis… on devient pour te faire revenir, il suffit de n’importe quoi, auprès du pre-
tères] est bien enclenchée. Tout utilisateurs et favoriser leur vite accro.» À trois ou quatre re- quelques minutes pour mourir. mier vendeur venu, sans savoir
ça favorise l’idée que les SIS empowerment.» prises, elle a tenté de décrocher, On croit souvent à tort que, der- vraiment ce qu’ils vont s’injec-
vont pouvoir se concrétiser Tel est le principe de réduc- avant d’y revenir. « Ces périodes rière une surdose mortelle, il y ter. L’accès à un SIS est non seu-
dans un avenir assez proche », tion des méfaits. « Le lien ont toujours été très difficiles.» avait l’intention de se suicider.» lement vital, il va aussi permet-
espère la D re Carole Moris- qu’on développe avec les gens Pendant quelques années, Mais il lui arrive de devoir tre aux utilisateurs d’adopter
sette, porteuse du dossier des qui fréquentent nos orga- elle tient une boutique de vête- consommer ailleurs. Comme des pratiques plus sécuritaires. »
SIS à la DRSP. Elle se garde nismes est la base pour qu’ils
de préciser le moment auquel commencent à envisager de
le dossier pourrait aboutir, prendre soin d’eux. On les ac-
tant les étapes à franchir demeurent nom-
breuses. « Pas avant des mois, c’est cer tain.
cueille comme ils sont. » Une suite logique, donc,
pour les acteurs du milieu. Sylvie Boivin JULIETTE quelqu’un avec moi quand je
dois consommer. » Juliette opte
peu la roulette russe quand tu
t’injectes de la drogue. »
abonde : « On distribue du matériel stérile, on sug- (prénom d’emprunt)
Quand on sera à quelques semaines d’une ouver- alors pour des toilettes, une Pour Juliette, la drogue est
ture assurée, à ce moment-là on pourra affirmer gère les pratiques d’injection les plus sécuritaires ruelle. « En cas de surdose, on une stratégie d’adaptation. «Une
que ça va se faire.»
Le piège de la consommation
« Je me fais demander tous les jours depuis trop
longtemps si les SIS vont enfin ouvrir. Je n’en re-
viens pas qu’on soit encore dans l’attente. » Moxy
(prénom d’emprunt) travaille dans un orga-
possible, puis on a l’impression de dire “va faire ça
dans la ruelle et essaie de ne pas mourir” ! Les SIS
vont nous permettre d’être plus proches des pra-
tiques de consommation, qui changent très rapide-
ment, et d’adapter nos interventions. »
Juliette (prénom d’emprunt) souhaite que les
lieux soient à l’image des consommateurs.
« L’image que
les gens ont
de nous, cette
«P ar fois, ça me pose pro-
blème avec des vendeurs
qui ne me connaissent pas : ils
croient que je suis un agent dou-
ble.» Juliette, la jeune vingtaine,
loin du cliché de la junkie, ter-
minait ses études en ar ts vi-
me trouvera. » À raison de plu-
sieurs injections par jour, envi-
ron quatre jours par semaine,
Juliette consomme de l’héroïne
et des médicaments opioïdes.
« Je continuerai à consommer
chez moi. Mais pour les fois où
consommation soutenue ou abu-
sive est une réaction au système
dans lequel on vit ou à ce qu’on a
vécu.» Il y a deux ans, elle rece-
vait un diagnostic de dépres-
sion. « La drogue m’a aidée à
chasser les pensées suicidaires. »
nisme distribuant du matériel d’injection sté- « J’espère que nous, utilisatrices et utilisateurs, suels il y a huit mois et s’initie il m’arrive de consommer de- Elle évoque plus qu’elle ne ra-
rile. Après une douzaine d’années d’errance, aurons notre mot à dire. Nous sommes trop sou- idée qu’on serait aujourd’hui à l’art du tatouage. hors, j’irai plutôt dans un SIS. conte, tenant à une certaine pu-
elle est par venue à reprendre le dessus et vent considérés comme incapables d’avoir du ju- « L’image que les gens ont de Quand tu es en manque, tu deur d’où perce subtilement
maintient une consommation occasionnelle. gement parce que soi-disant uniquement esclaves juste esclaves nous, cette idée qu’on serait juste dois t’injecter ta dose immédia- une sensibilité abyssale.
« La consommation, on la choisit peut-être au de notre consommation. C’est paternaliste et in- esclaves de la drogue… C’est pa- tement, sinon tu tombes ma- Lucide, Juliette sait la fragi-
tout début, mais on perd très vite le contrôle. fantilisant. » Pour Juliette, l’héroïne est un de la drogue… ternaliste et infantilisant.» lade. Tu cherches alors le lieu lité de sa béquille et s’inter-
Quand j’ai consommé la première fois, je ne sa- moyen de composer avec ses blessures. Dans « J’ai la chance d’avoir un le plus proche. roge sur sa consommation.
C’est paternaliste
»
vais pas que je deviendrais accro. » la balance, elle pèse avec lucidité les bénéfices chez-moi et des amis compréhen- « Aujourd’hui, c’est la ruelle Elle fréquente plusieurs res-
Pour celle qui dit avoir compris que l’absti- qu’elle en retire par rapport aux risques asso- sifs par rapport à ma consom- et tous les risques qui viennent sources of frant des ser vices
nence n’était pas pour elle et qui a su trouver un ciés, loin de les minimiser. et infantilisant. mation. Ça me donne accès à avec. On ne sait pas toujours ce aux utilisateurs de drogue par
équilibre, « la drogue ne disparaîtra pas. J’aime- Pour les représentants des quelque 300 un environnement sécuritaire, qu’on achète, avec quoi la injection afin d’être accompa-
rais ça que, demain, ça n’existe plus, mais ça membres de l’Association québécoise pour la Juliette mais il n’y a pas tout le temps drogue est coupée… C’est un gnée dans sa réflexion.
n’arrivera pas. Alors, mieux vaut donner aux uti- promotion de la santé des personnes utilisa-
lisateurs l’envie de prendre soin d’eux-mêmes. » trices de drogues (AQPSUD), les SIS sont à la
La Santé publique attend toujours l’approba- fois l’ajout d’un outil essentiel aux ser vices
tion des budgets par le ministère de la Santé et existants « et une certaine ouverture sur le tabou
des Services sociaux (MSSS). Aux communica- de l’injection ». Sans être pour autant la pana- consommer tout de suite, de ne simple regard suf fit à te faire
tions, on s’abstient de mettre un chiffre sur les cée. « Il y a des personnes qui n’utiliseront pas les JÉRÔME pas pouvoir attendre d’être ren- baisser les yeux, tu sens le poids
montants discutés. « Les chiffres qui ont circulé SIS, pour toutes sortes de raisons, et il ne fau- tré chez moi. S’il y avait un du jugement. »
jusqu’à présent sont à prendre avec précaution,
a-t-on précisé par courriel au Devoir. Le mon-
tant de 5 millions de dollars [s’applique] unique-
drait pas qu’elles soient davantage ciblées par les
policiers si elles consomment dans la rue. »
Préoccupation partagée par l’ensemble des ac-
«L a consommation contrô-
lée, pour moi, ça ne s’est
pas fait du jour au lendemain.
SIS, c’est là que j’irais. »
En attendant, Jérôme trouve
refuge dans une ruelle, les toi-
Alors, quand il entend des
utilisateurs de drogue par in-
jection (UDI) se qualifier eux-
ment à la première année d’exploitation des SIS teurs à qui Le Devoir s’est adressé et pour qui J’ai connu la rue et tout ce qui lettes d’un édifice public ou d’un mêmes de junkies, il réagit
et inclut les montants récurrents par année et la réticence de certains utilisateurs de drogue à va avec. Quand tu n’as rien, la café. «J’ai la chance de paraître parce qu’il en va de sa dignité
non récurrents pour le démarrage et l’aménage- injection à fréquenter les SIS n’enlève rien à la drogue devient un pansement relativement bien, on ne me pose et de celle de ses pairs.
ment des lieux. » pertinence de ces derniers. social. » Jérôme balaye du re- pas trop de questions. Et je fais Les SIS, Jérôme cr oit
Carole Morissette rapporte que, « selon une « Ça ne sauvera peut-être pas tout le monde, gard sa cour fleurie. surtout bien attention de ne lais- qu’ils pour raient aider les
étude sur le rapport coûts-bénéfices menée par la mais moi j’irai, conclut Raphaël, utilisateur oc- Aujourd’hui, il occupe un ser aucune trace. Ça m’agace de UDI à mieux consommer.
Santé publique, l’implantation des SIS devient casionnel qui voudrait éviter les dangers de la emploi au sein d’une r es- voir traîner du matériel d’injec- « Il y a beaucoup à faire au-
rentable dès la quatrième année de fonctionne- rue. Avec une infirmière sur place, j’aurai moins source communautaire, a un tion usagé. Si nous, consomma- tour du rituel de l’injection
ment » puisque la prévention des infections et peur de mourir à chaque injection. » réseau social, partage un ap- teurs, voulons voir changer les pour lutter contre les infec-
des surdoses engendre une diminution des par tement. « C’est ce qui mentalités, c’est aussi à nous de tions. Ne serait-ce que l’accès
coûts associés aux soins de santé. Une fois le Collaboration spéciale me sauve la vie. » Il consom - faire un geste. On ne peut pas de- à une eau et un environne-
budget approuvé, il restera à bâtir les lieux phy- Le Devoir me occasionnellement, deux mander aux gens de nous accep- ment stériles. Quand tu es tout
ou trois fois par mois, « pour ter sans faire un effort.» seul, caché, personne ne peut
le plaisir ». Le sentiment de rejet, l’im- te donner de conseils pour mo-
« Quand j’achète ma dope, pression d’être considéré difier ton rituel. Il faut donner
« On va enfin avoir
un outil qui aurait dû
être à notre disposition
Les SIS au Québec
et au Canada : chronologie
Les SIS à Montréal : ce qui est prévu
Trois sites fixes et un site mobile gérés par des organismes communautaires déjà bien connus
des utilisateurs de drogue par injection. Selon la situation géographique et les statistiques de fré-
quentation, la Santé publique anticipe entre 30 et 100 injections par jour d’un lieu à l’autre. « J’ai vécu
généralement au centre-ville, il
peut m’arriver d’avoir envie de
comme un déchet, Jérôme
connaît trop bien. « Parfois, un
les moyens au monde de ne
pas se maganer. »
»
2008 Inscription des SIS au programme na- L’organisme Point de repère espère voir Québec emboîter le pas à Montréal. La capitale ac- cule d’une « vie bien nor- choses. un moment, on est si
et être présents tional de Santé publique du Québec. cuse un retard « d’un à deux ans », estime son directeur, Mario Gagnon. « C’est un dossier émi- male de première de classe « Huit ans plus douzaine bas que l’échelle sem-
2011 La Cour suprême déboute le gouver- nemment politique et nous avons dû fournir un gros effort de sensibilisation. Notre stratégie a été trop à perdre au collège privé » à une con - tard, je comprends ble bien trop haute. Je
à un moment crucial que tout ce que j’ai d’années
»
nement dans sa bataille contre Insite. de laisser Insite ouvrir et faire ses preuves. » L’organisme estime à environ 900 le nombre de per- sommation de cocaïne par marchais en regar-
Janvier 2016 Le Dr Peter Centre (Vancouver) sonnes qui pourraient recourir à un SIS. Moxy injection pour laquelle elle vécu n’a pas été vain. dant par terre, j’avais
du cycle de consommation obtient une exemption de Santé Canada. De- lâche tout. Je m’en sers pour de cocaïne honte.
puis 2002, sa clinique offrait informellement « Je voulais expérimenter faire du bien autour et d’héroïne, « On n’a jamais en-
un lieu sécuritaire à ceux de ses patients qui Là où le bât ne blesse pas tout ce à quoi je n’avais pas de moi. » Moxy est vie de s’injecter de la
Sandhia Vadlamudy, directrice du site
d’échange de seringues Cactus
avaient besoin de s’injecter de la drogue.
Juillet 2016 Le conseil municipal de Toronto
vote pour l’ouver ture de trois SIS dans la
Ville reine, projet avalisé par le Conseil de la
santé de Toronto.
Depuis l’ouverture du premier SIS en 1986 à Berne (Suisse), on en compte 92 répartis en Eu-
rope, en Australie et au Canada. À la suite de la synthèse d’une quarantaine d’études sur l’éva-
luation des SIS, l’Institut national de santé publique du Québec rapporte que ces services —
outre la prévention des infections au VIH et au VHC et la réduction des surdoses — réduisent
4000
C’est le nombre estimé
eu accès. »
Après une douzaine d’an-
nées de cocaïne et d’héroïne,
c’est sa santé qui l’arrête.
La drogue prenait toute la
aujourd’hui inter ve- c’est sa santé drogue devant des gens,
nante auprès d’utilisa-
teurs de drogue par qui l’arrête
injection.
de donner cette image,
mais il m’est arrivé de
le faire. J’avais besoin
Il lui arrive de consommer de mon injection et je me fou-
les impacts négatifs sur l’ordre public, n’accroissent pas le nombre de délits inhérents à la d’utilisateurs de drogue place. « La réduction des mé- encore, deux ou trois fois par tais du reste. Ce n’était pas un
consommation de drogues ni ne favorisent le passage à l’injection. par injection à Montréal faits m’a sauvé la vie. Sans mois. « J’ai vécu l’extrême et choix. S’il y avait eu un SIS, j’y
ça, je serais encore en train je n’ai pas envie d’y retour- serais allée. »
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ACTUALITÉS
Un écho de la détresse au Yémen Denis Coderre utilisé
Esam Almokhtar, citoyen de Québec, veut attirer l’attention
sur la pire crise humanitaire actuelle
par l’ONE ?
JEANNE CORRIVEAU Coderre s’était montré ravi,
SARAH R. CHAMPAGNE faisant l’éloge de l’ONE et de
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L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6 A 7
ACTUALITÉS
G RANDEUR NATURE
O
n peut entendre de même que ces animaux
leurs cris inces- sont « dangereux à capturer »,
sants bien avant notamment en raison de leur
de les apercevoir, taille et de leur caractère très
au bout du sentier ter ritorial. Bon an, mal an,
qui traverse la forêt de l’île l’équipe de recherche en cap-
Bonaventure. Il faut dire qu’ils ture pourtant entre 300 et 400.
sont plus de 100 000 fous de Dans certains cas, on pose une
Bassan, la plus grosse colonie bague à la patte de l’oiseau afin
du monde, à nicher sur cette île de l’identifier. Dans d’autres
située au large de Percé, tantôt cas, des GPS permettent d’en
en terrain plat, tantôt à flanc de apprendre davantage sur leurs
falaises. Un spectacle naturel déplacements dans le golfe du
unique au monde, puisqu’il est Saint-Laurent. Les recherches
possible d’y obser ver le plus servent également à vérifier où
gros oiseau marin d’Amérique ces oiseaux marins passent la
du Nord par fois à seulement période hivernale, puisqu’ils ni-
un mètre de distance. chent sur l’île uniquement de
C’est ici que l’équipe coor- mai à septembre.
donnée par Magella Guille- Les travaux de recherche
mette, spécialiste des oiseaux ont d’ailleurs permis de dé-
côtiers depuis plus de 30 ans, couvrir que, depuis quelques
mène ses recherches estivales années, les fous de Bassan de
sur cette colonie sous constante Bonaventure doivent parcourir
sur veillance scientifique. Un de très grandes distances pour
lieu idéal pour étudier l’espèce, se nourrir et nourrir leurs pe-
selon le professeur au Départe- tits. « Nous avons constaté que
ment de biologie de l’Université les oiseaux vont désormais un
du Québec à Rimouski. On peu partout dans le golfe et ils PHOTOS ALEXANDRE SHIELDS
peut en effet y obser ver tous fréquentent beaucoup la région Les poussins (à droite) doivent rapidement prendre du poids afin de pouvoir prendre leur envol à la fin de l’été.
les comportements sociaux des de l’archipel de Mingan, pré-
oiseaux, dont ceux du couple, cise M. Guillemette. Ils vont Est-ce que les fous de Bassan
uni pour la vie, ou encore l’éle- très loin de leur colonie. On vont se tourner vers d’autres
vage des jeunes, qui doivent parle de plusieurs centaines de proies pour survivre ? Pour le
prendre leur premier envol à kilomètres parcourus chaque moment, le constat du profes-
la fin de l’été. Sans oublier jour. Ils quittent par fois leur seur Guillemette est toutefois
leur caractère extrêmement nid pendant deux jours. » on ne peut plus clair : « la popu-
territorial, au milieu de cette S’ils sont forcés de voyager lation de fous de Bassan devrait
colonie pourtant en apparence autant, c’est que l’abondance diminuer », laisse-t-il tomber.
passablement entassée. de leur proie principale, le ma- Elle avoisine actuellement
M. Guillemette, qui a étudié quereau, a grandement dimi- les 106 000 oiseaux, soit
plusieurs espèces au fil des ans, nué dans les eaux du golfe, 58 000 couples nicheurs.
aime d’ailleurs travailler avec possiblement en raison du ré- Autre source d’inquiétude: la
les fous de Bassan. « Le fou de chauffement des eaux. Un phé- marée noire provoquée par la
Bassan est un oiseau de grande nomène dont les effets à long pétrolière BP dans le golfe du
taille. Il peut peser plus de trois terme sont difficiles à prévoir, Mexique en 2010. Il faut savoir
kilos. Il est vraiment résistant. selon Magella Guillemette, qu’environ 25% des fous de Bas-
On ne voit pas d’effets palpables mais qui a déjà des impacts san de Bonaventure passent l’hi-
de nos manipulations sur le suc- majeurs sur le succès de re- ver dans cette région, notam-
cès de reproduction. » Un avan- production de la colonie de ment les juvéniles. Les jeunes
tage pour les chercheurs, qui fous de Bassan de l’île. nés cette année-là se sont ainsi
ne souhaitent évidemment pas « Les oiseaux sont moins sou- posés dans les eaux du golfe à
nuire à la colonie qu’ils étudient vent au nid, ils travaillent plus peine cinq mois après l’explo-
pour plusieurs années. fort et ils rapportent moins de sion et le naufrage de la plate-
« On les capture, mais nourriture au poussin. Résul- forme Deepwater Horizon.
lorsqu’on les relâche, ils ne s’en- tat : les adultes perdent beau- Quelles ont été les consé-
volent pas. Ils conservent leur coup de poids. On constate quences de cette gigantesque
lien avec leur œuf. C’est très aussi que le nombre de poussins marée noire ? Magella Guille-
particulier. Si on fait cela avec à l’envol est beaucoup plus fai- mette refuse de s’avancer sur
d’autres espèces, dans la plu- ble que ce qu’il devrait être. Et Les couples de fous de Bassan sont unis pour la vie. Ils se câlinent du bec afin de se reconnaître. une conclusion claire à ce sujet.
part des cas, les oiseaux vont se leur poids est médiocre, ce qui « La reproduction de ces oiseaux
sauver. On peut donc manipu- nuit à leurs chances de survie. reproduction avoisinait les nettement insuffisant pour per- leurs nombreuses pour les est très mauvaise, mais il fau-
ler les fous de Bassan, mais En clair, on produit des poussins 70 %, ce qui constitue un taux mettre à la colonie de se main- chercheurs. Que se passe-t-il drait avoir davantage de don-
aussi travailler avec eux sans de mauvaise qualité. » suffisant pour assurer le renou- tenir. En 2012, on parlait même avec le maquereau ? Est-ce nées avant de conclure », sou-
risquer de les blesser et en vellement de la population. d’une « année catastrophe », que toute la chaîne alimentaire ligne simplement le chercheur.
ayant un minimum d’impact Avenir incertain Mais depuis 2008, ce taux avoi- avec un taux d’à peine 8 %. du golfe est perturbée par les
sur leur comportement. » Jusqu’en 2005, le succès de sine en moyenne les 30 %, soit Les questions sont par ail- bouleversements climatiques ? Le Devoir
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ACTUALITÉS
CINÉASTES INSÉCURITÉ Sombres statistiques
Ser vices salutaires
« Une surdose n’est pas forcément mor telle,
mais si tu es seul dans une toilette publique, le
SUITE DE LA PAGE 1 SUITE DE LA PAGE 1 La Direction régionale de santé publique du temps avant qu’on te trouve peut être fatal. Et
CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal trop souvent, quand ça arrive, le premier réflexe
lancer au Québec. « J’avais lu dans les médias et Ruelles et racoins offrant un semblant d’inti- calcule que le nombre annuel moyen de décès est d’appeler la police, pas une ambulance. »
appris de ma relationniste que le festival avait mité, bancs de parc un peu plus isolés que d’au- par intoxication de drogues injectables est Pour Jérôme, aujourd’hui consommateur occa-
perdu ses salles au Forum, sans recevoir un seul tres, espaces abandonnés investis par les utilisa- passé de 51 pour les années 2000 à 2005 à 72 sionnel d’héroïne, les SIS non seulement sauve-
courriel de leur part. » teurs de drogues par injection (UDI), telle cette pour les années 2006 à 2009. Au cours de l’été ront des vies, mais préserveront aussi les utili-
Se renseignant à travers les réseaux sociaux, cour jonchée de matelas souillés, le long d’une 2014, 233 cas de surdose ont été répertoriés. sateurs de l’insalubrité associée à la consomma-
Serena Dykman s’est résolue à appeler le festi- grande artère du centre-ville: autant de lieux invi- tion de rue, qu’il a longtemps connue.
val. « On m’a dit que mon film serait projeté, sibles et pourtant durement réels, au cœur de la « Dans une ruelle, avec l’urgence du manque
mais en me présentant jeudi dans ses bureaux, métropole. Timidement, Raphaël s’inquiète: «S’il je ne suis pas toujours assez conscient.» et la peur d’être surpris, les risques de s’injecter
j’ai reçu plusieurs informations contradictoires ; vous plaît, il ne faudra pas écrire où c’est exacte- «Je me gèle pour éteindre la douleur.» Parfois, il n’importe comment sont là. S’y reprendre à plu-
que mon film allait passer, qu’il ne passerait ment; on ne veut pas être chassés.» pense à décrocher. « Mais pas sans aide médi- sieurs fois pour trouver une veine, réutiliser une
plus, qu’il passerait, etc. » Le jeune homme livre par bribes l’histoire cale. » Pour Raphaël, peut-être que les SIS se- seringue souillée, sans parler de diluer ta drogue
Devant le chaos qui régnait au bureau, il lui d’une vie cassée qui commence par une enfance raient un pas vers des soins appropriés. avec de l’eau puisée à même une flaque d’eau, ou
est apparu clair que Nana ne serait pas projeté, ballottée. Dans la rue « on et off » depuis qu’il a directement dans le fond de la toilette… C’est
faute d’avoir trouvé de nouvelles salles. Alors, 17 ans, il reste évasif sur ce qui l’a conduit dans Enjeu de santé publique tout ça et les conséquences sanitaires que les SIS
elle a retiré son film. « J’ai participé à plus de 70 ces recoins du centre-ville où il nous emmène. Depuis une quinzaine d’années, la docteure permettraient d’éviter. »
festivals à travers le monde, je n’avais jamais vu Quelques années d’abstinence, puis il replonge, Carole Morissette porte le dossier des services Carole Morissette insiste sur l’importance de
ça. C’est affreux pour nous. Encore plus pour la après un séjour à l’hôpital lors duquel on lui pres- d’injection supervisés pour la Direction régionale démontrer que le dossier, politiquement déli-
réputation d’un festival qui a été important. » crit un antidouleur narcotique. Les stigmates de de santé publique (DRSP) du CIUSSS du Centre- cat, n’a pas été monté « sur un coin de table ». Et
L’incompréhension était aussi sur les visages la rue et de la maladie crèvent les yeux. Des ser- Sud-de-l’Île-de-Montréal. « La toxicomanie n’est tempère en expliquant que si la décennie
des habitués, qui ne reconnaissent plus leur vices d’injection supervisés, il espère que ça res- pas juste un enjeu de sécurité publique, c’est un conservatrice a été peu propice à des avancées
festival. « Comment faire un festival sans ar- tera des lieux accueillants, pas trop institutionnali- problème de santé, et ce sont des personnes hu- significatives, la DRSP a choisi de préparer le
gent ? » demandait l’un d’eux, attristé par la sés. « Ça va améliorer la qualité de vie de tout le maines qui vivent des situations difficiles.» terrain en attendant une ère plus favorable. « La
tournure des événements. Au cinéma Impérial, monde. Celle des citoyens du centre-ville aussi.» Inscrits au Programme national de santé pu- bataille pour interdire le renouvellement de
les rares préposées du festival se démèneraient Huit à dix fois par jour, Raphaël s’injecte des blique depuis 2008, les SIS se heurtent pourtant à l’exemption d’Insite a fait peur à tout le monde et
pour éteindre les feux, débordées. Leur télé- médicaments opioïdes. « Dans une ruelle, tu as une série d’obstacles. «Dans le milieu, on n’y croit ralentit le processus », rappelle-t-elle.
phone ne dérougit pas. Certaines ambassades tout le temps peur. De l’overdose, d’être surpris plus, confient quelques membres de l’Association En 2008, le ministre fédéral de la Santé refu-
et institutions nationales auraient été mises au par la police… Stressé, on s’injecte mal, les risques québécoise de promotion de la santé des per- sait de renouveler l’exemption à la Loi régle-
courant de la situation. Sinon, les médias so- d’abcès ou d’infection sont là.» Il comprend la co- sonnes utilisatrices de drogues (AQPSUD). On a mentant cer taines drogues et autres subs-
ciaux tiennent lieu de tam-tams pour relayer les lère de certains résidants, fatigués de trouver des trop souvent entendu dire “c’est pour le printemps tances à l’organisme vancouvérois. S’ensuivit
mauvaises nouvelles. seringues. «J’essaie de ne rien laisser traîner, mais prochain”. En attendant, on compte les morts.» un bras de fer dont le point d’orgue fut donné
Cer tains accusent les médias de jeter de par la Cour suprême en septembre 2011. En dé-
l’huile sur le feu et veulent voir des films, un boutant le gouvernement, la plus haute ins-
point c’est tout, mais que répondre aux ci- tance juridique du pays ouvrait la voie à la pour-
néastes désemparés ? Et même en éprouvant suite des travaux amorcés par la DRSP, en par-
de la compassion pour le président du FFM, tenariat avec les acteurs communautaires, alors
Serge Losique, qui s’est battu pour maintenir appuyés par le ministère québécois de la Santé
un rendez-vous à flot sans appui des institu- et des Services sociaux (MSSS).
tions, force est de constater avec consternation Sans équivoque, le jugement rappelle que la
l’ampleur de la crise. dépendance aux drogues est une maladie, et
que les SIS diminuent les risques de décès sans
Des films malgré tout générer de troubles à la sécurité publique.
Et pourtant donc, le rendez-vous de films roule « C’est un faux problème, défend Jérôme à pro-
encore. Du moins, le FFM s’est-il offert un bon pos de la question d’hypothétiques désagré-
démarrage jeudi soir à l’ouverture avec le film ments pour le voisinage. Les “drogués” sont déjà
d’André Forcier Embrasse-moi comme tu là, dans les quartiers où les SIS existeront ! Ça ne
m’aimes, pétri de bonnes idées et de gags amu- peut qu’être bénéfique pour la collectivité aussi :
sants. Le cinéaste d’Au clair moins de seringues à la traîne, et moins de
de la lune a fait un travail for- risques de trouver une personne intoxiquée ou un
«J’ai participé midable en poétisant la cadavre dans ta ruelle. »
langue montréalaise du
à plus de temps de la Seconde Guerre VALÉRIAN MAZATAUD STUDIOS HANS LUCAS Collaboration spéciale
70 festivals mondiale. Ajoutez une mu- Un « messager de rue » de Cactus ramasse des seringues abandonnées sur une rue montréalaise. Le Devoir
sique exceptionnelle, mais un
à travers le r ythme qui s’alanguit, puis
reprend du tonus en fin de
monde, je partie, plusieurs prestations son gouvernement», précise-t-il. chefs d’État et de gouvernement
formidables, dont celles Tony
n’avais jamais Nardi, France Castel, etc. POUVOIR Le 2 mars 1878, le lieutenant-
gouverneur éjecte du pouvoir les
étranger. Winston Churchill, Fran-
klin Delano Roosevelt et Charles de
vu ça. C’est Vendredi matin, le film SUITE DE LA PAGE 1 conser vateurs et appelle en ren- Gaulle passent successivement en-
Prénom Dobrica, nom : in- fort les libéraux d’Henri-Gustave tre les colonnes de fonte de son en-
affreux pour connu, première œuvre du Par une chaleur accablante, Le Joly de Lotbinière, qui forment un trée monumentale. C’est l’âge d’or
Serbe Srdja Penezic, avait Devoir a parcouru les 75 arpents gouver nement minoritaire. Le du Bois-de-Coulonge.
nous. Encore du charme. Feel good movie de l’ancien domaine vice-royal. Les « très honorable » quitte le Bois-de-
sur un orphelin optimiste, écuries, la maison du gardien, la Coulonge pour le Parlement le Brasier
plus pour la ballotté par les régimes fontaine et quelques canons rap- 9 mars précédé par une fanfare mi- Le cœur du domaine cesse
réputation successifs de la Serbie, il pellent le lustre d’antan de ce parc litaire. Il proroge la session, qui abruptement de battre dans la nuit
s’amusait avec les codes de champêtre situé à l’extrémité sera bientôt dissoute. Les élections glaciale du 21 février 1966. « La ma-
d’un festival l’animation, et à défaut de ouest de la Grande Allée. générales anticipées permettent à gnifique résidence en bois a flambé
vraisemblance, of frait une «Il s’agissait d’un haut lieu de trac- Joly de Lotbinière de se maintenir comme une boîte d’allumettes », rap-
qui a été fable sur la résilience, avec tations politiques», indique l’historien de justesse à la tête du Québec. porte Le Devoir. Un court-circuit
références à l’histoire des de l’Assemblée nationale Frédéric Alphonse Desjardins est aux électrique provoque l’explosion des
important.» Balkans. Lemieux. C’est vraiment l’un des en- premières loges du coup de force chaudières du sous-sol. Le lieute-
– La cinéaste Sinon, les œuvres de la droits les plus fameux pour ça.» Pour du lieutenant-gouverneur. « La pro- nant-gouverneur Paul Comtois or-
Serena Dykman compétition sont présentées cause, le lieutenant-gouverneur Luc vince est en proie à une vive agita- donne à sa fille de sauter par une fe-
le soir. Et comme chaque Letellier de Saint-Just y commet ni tion », note le responsable de la pu- nêtre tandis qu’il se précipite dans
film, en l’absence de plu- plus ni moins un «coup d’État». blication des échanges tenus dans la chapelle du manoir.
sieurs salles de projection, n’est projeté qu’une le Salon vert. Pour le futur fonda- Habitant tout près, le premier mi- L’HISTOIRE DU QUÉBEC À TRAVERS
seule fois, les médias seront appelés à commen- Luc 1er teur du Mouvement des caisses nistre Jean Lesage accourt sur les SES LIEUTENANTS-GOUVERNEURS
ter des œuvres que le public ne pourra plus voir. À la fin du XIXe siècle, les offi- Desjardins, « ces événements ont lieux. La dépouille carbonisée de Le dernier châtelain du Bois-de-
Sans salle de conférence, sans attaché de presse, ciers de l’Assemblée législative font une gravité exceptionnelle ». M. Comtois gît à côté de deux reli- Coulonge, le lieutenant-gouverneur
les cinéastes dont les films survivent à l’émon- régulièrement la navette en calèche Ottawa condamne fermement le quaires renfermant entre autres les Paul Comtois, aurait péri dans
dage ne pourront pas plus commenter leurs entre le parlement et le Bois-de- comportement de Letellier de Saint- restes d’un saint français du XIXe siè- l’incendie de sa résidence officielle
créations, si ce n’est à l’Impérial, où les projec- Coulonge, où le lieutenant-gouver- Just. Les conservateurs de John A. cle, Pierre-Julien Eymard. Selon le en tentant de sauver les reliques
tions s’enchaînent à la queue leu leu. neur sanctionne les projets de loi. Macdonald, qui ont repris le pou- journaliste spécialisé en information d’un saint français du XIXe siècle.
À ces soucis s’ajoutent d’autres, comme Les tapisseries de la villa offrent un voir, recommandent sa destitution. religieuse, Yves Casgrain, le vice-roi
notamment un manque de véhicules et de cadre somptueux à cette ultime Nouvellement élu à Québec, le dé- a péri en essayant de sauver les re-
personnel pour aller chercher les invités à étape du processus législatif, et ce, à puté libéral Honoré Mercier reven- liques aujourd’hui conservées par mier ministre] Daniel Johnson es-
l’aéroport, faute d’argent. Le jur y de la com- des années-lumière du stationne- dique quant à lui l’autonomie provin- l’archidiocèse de Québec. «Je m’at- time que le gouvernement Lesage
pétition mondiale a aussi rétréci. Lee Tama- ment du Walmart où Lise Thibault a ciale. « C’est au peuple de notre pro- tendais à ce que ce soit sous scellé dépensait trop. À par tir de cette
hori n’est pas venu, et d’autres membres du déjà procédé à la sanction vice- vince à l’approuver ou à le désap- quelque part, mais pas du tout. Ce époque-là, le budget du lieutenant-
jur y risquent de se lasser, de rendre leur ta- royale de projets de loi au tournant prouver », dit-il, tout en reconnais- n’était pas gardé d’une façon cérémo- gouverneur a toujours été un enjeu
blier, dit-on en coulisses. des années 2000. sant que le «coup d’État» du vice-roi nieuse ou précieuse, c’était classé politique », rappelle M. Lemieux.
Certains croient que le mal est fait, qu’à tra- Luc Letellier de Saint-Just est le était « vigoureux » et « violent ». parmi d’autres archives dans une Le gouvernement unioniste ins-
vers la planète cinéma, nul ne fera plus la diffé- premier résident permanent de Plongé dans la controverse, Letellier boîte», explique-t-il. talle le successeur de Paul Com-
rence entre un festival et un autre, en se Spencer Wood — l’ancienne appel- de Saint-Just fait ses boîtes et quitte M. Lesage fait «hâter la signature tois dans la maison Dunn sur la
contentant de mettre un X sur une ville identi- lation de Bois-de-Coulonge. Il a été la châtellenie de la Grande Allée le du certificat de décès sans lequel il Grande Allée. Les vice-rois y rési-
fiée au mot confusion. C’est que la réputation désigné lieutenant-gouverneur par 25 juillet 1879. était impossible de désigner un succes- deront jusqu’à la fin des années
de Montréal est en jeu et dépasse de beaucoup le premier ministre libéral fédéral seur aux fonctions vice-royales », fait 1990, moment où le gouvernement
le cas du FFM. La Ville, les institutions fédérale Alexander Mackenzie en 1876. Ce Downtown Abbey remarquer Le Devoir à sa une. Le québécois décide de leur verser
ou provinciale ne pourraient-elles débloquer colosse, bientôt surnommé « Luc Avec ses domestiques et ses va- délégué du Québec à Londres, une allocation de logement.
des fonds juste pour cette édition-ci, afin de 1er », « aime par-dessus tout la vie lets, le lieutenant-gouverneur du Hugues Lapointe, est rappelé au Le brasier de février 1966 aura
sauver l’honneur municipal ? politique active, les luttes par ti- Québec menait une vie agréable pays. Il atterrit quelques heures plus fait table rase du manoir du Bois-de-
Interpellés à ce propos, ni le cabinet du mi- sanes. La tranquillité de Spencer pouvant s’apparenter à celle des tard dans la capitale à bord du Coulonge, mais également de bien
nistre de la Culture, Luc Fortin, ni celui de la Wood ne lui sied pas », selon son occupants de Downtown Abbey. «réacté du gouvernement». «J’espère des règles et des activités protoco-
ministre du Patrimoine canadien, Mélanie biographe Robert Rumilly. En plus de la vingtaine d’arpents que ce sera le dernier lieutenant-gou- laires. Par exemple, Hugues La-
Joly, n’ont donné suite à nos appels. À la Ville Le troisième vice-roi du Québec de terre en culture, on y retrouvait verneur », lance le chef de l’Union pointe abandonne l’uniforme cha-
de Montréal, on s’est voulu rassurant en fin «n’a pas été là très longtemps, mais il des animaux de ferme côtoyant nationale Daniel Johnson, même s’il marré d’or et le bicorne empanaché
de journée. « La réputation internationale de s’est fait remarquer, comme on dit », des chevreuils impor tés de l’île se dit convaincu que «M. et Mme La- de plumes blanches. Le décapage
Montréal, métropole culturelle, ne tient pas souligne de son côté Frédéric Le- d’Anticosti. Le manoir érigé en pointe seront des châtelains très dis- de la fonction vice-royale était toute-
qu’à un seul événement, écrit la directrice des mieux. Le représentant québécois 1862 était entouré d’une érablière, tingués et des hôtes très charmants.» fois déjà bien amorcé. « Dès les an-
communications, Catherine Maurice. Nous de la reine Victoria s’oppose notam- d’un verger et de serres immenses nées 1930, c’est le lieutenant-gouver-
suivons par contre la situation de près et nous ment au tracé du chemin de fer attirant la curiosité de tout l’Em- Déchéance neur Henry George Carroll qui écrit
nous assurons, avec différents partenaires, que Québec-Montréal préconisé par le pire britannique parce qu’on réus- Jean Lesage, lui, veut rapide- dans son journal intime qu’il doit en-
les artistes et artisans soient accueillis dans les gouvernement. « Letellier de Saint- sissait à y cultiver des bananiers. ment reconstr uire une villa au core une fois mettre son habit de
meilleures conditions possible. » Just s’offusque que [le premier minis- Le site est intégré au premier cœur du domaine dévasté. Le pro- singe pour aller au Parlement »,
tre conservateur] Boucher de Bou- « circuit touristique » de la capitale. jet est repoussé aux calendes conclut Frédéric Lemieux.
Avec Sarah Champagne cherville ne vienne pas le voir pour Il constitue un passage obligé pour grecques au lendemain du scrutin
Le Devoir discuter de la politique générale de les têtes couronnées ainsi que les de juin 1966. « [Le nouveau pre- Le Devoir
Le Devoir peut, à l’occasion, mettre la liste d’adresses de ses abonnés à la disposition d’organisations reconnues dont la cause, les produits ou les services peuvent intéresser ses lecteurs. Si vous ne souhaitez pas recevoir de correspondance de ces organisations, veuillez en avertir notre service à la clientèle. Le Devoir est publié du
lundi au samedi par Le Devoir inc. dont le siège social est situé au 2050, rue De Bleury, 9e étage, Montréal (Québec), H3A 3M9. Il est imprimé par Imprimerie Mirabel inc., 12800, rue Brault, Saint-Janvier de Mirabel, division de Québecor Media, 612, rue Saint-Jacques Ouest, Montréal, qui a retenu pour la région de Québec les
services de l’imprimerie du Journal de Québec, 450, avenue Béchard, Québec, qui est la propriété de Corporation Sun Media, 612, rue Saint-Jacques Ouest, Montréal. Envoi de publication — Enregistrement no 0858. Dépôt légal: Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2007.
Agriculture urbaine
La multiplication des
légumes du bitume Page B 2
PERSPECTIVES
CAHIER B › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6
PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE
Les verts
courtisent les
amis de Bernie
La candidate Jill Stein
exhorte les Américains à avoir
«le courage de leurs convictions»
Hillar y Clinton et Donald Trump ne sont pas
les seuls candidats à la Maison-Blanche.
Alors que les candidats des partis qui domi-
nent la vie politique américaine recueillent un
niveau historique d’opinions défavorables,
deux candidats de petits partis attirent des
mécontents de Trump et Clinton : le liberta-
rien Gar y Johnson et Jill Stein, candidate des
verts. Second de deux articles.
MARIE-CHRISTINE BONZOM
Daoust, prisonnier de ces paroles qui restent les gens comme Clinton qui se presque pas
font faussement passer pour les
défenseurs des travailleurs », du reste des
confie Cam Cunningham.
À force de jouer sur les mots, on finit par se valeur de 156 millions. Mais seul Cam Cunning- Américains
brûler les ailes. Jacques Daoust l’a appris à C’est d’autant plus « abracadabrant », pour re- ham « pense voter à nouveau »
ses dépens : il a dû démissionner dans l’op- prendre le qualificatif employé par Amir Kha- pour Jill Stein. Le 8 novembre, Janette Sherman,
dir, que les chefs de cabinet sont choisis par le elle, écrira le nom de Bernie Sanders sur le bul-
probre. Mais à la suite du témoignage du chef cabinet du premier ministre et servent à enca- letin de vote, ce que la loi permet.
de cabinet, Pierre Ouellet, qui n’a pas hésité drer les ministres. Ces électeurs s’étaient engagés avec passion
à enfoncer son ancien patron en commission « Je n’avais pas beaucoup de discussions avec pour Bernie Sanders, un homme incarnant à
parlementaire, on comprend que l’ex-ministre le chef de cabinet du premier ministre, le minis- leurs yeux l’occasion historique de changer
tre ayant plus d’occasions que moi de le croiser, profondément le système politique et la société.
n’aurait pu traverser cette audition, à laquelle que ce soit au Comité des priorités, que ce soit au Janette Sherman a, pour la première fois de
il devait participer, sans perdre la face. C’est Conseil des ministres, les caucus le matin », a re- sa longue vie, donné de l’argent à un candidat
ce qu’il avait compris. laté Pierre Ouellet. en envoyant plusieurs chèques à Bernie San-
Or, selon nos informations, le cabinet de Phi- ders. Le jeune Cam Cunningham a milité
ROBER T DUTRISAC lippe Couillard n’a pas été informé par Jacques pour Bernie Sanders sur le terrain, a obser vé
Correspondant parlementaire Daoust, ni par son chef de cabinet, de la déci- les opérations de vote aux primaires dans sa
à Québec sion d’IQ de se départir de ses actions de Rona. ville de Chicago et ne s’est inscrit sur les
Si on se fie au témoignage de Pierre Ouellet, listes électorales en tant que démocrate que
D
evant la Commission de l’écono- CLÉMENT ALLARD PC le ministre a adopté une attitude désinvolte pour pouvoir voter dans les primaires pour
mie et du travail (CET), Pier re Le témoignage livré par Pierre Ouellet a suscité dans cette af faire. D’abord, il a semblé tout celui que ses par tisans n’appellent que par
Ouellet, le directeur de cabinet de l’incrédulité des députés de l’opposition. faire pour s’assurer qu’il n’avait aucune autorité son prénom.
Jacques Daoust au moment où il pour invalider la décision. Puis, il n’a rien fait « Bernie était le premier candidat à la pré-
était ministre de l’Économie, de lière à ce sujet. Il s’est dit d’accord avec Jean- pour tenter de l’infirmer, ou même exprimer sa sidence avec une chance de gagner à être im-
l’Innovation et des Exportations, a révélé que Claude Scraire. « Logiquement, c’est ce que j’au- réprobation. Pour l’opposition officielle, il s’en pliqué dans le progressisme, un socialiste qui
celui-ci n’était pas favorable à la vente par In- rais fait, mais ce n’était pas à l’ordre du jour. Ç’a est lavé les mains, ce que Pierre Ouellet n’a pas remettait en cause les deux grands par tis
vestissement Québec (IQ) de son bloc d’ac- atterri comme ça », a-t-il dit. Comme un cheveu démenti. « C’est leur responsabilité. Ils vivront proches des milieux financiers, c’est pourquoi
tions de Rona d’une valeur de 156 millions. Or sur la soupe, pour ainsi dire. avec les conséquences », a dit Jacques Daoust à j’étais si inspiré par Bernie, explique Cam
le conseil d’administration d’IQ, qui avait solli- Pourtant, tous les dirigeants d’IQ qui ont dé- son chef de cabinet, selon ce dernier. Cunningham. Vu que le système est tellement
cité l’avis du ministre, n’en a rien su : il s’est sa- filé devant les parlementaires étaient unanimes, dominé par le Par ti démocrate et le Par ti ré-
tisfait d’un « OK » dans un courriel signé par le que ce soit Louis Roquet et Jean-Claude Scraire Vers la sortie publicain qu’un par ti tiers n’est pas viable,
chef de cabinet. ou deux anciens p.-d.g., Mario Albert et Yves C’est au début de juin que l’enfer a com- Bernie était notre seule chance de conduire
On a appris que le conseil avait pris la déci- Lafrance : ils ont affirmé que le CA devait obte- mencé pour Jacques Daoust. La vérificatrice un candidat progressiste à la Maison-
sion, le 17 novembre 2014, de vendre la totalité nir l’avis du ministre pour prendre une décision générale, Guylaine Leclerc, publiait un rapport Blanche, parce qu’il ne se présentait pas
des actions Rona sans que le sujet soit à l’ordre d’une pareille ampleur, même en l’absence qui traitait de l’intervention d’IQ, commencée à comme indépendant. »
du jour de sa réunion, sans qu’un dossier étoffé d’une obligation légale. Tous ont dit que, si le l’été de 2012, pour empêcher l’américaine
soit remis préalablement à ses membres. ministre exprimait son désaccord, le CA devrait Lowe’s de mettre la main sur Rona. La VG indi- Envoyer un message
Quelqu’un a soulevé l’enjeu et hop ! on a adopté se réunir à nouveau pour réévaluer son inten- quait que la société d’État n’avait pas besoin de Pour ce professeur de musique issu d’une fa-
une résolution pour se débarrasser d’un bloc tion ou sa décision. l’aval du gouvernement pour se départir de ses mille modeste, voter pour Jill Stein serait un
d’actions qu’un décret gouvernemental lui avait Il est bon de rappeler qu’IQ jouit d’une cer- actions de Rona. Elle soulignait cependant que vote de protestation. Comme en 2012, quand il
fait acheter. Certains y verront un esprit de dé- taine autonomie mais qu’en vertu de l’article 4 les membres du CA d’IQ « ne considéraient pas avait choisi Jill Stein la première fois qu’il avait
cision hors du commun, d’autres, une précipita- de sa loi constitutive, la société financière doit avoir toute la latitude pour autoriser la vente été en âge de voter. « Je ne voulais pas voter
tion inopportune. agir en conformité avec la politique écono- sans consulter le gouvernement ». Elle faisait état pour Obama. Il n’allait pas résoudre la guerre
Devant la CET, Jean-Claude Scraire, l’ancien mique du gouvernement. Et pour s’en assurer, des procès-verbaux du conseil qui confirmaient des drones et les autres problèmes qui me préoc-
président de la Caisse de dépôt et placement et il lui faut consulter le ministre quand l’enjeu est qu’il avait obtenu « l’accord du ministre avant de cupent le plus », raconte-t-il.
président du conseil d’IQ de juillet 2013 au prin- important, ce qui était manifestement le cas ici. vendre la totalité des actions ». Cette fois, le vote de Cam Cunningham
temps 2014, s’est étonné que le CA de la société « Je ne sais pas où ils ont pris ça, c’est rigoureu- pour Jill Stein serait dirigé contre Hillar y
d’État adopte cette résolution sans en parler au Le cabinet du PM au parfum ? sement inexact », s’était insurgé Jacques Daoust. Clinton. « Je veux envoyer un message au Parti
préalable avec le ministre. « J’aurais d’abord Pierre Ouellet a suscité l’incrédulité des dé- « Je n’ai non seulement jamais été informé de ça, démocrate : c’est que les démocrates ne peuvent
consulté avant d’en arriver à une résolution », a- putés de l’opposition, particulièrement chez les je n’ai jamais autorisé ça, on ne m’a jamais pas obtenir mon suffrage en jouant sur la peur ;
t-il fait observer. Qu’arrive-t-il, une fois la réso- péquistes, à qui les rouages du gouvernement parlé de ça », avait-il livré au Devoir. Clinton ne peut pas se contenter de dire que
lution adoptée, si le ministre dit non ? Le sont familiers, en affirmant qu’il n’avait pas in- Jacques Daoust avait même ajouté : « Je mets Trump est effrayant, il faut qu’elle et les démo-
conseil a l’air fou. formé le chef de cabinet du premier ministre, n’impor te qui au défi de me dire quand est-ce crates montrent qu’ils vont se battre pour le
Louis Roquet, qui présidait le CA d’IQ quand Jean-Louis Dufresne, qu’IQ avait décidé de se
la décision a été prise, a eu une réponse singu- débarrasser d’un bloc d’actions de Rona d’une VOIR PAGE B 2 : DAOUST VOIR PAGE B 2 : VER T S
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PERSPECTIVES
La multiplication des légumes du bitume
Un nouveau livre décrit la croissance exponentielle de l’agriculture urbaine, y compris à Montréal
MARCO FOR TIER
O
n se croirait en campagne. Il y a
des plants de tomates et de
concombres, des fines herbes, des
haricots, des fleurs comestibles.
L’air est frais. Ça sent bon. On se
trouve pourtant en plein centre-ville, dans un
potager aménagé sur le toit d’un pavillon de
l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Des jardins comme celui-là poussent par di-
zaines à Montréal : sur les toits, dans les cours
arrière des résidences, sur les balcons, sur des
bouts de trottoir et même sur des terrains va-
cants, publics ou privés. Plus de quatre Mont-
réalais sur dix (42 %), soit 800 000 personnes,
pratiquent le jardinage en ville.
Et c’est comme ça partout dans le monde. Les
grandes villes comme Paris, Londres, New York,
Séoul, Tokyo, Toronto, Vancouver et bien d’au-
tres se convertissent à l’agriculture urbaine.
Jusqu’à récemment, le phénomène était
perçu comme une af faire de pelleteux de
nuages. L’agriculture urbaine est désormais
prise au sérieux par des économistes, des en-
trepreneurs et des penseurs
du monde entier, qui voient
L’agriculture là un modèle d’avenir.
urbaine est « Quand j’ai commencé
mes recherches, je ne savais
désormais pas qu’il existait un mouve-
ment d’une telle ampleur
prise au pour l’agriculture urbaine.
Ce n’est pas une mode passa-
sérieux gère : on sait maintenant
par des hors de tout doute que l’agri-
culture de proximité est via-
économistes, ble », dit Jennifer Cockrall-
King, auteure de l’essai La
des révolution de l’agriculture ur-
paru en français aux
entrepreneurs baine, éditions Écosociété.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR
Éric Duchemin, professeur associé à l’UQAM, a contribué au livre de Jennifer Cockrall-King. On le voit ici sur l’un des toits verts de l’université.
et des La journaliste canadienne,
établie à Edmonton, a par- sans pétrole et sans équipements industriels — Pas étonnant que les deux tiers des Améri- McGill, qui dispose de 1727 hectares de ter-
penseurs du couru la planète pour rappor- à cause de l’embargo américain qui isolait l’île cains soient en surpoids. L’agriculture urbaine rain, nourrit ainsi des personnes âgées en ali-
ter des histoires d’agricul- du reste du monde. peut devenir une partie de la solution en rendant mentant la popote Santropol roulant.
monde entier, ture en ville. Elle a été sur- Les Cubains ont fait comme d’habitude : ils accessibles des aliments sains, estime Jennifer La première serre commerciale du monde à
prise par l’ampleur du phé- se sont débrouillés avec les moyens du bord. Cockrall-King. C’est déjà le cas à Montréal, où la s’être établie sur le toit d’un immeuble se
qui voient là nomène. En faisant pousser Ils se sont mis à cultiver la moindre parcelle de culture de fruits et de légumes a connu une trouve aussi à Montréal depuis 2009 (et égale-
un modèle des légumes, en plantant des terrain vacant dans les villes. C’était une ques- croissance effrénée depuis une dizaine d’années. ment à Laval). Les fermes Lufa approvisionnent
arbres fruitiers, en élevant tion de survie. 1000 personnes par année en légumes frais.
d’avenir des poules ou des moutons, Au fil des ans, ces petites « fermes urbaines » Une ville de cultures De son côté, l’organisme Les Fruits défendus
des citadins du monde entier improvisées ont poussé par dizaines dans « Montréal est une ville d’agriculture reconnue fait la récolte sur des terrains publics et privés
participent à cette « révolution » agricole. chaque ville. La Havane, avec ses deux millions internationalement, mais les administrations mu- (vous savez, ces cerises ou ces poires qui pourri-
Des exemples ? À Detroit — ville désertée, d’habitants, compte à elle seule plus de 200 de nicipales ne s’en souciaient pas. La Ville raient sur place ou par ter re faute
dont la population a fondu de moitié en 50 ans ces cultures urbaines. Les « organoponicos » — est en voie de rattraper son retard », dit d’avoir été cueillies). Les cueilleurs, les
— des mouvements de citoyens s’emparent des c’est leur nom —, qui vendent directement aux Éric Duchemin, professeur associé à propriétaires des arbres et des groupes
terrains et des bâtiments abandonnés pour clients, sont devenus la base d’un système ali- l’UQAM et coauteur du chapitre sur communautaires se par tagent les
faire pousser fr uits et légumes. Ces tonnes mentaire qui nourrit désormais les Cubains. Montréal dans le bouquin de Jennifer fruits. Ils ont récolté 2,5 tonnes d’ali-
d’aliments frais (et bios !) sont remises aux Jennifer Cockrall-King ne veut pas faire la Cockrall-King. ments dans 82 arbres en 2013.
banques alimentaires, à des personnes âgées et promotion du développement économique à la On a tendance à oublier que Mont- L’autre grande nouveauté, c’est la
à de simples citoyens. Castro, dont les limites sont bien connues. réal est bâtie sur les terres les plus production de miel en ville : Montréal
À Los Angeles, la deuxième commission sco- L’exemple cubain prouve cependant qu’on peut fertiles de la vallée du Saint-Laurent. compte 365 colonies d’abeilles, qui ont
laire en importance des États-Unis a aménagé pratiquer l’agriculture sans tomber dans le mo- Au début des années 1800, l’arpenteur donné 11 tonnes de miel l’an dernier.
des potagers dans plus de 100 de ses 900 cours dèle industriel dominant : d’immenses fermes général du Bas-Canada, Joseph Bou- On pourrait vous raconter encore
d’école. Aux Jeux olympiques de Londres en qui cultivent des organismes génétiquement chette, vantait les qualités de l’avoine 1001 histoires d’agriculture urbaine à
2012, les organisateurs ont nour ri tous les modifiés (OGM) et élèvent leur bétail à coups (pour les chevaux), des pommes, des Montréal et ailleurs. Ça n’arrête pas.
athlètes grâce à 2012 jardins communautaires. d’hormones de croissance et d’antibiotiques. melons, des fraises, des prunes, des pêches et Et ça peut aller encore plus loin. On pourrait
À Paris, pas moins de 132 vignobles ont pignon des abricots cultivés sur l’île. par exemple planter des arbres fruitiers et des
sur rue. Même la Maison-Blanche s’est conver- Contre les déserts alimentaires Le maire Jean Drapeau, qui était bien de son plantes potagères plutôt que des arbres décora-
tie à l’agriculture urbaine : Michelle Obama, en « Il faut être réaliste : je ne pense pas que l’agri- temps, a tout fait pour tourner le dos à l’héritage tifs comme le lilas. La Ville pourrait obliger les
croisade contre la malbouffe, a aménagé un po- culture urbaine nourrira des villes entières du agricole de Montréal. Il voulait montrer une entreprises ou les institutions à aménager des
tager et des ruches dans la cour arrière de la jour au lendemain, mais ce modèle compor te ville « moderne » au monde entier, pour Expo 67. toits verts — le Palais des congrès est en train
résidence présidentielle. d’énormes avantages », dit l’auteure. Le 14 juillet 1966, le maire Drapeau a interdit de le faire sans même y être forcé !
Lors de la crise financière de 2008-2009, les l’élevage et l’abattage de bétail à Montréal. Chaque espace vert en ville — bout de parc,
Au pays de Castro prix du blé, du riz, du maïs, des tomates et d’au- Un événement imprévu a relancé l’agriculture bout de trottoir, devanture de résidences —
L’agriculture urbaine telle qu’on la connaît tres aliments de base ont explosé partout dans le en ville : un quadrilatère complet du quartier peut devenir un potager. On voit de plus en plus
aujourd’hui a pris naissance à Cuba, raconte monde. Des émeutes de la faim ont éclaté dans Centre-Sud a été détruit par les flammes lors du apparaître des poivrons, des tomates et des
Jennifer Cockrall-King. Quand l’Union sovié- une série de pays. Les fermiers urbains sont ve- « week-end rouge » de novembre 1974, pendant concombres le long des pistes cyclables, dans
tique s’est dissoute, en 1991, le pays de Fidel nus à la rescousse de populations qui avaient une grève des pompiers. Les résidants de ce l’espace public. Et même des plantes pas tout à
Castro a perdu son plus grand partenaire com- faim. quartier défavorisé ont réclamé le droit de faire fait légales, mais ça, c’est une autre histoire…
mercial, qui achetait 85 % de sa production lai- L’insécurité alimentaire ne touche pas juste pousser leurs légumes. Pierre Bourque, alors
tière et lui fournissait ses produits de base les pays du tiers-monde : 50,2 millions d’Améri- directeur du Jardin botanique, établit ce qui de- Le Devoir
comme les aliments et le carburant. L’économie cains ignorent jour après jour s’ils vont manger viendra le vaste réseau de jardins communau-
cubaine s’est effondrée. Les Cubains n’avaient à leur faim. Aux États-Unis, les gens doivent taires qu’on connaît aujourd’hui — 97 jardins LA RÉVOLUTION DE
presque plus rien à manger. parcourir en moyenne 10 kilomètres pour se exploités par 12 000 Montréalais. L’AGRICULTURE URBAINE
Le Cubain moyen a perdu près de 14 kilos rendre à l’épicerie. Les quartiers pauvres des Mine de rien, les cultures citadines se sont Jennifer Cockrall-King
dans les trois années qui ont suivi. Pour venir à grandes villes sont de véritables déser ts ali- multipliées depuis 10 ans. Les quatre universi- Traduit de l’anglais par
bout de la famine, Castro a déclaré l’état d’ur- mentaires où il est impossible d’acheter une tés montréalaises mettent à profit leurs grands Geneviève Boulanger
gence. Il fallait à tout prix trouver un nouveau pomme, des noix ou du brocoli. Il n’y a que des espaces — au sol ou sur leurs toits — pour Écosociété
modèle d’agriculture qui deviendrait viable dépanneurs et du fast-food. faire pousser fruits et légumes. L’Université Montréal, 2016, 328 pages
DAOUST VERTS des rares démocrates qui étaient encore plus cen-
tristes, va-t-en-guerre et proches des milieux finan-
ciers que lui, mais les démocrates ont blâmé
SUITE DE LA PAGE B 1 SUITE DE LA PAGE B 1 Ralph Nader pour la victoire de George W. Bush,
alors que c’est Lieberman qui avait scellé la dé-
qu’il [le CA] m’a parlé et dans quel contexte. » peuple », souligne le jeune homme, qui se dé- faite de Gore », souligne M. Cohen.
Pierre Ouellet aura donc relevé ce défi, tout crit comme « un socialiste liber tarien, pas un De son côté, Janette Sherman, la médecin re-
comme Yves Lafrance, le p.-d.g. par intérim d’IQ, qui s’appuie sur l’étatisme ». traitée qui entend écrire le nom de Bernie San-
qui est venu témoigner devant les parlementaires. La peur est un sentiment très présent dans la ders sur son bulletin de vote, estime que « le
Il faut dire que le ministre s’était enferré en fé- campagne présidentielle. Selon des sondages Par ti démocrate n’a qu’à choisir de meilleurs
vrier, au moment de l’annonce de l’of fre pu- Gallup et Associated Press, le quart des Améri- candidats capables de mobiliser la gauche ».
blique d’achat (OPA), amicale cette fois-ci, de cains ont peur de ce que pourrait donner une À l’instar de nombreux Américains, les amis
Lowe’s pour Rona. Il avait répété qu’il n’avait pas présidence Trump ou une présidence Clinton. de Bernie se disent frustrés par l’absence de
été au courant qu’IQ avait vendu ses actions. « Clinton et Trump sont les candidats à la choix électoral réel, les failles des candidats
On doit reconnaître à Jacques Daoust son Maison-Blanche les moins aimés et les plus des deux grands partis et la futilité de leur vote.
opiniâtreté. « Une tête de cochon », résument cer- craints de l’histoire des États-Unis », indique au « Notre démocratie est un vrai gâchis. Trump
tains. « J’ai toujours dit la vérité », écrivait-il dans Devoir Jeff Cohen, cofondateur de RootsAction, WIN MCNAMEE AFP et Clinton sont inacceptables », déplore ainsi Ja-
sa déclaration diffusée lors de sa démission la groupe militant à gauche du Parti démocrate. Jill Stein est une médecin de 66 ans. nette Sherman. « Clinton et Trump ne sont pas
semaine dernière. « Je n’avais pas été informé de « Les jeunes et les progressistes en savent telle- si différents que ça, ils peuvent tous deux causer
l’intention des administrateurs de vendre la par- ment sur Hillary Clinton et ses liens avec les mi- débat, Jill Stein est très en deçà du seuil de 15 % des dégâts pour le pays et le monde », af firme
ticipation d’Investissement Québec », ajoutait-il. lieux d’affaires qu’ils ne voient pas beaucoup de d’intentions de vote imposé par la commission. Cam Cunningham, le jeune prof de musique de
Notez bien la nuance : il parle maintenant de différence entre elle et Trump. Ils ont autant de Chicago, avant d’ajouter : « C’est si déprimant de
l’intention et non pas de la décision. C’est vrai, mépris pour l’un que pour l’autre », observe M. Une trouble-fête ? songer que Clinton, Trump et leurs partis sont
il n’a pas été informé de leur intention, mais Cohen qui, après avoir soutenu M. Sanders, Admise aux débats ou non, Jill Stein prend jugés les seuls aptes à diriger notre pays ! »
bien de leur décision. « penche pour Jill Stein ». des voix à Hillary Clinton. Avant un scrutin pré- Dans cette ambiance, Jill Stein repousse
Comme ministre, Jacques Daoust avait d’in- Si Jill Stein est connue des progressistes, elle sidentiel américain qui se joue à un tour, à la les appels au vote utile du camp Clinton.
déniables qualités : il s’exprimait clairement, il ne l’est presque pas du reste des Américains. majorité simple et au niveau de chaque État en « Hillar y Clinton fait dans la politique de la
possédait un esprit de synthèse, il était un ex- D’après un sondage Reuters/Ipsos, 16 % seule- raison de l’existence d’un collège électoral, elle peur en disant essentiellement aux électeurs de
cellent communicateur. Il a été remplacé par ment des électeurs les plus susceptibles d’aller est traitée de « trouble-fête » (« spoiler ») par l’en- voter pour le candidat qu’ils détestent le moins.
Laurent Lessard, dont les performances langa- voter peuvent l’identifier. tourage de la candidate démocrate. Mais qu’est-ce que ça nous a rapporté de voter
gières sont à l’autre bout du spectre. Les jour- La candidate des verts exige donc d’être ad- Mais les électeurs et militants de gauche in- pour le moindre mal ? » lance Jill Stein en
nalistes appréciaient Jacques Daoust parce qu’il mise aux débats présidentiels télévisés. Avec terrogés par Le Devoir rejettent cette accusa- exhortant les Américains à avoir « le courage
avait la langue bien pendue. Il s’est en quelque Gary Johnson, elle a déposé une plainte contre tion. « Si Clinton perd lors d’un scrutin serré, elle de leurs convictions ».
sorte pendu avec. la commission qui fixe les conditions d’accès n’aura qu’elle-même à blâmer », prévient Jeff Co-
aux débats, un organisme contrôlé par les partis hen, le cofondateur de RootsAction. « En 2000, Collaboratrice
Le Devoir démocrate et républicain. À un mois du premier Al Gore prit comme colistier Joe Lieberman, l’un Le Devoir
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PERSPECTIVES
C ARNET DE VOYAGE – S UR LA ROUTE Q UÉBEC -L ABRADOR
L
e navire fait si peu mobilité, alors que tout bouge
de bruit et les eaux sur le bateau. Les passagers
du golfe sont si vont d’un pont à un autre,
calmes qu’on ne sait conversent entre eux, agitent
plus si on est aux leurs appareils photo. Pas Adé-
amar res ou si on les a lar- lard, tout seul sur un long
guées. Après la route de terre, banc du navire, dehors, au
lente et r ugueuse, voici la grand vent, obser vant la rive,
route de mer, lente et dan- son pays, sa terre, sans bou-
sante. Je boucle la boucle de ger. Il a l’air sculpté dans la
mon périple Québec-Labrador pierre, comme celle de la côte
sur le Bella Desgagnés, qui re- au sol rocheux où il est né.
monte le golfe du Saint-Lau- Adélard Car touche vient
rent à partir de Blanc-Sablon. d’Unamen Shipi/La Romaine,
Mon monstre de 4x4 est em- une communauté d’environ un
ballé dans un conteneur et millier de personnes, dont une
voyage avec moi. Le Bella, large majorité d’Innus. Il
comme on dit ici, est un bateau voyage fin seul. À partir d’Una-
tout neuf et confor table, une men Shipi, il prend le large,
espèce assez rare sur les eaux trois ou quatre fois par année,
du globe parce qu’il est pro- soit vers l’est, jusqu’à Blanc-Sa-
pulsé au biodiésel. Il fait la na- blon, soit vers l’ouest, jusqu’à
vette du ravitaillement à partir Kégaska. « Juste pour faire un
de Rimouski vers les villages tour », dit-il. Ensuite, il revient
de la Basse-Côte-Nord. « J’aime chez lui, comme ça, tout bon-
mieux livrer des to- nement. La nuit, il
mates et des laitues Le Bella préfère dormir dans
que du pétrole », dit le un fauteuil du 3e pont
capitaine Philippe Hé- Desgagnés plutôt que de se pré- PHOTOS MONIQUE DURAND
mar t, un grand gail- valoir d’une chambre Sur la photo du haut, Harrington Harbour, ce village de la Basse-Côte-Nord rendu célèbre grâce au film La grande séduction. Ci-dessus,
lard d’origine bre- est pour à quatre lits que les l’arrivée du Bella Desgagnés à Blanc-Sablon et ci-dessous, Adélard Cartouche, d’Unamen Shipi/La Romaine, aux côtés de Véronique
tonne, rompu à une résidants de la côte Nolin, biologiste et spécialiste de l’habitat marin à l’Alliance verte.
navigation parfois dif-
ainsi dire le peuvent réser ver à
ficile, l’hiver tout spé- principe vital moindre coût. Puis, mations les concernant.
cialement, dans les on le voit, au petit Vous vous demandez pour-
échancrures de cette de cette région matin, recouvrer son quoi ? Pour mieux connaître,
côte constellée d’îles. poste d’obser vation grâce à ces obser vateurs, le
Navire à fond plat, le du bout et sa pose sculptée parcours des baleines, afin de
Bella revendique des sur le long banc. pouvoir influencer le parcours
prouesses : il peut pi-
du monde Après Saint-Augus- des navires. « La marine mar-
voter sur lui-même, tin, direction La Taba- chande a un impact important
progresser dans peu d’eau, ef- tière. Juste là, qu’on embrasse sur les mammifères marins »,
fleurer les paysages. du regard, une île, une maison, explique-t-elle. Outre les possi-
Nous voici justement dans un homme qui pêche. « Ce sont bilités de collision, le bruit gé-
les fameux rigolets aux abords des paysages qui me touchent à néré par les navires est un fac-
de Saint-Augustin, notre pre- pleurer », confie Jacques La- teur de stress et par fois de
mière escale. On peut presque chance, dont la découverte de mortalité. « Nous visons à amé-
toucher du doigt les îlots entre la Basse-Côte-Nord fut une ré- liorer les pratiques des naviga-
lesquels se faufile le bateau. vélation et a orienté toute l’exis- teurs, en les encourageant, par
Spectaculaire, tout simplement. tence. Il vit à Natashquan l’été, exemple, à contourner des zones
La Basse-Côte-Nord vit tout en- à Rivière-au-Tonnerre l’hiver. à risques ou à y ralentir. » Véro-
tière au r ythme de ce navire C’est lui qui a fondé l’agence de nique réside à Lévis, face au
qui combine transport de mar- voyages Coste, une coopérative fleuve. « Je suis de la génération
chandises et de passagers, en tourisme équitable. de La grenouille et la baleine. LE DEVOIR
unique lien avec le reste du Alors que les villages de la J’ai grandi dans l’imaginaire de
monde pour plusieurs villages. Basse-Côte se vident et que les ces grands cétacés mystérieux. » route », dit-il, l’œil rieur. Il sort luia ! La salle à manger du Bella un éclair, depuis le miel des
« Le Bella est arrivé. » Cette jeunes ne trouvent plus de rai- de sa poche une feuille où sont se couvre de tabliers blancs et aubes d’Uapishka jusqu’aux
seule petite phrase, on dirait, son d’y revenir, il voit dans le Un village coupé alignés, manuscrits, les noms d’adorateurs du crustacé. Le icebergs de l’Anse-au-Clair et
rassérène. Surmonté de grues, tourisme de niche un salut pos- du monde des hôtels où il s’ar rêtera. bonheur court de table en table de Blanc-Sablon. Quelques vi-
har naché de conteneurs, il sible. « Les Européens voyagent Il y a une bande de jeunes à « J’embarquerai sur sept traver- et de pinces tendres en pattes sages aussi, rencontrés au ha-
por te sur son dos des véhi- en Europe du Nord. Pourquoi bord du Bella, sac au dos, goût siers durant mon voyage ! » juteuses. Avec, dans les larges sard de mon chemin. Surtout,
cules, des outils, des denrées ne viendrions-nous pas, nous du de l’aventure en bandoulière. Comme le font tant de rési- baies vitrées, le soir qui penche surtout, la route, interminable,
fraîches, bref, tout le néces- Québec et de l’Amérique, nous Bénédicte et Julien résident à dants de la Basse-Côte, Isidore dans une lumière divine. Entre inoubliable, au soleil ou sous
saire de la vie. Et l’été, des recueillir dans ce lieu de gran- Sept-Îles. Ils voient toute la est allé travailler dans l’Ouest, la vue, le goût et l’odorat, on ne la pluie, ef frayante et atta-
poissons et des crustacés que deur, d’apaisement et de rencon- Basse-Côte, et même au-delà, comme ouvrier de la construc- sait plus où donner de la pas- chante. 389, 500, 510, on en
les pêcheurs lui confient pour tre avec soi ? » Il voit loin. « Un dans les yeux l’un de l’autre, tion. Il y est resté 39 ans, avec sion. Les touristes viendront voudrait encore. Le bout de la
être vendus sur les marchés jour, avec le réchauffement cli- amoureux, impatients de met- un seul rêve : rentrer un jour sur la Basse-Côte pour les terre ne sera jamais trop loin.
des villes, trésor des jours de matique, on viendra se rafraî- tre pied à terre à chaque es- chez lui, à La Tabatière. Il est yeux, bien sûr, admirer Tête-à- Le vent de Natashquan est
labeur. Le Bella Desgagnés est chir dans cette région. » cale pour se bécoter encore et enfin rentré. L’isolement ? Il en la-Baleine et son île Providence, si doux qu’on s’enroulerait de-
pour ainsi dire le principe vital Véronique Nolet, elle aussi, crier leur joie d’être en vie. a fait son allié. « Quand j’étais Har rington Harbour et sa dans. C’est l’été ici. J’avais ou-
de cette région du bout du voit loin… sur la mer. Biolo- Accostage à La Tabatière, petit, on était un village isolé. Grande Séduction, Kégaska et blié qu’excepté au Labrador,
monde. En plus d’héberger giste, spécialiste de l’habitat seconde escale, un village Maintenant que j’ai 76 ans, on son sable blanc, mais ils y vien- c’est l’été. Demain, il restera
une faune humaine bigarrée, marin à l’Alliance ver te, un coupé du monde. Isidore Wil- est encore isolé. » dront aussi pour le ventre, 700 kilomètres de route à faire
venue d’un peu partout. programme de certification en- cott monte sur le navire en Le bruit se répand comme pense le chef Parisée. pour gagner Baie-Comeau et
vironnementale pour l’indus- même temps que son véhicule, une traînée de poudre chez les Fin de ma route de mer. Je refermer ma grande boucle.
Adélard, comme trie maritime, elle est venue en partance pour son long pé- croisiéristes : au menu, ce soir, descends du Bella Desgagnés 700 kilomètres ? Et asphaltés ?
sculpté dans la pierre former tout l’équipage, de la ti- riple annuel dans les Mari- du chef Carl Parisée, talen- dans la nuit de Natashquan, en Ce n’est rien !
Il est assis tout seul, à tri- monerie jusqu’au personnel times. Il a envie de rouler tueux maître des fourneaux à regarde longuement les feux
bord, face à la côte. Le regard d’entretien, à l’observation des jusqu’à plus soif. « Chez nous, il bord, du homard de La Taba- s’éloigner dans l’horizon d’en- Collaboratrice
perdu dans l’immensité. Adé- baleines et à la collecte d’infor- n’y a que neuf kilomètres de tière, frais sorti de l’eau. Allé- cre. Je revois mon périple en Le Devoir
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EDITORIAL
RONA
FONDÉ PAR HENRI BOURASSA LE 10 JANVIER 1910 › FAIS CE QUE DOIS !
T
mains de Lowe’s même si Investissement
Québec (IQ) avait toujours en main le bloc de
10 % d’actions acheté lors de la première tenta-
tive d’acquisition, en 2012, mais revendu sans
tambour ni trompette en 2014.
La raison tient évidemment au fait que la
dernière offre, contrairement à celle de 2012,
a été bien accueillie par les administrateurs et
les actionnaires de Rona. Même la Caisse de
dépôt l’a jugée acceptable compte tenu du contexte très
concurrentiel dans lequel Rona était appelée à combattre au
cours des prochaines années.
De son côté, Investissement Québec a cru dès 2014 que le
temps était venu de revendre son bloc d’actions en interpré-
tant que Rona ne faisait plus par tie des préoccupations du
gouvernement.
Ce qui dérange dans cet enchaînement de faits, ce n’est pas
qu’IQ ait agi comme il l’a fait, mais que personne au gouverne-
ment ne se soit même demandé, en 2014, s’il ne valait pas
mieux conser ver les actions de Rona. Même
au conseil d’IQ, la question s’est plutôt posée
en termes de risque financier de détenir au-
tant d’actions d’une société publique, et la dé-
cision de vendre fut prise alors que le sujet
n’apparaissait pas à l’ordre du jour, a-t-on ap-
pris cette semaine.
Une fois cette décision prise, on a consulté
JEAN-ROBERT le ministre, mais celui-ci maintient n’avoir ja-
SANSFAÇON mais donné son accord parce qu’il n’avait pas à
le faire. Quant au premier ministre, il n’aurait
pas été consulté, ce qui est tout de même incroyable compte
tenu de l’importance politique du dossier Rona au cours des an-
nées précédentes.
De deux choses l’une : ou le premier ministre savait et il a
donné son accord, comme le soutient l’opposition qui demande
à entendre son chef de cabinet en commission parlementaire. L E T T R E S
Dans ce cas, il faudra conclure que M. Couillard n’a pas dit la vé-
rité. Ou le premier ministre n’a pas été informé des intentions
d’IQ, comme il l’affirme, et cela est aussi inquiétant.
Techniquement, le conseil d’administration d’IQ n’avait pas à « Une deuxième ministre tique le choix d’un ministre d’utiliser une
limousine plutôt qu’une berline, je peux
enfants avec des troubles d’apprentissage
se sont af finées. Par conséquent, on
obtenir l’autorisation du ministre ou du premier ministre
puisque les actions avaient été acquises à même les « fonds pro- dans l’eau chaude » comprendre, car il s’agit d’un choix per-
sonnel optant pour du luxe sur le dos des
dénombre de plus en plus d’élèves qui ont
besoin d’une aide particulière — et celle-
pres » de l’organisme. En revanche, IQ se devait de consulter En référence à l’article Une deuxième contribuables, mais dans le cas présent, il ci coûte cher.
en haut lieu étant donné la teneur éminemment politique de ministre dans l’eau chaude de Mélanie s’agit tout simplement d’un mandat pour Mis à part la « réforme du financement »
l’achat initial. Marquis (par La Presse canadienne), paru récolter du matériel promotionnel person- et le sujet de « l’intervention précoce », qui
D’ailleurs, les membres du conseil l’ont compris puisqu’ils ont le 24 août dans Le Devoir, à propos des nalisé. Ce qui, soit dit en passant, était feront l’objet d’un sommet en automne, il
inscrit la mention « sous réserve de la consultation préalable du frais de photographie de la ministre fort probablement judicieux considérant faudrait se pencher sur une autre idée
ministre » dans la résolution prévoyant la vente des actions. Et ce McKenna la position adoptée sur l’environnement qui aiderait grandement : réduire la taille
qu’ils ont fait, comme le chef de cabinet du ministre Daoust, Sincèrement, cela me désole de voir sous l’ancien gouvernement conser va- des classes.
Pierre Ouellet, l’a reconnu. M. Daoust aurait même commenté qu’un média tel que Le Devoir tombe dans teur. Bref, en tant qu’ancien vice-prési- Depuis plusieurs années, le système
la décision d’IQ en disant : ils vivront avec les conséquences. ce genre de nouvelle pour susciter des dent de l’association Photographes pro- d’éducation public du Québec est aux
Comment peut-on se laver les mains de la sorte quand on réactions ou des clics de la population qui fessionnels du Québec, je me devais de prises avec un nombre important d’élèves
est ministre responsable ? Voilà qui force à s’interroger sur la ne prend pas le temps d’analyser les faits. vous faire part de ma déception quant à par classe. Des centaines de milliers de
cohérence de ce gouvernement en matière d’inter vention En réalité, comment peut-elle le faire si votre récupération, qui encourage un mé- dollars sont dépensées annuellement en
économique. les jour nalistes ne le font pas eux- pris de ma profession et de celle de salaire de professeurs pour des salles de
Rona n’est évidemment pas une entreprise que l’on qualifie- mêmes ? Ce genre d’article ne fait qu’en- mes confrères, que ce soit ici au Québec, classe saturées. Il s’agit d’une situation
rait de stratégique justifiant une intervention d’exception. Mais courager un certain mépris et une déva- au Canada ou ailleurs dans le monde. pour le moins troublante.
on peut tout de même s’inquiéter de la perte éventuelle d’un au- luation du métier de photographe. C’est Michaël Drapeau Les professeurs réclament des classes
tre siège social malgré les promesses de l’acquéreur. La vente d’autant plus fâchant dans un contexte où Le 26 août 2016 de taille raisonnable, car il existe une cor-
de Provigo est là pour nous le rappeler. il s’agit d’une profession qui éprouve déjà rélation entre le nombre d’élèves par
des difficultés dues à un marché miné par classe et la réussite scolaire.
Si l’on ne doit donc pas s’attendre à ce que l’État inter-
vienne lourdement lors de transactions commerciales entre
l’omniprésence d’amateurs. Le coût payé
pour ce mandat est loin d’être déraisonna-
Ces élèves qui ont des Les études démontrent que des classes
plus petites sont synonymes de baisse du
par ties consentantes, il faut tout de même se demander ce
que le gouvernement Couillard attend pour adopter certaines
ble. Combien coûte le taux horaire d’un
plombier, électricien, avocat, etc. ? Le pho-
besoins particuliers taux d’absentéisme et de décrochage sco-
laire. On remarque également que dans
des mesures préventives qui ont été proposées il y a plus de tographe est aussi un professionnel of- Concernant les ser vices aux enfants de telles conditions, les enfants issus de
deux ans par le Groupe de travail sur la protection des entre- frant un ser vice spécialisé et personna- québécois avec des besoins particuliers, le milieux moins aisés réussissent aussi
prises québécoises. lisé. De plus, il s’agit d’un mandat lors ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, bien que leurs camarades plus fortunés.
M. Couillard aime répéter que nous vivons dans une éco- d’un événement de plusieurs jours (deux a raison quand il déclare : « On peut faire Le Québec devrait investir dans un plan
nomie ouver te où les CGI et Couche-Tard réussissent très semaines, pour être plus précis) et à voca- mieux [Le Devoir, 20 août 2016]. » de réduction de la taille des classes. À
bien. Cela ne nous empêche pas d’être inquiets devant le tion commerciale. Ce genre de photos Il a aussi tout à fait raison lorsqu’il sou- long terme, une telle mesure serait béné-
risque appréhendé d’assister, impuissants, au dépar t de pourrait même être sujet à des licences tient qu’un taux de diplomation de 45 % fique pour la société québécoise.
sièges sociaux stratégiques comme ceux de SNC-Lavalin, de de droits d’auteur selon les utilisations. pour les élèves avec des besoins particu- Chris Eustace,
CAE ou de CGI. A-t-on réfléchi à cette éventualité ? Si oui, Vous devriez être bien placé pour connaî- liers « n’est pas acceptable ». professeur à la retraite
qu’attend-on pour agir ? tre la valeur d’une photo. Que l’on cri- Cela dit, les méthodes pour repérer les Montréal, le 26 août 2016
L I B R E O P I N I O N
IDEES
RENOUVELLEMENT DE LA POLITIQUE CULTURELLE
D
le renouvellement de la poli-
tique culturelle, Le Devoir a
revendiqué un soutien ciblé
de l’État, n’excédant pas cinq
ans, pour aider les médias im-
primés à développer de nou-
velles stratégies d’affaires et
de nouvelles plateformes nu-
mériques. Il y a urgence d’agir
pour soutenir ces médias, dont la contribution
au rayonnement de la culture québécoise est in-
déniable. Extraits.
Dans la chaîne de diffusion des contenus cul-
turels, Le Devoir est un maillon important qui
permet la rencontre d’un créateur avec son pu-
blic. Combien de médias au Québec peuvent se
targuer de couvrir les arts visuels, la musique
classique, le rock, la musique émergente fran-
cophone, le théâtre, le théâtre jeunesse, les
ar ts contemporains, le cinéma, la littérature
sous toutes ses formes ? Les contenus informa-
tifs et critiques du Devoir permettent à la fois
aux artistes de se faire connaître et au public
de poser un jugement éclairé sur la diversité et
la qualité de l’offre culturelle au Québec.
Il nous apparaît important que la prochaine
politique culturelle du Québec tienne compte
de ce rôle essentiel.
Le Devoir fait sienne l’idée selon laquelle la
culture est « le miroir de ce que nous sommes ».
Ce miroir perdra de son lustre si les médias
québécois, à court de ressources, ne par vien-
nent plus à jouer leur rôle dans la transmission
et le partage des contenus culturels québécois.
En d’autres mots, il faut considérer que l’éco-
système culturel est indissociable de l’écosys-
tème médiatique, à plus forte raison dans une
ère où la révolution numérique chamboule les
fondements de l’un et de l’autre.
Si l’État est sérieux dans son intention de re-
nouveler son engagement pour soutenir la cul-
ture, il doit por ter une attention par ticulière
aux médias. La visibilité et la « découvrabilité »
des artistes et des entreprises culturelles dans
l’espace numérique, par ticulièrement celles
francophones, nécessitent la présence de mé-
dias nationaux en bonne santé.
Un contexte difficile
Comme tous les médias traditionnels, Le De-
voir subit la concurrence des conglomérats
transfrontaliers tels que Google, Apple, Face- PEDRO RUIZ LE DEVOIR
book et Amazon sur les marchés publicitaires « Si l’État est sérieux dans son intention de renouveler son engagement pour soutenir la culture, il doit porter une attention particulière aux médias »,
numériques. affirme le directeur du Devoir, Brian Myles, présent vendredi lors des consultations publiques sur le renouvellement de la politique culturelle du Québec.
Au Canada, les revenus publicitaires des quo-
tidiens imprimés ont diminué de 30 % en dix pant indûment des médias déjà mis à l’épreuve
ans, selon Journaux Canada. La situation est par la révolution numérique.
semblable au Québec. Par ailleurs, Le Devoir ne peut concevoir la nou- Les neuf recommandations du Devoir
Il ne s’agit pas d’un problème relatif à la qualité velle tendance en matière de placement publici-
de l’information, ni à la gestion financière des taire du gouvernement du Québec. En investis-
quotidiens. Leur modèle d’affaires est sérieuse- sant davantage en programmatique, l’État rejoint 1. La politique culturelle doit accorder une attention particulière aux médias et reconnaître
ment ébranlé par la révolution numérique. des masses d’utilisateurs des médias sociaux, à leur rôle distinctif et essentiel dans la chaîne de diffusion de la culture québécoise. En consé-
Même s‘ils ont accr u leur présence dans faible coût, mais il contribue de ce fait à enrichir quence, les médias qui investissent dans la couverture de la culture doivent bénéficier de pro-
l’univers numérique par le développement de les conglomérats transfrontaliers qui ne créent grammes de subventions de la part des institutions étatiques pour développer des contenus.
sites Internet, d’applications pour la tablette ou pas de richesse ni d’emploi au Québec.
le téléphone intelligent, les médias ne récoltent Il est plutôt inquiétant de constater que les 2. Création d’un programme de subvention et/ou crédit d’impôt sur la masse salariale des
que des miettes en publicité numérique. budgets publicitaires de l’État, constitués à entreprises de presse écrite déjà établies couvrant 50 % des coûts de production de l’infor-
Le Devoir n’est pas la seule organisation à même les taxes et les impôts des Québécois, mation (salaires des journalistes, masse salariale liée à la mise en page du journal et frais
formuler ce constat et à en arriver à demander bénéficient de plus en plus à des entreprises de reportage).
une aide transitoire de l’État pour affronter les étrangères. Ces pratiques ont un effet déstruc-
défis des cinq prochaines années. La Fédéra- turant sur l’industrie des médias, et elles contri- 3. Création d’un programme de subvention et/ou crédit d’impôt couvrant 50 % des investisse-
tion nationale des communications (FNC-CSN) buent à fragiliser davantage des entreprises qui ments numériques (acquisition de logiciels spécialisés, création d’application).
et les représentants patronaux du Groupe Capi- peinent à effectuer un virage numérique.
tales Médias, TC Média, Hebdo Québec sont L’État devrait adopter une politique de pla- 4. Exemption de la taxe de recyclage pour les médias écrits québécois.
aussi d’accord avec le principe d’une aide de cement publicitaire éthique afin de privilégier
l’État pour aider la presse. les médias qui possèdent un siège social au 5. Abolition de la TVQ sur les journaux.
Le mémoire produit pour le compte de la Québec et qui contribuent à la création d’em-
FNC par la firme MCE Conseils donne un plois chez nous. Ces médias ont tous entre- 6. Création d’un crédit d’impôt à la distribution rurale et aux frais d’envoi postaux.
aperçu rigoureux des mesures potentielles pris leur virage numérique, et ils possèdent
d’aide à la presse. Ce rapport est instructif à des plateformes sur le Web, le mobile et la ta- 7. Augmentation significative du placement publicitaire de l’État dans les journaux québécois.
plus d’un égard. Ainsi, MCE Conseils relève blette qui conviendraient aux besoins de pla-
que le Québec et le Canada sont les nations cement et de visibilité des ministèr es et 8. Le Centre des services partagés du Québec (CSPQ) doit créer et mettre à jour un registre
qui aident le moins la presse écrite dans le agences gouvernementales. public des dépenses publicitaires globales des ministères, organismes et sociétés d’État, dans
monde occidental. La presse écrite québé- la mesure du possible. Ce registre doit minimalement permettre de distinguer la proportion
coise reçoit en moyenne 3 $ par habitant, soit Une aide possible des dépenses publicitaires faites dans les médias québécois et dans les médias étrangers, et de
la moitié moins qu’aux États-Unis (5,83 $ par Le monde des médias est en mutation, et il suivre leur évolution dans le temps.
habitant), pays de la non-intervention étatique ne viendrait à l’esprit d’aucun patron de presse
par excellence. À titre indicatif, le palmarès de demander une aide permanente de l’État. 9. Instauration d’un crédit d’impôt aux particuliers pour les dons aux entreprises de presse in-
des pays qui soutiennent le mieux la presse Dans le contexte actuel, l’État doit compren- dépendantes, sous l’égide du ministère de la Culture et des Communications et le Secrétariat
écrite comprend la Finlande (92,23 $ par habi- dre que le statu quo n’est pas une option. À ce du Conseil du trésor.
tant), la Nor vège (57,65 $ par habitant) et la jour, plus de 30 journaux imprimés ont disparu
Suède (35,67 $ par habitant). au Québec, principalement en région.
Selon les données colligées par MCE Conseils, Le livre bénéficie d’une exemption de la TVQ, tion qualitative des contenus, la nécessaire sépa-
Une taxe injuste le secteur de la presse écrite a perdu 10,9% de sa la production télévisuelle et cinématographique ration entre l’État et les médias sera préservée.
À défaut d’aider la presse écrite, directement main-d’œuvre dans les trois dernières années. repose sur les crédits d’impôt, la création artis- Sans un sérieux coup de barre, les médias
ou indirectement, l’État pourrait au moins éviter Ces pertes d’emploi ont entraîné des pertes de tique est subventionnée par le Conseil des arts écrits seront forcés de faire des choix déchi-
de lui nuire, notamment avec une taxe régres- quelque 33 millions en recettes fiscales pour et des lettres du Québec (CALQ), et ainsi de rants au cours des prochaines années, et cer-
sive comme celle sur le recyclage. Au fur et à l’État, dont 21,6 millions en 2015 seulement. suite. Les contenus produits grâce aux crédits tains d’entre eux ne seront pas en mesure de
mesure que les journaux imprimés disparaissent Ces emplois sont à jamais perdus : ils n’ont pas d’impôt et aux subventions ne perdent pas de maintenir leur offre. Le tarissement des sources
ou se convertissent au numérique, les joueurs été recréés dans les médias socionumériques leur pertinence et de leur indépendance même d’information et de la diversité des voix sera dé-
restants sont contraints d’assumer une facture en émergence. s’ils ont bénéficié d’un soutien étatique. létère pour le Québec, où la concentration de la
plus élevée pour le recyclage. À titre indicatif, la Il ne s’agit pas de donner à l’État un droit de re- presse est déjà très forte.
quote-par t versée par Le Devoir a connu une gard ou d’influence sur les contenus, mais de don- L’urgence d’agir Les médias écrits donnent une voix, un vi-
augmentation de 1806 % entre 2010 et 2015 ! ner un peu d’oxygène aux médias d’information Si l’État s’en tient à des critères quantitatifs sage, une existence à ce projet collectif qu’est
Les lecteurs qui sont encore attachés à l’édi- qui cherchent à compléter leur virage numérique. pour élaborer des mesures d’aide à la presse (ti- le Québec, ne l’oublions pas.
tion imprimée d’un journal ne devraient pas De nombreuses entreprises dans l’industrie rage, taux de pénétration, masse salariale, etc.) et
être pénalisés par des taxes régressives frap- culturelle bénéficient déjà d’une aide étatique. qu’il résiste à la tentation de faire une apprécia- Le Devoir
L’ÉQUIPE DU DEVOIR
RÉDACTION Véronique Chagnon et Louis Gagné (adjoints à la direction de l’information), Antoine Robitaille et Guy Taillefer (éditorialistes, responsables de la page Idées), Michel Garneau (caricaturiste), Jacques Nadeau (photographe), Olivier Zuida (recherchiste photos);
information générale : Isabelle Paré (chef de division), Lisa-Marie Ger vais (éducation), Alexandre Shields (environnement), Amélie Daoust-Boisvert (santé), Pauline Gravel (sciences), Fabien Deglise (société), Jean Dion (sports), Jessica Nadeau, Philippe Orfali et Karl Rettino-Parazelli
(reporters); information politique : Marco Fortier (chef de division), Michel David(chroniqueur), Hélène Buzzetti et Marie Vastel (correspondantes parlementaires à Ottawa), Marco Bélair-Cirino et Robert Dutrisac (correspondants parlementaires à Québec), Jeanne Corriveau
(af faires municipales, Montréal), Isabelle Porter (af faires municipales, Québec), Guillaume Bourgault-Côté (reporter), Julie Carpentier (pupitre); information culturelle : Catherine Lalonde (reporter culturel), Odile Tremblay (cinéma), Stéphane Baillargeon (médias), François
Lévesque et Caroline Montpetit(reporters), Benoît Munger et Philippe Papineau(pupitre); information économique : Gérard Bérubé (chef de division), François Desjardins et Éric Desrosiers (reporters), Gérald Dallaire (pupitre); information internationale : Sophie Chartier
et Jean-Frédéric Légaré-Tremblay (pupitre); section art de vivre: Diane Précourt (responsable des cahiers Week-end et Plaisirs); Loïc Hamon (cahiers spéciaux); équipe internet: Laurence Clavel, Marie-Pier Frappier et Geneviève Tremblay (pupitre), Martin Blais, Annabelle
Caillou, Justine Daneau, Florence Sara G. Ferraris et Coralie Mensa (assistants) ; correction : Andréanne Bédard, Isabelle Dowd, Christine Dumazet et Michèle Malenfant ; soutien à la rédaction: Amélie Gaudreau (secrétaire), Laura Pelletier et Arnaud Stopa (commis).
DOCUMENTATION Manon Derome (Montréal), Denise Ledoux (Ottawa), Dave Noël (Québec). PUBLICITÉ Cynthia Floccari (adjointe), Marlène Côté, Evelyne De Varennes, Amel Elimam, Caroline Filion, Claire Paquet, Chantal Rainville et Nadia Sebaï (publicitaires), Sylvie
Laporte (avis légaux), Amélie Maltais (coordonnatrice), Laurence Hémond (secrétaire). PRODUCTION Bruno Dubois, China Marsot-Wood, Yannick Morin et Nathalie Zemaitis. INFORMATIQUE Yanick Martel (administrateur web), Jean-François Côté (analyste programmeur),
Osvaldo Casas (technicien informatique). PROMOTION, DISTRIBUTION ET TIRAGE Catherine Gentilcore (coordonnatrice du service à la clientèle), Sébastien Beaupré, Manon Blanchette, Nathalie Filion, Ginette Rouleau et Isabelle Sanchez. ADMINISTRATION Olena
Bilyakova (responsable des services comptables), Mélisande Simard (adjointe administrative et responsable des ressources humaines), Florentina Draghici et Véronique Pagé.
B 6 L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6
JEUX DE MOTS
Chaque samedi pendant la saison estivale, et pour une huitième année, les lecteurs peuvent mettre leurs connaissances à l’épreuve, et surtout leur patience, en se livrant aux jeux
préparés par notre collaborateur Michel Roy, professeur à la retraite. En règle générale, les amateurs de mots croisés retrouveront aussi leur passe-temps favori dans cette page.
A, E, I, O, P, R, S et T
EIPSE = Il s’agit de replacer chacune de ces lettres (triples) dans les mots suivants pour en
Philippe Dupuis est également l’auteur
découvrir le sens. MOTS CROISÉS PROBLÈME N° 311
2 HEO + = des mots-croisés du Monde
Exemple : CSMLGIE. La lettre manquante est ici le «O», qui permet de découvrir
CAIOT = le mot COSMOLOGIE.
Si la première lettre du mot amputé est soulignée, cela indique que le mot
commence par cette lettre. MOTS CROISÉS
SOIER = 1 POTSS
3 GOE + =
2 PRMTF
DOAGE =
3 CMMTIN
COU =
4 LGRDE
4 TOE + =
= 5 CAI
HOI
6 ANINE
AORT =
7 BAUE
5 NIES + =
GRAE = 8 EERMINT
Tuer
1
Surseoir
2
Refondre
3
Recevoir
4
Retenir
5
Rigoler
6
Oindre
7
8. P : PEPPERMINT
4. A : ALGARADE
6. T : TANTINET
2. I : PRIMITIF
Asperger
4. Réception
8. Aspersion
2. Hypocrite
4. Marsouin
8. Narquois
6. Rigolade
10. Titrage
8
6. Houille
1F, 2H, 3C, 4J, 5G, 6A, 7B, 8E, 9I, 10D
2. Sursis
3. MM: sommier, gomme, dommage
Tirer
4. NN: connu, tonne, honni
1. FF: coffre, truffe, effigie
2. LL: ellipse, hello, caillot
9
VOYELLES ABSENTES :
TRIPLE AMPUTATION :
CONSONNE DOUBLE :
SOLUTIONS
NOMS COMPOSÉS :
3. O : COMMOTION
1. E : POÉTESSE
7. R : BARRURE
Titre
ACTION DE... :
5. S : CASSIS
5. Rétention
7. Tropique
1. Cordiale
3. Corbeau
9. Traction
10
3. Refonte
7. Onction
5. Laïque
1. Tuerie
Mots-croisés du samedi
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
Horizontalement Verticalement
I. Suivi en permanence, il lui 1. Travail au noir dans la presse. 2.
arrive même d’être poursuivi. II. Fait appel. Découverts quand la
Interdit. Ne mènera à rien. III. mer se retire. 3. Manque total de
Agiles et rapides. D’un auxiliaire. compétences. Appréciation en
IV. Personnel. Franchie d’un bond. marge. 4. Avancée dans les rangs
V. En dérangement. Au bout du ennemis. Isthme de Thaïlande. 5.
rivage. VI. Qu’il va falloir Fait le ménage à l’intérieur. Au
reprendre. Des petits grains qui cœur du Loiret. 6. Mettre à nu. 7.
font envies. VII. Ses blancs font Travaille dur. Ne voulait pas
des bulles. Que l’on ne pourra pas prendre l’art au sérieux. 8. En
prendre au sérieux. VIII. Du fuite. Serrés pour être plus forts. 9.
cuivre dans la poche des romains. Protections. 10. N’a pas beaucoup
Se tient éloigné des ordres. Au de sens artistique. 11. Se fait voir à
centre de la luxure. IX. Trois plans la nuit tombée. Blessée à
pour faire bonne figure. Plusieurs l’intérieur. 12. Tournés en dehors
fois dans l’erreur. X. Gênées aux du studio.
entournures.
Philippe Dupuis
Solution du n° 311
Horizontalement Verticalement
I. Tribulations. II. Rénovateur. III. 1. transition. 2. René. Delco. 3.
Anti. Collant. IV. Neutron. Ecot. V. Intuber. Cn. 4. Boitas. Saï. 5. Uv.
Bannes. Lui. VI. Ides. Isolées. VII. Rn. Eosn. 6. Laconiques. 7. Atones.
ter. Eq. Râ. VIII. Il. Sous-titré. IX. 8. Tel. Sortir. 9. Iule. Lai. 10. Oracle.
Occase. Our. X. Non-inscrites. Tôt. 11. Noue. Rue. 12. Sottisiers.
CONSONNE DOUBLE
Se tient éloigné des ordres. Au de sens artistique. 11. Se fait voir à
centre de la luxure. IX. Trois plans la nuit tombée. Blessée à
9 vesse- i de-loup pour faire bonne figure. Plusieurs l’intérieur. 12. Tournés en dehors
Ici, il faut trouver la consonne double (SS, LL, NN, RR, ou autre) qui a été retirée fois dans l’erreur. X. Gênées aux du studio.
dans les trois groupes de lettres suivants : entournures.
Philippe Dupuis
ExEmplE : BEE, VIE Et tUE. la réponsE Est ll, cE qUI donnE lEs troIs mots 10 pot- j de-cygne
BEllE, VIllE Et tUllE Solution du n° 311
Horizontalement Verticalement
TRIPLE AMPUTATION
Anti. Collant. IV. Neutron. Ecot. V. Intuber. Cn. 4. Boitas. Saï. 5. Uv.
1 TRUE + = Bannes. Lui. VI. Ides. Isolées. VII.
ter. Eq. Râ. VIII. Il. Sous-titré. IX.
Rn. Eosn. 6. Laconiques. 7. Atones.
8. Tel. Sortir. 9. Iule. Lai. 10. Oracle.
EIGIE = Voici ce qui reste de huit mots dont chacun a été amputé de trois lettres
identiques. Ces lettres sont, par ordre alphabétique :
Occase. Our. X. Non-inscrites. Tôt. 11. Noue. Rue. 12. Sottisiers.
A, E, I, O, P, R, S et T
EIPSE = Il s’agit de replacer chacune de ces lettres (triples) dans les mots suivants pour en
Philippe Dupuis est également l’auteur
découvrir le sens. MOTS CROISÉS PROBLÈME N° 311
2 HEO + = des mots-croisés du Monde
Exemple : CSMLGIE. La lettre manquante est ici le «O», qui permet de découvrir
CAIOT = le mot COSMOLOGIE.
Si la première lettre du mot amputé est soulignée, cela indique que le mot
commence par cette lettre. mots croisés
SOIER = 1 POTSS
3 GOE + =
2 PRMTF
DOAGE =
3 CMMTIN
COU =
4 LGRDE
4 TOE + =
= 5 CAI
HOI
6 ANINE
AORT =
7 BAUE
5 NIES + =
GRAE = 8 EERMINT
Tuer
1
Surseoir
2
Refondre
3
Recevoir
4
Retenir
5
Rigoler
6
Oindre
7
8. P : PEPPERMINT
4. A : ALGARADE
6. T : TANTINET
Asperger
2. I : PRIMITIF
4. Réception
8. Aspersion
2. Hypocrite
4. Marsouin
8. Narquois
6. Rigolade
10. Titrage
8
6. Houille
1F, 2H, 3C, 4J, 5G, 6A, 7B, 8E, 9I, 10D
2. Sursis
3. MM: sommier, gomme, dommage
Tirer
4. NN: connu, tonne, honni
1. FF: coffre, truffe, effigie
2. LL: ellipse, hello, caillot
9
VoyelleS AbSenteS :
triPle AMPutAtion :
ConSonne double :
SolutionS
noMS CoMPoSÉS :
3. O : COMMOTION
1. E : POÉTESSE
7. R : BARRURE
Titre
ACtion de... :
5. S : CASSIS
5. Rétention
10
7. Tropique
1. Cordiale
3. Corbeau
9. Traction
3. Refonte
7. Onction
5. Laïque
1. Tuerie
Des mandats de grève La justice française suspend
dans cinq hôtels québécois l’interdiction du burkini
Page C 3 Page C 5
C ONFLIT CHEZ
CAHIER
P OSTES C ANADA
ECONOMIE
C › L E D E V O I R , L E S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6
Les difficiles
relations de
travail d’une
société d’État
Employeur et employés
ont souvent croisé le fer
FRANÇOIS DESJARDINS
ÉTATS-UNIS
ÉCONOMIE
VOS FINANCES
L
4.00
PJC.A 19.47
71.27
0.00
-0.02
0.18
0.00
-0.10
0.25
1
60
422
HB NYMEX CL BULL
ALGONQUIN POWER &
TECK COMINCO CL B
iShares S&P TSX 60
HOU
AQN.IR
TCK.B
XIU
8.26
42.55
20.75
21.38
-0.01
-1.60
-0.49
0.02
-0.12
-3.62
-2.31
0.09
5423
5022
4897
4511
TAUX
Magna MG 52.34 0.44 0.85 402
Metro MRU 44.66 -0.41 -0.91 624 BARRICK GOLD CORP ABX 23.69 0.04 0.17 4408 SUITE DE LA PAGE C 2
Quebecor QBR.B 40.37 0.26 0.65 141 LES GAGNANTS EN %
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options pour confor ter une
Saputo SAP 43.02 -0.25 -0.58 324
Shaw SJR.B 26.17 -0.32 -1.21 584 EXTENDICARE REALTY WTE 21.87 1.01 4.84 117 économie for te et résiliente »,
Dollarama DOL 97.39 -0.10 -0.10 298 CREW ENERGY INC CR 6.61 0.30 4.75 2621 a-t-elle indiqué. Elle a semblé
Restaurant Brands QSR 60.96 -0.13 -0.21 322 CASCADES INC CAS 9.80 0.41 4.37 264 exclure toutefois l’idée, prô-
Transat A.T. TRZ 6.37 -0.02 -0.31 40 CANAM GROUP INC CAM 10.06 0.33 3.39 287
MAG SILVER CORP MAG 20.38 0.64 3.24 481 née notamment par John Wil-
Yellow Media Y 18.62 -0.09 -0.48 5
LABRADOR IRON ORE LIF 13.45 0.34 2.59 115 liams, président de la Fed de
ÉNERGIE FORTUNA SILVER FVI 10.42 0.25 2.46 997 San Francisco, de relever la
Cameco CCO 12.07 -0.11 -0.90 1115 TRUE NORTH TNT.UN 6.50 0.15 2.36 261
Canadian Natural CNQ 41.45 0.07 0.17 929 RITCHIE BROS RBA 37.02 0.83 2.29 210
cible d’inflation, ce qui per-
Hydro One H 26.28 -0.03 -0.11 478 mettrait à la Fed d’attendre
Enbridge ENB 51.95 0.19 0.37 1233 LES PERDANTS EN % plus longtemps avant d’agir
EnCana ECA 12.90 0.10 0.78 3724 ALGONQUIN POWER & AQN.IR 42.55 -1.60 -3.62 5022
Enerplus ERF 9.35 -0.06 -0.64 974 sur les taux à la hausse. La
IBI GROUP INC IBG 5.79 -0.16 -2.69 153
Pengrowth Energy PGF 1.96 -0.05 -2.49 951 CENTERRA GOLD INC CG 6.64 -0.17 -2.50 1295 patronne de la Fed a aussi
Pétrolière Impériale IMO 40.05 -0.28 -0.69 547 SECURE ENERGY SES 9.14 -0.23 -2.45 397 longuement défendu les lar-
Suncor Energy SU 36.48 0.21 0.58 1671 TRANSALTA RNW 14.16 -0.34 -2.34 264 gesses monétair es que la
Cenovus Energy CVE 19.30 -0.06 -0.31 678 TECK COMINCO CL B TCK.B 20.75 -0.49 -2.31 4897
TransCanada TRP 60.19 -0.16 -0.27 913 STELLA JONES INC SJ 42.80 -0.94 -2.15 139
banque centrale a adoptées
Valener VNR 21.72 -0.10 -0.46 36 POTASH CORP POT 20.86 -0.45 -2.11 2026 après la crise financière.
FINANCIÈRES METHANEX CORP MX 36.87 -0.68 -1.81 172 La veille, dans l’hôtel de la
B. CIBC CM 103.84 0.56 0.54 1146 AGRIUM INC AGU 115.78 -2.06 -1.75 282 station de montagne où se
B. de Montréal BMO 86.84 0.05 0.06 926 LES GAGNANTS EN $ tient la conférence, un groupe
B. Laurentienne LB 49.14 0.38 0.78 100
B. Nationale NA 46.97 0.02 0.04 721 CANADIAN PACIFIC CP 199.03 2.10 1.07 257 de militants de l’association
B. Royale RY 81.54 0.17 0.21 1650 POLARIS PIF 14.65 1.07 7.88 392 « Fed up » a rencontré une di-
B. Scotia BNS 68.93 0.06 0.09 3781 EXTENDICARE REALTY WTE 21.87 1.01 4.84 117
zaine de hauts responsables
B. TD TD 57.29 -0.21 -0.37 2250 OPEN TEXT CORP OTC 81.63 0.93 1.15 140
Brookfield Asset BAM.A 43.97 0.20 0.46 631 LINAMAR CORP LNR 53.85 0.92 1.74 235 de la banque au cours d’un dé-
Cominar Real CUF.UN 16.91 -0.11 -0.65 289 RITCHIE BROS RBA 37.02 0.83 2.29 210 bat animé. Lors de cette dis-
Corp. Fin. Power PWF 29.91 0.37 1.25 316 CANADIAN NATIONAL CNR 84.64 0.68 0.81 606
cussion, une première pour la
Fin. Manuvie MFC 17.82 0.16 0.91 3815 INDUSTRIAL IAG 46.43 0.65 1.42 159
Réser ve fédérale, les mem-
Fin. Sun Life SLF 41.79 0.15 0.36 753 MAG SILVER CORP MAG 20.38 0.64 3.24 481
Great-West Lifeco GWO 31.69 0.42 1.34 458 CANADIAN IMPERIAL CM 103.84 0.56 0.54 1146 bres de la Fed ont assuré les
Industrielle All. IAG 46.43 0.65 1.42 159 LES PERDANTS EN $ par ticipants, qui ne veulent
Power Corporation POW 27.60 0.24 0.88 373 AGRIUM INC AGU 115.78 -2.06 -1.75 282 pas de hausse des taux, que la
TMX X 56.98 0.39 0.69 163 ALGONQUIN POWER & AQN.IR 42.55 -1.60 -3.62 5022 banque centrale n’a aucune in-
INDUSTRIELLES STELLA JONES INC SJ 42.80 -0.94 -2.15 139
tention d’étouf fer la reprise
Air Canada AC 8.90 0.02 0.23 341 METHANEX CORP MX 36.87 -0.68 -1.81 172
mais plutôt de prévenir une
Bombardier BBD.B 2.05 0.00 0.00 2449 EMERA INC EMA 47.36 -0.67 -1.39 431
CAE CAE 18.23 -0.08 -0.44 571 FORTIS INC FTS 42.22 -0.57 -1.33 615 éventuelle surchauffe.
Canadien Pacifique CP 199.03 2.10 1.07 257 CANADIAN TIRE CORP CTC.A 135.55 -0.55 -0.40 128 Stanley Fischer, le vice-pré-
Chemin de fer CN CNR 84.64 0.68 0.81 606 TECK COMINCO CL B TCK.B 20.75 -0.49 -2.31 4897
sident, mais aussi la gouver-
SNC-Lavalin SNC 56.20 0.29 0.52 165 POTASH CORP POT 20.86 -0.45 -2.11 2026
Transcontinental TCL.A 19.15 0.50 2.68 82 ALTAGAS LTD ALA 33.82 -0.44 -1.28 359 neure Lael Brainard et le pré-
TransForce TFI 26.58 0.19 0.72 101 sident de la Fed de New York
ENTREPRISES DE MATÉRIAUX Consultez toutes les cotes boursières William Dudley ont assisté à
sur www.decisionplus.com cette rencontre où les mem-
Agrium AGU 115.78 -2.06 -1.75 282
Barrick Gold ABX 23.69 0.04 0.17 4408 bres de l’organisation Fed up
Goldcorp G 20.75 0.01 0.05 3421
CENTRE D’ANALYSE
ET DE SUIVI DE
INDICES QUÉBÉCOIS ont vivement dénoncé les
Kinross Gold K 5.60 -0.01 -0.18 7096 L’INDICE QUÉBEC Indice Fermeture var. pts var. % inégalités.
L’indice Québec est une initiative
Mines Agnico-Eagle AEM 68.16 0.30 0.44 704 du Département de finance de l’Université
Teck Resources TCK.B 20.75 -0.49 -2.31 4897 IQ120 2394,70 2,37 0,10 Agence France-Presse
L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6 C 3
ECONOMIE
Départ du président
de Pétrolia
Alexandre Gagnon avait été très
critique à l’égard du premier ministre
JULIEN ARSENAULT Le dépar t de M. Gagnon
ne serait pas lié à l’actuel
LANAUDIÈRE
514 861-0469 | ymavocatsmtl.com
ÉCONOMIE
BlackBerry Une trentaine
restructure sa dette d’emplois éliminés
Stagnation
Waterloo — BlackBerr y a
annoncé vendredi un plan vi-
chez Canam des ventes
sant à restructurer sa dette
et à réduire ses charges
d’intérêt. En vertu du plan,
Pour tenter de redresser ses
activités de charpentes métal-
liques qui éprouvent des diffi-
de la SAQ
l’entreprise va racheter cultés, Groupe Canam modifie
1,25 milliard $US en
échange de débentures
subordonnées non garanties
la structure de ce secteur en
plus d’éliminer une trentaine
d’emplois. Les employés tou-
L a Société des alcools du
Québec (SAQ) n’a pu comp-
ter sur le congé de Pâques cette
à 6 % qui pourront être chés par cette décision — des année pour stimuler ses ventes
converties en action de équipes de gestion de projets au premier trimestre, ce qui a
BlackBerr y à un prix de et de la division de charpente fait stagner sa performance.
10 $US l’action. L’entreprise métallique — se trouvent Néanmoins, la société d’État a
établie à Waterloo a égale- principalement au centre de vu son bénéfice net croître de
ment conclu une entente Boucherville. Groupe Canam 1,1 % pour s’établir à 239,5 mil-
avec la société de porte- a également indiqué que ses lions, alors que les recettes de
feuille Fairfax Financial Hol- activités de charpentes métal- son réseau de succursales et de
dings et d’autres investis- liques seraient dorénavant di- distribution ont été de 690,8 mil-
seurs institutionnels afin rigées par Kurt Langsen- lions, en hausse de 0,8 %. « Le
d’amasser 605 millions par kamp, le président de sa filiale JACQUES GRENIER LE DEVOIR congé de Pâques est la période la
l’entremise de débentures FabSouth. Au deuxième tri- « La croissance provient des gains enregistrés dans les industries productrices de ser vices », note plus achalandée chez nous après
subordonnées non garanties mestre, la société établie à l’Institut de la statistique du Québec. le temps des Fêtes, a commenté le
convertibles à 3,75 %. Ces Saint-Georges, en Beauce, a responsable des relations de
nouvelles débentures, dont provisionné 32 millions en rai- presse de la SAQ, Renaud Du-
l’échéance est prévue le
13 novembre 2020, pourront
être converties en action de
BlackBerr y à un prix de
son de dépassements de coûts
d’un important projet aux
États-Unis qui n’a toujours pas
été nommé. Toutefois, au
Le PIB du Québec a remonté gas. La croissance aurait été un
peu plus impor tante si nous
avions pu inclure la semaine pré-
cédant Pâques.»
10 $US l’action. « La restruc-
turation de notre dette
conver tible nous permettra
cours des derniers mois,
Groupe Canam a œuvré sur
des projets d’envergure au
L e PIB du Québec est sorti de
sa paralysie en s’inscrivant
en progression en mai. Sur l’en-
cutif, la production du secteur de
la fabrication diminue (- 1,5% en
mai, - 0,8 % en avril, - 0,2 % en
quant à la poursuite de la pro-
gression de l’activité en juin,
étant donné, d’une part, la dimi-
Dividende plus élevé
Pour la période de trois mois
de réduire de façon significa- sud de la frontière, dont le semble canadien, les incendies mars et - 1,3% en février).» Au- nution des ventes au détail et de terminée le 18 juin dernier, la
tive nos paiements d’intérêt stade des Falcons d’Atlanta, de forêt à Fort McMurray ont tre vecteur de l’économie québé- l’emploi, et, d’autre par t, la SAQ a versé un dividende de
en plus d’éviter une dilution de la Ligue nationale de foot- plombé l’activité économique. coise, «la production de l’indus- hausse du volume d’exportations 300 millions au gouvernement
potentielle de la par ticipa- ball, ainsi que le toit rétracta- Le PIB du Québec augmente trie de la construction fléchit de internationales de biens.» du Québec, son unique action-
tion de nos actionnaires », a ble du stade des Internatio- de 0,4 % en mai, après avoir 0,8% en mai, après avoir connu L’économiste retient que le naire, comparativement à
indiqué le patron de Black- naux de tennis des États-Unis, connu une stabilité en avril et une baisse de 0,5 % en avril et secteur manufacturier a ré- 275,7 millions à la même pé-
Berr y, John Chen. à New York. une baisse de 0,1 % en mars. À une hausse de 2,5% en mars. La gressé en mai pour un qua- riode en 2015. Les revenus du
La Presse canadienne La Presse canadienne l’opposé, le PIB canadien a flé- baisse en mai est expliquée essen- trième mois de suite, soit un dé- réseau des succursales et maga-
chi de 0,6% en mai, en raison es- tiellement par les pertes observées clin cumulatif de 3,8%. «Ce repli sins spécialisés ont fléchi de
sentiellement de la diminution dans les travaux de génie. » La était généralisé en ce sens que la 0,6%, à 608,4 millions, mais ceux
de l’extraction de pétrole causée construction résidentielle aug- production en mai était infé- des grossistes-épiciers ont affi-
POSTE
concertation pour le Centre;
nants remonte justement à 1997,
Contribue à l’exercice du pouvoir décisionnel des membres du conseil d’administration par le dépôt des année après laquelle a com-
rapports d’activités, de fréquentation, de consultation ou autres; mencé la paix syndicale décrite
Développe et optimise les relations entre les différents organismes ou entités du milieu industriel de ci-dessus. En décembre, après
l’aluminium afin que les décisions du Centre reflètent la volonté et le consensus dégagés lors de ces DE PROFESSEURE OU PROFESSEUR un conflit qui prend fin sous le
consultations;
Assure les liens avec les organisations de recherche des institutions d’enseignement;
EN PSYCHOLOGIE coup d’une loi forçant le retour
au travail, le président du Syndi-
Effectue les représentations auprès des instances publiques pertinentes au Centre, notamment en matière de
cat des travailleurs et travail-
politiques scientifiques; FACULTÉ DES ARTS ET DES SCIENCES leuses des postes (STTP) an-
Transige avec les instances gouvernementales relativement aux activités et dossiers pertinents du Centre;
Représente le Centre sur des conseils d’administration de partenaires. nonce la fin de la grève. Cepen-
• Psychologie du travail et des organisations
dant, un moyen de pression inu-
EXIGENCES ET QUALITÉS REQUISES sité est annoncé: ses membres,
Diplôme d’études universitaires supérieures (2e ou 3e cycle) sera un atout; ENTRÉE EN FONCTION
Connaissance des milieux de la recherche, de l’enseignement supérieur et de l’industrie de l’aluminium serait Le 1er janvier 2017 dit-il, n’auront pas le temps de vé-
un atout; rifier l’affranchissement du cour-
Capacité à transiger avec diverses instances, dont les services gouvernementaux; Les personnes intéressées sont priées de consulter la description détaillée rier qu’ils traitent, et le public
Dix ans d’expérience pertinente en gestion de personnel et des parties prenantes; de ce poste ainsi que les renseignements sur le concours et la date peut donc s’abstenir d’acheter
de clôture sur le site Web de la Faculté des arts et des sciences de
Connaissance de l’anglais.
l’Université de Montréal : des timbres. Le président du
La liste ci-dessus n’est pas une liste exhaustive des tâches et responsabilités susceptibles d’être effectuées par le fas.umontreal.ca/faculte/postes-de-professeur STTP, Darrell Tingley, insinue
titulaire. Le directeur général peut également accomplir toute autre tâche connexe requise par son supérieur. même que le courrier provenant
des agences gouvernementales
CONDITIONS DE TRAVAIL 1er pôle d’enseignement et de recherche du Québec
et des grandes entreprises pour-
Temps plein, 35 heures semaine; 2e corps étudiant en importance au Canada
Rémunération : Selon les protocoles en vigueur; rait ne pas se rendre à destina-
Date d’entrée en fonction : À convenir. 3e rang des universités de recherche au Canada tion. «Les Canadiens ne sont pas
des tricheurs et nos employés sont
Pour postuler, la date limite est le vendredi 9 septembre 2016 à 16 h. Faites parvenir votre lettre de présentation Conformément aux exigences prescrites en matière d’immigration au Canada, cette honnêtes, dit le président de
et votre curriculum vitæ à l’attention de monsieur Dominique Bouchard, président, par courriel à info@cqrda.ca, annonce s’adresse en priorité aux citoyens canadiens et aux résidents permanents.
par télécopieur au 418-693-9279 ou par la poste. Pour plus de renseignements : www.cqrda.ca L’Université de Montréal souscrit aux principes d’accès à l’égalité en emploi et invite les Postes Canada, Georges Cler-
femmes, les membres des minorités visibles et des minorités ethniques, les personnes mont. Les gens ne le feront pas.»
Toutes les candidatures seront traitées confidentiellement. handicapées et les autochtones à poser leur candidature.
Le Devoir
L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6 C 5
LE MONDE
La justice
française suspend
l’interdiction
du burkini
Plusieurs maires refusent de suivre
la décision, qui doit faire autorité
dans tout le pays
CLAUDINE RENAUD Pas question, ont immédia-
à Marseille tement rétorqué plusieurs
maires de la côte méditerra-
AURELIA END néenne qui ont annoncé qu’ils
à Paris maintenaient leurs interdic-
tions du burkini et réclamé
L’ évacuation ce vendredi
des derniers habitants de
Daraya, en périphérie de Da-
bordure sud-ouest de Damas, la
capitale, avait été l’une des pre-
mières à se soulever contre son
gés de Daraya des barils incen-
diaires chargés de napalm, se-
lon les habitants. Cer tains
aux grains longs et sucrés, va
sans doute être transformée en
base militaire, dès qu’auront été
musulmane d’Europe.
Saisi par des organisations de
défense des droits de l’Homme,
des villageois dans sa com-
mune mi-août. Pour lui, il y
avait donc bien une menace à
mas, a été obtenue à l’issue autorité au printemps 2011. As- jours, deux obus s’abattaient rasés ses immeubles dévastés. le conseil d’État a sèchement l’ordre public.
d’un accord entre le régime siégée depuis l’automne 2012, chaque minute sur la ville. suspendu la décision du maire
Assad et les insurgés syriens elle a continué à défier sa puis- Libération de Villeneuve-Loubet, bannis- Décision saluée
qui lui tenaient tête après qua- sance de feu et à nourrir sa ran- Base militaire sant de ses plages la tenue cou- Parmi les représentants mu-
tre ans de siège. cune. Les batailles entre les L’ONU, qui avait mené l’an vrante por tée par cer taines sulmans, on voulait croire à
Traînant d’une main une va- forces prorégime et les groupes dernier les négociations pour Trêve en vue ? musulmanes. une accalmie.
lise à roulettes et de l’autre un combattants de la ville ont fait une trêve à Moadamiyyat entre Pour cette instance, une res- Le secrétaire général du
enfant en bas âge, des centaines des milliers de morts des deux rebelles et régime, a refusé de Genève — Les États-Unis et triction de l’accès aux plages Conseil français du culte mu-
de femmes de Daraya ont tra- côtés en cinq ans. Quelques faire de même pour Daraya. la Russie ont fait état ven- ne peut être justifiée qu’en cas sulman (CFCM), Abdallah Ze-
versé pour la dernière fois ce 3000 civils ont également été Ses représentants ont recom- dredi à Genève de progrès de « risques avérés » pour l’or- kri, a salué une « décision de
qui reste de leur ville en ruines. tués dans les raids aériens à mandé qu’une entente directe pour parvenir à un cessez-le- dre public, et non pas sur la bon sens », une « victoire du
Certaines ont fait un détour par coup de barils d’explosifs. se fasse entre les deux parties, feu en Syrie, mais les modali- base de « l’émotion ou des in- droit, de la sagesse ». La grande
le cimetière pour une prière tout en considérant que l’éva- tés d’un accord pour tenter quiétudes », même dans des mosquée de Lyon a appelé les
d’adieu à leurs fils, frères, maris Barils incendiaires cuation totale de la ville était la de mettre fin au conflit qui ra- communes proches de Nice, musulmans à être « fiers de la
ou proches disparus. Puis des « Oui, on peut dire que c’est seule possibilité restante. Des vage le pays depuis cinq ans où un attentat jihadiste a fait France ».
véhicules du Croissant rouge une capitulation, comme à la négociations directes ont été doivent encore être définies. 86 morts le 14 juillet. « Il appar tient désormais à
syrien les attendaient pour les fin des guerres », admet Jawad engagées entre, d’un côté, les «Nous sommes parvenus à À défaut de ces « risques avé- chacun de rechercher dans la
conduire jusqu’à la localité voi- Shourbaji, directeur de l’hebdo- notables locaux en coordina- clarifier la voie menant» à rés », interdire ces tenues de responsabilité l’apaisement, qui
sine de Sahnaya, quelques kilo- madaire syrien d’opposition tion avec les chefs des brigades une cessation des combats, a bain porte « une atteinte grave seul est de nature à éviter les
mètres plus au sud. Ce premier Enab Baladi, maintenant pu- combattantes et le conseil civil affirmé le secrétaire d’État et manifestement illégale aux li- troubles à l’ordre public et à
groupe de civils doit être suivi blié à Istanbul. Avec un groupe de la ville, et de l’autre, un colo- américain, John Kerry, à l’is- ber tés fondamentales », a as- conforter le vivre-ensemble », a
dans les 48 heures suivantes par de ses amis activistes, ils nel de la quatrième brigade de sue d’une réunion avec son séné le Conseil d’État. af firmé, prudemment, le mi-
les combattants rebelles et leurs avaient créé ce journal à Da- l’armée régulière syrienne, homologue russe, Sergueï nistre de l’Intérieur Bernard
familles qui devraient gagner la raya en 2011 et le distribuaient force d’élite auparavant com- Lavrov. Le chef de la diploma- Refus d’obtempérer Cazeneuve.
région d’Idlib contrôlée par l’op- clandestinement dans la ville. mandée par Maher al-Assad, tie russe a fait état de «pas Cette décision, saluée par Dans un pays qui s’enflamme
position, au nord-ouest du pays. « À l’amertume se mêle tout de frère du chef de l’État syrien. très importants en avant». les représentants du culte mu- régulièrement sur la place de
L’accord d’évacuation des même le soulagement que les La situation stratégique de Il reste toutefois «encore sulman en France, doit faire l’islam dans la société et à
8500 habitants encore pré- dernières familles de la ville Daraya à la sortie sud de Da- quelques points, parmi lesquels autorité dans tout le pays, où huit mois de l’élection prési-
sents à Daraya, qui en comp- soient sauvées. La situation mas et près de la base aérienne l’accès humanitaire aux civils une trentaine d’autres com- dentielle, la classe politique
tait 250 000 en 2011, marque était désespérée et il valait de Mazzé, siège des services de en danger en Syrie, notam- munes ont pris une décision française s’est engouf frée
une victoire emblématique mieux éviter un sacrifice final », renseignements de l’armée de ment dans la région d’Alep». similaire, suscitant une polé- dans le débat.
pour l’armée de Bachar al-As- dit celui qui a quitté sa ville fin l’air et de leur prison, ne lui lais- Agence France-Presse mique enflammée, particuliè-
sad. Une grosse épine dans le 2012. Ces dernières semaines, sait aucune chance. Totalement rement à l’étranger. Agence France-Presse
R io de Janeiro — La police
brésilienne a inculpé ven-
dredi l’ancien président Luiz
MATHILDE AUVILLAIN
à Amatrice
et deux adolescentes.
Espoirs minces
plus personne », a assuré Luigi
D’Angelo, responsable local
de la protection civile.
Inacio Lula da Silva pour cor-
ruption passive et blanchiment
d’argent, dans le cadre d’une
L’ Italie se préparait à une
journée de deuil samedi
pour les 278 morts du séisme
Selon un dernier bilan de la
protection civile, le nombre de
décès constatés s’élève désor-
Mais les secouristes ont
commencé à déblayer les dé-
combres avec des pelle-
enquête liée au scandale de de mercredi dans le centre de mais à 278 morts, dont 218 à teuses, signe que l’espoir de CHOIX DE PARCOURS : DE 50 À 150 KM
corr uption au sein du géant la péninsule, où des centaines Amatrice, tandis que 388 bles- retrouver des sur vivants
pétrolier d’État Petrobras. de secouristes fouillaient en- sés ont été hospitalisés. Aucun s’amenuise.
Cette inculpation, qui sur- core les décombres, sans sur vivant n’a été retrouvé de- Dans le village, une longue
vient en plein procès en destitu- grand espoir de retrouver des puis jeudi. file de voitures : les familles
tion de sa dauphine politique, survivants. Dans le froid de la nuit, à la des victimes viennent recon-
Dilma Rousseff, doit être confir- Les drapeaux sont en berne lumière des projecteurs ou naîtr e les corps, faute de
mée par le parquet, selon le rap- samedi dans tout le pays pour dans la chaleur étouffante du quoi la justice interdit leur
por t du commissaire Marcio les funérailles des victimes jour, les ef for ts se poursui- évacuation. Une démarche
Adriano Anselmo. d’Arquata del Tronto, une des vaient pourtant sans relâche, délicate et d’autant plus com-
Il a inculpé Lula et sa femme, trois localités des Apennins les en particulier à Amatrice, avec pliquée que ce village touris-
Marisa Leticia Lula, pour l’achat plus touchées. un va-et-vient incessant de se- tique accueillait aussi des
Photo: Maxime Juneau, L’État Brut
présumé d’un appartement et La cérémonie, avec une couristes et maîtres-chiens étrangers dont les familles
d’une maison de campagne de fa- trentaine de cercueils dont dans des volutes de poussière. sont encore loin.
çon illicite, avec la collaboration plusieurs d’enfants, aura lieu « Nous allons continuer à
de l’entreprise OAS, impliquée en fin de matinée à Ascoli Pi- fouiller et à creuser jusqu’à Agence France-Presse
dans le réseau du corruption au- ceno, au pied des montagnes
tour de la pétrolière Petrobras. meurtries, en présence du pré-
Le couple a «bénéficié d’avan- sident de la République, Ser-
tages illicites de la part de l’entre- gio Mattarella, et du chef du L’aide du Québec s’organise
prise de BTP OAS, pour un mon-
tant de 2,4 millions de réals »
gouvernement, Matteo Renzi.
Le gouvernement québécois et la Ville de Montréal ont an-
GAGNEZ DEUX
(750 000 $), selon ce rapport.
L’appartement aurait été acheté
Enterrer les morts
Une autre cérémonie, sans
noncé vendredi leur intention de verser 60 000 $ chacun au
fonds de secours de la Croix-Rouge canadienne pour aider LAISSEZ-PASSER
par OAS et rénové par Lula.
Les avocats de Lula ont réagi
les corps, est prévue la se-
maine prochaine pour les vic-
les personnes touchées par le séisme qui a secoué l’Italie
mercredi. Dans un communiqué envoyé au nom de la com- POUR LE DÉFI DES
en qualifiant le rapport du com- times d’Accumoli et sur tout munauté italienne installée au pays, le Congrès national italo-
missaire Anselmo de «pure fic-
tion », affirmant une nouvelle
d’Amatrice, sur l’autre versant
de la montagne.
canadien s’est dit profondément attristé des conséquences du
tremblement de terre. Il a annoncé que les principaux orga-
CANTONS-DE-L’EST
fois que ces biens immobiliers En attendant, cer taines fa- nismes de la communauté lançaient une collecte de fonds et
Samedi 10 septembre - Départ/arrivée : Mont-Orford
«ne sont pas et n’ont jamais ap- milles ont commencé à enter- a fourni la liste des divers établissements — notamment des
partenu à Lula ou à ses proches», rer leurs morts. À Pomezia, au caisses Desjardins installées à Montréal — où il est désor-
mais appartiennent à OAS. sud de Rome, l’évêque du dio- mais possible de faire des dons. PARTICIPEZ DÈS MAINTENANT !
cèse a célébré vendredi après- Le Devoir LEDEVOIR.COM/CONCOURSDEFIDESCANTONS
Agence France-Presse midi les funérailles de six vic-
C 6 L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6
INTERNATIONAUX DE TENNIS
DES ÉTATS-UNIS
LES SPORTS
Françoise Abanda
échoue à se qualifier
N ew York — Alors qu’elle
se trouvait au seuil du ta-
bleau principal des Internatio-
Bouchard af frontera au tour
initial Katerina Siniakova, une
Tchèque de 20 ans classée
naux de tennis des États-Unis, 73e au monde.
la Montréalaise Françoise Actuellement 40 e joueuse
Abanda a subi l’élimination mondiale, Bouchard se trouve
vendredi. dans la moitié supérieure du
Lors d’un duel de troisième tableau, la même que l’Améri-
tour de la ronde des qualifica- caine Serena Williams, la favo-
tions, Abanda, 229e au classe- rite. Si Bouchard gagne son
ment WTA, s’est inclinée en trois duel de premier tour, elle pour-
manches de 6-2, 3-6 et 6-2 contre rait af fronter la Française
la Roumaine Ana Bogdan, Caroline Garcia, 25e au monde.
11e tête de série des qualifica- Une autre victoire de Bou-
tions et 117e joueuse mondiale. chard pourrait la mener vers
Bogdan, 23 ans, a dominé un affrontement de troisième
Abanda, 19 ans, dans toutes ronde contre la Polonaise
les facettes du jeu au service. Agnieszka Radwanska, classée
Elle a obtenu quatre as contre 4e tête de série.
deux pour sa rivale et commis De son côté, Milos Raonic,
trois doubles fautes, soit la 5e tête de série, disputera son
moitié moins qu’Abanda. match de premier tour contre
Bogdan a également pré- l’Allemand Dustin Brown,
senté de meilleures statis- 87e joueur au classement ATP.
tiques au chapitre de l’effica- La route de Raonic vers une PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE
cité des premières balles (70 % deuxième finale d’affilée à un
contre 62 %) et pour les points
gagnés sur ses premières
tournoi du Grand Chelem est
toutefois parsemée d’embûches.
Retour sur terre pour les Alouettes
balles (65 % contre 60 %). En quatrième ronde, Raonic Après avoir surpris le Rouge et Noir à Ottawa la semaine dernière, les Alouettes de Montréal tentaient vendredi de demeurer
Abanda a aussi été victime pourrait devoir livrer bataille sur la bonne voie alors que les Blue Bombers de Winnipeg, eux-mêmes en quête d’un quatrième gain consécutif, étaient les visi-
de six bris de ser vice en au Français Gaël Monfils, qui teurs au stade Percival-Molson. Leur bel élan s’est heurté à la réalité d’une ligne d’attaque erratique pour se terminer par une
14 tentatives, alors qu’elle en a l’a éliminé en quarts de finale défaite de 18 à 32. Lire le compte rendu du match sur le site Web et l’application tablette du Devoir.
obtenu trois en cinq chances. de la Coupe Rogers à Toronto
Également vendredi, Steven à la fin de juillet.
Diez, de Toronto, a subi la dé- Par la suite, Raonic pourrait
ception en s’inclinant 1-6, 6-4, se mesurer à l’Espagnol Rafael SOCCER FÉMININ
6-2 face à l’Américain Chris- Nadal en quarts de finale, et au
tian Harrison. Serbe Novak Djokovic, nu-
Bouchard
face à Siniakova
méro 1 mondial, en demi-finales.
Quant à Vasek Pospisil, son
match de premier tour l’oppo-
Le Canada grimpe au 4e rang mondial
Vendredi, les responsables
du tournoi ont procédé au ti-
rage au sort du tableau princi-
sera au Slovaque issu des qua-
lifications Jozef Kovalik. L e Canada s’est hissé au
e
4 rang du classement
mondial de soccer féminin
riale avait bondi de 80 points
en décembre 2008.
C’est la première fois que le
France en quarts de finale.
Sinclair honorée
cupe le 2 e rang de l’histoire
du soccer féminin, der rière
l’Américaine Abby Wambach
pal, et la Québécoise Eugenie La Presse canadienne grâce à sa médaille de bronze Canada se faufile par mi le Par ailleurs, la capitaine de et ses 184 buts sur la scène
aux Jeux olympiques de Rio top 5 du classement mondial, la formation canadienne, internationale.
de Janeiro. après avoir déjà occupé le Christine Sinclair a été nom- Sinclair a dévoilé après le
À la suite de sa victoire de 7e rang. mée vendredi joueuse par ex- match face au Brésil que son
2-1 contre le Brésil lors du Malgré leur élimination en cellence de la National Wo- père est décédé deux mois
duel pour l’obtention de la quar ts de finale à Rio, les men’s Soccer League aux Jeux seulement avant les Jeux.
3 e place aux JO, le Canada a États-Unis conser vent le de Rio. Elle a inscrit un total de
récolté 93 points et a grimpé 1 e r rang, devant les Alle- Sinclair, qui por te les cou- trois buts pendant les JO.
de six échelons . mandes, championnes olym- leurs des Thorns de Portland La joueuse par excellence
Ce gain est un record en piques, et la France. dans la NWSL, a marqué le de la NWSL aux Jeux a été
13 ans d’histoire du classe- Les Canadiennes ont but gagnant dans la victoire du choisie lors d’un scr utin au-
ment de la Fédération inter- rempor té cinq de leurs six Canada dans le match pour la près des membres des mé-
nationale de football associa- matchs aux Jeux de Rio. médaille de bronze. dias qui couvrent les activités
tion. En juillet 2015, le Came- Elles ont notamment vaincu Il s’agissait de son 165e but de la ligue.
PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE roun avait ajouté 87 points l’Allemagne en ronde préli- en 250 matchs avec l’équipe
Françoise Abanda tandis que la Guinée Équato- minair e avant de battr e la nationale du Canada. Elle oc- La Presse canadienne
AV I S L É G AU X E T A P P E L S D ’ O F F R E S
AVIS DE CLÔTURE AVIS PUBLIC DE NOTIFICATION
D'INVENTAIRE
(Avis dans un journal : C.c.Q.,
(articles 136 et 137 C.p.c.)
Avis est donné à Succession AVIS
art. 795, al. 2)
Prenez avis que René SÉGUIN,
Rachel Levy (Auday) de vous
présenter au greffe de la Cour LÉGAUX
en son vivant domicilié au 393,
rue Agnès-Martin, Terrebonne,
du Québec, du district judiciaire
de Québec situé au 300 boul. & APPELS
D’OFFRES
Québec, J6Y 0C4, est décédé à Jean-Lesage, Québec, Québec,
Terrebonne, le 11 novembre dans les 30 jours afin de rece-
AVIS D’APPEL D’OFFRES DE LOCATION Toutes les propositions présentées doivent être 2015. Un inventaire de ses biens voir l'avis d'exécution, déclara-
LOCATION D’ESPACES
conformes à la réglementation municipale (zonage et
construction) et provinciale (construction) applicables
a été dressé conformément à la
loi et peut être consulté par les
tion de la tierce-saisie et état des
frais qui y ont été laissés à votre
HEURES DE TOMBÉE
POUR LE CENTRE D’HÉMATO-ONCOLOGIE selon les règlements et les codes en vigueur au mo- personnes intéressés à l'étude attention dans la cause numéro Les réservations
(CISSSLAU-CT-AO-20160610) ment de l’ouverture de la soumission. Le bail est de de Paméla Marinier, notaire, 200-22-077761-161.
Le Centre intégré de santé et de services sociaux des Dix (10) ans avec renouvellement automatique annuel 3380, Boul. Concorde Est, Laval, Vous devez répondre à cette de- doivent être faites
Laurentides, ayant son siège social au 290, rue de tel que spécifié au bail type du Ministère de la santé Québec, H7E 2C2. Donné ce 25 mande, sans quoi nous procéde- avant 16h00
Montigny à Saint-Jérôme (Québec), et ci-après dési- et des services sociaux. août 2016 à Laval. Signé par rons à la distribution des som- pour publication
gné le REQUÉRANT, désire louer des espaces d’une Claire WATHIER, liquidateur. mes saisies en vertu de la Loi.
Les personnes intéressées peuvent se procurer la do- Le présent avis est publié à la
deux (2) jours
superficie minimale brute de 1358 mètres carrés,
visant à accueillir un centre d’hémato-oncologie.
cumentation, au coût de 50$, en communiquant avec demande de Patrick Martin, plus tard.
le service des approvisionnements au 450-432-2777 AVIS
huissier, qui a tenté sans succès
La proposition devra respecter le périmètre de re- x26043. La seule méthode de paiement acceptée sera En raison de sa cessation défini-
de vous signifier les documents Publications
cherche ci-contre. Seules les soumissions ayant une comptant. Veuillez-vous assurer d’avoir la monnaie tive de l'exercice de sa profes- du lundi:
décrits ci-haut.
proposition d’espace locatif située à l’intérieur de ce exacte. sion, la garde des dossiers des
patients du Docteur Sheldon Ta-
Il ne sera pas publié à nouveau, Réservations
périmètre seront considérées dans le cadre du présent à moins que les circonstances
appel d’offres.
La proposition doit être valide pour une période de ger a été confiée à Docteur Pa-
ne l'exigent.
avant
cent vingt (120) jours à compter de la date d’ouverture blo Chrétien, qui exerce sa pro- 12 h 00
Québec, le 18 août 2016
des soumissions. Les soumissions doivent être ac- fession de dentiste au 3333, le vendredi
Denise Guérard, huissière
compagnées d’un cautionnement de proposition cor- Chemin Queen Mary, Bureau
respondant à dix pourcent (10%) du loyer total pour 420, Montréal, province de Qué- Publications
la première année du bail. Le cautionnement doit être bec. Son numéro de téléphone AVIS PUBLIC DE NOTIFICATION
est le (514) 733-3135 et les heu- (articles 136 et 137 C.p.c.)
du mardi:
valide jusqu’à la signature du bail.
res de bureau de sa clinique Avis est donné à Succession Réservations
Les soumissions seront reçues, en trois (3) copies AVIS AUX CRÉANCIERS
DE LA PREMIERE sont du lundi au jeudi de 8h à Gérard Veilleux de vous présen- avant
conformes (une (1) originale et deux (2) copies) dans 17h. ter au greffe de la Cour du Qué-
une enveloppe cachetée prévue à cet effet, et ou- ASSEMBLÉE 16 h 00
Les patients concernés qui n'ac- bec, du district judiciaire de Qué-
vertes publiquement à la date et à l’endroit suivants : Dans l’affaire de la faillite: cepteront pas ladite cession bec situé au 300 boul. Jean-Le- le vendredi
Date : 20 septembre 2016 Avis est par la présente pourront, dans les 30 jours du sage, Québec, Québec, dans les
donné que la faillite de Li- présent avis, reprendre leur dos- 30 jours afin de recevoir l'avis
Heure locale quidarmoire inc. Cabinet sier ou en demander le transfert d'exécution, déclaration de la Tél.:
en vigueur :
Endroit :
14h00
Bureau administratif
Prestige situé au 16320, rang
St-Dominique, Mirabel,
à un autre dentiste.
Montréal, le 25 août 2016
tierce-saisie et état des frais qui
y ont été laissés à votre attention
514-985-3344
Québec J7N 1T6 est surve- dans la cause numéro Fax:
514-985-3340
Adresse : 1000, boul. Labelle, porte 3 nue le 18-08-2016 et que la 200-22-070715-149.
première assemblée des AVIS PUBLIC DE NOTIFICATION
Ville : Saint-Jérôme (Québec) J7Z 5N6 (articles 136 et 137 C.p.c.)
Vous devez répondre à cette de-
Les lieux proposés doivent être accessibles aux per- Téléphone : créanciers sera tenue le 07- mande, sans quoi nous procéde-
450-432-2777 x26043 09-2016 à 13h30 à l’adresse Avis est donné à Succession Sur Internet :
sonnes handicapées. L’ensemble des locaux pourront rons à la distribution des som-
suivante: 7744, Sherbrooke Réjeanne Cartier de vous pré- www.ledevoir.com/services-
se retrouver sur un maximum de deux étages, toute- Demande d’information : mes saisies en vertu de la Loi. et-annonces/avis-publics
Est, #101 à Montréal, Qué- senter au greffe de la Cour du
fois, cette condition ne peut être acceptée que si les Les soumissionnaires qui désirent recevoir de l’infor- Le présent avis est publié à la www.ledevoir.com/services-
bec H1L 1A1 Jean Fortin & Québec, du district judiciaire de
deux étages sont directement l’un au-dessus de l’au- mation ou des précisions au regard de l’appel d’offres demande de Charles-Henri Lau- et-annonces/appels-d-offres
Associés Syndics Inc. Tél: Québec situé au 300 boul. Jean-
tre et qu’un système de transport par ascenseur est doivent obligatoirement le faire par écrit en commu- zon, huissier, qui a tenté sans
4 5 0 - 4 4 2 - 3 2 6 0 Lesage, Québec, Québec, dans Courriel :
disponible afin de permettre le parcours des patients niquant, avec la personne suivante et en prenant soin succès de vous signifier les do-
JeanFortin.com les 30 jours afin de recevoir avisdev@ledevoir.com
cuments décrits ci-haut.
de l’entrée du bâtiment jusqu’à ces étages. de mentionner le numéro et le titre du projet LOCATION l'avis d'exécution, déclaration de
Le 22 août 2016 Il ne sera pas publié à nouveau,
Si les aménagements sont sur deux étages, les locaux D’ESPACES POUR LE CENTRE D’HÉMATO-ONCO- la tierce-saisie et état des frais
à moins que les circonstances
Jean Fortin & Associés qui y ont été laissés à votre at-
spécifiques aux traitements oncologiques (aires de LOGIE (CISSSLAU-CT-AO-20160610) : ne l'exigent.
Syndics Inc. tention dans la cause numéro
soins oncologiques) devront absolument être regrou- Christian Thibault Québec, le 18 août 2016
pés sur un seul et même étage tandis que les locaux 2360, boul. Marie-Victorin 200-22-070740-147.
Denise Guérard, huissière AVIS
Agent d’approvisionnement EstSuite 200Longueuil, Vous devez répondre à cette de-
de la zone ambulatoire pourront être répartis sur un CISSS des Laurentides Québec J4G lB5 mande, sans quoi nous procéde- À TOUS NOS
autre étage. (450) 432-2777 x26043 rons à la distribution des som- ANNONCEURS
Advenant le cas où la conception d’un ascenseur se- Christian.thibault.sommets@ssss.gouv.qc.ca mes saisies en vertu de la Loi.
rait impossible, les aménagements proposés devront Rencontre d’information : Le présent avis est publié à la Veuillez, s’il vous plaît,
tous se retrouver sur un seul et même étage; le rez- Pendant la période d’appel d’offres, le REQUÉRANT or- demande de Maureen Dubé, prendre connaissance
de-chaussée. Les lieux proposés doivent être acces- ganisera une rencontre d’information au bureau admi- huissière, qui a tenté sans suc- de votre annonce et
sibles via un service de transport en commun. cès de vous signifier les docu-
nistratif, 1000 boul. Labelle, Saint-Jérôme à la porte ments décrits ci-haut.
nous signaler immé-
Au niveau du stationnement, 45 cases régulières, ad- 3, local SS008, mardi le 30 août 2016 à 10h00. Lors Il ne sera pas publié à nouveau, diatement toute ano-
jacentes à l’entrée de l’espace locatif proposé incluant de cette rencontre, les représentants du REQUÉRANT à moins que les circonstances malie qui s’y serait
5 cases pour personnes handicapées. Toutes les répondront aux questions des soumissionnaires. Aucun ne l'exigent. glissée.
cases indiquées précédemment devront être identi- procès-verbal de cette rencontre d’information faculta- Québec, le 18 août 2016
fiées et réservées à l’usage exclusif du CISSS des tive, mais recommandée, ne sera fait, ni remis à aucun Denise Guérard, huissière En cas d’er reur de
Laurentides. moment. l’éditeur, sa responsa-
La date d’occupation prévue est le 24 mars 2017 et la Le Centre intégré de santé et de services sociaux des bilité se limite au
durée de la location recherchée est de 10 ans. Laurentides ne s’engage à accepter ni la plus basse, coût de la parution.
ni aucune autre des propositions présentées.
L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6 C 7
P OLITIQUE CULTURELLE
CULTURE
Une aide ponctuelle et transitoire aux médias demandée à l’État
STÉPHANE consensus, notamment auprès on croit qu’on pourra fidéliser
BAILLARGEON de TC Media et Capitales Mé- de nouvelles clientèles. »
dias. Alors, pourquoi s’être Le délai. Et pourquoi prévoir
Le ministère de la Culture promet des fonds pour les sorties culturelles Un nouvel album
qui n’est pas triste
STÉPHANE Luc Fortin, ministre de la Cul- nouvelle politique en sera une l’école et l’éducation est une commentaires. Sherbrooke
BAILLARGEON ture et des Communications du gouvernementale et non seule- préoccupation partagée et très, sera le dix-huitième et dernier Avec Encore un soir, Céline
Québec. Nous aussi, on veut ment ministérielle. Elle enga- très for te par tout. Pour moi, point de chute des audiences Dion lance un premier album
P RESTIGE
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Saveurs Une nouvelle Jardins Le Domaine
chronique et la recette du Maizerets, une belle visite
chef Olivier Perret Page D 5 à Québec Page D 6
CAHIER D › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6
TOURISME SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN
La Véloroute traverse de vastes zones agricoles. Ci-dessous : deux beaux points de vue sur le lac Saint-Jean.
MARCO FOR TIER on serait restés là, dans le notre route vers Dolbeau-Mis- cole au nord de la région. On village de Normandin, une di-
parc, une ou deux journées de tassini en passant par le mou- traverse des champs de canola zaine de kilomètres plus loin :
C
e matin-là, des nua- plus. Nous avons passé la nuit lin historique de Sainte-Jeanne- à perte de vue, puis des bleue- le restaurant Dédélicieux, si-
ges ont envahi le dans une tente Huttopia tout d’Arc, un charmant village tières. En fin d’avant-midi, un tué dans un centre commer-
ciel au moment où équipée, déjà installée sur fondé au pied d’une chute. coup de cœur nous attend au cial anonyme en bordure de la
l’on montait sur place. Pratique, confortable, et En route vers Dolbeau, nous village d’Albanel. route 169. En route
nos vélos. Puis le pas besoin de transporter du avons traversé une forêt et des L’entreprise familiale Dé- Pourquoi Dédélicieux ?
vent s’est levé. Cette première matériel de camping. bleuetières à per te de vue. lices du Lac–Saint-Jean a ou- Par ce que c’est un r estau- vers Dolbeau,
journée sur la Véloroute a été C’est tranquille. vert en novembre dernier un rant qui rend hommage à
la plus mouvementée de notre La région des castors C’est joli. Ça sent bon. C’est musée voué au bleuet sauvage. Dédé For tin, l’ex-chanteur on traverse
tour du lac Saint-Jean. Le lendemain matin, on de- un peu moins joli, disons, en La copropriétaire, Émilie Gau- des Colocs. une forêt
Des averses et des bour- vait par tir car une chambre arrivant à Dolbeau-Mistassini dreault, nous fait visiter la bou- Normandin, c’est la « petite
rasques nous ont accompa- nous attendait dans un motel de par la route 169, sorte de bou- tique-atelier où elle et sa petite ville » où « on était juste 4000 » et des bleuetières
gnés sur les 28 kilomètres qui Dolbeau-Mistassini. Il faisait levard Taschereau où les équipe nous font redécouvrir dans la chanson des Colocs.
séparent Alma et le parc natio- beau. Et beaucoup moins chaud concessionnaires automobiles ce qu’elle appelle la « manne La rue principale s’appelle en- à perte de vue.
nal de la Pointe-Taillon. Oh, qu’à Montréal. Nous avons tra- succèdent aux restaurants de bleue » de la région. core Saint-Cyrille.
rien de dramatique. Quand on versé le parc national sur la poutine. On est au Québec, Ça sent les confitures, les Le restaurant Dédélicieux C’est tranquille.
part pour cinq jours à vélo, il piste cyclable en gravier qui quand même. tar tinades et tous les autres est situé dans le « centre C’est joli.
faut se préparer à toutes les longe le lac. On a vu un orignal. La piste cyclable dévie dans produits cuisinés sur place. « Je d’achats » de la chanson.
humeurs de la météo. Le long du sentier, des dizaines les petites rues résidentielles suis une passionnée du bleuet « On voulait un restaurant Ça sent bon.
Le beau temps est revenu dès d’arbres abattus confirmaient et nous mène vers la chute des sauvage », dit Émilie. Une en- qui a une personnalité, un res-
notre arrivée au parc, en fin que c’est le pays des castors. Pères, où nous attend notre trepreneure dans l’âme, aussi : taurant pas comme les au -
d’après-midi : visage au soleil, Après avoir pris le traversier motel à côté de la rivière. elle a acheté sa première terre tres », raconte Émilie Frigon,
les pieds dans l’eau, nous avions jusqu’à Péribonka, on a mangé à bleuets à l’âge de 15 ans. la copropriétaire avec Marie-
l’immense plage de sable fin au bistro du village. Puis on a Des champs à perte de vue Josée Girard.
presque à nous tout seuls. fait une sieste sur les tables de La jour née du lendemain Là où ils étaient juste 4000
C’était tellement beau, on pique-nique qui nous atten- nous mène encore loin du lac Une autre surprise nous at-
était tellement bien… Avoir su, daient au soleil. On a continué Saint-Jean, dans la zone agri- tendait pour le dîner dans le VOIR PA GE D 2 : VÉLO
D 2 L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A O Û T 2 0 1 6
PLAISIRS
TOURISME Ça fait du bien de s’arrêter pour prendre un jus et faire une saucette dans l’eau (plutôt froide) du lac. La plupart des plages proposent canots, kayaks, pédalos
ou motomarines en location. Mais on préfère poursuivre notre route à vélo en se promettant de revenir.
TOURISME SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN
La Véloroute des bleuets longe le lac Saint-Jean en proposant des points de vue exceptionnels.