Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
conséquences sociales dans les pays touchés. Ainsi, le rapport annuel du Bureau international du travail (BIT) sur
l’état de lieu du travail dans le monde publié à la veille de la rencontre du G20 (3-4 novembre), relève que dans 45
pays sur 118 étudiés pour l’année 2011, le risque de troubles sociaux est très palpable et tend à s’amplifier, en
particulier dans les économies avancées comme les pays de l’Union européenne, du monde arabe, et dans une
moindre mesure de l’Asie. Tandis que ce risque est « stable voire plus faible en Afrique subsaharienne et en
Amérique latine ».
Les raisons de ce mécontentement sont partout les mêmes : aggravation du chômage (conséquence de la crise
économique et financière) et sentiment d’injustice face à l’inégale répartition du fardeau de la crise. Par exemple, la
reprise de l’emploi qui était prévue en 2013, devrait plutôt arriver en 2015, estime l’organisation internationale qui a
également confirmé sa prévision de 203,3 millions de chômeurs dans le monde en 2011. Et parmi ces chômeurs
(dans 35 pays où les statistiques sont disponibles), « près de 40% sont sans travail depuis plus d’un an », soit près
de 10% de plus qu’en 2009. « Ces personnes courent un risque important de démoralisation, de perte d’estime de
soi, etc. Certains ont même décidé de quitter le marché de l’emploi », relève le rapport qui précise ainsi qu’en 2009,
plus de 4 millions de ces chômeurs ont renoncé à chercher un emploi.
Ce retour en arrière de mesures sociales d’une certaine manière, avec entre autres l’augmentation des programmes
d’austérité, pourrait avoir un effet boomerang, avec une crise sociale gravissime, estime le BIT qui signale en citant
des cas de troubles sociaux dans au moins 25 pays, que « les tensions sont déjà présentes ». Les inégalités sociales
qui se sont aggravées en 2009, viennent alimenter encore plus cette « bombe à retardement ».
Cette précarité de l’emploi a entraîné véritablement des impacts durables et dévastateurs sur les individus, les
familles et leurs communautés du point de vue économique et moral. Des impacts qui se manifestent par exemple
par l’émigration vers une autre ville ou un autre pays (en particulier chez les jeunes - impact sur la vie familiale) à la
recherche de meilleures possibilités d’emploi, par l’augmentation de la pauvreté, par la perte de maisons saisies, la
dette et la faillite (en particulier aux États-Unis et dans d’autres économies avancées), etc. Les conséquences
désastreuses de la hausse permanente du chômage mondial ces dernières années se manifestent également par
une détérioration des conditions sanitaires, psychologiques entre autres, et des dissociations familiales parce que
selon les experts (Rapport des Nations Unies sur la Situation sociale mondiale 2011), le travail est intimement lié à
plusieurs dimensions du bien-être individuel. Pour eux, ces conséquences peuvent persister même après la reprise
économique et donc éventuellement le retour sur le marché du travail. Par ailleurs, l’effet sur les enfants de cette
crise planétaire de l’emploi, a également été significatif dans la mesure où le manque d’emploi d’un des parents, en
particulier le chef de famille, peut affecter le niveau de scolarité des étudiants issus de milieux aux revenus moyens
et bas, parce qu’ils ne peuvent pas entre autres choses payer les frais de scolarité requis et les autres dépenses.
Ainsi, les experts sont presque unanimement d’avis qu’une crise prolongée du chômage comporte de gros risques
pour la stabilité sociale et politique d’un pays.
à temps plein
en CDI
en France métropolitaine
n’ayant pas travaillé plus de 78 heures dans le mois qui précède
Avantage : ce chiffre est évalué tous les mois
Inconvénient : il ne prend pas en compte un assez grand nombre de
personnes.
LE CHÔMAGE EN FRANCE
Actuellement, le chômage en France est un chômage de masse : le taux de
chômage (nb de chômeurs/population active ) est toujours supérieurs à 8%.
De plus la durée du chômage s’allonge (>15 mois).
Les catégories les plus touchées sont les jeunes et les femmes.
Le diplôme « protège » du chômage : plus on est diplômé, plus le taux de
chômage diminue.
On constate le développement d’un chômage déguisé :
Emplois précaires : temps partiel subi, intérim, CDD à répétition …
Stages, emplois jeunes, CES, etc…
Causes du chômage
L’OFFRE ET LA DEMANDE DE TRAVAIL
- a – L’offre de travail augmente
La population active (Personnes pouvant et voulant travailler) ì
Conséquences du chômage
1) CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES
Baisse de la consommation :
2) CONSÉQUENCES SOCIALES
La première conséquence du chômage est bien entendu la perte de revenu
pour le chômeur.
La perte de l’emploi peut être le début de la spirale de l’exclusion Perte de
revenu => perte du logement=> isolement (plus de soutien familial)=>
clochardisation => toxicomanie=> délinquance
Il faut noter également l’impact psychologique de la perte d’emploi, dans une
société où le travail est perçu comme une valeur primordiale
Depuis le milieu des années 70, la France et les pays industrialisés sont
confrontés au fléau économique, politique et social du chômage. Pour les
hommes politiques, les industrielles et les économistes ultra-libéraux, la
hausse du chômage est, pour l’essentielle, due aux charges salariales qui
pèsent sur la compétitivité des entreprises et à la faiblesse du taux de
croissance du PIB. Ces explications évoquent rarement le rôle des gains
de productivité et de la redistribution des bénéfices générés par ces
gains. Avant de proposer des solutions pour en finir avec ce fléau, nous
commencerons par quantifier le nombre de chômeur et d’actifs sans
emploi. Nous aborderons ensuite les conséquences économiques,
politiques et sociales du chômage. Pour finir, nous aborderons les liens
qui unissent les gains de productivité, la croissance du PIB, le partage
des bénéfices générés les gains de productivité et le chômage.
- Soit, Pop est la population totale : 65 175 681 hab [5] en 2011.
- « , W est le taux de la population comprise entre 15 et 59 ans : 58,38%
[6] en 2011.
- « , E est le nombre d’élèves en second cycle et d’étudiants : 5 242 108
[7] en 2011.
- « , PAe est la population active qui occupe un emploi : 26 891 176 [8] en
2011.
- « , PAc est la population active sans emploi.
En 2011, la population
moyenne [9] de la France (France métropolitaine + DOM) comprenait 65,1
millions d’habitants. Comprenant 18,5% d’enfants de 0 à 15 ans et 23,1%
de personnes de plus de 60 ans, la population française était composée
de 58,4% de personnes de 16 à 59 ans, soit 38 millions de personnes en
âge de travailler. Comprenant 5,2 millions d’élèves du secondaire en
second cycle et d’étudiants, la population active de la France comprenait
32,8 millions de personnes. Comme 26,8 millions d’actifs occupaient un
emploi, la PAc s’élevait à 5,9 millions, soit 18% de la population active. Le
tableau ci-dessous décompose le calcul de la population active sans
emploi de la France métropolitaine et des départements d’outre-mer
(DOM) en 2011.
Les coûts directs ne prennent pas en compte les coûts indirects liés aux
conséquences sociales du chômage. En effet, l’augmentation des
maladies liées au chômage, au stress et à la peur de perdre son emploi
provoque une explosion des dépenses de santé qui creuse le déficit de la
caisse d’assurance maladie. L’augmentation de la petite délinquance due
au chômage provoque la hausse des dépenses liées à la sécurité. En
engorgeant les tribunaux, l’accroissement des infractions et des petits
délits contribue à augmenter les coûts de fonctionnement de l’appareil
judiciaire. Le surpeuplement des prisons pour petits délits oblige le
gouvernement à en construire de nouvelles.
Par exemple,
si un capital 10 000 € génère une valeur ajoutée de 100 000 €, la
productivité du capital sera de 100 000/10 000 = 10 € par euro investi.
Chaque euro investi génère en moyenne 10 € de valeur ajoutée.
- La productivité du travail mesure la valeur ajoutée produite par un
salarié.
Par exemple,
si 100 salariés génèrent 100 000 € de valeur ajoutée, la productivité du
travail sera de 100000/100 = 1000 € par salarié. Chaque salarié génère en
moyenne 1000 € de valeur ajoutée.
Entre 2008 et 2012, de nombreux pays européens ont connu une explosion du chômage : + 2,5
points en France, + 4 points en Italie, + 8,4 points au Portugal et + 13,8 points en Espagne.
La présence d'un chômage de masse dans ces pays a de multiples conséquences : perte en capital
humain, modération des revenus pour les chômeurs, mais aussi pour les actifs occupés ou encore
baisse de la consommation des ménages.
Première conséquence de la persistance d'un chômage élevé : le chômage de longue durée
augmente fortement (voir graphique).
Il touchait en France 40,8 % des chômeurs en 2012, contre 37,8 % en 2008, frappant en
particulier les plus de 50 ans .
Comparé à d'autres pays, le taux du chômage au Luxembourg est assez limité.
Mais il ne faut pourtant pas sous-estimer ce phénomène, car chaque chômeur est un
chômeur de trop, et à chaque chômeur se posent des problèmes sérieux qui peuvent
avoir des conséquences plus ou moins néfastes. (Précisons également tout de suite,
pour éviter tout malentendu dans la suite, 5 ce que nous entendons exactement par le
terme „chômeur". Nous appelons ainsi une personne qui a perdu involontairement son
emploi, qui a été licencié contre son gré, qui voudrait bien travailler, mais qui ne trouve
plus d'emploi).
Quels sont, pour commencer, les différents problèmes qui se posent à un
10 chômeur? Tout d'abord, être au chômage ne signifie pas seulement être privé de la
possibilité de gagner de l'argent. Bien que la perte de son travail et par là de son salaire
le soumette à de nettes restrictions financières, le chômeur ne doit pas vivre dans
l'extrême misère, comme dans le passé ou comme d'autres parties de notre globe.
Mais pratiquement toujours il vit dans une situation d'assisté et souffre d'un sentiment
15 d'exclusion. Pendant qu'il travaillait encore, il pouvait avoir confiance en soi, se sentir
utile, être convaincu de servir à quelque chose. Au chômage, il se sent rejeté, inutile,
exclu, incapable, superflu. De plus le chômage continue à être considéré par beau 2
coup comme une maladie sociale honteuse. Dans l'esprit de telles gens, chômage
reste synonyme de paresse. Ainsi souvent, chez le chômeur, un sentiment de
culpabilité
et de honte s'ajoute aux traumatismes décrits ci-20 dessus. En outre, privés de leur
emploi, les chômeurs sont également privés de leurs moyens d'organisation et de
défense
habituels, et notamment de l'action syndicale. Toutes ces conséquences ne restent
ensuite pas sans effet sur le chômeur. Les uns optent pour la violence (agressions,
vols, voire homicides), d'autres retournent leur agressivité et leur dépression
25 contre soi et se réfugient dans l'alcool ou d'autres drogues. D'autres encore
„craquent"
et doivent être hospitalisés dans des hôpitaux psychiatriques. Et les cas de suicides ne
sont même plus rares.
On voit donc que le chômage est loin d'être un „petit" problème. Essayons
maintenant de voir quelles sont certaines des causes qui en sont responsables .
30 Tout d'abord, il y a les crises économiques. Une telle crise peut être provoquée par
l'augmentation du prix des matières premières (p.ex. le pétrole), qui a son tour entraîne
une hausse massive des produits dérivés de ces matières premières. En simplifiant à
l'extrême, on aurait l'enchaînement suivant: la hausse du prix des matières premières
fait diminuer la production; cette dernière fait monter les prix, ce qui entraîne une
35 baisse de la demande, et cette dernière fait de nouveau diminuer la production. Or
moins de production signifie moins de travailleurs nécessaires, donc licenciements,
donc chômage. Une autre cause du chômage que l'on avance est l'explosion
démographique
qui a commencé au lendemain de la 2e Guerre Mondiale et dont nous subissons
actuellement les conséquences. La montée du chômage depuis les années
40 soixante est souvent rapprochée de la montée des jeunes. Elle coïncide, en effet,
avec
l'arrivée massive sur le marché du travail des générations nombreuses issues du „baby-
boom" de l'après-guerre. En outre le chômage est en relation avec l'accroissement
3
du nombre d'élèves. Toujours plus de jeunes aspirent à des métiers valorisés
socialement.
Or ces métiers étant plus rares, les débouches sont vite bloqués, de sorte qu'au
chômage „traditionnel" (dans le secteur industriel et administratif) 45 s'ajoute le chômage
intellectuel (professeurs, ingénieurs, médecins). Dans le contexte des études, il faut
également parler des élèves qui quittent l'école trop tôt, sans diplôme et sans
qualification
professionnelle. Pour eux, le chômage est quasiment préprogrammé. Comme
responsables du chômage, on doit ensuite citer la rationalisation et l'automatisation.
50 En temps de bien-être général, les patrons industriels pouvaient encore s'offrir le
„luxe"
de garder des ouvriers qui n'étaient pas indispensables. Mais en temps de crise, ils
invoquent
cette dernière pour les renvoyer et pour garder un minimum de personnel pour
un maximum de production. De plus, la concurrence étant grande, les industriels ont
cherché à moderniser leurs installations pour réduire les coûts et pour élargir leur ca 55
pacité de production. Ainsi l'installation de robots et d'ordinateurs chasse les ouvriers
de leur lieu de travail. Pour les patrons, ces machines-robots ont encore d'autres
avantages
considérables. Elles n'ont pas de revendications salariales, n'exigent pas de
meilleures conditions de travail, n'ont pas besoin de congé et peuvent travailler
vingtquatre
heures sur vingt-quatre. Finalement c'est le système capitaliste lui-même qui
60 provoque le chômage. De par sa nature, un système économique orienté
exclusivement
vers la consommation, l'exploitation et l'enrichissement d'une minorité aux dépens
de tout un hémisphère (le Tiers Monde) est secoué de temps en temps par des crises.
Périodiquement, en effet, la production qu'on espérait illimitée, rencontre ses limites.
Le problème de la rentabilité du capital se pose alors. La solution adoptée par les pa 65
trons consiste souvent à „détruire" tout le capital superflu. Cette destruction peut être
définitive. C'est le cas des faillites et de la disparition de firmes. Elle peut aussi être
temporaire. Alors le capital est „mis au chômage", ou comme l'a dit Karl Marx, „mis en
jachère" (brachgelegen): c'est le cas d'une firme temporairement fermée, parce qu'elle
n'est plus rentable pour le moment pour les patrons. Ces derniers attendent des jours
70 meilleurs, ou bien ils ouvrent des filiales dans des pays lointains, où les conditions de
production sont meilleures et les ouvriers moins chers et plus dociles. Ceux du pays
d'origine sont renvoyés.
Telles sont quelques-unes des causes du chômage. Voyons, pour terminer,
quelles solutions on envisage pour combattre ce problème. Du côté des cy75
niques, on espère qu'une „bonne petite" guerre résoudra le problème du chômage. En
effet, qu'est-ce qui est plus efficace pour balayer le surplus de chercheurs d'emploi et
pour relancer une production stagnante après la destruction massive des produits exis 4
tants? Après la 2e Guerre Mondiale, les millions de chômeurs de l'avant-guerre avaient
disparu au cours des batailles et dans les camps de concentration nazis. Les travaux
de reconstruction d'après-guerre donnaient largement 80 de travail aux survivants. Bien
que cette solution soit des plus cyniques, il ne faut pas croire qu'on n'y recoure pas de
temps en temps. Ainsi il y a quelques années seulement, la Grande-Bretagne a essayé
d'assainir sa désastreuse situation économique en envoyant ses „boys", chômeurs ou
non, aux îles Malouines... Cependant il y a également des méthodes moins barbares
85 pour assurer le plein-emploi. Une solution plus réaliste seraient de nouveaux
investissements.
Au lieu de laisser leur profit au chômage ou „en jachère", les patrons devraient
l'investir dans la construction de nouveaux complexes industriels. „Les profits
d'aujourd'hui sont les investissements de demain, et les investissements de demain
créent les emplois d'après-demain", disait naguère le chancelier allemand H. Schmidt.
90 Cette action donnerait de nouveau du muscle aux entreprises, d'autant plus si l'État
luimême
contribue financièrement à ces investissements. Mais cette politique doit aussi
tenir compte de certains effets secondaires néfastes: accroissement de la pollution par
la création de nouvelles industries, exploitation encore plus massive de certaines
matières
premières limitées et incertitude si les nouveaux produits sont nécessaires et se 95
ront achetés. Du côté des partisans de la gauche, on propose une autre solution:
augmenter les salaires pour renforcer la consommation, et par là la production et le
plein-emploi. Mais cette solution connaît également des inconnues. Comment être sûr
que les consommateurs avec plus de salaire achèteront les produits des usines qui ont
besoin d'une relance? Il se pourrait très bien aussi que les consommateurs gonflent
100 plutôt leurs économies, si les temps leur paraissent sombres. De plus les patrons
seraient
contraints d'augmenter les prix de vente de leurs produits pour compenser la
hausse des salaires, ce qui pourrait très bien entraîner une baisse de la consommation.
Ensuite on parle beaucoup de la semaine de 35 heures. Dans le même contexte,
on propose de prolonger la scolarité obligatoire, d'allonger la durée des congés et d'a 105
baisser l'âge de la retraite. Toutes ces mesures amélioreraient la qualité de la vie des
travailleurs et libéreraient en même temps des emplois pour les chômeurs. Mais de
nouveau, il ne faut pas voir ces solutions avec trop d'optimisme. En effet, un emploi de
plus ne signifie pas automatiquement un chômeur de moins. Pourquoi? Tout d'abord
parce qu'un chômeur n'a pas toujours la qualification professionnelle requise par le
110 nouvel emploi. Ou encore il habite trop loin de l'endroit où il y un emploi libre. Un
autre
problème est posé par la semaine de 35 heures: celui des salaires. Si on maintient
l'ancien salaire pour un travail moins long, et si les patrons doivent en outre payer les
5
salaires des nouveaux embauchés, la production risque de nouveau de devenir plus
chère. Par conséquent le prix de vente augmente. Et avec la concurrence
internationale,
cela pourrait provoquer une rupture de l'équilibre commercial 115 et pousser l'inflation.
D'autres croient pouvoir résoudre le problème du chômage en renvoyant au foyer
familial les femmes qui travaillent. Or cette solution est sexiste et ne serait sûrement
pas couronnée de succès. En effet, les emplois („typiquement") masculins et féminins
ne sont pas interchangeables dans notre société toujours assez patriarcale. La majorité
120 des hommes n'en veulent même pas des métiers généralement exercés par des
femmes.
Quel homme aimerait exercer le métier de standardiste, de sténodactylo, de caissier
au supermarché? Quel homme aimerait remplacer une femme pour trier et emballer
à longueur de journée des produits défilant sur une chaîne? Et même s'ils acceptaient
ces métiers, ils exigeraient immédiatement des salaires supérieurs à ceux des
125 femmes, dont on sait comment elles sont sous-payées par rapport aux hommes. En
temps de crise, on entend ensuite régulièrement que l'État n'aurait qu'à renvoyer les
ouvriers étrangers et donner leur travail aux chômeurs autochtones. Cette solution est
de nouveau une impasse. Car n'oublions pas que les travailleurs immigrés font chez
nous généralement les travaux les plus durs, les plus ingrats, les plus dangereux, les
130 plus sales et les moins payés aussi. Il faut se demander si les chômeurs de chez
nous
ou les jeunes en quête d'un premier emploi seraient d'accord pour accepter des travaux
aussi pénibles et mal payés.
On voit qu'aucune des solutions proposées jusqu'ici n'offre de solution satisfaisante,
c'est-à-dire de solution efficace et définitive. C'est qu'on ne s'attaque jamais
135 vraiment aux racines du problème. Le chômage survivra aussi longtemps que l'on se
contentera de le limiter par des manipulations à l'intérieur de notre système
économique:
le système capitaliste. Ce n'est que dans un nouvel ordre économique qu'une so 6
lution efficace sera possible: un système qui remettra sérieusement en question les
rapports existant entre riches et pauvres; un système qui ne reposera plus sur la
domination,
mais sur la coopération; un système qui 140 ne permettra plus qu'une minorité (dont
nous faisons partie!!!) s'enrichisse scandaleusement aux dépens d'une majorité; un
système et un monde où, pour le dire avec un poète luxembourgeois, „le chômage des
chômeurs n'est plus au profit du profit, mais où le profit au chômage est au profit des
chômeurs" (René Welter). Un tel monde malheureusement sera difficile à réaliser, et
145 sûrement pas par de petites réformes ça et là ou par de belles paroles, car les riches
de ce monde ne renonceront pas volontairement à leurs anciens privilèges.
En attendant ce monde meilleur, ou en contribuant activement à le créer, il faut
se contenter des solutions évoquées ci-dessus et limiter les dommages et les ravages
créés par notre système économique, tout en sachant qu'on ne pourra ainsi pas
défini150
tivement rayer le problème du chômage de la liste des fléaux de notre société actuelle.
(1995)