Ould Abdeslam, D., Wira, P., Flieller, D., and Mercklé, J.

"Une nouvelle approche neuromimétique pour l'identification et la

compensation des harmoniques dans les systèmes électriques." International Conference on Electrical Engineering and its
Applications, Sidi Bel-Abbes, Algeria, 2006.

Une nouvelle approche neuromimétique pour

l’identification et la compensation des
harmoniques dans les systèmes électriques
D. Ould Abdeslam∗ , P. Wira∗ , D. Flieller† , J. Mercklé∗
∗ Universitéde Haute Alsace, Laboratoire MIPS
4 rue des Frères Lumière, 68093 Mulhouse, France
† INSA Strasbourg, Laboratoire ERGE

24 Bd de la Victoire, 67084 Strasbourg, France

Abstract— Cet article introduit une nouvelle méthode
neuromimétique pour l’identification et la compensation des
harmoniques. Cette méthode, appelée méthode des courants
diphasés, est basée sur des réseaux de neurones du type
Adaline. Son architecture et son apprentissage reposent
sur une décomposition originale des courants contenant
l’information harmonique. Ces courants sont convertis dans
les espaces αβ ou DQ ce qui permet d’écrire les differentes
composantes harmoniques dans une relation linéaire. Cette
méthode permet de sélectionner individuellement chacunes
des harmoniques à compenser et permet également de
compenser la puissance réactive. Elle a été évaluée et
comparée à d’autres méthodes, qu’elles soient classiques ou
neuronales. Les résultats de simulation avec des variations
des paramètres de l’environement montrent l’efficacité et
la robustesse de la méthode. Des résultats expérimentaux
représentatifs des conditions industrielles confirment les
performances obtenues.
I. I NTRODUCTION
L’utilisation des appareils électriques est de plus en
plus intense depuis un certain nombre d’années. Or, la
plupart des appareils absorbent des courants non linéaires
qui génèrent des distorsions harmoniques dans l’ensemble
du réseau électrique. La présence de ces harmoniques est
gênante dans la mesure où elles peuvent détériorer les
performances des appareils, voire même les endommager.
Une solution consiste alors à compenser les distorsions
harmoniques en insérant des filtres dans les réseaux
électriques.
Nous proposons une solution capable de s’adapter aux
variations des charges non linéaires pour compenser les
distorsions harmoniques. Cette méthode, appelée méthode
des courants diphasés, s’appuie sur les capacités d’appren-
tissage des réseaux de neurones artificiels. Les courants
contenant les différentes harmoniques sont convertis dans
les espaces αβ ou DQ afin de séparer les composantes
fréquentielles. L’expression linéaire résultante est estimée
par des Adalines [1]. Une fois identifiées, les composantes
harmoniques sont ré-injectées dans le réseau électrique
en opposition de phase grâce au schéma d’un Filtre Actif
Parallèle (FAP). Les capacités d’apprentissage des réseaux
de neurones permettent ainsi au FAP de s’adapter à tout
type de changement du système électrique ou de la charge
non linéaire.
La méthode proposée requiert un coût algorithmique
moindre comparée aux autres techniques existantes et
en particulier les méthodes basées sur la théorie des
Puissances Instantanées Réelle et Imaginaire (PIRI) intro-
duite par Akagi [2]. La méthode proposée est efficace :
elle est capable d’identifier rapidement et en ligne les
fluctuations des composantes harmoniques. Elles est de
ce fait parfaitement appropriée à une implémentation
matérielle.
La Section II passe en revue des travaux antérieurs
utilisant des réseaux Adalines pour la compensation d’har-
moniques. Le formalisme de la méthode des courants
diphasés est introduit dans la Section III : la décomposi-
tion des courants est détaillée et les caractéristiques de la
méthode sont discutées. La Section IV présente des résul-
tats de simulation pour montrer la validité de l’approche
dans le cadre de la compensation d’harmoniques dans un
système électrique triphasé. Les résultats expérimentaux
presentés dans la Section V confirment la validité de notre
approche. Enfin, des conclusions sont données dans la
dernière partie.
II. I DENTIFICATION DES HARMONIQUES AVEC DES
A DALINES
L’utilisation des réseaux neuromimétique dans le do-
maine des systèmes électriques est de plus en plus
fréquente à cause de leurs aptitudes à apprendre des
nonlinéarités et à généraliser à partir d’exemples. En effet,
depuis une dizaine d’année, de nombreuses techniques
basées sur des réseaux neuromimétiques et sur l’Adaline
[1] en particulier ont été développées pour identifier et
filtrer les harmoniques dans les systèmes électriques [3].
Les réseaux Adalines sont des estimateurs linéaires
capables d’apprendre en ligne des signaux dépendant
du temps [1]. Avec une règle d’apprentissage du type
LMS (Least Mean Squares), l’apprentissage est rapide
et robuste tout en étant compatible avec une contrainte
temps-réel. De plus, la simplicitté de son architecture lui
confère des atouts supplémentaires : l’interpretation à ses
poids et une facilité certaine pour une implémentation
matérielle.
De nombreux travaux ont démontré que l’Adaline peut
être appliqué à la compensation des harmoniques. Dans
[4] par exemple, un Adaline apprend en cherchant à
annuler l’erreur d’une équation aux différences. Il est
utilisé pour estimer les coefficients de Fourier du modèle
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compensation des harmoniques dans les systèmes électriques." International Conference on Electrical Engineering and its
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d’un signal sinusoïdal dont les paramètres varient au cours Ces courants peuvent s’écrire dans l’espace αβ à l’aide
du temps et qui est pertubé par des harmoniques. Les de la transformée de Concordia exprimée par la matrice
auteurs de [5] introduisent un Adaline pour estimer les T32 :
harmoniques de la tension et du courant et pour corriger
le facteur de puissance.   r
· ¸ iL1 · ¸
Un Adaline a été modifié dans [6] pour estimer les iα T  3 cos(ωt − α1 )
= T32 iL2 =  I1
harmoniques présentes dans un système électrique. Cette iβ 2 sin(ωt − α1 )
approche utilise une fonction de coût pour forcer l’ap- iL3
r · ¸
prentissage du réseau Adaline afin de prendre en compte X 3 cos(nωt − αn )
+ In .
la non-stationnarité du système. Combinée à une stra- 2 sin(nωt − αn )
n=2...N
tégie permettant d’adapter le coefficient d’apprentissage, (2)
elle converge plus rapidement. Plus récemment, un FAP
utilisant trois réseaux Adalines a été proposé dans [7]. En appliquant une transformation de Park avec un angle
Dans ce travail, les Adalines permettent d’estimer les de −ωt, les courants de (2) s’écrivent dans l’espace DQ
coefficients de la décomposition des courants triphasés avec iD et iQ comme indiqués ci-dessous :
dans la série de Fourier. Cette approche permet une
compensation sélective des harmoniques. · ¸ · ¸ r · ¸
D’autres stratégies basées sur des Adalines ont été iD iα 3 cos(α1 )
= P(−ωt) = I1
proposées. La méthode directe, introduite dans [8], dé- iQ iβ 2 − sin(α1 )
r · ¸
compose les courants de chaque phase en série de X 3 cos((n − 1)ωt − αn )
Fourier. Cette décomposition permet de déterminer les + In .
2 sin((n − 1)ωt − αn )
entrées d’un Adaline pour identifier chaque composante n=2...N
fréquentielle. Dans [9], la méthode tri-monophasée per-
met d’identifier les harmoniques d’un système mono ou (3)
triphasé. Deux Adalines sont utilisés pour chaque phase
pour séparer la fréquence fondamentale des distorsions Chacuns de ces courants peuvent être séparés en deux
harmoniques. Une méthode neuronale qui exploite tous parties, une composante alternative ainsi qu’une compo-
les avantages de la théorie des PIRI est introduite dans sante continue, soit respectivement :
[10]. Dans cette méthode, des Adalines sont utilisés · ¸ r · ¸
pour identifier et filtrer les composantes alternatives des īD 3 cos α1
= I1 , (4)
PIRI. Cette méthode qui ne s’applique qu’à des systèmes īQ 2 − sin α1
triphasés permet d’obtenir de très bonnes performances.
III. I DENTIFICATION DES HARMONIQUES AVEC LA · ¸ r · ¸
ĩD X 3 cos((n − 1)wt − αn )
MÉTHODE DES COURANTS DIPHASÉS = In .
ĩQ 2 sin((n − 1)wt − αn )
n=1...N
A. Décomposition des courants (5)
L’identification des composantes harmoniques se fait en On peut voir que les composantes continues iD et iQ
général, soit dans l’espace des courants, soit dans l’espace de (4) sont issues de la fréquence fondamentale. D’un
des puissances. Contrairement aux méthodes basées sur autre côté, les composantes alternatives eiD et eiQ de (5)
la théorie des PIRI [2], la méthode des courants diphasés proviennent quand à elles des distorsions harmoniques.
travaille dans l’espace des courants DQ. Elle requiert de L’objectif de la méthode revient à itentifier les compo-
ce fait moins de calculs tout en étant plus précise et plus santes continues et alternatives des courants DQ ou αβ
robuste. et la séparation peut se faire par un filtrage.
Considérons l’expression suivante, représentant les cou- Le calcul des courants de référence se fait en convertis-
rants perturbés par des harmoniques dans un système sant les courants donnés par (5) dans l’espace des courants
électrique triphasé : triphasés en appliquant successivement les transforma-
tions inverses de Park et de Concordia avec les matrices
   
iL1 cos(ωt − α1 ) T32 et P(ωt). Les courants de références résultants
 iL2  = I1  cos(ωt − α1 − 2π/3)  s’écrivent alors :
iL3 cos(ωt − α1 + 2π/3)  
  iref 1 · ¸
cos(nωt − αn ) e
X  iref 2  = T32 P(ωt) iD , (6)
+ In  cos(nωt − αn − 2π/3) . eiQ
n=2...N cos(nωt − αn + 2π/3) iref 3
(1)
Nous proposons d’identifier les composantes issues de
La partie droite de l’expression (1) se décompose en la fréquence fondamentale et des distorsions harmoniques
deux termes. Le premier terme représente la fréquence à l’aide d’Adalines. Cette identification peut se faire
fondamentale, alors que le second terme représente la indifférement dans l’espace des courants DQ ou dans
somme des distorsions harmoniques. l’espace des courants αβ.
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B. Extraction des distorsions harmoniques dans l’espace · ¸ · ¸
T
DQ iα Wα Xα (t)
= (12)
iβ WβT Xβ (t)
Dans l’espace DQ, les courants sont représentés par
(3) et peuvent s’écrire en notation vectorielle : avec les vecteurs (n = 1, 5, 7, 11, 13...N ) :
· ¸ · T
¸ r
iD WD XD (t) 3
= T (7) T
Wα = [In ] , (13)
iQ WQ XQ (t) 2
avec les vecteurs (où n = 1, 5, 7, 11, 13...N ) :
r Xα (t) = [cos(nωt − αn )] , (14)
T 3
WD = [In cos αn ] , (8) r
2 3
WβT = [In ] , (15)
2
XD (t) = [cos(n − 1)ωt] , (9)
r Xβ (t) = [sin(nωt − αn )] . (16)
T 3
WQ = [In sin αn ] , (10) Nous proposons d’apprendre les expressions de (12) à
2
l’aide de deux Adalines. Les vecteurs Xα (t) et Xβ (t)
XQ (t) = [sin(n − 1)ωt] . (11) sont générés et servent d’entrées aux Adalines, alors que
T
les vecteurs poids Wα et WβT sont issus de l’appren-
Nous proposons d’apprendre les expressions de (7) tissage. Les deux Adalines estiment ainsi les courants
avec deux Adalines. Ainsi, les vecteurs XD (t) et XQ (t) issus de la fréquence fondamentale, c’est à dire le premier
constituent les signaux d’entrées pour deux Adalines. Les terme de la partie droite de (2). Enfin, les courants de
T T
vecteurs WD et WQ , qui représentent les poids des référence sont calculés à partir de la transformation T32 .
Adalines sont estimés par le processus d’apprentissage.
De cette façon, le poids W0 (k) du premier Adaline estime D. Discussion
iD et le poids W0 (k) du second Adaline estime iQ . Les FAP sont généralement conçus avec deux objectifs
Les composantes alternatives des courants diphasés se qui ne s’excluent pas forcément, la compensation des
retrouve par soustraction : eiD = iD − iD et eiQ = iQ − iQ . harmoniques et la correction du facteur de puissance. La
Les courants de référence sont déterminés à l’aide des méthode des courants diphasés, comme d’autres méthodes
matrices de transformation T32 et P(ωt) comme indiqué [10], [8], [9], sont compatibles aussi bien avec un seul des
dans (6). Cette démarche est représentée et résumée par deux objectifs qu’avec les deux.
la Fig. 1. Le Tableau I montre les grandeurs représentatives des
distorsions harmoniques qui sont utilisées par différentes
C. Extraction des distorsions harmonique dans l’espace
méthodes d’identification et de compensation selon le
αβ
ou les objectifs choisis. On voit que la méthode des
Contrairement à l’identification des harmoniques dans courants diphasés (dans l’espace DQ) compense les dis-
l’espace DQ, l’identification des harmoniques dans l’es- torsions harmoniques avec les composantes alternatives
pace αβ ne nécessite que la transformation TT32 . Ainsi, les des courants et qu’elle corrige le facteur de puissance
courants iα et iβ s’écrivent dans l’espace αβ en notation en identifiant le terme iQ . Pour les deux, le calcul des
vectorielle à partir de l’expression (2) : courants de référence préalablement donné par (6) est
remplacé par :
 
iref 1 · ¸ · ¸
e
 iref 2  = T32 P(ωt) iD + T32 P(ωt) 0 .
eiQ iQ
iref 3
(17)
La méthode classique et a méthode neuronale des PIRI
introduite dans [10] utilisent toutes les deux l’espace des
puissances. Les composantes harmoniques sont compen-
sées en identifiant les puissances alternatives, c’est à dire
pe + qe, alors que la correction du facteur de puissance est
réalisé en identifiant la puissance q. Pour répondre aux
deux objectifs à la fois, il faut identifier simultanéement
les puissances alternatives et la composante continue de
la puissance réelle (q).
La méthode classique des PIRI nécessite deux filtres
Fig. 1. Décomposition des courants dans la méthode des courants passe-bas pour séparer les composantes alternatives des
diphasés. composantes continues des puissances. Cette méthode
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compensation des harmoniques dans les systèmes électriques." International Conference on Electrical Engineering and its
Applications, Sidi Bel-Abbes, Algeria, 2006.
nécessite de ce fait la composante directe de la tension
du réseau électrique. De plus, cette méthode ne peut
être employée que pour un système triphasé. La méthode
neuronale des PIRI, qui remplace les deux filtres passe-
bas par deux réseaux Adalines, possèdent les mêmes
caractéristiques.
La méthode des courants diphasés, en travaillant dans
des espaces de courants bidimenstionnels, DQ ou αβ,
possède tout les avantages de la méthode des PIRI mais
pas ses inconvénients.
IV. R ÉSULTATS DE SIMULATION
A. Cas simple
Afin d’évaluer la méthode de compensation proposée,
un courant sinusoïdal d’une amplitude de 150 A et une
fréquence de f = 50Hz est simulé. Ce courant fonda-
mental est perturbé par des distorsions harmoniques de
rang 5, 7, 11, 13 et 17. L’objectif consiste à estimer les
composantes fréquentielles, à éliminer les distorsions et à
corriger le facteur de puissance. La méthode des courants
diphasés est utilisée en ligne avec une adaptation des
poids des Adalines basée sur la règle de Widrow-Hoff
modifiée comme indiquée dans [9].
Les performances de compensation sont évaluées à
l’aide du THD (Total Harmonic Distortion). La correc-
tion de la puissance réactive est mesurée par facteur de
puissance cos φ où φ est la différence de phase entre la
tension et le courant du réseau.
De nombreuses simulations ont été effectuées. Les
résultats obtenus avec la méthode proposée sont comparés
avec d’autres méthodes dans la Table II. Ce tableau
indique également le temps de monté et le nombre d’Ada-
lines nécéssaires pour chaque méthode employée.
Lorsqu’aucun schéma de compensation n’est mis en
œuvre, le THD est de 24 % et cos φ = 0.941. Avec
la méthode des courants diphasés, le THD est réduit à
0.75 % et le cos φ est corrigé à 0.993. A titre idicatif,
la compensation avec la méthode basée sur la théorie
des PIRI classique donnne un THD de 1.2 % et un
cos φ de 0.987. La méthode des courants diphasés est la
plus performante des méthodes en terme de compensation
des harmoniques tout comme pour corriger le facteur de
puissance, comme on peut le voir dans le Tableau II.
Le temps de réponse est également un critère important.
Le temps de montée pour atteindre 80 % de l’amplitude
exacte de la composante en courant issue de la fréquence
fondamentale est donné pour chaque méthode dans la
Table II. On voit que le temps pour estimer l’amplitude du
courant fondamental est de 0.052 s avec la méthode clas-
sique des PIRI et seulement de 0.004 s avec la méthode
des courants diphasés. Cette dernière est la méthode la
plus rapide.
B. Compensation des harmoniques avec des paramètres
du système qui varient dans le temps
Nous proposons d’évaluer la dynamique de la mé-
thode des courants diphasés, c’est à dire ses capacités
à prendre en compte les variations qui peuvent affecter
certains paramètres du système. Un système électrique
500
iL
iS
a)
0
−500
0.16 0.18 0.2 0.22 0.24 0.26
Fig. 2. Courants pollué et compensé avec la méthode des courants
diphasés lorsque la charge non linéaire varie (A).
représentatif d’un environement industriel a été simulé
à l’aide de MATLAB. Ce système est composé d’une
source triphasée avec les caractéristiques suivantes : Rs =
1, 269 mΩ, Ls = 46µH, Vs = 230V et une fréquence
fc = 50Hz. Des distorsions harmoniques ont été intro-
duites en simulant une charge non-linéaire de 100 kVA et
composée d’un pont de Graetz avec des éléments RC et
des thyrisors.
La méthode des courants diphasés est implémentée
et utilisée pour identifier les différentes composantes
harmoniques. Ceci permet d’en déduire des courants de
référence qui sont ré-injecté en opposition de phase dans
le réseau électrique grâce à un onduleur et un à filtre de
sortie. L’onduleur est commandé à l’aide d’un contrôleur
RST.
Un changement inopiné de la charge non linéaire est si-
mulé à l’instant t = 0.20 s. La réponse de l’approche neu-
ronale d’identification est représentée sur la Fig. 2. Cette
figure montre le courant perturbé par les harmoniques
ainsi que l’allure du courant reconstitué. On voit que la
méthode proposée est capable de prendre en compte le
changement, puisque le courant compensé est très proche
d’une sinusoïde. Le THD est ramené de 24 à 0.8 %
avant le changement brutal de la charge non linéaire, et à
0.55 % après. Ces résultats montrent que l’approche est
très performante et qu’elle possède de grandes capacités
d’adaptation aux variations des paramètres.
C. Compensation des harmoniques et correction du fac-
teur de puissance
Comme indiqué dans la Section III-D, la méthode des
courants diphasés peut être utilisée soit pour compenser
les harmoniques, soit pour corriger le facteur de puis-
sance, soit pour les deux à la fois. Dans ce dernier cas, les
courants de référence sont calculés à l’aide de l’expression
(17) plutôt que (6). La Fig. 3 montrent que les deux
objectifs sont simultannément atteints par la méthode
neuronale proposée. En tenant compte explicitement de
iQ , la méthode neuronale est parfaitement capable de
restituer un courant sinusoïdal et en phase avec la tension,
donc d’obtenir un facteur de puissance proche de 1.
D. Compensation sélective des harmoniques
La compensation sélective des harmoniques permet de
supprimer des harmoniques particulières et spécifiques
qui sont présentes dans le réseau électrique. A l’opposé
des méthodes traditionelles, la méthode des courants
diphasés identifie chaque composante individuellement.
Ceci se fait de façon inhérente puisque l’identification de
l’harmonique de rang N est réalisée avec :
Ould Abdeslam, D., Wira, P., Flieller, D., and Mercklé, J. "Une nouvelle approche neuromimétique pour l'identification et la
compensation des harmoniques dans les systèmes électriques." International Conference on Electrical Engineering and its
Applications, Sidi Bel-Abbes, Algeria, 2006.
TABLE I
GRANDEURS REPRESENTATIVES DES PERTURBATIONS A COMPENSER

Méthode de compensation
Objectif de compensation PIRI PIRI neuronale directe tri-monophasée des courants diphasés (DQ)
Compensation des harmoniques pe + qe pe + qe ic − icf ic − icf ĩD + ĩQ
Correction du facteur de puissance q q I12 sin ωt I12 sin ωt īQ
Compensation des harmoniques et pe + qe + q pe + qe + q ic − I11 cos ωt ic − I11 cos ωt ĩD + ĩQ + īQ
correction du facteur de puissance

TABLE II
PERFORMANCE POUR LA COMPENSATION DES HARMONIQUES ET LA CORRECTION DU cos φ EN SIMULATION

Méthode de compensation
PIRI PIRI neuronale directe tri-monophasée des courants diphasés (DQ)
THD après compensation 1.2 % 0.84 % 0.95 % 0.79 % 0.75 %
(24 % avant)
cos φ 0.987 0.9921 0.9913 0.9927 0.9931
temps de montée 0.052 s 0.011 s 0.045 s 0.005 s 0.004 s
Nomber d’Adalines × 2 filtres passe-bas 2×13 3×12 6×23 2×11
taille de vecteur d’entrée

25 25
400 a) b)
iL
200 20 20
vS
a)
0 In/I1 (%)

In/I1 (%)
15 15
−200
10 10
−400
0.16 0.17 0.18 0.19 0.2 0.21 0.22
400 5 5
iS
200 0 0
vd 5 7 11 13 17 19 23 5 7 11 13 17 19 23
b)
0 harmonics harmonics

−200

−400
Fig. 4. Compensation sélective des harmoniques avec la méthode des
0.16
400
0.17 0.18 0.19 0.2 0.21 0.22
courants diphasés, a) sans compensation, b) en compensant uniquement
iS les harmoniques d’ordre 5 et 7.
200
vd
c)
0

−200
sont supprimées à hauteur de moins de 1 % de l’amplitude
−400
0.16 0.17 0.18 0.19
time (s)
0.2 0.21 0.22 du courant fondamental. A côté, les autres composantes
harmoniques n’ont pas été altérées.
Fig. 3. Résultats selon les objectifs, a) tension et courant pollué, b)
courant obtenu avec la compensation des harmoniques, c) courant obtenu V. R ÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX
avec la compensation des harmoniques et la correction du cos φ. Des expérimentations sont faites pour vérifier la validité
de l’approche neuronale lorsqu’elle est appliquée à un
système réel. Le schéma de compensation des harmo-
niques basé sur la méthode des courants diphasés est
· ¸ r · ¸
iN D 3 cos((N − 1)wt − αN ) implémenté sur une carte dSPACE avec une période
= IN . (18) d’échantillonnage T = 4e−4 s. La plate-forme expérimen-
iN Q 2 sin((N − 1)wt − αN )
tale utilise une alimentation basse-tension triphasée (100
Dans (18), iN D et iN Q représentent les courants issus V) et une charge non linéaire, i.e., un pont de Graetz
de l’harmonique d’ordre N dans l’espace DQ. La méthode comportant des éléments RL = 12Ω et LL = 38mH ainsi
des courants diphasés utilise deux Adalines pour estimer que des thyristors. Cette plate-forme vise essentiellement
l’amplitude IN de 18. Les courants de référence se à reproduire un environement industriel.
calculent à partir des courants de l’espace DQ avec les Lorsque les composantes harmoniques sont identifiées,
transformations T32 et P(ωt). Par exemple, les courants elles sont utilisées pour générer des courants de référence
de référence à ré-injecter dans le réseau électrique et qui qui sont injectés en opposition de phase dans le réseau
prennent en compte les harmoniques d’ordre N et M sont : électrique via un onduleur et un filtre de sortie. La
commande de l’onduleur est également basée sur une
 
iref 1 · ¸ approche neuronale avec un schéma de commande direct-
 iref 2  = T32 P(ωt) iN D + iM D . (19) inverse. De nombreuses expérimentations ont été menées
iN Q + iM Q avec plusieurs objectifs et diverses configurations.
iref 3
La Fig. 4 montre l’efficacité de la méthode des cou- A. Expérience avec variation de la charge non linéaire
rants diphasés à compenser uniquement les harmoniques Les résultats d’identification et de compensation ob-
d’ordre 5 et 7. On voit clairement que ces composantes tenus avec la méthode des courants diphasés lorsque
fréquentielles, largement présentes avant la compensation, la charge non linéaire varie au cours du temps sont
Ould Abdeslam, D., Wira, P., Flieller, D., and Mercklé, J. "Une nouvelle approche neuromimétique pour l'identification et la
compensation des harmoniques dans les systèmes électriques." International Conference on Electrical Engineering and its
Applications, Sidi Bel-Abbes, Algeria, 2006.
0.5
a)
0 0
−0.5
0.9 0.92 0.94 0.96 0.98 1 1.02 1.04 1.06
0.5
b)
0 0
−0.5
0.9 0.92 0.94 0.96 0.98 1 1.02 1.04 1.06
time (s)
Fig. 5. Compensation expérimentale avec la méthode des courants
diphasés lorsque la charge non linéaire varie, a) courant pollué, b)
courant compensé.
représentés par la Fig. 5. La charge non linéaire est
brutalement modifiée à l’instant t = 0.96 s, modifiant
ainsi toutes les composantes harmoniques présentes sur
le réseau électrique. On peut voir que la méthode des
courants diphasés permet de restituer la forme sinusoï-
dale du courant malgré le changement de la charge non
linéaire.
Le THD, réduit de 24.6 % à 9.8 % avec la métode
des PIRI, est diminué à 1.2 % avec la méthode des
courants diphasés. Le même ordre de grandeur est atteint
chaque fois que la charge non linéaire est modifiée.
D’autres expérimentations ont également montré que la
méthode des courants diphasés identifie et compense les
harmoniques de manière plus efficace que les autres
méthodes, notamment basées sur la théorie des PIRI
lorsque l’environnement est variable.
B. Compensation sélective des harmoniques et correction
du facteur de puissance
L’efficacité de la méthode des courants diphasés pour
identifier et compenser les distorsions harmoniques ainsi
que pour corriger le facteur de puissance est évaluée expé-
rimentalement. La Fig. 6 montre un courant perturbé par
des distorsions harmoniques. Cette figure montre ce même
courant corrigé par la méthode des courants diphasés en
tenant uniquement compte des harmoniques, et corrigé
en tenant compte des harmoniques et de la puissance
réactive. On peut voir que la forme du courant est restituée
dans les deux cas, et qu’il est en plus parfaitement en
phase dans le dernier cas. Le facteur de puissance en
appliquant la méthode de compensation est proche de 1.
La compensation sélective des harmoniques est évaluée
dans un cas pratique avec un courant pollué par des
harmoniques d’ordre 5 et 7. L’identification est faite
séparément avec la méthode des courants diphasés pour
compenser soit que l’harmonique d’ordre 5, soit l’har-
monique d’ordre 7. Dans les deux cas, la méthode des
courants diphasés permet de compenser de façon efficace
les harmoniques. En effet, les amplitudes des courants
harmoniques sont réduits pour atteindre moins de 2% du
courant harmonique fondamental. Dans ces expériences,
la méthode des courants diphasés montre également une
meilleure rapidité et robustesse comparées à d’autres
techniques d’identification et de compensation.
1
0.5
a)
−0.5
−1
1.08 1.1 0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.045 0.05 0.055 0.06
1 with harmonics compensation and power factor correction
0.5
b)
−0.5
with only harmonics compensation
−1
0.02 0.025 0.03 0.035 0.04 0.045 0.05 0.055 0.06
1.08 1.1
time (s)
Fig. 6. Résultats expérimentaux selon les objectifs, a) courant pollué,
b) courant obtenu avec compensation des harmoniques ainsi qu’avec
compensation des harmoniques et correction du cos φ.
VI. C ONCLUSION
Une méthode neuronale d’identification et de compen-
sation des distorsions harmoniques a été introduite. Cette
méthode, appelée méthode des courants diphasés est basée
sur des Adalines, est simple et peut facilement être mise
en œuvre. Elle traduit les courants harmoniques dans les
espaces αβ ou DQ afin de séparer linéairement chaque
composante fréquentielle. Associés à un apprentissage en
ligne, les Adalines apprennent ainsi l’amplitude de chaque
harmonique dans l’espace considéré. Cette méthode per-
met en outre une compensation sélective des harmoniques
ainsi que la correction du facteur de puissance. Des
comparatifs, réalisés aussi bien en simulation qu’en ex-
périmentation, démontrent l’efficacité de notre approche,
en particulier lorsque les paramètres de l’environnement
varient au cours du temps.
R EFERENCES
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