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Face à la hausse continue du chômage mondial, les experts tirent la sonnette d’alarme sur les éventuelles

conséquences sociales dans les pays touchés. Ainsi, le rapport annuel du Bureau international du travail (BIT) sur
l’état de lieu du travail dans le monde publié à la veille de la rencontre du G20 (3-4 novembre), relève que dans 45
pays sur 118 étudiés pour l’année 2011, le risque de troubles sociaux est très palpable et tend à s’amplifier, en
particulier dans les économies avancées comme les pays de l’Union européenne, du monde arabe, et dans une
moindre mesure de l’Asie. Tandis que ce risque est « stable voire plus faible en Afrique subsaharienne et en
Amérique latine ».
Les raisons de ce mécontentement sont partout les mêmes : aggravation du chômage (conséquence de la crise
économique et financière) et sentiment d’injustice face à l’inégale répartition du fardeau de la crise. Par exemple, la
reprise de l’emploi qui était prévue en 2013, devrait plutôt arriver en 2015, estime l’organisation internationale qui a
également confirmé sa prévision de 203,3 millions de chômeurs dans le monde en 2011. Et parmi ces chômeurs
(dans 35 pays où les statistiques sont disponibles), « près de 40% sont sans travail depuis plus d’un an », soit près
de 10% de plus qu’en 2009. « Ces personnes courent un risque important de démoralisation, de perte d’estime de
soi, etc. Certains ont même décidé de quitter le marché de l’emploi », relève le rapport qui précise ainsi qu’en 2009,
plus de 4 millions de ces chômeurs ont renoncé à chercher un emploi.
Ce retour en arrière de mesures sociales d’une certaine manière, avec entre autres l’augmentation des programmes
d’austérité, pourrait avoir un effet boomerang, avec une crise sociale gravissime, estime le BIT qui signale en citant
des cas de troubles sociaux dans au moins 25 pays, que « les tensions sont déjà présentes ». Les inégalités sociales
qui se sont aggravées en 2009, viennent alimenter encore plus cette « bombe à retardement ».
Cette précarité de l’emploi a entraîné véritablement des impacts durables et dévastateurs sur les individus, les
familles et leurs communautés du point de vue économique et moral. Des impacts qui se manifestent par exemple
par l’émigration vers une autre ville ou un autre pays (en particulier chez les jeunes - impact sur la vie familiale) à la
recherche de meilleures possibilités d’emploi, par l’augmentation de la pauvreté, par la perte de maisons saisies, la
dette et la faillite (en particulier aux États-Unis et dans d’autres économies avancées), etc. Les conséquences
désastreuses de la hausse permanente du chômage mondial ces dernières années se manifestent également par
une détérioration des conditions sanitaires, psychologiques entre autres, et des dissociations familiales parce que
selon les experts (Rapport des Nations Unies sur la Situation sociale mondiale 2011), le travail est intimement lié à
plusieurs dimensions du bien-être individuel. Pour eux, ces conséquences peuvent persister même après la reprise
économique et donc éventuellement le retour sur le marché du travail. Par ailleurs, l’effet sur les enfants de cette
crise planétaire de l’emploi, a également été significatif dans la mesure où le manque d’emploi d’un des parents, en
particulier le chef de famille, peut affecter le niveau de scolarité des étudiants issus de milieux aux revenus moyens
et bas, parce qu’ils ne peuvent pas entre autres choses payer les frais de scolarité requis et les autres dépenses.
Ainsi, les experts sont presque unanimement d’avis qu’une crise prolongée du chômage comporte de gros risques
pour la stabilité sociale et politique d’un pays.

Le deuxième grand dysfonctionnement de l’économie de marché est le


chômage. Il est ressenti de façon plus aiguë par la population à cause de ses
conséquences sociales. Un chômeur est une personne qui peut travailler et
qui veut travailler, mais qui ne trouve pas d’emploi. Rappel : les chômeurs
font partie de la population active. Le nombre réel des chômeurs est assez
difficile à évaluer, car il existe plusieurs modes de calcul. Le chiffre du BIT est
celui qui sert à calculer le taux de chômage. Taux de chômage = Nombre de chômeurs x
100 divisé par la Population active. Avantage : les chiffres du BIT permettent
d’effectuer des comparaisons internationales. Inconvénient : ce chiffre n’est
calculé qu’une fois par an. Le chiffre le plus médiatisé est celui des DEFM
(Demandeurs d’Emploi en Fin de Mois). Personne à la recherche d’un emploi

 à temps plein
 en CDI
 en France métropolitaine
 n’ayant pas travaillé plus de 78 heures dans le mois qui précède
Avantage : ce chiffre est évalué tous les mois
Inconvénient : il ne prend pas en compte un assez grand nombre de
personnes.
LE CHÔMAGE EN FRANCE
Actuellement, le chômage en France est un chômage de masse : le taux de
chômage (nb de chômeurs/population active ) est toujours supérieurs à 8%.
De plus la durée du chômage s’allonge (>15 mois).
Les catégories les plus touchées sont les jeunes et les femmes.
Le diplôme « protège » du chômage : plus on est diplômé, plus le taux de
chômage diminue.
On constate le développement d’un chômage déguisé :
Emplois précaires : temps partiel subi, intérim, CDD à répétition …
Stages, emplois jeunes, CES, etc…

Causes du chômage
L’OFFRE ET LA DEMANDE DE TRAVAIL
- a – L’offre de travail augmente
La population active (Personnes pouvant et voulant travailler) ì

 Pour des raisons démographiques : Arrivée sur le marché de l’emploi


des baby-boomers
 Pour des raisons sociologiques : dvpt du travail féminin

- b – La demande travail diminue


En partie à cause de la mécanisation et de l’informatisation (substitution du
Capital au Travail).
On assiste aussi à un phénomène de délocalisation.
Rq : ces phénomènes détruisent de l’emploi dans un premier temps, mais en
créent également dans de nouveaux secteurs (fabrication des machines,
conception des logiciels, maintenance, etc.)
EXPLICATIONS DES THÉORICIENS
ÉCONOMIQUES
- a – Les libéraux
La marché du travail devrait fonctionner exactement comme les autres
marchés : ajustement de l’offre et de la demande par les prix.
Or le travail est encadré par la législation (en particulier le SMIC), ce qui
fausse le marché.
Le prix du travail tel qu’il est fixé engendre un excès d’offre sur la demande.
La dérégulation du marché du travail (en particulier la suppression du SMIC)
permettrait donc la suppression du chômage.
b – Les keynésiens
L’économie est en crise à cause d’une demande insuffisante.
Pour relancer la consommation, donc l’économie, il faut augmenter les
salaires.
- c – Les marxistes
C’est la nature même du système qui crée le chômage : la tendance du
capitalisme est de remplacer la main-d’œuvre par le capital pour augmenter le
profit. Ceci se fait forcément au détriment de l’emploi.
De plus l’existence du chômage est une bonne chose pour les patrons, car
elle engendre la baisse du coût du travail : Marx parle de « l’armée industrielle
de réserve »
La solution au chômage pour les marxistes passe donc par un changement
de système économique, voire un changement de régime.

Conséquences du chômage
1) CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES
Baisse de la consommation :

 Les chômeurs consomment moins


 Les autres consommateurs aussi par anticipation : ils repoussent leurs
achats, en particulier d’équipement (maisons, voiture, électroménager)
par peur d’être eux aussi touchés par le chômage.

Déficit des organismes de protection sociale (Sécurité sociale, …) :

 Manque à gagner (ces organismes sont en majeure partie financés par


les revenus du travail.°
 Indemnisation du chômage

2) CONSÉQUENCES SOCIALES
La première conséquence du chômage est bien entendu la perte de revenu
pour le chômeur.
La perte de l’emploi peut être le début de la spirale de l’exclusion Perte de
revenu => perte du logement=> isolement (plus de soutien familial)=>
clochardisation => toxicomanie=> délinquance
Il faut noter également l’impact psychologique de la perte d’emploi, dans une
société où le travail est perçu comme une valeur primordiale

Depuis le milieu des années 70, la France et les pays industrialisés sont
confrontés au fléau économique, politique et social du chômage. Pour les
hommes politiques, les industrielles et les économistes ultra-libéraux, la
hausse du chômage est, pour l’essentielle, due aux charges salariales qui
pèsent sur la compétitivité des entreprises et à la faiblesse du taux de
croissance du PIB. Ces explications évoquent rarement le rôle des gains
de productivité et de la redistribution des bénéfices générés par ces
gains. Avant de proposer des solutions pour en finir avec ce fléau, nous
commencerons par quantifier le nombre de chômeur et d’actifs sans
emploi. Nous aborderons ensuite les conséquences économiques,
politiques et sociales du chômage. Pour finir, nous aborderons les liens
qui unissent les gains de productivité, la croissance du PIB, le partage
des bénéfices générés les gains de productivité et le chômage.

Combien y a-t-il de chômeurs et


d’actifs sans emploi ?
Avant de comprendre les causes et conséquences du chômage et
d’envisager des solutions pour le supprimer, il est nécessaire de
commencer par le quantifier. Combien y a-t-il de chômeurs ou d’actifs
sans emploi en France ? Comment les quantifier ?

 Les chiffres officiels du chômage de


l’INSEE et de la DARES.
Les chiffres officiels du chômage, au sens de la définition du bureau
international du travail (BIT), sont donnés par l’INSEE [1]. Depuis 1982, la
définition du BIT permet de mesurer l’évolution du chômage sur plusieurs
années et de la comparer au niveau international. Selon la définition du
(BIT), une personne est comptabilisée comme chômeur si elle répond aux
critères suivants : être en âge de travailler (avoir quinze ans ou plus), ne
pas avoir travaillé au cours de la semaine de référence de l’enquête, être
disponible pour travailler dans les deux semaines à venir, avoir entrepris,
au cours des quatre dernières semaines, une démarche de recherche
d’emploi (réponse à une petite annonce, inscription dans une agence
d’intérim…) ou avoir trouvé un emploi qui commence dans moins de trois
mois.

Les chiffres officiels du chômage de l’INSEE reposent sur des enquêtes


confidentielles réalisées auprès de 100 milles personnes. Selon ces
enquêtes, en France, de 1975 à 2011, le nombre de demandeurs d’emploi
est officiellement passé de 766 milles à plus de  2,6 millions de
personnes, soit 9,3% de la population active [2].

Les calculs de L’INSEE comptabilisent uniquement les chômeurs qui


entrent dans la catégorie de la définition du BIT. Comme ils ne prennent
pas en compte la multiplicité des situations des demandeurs d’emploi, il
apparaît pertinent d’utiliser un autre mode de calcul du chômage.

Les chiffres de la direction de l’animation de la recherche, des études et


des statistiques(DARES) ne reposent pas sur des enquêtes, mais sur les
inscriptions à pôle emploi. La DARES regroupe les demandeurs d’emploi
en cinq catégories : A, B, C, D et E.

- Catégorie A : demandeurs d’emploi tenus d’accomplir des actes positifs


de recherche d’emploi quel que soit le type de contrat (CDI, CDD, à temps
plein, à temps partiel, temporaire ou saisonnier)

- Catégorie B : demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite de


78 heures maximum par mois, tenu d’accomplir des actes positifs de
recherche d’emploi

- Catégorie C : demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite de


plus de 78 heures par mois, tenues d’accomplir des actes positifs de
recherche d’emploi

- Catégorie D : demandeurs d’emploi, non immédiatement disponible, non


tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi (formation,
arrêt maladie, congé maternité, etc.), ainsi que les demandeurs d’emploi
en convention de reclassement personnalisé (CRP) et en contrat de
transition professionnelle (CTP), sans emploi.

- Catégorie E : demandeurs d’emploi non tenus d’accomplir des actes


positifs de recherche d’emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats
aidés, créateur d’entreprise, etc.).

En intégrant ces cinq catégories, le taux de chômage de la DARES était


en 2011 de 14,79%, soit 4 853 400 personnes [3]. Comme les chiffres de
la DARES comptabilisent uniquement les personnes inscrites à « Pôle
emploi », ils ne prennent pas en compte les personnes sans emploi âgées
de 15 et 60 ans qui ne sont pas inscrits.

 Le calcul du nombre d’actifs sans emploi.


Les enquêtes de l’INSEE et l’enregistrement des demandeurs d’emploi de
la DARES permettent de quantifier les chômeurs. Par contre, elles ne
permettent pas de quantifier tous les actifs sans emplois en âge de
travailler. Afin de résoudre ce problème, nous proposons une nouvelle
manière de calculer le nombre d’actifs sans emploi.

Selon l’INSEE [4], la population totale comprend la population active et


inactive. La population active comprend les personnes qui exercent une
activité professionnelle rémunérée et les chômeurs au sens du BIT.
Tandis que la population inactive comprend les enfants de moins de 16
ans, les élèves du secondaire en second cycle, les étudiants, les femmes
au foyer et les personnes à la retraite de plus de 60 ans. Ces définitions
provoquent l’exclusion sociale de tous ceux qui n’entrent pas dans ces
catégories. En effet, comme il n’est pas rémunéré pour son activité,
l’essayiste amateur qui écrit pour partager ses idées, l’artiste amateur qui
produit une œuvre par amour de son art, le militant politique qui agit pour
le bien commun n’entrent pas dans la catégorie des actifs et des inactifs.
Pour le dire autrement, tous ceux qui agissent et créent sur leur propre
initiative, sans attendre de rémunération, n’entrent pas dans ces
catégories. Qualifier « d’actif » uniquement ceux qui exercent une
activité professionnelle rémunérée ou recherchent un emploi est
idéologique. Cette définition est responsable de l’exclusion sociale des
personnes en âge de travailler qui n’ont pas d’emploi, n’en recherchent
pas et ne sont pas inscrites à « Pôle emploi ». Le statut d’actif étant lié à
une activité rémunérée, la femme au foyer, qui fait son ménage, est
inactive, tandis que l’assistante ménagère qui le fait à sa place en
échange d’une rémunération est considérée comme une active. Comme
l’Insee ne publie pas de statistiques officielles sur le nombre de femmes
réellement au foyer (femme au foyer par volonté et non par dépit), nous
avons décidé d’intégrer toutes les femmes de 16 à 59 ans à la population
active. Afin d’en finir avec les exclusions et les discriminations sociales
provoquées par cette définition arbitraire et idéologique, toutes les
personnes âgées de 16 à 59 ans, qui ne sont pas élèves en second cycle
ou étudiants, font partie de la population active.

La population active définie, pour calculer la population active sans


emploi, il est nécessaire de quantifier la population de 16 à 59 ans qui
exerce un emploi. Chaque année, l’INSEE publie les données statistiques
suivantes : la population totale, l’estimation de la population par sexe et
groupes d’âges quinquennaux, le nombre d’élèves en second cycle et
d’étudiants et l’emploi intérieur total par branche en nombre de
personnes. Nous utiliserons ces données pour quantifier la population
active qui occupe un emploi et celle qui est sans emploi. Afin de calculer
la population active sans emploi, je propose d’utiliser l’équation suivante :

- Soit, Pop est la population totale : 65 175 681 hab [5] en 2011.
- « , W est le taux de la population comprise entre 15 et 59 ans : 58,38%
[6] en 2011.
- « , E est le nombre d’élèves en second cycle et d’étudiants : 5 242 108
[7] en 2011.
- « , PAe est la population active qui occupe un emploi : 26 891 176 [8] en
2011.
- « , PAc est la population active sans emploi.

En 2011, la population
moyenne [9] de la France (France métropolitaine + DOM) comprenait 65,1
millions d’habitants. Comprenant 18,5% d’enfants de 0 à 15 ans et 23,1%
de personnes de plus de 60 ans, la population française était composée
de 58,4% de personnes de 16 à 59 ans, soit 38 millions de personnes en
âge de travailler. Comprenant 5,2 millions d’élèves du secondaire en
second cycle et d’étudiants, la population active de la France comprenait
32,8 millions de personnes. Comme 26,8 millions d’actifs occupaient un
emploi, la PAc s’élevait à 5,9 millions, soit 18% de la population active. Le
tableau ci-dessous décompose le calcul de la population active sans
emploi de la France métropolitaine et des départements d’outre-mer
(DOM) en 2011.

Population active sans emploi en 2011


En reprenant les données de la DARES, il est possible d’identifier la
population active sans emploi. Ces 5,9 millions d’actifs sans emploi
comprennent 4,8 millions de demandeurs d’emploi de catégories A, B, C,
D et E de la France métropolitaine et 268 milles demandeurs d’emploi de
catégorie A, B et C des DOM. Ces 5,1 millions de demandeurs d’emploi
représentent 15,6% de la population active. À ce chiffre, il est nécessaire
d’ajouter les 791 milles actifs non identifiés de la France métropolitaine
et des DOM. Les 2,4% d’actifs comprennent des demandeurs d’emploi de
catégories D et E des DOM, des personnes au RSA découragées, des
handicapés qui ne recherchent pas ou plus d’emploi, des femmes ou des
hommes au foyer, des personnes rayées des listes de « Pôle emploi », des
détenus, des SDF, des rentiers, etc. Ce second tableau identifie et
quantifie la population active sans emploi.

Identification de la population active sans emploi en 2011


- 5 et 6. Pôle emploi, calculs des cvs-cjo :  Pôle emploi, Demandeurs
d’emploi inscrits et offres collectées par pôle emploi en janvier 2012,
Dares Indicateur n°012, février 2012

Même si le gouvernement français parvenait à créer 2,6 millions


d’emplois, il resterait encore une armée de réserve de 3,3 millions d’actifs
sans emploi, de salariés à temps partiel subis de catégorie A et B,
d’intérimaires et de salariés précaires pour exercer une pression sur les
salariés en postes.

L’équation de la population active sans emploi permet d’étudier son


évolution sur une plus longue période. Le graphique ci-dessous présente
l’évolution de la population de 16 à 59 ans, de la population active sans
emploi, des effectifs par branche, ainsi que des élèves et des étudiants
de 1980 à 2011.

Population de 16 à 59 ans, effectifs par branche, actifs sans emploi et


étudiants

- Source : Comptes nationaux – Base 2005, Insee. 6.208 Emploi intérieur


total par branche en nombre de personnes.
- Source : Insee, estimations de population (résultats provisoires arrêtés
fin 2011). Population par sexe et groupes d’âge quinquennaux au 1er
janvier 2012, France.
- Source : Depp. Effectifs d’élèves et d’étudiants en 2011 (n’ayant que des
sources fragmentées des effectifs d’élèves et d’étudiants de 1980 à 2002,
une partie de ces données reposent sur une estimation.)

De 1980 à 2011, malgré l’augmentation de 14,2% de la population


comprise entre 16 à 59 ans, soit 4,7 millions de personnes, le nombre
d’actifs sans emplois n’a diminué que de 12,8%, soit 868 mille personnes.
Cette baisse est due à l’augmentation de 17,7% des effectifs par
branches qui correspond à la création de 4 millions d’emplois. Les
emplois créent entre 1998 à 2001, peuvent être, en partie, attribués à la
loi sur les 35 heures. Comme les salariés des entreprises de plus de 20
salariés devaient travailler 35 heures, ces entreprises ont dû embaucher
du personnel pour assurer leur activité. Cette baisse est également due à
la hausse de 42,1% des effectifs des élèves et des étudiants. Cette
augmentation de 1,55 million d’élèves du secondaire en second cycle et
d’étudiants est en partie due à la volonté du gouvernement socialiste de
faire accéder 80% d’une classe d’âge au bac.

La population active sans emploi quantifié, avant de proposer des


solutions pour en finir avec le chômage, il apparaît pertinent d’en
appréhender les causes et les conséquences.

Les conséquences économiques,


politiques et sociales du chômage.
Le chômage de masse est un fléau économique, politique et social qui
concerne toutes les catégories professionnelles (employés, ouvriers et
cadres). Ces 5,91 millions d’actifs sans emploi influencent le
comportement des demandeurs d’emploi et des salariés qui ont peur de
perdre leurs emplois. Ce climat d’insécurité a des répercussions
politiques et sociales qui menacent le processus démocratique de la
France, de l’Europe et de l’ensemble des pays industrialisés. Les surcoûts
financiers directs et indirects générés par le chômage et la peur du
chômage contribuent à creuser le déficit budgétaire et la dette publique
des États.

 Les conséquences du chômage sur le


budget des ménages.
La première conséquence du chômage est la perte du pouvoir d’achat et
l’endettement des ménages. Le salarié qui se retrouve au chômage perd
25% de son revenu qui décroît régulièrement en fonction de sa durée. En
fin de droit, le chômeur perçoit le RSA (revenue de solidarité active). Si
cette situation se prolonge et si le ménage avait souscrit de nombreux
crédits, cette perte de revenu peut conduire au surendettement. La
cessation de payement des traites déclenche une procédure de
recouvrement, la saisie des biens et à terme l’expulsion.

 Les conséquences du chômage sur le lien


social.
La seconde conséquence est la perte du lien social. L’activité
professionnelle étant le pilier central de l’identité et du statut social du
salarié, sa perte à des répercussions sur ses relations privées et sociales.
Non seulement le chômage provoque la perte du réseau nécessaire à la
satisfaction des besoins d’appartenance, mais en plus, le statut de
chômeur influence l’image et l’estime que l’individu a de lui. Malgré le
temps libre dont il dispose, le chômeur ne se sent pas digne d’en profiter
pour cultiver de nouveaux champs de socialisation et d’expression. La
honte qu’il ressent l’incite à s’isoler de sa famille et de ses amis. En se
repliant sur lui, le chômeur perturbe l’équilibre de sa vie de famille. En
1987, Serge Paugam faisait apparaître que 43,5% des hommes au
chômage depuis 2 ans ont vécu une rupture conjugale, contre 18,9% pour
ceux qui étaient actifs [10]. Pour toutes ces raisons, le chômage de
longue durée apparaît comme l’une des causes principales de l’exclusion
sociale. Pour toutes ces raisons, le chômage de longue durée apparaît
comme l’une des causes principales de l’exclusion sociale.

 Les conséquences du chômage sur la santé


physique et psychique des chômeurs.
La troisième concerne la santé physique et psychique du chômeur.
L’identité et l’équilibre psychique d’un individu étant dépendants de la
pratique quotidienne d’une activité professionnelle, le licenciement
provoque un effondrement de sa personnalité. Ne disposant plus de
repères temporels pour structurer son emploi du temps et donner un sens
à sa vie, le chômeur est confronté à l’angoisse et au vide existentiel. Ce
climat peut provoquer des maladies plus ou moins graves (insomnie,
stress, dépression, cancer, etc.) et parfois conduire au suicide. Une
hausse brutale de 3% du taux de chômage peut provoquer une hausse du
taux de suicide de 4,4% [11]. Étant davantage soumis aux maladies
cardio-vasculaires et rénales (+50%), en moyenne, le taux de mortalité
des chômeurs augmente de 75% [12] par rapport à celui des actifs. Michel
Lagrave [13] cite une étude britannique qui affirme qu’une hausse de 1
million de chômeurs sur 5 ans provoque 50 000 morts et 60 000 cas de
maladies mentales supplémentaires. Ces conséquences incitent
davantage les chômeurs à retrouver rapidement un emploi plutôt qu’à
profiter des allocations chômages et du temps libre.

 Le lien entre la hausse du chômage et


l’augmentation de la délinquance.
La dernière conséquence concerne la hausse de la délinquance et de la
criminalité. Des études montrent la corrélation entre le chômage et la
délinquance. Étant confrontés à la difficulté de trouver un emploi, les
jeunes issus de milieux défavorisés peuvent facilement basculer dans la
délinquance. En effet, la plupart des condamnés pour vols, trafics ou
violences cumulent la précarité et l’exclusion dues au chômage. Aux
États-Unis, une étude a démontré qu’une hausse de 10% de chômage
provoque une hausse de 4% des arrestations, de 6% des incarcérations,
de 3,4% des crimes économiques et de 0,8% des crimes violents. Une
hausse de 1 million de chômeurs sur 5 ans est à l’origine de 14 milles
condamnations pénales supplémentaires [14]. La principale cause de ces
hausses étant le chômage, au lieu de s’en prendre aux délinquants, les
pouvoirs publics devraient plutôt s’en prendre au chômage.

 L’impact du chômage sur les salariés en


poste.
Il n’y a pas que les chômeurs qui sont concernés par le chômage. Il
concerne également tous les salariés qui ont la chance d’avoir un emploi.
Le MEDEF et le gouvernement exploitent la peur du chômage pour
supprimer les acquis sociaux conquis en 1948 (Conseil National de la
Résistance) et durant les 30 glorieuses. Ils affirment que pour créer des
emplois, il faut supprimer les rigidités qui freinent la compétitivité des
entreprises françaises (droit du travail, contrats de travail et revenus
minimums). Quel que soit son statut professionnel, aucun salarié n’est à
l’abri d’un licenciement provoqué par la concurrence internationale, la
récession économique, une restructuration due aux exigences des
actionnaires (+15% de rentabilité) et une délocalisation. Ce contexte
professionnel entretient un climat d’insécurité dans l’esprit de tous les
salariés qui ont peur de perdre leurs emplois et de se retrouver en
situation de précarité et d’exclusion sociale.

Pour éviter de se retrouver au chômage, en fonction de son niveau


hiérarchique, le salarié peut disposer de multiples stratégies : se
soumettre aux ordres et à l’autorité, contribuer au « sale boulot »[15],
accepter la flexibilité, rentrer en compétition avec ses collègues et ne
pas s’impliquer dans des revendications collectives. La peur du chômage
provoque un comportement de soumission qui empêche les mouvements
sociaux de se mobiliser pour lutter contre la dégradation des conditions
de travail (baisse des salaires, intensification des rythmes de travail,
hausse de la flexibilité et augmentation de la précarité). Cette soumission
provoque un état de stress qui a des conséquences néfastes, d’une part,
sur la santé physique et psychique des salariés, et, d’autre part, sur la
performance économique des entreprises. L’Union européenne estime
que le coût du stress au travail est de 20 millions €. Les coûts liés à
l’absentéisme et au stress représentent 10% du PIB du Royaume-Uni. Aux
États-Unis, plus de la moitié des 550 millions d’heures de travail perdues
dans le secteur privé pour cause d’absentéisme sont en grande partie liés
au stress [16].

De plus en plus de salariés sont sujets à des états anormaux d’agitation


et d’angoisse, accompagnés d’une diminution de la lucidité et d’un
rétrécissement de la pensée. Ces symptômes sont révélateurs d’un
malaise profond qui concerne toutes les couches de la société. En
France, entre 1985 et 1993, les files d’attente en psychiatrie adulte ont
augmenté de 13%. En 2000, d’après les statistiques de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), en France plus de 3 millions de personnes
(6% de la population) souffraient de troubles psychiques. Les principaux
troubles sont la schizophrénie, la maladie d’Alzheimer, l’alcoolisme, la
toxicomanie et l’addiction (consommation, jeux, sexe, travail, etc.).

L’augmentation de la consommation d’antidépresseurs et de maladies


psychosomatiques liées à la souffrance au travail permet à l’industrie
pharmaceutique et de la santé de générer d’énormes profits. Ce
processus contribue à approfondir le déficit de la caisse d’assurance
maladie qui est financé conjointement par des cotisations salariales et
patronales. En 2004, l’organisation internationale du travail (OIT) signale
que les coûts liés aux problèmes de santé mentale au travail
représentent 3% du PIB. De ce fait, au lieu d’attribuer le déficit de la
caisse d’assurance maladie à la mauvaise gestion de l’État et des
partenaires sociaux, il apparaît plus pertinent d’en attribuer la
responsabilité à la hausse du chômage et de la peur du chômage.

Par conséquent, pour réduire, d’une


part, les troubles physiques et psychiques liés au chômage et à la peur du
chômage, et d’autre part, le déficit de la caisse d’assurance maladie, il
est indispensable de mettre en œuvre un programme politique capable
d’en finir avec les 5,9 millions d’actifs sans emploi. En effet, même si les
entreprises créaient 2,8 millions d’emplois, elles disposeraient encore
d’une armée de réserve de 3,1 millions d’actifs sans emploi pour exercer
une pression sur les salariés en poste.

 Les conséquences politiques du chômage.


L’insécurité, la précarité, la perte de repère et la souffrance liée au
chômage et à la peur du chômage menacent le processus démocratique
des pays industrialisés. En effet, les populations les plus fragiles et
précaires (CDD, intérimaires et chômeurs) risquent de voter pour des
partis d’extrême droite (Front national en France, NPD en Allemagne, etc.)
qui méprisent la démocratie. La crise économique de 1929 a provoqué
une hausse du chômage qui a favorisé l’ascension de Hitler au pouvoir en
1933. Depuis le milieu des années 70, la France est confrontée à une
crise économique responsable d’un taux de chômage officiel qui fluctue
entre 8 et 11%. Comme en Allemagne en 1933, les salariés les plus
fragiles recherchent la protection d’un Homme capable de les rassurer.
Le graphique ci-dessous fait apparaître un lien entre la hausse du
chômage et le vote pour le Front national (FN) aux élections
présidentielles et législatives de 1973 à 2012.
Le lien entre la hausse du chômage et le vote pour le Front national de
1973 à 2012

- Sources : Insee, enquêtes Emploi 1975-2011, séries longues. Taux de


chômage depuis 1975.
- Sources : Wikipedia, Front national (parti français)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Front_national_%28parti_fran%C3%A7ais%29

Lors des élections législatives de 1973, le taux de chômage étant de


2,7%, le score du FN s’élevait seulement à 1,3% des votes. Lors des
élections présidentielles de 1981, malgré un taux de chômage de 6,3%, le
score du FN représentait 0,18% des votes. En 1981, les Français
espéraient que François Mitterrand sortirait la France de la crise,
arrêterait la hausse du chômage et changerait leurs conditions de vie. De
1984 à 2012, déçus par le revirement idéologique du Parti socialiste
(adhésion à la politique économique ultralibérale), et l’incapacité des
gouvernements de coalition de gauche (PS, PC et Vert) à résoudre le
problème du chômage, un nombre croissant de salariés des couches
populaires délaissent les partis de gauche pour le FN qui fluctue
désormais entre 10 et 18% des votes aux élections.

En obtenant 16,8% des votes au 1er tour des élections présidentielles de


2002, Jean Mari Le Pen a créé la surprise en éliminant Lionel Jospin.
Étant incapable de répondre à l’inquiétude des Français, Jospin a été
éliminé dès le 1er tour. Au lieu de proposer un programme de rupture, il a
présenté un programme sécuritaire et une politique économique
ultralibérale qui ont ouvert la voie à Le Pen. Lors des élections
présidentielles de 2007, les populations les plus fragiles ont été séduites
par le discours populiste de Nicolas Sarkozy. Son discours sécuritaire et
volontariste concernant l’emploi lui a permis de séduire 5% des électeurs
du FN. En 2012, après 5 ans de Sarkozy, les populations les plus fragiles
ne croyaient plus en lui et n’avaient pas confiance en François Hollande.
Au lieu de voter pour lui ou Jean-Luc Mélenchon au 1er tour des élections
présidentielles, elles ont voté pour Marine Le Pen qui a obtenu un score
de 17,9%.

Face à l’incapacité de l’UMP et du PS à lutter contre les méfaits, de


l’Europe, de l’euro, de la mondialisation, de la finance, des
délocalisations, etc., le FN apparaît désormais comme la seule force
politique capable de protéger les populations les plus fragiles. Pourtant,
malgré son discours populiste et antisystème, les soubassements
idéologiques du FN sont l’ultralibéralisme autoritaire (baisse des impôts,
liberté des prix, baisse des salaires et des déficits publics, suppression
des syndicats, État gendarme, restriction des libertés individuelles, etc.).
Comme le parti nazi, le FN instrumentalise le racisme et l’antisémitisme
pour détourner les populations les plus fragiles de la cause réelle de leurs
problèmes, que sont la financiarisation de l’économie et la doctrine ultra-
libérale. Afin de sauver la démocratie, il est indispensable que François
Hollande ait le courage et la volonté politique de s’affranchir de la
doctrine ultra-libérale pour enfin proposer un projet novateur capable de
sortir la France de cette crise systémique et de créer 5,9 millions
d’emplois.

 Les conséquences du chômage sur le


budget de l’État.
Le chômage de masse n’a pas que des conséquences politiques et
sociales, il a également des répercussions sur le budget de l’État. Afin
d’en calculer le coût, il est nécessaire de prendre en compte les coûts
directs et indirects du chômage.

Les coûts directs comprennent la hausse des dépenses des Assedic, la


baisse des cotisations à l’Urssaf et aux caisses de retraite, ainsi que les
pertes de recettes fiscales de l’État et des collectivités locales. À ce
chiffre, il faut ajouter le manque à gagner de 15 milliards € dus aux
minima sociaux et aux allégements de charges patronales pour
l’embauche de chômeurs de longues durées et d’allocataires du RMI. En
France, les coûts directs du chômage sont estimés à 6 % du PIB. En 2011,
les recettes fiscales de la France [17] étaient de 254,88 milliards € et le
PIB de 1 996,53 milliards € [18]. Si les coûts directs du chômage
représentaient 6% du PIB, ils correspondaient à 119,8 milliards € soit
46,7% des recettes fiscales de l’État.

Les coûts directs ne prennent pas en compte les coûts indirects liés aux
conséquences sociales du chômage. En effet, l’augmentation des
maladies liées au chômage, au stress et à la peur de perdre son emploi
provoque une explosion des dépenses de santé qui creuse le déficit de la
caisse d’assurance maladie. L’augmentation de la petite délinquance due
au chômage provoque la hausse des dépenses liées à la sécurité. En
engorgeant les tribunaux, l’accroissement des infractions et des petits
délits contribue à augmenter les coûts de fonctionnement de l’appareil
judiciaire. Le surpeuplement des prisons pour petits délits oblige le
gouvernement à en construire de nouvelles.

Selon une étude canadienne [19], si le taux de chômage atteignait 10,4%


de la population, son coût indirect évoluerait entre 5% et 12% du PIB. S’il
atteint 12%, ce coût représenterait 239,6 milliards €, soit 94% des
recettes de l’État. En 1998, Jacques Nikonoff [20] évaluait le cumul des
coûts directs et indirects du chômage à 13% du PIB. Ces chiffres sont
contestés par les pouvoirs publics, car en 2011, ce coût aurait représenté
259,5 milliards €, soit 101,2% des recettes fiscales de l’État.

Comme elle provoque la baisse des recettes fiscales et la hausse des


dépenses publiques, la hausse du chômage contribue directement et
indirectement à l’augmentation de la dette publique de l’État. En effet,
afin de réparer les dégâts provoqués par la hausse du chômage, le
gouvernement doit augmenter le budget du ministère du Travail et de
l’Emploi, des affaires sociales, de la santé, de la justice et de l’intérieur.
En alourdissant le budget de ses différents ministères, la hausse du
chômage contribue à creuser la dette publique sans apporter de bien-être
supplémentaire. De ce fait, l’augmentation de la dette publique n’est pas
due à la mauvaise gestion de l’État, mais à la hausse des dépenses
consécutives à la hausse du chômage.

Paradoxalement, au lieu de proposer un projet capable d’en finir avec le


chômage, la principale préoccupation du gouvernement français, des
gouvernements des pays européens (Italie, Espagne, Grèce, etc.), de la
commission européenne, du FMI, des agences de notation, etc., est de
lutter contre la hausse de la dette publique des États. Les mesures
préconisées par la commission européenne et le FMI pour réduire la dette
publique comprennent entre autres : l’augmentation de l’âge du départ à
la retraite, la baisse du montant de la retraite, la suppression d’emplois
publics, la baisse du salaire minimum, la baisse du salaire des
fonctionnaires, la réduction du budget de la sécurité sociale et la
privatisation des services publics (santé, transport, éducation, poste,
eau, énergie, etc.). Le cas de la Grèce met en évidence l’incohérence de
cette stratégie : le plan d’austérité provoque une récession économique
dont les conséquences sont une hausse du chômage et une baisse des
entrées fiscales, qui se traduisent par une augmentation de la dette
publique.

Par conséquent, ce n’est pas la restriction budgétaire, mais de


suppression du chômage qui est la stratégie la plus efficace pour réduire
la dette publique des États. Avant de proposer des solutions pour en finir
avec les 5,9 millions d’actifs sans emploi de la France, il apparaît
pertinent d’en comprendre les causes.

Quelles sont les causes du


chômage ?
Pour les hommes politiques et les économistes ultra-libéraux, les 5,9
millions d’actifs sans emploi sont dus au choc pétrolier de 1973, aux
charges salariales qui pèsent sur la compétitivité des entreprises et à la
faiblesse du taux de croissance du PIB. Ces explications un peu
simplistes évoquent rarement le rôle des gains de productivité. Comme
l’expliquait John Maynard Keynes en 1933, la croissance des gains de
productivités serait responsable de la hausse d’un chômage
technologique. Afin de mieux appréhender les liens qui unissent les gains
de productivité, la croissance du PIB et le chômage, nous aborderons les
causes, les modes de calcul et les conséquences des gains de
productivité.

« Dans très peu d’années – j’entends au cours de notre propre existence


– il nous sera peut-être possible d’accomplir tous les actes que
demandent l’agriculture, l’extraction des mines, et la fabrication des
objets en ne fournissant que le quart des efforts auxquels nous sommes
habitués. Actuellement, l’extrême rapidité avec laquelle se produisent
tous ces bouleversements nous blesse, et nous oblige à résoudre de
difficiles problèmes. Les pays qui souffrent le plus modérément sont ceux
qui ne sont pas à l’avant-garde du progrès. Nous sommes atteints d’un
nouveau mal, dont certains lecteurs ne connaissent peut-être pas encore
le nom – le chômage technologique. Il désigne le chômage causé par la
découverte de procédés nouveaux qui économisent la main-d’œuvre alors
que la découverte de nouveaux débouchés pour celle-ci s’avère un peu
plus lente. Mais il n’y a là qu’un état temporaire de réadaptation. Tout
ceci signifie, en fin de compte, que l’humanité est en train de résoudre le
problème économique »[21]

 Quelles sont les causes des gains de


productivité ?
Les gains de productivité sont générés par le progrès technique
(matériels agricoles, outils de production, moyens de transport, TIC, etc.)
et l’organisation du travail. Ces innovations provoquent une
transformation des moyens et des méthodes de production, de
l’organisation du travail, des produits, des marchés et des structures de
l’économie.

Les premiers gains de productivité sont apparus dans l’agriculture. Le


progrès des outils de production agricole (tracteurs, charrues,
moissonneuses batteuses, etc.) a permis de réduire le temps de travail et
le nombre d’ouvriers agricoles. De 1950 à 2011, tandis que la productivité
horaire de l’agriculture progressait de 391,8%, ses effectifs diminuaient
de 198,6%. Les gains de productivité générée dans l’agriculture ont
permis de libérer la main-d’œuvre indispensable à l’essor de la production
minière et industrielle.
Permettant de produire plus avec moins de temps et de main-d’œuvre, le
progrès des outils de production industrielle (usines numériques, robots,
etc.) a permis de générer d’importants gains de productivité. De 1950 à
2011, la productivité horaire de l’industrie a progressé de 281,6%, tandis
que ses effectifs ont diminué de 41,2%. Dans les usines modernes, les
ouvriers ayant été remplacés par des robots, ceux qui y travaillent encore
ne sont plus chargés de la production, mais de la maintenance et de
l’entretien.

L’évolution technique des technologies de l’information et de la


communication (TIC) : les ordinateurs, les téléphones mobiles, la
visioconférence, les logiciels de traitement de l’information (ERP, CAO,
FAO, CGDT, etc.) et les réseaux de circulations de l’information (semi-
conducteurs, puces RFID, Internet, etc.) ont permis d’accélérer le
processus de collecte, de traitement et de circulation de l’information.

Le progrès des moyens de transport (voiture, train, avion, etc.) et des


infrastructures de transport (autoroute, port, aéroport, ligne à grande
vitesse, etc.) permettent d’accélérer la circulation des voyageurs, des
salariés, des matières premières et des marchandises au niveau local,
national et mondial. Désormais, ce n’est plus la distance qui détermine la
durée d’un trajet, mais le moyen de transport (train corail ou TGV) et
l’infrastructure du moyen de transport (ligne ordinaire ou ligne à grande
vitesse). Sur la ligne à grande vitesse, il faut 4 heures à un TGV pour
effectuer les 979 km qui séparent Lille à Marseille. Tandis que sur la ligne
ordinaire, il faut 3 heures à ce même TGV pour effectuer les 198 km qui
séparent Marseille à Nice. En réduisant la durée et le coût des transports,
les moyens de transport modernes facilitent les échanges internationaux
et les délocalisations. Grâce à la réduction des coûts de transports et à la
suppression des droits de douane, il est plus rentable de produire un
ordinateur en Chine qu’en France.

Les gains de productivités horaires sont également dus aux multiples


méthodes d’organisation du travail : Taylorisme, Fordisme, Toyotisme, 6
Sigma, KAIZEN, méthode projet, MERISE, etc. qui procurent aux
ingénieurs et aux consultants en organisation les moyens de restructurer
le processus de production des entreprises. Le Toyotisme, qui consiste à
produire à flux tendu et à limiter les stocks à zéro, nécessite l’intégration
et la synchronisation des outils de production, des systèmes de suivis et
de traitement de l’information et de la logistique. Les restructurations
permettent de réduire le gaspillage d’énergie, de matière première et de
temps. Les gains de temps générés par l’organisation du travail
provoquent un surplus de main-d’œuvre, et donc, des licenciements.
Contribuant à la réduction des coûts de production et des charges
salariales, ces restructurations permettent d’augmenter les bénéfices de
l’entreprise.

 Comment mesurer les gains de productivité


?
Comme elle permet de mesurer le dynamisme économique d’un salarié,
d’un atelier, d’une entreprise ou d’un pays, la productivité est un
indicateur important de l’économie. La productivité consiste à produire
plus en utilisant moins de facteurs de production. Elle mesure le rapport
entre une production et la quantité de facteurs (capital, effectifs et
heures de travail) mis en œuvre pour la réaliser. La productivité peut
mesurer la productivité physique du travail, la productivité du capital, la
productivité du travail et la productivité horaire du travail.

- La productivité physique du travail mesure la quantité de production


réalisée par une unité du facteur.

Par exemple, il est possible de calculer le rendement d’un salarié (nombre


de pièces réalisées par un salarié pendant une heure de travail) ou d’une
machine (nombre de pièces réalisées par une machine pendant une heure
de fonctionnement de la machine). Si 100 salariés produisent 10 000
pièces, la productivité du travail sera de 10 000/100 = 100 pièces par
salarié. Chaque salarié produit en moyenne 100 pièces.

– La productivité du facteur capital mesure la valeur ajoutée générée par


un euro de capital investi.

Par exemple,
si un capital 10 000 € génère une valeur ajoutée de 100 000 €, la
productivité du capital sera de 100 000/10 000 = 10 € par euro investi.
Chaque euro investi génère en moyenne 10 € de valeur ajoutée.
- La productivité du travail mesure la valeur ajoutée produite par un
salarié.

Par exemple,
si 100 salariés génèrent 100 000 € de valeur ajoutée, la productivité du
travail sera de 100000/100 = 1000 € par salarié. Chaque salarié génère en
moyenne 1000 € de valeur ajoutée.

- La productivité horaire du travail mesure la valeur ajoutée générée par


le nombre d’heures de travail.

Par exemple, si 5 000 heures de travail génèrent 100 000 €, la


productivité horaire du travail sera de 100 000/5 000 = 20 € par heure de
travail. Chaque heure de travail génère en moyenne 20 € de valeur
ajoutée.

Pour calculer la productivité horaire du travail, l’INSEE prend en compte


le nombre d’heures de travail qui est égal à la durée individuelle moyenne
du travail multiplié par les effectifs.

Par exemple, si 100 salariés, qui travaillent en moyenne 50 heures,


génèrent une valeur ajoutée de 100 000 €, la productivité horaire du
travail sera de 100 000/(100 x 50) = 20 € par heure de travail. Chaque
heure de travail d’un salarié génère en moyenne 20 € de valeur ajoutée.
Le graphique ci-dessous présente la croissance de la productivité horaire
du travail et du taux de productivité horaire de 1950 à 2011.

Productivité horaire du travail et taux de productivité horaire de 1950 à


2011
- Source : Comptes nationaux – Base 2005, Insee (Moyenne heures de
travail par branche (PH))
- Source : Comptes nationaux – Base 2005, Insee (6.208 Emploi intérieur
total par branche en nombre de personnes ( PA))
- Source : Comptes nationaux – Base 2005, Insee (6.202 Valeur ajoutée
brute par branche en volume aux prix de l’année précédente chaînés (VA))

De 1950 à 2011, en passant de 5,5 € à 40,9 € de l’heure de travail, la


productivité horaire du travail a progressé de 648%. Sur 60 ans, elle a été
multipliée par 7,5. Les gains de productivité horaire par actif occupé ont
permis d’accélérer le processus d’industrialisation à l’origine de la
croissance du PIB. Le graphique ci-dessous présente le lien entre la
croissance du PIB et de la productivité horaire de la France de 1820 à
1990.

Croissance de la productivité de la France [22]


- De 1820 à 1990, en
passant de 9 à 92, le PIB par actif occupé de la France a été multiplié par
10,2.

- De 1820 à 1950, en passant de 9 à 25, le PIB par actif occupé a été


seulement multiplié par 2,8.

- De 1950 à 1990, en passant de 27 à 92, le PIB par actif occupé a été


multiplié par 3,4.

En 1990, grâce aux gains de productivité générés par le progrès


technique, un salarié français produisait 10,2 fois plus de richesse qu’en
1820. Les gains de productivité horaire ont de multiples conséquences
économiques, politiques et sociales, qui ne se limitent pas qu’à
l’entreprise.

 Quelles sont les conséquences des gains


de productivité ?
Afin d’illustrer les liens qui unissent les gains de productivité avec la
réduction du nombre d’heures de travail et de salariés, nous prendrons
l’exemple de l’usine de production Alpha.

- En 1950, l’usine Alpha produisait 10 voitures (5 A et 5 B) avec 40


salariés et 100 heures de travail.
- En 2007, l’usine Alpha produit 100 voitures (50 A et 50 B) avec 20
salariés et 50 heures de travail.

En 1950, l’usine Alpha avait besoin de 50 heures de travail et de 20


salariés pour produire 5 voitures de modèle A et B. En 2007, il lui fallait
seulement 25 heures de travail et 10 salariés pour en produire 50.

Le progrès technique et l’organisation du travail ont permis à l’usine


Alpha d’utiliser 2 fois moins de temps et de salariés pour produire 10 fois
plus de voitures. De 1950 à 2007, les gains de productivité de l’industrie
automobile ont été 254% [23]. De 2000 à 2007, en atteignant 30 heures,
Chrysler a réduit de 14 heures le temps d’assemblage moyen d’un
véhicule.

Le graphique ci-dessous présente les conséquences économiques,


politiques et sociales de la hausse des gains de productivité à court,
moyen et long terme.

Les conséquences de la répartition des gains de productivité


À court terme, la hausse des gains de productivité provoque un surplus
d’heures de travail et une baisse des coûts de production. En effet, les
gains de productivité permettent de produire plus de biens et de services
avec moins de matière première et de temps de travail. Ayant besoin de
moins de temps de travail pour produire plus, l’entreprise se retrouve
avec un surplus d’heures de travail. Comme le salarié vend son temps à
l’entreprise en échange d’un salaire, avoir un surplus d’heures de travail
équivaut à avoir un surplus de salariés, mais surtout, un surplus de
charges salariales. En effet, même si l’entreprise a besoin de moins
d’heures de travail, elle doit quand même rémunérer ce surplus de
salariés. Afin de diminuer ses charges salariales, elle a le choix entre
deux solutions : réduire ses effectifs ou réduire le temps de travail.

Si l’entreprise choisit de réduire le temps de travail, elle répartit le


nombre d’heures nécessaire à la production entre l’ensemble des
salariés. En répartissant les heures de travail, elle évite de procéder à
des licenciements. Comme les salariés travaillent moins, à taux horaire
constant, ils gagnent moins. Afin de compenser la perte de revenu
consécutive à la réduction du temps de travail, l’entreprise peut
augmenter le taux horaire. Ainsi, une partie des profits générés par les
gains de productivité contribuent à augmenter les salaires.

Si l’entreprise choisit de réduire ses effectifs, la baisse des charges


salariales contribue à l’augmentation des bénéfices. À court terme, ce
choix contribue à la hausse du chômage. Par contre, à moyen et long
terme, en stimulant l’activité économique, la redistribution des bénéfices
peut relancer la croissance du PIB, la hausse de la production, et donc, la
création d’emploi. Ce processus fonctionne si ces bénéfices sont
réinjectés dans l’économie sous la forme d’une hausse des salaires, des
impôts ou des investissements (innovation et R&D) ou sous la forme d’une
baisse des prix. Par contre, si ces bénéfices sont redistribués aux
actionnaires sous la forme de dividendes, ce choix contribue à la hausse
du chômage. C’est pour cette raison que la répartition équitable des
bénéfices générés par les gains de productivité apparaît comme un enjeu
économique, politique et social majeur.

Les enjeux économiques,


politiques et sociaux de la
répartition des bénéfices.
La répartition équitable des bénéfices générés par les gains de
productivité est un enjeu économique, politique et social majeur. En effet,
à moyen terme, en fonction du mode de redistribution (baisse des prix ou
hausses des investissements, des salaires, des impôts ou des
dividendes), ces bénéfices permettront de stimuler la croissance du PIB,
et donc, de créer des emplois ou de provoquer la hausse du chômage.
 Distribuer les bénéfices en faveur des
salariés, de l’État et des ménages.
Les bénéfices générés par la réduction des coûts de production et des
charges salariales peuvent être redistribués aux salariés sous la forme
d’une hausse des salaires ou des avantages sociaux (retraite, sécurité
sociale, congés payés, etc.). La hausse des salaires provoque une
augmentation du pouvoir d’achat des ménages qui contribue à relancer la
consommation. En stimulant la demande, la hausse du pouvoir d’achat
permet de relancer la croissance du PIB, et donc, à moyen terme, de
créer des emplois. Ce processus a permis de soutenir un taux de
croissance élevé durant les 30 glorieuses.

Ces bénéfices peuvent servir à baisser le prix de vente des produits. En


baissant ses prix, l’entreprise obtient un double avantage. En augmentant
le pouvoir d’achat des ménages, elle provoque une hausse de la
consommation et de ses ventes. En obtenant un avantage compétitif sur
ses concurrents, elle augmente ses parts de marchés et ses exportations.
À moyen terme, en stimulant l’activité économique, la baisse des prix
provoque la hausse de la production, et donc, des créations d’emplois.

Ces bénéfices peuvent également être redistribués à l’État sous la forme


d’impôts. En payant ses impôts, l’entreprise finance l’éducation, la santé,
la construction d’infrastructures (route, ligne TGV, etc.), l’armement, etc.
Ces investissements contribuent directement (commande d’avions de
chasse) ou indirectement (éducation) à stimuler l’activité des entreprises.
En stimulant l’activité économique, ces hausses d’impôts stimulent la
croissance du PIB qui se traduit, à moyen terme, par des créations
d’emplois. Par contre, si ces impôts contribuent à rembourser les intérêts
de la dette publique, il n’y a pas de stimulation de l’activité économique,
et donc, de création d’emplois.

 Investir dans le marketing et la recherche


et développement (R&D).
Les bénéfices générés par les gains de productivité et la baisse des
charges salariales peuvent être investis dans le marketing et la
recherche et développement (R&D). Le rôle du marketing est de proposer
de nouveaux produits capables de répondre aux besoins du
consommateur. Si les besoins sont limités, les moyens de les satisfaire
sont, eux, illimités. En effet, en fonction du revenu du consommateur, les
biens et services marchands destinés à satisfaire les besoins
d’appartenance, d’estime et de réalisation sont quasiment illimités. Le
rôle de la R&D est de proposer au marketing des innovations mineures ou
majeures [24] pour élargir l’offre marchande. Le but de la recherche
appliquée est de générer des innovations et des brevets, dont la finalité,
est de créer de nouveaux produits ou d’introduire de nouvelles méthodes
de production et d’organisation du travail.

Dans un système de marché concurrentiel, pour pérenniser son activité


une entreprise doit être toujours plus compétitive et innovante que ses
concurrentes. En fonction de ses gains de productivité et de ses
bénéfices, l’entreprise peut élargir son offre commerciale à un, deux, trois
ou plusieurs nouveaux produits. Au lieu de se limiter à la production des
modèles A et B, le constructeur automobile de l’usine Alpha peut décider
d’utiliser ses gains de productivité, ses innovations et ses bénéfices pour
élargir son offre aux modèles C, D, E et F.

Cet exemple explique la multiplication des modèles par carrosserie


(urbaine 107, berline 308, breaks 407 SW, monospaces 807, routière 508,
tout terrain 4×4 4007, coupé 207 CC), segment de marché (B1 petite C1,
B2 polyvalente C3, M1 compacte C4, M2 familiale C5, H1 haut de gamme
C6, H2 luxe) et niveau de finition (Fiat Punto Active, Dynamic, Émotion et
Sport). En 1950, le constructeur Peugeot proposait deux modèles (203 et
403) de voiture, en 2009, il en propose huit (107, 207, 308, 407, 607, 807,
1007 et 4007). En élargissant toujours plus l’offre marchande, les
constructeurs automobiles cherchent à conquérir de nouvelles niches
toujours plus étroites de consommateurs avides de se démarquer des
autres et d’affirmer leur réussite.
Le problème des entreprises n’est pas d’élargir toujours plus l’offre
marchande, mais de trouver toujours plus de consommateurs solvables
pour écouler leurs marchandises. Pour cela, elles doivent motiver les
cadres et les classes moyennes à satisfaire leurs besoins d’appartenance
et d’estime par l’intermédiaire de la consommation ostentatoire. En effet,
le cadre qui souhaite satisfaire son besoin d’appartenance et affirmer sa
réussite sociale doit remplacer le vieil iPhone 3 qu’il a acheté six mois
auparavant par le nouvel iPhone 4.

En commercialisant un nouveau produit, l’entreprise s’octroie un


monopole temporaire et un avantage compétitif qui lui permettent de
conquérir des parts de marché en augmentant ses prix, sa marge
bénéficiaire et ses profits. Lorsque Apple a pris le risque de
commercialiser l’iPad, il a bénéficié d’un avantage compétitif qui lui a
permis de vendre ses planchettes avec une marge et un prix de vente
relativement élevé. Les profits générés par l’iPad ont permis à Apple
d’investir dans la R&D et de distribuer des dividendes importants à ses
actionnaires. La concurrence effrénée accélère le processus de
destruction/création des innovations (une innovation chasse l’autre).
Disparaissant dès qu’un concurrent propose un produit similaire à un prix
plus bas, l’avantage compétitif est de courte durée. Face au succès de
l’iPad, la concurrence a réagi en proposant des tablettes à des prix plus
abordables. Pour maintenir son avantage compétitif, Apple était obligé
d’innover ou de baisser le prix de ses tablettes. L’accélération des
phénomènes de mode, de l’obsolescence programmée et du processus de
destructions/créations des innovations stimule l’activité commerciale, la
hausse de la production, et donc, la création d’emploi.

En s’accélérant, ce processus complexifie les prises de décision des


dirigeants. En effet, malgré le coût élevé d’un investissement, le retour
sur investissement n’est pas garanti. En 1966, les supermarchés
américains proposaient 7 000 nouveaux produits, tandis qu’aujourd’hui,
ils en proposent plus de 16 000, dont le taux d’échec est de 95% [25]. Par
conséquent, le choix d’un investissement est une prise de décision de
plus en plus risquée qui engage l’avenir de l’entreprise. Pour éviter cette
prise de risque, l’assemblée générale des actionnaires peut décider de
placer une partie des bénéfices sur les marchés financiers ou de se les
distribuer sous la forme de dividendes.
 Placer les bénéfices sur les marchés
financiers.
Le premier objectif d’une entreprise n’est pas de créer des emplois, mais
de générer des profits pour ses actionnaires. Le graphique ci-dessous
présente la courbe des profits financiers et des investissements des
sociétés non financières.

Part des profits financiers et des investissements des sociétés non


financières

- Source : Comptes nationaux – Base 2005, Insee : 7.101 Compte des


sociétés non financières (S11)

- Source : Comptes nationaux – base 2005, Insee : Taux de marge et taux


d’investissement des sociétés non financières en 2012.
En étudiant le partage de la valeur ajoutée des sociétés non financières,
il apparaît que leurs profits ne proviennent plus exclusivement de leurs
activités économiques traditionnelles, mais de placements financiers. De
1949 à 1975, la part des profits financiers des sociétés non financières se
situait entre 0,62 et 1% de la valeur ajoutée. Sur la même période, la part
de la valeur ajoutée consacrée à l’investissement se situait entre 26,5 et
22%. À partir du milieu des années 70, la part des profits générés par les
placements financiers n’a pas cessé de croître. En 2008, le taux des
profits financiers générait 12,8% de la valeur ajoutée. À l’inverse, à partir
de 1975, la part des investissements n’a pas cessé de diminuer pour
atteindre en 1997 16,3% de la valeur ajoutée.

 Pourquoi les entreprises non financières favorisent-elles les placements


financiers au détriment de l’investissement ? Le taux d’échec des
innovations étant relativement élevé (sur les 16 000 nouveaux produits
proposés par les supermarchés américains, le taux d’échec est de 95%),
les investissements apparaissent plus risqués que les placements sur les
marchés financiers. Le taux de rentabilité exigé par les actionnaires
étant de 15%, les profits générés par les placements financiers peuvent
être plus élevés que ceux de l’activité réelle de l’entreprise. Si un
placement de 100 € sur les marchés financiers rapporte 15  € et qu’un
investissement de 100 € dans l’entreprise rapporte 8 €, d’un point de vue
purement financier, il apparaît plus rentable et « moins risqué »
d’investir sur les marchés financiers. Pour le dire autrement, ponctionner
les profits générés par une autre entreprise française ou étrangère peut
apparaître plus rentable que d’investir dans sa propre entreprise.

 Au lieu d’investir leurs bénéfices dans la R&D ou l’outil de production,


les entreprises préfèrent placer leurs surplus de trésoreries sur les
marchés financiers. Lorsqu’un krach boursier se produit (1987, 2001,
2008, etc.), les bénéfices générés par les gains de productivité, les
restructurations et la baisse des charges salariales sont absorbés par
l’effondrement du cours des actions et des titres. Le krach boursier de
2008 a absorbé une partie de la trésorerie des entreprises qui aurait pu
être investie dans la recherche, l’innovation et l’outil de production.
N’ayant plus de trésorerie pour investir, les entreprises n’innovent plus,
ne développent pas de nouveaux marchés, et donc, ne créent plus
d’emplois. Comme ils fragilisent le développement des entreprises, les
placements financiers des entreprises non financières sont, en partie,
responsables de la hausse du chômage.
 Augmenter les dividendes versés aux
actionnaires.
Les bénéfices peuvent être distribués aux actionnaires (fonds de pension,
banques et investisseurs privés) sous la forme de dividende. Depuis le
milieu des années 80, les actionnaires exigent un taux de rentabilité
minimum de 15%. Afin de répondre à cette exigence, les directions
d’entreprises font appel à des consultants en organisation pour mettre en
œuvre des plans de restructuration. Ces restructurations entraînent une
réduction des effectifs qui provoquent une baisse des charges salariales,
et donc, une hausse des bénéfices. Le graphique ci-dessous présente le
partage de la valeur ajoutée des sociétés non financières de 1950 à 2007.

Le partage de la valeur ajoutée des sociétés non financières de 1950 à


2007

- Source : Comptes nationaux – Base 2005, Insee : 7.101 Compte des


sociétés non financières (S11)
Sur 57 ans, la part de la valeur ajoutée distribuée aux salariés des
sociétés non financière a diminué de 10,5%, tandis que celle distribuée
aux actionnaires a progressé de 11,7%. De 1950 à 1980, la part des
salaires (salaires bruts + cotisations sociales patronales) a augmenté de
8,3% tandis que les dividendes ont progressé de 1%. Par contre, de 1981
à 2007, la part distribuée aux salariés a diminué de 18,6%, tandis que
celle distribuée aux actionnaires a augmenté de 10,6%.

Comme la consommation des ménages génère en moyenne 55,6% du PIB


[26], c’est elle qui contribue à la croissance du PIB, et donc, à la création
d’emplois. La redistribution des dividendes aux profits des actionnaires a
provoqué la stagnation des salaires. Ne disposant plus d’un pouvoir
d’achat suffisant, les ménages n’ont plus les moyens de consommer
toujours plus pour absorber les licenciements provoqués par les gains de
productivités et les restructurations. De ce fait, la baisse du pouvoir
d’achat provoque une baisse de l’activité économique, et donc, une
hausse du chômage.

Comme les actionnaires préfèrent placer leurs dividendes sur les


marchés financiers, ces profits ne contribuent pas à relancer la
consommation, et donc, la croissance du PIB. Lorsqu’un krach boursier se
produit (1987, 2001, 2008, etc.), les bénéfices générés par les gains de
productivité, les restructurations et la baisse des charges salariales sont
absorbés par l’effondrement du cours des actions et des titres. Étant un
frein à la croissance du PIB, le partage des bénéfices au profit des
actionnaires est en partie responsable de la hausse du chômage.

 Favoriser l’émergence de nouvelles


branches d’activités.
Les gains de productivité et les innovations sont à l’origine d’un
processus de destruction et de création d’emploi qui concerne aussi bien
les ouvriers et les employés que les cadres. Les innovations majeures
contribuent à détruire des emplois dans les branches d’activités à faible
valeur ajoutée (agriculture) et à en créer de nouveau dans une nouvelle
branche d’activité à forte valeur ajoutée (informatique et communication).
Par exemple, l’informatisation du service comptable d’une entreprise a
permis de remplacer vingt secrétaires comptables par un comptable qui
fournit plus de travail en moins de temps. Les emplois peu qualifiés et à
faibles valeurs ajoutées de secrétaires comptables ont été en partie
remplacés par des emplois très qualifiés et à hautes valeurs ajoutées
d’informaticiens qui développent des logiciels de comptabilité.

Les graphiques ci-dessous, qui présentent les gains de productivité par


branche et les effectifs de ces branches de 1950 à 2011, permettent
d’appréhender le processus de destruction/création généré par les gains
de productivité.

Cumul des gains de productivité horaire par branche de 1950 à 2011

- Source : Comptes nationaux – Base 2005, Insee : 6.215 Productivités


horaires du travail par branche

Par des effectifs par branches en % de 1949 à 2011


La panne de l'emploi allonge la durée du chômage, mais pèse aussi sur les actifs en emploi et sur
la consommation des ménages.

Entre 2008 et 2012, de nombreux pays européens ont connu une explosion du chômage : + 2,5
points en France, + 4 points en Italie, + 8,4 points au Portugal et + 13,8 points en Espagne.
La présence d'un chômage de masse dans ces pays a de multiples conséquences : perte en capital
humain, modération des revenus pour les chômeurs, mais aussi pour les actifs occupés ou encore
baisse de la consommation des ménages.
Première conséquence de la persistance d'un chômage élevé : le chômage de longue durée
augmente fortement (voir graphique).
Il touchait en France 40,8 % des chômeurs en 2012, contre 37,8 % en 2008, frappant en
particulier les plus de 50 ans .
Comparé à d'autres pays, le taux du chômage au Luxembourg est assez limité.
Mais il ne faut pourtant pas sous-estimer ce phénomène, car chaque chômeur est un
chômeur de trop, et à chaque chômeur se posent des problèmes sérieux qui peuvent
avoir des conséquences plus ou moins néfastes. (Précisons également tout de suite,
pour éviter tout malentendu dans la suite, 5 ce que nous entendons exactement par le
terme „chômeur". Nous appelons ainsi une personne qui a perdu involontairement son
emploi, qui a été licencié contre son gré, qui voudrait bien travailler, mais qui ne trouve
plus d'emploi).
Quels sont, pour commencer, les différents problèmes qui se posent à un
10 chômeur? Tout d'abord, être au chômage ne signifie pas seulement être privé de la
possibilité de gagner de l'argent. Bien que la perte de son travail et par là de son salaire
le soumette à de nettes restrictions financières, le chômeur ne doit pas vivre dans
l'extrême misère, comme dans le passé ou comme d'autres parties de notre globe.
Mais pratiquement toujours il vit dans une situation d'assisté et souffre d'un sentiment
15 d'exclusion. Pendant qu'il travaillait encore, il pouvait avoir confiance en soi, se sentir
utile, être convaincu de servir à quelque chose. Au chômage, il se sent rejeté, inutile,
exclu, incapable, superflu. De plus le chômage continue à être considéré par beau 2
coup comme une maladie sociale honteuse. Dans l'esprit de telles gens, chômage
reste synonyme de paresse. Ainsi souvent, chez le chômeur, un sentiment de
culpabilité
et de honte s'ajoute aux traumatismes décrits ci-20 dessus. En outre, privés de leur
emploi, les chômeurs sont également privés de leurs moyens d'organisation et de
défense
habituels, et notamment de l'action syndicale. Toutes ces conséquences ne restent
ensuite pas sans effet sur le chômeur. Les uns optent pour la violence (agressions,
vols, voire homicides), d'autres retournent leur agressivité et leur dépression
25 contre soi et se réfugient dans l'alcool ou d'autres drogues. D'autres encore
„craquent"
et doivent être hospitalisés dans des hôpitaux psychiatriques. Et les cas de suicides ne
sont même plus rares.
On voit donc que le chômage est loin d'être un „petit" problème. Essayons
maintenant de voir quelles sont certaines des causes qui en sont responsables .
30 Tout d'abord, il y a les crises économiques. Une telle crise peut être provoquée par
l'augmentation du prix des matières premières (p.ex. le pétrole), qui a son tour entraîne
une hausse massive des produits dérivés de ces matières premières. En simplifiant à
l'extrême, on aurait l'enchaînement suivant: la hausse du prix des matières premières
fait diminuer la production; cette dernière fait monter les prix, ce qui entraîne une
35 baisse de la demande, et cette dernière fait de nouveau diminuer la production. Or
moins de production signifie moins de travailleurs nécessaires, donc licenciements,
donc chômage. Une autre cause du chômage que l'on avance est l'explosion
démographique
qui a commencé au lendemain de la 2e Guerre Mondiale et dont nous subissons
actuellement les conséquences. La montée du chômage depuis les années
40 soixante est souvent rapprochée de la montée des jeunes. Elle coïncide, en effet,
avec
l'arrivée massive sur le marché du travail des générations nombreuses issues du „baby-
boom" de l'après-guerre. En outre le chômage est en relation avec l'accroissement
3
du nombre d'élèves. Toujours plus de jeunes aspirent à des métiers valorisés
socialement.
Or ces métiers étant plus rares, les débouches sont vite bloqués, de sorte qu'au
chômage „traditionnel" (dans le secteur industriel et administratif) 45 s'ajoute le chômage
intellectuel (professeurs, ingénieurs, médecins). Dans le contexte des études, il faut
également parler des élèves qui quittent l'école trop tôt, sans diplôme et sans
qualification
professionnelle. Pour eux, le chômage est quasiment préprogrammé. Comme
responsables du chômage, on doit ensuite citer la rationalisation et l'automatisation.
50 En temps de bien-être général, les patrons industriels pouvaient encore s'offrir le
„luxe"
de garder des ouvriers qui n'étaient pas indispensables. Mais en temps de crise, ils
invoquent
cette dernière pour les renvoyer et pour garder un minimum de personnel pour
un maximum de production. De plus, la concurrence étant grande, les industriels ont
cherché à moderniser leurs installations pour réduire les coûts et pour élargir leur ca 55
pacité de production. Ainsi l'installation de robots et d'ordinateurs chasse les ouvriers
de leur lieu de travail. Pour les patrons, ces machines-robots ont encore d'autres
avantages
considérables. Elles n'ont pas de revendications salariales, n'exigent pas de
meilleures conditions de travail, n'ont pas besoin de congé et peuvent travailler
vingtquatre
heures sur vingt-quatre. Finalement c'est le système capitaliste lui-même qui
60 provoque le chômage. De par sa nature, un système économique orienté
exclusivement
vers la consommation, l'exploitation et l'enrichissement d'une minorité aux dépens
de tout un hémisphère (le Tiers Monde) est secoué de temps en temps par des crises.
Périodiquement, en effet, la production qu'on espérait illimitée, rencontre ses limites.
Le problème de la rentabilité du capital se pose alors. La solution adoptée par les pa 65
trons consiste souvent à „détruire" tout le capital superflu. Cette destruction peut être
définitive. C'est le cas des faillites et de la disparition de firmes. Elle peut aussi être
temporaire. Alors le capital est „mis au chômage", ou comme l'a dit Karl Marx, „mis en
jachère" (brachgelegen): c'est le cas d'une firme temporairement fermée, parce qu'elle
n'est plus rentable pour le moment pour les patrons. Ces derniers attendent des jours
70 meilleurs, ou bien ils ouvrent des filiales dans des pays lointains, où les conditions de
production sont meilleures et les ouvriers moins chers et plus dociles. Ceux du pays
d'origine sont renvoyés.
Telles sont quelques-unes des causes du chômage. Voyons, pour terminer,
quelles solutions on envisage pour combattre ce problème. Du côté des cy75
niques, on espère qu'une „bonne petite" guerre résoudra le problème du chômage. En
effet, qu'est-ce qui est plus efficace pour balayer le surplus de chercheurs d'emploi et
pour relancer une production stagnante après la destruction massive des produits exis 4
tants? Après la 2e Guerre Mondiale, les millions de chômeurs de l'avant-guerre avaient
disparu au cours des batailles et dans les camps de concentration nazis. Les travaux
de reconstruction d'après-guerre donnaient largement 80 de travail aux survivants. Bien
que cette solution soit des plus cyniques, il ne faut pas croire qu'on n'y recoure pas de
temps en temps. Ainsi il y a quelques années seulement, la Grande-Bretagne a essayé
d'assainir sa désastreuse situation économique en envoyant ses „boys", chômeurs ou
non, aux îles Malouines... Cependant il y a également des méthodes moins barbares
85 pour assurer le plein-emploi. Une solution plus réaliste seraient de nouveaux
investissements.
Au lieu de laisser leur profit au chômage ou „en jachère", les patrons devraient
l'investir dans la construction de nouveaux complexes industriels. „Les profits
d'aujourd'hui sont les investissements de demain, et les investissements de demain
créent les emplois d'après-demain", disait naguère le chancelier allemand H. Schmidt.
90 Cette action donnerait de nouveau du muscle aux entreprises, d'autant plus si l'État
luimême
contribue financièrement à ces investissements. Mais cette politique doit aussi
tenir compte de certains effets secondaires néfastes: accroissement de la pollution par
la création de nouvelles industries, exploitation encore plus massive de certaines
matières
premières limitées et incertitude si les nouveaux produits sont nécessaires et se 95
ront achetés. Du côté des partisans de la gauche, on propose une autre solution:
augmenter les salaires pour renforcer la consommation, et par là la production et le
plein-emploi. Mais cette solution connaît également des inconnues. Comment être sûr
que les consommateurs avec plus de salaire achèteront les produits des usines qui ont
besoin d'une relance? Il se pourrait très bien aussi que les consommateurs gonflent
100 plutôt leurs économies, si les temps leur paraissent sombres. De plus les patrons
seraient
contraints d'augmenter les prix de vente de leurs produits pour compenser la
hausse des salaires, ce qui pourrait très bien entraîner une baisse de la consommation.
Ensuite on parle beaucoup de la semaine de 35 heures. Dans le même contexte,
on propose de prolonger la scolarité obligatoire, d'allonger la durée des congés et d'a 105
baisser l'âge de la retraite. Toutes ces mesures amélioreraient la qualité de la vie des
travailleurs et libéreraient en même temps des emplois pour les chômeurs. Mais de
nouveau, il ne faut pas voir ces solutions avec trop d'optimisme. En effet, un emploi de
plus ne signifie pas automatiquement un chômeur de moins. Pourquoi? Tout d'abord
parce qu'un chômeur n'a pas toujours la qualification professionnelle requise par le
110 nouvel emploi. Ou encore il habite trop loin de l'endroit où il y un emploi libre. Un
autre
problème est posé par la semaine de 35 heures: celui des salaires. Si on maintient
l'ancien salaire pour un travail moins long, et si les patrons doivent en outre payer les
5
salaires des nouveaux embauchés, la production risque de nouveau de devenir plus
chère. Par conséquent le prix de vente augmente. Et avec la concurrence
internationale,
cela pourrait provoquer une rupture de l'équilibre commercial 115 et pousser l'inflation.
D'autres croient pouvoir résoudre le problème du chômage en renvoyant au foyer
familial les femmes qui travaillent. Or cette solution est sexiste et ne serait sûrement
pas couronnée de succès. En effet, les emplois („typiquement") masculins et féminins
ne sont pas interchangeables dans notre société toujours assez patriarcale. La majorité
120 des hommes n'en veulent même pas des métiers généralement exercés par des
femmes.
Quel homme aimerait exercer le métier de standardiste, de sténodactylo, de caissier
au supermarché? Quel homme aimerait remplacer une femme pour trier et emballer
à longueur de journée des produits défilant sur une chaîne? Et même s'ils acceptaient
ces métiers, ils exigeraient immédiatement des salaires supérieurs à ceux des
125 femmes, dont on sait comment elles sont sous-payées par rapport aux hommes. En
temps de crise, on entend ensuite régulièrement que l'État n'aurait qu'à renvoyer les
ouvriers étrangers et donner leur travail aux chômeurs autochtones. Cette solution est
de nouveau une impasse. Car n'oublions pas que les travailleurs immigrés font chez
nous généralement les travaux les plus durs, les plus ingrats, les plus dangereux, les
130 plus sales et les moins payés aussi. Il faut se demander si les chômeurs de chez
nous
ou les jeunes en quête d'un premier emploi seraient d'accord pour accepter des travaux
aussi pénibles et mal payés.
On voit qu'aucune des solutions proposées jusqu'ici n'offre de solution satisfaisante,
c'est-à-dire de solution efficace et définitive. C'est qu'on ne s'attaque jamais
135 vraiment aux racines du problème. Le chômage survivra aussi longtemps que l'on se
contentera de le limiter par des manipulations à l'intérieur de notre système
économique:
le système capitaliste. Ce n'est que dans un nouvel ordre économique qu'une so 6
lution efficace sera possible: un système qui remettra sérieusement en question les
rapports existant entre riches et pauvres; un système qui ne reposera plus sur la
domination,
mais sur la coopération; un système qui 140 ne permettra plus qu'une minorité (dont
nous faisons partie!!!) s'enrichisse scandaleusement aux dépens d'une majorité; un
système et un monde où, pour le dire avec un poète luxembourgeois, „le chômage des
chômeurs n'est plus au profit du profit, mais où le profit au chômage est au profit des
chômeurs" (René Welter). Un tel monde malheureusement sera difficile à réaliser, et
145 sûrement pas par de petites réformes ça et là ou par de belles paroles, car les riches
de ce monde ne renonceront pas volontairement à leurs anciens privilèges.
En attendant ce monde meilleur, ou en contribuant activement à le créer, il faut
se contenter des solutions évoquées ci-dessus et limiter les dommages et les ravages
créés par notre système économique, tout en sachant qu'on ne pourra ainsi pas
défini150
tivement rayer le problème du chômage de la liste des fléaux de notre société actuelle.
(1995)

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