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Vidal de la Blache Paul. Les genres de vie dans la géographie humaine. In: Annales de Géographie, t. 20, n°111, 1911.
pp. 193-212;
doi : https://doi.org/10.3406/geo.1911.7340
https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1911_num_20_111_7340
ANNALES
DE
OGRAPHIE
OGRAPHIE RALE
Premier article
Il
Je crois que, pour se faire une idée juste, il faut avant tout
considérer que l'action de l'homme sur la nature ou de la nature sur
l'homme s'exerce principalement par l'intermédiaire du monde végétal
et animal, c'est-à-dire de ce quelque-chose d'infiniment souple et
tenace qui s'appelle la vie. Les influences de climat et de sol, qui
régissent toutes choses, nous atteignent en même temps que tout ce
monde animé avec lequel se joue notre existence. Or c'est un monde
de composition très complexe, où entrent des espèces d'époques
géologiques diverses, les unes en régression, les autres en progrès.
Un état de lutte et de concurrence règne, soit entre animaux qui
s'entre-détruisent, soit entre plantes qui se disputent l'espace, soit entre
les plantes et les microbes ou parasites qui vivent à leurs dépens.
A côté de plantes qui ont réussi à étendre leur aire, il y en a d'autres
qui, refoulées, guettent une circonstance propice pour s'élancer hors
de l'asile où elles se retranchent. Il résulte de tout cela un équilibre
instable, où aucune place n'est définitivement garantie. Dans le duel
qui se livre ainsi entre des formations végétales comme l'arbre et
l'herbe, la forêt et la prairie, ou entre des espèces comme les Arbres
feuillus et les Conifères, le Chêne et le Hêtre, etc., l'intervention
humaine a beau jeu pour modifier les chances, jeter un poids décisif
dans la balance. C'est ce qui est arrivé : l'homme a pris parti. Mais,
puisqu'il a besoin, pour agir en maître, de mobiliser à son profit une
partie des forces vivantes, il s'expose à rencontrer des chances très
inégales suivant les champs de bataille,
Si cette nature vivante est appauvrie, anémiée par des conditions
restrictives de climat, il est lui-même paralysé ou gêné dans le choix
de ses moyens d'existence. Une épizootie, qui détruit le troupeau de
Rennes, force la tribu Tchouktche ou Samoyède, dont il constituait
l'avoir, à se disperser. Un canal d'irrigation, qui cesse de fonctionner
dans la région du Sind, change en un ramassis de maraudeurs ou de
brigands le groupe de cultivateurs. Un genre de vie, dans de telles
régions, est chose précaire. Et c'est pour cette raison qu'il y a lieu
d'être étonné quand on voit à quel degré relativement solide
d'organisation ont su s'élever, les uns par l'élevage, les autres par la chasse
et la pêche, des peuples tels que les Lapons et les Esquimaux, Le
problème de réaliser un type social capable de durée et disposant
d'un outillage approprié a été réalisé chez ces peuples arctiques, dans
des conditions plus rigoureuses assurément que celles où, à l'extré-
196 GÉOGRAPHIE GENERÁLE.
1. Ch. Flaii.vl'lt, Les progrès de la géographie botanique depuis 1884, so7i étal
actuel , ses problèmes [l'rogressus rei botanicœ, Jena, 1906, I, Heft I, p. 307).
LES GENRES DE VIE DAiNS LA OGRAPHIE HUMAINE 197
III
chichtlichen
Voir Entwickelung
GRADMA Das
Geog
mitteleuropäische
Zeitschr. VII 1901
Landschaftsbild
361-377 435-
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aussi Petermanns Miit. XLV 1899 07-66
Voyages de PALLAS trad fr. Paris 1788) 2i9 et suiv
208 OGRAPHIE RALE
VIDAL DE LA BLACH
suivre